Un assassinat sur commande (2)

L'assassin marchait sur les pavés mouillés par la pluie, en direction du manoir des Eliev. Les sentait les gouttes d'eau tomber sur son manteau. Sa capuche protégeait son visage et les conditions météorologiques dissimulaient son désir de vouloir... se dissimuler. Il semblait perdu sans ses pensées, et que si quelqu'un l'approchait par surprise, il sursauterait. Ce n'était pourtant pas le cas. Son regards se baladait d'un visage à l'autre, espérant remarquer l'une de ses cibles. Les probabilités qu'il en croise une était quasiment nulle, mais sait-on jamais. Tout en observant son entourage, il réfléchissait à ce que l'homme de tout à l'heure lui dit. Il rassembla ses notes mentales et essaya de construire déjà une piste, des possibilités quant aux raisons de cet assassinat, ou aux possibles identités de ces cibles.

* Déjà, pourquoi un homme (ou une femme) voudrait du mal à deux Golgari... La raison la plus naïve qui me viendrait à l'esprit, c'est la jalousie de mon commanditaire. Peut-être a-t-il eu une relation avec cette Anya et veut-il sa mort ainsi que celle de l'homme qui l'a rendu cocu... ou l'inverse, mon employeur est une femme, ayant aimé le jeune Kinay et veut se venger de la même manière. C'est une raison quelque peu idiote pour faire appel à un assassin, mais cela reste une possibilité. Ah, la jalousie ! Un vice qui m'en met plein les poches, c'est certain ! Une raison un peu plus sérieuse, peut-être que les deux ont tenté de manigancer quelque chose contre mon commanditaire, et ce dernier veut à présent leur mort. C'est là la raison la plus probable, je pense.
Passons à présent à ce Kinay... Un Golgari hébergé par un Orzhov ? Pour quelles raisons ? Qu'est-ce qui pousseraient un Golgari a quitter ses terres pour vivre chez des Orzhov ? A-t-il été rejeté par sa guilde ? Ou sont-ils simplement amis, de quête par exemple ? Peut-être cherche-t-il a se cacher ? Peut-être a-t-il un adversaire qui pense le trouver dans la citerraine, alors qu'il est en territoire Orzhov ? Peut-être que mon commanditaire en est la cause ? Non, je ne pense pas. S'il était au courant que Kinay a vécu chez les Eliev, c'est probablement qu'il ne lui en voulait pas encore au point de vouloir le tuer. Quoiqu'il en soit, ce Golgari a des contacts dans ce quartier. Les Eliev en forment un groupe. Est-ce que les Darkmore en font également partie ? C'est possible, même si rien ne les oblige à le connaître. Ce pourrait être une deuxième piste à suivre. Elle me parait plus fructueuse que mon histoire de tailleur. Dans ce cas-là, si je me trompe, je serai vite fixé.
Très bien, j'ai là plusieurs questions qui demandent une réponse. Un interrogatoire s'impose... *

Masque de Lune arriva finalement à destination. La pluie continuait d'envahir les rues d'eau et de flaques. Le manoir était-là, à quelques dizaines de mètres de l'assassin. Il pouvait voir le portail, ce qui était suffisant. Mieux valait ne pas trop approcher, il prendrait des risques inutiles. À quelques mètres de lui se tenait un banc. Il était trempe, ce qui expliquait le fait qu'il était vide. L'Orzhov marcha lentement en sa direction, comme si le temps allait pouvoir le sécher. Une fois proche du banc, il l'essuya quelque peu avec un petit chiffon qu'il tenait dans sa poche, puis s'assit. Un modeste objet, qu'un chiffon, pouvant servir à moult choses. Nettoyer du sang, par exemple... Là où il était posé, il pouvait voir tout ce qui entrait ou sortait du manoir des Eliev. Tôt ou tard, un esclave devra bien sortir pour acheter des denrées alimentaires, par exemple. S'il devait attendre jusqu'au lendemain, une taverne juste en face de lui pouvait le nourrir et étancher sa soif. Il ne devait qu'attendre. La patience est une arme qu'il faut bien maîtriser. Ne jamais s'en servir serait fort idiot, mais en abuser le serait tout autant. Parfois, il faut savoir tuer cette patience, où nous perdons autant d'occasions que si l'on ne s'en servirait point. Trouver un juste milieu, voilà la clé. Comme tant d'autres choses, d'ailleurs, ce n'est pas sorcier. Ainsi, l'assassin patientait. Lorsqu'un esclave sortirait de ce portail, il le suivrait, jusqu'à arriver dans un endroit propice à l'interrogation. Ravnica est rempli de petites ruelles. Un lieu parfait, pour ne pas être remarqué, tandis qu'on discute gentiment avec un ami...

Je n’eus guère à attendre. Après quelques minutes à peine, la porte de la demeure s’était ouverte, et trois palanquins couverts en étaient sortis, escortés par quatre gardes d’apparat chacun. Les Eliev sortaient, certainement pour aller voir un spectacle dans l’un des multiples théâtres de la ville. Une dizaine de serviteurs accompagnait les palanquins portés chacun par une paire d’humains ayant probablement du sang ogre au vu de leur corpulence. Chacun d’entre eux était tatoué du symbole de la Guilde des transactions sur son torse nu, et portait un pantalon bouffant retenu à la taille par une large ceinture à laquelle pendaient de larges sabres. À la différence des gardes qui n’étaient visiblement là que pour le décorum, les six colosses semblaient être rompus aux techniques de combat, et il eût été folie de s’opposer à leur progression alors qu’ils s’enfonçaient avec des « Place ! Place ! » dans les rues de la ville.

