Un cimetière hanté

Entouré d’un haut mur blanchi à la chaux couvert par une rangée de tuiles rouges couvertes de lierre, ce petit cimetière du quartier neutre ne différait pas beaucoup des autres cimetières des quartiers voisins. Jouxté d’une petite chapelle toute blanche et d’un crématorium, sa seule entrée était un portail de fer ouvragé qui donnait sur la rue pavée avec un caniveau au milieu et des trottoirs assez larges, bordée en face de pavillons individuels entourés de murets de brique peinte en blanc.

Deux gardes de ville se tenaient en faction à l’entrée – on n’apprécie pas les pilleurs de tombes et les nécromanciens en ces lieux – sous un auvent assez large pour les abriter d’une éventuelle pluie. Aujourd’hui il fait beau, les trois autres gardes ont sorti la table du poste juste en face pour la mettre à l’ombre de l’arbre près de la grille, et les deux vigiles du cimetière regardent avec envie leurs confrères battre les cartes du jeu de Gengo – une sorte de poker avec de gros enjeux – mais la coutume veut qu’ils restent à leur poste, et le chef n’est jamais très loin – tiens, le voilà d’ailleurs qui arrive, on le reconnaît avec sa cuirasse cirée et son cimier argenté.

L’équipement des gardes était sinon assez typique de cette partie de la ville : des bottes avec des guêtres blanches, un pantalon jaune et un plastron de cuir recouvert d’un tabard blanc et jaune avec le symbole de la Garde de ville dessus, une courte cape blanche à l’intérieur jaune, également pourvue du symbole de la Garde. En hiver elle était remplacée par une cape plus longue et plus chaude dotée d’un capuchon. A la ceinture, la courte épée de la Garde et une matraque, ainsi qu’un petit tube contenant un petit plan de quartier afin de guider les passants. Les deux gardes en faction avaient à la main une lourde hallebarde à large lame et portaient des casques légers à nasal. Le chef différait des autres par sa cuirasse de métal et la plume jaune sur son casque.

« Tout va bien les gars ? » fit celui-ci.

« Un peu chaud à rester comme ça debout avec notre plastron de cuir par ce temps, mais sinon rien à signaler, chef. » répondit le plus âgé des deux.

Le chef lui fit un clin d’œil complice.

« Ce serait plus agréable avec une bonne bière et un jeu de cartes ? » fit-il avec un regard suggestif vers la table où les trois autres avaient planqué précipitamment la bouteille et les pièces, ne laissant sur la table que le jeu de cartes en voyant arriver le chef. Ceux-ci ne purent s’empêcher de rougir. « Bah, c’est bientôt la relève. Tant que vous faites votre boulot et que le capitaine ne passe pas, je ferme les yeux sur la bière, les gars… » rit-il en regardant les trois autres avec leur air contrit. « C’est toujours Bregan qui gagne à chaque fois ? »

L’un des gardes acquiesça d’un air désabusé, arrachant un nouvel éclat de rire au chef.

« Bon, je vais vérifier que tout va bien à Adentya, s’il y a un problème, vous m’envoyez quelqu’un. »

Le chef s’éloigna, tandis que les gardes, avec un soupir de soulagement, ressortaient la bière, et l’argent une fois qu’il fut hors de vue. Il n’était pas trop dur, après tout le quartier avait bonne réputation, essentiellement composé de pavillons à un étage, on n’était pas dans les parties de la ville avec des constructions dont on ne voyait pas le sommet lorsqu’on se trouvait au pied.

Le visiteur désirant se recueillir sur les tombes devait tout d’abord en obtenir l’autorisation auprès de ces gardes débonnaires – chose assez aisée au demeurant – puis il était invité à passer le portail après que l’un des deux plantons de services eût ouvert la grille avec une lourde clef de fer. Le portail grinçait un peu, manquant d’huile, mais comme il n’était pas si souvent emprunté, hormis par les voisins qui allaient y promener leurs animaux de compagnie et lors des cérémonies funéraires où tout le quartier allait se recueillir sur la tombe du défunt, cela ne posait guère de problèmes.

On entrait alors dans un endroit ombragé par de nombreux arbres – assez rare sur Ravnica, d’habitude, il n’y avait que deux ou trois arbustes rabougris dans les cimetières, mais une importante communauté de dryades avait vécu en ces lieux il y avait de cela bien longtemps et la coutume de préserver les arbres avait perduré jusqu’à nos jours. L’ombre de ces plantes centenaires tombait sur les allées de pavés et sur les stèles gravées, les plus anciennes couvertes de verdure et rendues illisibles par les milliers de pluies successives, les plus récentes parfaitement intactes.

A droite de l’entrée, une petite maison de pierre à deux pièces abritait le gardien et fossoyeur, un vieil homme qui pour une pièce pouvait guider le visiteur dans le cimetière et lui en montrer les curiosités. Allons donc le voir, il manque vraiment de compagnie depuis la mort de sa femme l’année dernière.

Il commencera par décrire, comme son père le faisait avant lui et probablement ses enfants après sa mort, la fondation du cimetière en l’an 4312 Z.C. par la famille Brejov, une famille Orzhov aisée, puis le pillage des caveaux lors d’un raid Gruul en 5380 qui entraîna son abandon, le dernier héritier de la famille Brejov ayant été tué d’un coup de massue d’un minotaure nommé Garkan. Le cimetière abandonné servit alors de terrain de jeu pour des nécromanciens Golgari jusqu’à ce que le Conclave le rachète pour s’en servir à des fins plus propres et plus conformes à la tradition en 5819.

Il s’étendra bien évidemment sur cet épisode, car c’est à lui que l’on doit la majeure partie de l’architecture actuelle, le raid Gruul n’ayant laissé que quelques tombes en état. Le gardien vous les montrera d’ailleurs, deux pierres couvertes de mousse et de fleurs, aux inscriptions totalement effacées, mais il vous dira qu’elles appartenaient l’une à un membre d’une branche cadette des Brejov, l’autre à un dignitaire Azorius du nom de Marek Okys, et qu’elles datent toutes deux de la fin du cinquième millénaire.

