Un assassinat sur commande (3)

« Je vous ai demandé quelque chose, il me semble. » me répondit-il très calmement une fois que j'eus terminé. « Et cette chose n'était pas une histoire, même si c'était assez distrayant. Je vous ai demandé un exemplaire de votre contrat d'assassinat, ou à défaut votre patente d'assassin. À moins que vous ne préfériez que nous aillions vérifier la véracité de vos dires dans les archives de la guilde - ou au milieu d'un cercle de vérité dans le tribunal Azorius le plus proche, je suis certain que les magistrats seraient tout autant passionnés que moi par votre récit. Au fait, je tiens à vous prévenir tout de suite, la corruption de fonctionnaires est passible également d'une peine de stase pouvant s'étaler sur plusieurs années... »

Son sourire et son visage ouvert contrastaient avec l'acier et la fermeté que je sentais dans ses propos, et un frisson me parcourut l'échine.

* Mes félicitations... Quel spectacle magnifique, je me réjouis de voir comment le jeune assassin visionnaire parviendra à se sortir de cette embêtante situation. Car il va s'en sortir, n'est-ce pas ? *

Une fois de plus, les critiques sarcastiques de l'assassin ne touchèrent pas l'armurier. Contrairement aux paroles du sergent, qui eurent un tout autre effet. L'Orzhov était dans une délicate situation, de laquelle il pourrait difficilement se sortir en jouant les guignols. Mais il n'était pas question de perdre la face. Foenix ne laissa aucun signe de malaise ou d'angoisse. Il restait calme, observant le Boros avec un sourire en coin.

« Je vois que les belles paroles ne vous affectent guère. Après tout, j'aurais dû m'en douter. C'est le silence qui est d'or, non pas la parole... »

Après cette rapide ironie moqueuse, soulignant une fois de plus la corruption de la part du système juridique de Ravnica, Foenix reprit.

« Soit, mon contrat est là, sous vos yeux, fit-il en tapotant le dessin de la Golgarie. C'était un contrat oral, ce dessin est la seule preuve papier dont je dispose. Cependant, je peux vous citer approximativement et dans les grandes lignes les détails du contrat : "Ceci est un portrait d'une semi-elfe répondant au nom d'Anya. Trouvez-la et revenez me voir pour discuter de la suite. Une prime sera transférée sur votre compte une fois votre travail terminé". Je suis donc venu ici à la recherche d'informations qui me permettraient de la trouver, car c'était ma partie du contrat et que je respecte un accord entre honnêtes hommes. »

Il marqua une petite pause, puis poursuivit, plus sérieusement.

« Juste pour votre information, l'histoire avec mon père n'était pas un mensonge. Si la corruption de fonctionnaires est effectivement crime comme vous le dites, alors je crains que les assassin, les voleurs et les vandales ne seraient pas les seuls à devoir être jugés par un tribunal Azorius. »

« Si vraiment cela s'est passé ainsi pour votre père, vous pouvez demander une révision du procès sous cercle de vérité. Je puis même faire appuyer votre demande afin qu'elle soit étudiée rapidement et dans les meilleures conditions. »

Kev haussa les épaules.

« Enfin là n'est pas la question, je crois. Vous souhaitez obtenir des informations sur cette personne, soit. Il se trouve que nous disposons de ces informations, mais que celle-ci fait l'objet d'un contrat de secret, clause numéro huit. »

Je grimaçai intérieurement. L'affaire s'annonçait plutôt mal engagée. Si ce damné Boros disait vrai, alors je devais obtenir l'autorisation du dépositaire du contrat pour obtenir des informations sur cette maudite demi-elfe, sans quoi la magie du contrat pouvait causer ma mort ainsi que celle de la personne m'ayant dévoilé ces informations. Et le fait que ce soit un contrat clause huit voulait dire que ce contrat avait été déposé par une personne influente, ou ayant un portefeuille bien garni - l'un n'excluant d'ailleurs pas forcément l'autre... La chose était bien étrange cependant. Qui donc aurait pu vouloir protéger à ce point une simple demi-elfe de la Citerraine, car cette dernière n'aurait certainement pas eu les moyens de se payer ce genre de protection ?

Foenix eut à peine le temps de réfléchir à la situation, que l'assassin frappa à sa porte. Il s'apprêtait à gratter ses cheveux, lorsqu'il fut transporté dans son esprit.

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Il était à nouveau dans cette salle circulaire, où son alter-ego, depuis son hémisphère, observait la situation. L'armurier remarqua que l'assassin était bien nerveux, sa manière de faire les cent pas et à fixer le sol pouvant en témoigner. Masque de Lune ne perdit pas de temps.