Les gardes et les serviteurs étaient bien trop occupés à complaire aux demandes qui émanaient des palanquins protégés de la pluie par de fins rideaux de soie pour prêter attention à un misérable homme trempé assis sur un banc comme je semblais l’être, et me passèrent devant sans m’adresser le moindre regard. J’hésitai un instant à les suivre, mais alors que j’allais me lever, un esclave tatoué portant lui aussi les vêtements des Eliev passa dans la rue, se rendant vers une porte adjacente à laquelle je n’avais guère prêté attention jusqu’alors, comme celle-ci paraissait mener à une autre demeure. Là était probablement l’entrée des serviteurs et esclaves.

L'assassin suivit des yeux l'escorte des Eliev qui s'éloignait, dissimulée par un rideau de pluie qui se faisait de plus en plus dense. Il attendit qu'ils furent suffisamment loin, avant de ce lever. Malgré qu'il essuya le banc tout à l'heure, il n'était pas sec pour autant. Un détail qu'il omit, la possibilité que le banc soit sale. Il sentait que son manteau était mouillé au niveau de son arrière-train. Par réflexe, il tapota la zone tâchée, sachant pourtant que cela ne la nettoierait pas pour autant. Par chance, son habit était assez sombre pour que la tâche ne soit pas visible. Du perfectionnisme pour son apparence physique qu'il tenait de Foenix... Un personnage vaniteux qu'il n'appréciait pas toujours, surtout pour son comportement. Mais cela ne le concernait pas, finalement.

Il se tourna vers la porte, que l'esclave passa tout à l'heure. Il s'a approcha lentement et silencieusement. À présent, deux choix s'offraient à lui : toquer à la porte et essayer d'entrer de façon civilisé, tentant un approche humain avec ces gens qui n'ont plus rien à perdre que leur vie, ou forcer la porte à coup de pied et utiliser la manière forte, obligeant les serviteurs à faire ce qu'il voulait sans cela il éteindrait leur vie de suite. La solution seconde étant très primitives et barbare, l'assassin opta pour l'entrée en douceur. Il pourrait toujours, dans le pire des cas, passer aux manières fortes. Mais uniquement si cela s'avérerait primordial. Masque de Lune leva ainsi sa main gantée et toqua trois coups. Sa main libre tenaient le pommeau de sa dague à sa ceinture, de telle sorte à ce que cela ne se voit pas. Depuis l’extérieur, on aurait pu croire qu'il ne faisait que tenir sa ceinture, comme ont l'habitude de faire certains gardes. Ainsi, sans que cela soit visible, il était prêt à faire face à une possible agression. Sait-on jamais, prudence est mère de sûreté...

L'assassin vit la poignée qui commençait à tourner. Muscles et nerfs tendus, il était prêt à se défendre en cas d'agression, bien que cela n'était pas détectable par son entourage. Tout et n'importe quoi pouvait ressortir par cette porte. Peut-être que les Eliev l'avait remarqué et ordonnèrent à un serviteur de faire de bouc émissaire, conduisant l'homme vers un piège. Mais il était trop tard, à présent. Il ne pouvait plus reculer. La poignée s'arrêta de tourner. La porte s'ouvrit lentement. Un serviteur ouvrit à l'assassin. Ce dernier fut soulagé et se détendit, sans pour autant perdre la concentration ou baisser sa garde. Le serviteur ne put remarquer de différence de comportement de la part de son "invité", lorsqu'il demanda :

« Oui, c'est à quel sujet ? »

Masque de Lune lui répondit d'un ton vide et ferme, privé de toute émotion. Il n'était pas pour autant moins courtois que l'aurait été son alter-ego, qui aurait répondu avec un large sourire et d'une voix pleine de vie et de bonne humeur.

« Je voudrais vous parler au sujet d'une certaine personne. Ou plutôt, je voudrais que vous me parliez de cette personne. Un dénommé Kinay. Puis-je entrer, nous serions plus à l'aise pour discuter. Et il fait froid et il pleut, ici dehors... »

Les esclaves de riches Orzhov étaient très souvent des personnes condamnés à rembourser leurs dettes astronomiques. En d'autres termes, des personnes qui perdirent leur liberté, prisonniers du vice de l'avidité plus que ce qu'ils n'étaient vis-à-vis de leur créancier, voire condamnés à devoir payer les dettes d'un parent. Ces personnes n'avaient plus rien à perdre, si ce n'est la vie. Le mieux était pour l'assassin de se montrer compréhensif envers eux, et sans doute qu'ils accepteront de collaborer.

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Ven 7 Jan 2011 - 13:14

« Cela, ce n’est pas à moi de le décider, Monsieur. Mes maîtres sont absents pour le moment. »

Je savais ce qu’il fallait faire. Aussi je pris le relais de mon alter ego, et tirant une bourse de ma poche, je repris :

« Et si je vous le demandais gentiment ? »

Le visage de l’homme changea du tout au tout, passant d’une attitude renfrognée à un large sourire.

« Je vous en prie, entrez ! » fit-il après avoir rapidement vérifié d’un coup d’œil dans la rue que personne ne regardait.

***Comme il est aisé de corrompre…*** pensai-je en mon for intérieur.

Il m’entraîna par-delà une succession de couloirs dans une cuisine où il faisait agréablement chaud, grâce aux trois âtres dans lesquels rôtissaient des venaisons – du hurdernerf, à vue de nez. Partout retentissait le fracas des ustensiles des nombreux marmitons qui y travaillaient. Des nuées de serviteurs et d’esclaves allaient et venaient, et j’aurais pu passer inaperçu dans le capharnaüm ambiant. Ce n’était bien évidemment pas le cas, je savais pertinemment que les serviteurs n’avaient ni les yeux ni les oreilles dans leur poche, et j’étais certain que la nouvelle de mon passage serait connue dans toute la ville avant la fin de la soirée.
Je réprimai une grimace, mais je n’avais pas le choix. Si je voulais des informations, ce serait encore plus risqué de passer par la voie officielle.

« Servez-vous, servez-vous ! » fit celui qui m’avait amené en ces lieux en me tendant une assiette et des couverts, et en se saisissant de ma veste trempée de pluie pour l’accrocher à un clou au-dessus de l’un des feux rugissants pour la faire sécher.