Ensuite il vous mènera entre les tombes séparées par une herbe bien tondue et couverte de fleurs, vous montrant, entre autres, au passage la Tombe Tordue et la tombe d’un navigateur célèbre du huitième millénaire, vers le cœur du cimetière. Vous finirez fatalement par arriver devant le mausolée de Wladimir Vosteras, le prince marchand indépendant qui racheta le cimetière en 8287. Rendu fabuleusement riche par son commerce de tapis de soie, il fit construire ce monument de marbre noir pour y être inhumé après sa mort.

Wladimir était homme de goût, il ne tomba pas dans la surenchère ostentatoire des caveaux de famille Orzhov, mais le résultat était néanmoins un magnifique mausolée. Tout de marbre noir veiné de blanc, il se composait en fait d’un bâtiment principal entouré de quatre autres plus petits. Chacune de ces quatre petites constructions était entourée d’une colonnade couverte et au muret extérieur orné de scènes gravées. Ce couloir entourait une petite salle à laquelle on descendait via une volée de marches, où était disposée une tombe de marbre blanc qui abritait à présent chacune l’un de ses quatre fils hormis la dernière qui était vide, le fils cadet ayant disparu sans laisser de traces.

Chacune des tombes était reliée à celle entourant le mausolée central par une allée couverte de vigne vierge, traversant un bassin couvert de nénuphars en fleurs. La construction centrale était également entourée d’une colonnade et le mur en était également recouvert de scènes gravées retraçant la vie exemplaire du marchand. Un escalier montait à l’étage où un balcon surplombait la chambre funéraire blanche et noire de l’homme, protégée par un toit de marbre. La véritable entrée à la salle était cependant fermée, et seule la famille pouvait y entrer pour accéder au caveau souterrain où étaient inhumés les descendants du prince marchand.

C'est donc en ce lieu à l'aspect paisible que se retrouvèrent une quinzaine de personnes intéressées par l'affiche qui avait été placardée aux carrefours principaux du Vieux Rav. Certains ne venaient ici que pour la rétribution proposée par la famille Vosteras, d'autres pour de toutes autres raisons, mais tous avaient fait le choix de se rendre en ces lieux.

La famille Vosteras a écrit:: Annonce

La famille Vosteras recherche
des personnes n'ayant pas froid aux yeux
capables d'affronter des non-morts ayant
fait irruption dans son caveau de famille.

Une récompense importante sera offerte
à ceux qui ramèneront la paix en ces lieux.

Rendez-vous le 12 Paujal à 15 heures devant la
grille du cimetière, Quartier Neutre, faubourg
Ouest, Rue des Ormes.

C'est donc en cette chaude journée du mois de Paujal que s'étaient rassemblées seize personnes. Une Azorius, un Rakdos, une Simic, une Selesnya, deux Orzhov, trois Golgari et sept Sans-Guilde attendaient à l'ombre de l'un des ormes dont l'épaisse ramure dépassait largement au-dessus du mur d'enceinte.

Il était évident que certains d'entre eux se connaissaient, à voir comment discutaient entre eux des membres de guildes pourtant pas forcément alliées entre elles.

Ils étaient tous arrivés en avance, et la demie de quatorze heures venait à peine de sonner au clocher voisin. Aussi se disaient-ils sans doute qu'il était possible que d'autres les rejoignent encore.

La raison pour laquelle certains étaient arrivés en avance était simple : ils désiraient profiter de la visite du cimetière avant de s'atteler à l'ouvrage. La réputation de ce cimetière et de ses arbres centenaires avait en effet de loin dépassé les limites du quartier, et il n'était pas rare que des touristes de passage aillent le visiter.

[Hrp :] C'est à vous. Je vous ai fait arriver en avance afin que vous puissiez discuter entre vous et pour que ceux qui veulent visiter un peu auparavant puissent le faire. Vous pouvez aussi constater que j'ai inclus quatre personnages non-joueurs qui vont vous accompagner. Il est encore possible que d'autres vous rejoignent. [/Hrp]

Ce fut l'un des Sans-Guildes qui rompit le semi-silence en proposant que chaque personne se présente : puisqu'ils allaient travailler ensemble, autant mieux se connaître. Il annonça donc se nommer Harek Yarzek, guérisseur à l'Hospice du quartier.
Puis deux des trois autres Sans-Guilde se présentèrent. Ils se nommaient Zoltan Walaszeï et Lech Berliev. Lech Berliev était un va-nu-pieds que la perspective d'un gain financier important avait attiré en ces lieux, quant à Zoltan, il s'agissait d'un membre de la Ligue Haazda, qui voyait avec un regard assez peu amène un tel nombre de membres de guilde pénétrer dans ce quartier neutre. Leszek Belzak, le dernier des Sans-Guildes, était un homme affable connu pour être un négociant de drap avec des tendances aventureuses.

[Hrp :] Pour info, le troisième Golgari est Ivan Ogarev, le tuteur d'Anya. Je laisse celle-ci se présenter et présenter celui-ci, et chacun des autres se décrire également. A vous. [/Hrp]

Quelques tems après, une silhouette commença à se dessiner au loin, Marth approchait, d'un pas rapide et assuré vers le groupe de "prétendants", après quelques minutes de marches, le Boros atteignit le cercle que formait cette petite foule désordonnée, certains visages lui revenaient, ainsi que quelques souvenirs plus ou moins douloureux.

Il se dirigea sans réfléchir grandement ni accorder son attention aux autres personnes vers le garde Haazda et lui présenta un rouleau de parchemin marqué du sceau de la guilde Boros et annonça d'une voix grave et forte, dans le but d'attirer les regards de la foule.

"Marth Zolian, soldat Boros de troisième classe, je suis mandaté par le grand Agrus Kos lui-même dans le but de prendre la tête de l'expédition."