« Tu sais que nous sommes dans une bien fâcheuse situation, n'est-ce pas ? »

L'armurier ne put dissimuler une certaine perplexité. Il voyait les choses de manière bien plus optimiste, quelque chose devait visiblement lui avoir échappé. Il n'eut pas à attendre longtemps, avant que ses questionnements ne trouvent réponse, venant d'un assassin qui fixait chacun de ses pas.

« Quelqu'un cherche à protéger cette Golgari. Et ce n'est pas le boulanger du coin de la rue. Pour se permettre une clause numéro huit, notre ami doit être un riche Orzhov. Peut-être même une famille. Que ce soit un Darkmore qui soit derrière ce contrat ? Après tout, Kinay était un ami de la famille, d'après les esclaves des Eliev. Reste plus qu'à découvrir à quel point le concept "les amis de mes amis sont mes amis" a de la valeur pour la famille. »

« Est-ce que c'est car on nous a demandé de laisser les Darkmore en dehors de notre enquête, qui te tracasse autant ? »

L'assassin s'arrêta net pour regarder dans les yeux sont alter-ego. Ce dernier ne pouvait malheureusement pas en faire autant, la capuche dissimulant le visage de son interlocuteur. Ce dernier s'approcha de la frontière des deux hémisphères, tout en s'expliquant.

« Que ce soit les Darkmore ou un quelconque autre personnage, nous sommes en danger ! S'il venait à savoir que nous cherchons cette Anya, le dépositaire du contrat de notre sergent voudra sans doute nous faire la peau. C'est d'un contrat sous la clause numéro huit, dont on parle ! Et si cette personne viendrait même jusqu'à savoir que notre commanditaire cherche des informations sur la semi-elfe, nous aurons deux puissances économiques à devoir contrer ! »

Foenix suivit l'exemple de son alter-ego et s'approcha de lui.

« Alors on fait quoi ?! On se cache et on attend que les deux meurent de vieillesse ? »

« On n'a plus qu'à espérer que ce sergent ne fasse pas de rapport à qui que ce soit ou alors, plus simplement, ... »

L'assassin sortit de manière fulgurante sa dague de sa ceinture et la leva au niveau de ses yeux.

« On s'assure que plus un mot ne sorte de sa bouche ! »

« Mais oui, quelle merveilleuse idée ! Comme ça on n'aura plus seulement deux familles qui nous pourchassent, mais aussi toute la Légion ! Reste calme, veux-tu. Je t'ai jamais vu aussi agité. La situation n'est peut-être pas si terrible que cela. As-tu pensé que ce contrat a peut-être été écrit pas les Eliev, car certaines informations concernent étroitement leur famille et leurs secrets ? Ou peut-être que le contrat concerne principalement Kinay, ou une toute autre personne, et des informations sur Anya y sont inscrites indirectement ? Et puis, admettons que ce soit effectivement une riche famille qui est mandaté ce contrat, comment veux-tu qu'ils arrivent jusqu'à nous ? Ce sergent n'a même pas notre vrai visage ! Et je te rappelle que nous ne cherchons que des informations, nous ne voulons pas de mal à cette Golgari. Peut-être se douteraient-ils que ce sont les Eliev qui ont engagé un assassin, mais ça, je suis persuadé qu'ils le sauraient déjà... »

Le discours de l'armurier permit à l'assassin de reprendre ses esprits. Il rangea sa dague et reprit, d'une ton plus calme et posé.

« Oui, tu as peut-être raison... Mais il serait tout de même fort judicieux que nous soyons prêt au pire. Même en ayant le nom du dépositaire, nous ne pourrons sans doute pas lui rendre visite et l'obliger à nous donner ces informations. Sa demeure est sans doute fort bien gardée, étant donné sa richesse. Soit, nous avons tout de même une nouvelle information qui peut être utile à notre commanditaire. Je te laisse t'en charger ? »

Foenix acquiesça, avant de sortir de la salle.

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L'Orzhov se gratta la tête, tout en observant le sergent. Il posa les coudes sur la table et s'adressa à lui avec un ton calme.

« Si je ne me trompe pas, corrigez-moi le cas échéant, pour avoir accès à ces informations, je dois avoir l'autorisation du dépositaire du contrat. Je doute fort que celui-ci soit d'accord de me la donner, cependant, le nom de cette personne constitue en elle-même une information. Et c'est ce que je suis venu chercher. »

L'idée de Foenix était de demander indirectement au sergent le nom du dépositaire du contrat, afin que cela ne paraisse trop indiscret, bien que le Boros avait déjà fait preuve d'une certaine résistance à ce genre de procédé. L'Orzhov reprit, d'une ton plus sec, sans pour autant paraître dur et grossier.