Justement, l’un des marmitons venait de placer un chaudron rempli d’une soupe fumante à proximité de là où je me tenais, et m’en offrit une louche. Elle était délicieusement parfumée avec des herbes fines, et je dus me retenir pour ne pas en redemander.

« Vous voulez que je vous parle de Kinay ? » reprit le serviteur qui m’avait amené dans ces lieux. J’acquiesçai.

« Il a passé quelque temps ici, suffisamment en fait pour qu’on ait remarqué pas mal de choses étranges chez lui. Tout d’abord, il était un grand ami des Darkmore – vous savez, les pontifes – et c’est d’ailleurs grâce à eux qu’il a fait connaissance avec nos maîtres. On dit que c’était lors d’une réception dans le manoir des Darkmore, justement. Quoi qu’il en soit, il plaisait drôlement à Donya. Mais il était un peu bizarre. Tout d’abord, je ne l’ai jamais entendu respirer. Comme si c’était un zombie. En même temps, avec ces Golgari, sait-on jamais. En outre, il se fichait totalement de ses vêtements. J’ai été responsable de sa garde-robe pendant une semaine, et j’espère bien que ce sera la dernière fois que j’aurai une telle tâche. Autant il prenait à peu près soin des vêtements Orzhov que Donya lui avait offerts, autant je ne vous dis pas l’état de ses loques Golgari… Toujours est-il qu’un midi, Donya est rentrée en pleurs. Elle avait dû le surprendre avec une autre fille plus au goût d’un Golgari, parce que ce Kinay n’avait pas vraiment l’air de s’intéresser à la petite, et pourtant, dieu sait comme elle faisait tout pour le séduire… Enfin toujours est-il qu’on n’a pas revu Kinay ici depuis. J’ai néanmoins entendu dire qu’on l’avait vu çà et là en ville, principalement dans les quartiers neutres. Il paraît qu’il ne retourne jamais dans la Citerraine. À mon avis, il doit avoir vraiment fait quelque chose de terrible pour ne pas vouloir y revenir, car je trouve qu’en Haut ce n’est vraiment pas la place d’un Golgari… »

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Ven 7 Jan 2011 - 22:25

Ce qui sortait de la bouche de l'esclave n'étaient que du sons, un simple enchevêtrement de mots. Pourtant, l'assassin voyait en ces phrases une véritable trésorerie. De l'or, des gemmes précieuses, émanaient de ces lèvres. Les réponses qu'il reçut étaient pour lui la véritable richesse. Dans son esprit, se dessinait l'histoire de ce Goglari. Il certes, qu'une minime partie. Le début était encore enfouie dans l'incertitude, voire l’ignorance pure et simple. Il commençait à voir un fragment de sa vie, mais aussi dessinait-il petit à petit sa mort. Le plus important était que cette richesse que lui fournissait le serviteur des Eliev parvenait à élucider plusieurs de ces questions. Un schéma intéressant se dessinaient dans son esprit d'assassin.

* Il est fort probable donc que ce Kinay est un exilé. À mes risques et périls, je pourrais me promenait dans la Citerraine et interroger quelques-uns de ses confrères ; une idée fort dangereuse, mais cela reste une recherche de secours supplémentaire, si je manque de pièces dans mon puzzle. Par exemple, pourquoi cet exil ? Un détail qui pourrait s'avérer utile. Je pourrais me servir de la haine que la guilde éprouve pour lui pour les aider à le coincer... Surtout s'il c'est effectivement... un zombie... Comment tuer un mort...
Il a donc effectivement un lien avec la famille Darkmore, également. Est-ce que questionner l'un de leur esclaves serait nécessaire ? Pas forcément... Je devrai d'abord en apprendre plus aussi sur la semi-elfe. Qui semble être beaucoup plus proche de lui que ce que je l'imaginais... Est-ce bien elle qui s'est mise entre le Golgari et la jeune Donya Eliev ? Donya, Donya... A-t-elle un lien avec mon commanditaire ? Est-ce mon commanditaire ? En tout cas elle pourrait. Cela ferait de la jalousie la raison de cet assassinat. Si seulement je pouvais la rencontrer en secret... Je pourrais peut-être en savoir plus sur qui m'a offert cet emploi et pourquoi. Et en connaître peut-être un petit peu plus sur la psychologie de ma cible, voire même qui sait peut-être a-t-elle déjà eu la chance de rencontrée la jeune Goglari...
Mais avant cela je dois m'assurer d'une chose... *

Masque de Lune ne toucha pas à son assiette, bien que l'odeur fut alléchante. Ce n'était que par pur principe. Il se considérait comme une ombre, non comme un homme. C'était déjà trop d'avoir ôté son manteau. Bien que son visage était visible par l'assemblée, Foenix ne parvint pas à prendre le dessus sur l'assassin. Il adressait à son interlocuteur un regard ferme, privé d'émotion. Lorsque l'esclave finit de parler, il sortit l'enveloppe, qu'il rangea sous son plastron, afin de ne pas risque de le mouiller avec la pluie. Il y sortit l’esquisse de la semi-elfe et la tendit au serviteur des Eliev. Il s'adressa ensuite à lui avec un ton ferme.

« La Golgari qui rompit le lien entre Kinay et Donya Eliev, ne serait-ce point cette jeune semi-elfe, répondant au nom d'Anya ? L'avez-vous déjà vu, ou en avez-vous déjà entendu parler ? Et j'aurais encore une demande à vous faire. Pouvez-vous un peu me parler de Donya et de sa relation avec ce Golgari ? »

Il attendit quelques secondes avant de reprendre. Il avait un présent baissé le ton de sa voix, afin que seul son interlocuteur l'entende. Ce qu'il avait à lui dire, n'avait rien de secret, mais il espérait que l'esclave comprenne où il en voulait réellement en venir avec cette question...