Rahinov était assis sur une pierre. Le seul de la foule qui s'ennuyait. Toujours des moment d'attentes avant l'arrivé du commanditaire. Ca n'en finissait plus. Des têtes mornes. Heureusement qu'il connaissait certaines personnes. Il discuta notamment avec Markus pour former des hypothèses sur cette quête. A ce duo se joignit tout naturellement Kinay qui nous faisait part de ses avis. Rahinov reconnu aussi l'Azorius, celle qui l'avait accompagné dans les monts de lyrie. Rahinov était assez content qu'elle fasse partie du groupe. Car cette magicienne est excellente en poste de soutien, et du soutien, ils en auront besoin.

Soudain arriva un Boros. Le torse bombé et la tête haute, ce boros tout fingant venait lui aussi sans doute pour cette expédition. Quel déshonneur les boros allaient subir si aucun de leur représentants ne seraient venus ... Toujorus est-il que cet amusant jeune homme pris un ton très autain en parlant d'être mandaté par Agrus kos lui même ...

***Prendre la tête du groupe ... Faudrait déjà qu'il fasse gaffe à la sienne si il ne veut pas qu'elle grossisse. Les boros sont si arrogant ... Même si je ne suis pas mal non plus héhé ...***

Ainsi donc fit Rahinov, s'étant détaché du groupe, vous, un boros, soi disant représentant de la loi, décidez de venir dans cette expédition. A ce que je sache, aucun boros n'a de compétence en nécromancie, ai-je tort ? Les meilleurs en la matière sont sans nul doute les Golgaris, mais les Orzhov ne sont pas en reste non plus ... Alors dites moi, les esprit, les morts-vivants, chose que vous ne pourrez tuer avec votre lame ... Est-ce que ceci vous effraie ?

Rahinov avait pris un ton amusé en disant ceci.

Bah, ne faites pas attention à ce que je dis. C'est toujours bon de compter des bras dans une expédition. Et quand bien même vous ne seriez pas utile, vous ne serez pas un poids mort sur lequel on devra veiller. Sur ce, j'ai ommis le plus important. La présentation. C'est assez impoli de ma part, et j'en suis désolé.
Je suis Rahinov, le pontife d'Orzhov.

Rahinov se retourna pour rejoindre ses amis. Mais il adressa une dernière parole au soldat.

Une dernière chose ... Je parle beaucoup ! Haha !

Malgré le rapide regard agressif qu'il avait senti venir de l'Haazda, Marth accorda quelques instants, il se tourna vers le nécromancien, avança d’un pas dans la direction de la foule, dont les regards, parfois horrifies, parfois impressionnés se tournèrent vers le duo, Marth vérifia que l’intention du nécromancien était tournée vers lui et lâcha d'un thon sec.

"Et vous, monsieur le nécromancien, avez-vous un peu réfléchi avant de me déranger, les morts ne se lèvent pas seuls, on les y invite, et ceux qui les y invitent, eux, sont dangereux et justement, eux, je peux les tuer avec ma lame, un bon nécromancien doit savoir ca, vu qu’un soi-disant Boros inutile le sait, de plus, ce cimetière est immense, mon équipement, et mes dons pour la traque vous feront économiser bien du temps, mon cher ami, alors, je vous repose la question, Orzovien prétentieux, suis-je inutile ?"

Puis, sans attendre de réponse, il fit face au garde, et se figea, en attente de réaction

Zoltan Walaszeï regarda d'un air ouvertement hostile ce Boros soit-disant mandaté par les hautes autorités Wojek pour prendre la tête de l'expédition. Ah, les Boros voulaient intervenir directement dans les affaires des Quartiers Neutres ? Et bien, ça ne se passerait pas comme ça.

Il s'approcha du Boros, et d'une voix glacée lui fit :

"Un instant je vous prie. Puis-je examiner ce ... document ?"

Après l'avoir regardé brièvement :

"Bien ce que je pensais. Votre mandat n'est d'aucune valeur par ici. Aux dernières nouvelles, ce ne sont pas les Guildes les dirigeantes de cette partie de la ville. Alors certes vous avez autorisation d'accompagner ce groupe et d'enquêter sur cette affaire de nécromancie, mais votre autorité s'arrête là." acheva-t-il d'un ton définitif, ne souffrant pas de réplique.

Marth, bien que peu surpris par cette remarque, savait que sa première approche venait d'être anéantie par quelques mots, heureusement, ses supérieurs avaient pensé a ca pour lui, il avait des ordres précis.
Il se joint alors a l'assemblée qui s’écartait devant lui, puis, il repéra l'Azorius par chance, elle était le seul représentant de sa guilde présent ici il ne faudrait pas la chercher, bien qu'il ne la connaissait pas, il savait qu'il lui serait utile, une Azorius est souvent au courant de beaucoup de choses, cela s’appliquait aussi a celle-ci, elle lui en apprendrait surement plus sur le cimetière, et . . . sur d’autres choses.
Marth s'approcha donc de ladite Azorius et engagea la discussion dans un thon plus posé et mielleux qu'il n'en avait l'habitude.

"Bonjour madame, je me présente, Marth Zolian, mais vous avez surement déjà entendu mon nom, je viens de le prononcer d’un thon peut-être exagérément fort, ne me jugez pas pour si peu, le but de cette scène était simplement de me faire respecter par les représentants d’Hazdaa, et éventuellement, par le groupe, un peu de respect est un minimum, surtout quand mon but est d’assurer votre sécurité."

Même si il savait qu'il commençait déjà à paraitre louche, Marth ne se retint pas, il devait fraterniser avec elle.

Anya soupira. Décidément, que le pontife Rahinov pouvait être susceptible ! Alors certes le Boros s'était montré très agressif, mais les réactions du clerc et de l'Haazda étaient disproportionnées. Elle écouta encore un peu la conversation, puis finalement préféra reporter son attention sur ses autres compagnons. Elle fit un sourire à Yuna et Aëlys et s'approcha d'elles, mais à ce moment-là Ogarev lui intima l'ordre de rester avec lui.