« Et puis, mon père est mort, à présent. Je ne suis intéressé ni par l'argent ni par une quelconque vengeance. Une demande de révision n'est plus nécessaire, sergent. »

Le sourire du sergent s'élargit.

« Peut-être ne souhaitez-vous pas le faire pour l'or ni pour la vengeance. Mais pour la justice et l'honneur, le jeu peut en valoir la chandelle. Je connais plusieurs personnes qui se trouvaient dans une situation analogue, et cela leur a allégé leur fardeau. »

Kev se rembrunit.

« En ce qui concerne votre affaire, je ne peux malheureusement pas vous dire qui a déposé ce contrat - je ne le sais pas moi-même, mais vous pouvez toujours essayer de faire une demande. C'est le cabinet d'avocats Wenvel et Coltrane qui est en charge du dossier, ça se trouve un peu plus loin dans la rue, je peux même vous y conduire si vous le souhaitez. »

Foenix n'aimait pas du tout que le Boros sorte sans arrêt l'histoire du présumé père de l'Orzhov. Il comprit parfaitement que le sergent se doutait que c'était un mensonge. Contourner le problème n'était pas une solution, il lui fallait clore une bonne fois pour toute cette conversation.

« J'ai mes propres concepts de justice et honneur, sergent. Je vous en ai déjà exposé une bonne partie. »

L'armurier était devenu étonnamment sérieux. Contrairement à ses dernières interventions, où il dévoilait un sourire plus ou moins prononcé. La raison de tout ceci était simple. L'assassin prit le dessus. Lui aussi était capable de convaincre par la parole. Bien que sa spécialité était le silence.
Une nouvelle destination a été établie, mais il lui fallait d'abord faire un détour. Hors de question que le sergent le conduise où que ce soit. Il désirait d'abord aller en parler avec son commanditaire. Ce dernier lui cachait sans doute autre chose, pensait-il. Pour l'instant, il devait se débarrasser du Boros.

« Wenvel et Coltrane, vous dites ? Je vous remercie pour votre proposition, mais je sais parfaitement où se trouve leur cabinet et je préfère m'y rendre seul. Je n'aime pas la compagnie. »

Aucune chance pour que l'assassin sache réellement où se situe ce cabinet d'avocat, mais il compensa ce mensonge avec une vérité sur sa personnalité. Il détestait être accompagné où que ce soit. La présence de Foenix dans son esprit était déjà un poids, bien que cela puisse s'avérer bien pratique d'avoir en son sein une personnalité aussi différente de la sienne. Le mensonge n'a pas à être dissimulé, puisque c'est une vérité.
Le présumé artiste décida de se lever et d'adresser une dernière parole à ses interlocuteurs, avant de quitter la pièce.

« Très bien, je vous remercie de ces renseignements, sergent. Si vous n'avez rien à ajouter, je prendrais congé de vous. »

Il gardait toujours une main à proximité de sa dague et l'autre prête à matérialiser un quelconque mana. Il était un hors-là-loi, après tout, et devant lui se tenait un sergent...

Le sergent Boros inclina la tête.

« Dans ce cas, je vous souhaite une excellente journée, et de la chance dans vos recherches. »

[HJ : Je pars du principe que rien d'imprévu n'arrive durant les actions que je décris, afin de ne pas alourdir avec des petits posts de deux lignes. Si jamais il y a quoi que ce soit qui ne va pas, j'éditerai sans problème.]

L'assassin adressa également un signe de tête au Boros et à sa mère, avant de faire volte-face et se diriger vers la sortie. Il jeta un rapide coup d’œil sur le viashino et le couple humain, tout en marchant prudemment. Il emprunta l'escalier en colimaçon et observa avec attention chaque personne présente dans le café. N'importe qui ou n'importe quoi aurait pu l'agresser. Il sortit enfin du café, face à une question fort compliquée.

* Droite ou gauche ? *

Il voulait se diriger vers son appartement, avant de retourner voir son commanditaire pour une synthèse. Mais il ne voulait pas être suivi ou sa couverture serait tombée comme un fruit mûr de la branche de son arbre. S'il avait pris la direction pour son logement, il aurait pu se faire retrouver. D'un autre côté, s'il avait pris la direction opposée, on aurait pu en déduire qu'il prenait une toute autre direction et l'attraper les mains dans le sac ! La meilleure solution était de laisser faire le hasard. Ce dernier décida de prendre à droite.
Ne jamais se retourner lorsqu'on est suivi. Mais alors, comment vérifier que personne ne soit sur nos pas ? Masque de Lune avait sa propre technique. Il se contenta de prendre les chemins de manière aléatoire, sans pour autant tourner en rond. Il canalisa discrètement un mana noir, avant d'entrer dans la première ruelle qu'il trouva. Il s'adossa contre le mur puis appela l'incantation.