« Je suppose que dame Donya est avec le reste de sa famille, je me trompe ? »

... c'est-à-dire pouvoir s'entretenir en secret avec la jeune Eliev.

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Sam 8 Jan 2011 - 23:37

L’assemblée devient soudain moins bruyante, et je compris que j’en avais certainement demandé trop. Le visage du serviteur se ferma comme il l’avait été alors que j’attendais qu’il me laisse entrer. Oui, c’était certainement une erreur.

« Et si ce n’est pas indiscret, pourquoi donc recherchez-vous toutes ces informations sur nos maîtres ? » grogna-t-il alors que le cuisinier déçu de mon peu d’intérêt pour sa soupe allait la jeter.

« Notre Dame n’acceptera jamais de vous recevoir, de toute façon. Et nous ne savons rien de plus. »

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Dim 9 Jan 2011 - 13:35

L'assassin entendit une voix résonner dans sa tête. C'était le petit prétentieux qui logeait en lui. Il s'adressa à lui d'un air supérieur et satisfait.

* Et bien, voilà une bien grosse bêtise que tu viens de faire... Toi qui aime tellement rester dans l'obscurité, tu viens de te mettre en pleine lumière. Et les ombres n'y survivent pas, en général... Laisse-moi prendre le relais. Toi tu n'as jamais été doué pour les relations humaines, or dans de tels cas il faut traiter les spécimens avec tact. Crois-moi, tu ne regretteras pas de m'avoir laissé parler. *

Autant le changement de personnalité fut brutal dans l'esprit de l'Orzhov, autant extérieurement aucun signe ne se montra. Seul petite différence, un petit sourire au coin de la lèvre de Foenix fit son apparition avec une telle discrétion qu'on eut peine à remarquer la scène. Il reprit la discussion que son alter-ego faillit interrompre de façon peu délicate, avec un ton plus calme, mais qui avait toujours cette supériorité caractéristique de chacune des personnalité de cet homme aux multiples masques. Son rôle était de rassurer l'assemblée, tâche que l'assassin n'était pas en mesure d'accomplir.

« Si ce n'est pas indiscret, dites-vous ? Bien sûr que non ! Mais voyez-vous, nous, les Hommes, sommes bien particuliers comme créatures. »

Il canalisa un mana blanc, qu'il s'amusait à modeler pour illustrer ses dires. Il rejoignit ses mains posées sur la table, puis les écarta, dessinant une sorte de piste, comme un chemin qu'une silhouette humaine parcourait. À chacun de ses pas, une sorte d'aura s'en échappait, mais la piste redevenait toujours plate, comme la table où elle était posée. Une petite animation en deux dimensions que seul l'esclave posé en face de lui pouvait voir correctement.

« Chacun de nous a une histoire, que l'on modèle tout au long de notre existence, plus ou moins longue. Nous tous marchons dans cette ligne du temps, sans laisser forcément les traces de nos pas, ou du moins pas tout le long de notre parcours. Arrivé à la fin, » la silhouette rejoignit l'extrémité de la piste, à savoir la main droite de l'Orzhov « personne ne connait notre histoire dans les détails, car il leur manque des éléments. Certains ignorent tout de notre parcours, car il n'ont vu aucune trace de pas. Et pourtant, tout le monde peut accéder à notre histoire. Car nous avons laissé différents indices, presque toujours inconsciemment. »

Tout en prononçant ces deux dernières phrases, sa petite scène de photomana évolua. Sur la piste, se dessinèrent des silhouettes, symbolisant les faits marquant d'une vie. Au début, une femme tenait un bébé dans ses bras ; la deuxième représentait un homme forgeant une épée ; s'ensuivit une scène représentation une agression entre deux hommes, l'un était une victime, l'autre l'évident fautif ; la quatrième était un homme assis sur un bureau, écrivant un livre ; et la dernière représentait une scène funèbre.

« Ces traces que nous laissons ne sont pas évidentes, il faut bien les chercher. Certaines sont facile à trouver, d'autre beaucoup moins. Cette recherche n'aboutit qu'à une seule conséquence. » il rejoignit une nouvelle fois les mains, effaçant le parcours de vie de cette silhouette, puis posa les paumes sur la table, les écarta obliquement et un cadre se dessina, entourant des pièces de puzzle dont seul le contour était dessiné par son photomana « Chaque information que l'on récolte est une pièce de ce puzzle. Certaines s'imbriquent tout de suite les-unes les autres. D'autres restent isolées, le temps que l'on trouve où la rejoindre. D'autres encore peuvent changer de forme, ce qui fait qu'elle ne s'imbrique plus où l'on pensait au départ. Et à la fin... » il posa les mains au centre du cadre et lorsqu'il les souleva, son photomana, avec une explosion silencieuse de sillons blancs, fit comme un dessin, dont les traits représentaient un homme encapuchonné, proche d'une femme visiblement de sang noble « ... notre tableau se dessine. Nous savons à présent tout de cette personne. Nous pouvons retranscrire son histoire comme l'on pourrait faire avec la nôtre. Là, est mon objectif. Achever le tableau de ce Golgari. Il a laissé des traces chez vos maîtres et je compte les trouver. Je dois donc m'informer sur la famille Eliev, si je veux parvenir à ce but. Je pratique le même traitement pour la semi-elfe nommée Anya, d'où ma question de tout à l'heure, dont vous n'avez point donné de réponse. »

Il marqua une pause, dans le but de faire comprendre à son interlocuteur qu'il comptait bien en obtenir une, de réponse. Puis continua.