Elle soupira à nouveau. Comme si elle avait besoin d'un chaperon. Elle n'avait plus dix ans, quoi ! Depuis qu'elle s'était fait attaquer par une bande de voyous quelques semaines auparavant et qu'elle était revenue les vêtements en lambeaux et tachés de sang, Ivan ne la laissait plus sortir seule. "Deux fois que tu sors seule, deux fois que tu reviens dans un état lamentable ! Maintenant, tu ne pars plus d'ici sans moi !" Gnagnagna, qu'il pouvait être énervant ! Comme si elle pouvait être en réel danger au milieu de tous ces gens... Si l'un d'entre eux lui voulait du mal, ce n'était pas en public qu'il allait le faire !

Aussi resta-t-elle auprès de son mentor, qui avait entamé une conversation ennuyeuse à souhait avec Kinay à propos d'un acheminement de marchandises de la Citerraine vers le vieux Rav, l'un des ascenseurs ayant rendu l'âme. Kinay semblait tout aussi intéressé qu'Anya par la discussion d'Ivan Ogarev, et guettait une occasion de fausser compagnie poliment à celui-ci.

Anya reporta son attention sur les autres personnes présentes. Rahinov fixait Marth, qui s'était plongé dans une discussion avec Aëlys, sans remarquer que l'Haazda les observait tous trois, ses yeux lançant des éclairs. Décidément, cet homme ne plaisait pas à Anya.

Harek, le guérisseur, avait l'air plutôt sympathique au contraire, et était en train de soigner une plaie au bras du vagabond. Yuna restait seule dans son coin, à plusieurs mètres de là, comme à son habitude. Le marchand Leszek, quant à lui, avait rejoint les autres personnes non-guildées et leur parlait à grands renforts de mouvements de bras - il leur racontait probablement une anecdote de ses voyages.

Anya regretta sincèrement que l'arrivée de Marth ait interrompu les autres dans leurs présentations. Elle ne savait toujours pas comment se nommaient ces derniers, la chantresse selesnyane qui restait à l'écart, ainsi que l'adorateur du Culte de Rakdos. En ce qui concernait l'autre Orzhov, tout comme Anya il semblait essayer de percer la nature de ses compagnons, son regard se fixant sur la plupart des personnes présentes.

Lorsque le regard du Sorcier Orzhov se posa sur elle, elle tressaillit. Elle avait une impression de déjà-vu. Etait-ce un agent de ses assassins qu'elle aurait déjà aperçu ? Possible, après tout. Mais le visage de l'homme lui semblait pourtant amical, quoiqu'empli d'une grande gravité.

Kinay parlait avec Ivan, pas que ce qu'il disait l'ennuyait mais il était plus important pour lui de faire croire à l'homme qu'il n'était pas chasser de chez les golgaris. Il ne manquerait plus que Savra est des nouvelles de lui. Il faisait donc semblant de connaître quelque détail de ce que disait Ivan, puis il entendit d'une oreille distraite la conversation du boros avec le reste du groupe, une chose qu'il dit le fit tilter et une foie que le silence revenu il se tourna vers lui et dit :

Désolé de te dire ça jeune Boros mais tu as tord en plusieurs point dans ce que tu as répondus à notre cher pontife.

Kinay lança un regard amusé à Rahinov au moment où il prononça le cher pontife, entre eux il n'y avait pas de distinction en fonction du rang, mais il fallait que le boros tout aussi motivé qu'il était sache à qui il avait affaire.

D'abord sans vouloir vexé Rahinov, il n'est pas nécromancien et loin de là. Ici seul deux personnes peuvent à mon avis prétendre à ce titre, d’abord Lord Darkmore qui manipule les esprits des morts avec un certain brio est donc en un certain sens un nécromancien.

Kinay avait tourné la tête vers Markus qui opina de la tête à ce que venait de dire le golgari, puis Kinay reprit.

Puis la seconde personne qui peut prétendre à ce titre, c'est moi. J'ai déjà relever à plusieurs reprise des corps pour me servir et ils m'ont été d'une grande aide. Dans ta pensée cela est irrespectueux de la dite personne morte ? Et bien pour moi ce n'est que réutiliser un outil avant qu'il nourrisse els charognards et les vers. Car le corps n'est qu'un outil pour l'esprit, sache le jeune Boros.

Kinay laissa planer un blanc quelque seconde et reprit.

Et là ou tu as encore tord c'est quand tu affirme que tu tueras à coups sur ce nécromancien avec ta lame. Sache que tu peux m'enfonce cette lame jusqu'à la garde où tu veux dans mon corps, je ne mourrais jamais. Tu auras peut être l'occasion de le voir au cours de cette mission, mais un nécromancien n'est jamais à prendre à la légère comme tu as l'aire de le faire, c'est un être baigné dans le mana noir, le plus puissant à mes yeux, c'est un sorcier puissant et ce sera un plaisir pour moi de l'observer et d'en apprendre plus sur la nécromancie ou sur le contrôle du mana des marais. Donc prend garde Boros face à tes ennemis, même un simple rat peut porter des germes de la peste et te terrasser.

Kinay avait finit, il s'assit à côté de Rahinov et alors que le Boros avait cru qu'il avait fini.

Mais tu ne nous sera pas inutile, car un des points faibles des mort-vivants c'est le feu, et tu doit le contrôler. C'est donc un plaisir de te voir ce joindre à cette mission.
une dernière chose, si tu tente de m'immoler, pour quelconque raison je t'abattrais sur le champs, est-ce que je suis clair ?

Et pour ceux qui ne ce connaitrais pas je suis Kinay.

Marth tourna la tête vers le Golgari, prenant ainsi le risque de froisser l'Azorius, son tempérament coléreux et fier lui vaudrait surement de gros problèmes au sein de cette compagnie qui refusait l'autorité.
Le petit sourire que le Boros avait cru bon d'arborer pour aborder l'Azorius disparut, au profit d'une grimace hargneuse, et d'un regard perçant et agressif.
Après un court moment, il se remit a sourire, et se décida à répondre, calmement.

"Cher Kinay, enfin, vous me permettez de vous appeler comme ca, je suppose?
Je vous prierais d'éviter de m’interrompre, ceci est un manque de respect envers moi, mais surtout envers cette charmante dame. . ."