* Cape d'ombre *

L'assassin se raidit, laissant le mana se matérialiser en une sorte de cape qui recouvrit son corps. Dans cette zone d'ombre dans laquelle il était adossé, il était à présent difficilement discernable. On ne pouvait en dire autant pour les autres Ravnicans. Il observa attentivement chaque passant sur la rue principale, vérifiant qu'il n'y ait personne qui soit entrain de le suivre. Son poursuivant attendrait à l'entrée de la ruelle, dans ce cas un suspect qui patiente est rapidement détecté, ou alors il déciderait de le suivre dans la ruelle, dans ce cas l'assassin était prêt à attaquer. Ou à ne rien faire, d'ailleurs. Cela dépendrait du nombre de poursuivants. Il espérait que ce nombre soit zéro, mais il ne voulait pas courir de risques, quitte à devoir poireauter là longtemps.

[HJ : J'ai fait appel à un sort dans ma liste personnelle, Cape d'ombre. J'ai envoyé un MP à MJ_06 pour les détails, ou sinon je viens de te MPer le sort en question. J'espère que c'est tout en ordre, parce que je sais pas si vous adoptez le même système de jeu ^^]

Je n'eus en réalité pas longtemps à attendre. À peine quelques minutes après que je me sois camouflé, je vis le sergent Boros s'engager dans la rue, son pendrek battant la mesure de ses pas à sa ceinture. Il passa néanmoins sans s'arrêter devant la ruelle où je me tenais, et je le perdis rapidement de vue au milieu de la foule bigarrée des passants du marché.

Je commençais à peine à me détendre et songeais à quitter ma cachette lorsque je m'interrompis dans mon mouvement. Le viashino venait à son tour de quitter le salon de thé et de se diriger dans ma direction. Il s'arrêta brièvement devant l'étalage d'une marchande gobeline pour acheter une brochette de viande, puis continua son approche.
Soudain, il fixa son regard sur l'endroit où je me trouvais, et je frissonnai. L'on disait en effet que le regard terriblement fixe des viashinos avait le pouvoir de percer même les meilleures illusions, et je craignis d'avoir été repéré, surtout lorsque je le vis se réfugier sous l'auvent d'un marchand de dindins - tout le monde savait que les viashinos ne mangeaient que de la viande, il n'avait rien à faire dans un magasin de fruits et légumes !

Je me préparais à agir lorsque je fus bousculé, le contact brutal dissipant mon illusion. Me retournant la dague prête, je me retrouvai face à un ogre à la mâchoire fortement proéminente.

« Toi te tirer de là, humain ! Garmakh vouloir faire payer viashino caché, lui tricher jeu, toi pas gêner moi ! »

L'ogre, sans plus s'intéresser à moi, se rua à son tour dans la boutique du maraîcher.

Les jeux de hasard font le malheur des hommes, mais pas seulement. Le viashino s'était donc caché de l'ogre et non de l'assassin. Ce fut rassurant, mais sa cape de mana se dissipa. Il laissa passer l'ogre, ne désirant pas être mêlé à ces histoires d'argent et jeta un rapide coup d'oeil alentours, vérifiant que personne n'eut remarqué l'illusion. Tâchant d'être discret, il reprit la rue principale dans la direction opposée à celle qu'emprunta le sergent.

* Si je l'ai perdu de vue alors que j'étais caché, je doute qu'il n'en soit pas de même pour lui. *

Bien qu'il ait semé le Boros et occupé le viashino avec un ogre, l'Orzhov n'était pas rassuré. Si quelqu'un eut découvert que Foenix était un assassin, son double jeu serait à jamais compromis. Il savait que sa double identité n'était pas inconnue par tout le monde, mais si les autorités venaient à la connaître, elle sortirait au grand jour, sans aucun doute.
Une idée lui vint soudainement. Il décida de sortir de la foule pour se cacher une nouvelle fois dans une ruelle. Après s'être assuré que personne ne le suivait ou le voyait, il retira le masque qui camouflait son visage. Les traits durs et larges de son visages devinrent plus fins et sa barbe réapparut. Il cacha le masque dans son plastron et reprit la rue principale de l'autre côté de la ruelle. Il se coinça dans la foule et prit le chemin de son appartement après une petite promenade au grand air.

[Hrp :] Je ne vois rien à dire, je te laisse poursuivre. [/Hrp]

[HJ : Suite ici ]

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