« Je suppose que vous vous doutez bien pourquoi je cherche à retranscrire l'histoire de ces deux Golgari. Et Mademoiselle Donya détient des pièces de son tableau que je compte partager avec elle. Voilà tout. Ce serait fou de ma part de vouloir m'en prendre à vos maîtres. Ce serait signer mon arrêt de mort. Là n'est pas mon but. »

Son discours était d'un paradoxe effarent. Son ton était calme et doux et à la fois hautain et presque effrayant, comme s'il cherchait à rassurer cet esclave, ainsi que toute l'assemblée avec une certaine crainte, que ces mots ne ressortaient point. Typique de Foenix, semer un chaos mental chez ses victimes rejoignant en eux deux sentiments opposés, sans même qu'elles ne s'en rendent compte. La peur avait donc comme conséquence de rassurer l'esclave avec qui l'Orzhov discutait, et par la même occasion tous les servants qui l'écoutaient.
Foenix avait parlé à l'homme en tenant le haut de son corps légèrement penché sur la table, afin de pouvoir dessiner avec son mana, ainsi que pour paraître... convainquant. Il acheva en beauté avec sa dernière phrase. Il posa son dos contre le dossier de sa chaise, donnant un air décontracté, sûr de lui. De cette façon, il ajouta encore une sorte de négligence face à la situation, semant un troisième ordre dans l'esprit déjà troublé de ses victimes.

« En ce qui concerne ma... rencontre avec votre Dame, si vous estimez qu'elle n'acceptera jamais de me recevoir, qu'il en soit ainsi. Je ne peut obliger personne... »

Une nonchalance dans ses mots et son comportement, mêlé à son ton à la fois craintif et rassurant formaient un cocktail explosif. Il sentait déjà les conséquences arriver. L'esclave, déjà "rassuré" que cet étranger ne voulait que des informations sur ces deux cibles, voyant à présent que celui-ci se fichait si ses demandes étaient accomplies ou non, ne pouvait à présent que se plier à Foenix et à ses attentes. Dans le cas contraire, cet homme devrait être bien plus résistant que ce que les deux personnalités pouvaient croire.

* Prends-en de la graine, mon petit assassin ! Une opposition de pensées dans leur esprit simplet mêlé à de la psychologie inversée ! Je pourrais tuer plus de gens avec ça que toi avec toutes tes dagues ! *

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Dim 9 Jan 2011 - 22:29

Le visage du serviteur s’était radouci et le silence s’était fait dans la cuisine durant ma démonstration, et je sus que j’avais au moins atteint une partie de mon but, à savoir leur redonner confiance en moi. Restait à leur soutirer les dernières informations manquantes, les dernières pièces du puzzle. Et je crois que j’atteignis ce second but lorsque je fis toutes ces allusions à la peinture. L’homme que j’avais en face de moi était très certainement un amateur d’œuvres d’art. Intéressant, cette information pourrait resservir ultérieurement, sait-on jamais…

« Veuillez me pardonner mes paroles dures, » reprit-il, et alors je sus que j’avais gagné. « Je craignais que vous ne fussiez sur le point de commettre un acte qui m’aurait amené à trahir mes maîtres. Mais je vois qu’en réalité votre cœur et vos pensées sont pures. »

À ces mots, mon alter ego explosa d’un rire terrible en moi, et j’eus du mal à réprimer le sourire qui allait se dessiner sur mes lèvres. Décidément, que cet homme était naïf !

« En réalité, je ne connais pas la demi-elfe, donc je ne pourrai rien vous dire dessus. En revanche, concernant Donya, je pense qu’elle était franchement amoureuse de notre hôte. Elle le suivait partout, ne le quittait jamais des yeux même si elle devait parfois se cacher pour cela. Mais Kinay ne la regardait qu’à peine. Il semblait bien plus détaché, pas qu’il ne l’aimait pas, enfin je crois, mais il la voyait plus comme une amie que comme une amoureuse. Cela rendait à moitié folle Donya, qui faisait tout pour le séduire, pour qu’il la regarde enfin. Vous l’auriez vue quand elle est revenue après ce jour terrible où elle a dû rencontrer Kinay en compagnie de cette… comment avez-vous dit qu’elle s’appelait, déjà ? »

« Anya, » répondit avant moi une grosse cuisinière qui passait à ce moment-là en transportant une grosse soupière fumante vers une grande porte menant certainement vers la salle à manger. Je fus assez surpris de l’ouïe de la personne. À aucun moment, je n’aurais juré voir celle-ci quitter sa cheminée où elle touillait sa préparation à l’autre bout de la pièce. Cela me conforta dans mes premières impressions. Je n’aurais jamais dû me laisser conduire dans cet endroit d’où des ragots partiraient dans toutes les directions avant la fin de l’heure, si ce n’était pas déjà le cas…

« Oui, c’est ça, Anya. Toujours est-il qu’elle était à la fois en pleurs et écumante de rage, est rentrée dans sa chambre en claquant la porte, et a refusé à tout le monde de rentrer. Même Vadilia, sa soubrette, qu’elle aime comme sa sœur, elle l’a giflée et mise à la porte alors qu’elle venait pour lui apporter le souper dans sa chambre, puisqu’elle ne daignait pas se présenter à table. Ce n’est que le lendemain, quand son père est venu la chercher pour lui parler, qu’elle est enfin sortie de son enfermement. Il avait une lettre à la main, signée de Kinay. Je ne sais pas ce qu’il y avait dedans, quand Vadilia est repassée peu après il n’y en avait plus trace. Elle l’avait probablement mise dans son cabinet. En tout cas, depuis, tout semble plus ou moins revenu à la normale. Donya est redevenue comme avant, ou presque. Il lui arrive de faire des crises de nerfs de temps à autre d’après Vadilia, mais jamais en pub… Oh ! » s’interrompit-il en regardant quelque chose au-dessus de moi et en piquant un fard.

Je me retournai en un éclair, et plongeai le regard dans la robe noire d’un pratiquant des arcanes. Son visage semblait tout sauf amical, et il était flanqué de deux gardes à l’air tout aussi rébarbatif que lui. Ses mains étaient camouflées par l’ombre malsaine du mana noir qui émanait de ses doigts. L’un des gardes fit signe aux autres occupants de la salle de s’éloigner, sauf à mon interlocuteur, qui resta à se tortiller sur le banc, mal à l’aise.