Grosse erreur, charmante, il n'aurait pas du prononcer ce mot, l'Azorius allait mal le prendre, il reprit rapidement la discussion.

". . . Avec qui j'avais commencé à discuter, je reviendrais à vous après."

Puis, il se retourna vers l'Azorius et déclara à voix basse.

"Veuillez m'excuser, madame, ces quartiers neutres sont des plaies, si j'avais eu un tant soit peu de pouvoir en ces lieues, cet homme aurait regretté ces paroles."

Kinay laissa échappé un rire, ce Boros était sur de lui.

*Une tête brûlée, ça va être sympa de bosser avec ce genre de type, et il fera un parfait serviteur une foie que ses actions l'aurons amené à mourir ...*

Kinay n'avait pas entendu els paroles que l'homme avait glissé à voix basse à l'Azorius, si ça avait été le cas Kinay n'aurais sûrement pas rie mais il aurait tout bonnement et simplement fermé le caquais de cette larve arrogante. Kinay ce tourna vers Rahinov pour entamer une discussion plus détendue.

Comment ce passe ton job de pontife? Il est tellement ennuyeux que tu viens bouter du mort-vivant dans un quartier neutre pendant tes pauses ?!

Kinay disait ces mots d'un ton détendu, il ne souriait pas mais il aurait peux, il n'attendait pas une réponse du pontife mais il voulait ouvrir la conversation avec son ami histoire de faire passer le temps.

Rahinov prit un air déconcerté quand il vit le boros lui répondre ainsi. Mais Kinay avait ommis une petite chose : certes, Rahinov ne connaissait rien à la nécromancie, mais il était vraiment bien informé sur les esprits.
Et les esprits, c'est ce qu'ils allaient devoir affronter.

Rahinov ria jaune lorsque le boros se mit à faire son cinéma. Il était assez génê, car aucune personne ici n'accepterait l'autorité d'une guilde, et pour cause. Ce sont tous des roublards neutres, mis à part les "guildés". En aucun cas le boros pourrait avoir de l'influence sur eux.

Rahinov n'en déparaissait pas. Bien qu'il soit pontife d'orzhov, ici, il n'est juste qu'un puissant mage maîtrisant les manas noirs et blancs. Et ce boros ne semblait pas l'avoir compris.

Mais Rahinov se tut.

Pourquoi ? Pour éviter d'animer la galerie. Ce serait, d'une part, mal vu, d'autre part, contre-productif. Le but étant de former un groupe uni, c'est mal de former des tensions internes.

Kinay revint vers Rahinov pour causer plus détendu. De choses de la vie courante.

Eh bien je trouve ça tellement ennuyeux. Je m'occupe d'une masse de paperasserie qui fait office de travail de routine désormais. C'est vraiment chiant. Le mot est bien
Mais il y a certaines choses dont je voudrais te parler. Mais faudrait s'isoler un peu, j'ai pas trop envie qu'on entende ça.

Une fois dans un endroit un peu plus distant, Rahinov repris.

Voilà, donc, ce boulot de pontife est vraiment horrible. J'ai commis une erreur en le devenant. Certes, ça m'apporte des avantages, mais je n'ai plus de liberté. Les princes marchand et les princes des esprit, qui sont égaux à moi, tu le sais, sont beaucoup moins confiné et surveillés par Teysa.
Elle me surveille énormément. Je n'ai plus aucune liberté concernant le travail. Je crois qu'elle dirige cette guilde d'une façon trop arbitraire, et trop solitaire.

Un peu une reine quoi.
Tu comprendras que c'est inquiétant.

Rahinov avait fini sa réponse. Il était assez gêné, car il était en jolie position de faiblesse.

Szerak était là, contre le mur, les bras croisés. Il écoutait les diverses présentations avec un air de mépris.

* Pfff ! Quel est l'utilité d'une telle présentation ? La moitié d'entre nous risque sûrement de creuver. À quoi bon se présenter ? *

Le lobotmiste détestait parler de lui. Premièrement pour éviter de repenser aux évenements du passé. Deuxièmement, il trouvait tout simplement que sa vie ne regarde personne d'autre que lui.
Il restait attentifs aux discussions qu'entamaient ses "compagnons", dont celle entre Rahinov et Kinay. Il se demandait bien ce qu'avait le pontife de si honteux à révéler au Golgari.

* Bof. Je m'en fout, au fond ! *

Szerak resta contre le mur, dans cette même position, espérant que les quinze heures sonneront tant tôt, et surtout que personne ne lui pose la moindre question à son sujet.

[Hrp :] Kinay, on me chuchote dans l'oreille qu'il y a deux autres nécromanciens ici. Anya et Ivan pourraient mal le prendre...[/Hrp]

Markus était jusqu'à présent resté silencieux. Il sentait une menace, mais elle ne venait pas du cimetière - enfin, si, mais pas aussi présente que celle à l'intérieur-même du groupe. Il se formait des alliances, et chacun avait ses petits secrets. Marth discutait à voix basse avec l'Azorius, Rahinov avec Kinay. Markus vit le marchand venir vers eux et leur proposer de se joindre à eux pour discuter.

Puis il y avait cette Golgari. Mais où avait-il vu ce visage ? Alors qu'il la fixait, un nom lui vint : Nelyssa. Mais Nelyssa était morte depuis des années, tuée par les sbires de Palerchov - maudit soit ce Pontife corrompu ! C'est vrai que la jeune Golgari avait un air de famille avec celle qui autrefois lui avait été promise. Et si toute trace du sang Alnyriev n'avait pas disparu ? Il était possible en effet que le dernier bébé d'Enella ait survécu, elle était aux derniers stades de la grossesse quand les sbires de Palerchov avaient incendié le palais de Lojanriliev.
Hum, il garderait un oeil sur la petite, et quand il serait rentré, il demanderait à Rahinov les archives de Palerchov sur les Alnyriev. Il était toujours possible que certains des sbires de Palerchov puissent être en liberté, et la jeune fille n'était pas en sécurité. Enfin si elle était vraiment la cadette Alnyriev, cela expliquerait enfin bien des choses sur les actions de Palerchov ces dernières années... Mais comment diable se serait-elle retrouvée chez les Golgari ? Encore une énigme à résoudre...

Il se dirigea donc vers son protecteur.

"Je ne crois pas que nous ayions été présentés. Markus Darkmore, Sorcier Orzhov."

Le mentor d'Anya s'inclina.

"Ivan Ogarev, pour vous servir. Et voici mon élève, Anya. Suis-je dans le vrai en pensant que vous êtes LE Markus Darkmore, le Prince des Esprits ?"

Markus acquiesça. Ainsi donc, c'était pour cela qu'elle reconnaissait le Sorcier. Sa soeur Nelyssa lui avait montré une fois celui à qui elle avait été promise, un jour où il était passé dans l'Ecole orzhovienne où elles avaient étudié du temps où Andrei les protégeait - c'était le bon temps, comme Anya le pensait à présent.

Mais Anya était inquiète. D'abord Rahinov, puis le Darkmore. Etait-il possible que le Pontife l'eût repérée et en eût informé le Sorcier, afin qu'ils puissent terminer le travail de Palerchov ? Après tout, ils étaient arrivés au pouvoir à la mort du Pontife. Qui sait ce qui pouvait se préparer dans ces machiavéliques cerveaux orzhoviens ? Rahinov parlait avec Kinay, et maintenant Markus avec Ogarev. Allaient-ils les persuader de la leur livrer ?

[Hrp :] Comment ça, Anya est paranoïaque ? Non, à peine ! [/Hrp]

*Il n'a pas donné son nom de famille*, pensa Markus. *Soit je me trompe de bout en bout et ce n'est que l'une des multiples orphelines de la Citerraine, soit c'est bien la dernière Alnyriev, auquel cas il faudrait discrètement la protéger, car elle n'est pas à l'abri même si maintenant Palerchov est mort.*

Son visage ne trahit cependant rien de ses pensées lorsqu'il répondit avec un sourire :

"Enchanté de faire votre connaissance, messire et mademoiselle." fit-il en s'inclinant. "J'ai un peu entendu parler de vous, ne serait-ce point vous qui avez la charge de la réparation du complexe d'acheminement du Vieux Rav depuis l'incident de l'ascenseur ?"

Ivan opina. Ce fut alors un ton plus bas que Markus répondit :

"Eloignons-nous un peu, ici les murs ont des oreilles." fit-il avec un regard éloquent vers certains des Sans-Guilde qui se tenaient à portée de voix. "L'on dit que cet incident n'était peut-être pas qu'un accident."

Il reprit, un ton plus haut :

"En attendant notre employeur, que diriez-vous de faire le tour du cimetière ? J'ai appris que ce n'est qu'autour du mausolée qu'il se passe des choses étranges, aussi pouvons-nous profiter de cette belle journée pour marcher à l'ombre des arbres, qu'en dites-vous ?"

[Hrp :] J'ai envoyé des informations par MP à un certain nombre d'entre vous.[/Hrp]

Kinay regarda tour à tour le marchand et Rahinov.

*Rahinov n'a pas l'aire d'être à l'aise de parler du contrôle de sa guilde, un changement de conversation ne devrait pas le déranger*

Kinay jeta un coup d'œil à Rahinov en haussant les épaules, l'aire de dire : " pourquoi pas ", puis il se leva et rejoins Leszek Belzak .

Silviel se tenait à l’écart du groupe. Elle avait suivi toutefois avec attention les présentations, puis, d’un œil plus distrait, les vifs échanges causés par l’arrivée du Boros. Elle admirait le cimetière, tentant de deviner quelles tombes abritaient des Selesnyans, quand son cœur rata un battement. Son regard venait de se poser sur un homme, lui aussi à l’écart du groupe.
Un Rakdos.
La chantresse avait entendu plus que son compte d‘histoires horribles qu’on colportait sur le sort des Selesnyans tombés entre les mains des adorateurs du Démon. Et si la jeune femme n’éprouvait pas d’animosité particulière envers cette guilde, ce n’était sûrement pas le cas du Rakdos en question. Silviel commençait à se rapprocher subrepticement du groupe lorsque trois personnes s’en détachèrent, se dirigeant plus ou moins dans sa direction. Entre sa peur des inconnus et sa peur des démonistes, le choix fut vite fait. Elle s’approcha du petit groupe, constitué d’une femme et de deux hommes, s’adressa à eux.

"Je vous souhaite le bonjour. Je suis Silviel Vaomar, chantresse de Selesnya. J’espère que je ne vous dérange pas, mais puis-je me joindre à vous ?"

La jeune femme attendit leur réponse en espérant très fort que celle-ci soit positive.

Markus était ennuyé. Il aurait préféré ne pas avoir trop de témoins pour parler à Anya et Ivan, mais en même temps il eût été assez peu poli de refuser la demande de la chantresse. Aussi, après une brève hésitation, il hocha la tête, et les quatre entrèrent dans le cimetière, le garde à l'entrée les ayant courtoisement laissés passer - il était certain que jamais un Golgari n'osrait profaner ce cimetière en présence d'une selesnyane !

Après avoir passé le portail, ils se retrouvèrent dans le cimetière, empli des chants d'oiseaux. L'on eût vainement cherché une trace de malédiction en ce lieu calme et serein.

Markus prit la parole.

"Au fait, je me nomme Markus Darkmore, Sorcier Orzhov, et voici Ivan Ogarev et Anya... Alnyriev si je ne me trompe."

Anya fut épouvantée. Ainsi donc il connaissait son nom, il savait donc qui elle était. En même temps, si il lui avait voulu du mal, il n'aurait pas emmené la chantresse. C'était bon signe. Peut-être ne lui voulait-il pas tant de mal que ça alors.

Ogarev s'était néanmoins placé immédiatement entre le sorcier et elle, prêt à toute éventualité.

"Ainsi donc vous connaisez l'identité de ma protégée. Puis-je connaître vos motivations, alors ? Je vois que vous avez accepté d'emmener cette selesnyane, ce que vous n'auriez pas fait si vous lui aviez voulu du mal."