« On peut savoir ce que vous aviez l’intention de faire ici avec votre magie ? Et tâchez d’être convaincant, car ma patience est très courte. »

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Lun 10 Jan 2011 - 20:23

Les rôles s'inversèrent. Ce fut l'assassin qui blâma Foenix, cette fois.

* Oui, je vois que je peux te faire confiance... Pourquoi ne pas te servir de l'un de tes cocktails ? Que dirais-tu d'un mélange de colère et mépris ? Ainsi, tu pourras nous faire tuer... *

L'orgueilleux Orzhov ne se laissa pas marcher sur les pieds par son alter-ego et répondit à sa remarque instantanément.

* Un simple soucis de passage. Ne t'en fait pas, je vais régler ça de suite ! *

Un détail échappa à l'armurier. Sur la table était encore posée l'esquisse de la semi-elfe. Il craignait que la récupérer donnerait l'impression de l'importance du document pour lui ; et le pire... c'est que ce serait bien plus qu'une impression... Mais la laisser n'aurait pas résolu le problème. En restant là, elle risquait fort de finir mal. Pour les serviteurs des Eliev, ce n'était qu'un torchon, un papier à brûler. Ce fut alors, que Foenix pensa à l'esclave qui discuta avec lui. Il avait réussi à gagner sa confiance. D'ailleurs, il semblait porter de l'intérêt pour les beaux-arts. Sans doute qu'il garderait l'esquisse d'Anya précieusement, si les circonstances porteraient l'Orzhov à quitter la pièce et l'habitation.
À présent, il voyait plusieurs issues, plus ou moins accessibles. Il eut un sourire satisfait, sûr de liu, presque hautain. Il ne se retourna pas en s'adressant à l'homme qui se tenait à son dos, accompagné de ses deux sbires.

« Ce que j'avais l'intention de faire ? Vous voulez dire, ce que je viens de faire, plutôt ! »

Il y avait comme une pointe de prétention dans sa voix, mais il y avait un message caché dans sa phrase : s'il avait de mauvaises intentions, le carnage serait déjà passé, avant que ces trois hommes n'entrent dans cette pièce. Il n'aurait senti que le dernier souffle de vent causé par le chaos, le reste n'aurait été que désolation. Après cette première approche risquée, il se leva, tenant les bras en l'air, comme s'il disait : "regardez-moi, je n'ai fait rien de mal". Ou peut-être : "regardez ça, sans les mains !"... Une fois totalement debout, il se tourna vers le pratiquant de magie noir, qui semblait palpiter d'impatience de se servir de sa magie. Foenix souriait. Un peu pour se sentir supérieur, un peu pour calmer les pulsions de cet homme. Mais est-ce qu'un sourire était vraiment le moyen le mieux approprié pour le calmer ? L'Orzhov savait pertinemment que sourire aurait l'effet inverse. Et pourtant, il souriait, comme s'il cherchait à montrer son audace, qualité appréciée par certains, odieuse pour d'autres.
Il s'adressa une nouvelle fois à l'homme. Une main levée, il pointait son tableau fait de photomana avec l'autre, tout en parlant d'un ton toujours aussi sûr de soi.

« Voyez, contemplez ce que je fais de ma magie, très cher ! Qui sait, nous avons là une nouvelle forme d'art révolutionnaire, qui sait. Vous avouerez bien que c'est bien plus passionnant, comme façon de se servir du mana, que de tuer de pauvres innocents... »

Sa voix ne tremblait pas, il était sûr de son coup. Il avait l'intention de se servir de ce ton calme et convainquant pour manipuler indirectement l'esprit de son interlocuteur. Ce qui était caché entre les lignes, était une demande, celle de ne pas le tuer, ni de lui faire du mal, mais elle était dissimulée comme un conseil. Cela donnait l'impression qu'il conseillait ce pratiquant des arcanes, se trompant au sujet de Foenix, ne point l'agresser et de le laisser en paix. En même temps, c'était un message pour son alter-ego, qui était contraint à suivre la scène. Lui qui se servait de la magie pour son ignoble métier d'assassin, pourrait s'en servir pour peindre de majestueux tableaux.
Il releva à nouveau le bras qui pointait son oeuvre, et s'adressa une nouvelle fois à l'homme.

« Soit, si cela peut vous rassurer, je peux le dissiper... »

D'un claquement de doigt, qui était là surtout pour l'effet de style que pour l'utilité, le tableau en photomana se dissipa lentement. Le visage de la femme disparut en dernier. En procédant avec un tel manque de rapidité, faisant cela avec toute la grâce possible, il espérait toucher l'esclave qui était encore dans la pièce. Il voulait qu'il soit de son côté, directement ou non. La seule tâche que Foenix espérait qu'il accomplisse était celle de protéger le dessin de la Golgari, afin qu'il puisse la récupérer, si les circonstances lui feraient quitter la pièce.
L'Orzhov se doutait bien que le pratiquant de magie noire ne se laisserait pas duper comme ce serviteur. Au contraire, une tentative de "manipulation", si l'on peut la nommer ainsi, trop évidente, pourrait le faire agir de façon contraire. D'ailleurs, il ne serait pas étonné que cet homme soit privé de toute autre émotion que le mépris. L'être humain n'est qu'une marionnette, dont les fils sont accessibles par tous. Les meilleurs parviennent à les couper, ou du moins les raccourcissent le plus possible, évitant toute prise de contrôle. C'est pourquoi Foenix avait plus d'une voie de secours. Il observa attentivement la pièce, pour commencer. Dans son plus jeune âge, il avait l'habitude de fuir souvent de soeur Weronika, en sautant et rebondissant partout où c'était possible. Un coup d'oeil rapide mais attentif aux environs lui permettrait d'envisager un chemin de fuite. Ensuite, le photomana ne se dissipa pas totalement. Peut-être que l'homme pouvait s'en rendre compte. De cette manière, il pourrait aisément le récupérer, en canaliser un deuxième et invoquer un srâne en deuil qui s'interposerait entre lui et son agresseur. Si la chance l’assistait, l'esclave pourrait également avoir cette tâche... Finalement, ses neurones donnèrent déjà le signal à son bras d'aller récupérer la dague à sa ceinture pour se défendre. Son membre n'attendait que le coup de feu.
Beaucoup de possibilités étaient envisageables s'il parvenait à combiner ces différentes techniques. Le but, en cas d'agression, était premièrement de se défendre d'un quelconque moyen, puis de tenter la fuite et, si l'occasion s'annonce, d'aller récupérer le dessin d'Anya, ainsi que son manteau. Le portrait avait une priorité sur son habit. Il ne lui restait plus qu'à attendre... Attendre les réactions du pratiquant d'arcanes.