Markus sourit à Ivan Ogarev.

"N'ayez point d'inquiétude, il est bien des pouvoirs parmi les Orzhov, et tous ne vous sont pas aliénés. Les Alnyriev et les Darkmore ont par exemple toujours été alliés dans le jeu politique de la guilde, et l'affaiblissement de ces derniers n'a pas changé la donne. Nous ne savions cependant pas qu'il restait au moins un membre de la famille Alnyriev de vivant. L'aurions-nous su, nous nous serions consacrés à le protéger. Palerchov avait le bras long, mais notre famille est puissante et influente.

Mais c'est peut-être mieux ainsi, cachée parmi les Golgari, que la dernière Alnyriev a eu les meilleures chances de survie. Cependant, est-il indiscret de demander commment Anya a pu finir parmi vous ? Sont-ce ses parents qui vous en ont confié la garde ?"

Tout en discutant, Markus admirait les tombes dont la plupart étaient polies et verdies par le temps. Nombre d'entre elles étaient gravées avec soin, mais les inscriptions sur beaucoup s'effaçaient, il était rare que sous le climat ravnican les inscriptions sur les pierres tombales demeurent plus d'un siècle. Le cimetière demeurait néanmoins très agréable sous le soleil du milieu de journée. Les arbres et le chant du vent dans leur feuillage n'y étaient certainement pas étrangers.

Ce doux son n'était pas fréquent à entendre dans la cité, et Markus l'écoutait avec délices. Bien qu'il eût été formé parmi les Orzhov, là où le marbre et le métal étaient rois, son coeur restait lié à sa demeure et son parc vert. C'était peut-être pour cela qu'il appréciait tant les selesnyans et leur amour de la nature. Pas au point de devenir l'un des leurs, mais Markus était d'avis qu'il faudrait créer plus d'espaces verts dans la cité. Pas des forêts à la Simic, où la vie était réduite à une formule chimique, ni des cloaques à la Golgari, non, de vrais jardins, avec des fleurs et des arbres.

Markus chassa ces pensées d'un haussement d'épaules. Qu'est-ce que cela apporterait ? Seuls les plus riches avaient la possibilité de faire cela, et aucun d'entre eux, ou si peu, emploieraient leur fortune à cela. De toute manière, cela ne résoudrait ni le problème de la nourriture ni du logement des multitudes qui naissaient à la surface de Ravnica. Une utopie sans espoir.

Le Prince des Esprits regarda tristement la Selesnya. Leurs rêves étaient voués à l'échec, les puissants comme le peuple n'y trouvant aucune satisfaction. Ce n'était plus le vivant qui gouvernait le système, mais le système qui dirigeait toutes les actions du vivant...

Silviel, estimant que la discution de l'Orzhov et des deux Golgaris ne la regardait en rien, décida de ne pas s'en mêler. Elle respira l'air frais du cimetière, profitant à fond de la sérénité des lieux, si rare à trouver en dehors des quartiers selesnyans. Enchantée par la beauté du du cimetière et étonnée de retrouver un coin de véritable nature en pleins faubourgs, elle se tourna spontanément vers les trois autres.

"Cet endroit est magnifique, n'est-ce pas ?"

Elle regretta immédiatement d'avoir pris la parole. Elle allait sûrement se faire rabrouer, les trois autres étaient en pleine discussion importante, ils n'en avaient sans doute pas grand-chose à faire. Elle baissa la tête en rougissant légèrement, se maudissant mentalement.

Anya sourit à la selesnyane en voyant son air contrit d'avoir interrompu leur conversation. Elle était soulagée de voir aussi que Markus Darkmore ne lui voulait aucun mal, bien au contraire. Il était bon de savoir qu'elle avait encore des alliés chez les Orzhov.

"Ivan, tu peux raconter comment tu m'as trouvée à Messire, j'ai envie de parler d'autre chose."

Ivan acquiesça, puis se tourna vers Markus pour poursuivre la discussion, tandis qu'Anya rejoignait la chantresse.

"En effet, Silviel. Cela faisait longtemps que je n'étais pas allée dans un tel lieu, on dirait un jardin selesnyan. Mais je sens une influence en ces lieux, comme si des dryades y avaient longtemps vécu."

Ivan et Markus prirent un peu d'avance sur les deux jeunes filles afin de discuter plus à l'aise.

"En fait, j'ai découvert l'existence d'Anya par hasard, il y a de cela trois ans environ. Outre mes activités de nécromancie et de culture de champignons, je produis aussi quelques poisons, et nombreux sont ceux qui ont recours à mes services pour purger des rats ou d'autres nuisibles leurs demeures. Aussi, lorsqu'un homme encapuchonné m'a commandé un poison assez puissant nommé Kahlkavar, je n'ai point trop fait attention, jusqu'à ce qu'il me paye. Il me donna en effet beaucoup, beaucoup trop. Il voulait à l'évidence acheter mon silence, bref il souhaitait l'employer sur quelqu'un et pas sur un vulgaire animal. Je me suis donc renseigné et j'ai fait échouer sa tentative d'assassinat lorsque j'en ai appris les motifs. Que l'on tue par vengeance ou par besoin vital, passe encore. Mais que l'on tue pour de l'argent, là je refuse. J'ai donc fait éliminer l'assassin et suivre la jeune fille. Pendant deux ou trois mois, cela s'est bien déroulé, Anya ne se sachant pas suivie et mes sbires éliminant ceux de Palerchov. Mais il est venu un moment où les assassins sont devenus trop audacieux, et où j'ai dû amener la petite dans la Citerraine, où les hommes du Pontife ne pouvaient plus l'atteindre."

"Ce fut un bon choix," répondit Markus. "Si vous ne l'aviez pas fait, tôt ou tard, un assassin serait parvenu à ses fins. Ce ne fut pas trop dur pour elle de venir chez les Golgari ?"

"Je peux me tromper, mais il me semble qu'elle y a trouvé son compte. Elle parle peu de sa jeunesse, mais elle m'a souvent dit qu'elle préférait infiniment la vie dans la Citerraine, même si elle ne fait pas de cadeau, à la vie qu'elle avait en Haut. En tout cas, lorsqu'elle a appris la mort de Palerchov, elle n'a pas désiré revenir, enfin pas tout de suite. Il est vrai qu'il reste une menace, mais je lui avais proposé de s'installer dans un quartier tranquille des faubourgs, par exemple à Adentya où j'ai un ami couturier. J'ai rarement vu une personne aussi bien manier l'aiguille qu'elle. Quant à la magie golgari, il semblerait qu'elle y est prédisposée. J'avais un peu peur qu'elle ne parvienne point à canaliser le mana vert, mais finalement elle y arrive presque aussi bien que le mana noir. Elle m'a d'ailleurs dit que petite elle avait des difficultés pour canaliser le mana blanc."

"C'est curieux, j'ai eu un problème semblable étant jeune. Maintenant j'ai réussi à le surmonter, mais à une époque, surtout après la mort de ma sœur, je n'étais capable de manipuler que le mana noir. Peut-être que moi aussi j'aurais pu manipuler le mana vert et devenir comme je le souhaitais à une époque un Golgari. Mais ma famille s'opposait formellement à ce projet, et j'ai donc poursuivi mes études à l'Ecole de Nécromancie Orzhov. J'ai néanmoins gardé un certain nombre de contacts parmi les vôtres, comme par exemple Kinay."

"Vous connaissez donc ce Kinay ? Je croyais bien connaître tous les bons mages-liches Golgari, pourtant, je ne connais pas du tout cette personne."

Ainsi c'était donc ça la solution à toutes les énigmes qui s'étaient posées depuis l'épisode du Marécage, Kinay était une liche. Le fait qu'Ogarev ne connaisse rien de la lichification de Kinay prouvait que celle-ci était en effet du fait du Nécromancien. Markus comprit que l'autre l'amenait en terrain dangereux. Si l'autre était un ennemi du Nécromant, la moindre parole de travers pouvait provoquer une catastrophe.

"J'ignorais moi-même que Kinay était une liche. Vous me l'apprenez à l'instant. Pour moi il était comme l'était votre Parun avant qu'il ne soit évincé, en beaucoup moins fort, à savoir un mortel puissant étant parvenu à vaincre la mort. Je serais donc bien en peine de vous dire de quand et d'où date sa lichification. Pour tout vous dire, je n'ai que rarement été confronté à un mort-vivant majeur, hormis les apparitions spectrales - celles-là, j'en ai même eu plus que mon compte. Non, Kinay m'a surtout appris quelques rudiments de la magie golgari, car j'ai toujours été passionné par tout ce qui touchait à la nécromancie. Il m'a ainsi appris à utiliser le sortilège de Vigor Mortis et invoquer des diablotins de diplotaxis. Je ne maîtrise cependant pas ces sorts aussi bien que vous autres, car mon embrigadement dans les écoles des Sorciers Orzhov me rend désormais quasiment incapable de faire appel au mana vert."

Ogarev hocha la tête.

"Hmm, je suppose que vous vous êtes entraînés chez Kinay pour apprendre ces sorts. Puis-je connaître son lieu de résidence ?"

*Argh, il m'a ferré !* se dit Markus Darkmore. *Que vais-je bien pouvoir lui répondre sans trahir le Nécromancien ? Cela pourrait provoquer une guerre ouverte entre les Orzhov et les Golgari !*

"Nous nous retrouvions généralement au Pivlicino, puis nous nous entraînions non point chez lui mais dans une ferme à putréfaction abandonnée, pas très loin de l'ascenseur. Je ne saurais vous dire où il habite exactement, je ne me suis jamais rendu chez lui."

"Bah, tant pis. Je le lui demanderai. Les mages-liches sont rares, et le fait qu'il y en ait un qui se soit joint à cette expédition sans que Savra ne m'en ait informé est pour le moins troublant."

*Ça va s'annoncer tendu, avec ce gaillard,* pensa Markus. *Il faut que je réussisse à avertir Kinay avant qu'Ogarev ne puisse agir. Et il faut que je me méfie aussi d'Anya, car elle pourrait peut-être même sans le savoir lui servir d'espionne.*

"A cela je n'ai point la réponse." Un silence. "Il serait peut-être temps maintenant de retourner auprès des autres, nos employeurs ne devraient plus trop tarder à mon avis."

"Vous avez raison."

Ils se retournèrent, et virent qu'ils avaient distancé Anya et Silviel tout en parlant, et qu'elles n'étaient nulle part en vue.

"Bon, où ont-elles pu passer ? J'espère qu'il ne leur est rien arrivé."

"Cela m'étonnerait. Prendre par surprise une selesnyane dans un endroit planté d'arbres est un exploit qui ne s'est jamais vu, ou bien la Dixième Guilde existe !"

Ogarev eut un rire jaune.

"On ne sait jamais. On a vu des choses plus étranges, ces derniers temps..."

Markus se figea. Il se rappelait des mots de l'homme, dans la taverne, il n'y avait pas si longtemps : "Nous pourrons frapper n'importe où." Il se rappelait que l'homme avait aussi fermement démenti l'existence de la Dixième, et pourtant... Si les légendes étaient vraies, les membres de la Guilde des Secrets vivaient dans des parties de la Citerraine proches des logements Golgari. Et si Ogarev en savait plus ?

Cependant il n'eut pas le temps de poser la question, car Anya et Silviel apparaissaient à l'instant de derrière un buisson épais.

*Bah, je deviens paranoïaque avec tous ces événements. Pensons plus à profiter de cet endroit !*

Hasan arriva enfin. Il vit un bout de bois assez caché et puis comme ça personne ne le reconnaîtrait même si il était sûr que personne ne pouvait le voir. Il fit un salto arrière et atterrit sur un pied sur le bout de bois et resta dessus avec un pied et ne décida de ne rien dire jusqu'à ce que quelqu'un lui parle même si il n'avait pas très envie de parler.

» Un cimetière hanté [Terminé]
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