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Lun 10 Jan 2011 - 21:23

Le visage du mage ne trahissait nulle émotion lorsqu’il me répondit :

« Veuillez me suivre, je vous prie, "artiste". Et prenez avec vous votre dessin, si cela vous chante. Davad, je veux vous voir devant la porte de mon bureau dès que j’en aurai fini avec lui. »

Le serviteur se prosterna jusqu’à terre en murmurant un « Oui, Seigneur. » à peine audible, mais qui sembla contenter l’autre. Suivi de près par les deux gardes, le mage se retourna sans m’accorder un regard et se dirigea à grands pas vers une petite porte dérobée que je n’avais pas encore remarquée, cachée qu’elle était derrière le coin de l’une des cheminées où quelques minutes auparavant rôtissait une viande fumante.

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Mar 11 Jan 2011 - 17:24

Comme Foenix l'eut soupçonné, le mage ne fut guère atteint par ses veines tentatives de sollicitation psychique. La situation ne lui plaisait pas, ni à lui ni à son alter-ego.

* Bravo, il ne te reste plus qu'à l'inviter à souper et plus aucun détail nous concernant ne lui sera inconnu... Laisse-moi m'occuper de la situation. Tu es incompétent en plus d'idiot... *

L'assassin se sentit comme un canari dans une cage. Rien ne lui empêcherait de partir, plutôt que d'obéir à l'homme, quoique ces gardes devaient sans doute être prêts à cette éventualité. Pourtant, il ne voyait qu'une seule issue, suivre le mage dans son bureau. Quoiqu'il lui veuille, il semblait préparer une sombre surprise à l'esclave, visiblement appelé Davad. L'Orzhov ne voulait point que ce pauvre homme doive subir une punition par sa faute. Soit, il ne pouvait rien prévoir. Peut-être que ses soupçons étaient erronés. Peut-être qu'un simple blâme serait son courroux. Mais la situation ne lui plaisait pas. Tant la diversités des issues qu'il imagina tout à l'heure s'approchait de l'infinie, tant elle chuta à présent vers le néant.
Il attendit néanmoins quelque temps avant de prendre le dessin de la semi-elfe qu'il dissimula immédiatement dans son plastron et de récupérer son manteau, qu'il enfila, sans pour autant mettre la capuche. Il n'a voyait plus d'intérêt, de se dissimuler. Sans nul doute que la ville toute entière savait que Masque de Lune entra dans la demeure des serviteurs des Eliev. Ou pire... qu'elle sache que Masque de Lune ainsi que Foenix Ket'ossarc étaient en ce moment chez les servants de la noble famille.
Malgré sa dépendance aux actions à venir, l'assassin prit des précautions. Il restaura le photomana dont il se servit pour son dessin, et le rapprocha de lui, le serrant dans son poing. Il était intangible, mais il put sentir la fraîcheur de la magie. Ses nerfs étaient également prêt à se saisir à tout moment de sa dague. Il était prêt à se défendre contre toute menace, qu'elle vienne des gardes ou du mage même. A par cela, il ne pouvait qu'attendre, une fois entré dans le bureau de ce pratiquant de magie noire.

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Mar 11 Jan 2011 - 20:34

Je retrouvai l’homme dans une petite pièce meublée en tout et pour tout d’un fauteuil et d’un bureau, si l’on exceptait les étagères couvertes de rouleaux de parchemin scellés et de livres qui couvraient les murs, excepté une simple porte de bois qui en semblait l’unique issue une fois que l’escalier par lequel j’étais entré se fut refermé dans un claquement doux, et fut rendu invisible par une bibliothèque analogue aux autres.

Le mage m’attendait devant le panonceau de bois. Ses deux sbires avaient disparu, mais j’entendais le cliquètement de leur attirail juste à l’extérieur, alors que la porte se refermait sans un bruit. Il me fit face, et alors je m’aperçus que son visage s’était métamorphosé. En une face que je reconnus immédiatement.

« Je vois que vous prenez votre travail tout à fait au sérieux, » fit l’homme qui m’avait recruté, « et je regrette d’avoir dû en passer par là pour limiter les risques qui pourraient peser sur l’honneur des Eliev. Cette affaire doit rester absolument secrète, et la survie ou la mort de ces deux personnes en dépend. Cette mascarade était nécessaire pour permettre de déformer les ragots qui émaneront d’ici ou de la taverne de Stanlov. Il est en effet toujours possible que Kinay aie encore des contacts dans cette maisonnée. Aussi, tant que nous sommes encore seuls, avez-vous encore des questions sur les deux personnes que nous recherchons ? »

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Mer 12 Jan 2011 - 16:37

« Oui »

L'assassin répondit instantanément, dès que l'homme lui posa sa question, d'un ton dur et ferme, chargé d'une pointe de colère. Bien qu'il fut soulagé de voir que le mage n'était d'autre que l'intermédiaire entre l'Orzhov et son commanditaire, il ne pouvait dissimuler un certain agacement, face à la situation. Il s'adressa à son interlocuteur du même ton avec lequel il lui répondit. Il était bien décidé à montrer son autorité, connaissant néanmoins le risque qu'il courait.

« Cela ne fait plus aucun doute que mon commanditaire, qui n'est d'autre que votre maître, est un membre de la famille Eliev. La bonne raison qu'a Dame Donya de vouloir la mort de ces Golgaris ainsi que la façon dont vous protéger l'honneur de la famille me le confirme. Vous et votre maître savez bien plus de choses sur cet homme que celles que vous m'avez référées à la taverne de Stanlov. Dont une information importante concernant sa possible position actuelle : le quartier neutre. Etant donné l'écoute attentive et la parlotte facile de vos esclaves, je doute que ce détail vous soit échappé. Et sans doute que vous en savez encore d'avantage. Ma première question est donc la suivante, que savez-vous réellement sur mes deux cibles. En particulier... sur la nature de ce Kinay... »

Il s'arrêta quelques secondes, fixant son interlocuteur droit dans les yeux. Après quoi, il porta la main à sa ceinture et sortit sa dague. Il empoignait le pommeau, d'une main, tandis qu'avec la pointe de l'index de l'autre, il touchait la pointe, protégé par son gant. Il faisait ainsi tournoyer son arme, montrant tout sa splendeur. Son regard, lui, était à nouveau posé sur l'homme assis en face de lui. Ainsi, il continua, avec un ton plus calme, qui ne manquait pas d'autorité.

« Cette arme a tranché des gorges, transpercé des cœurs, blessé des muscles. Mais elle jamais elle n'a pu, ne peut, ni ne pourra tuer un mort. Je ne suis pas un nécromant. Comment voulez-vous que j'éteigne la vie d'un homme qui est déjà éteinte ? On ne peut tuer ce qui l'est déjà. À moins que vous n'ayez une solution ? »

Une fois de plus, il attendit un peu, le temps que son interlocuteur prenne en considération ses demandes, puis rangea sa dague. Après quoi, il tourna le regard une nouvelle fois vers l'homme, les bras-croisés, le regard sérieux, privé à présent de cette minime colère qui voulait prendre le dessus sur sa conscience. Il formula sa dernière question, avec un ton si calme, que l'on aurait que c'était un autre homme qui parlait. Comme si tout ce qu'il dit auparavant n'avait jamais outrepassé ses lèvres. Un calme presque contagieux.

« Pourquoi ne pas m'avoir donné toutes les informations nécessaires sur mes cibles ? Était-ce simplement pour me tester, ou y a-t-il autre chose ? Craigniez-vous que je n'en sache trop sur la famille Eliev ? »

Il marqua une énième pause, puis acheva.

« Quoiqu'il en soit, vous vouliez savoir où se cachent mes deux cibles avant que je ne m'occupe d'elles, et bien semblerait-il que Kinay se promène souvent dans le quartier neutre. Et, tant que nous ne sommes que nous deux, avez-vous encore des restrictions à me faire ou des choses à me dire quant à mes recherches ? »

Il se retint de sourire, lorsqu'il prononça cette dernière phrase. Un sourire aurait donné une impression de provocation ; son absence marquait surtout son principal désir, lorsqu'il travaille, de ne pas être dérangé ni interrompu lors de ses recherches d'informations.

* J'ai horreur qu'on me coupe dans mon élan... *

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Mer 12 Jan 2011 - 22:11

Le regard de l’homme était inexpressif quand il me répondit, mais nulle animosité ne pointait dans sa voix.

« Pour répondre à votre première remarque : peut-être que Donya souhaite la mort de ces deux personnes. Mais j’ai quant à moi reçu de mon employeur des ordres légèrement différents, et je tiens à ce que vous compreniez réellement l’importance de ceux-ci. Il ne s’agit pour l’instant pas d’éliminer ces deux personnes, mais de les rechercher. Ce n’est que lorsque vous en saurez assez sur elles que vous pourrez éventuellement agir, et uniquement si le besoin s’en fait réellement sentir pour nous, auquel cas nous vous en donnerons nous-mêmes l’ordre. Pas avant. »

Il s’assit tranquillement au bureau et croisa ses mains sur la table, puis me fixa d’un regard pénétrant, le même regard par lequel il m’avait observé lors de notre première rencontre.

« La seconde remarque sur votre enquête concerne le manque d’informations que nous vous avons laissées pour commencer votre travail. Voyez-y deux raisons principales. La première est en effet due au fait que nous souhaitions savoir quelles étaient vos méthodes d’investigation. La seconde était due au lieu de notre rencontre. La taverne où je vous avais donné rendez-vous est une vraie passoire à secrets, et nous souhaitions faire croire que nous n’en savions pas plus que les premières informations que je vous avais révélées. »

Il s’appuya contre le dossier du fauteuil.

« Troisième chose, il est vrai que Kinay a été vu dans l’un des Quartiers Neutres récemment, mais également en plusieurs autres points de la ville, et même à l’extérieur des murs de la cité. Il bouge beaucoup, peut-être pour éviter d’être suivi, que ce soit par des espions de l’Essaim ou d’autres personnes. Malgré ses déplacements fréquents il demeure repérable, bien que la plupart des reports de sa présence soient de seconde main. En revanche, il n’a été trouvé nulle trace de la semi-elfe, y compris dans la Citerraine. Il est possible qu’elle vive ailleurs, loin du Centre, ou qu’elle y soit cachée en un lieu inaccessible à nos hommes. »

Sa bouche se pinça, trahissant une légère irritation, lorsqu’il reprit.

« Concernant la nature exacte de Kinay, nous n’en savons pas grand-chose. Seuls les Darkmore le savent, je pense, et à mon avis il vaudrait mieux les laisser en-dehors de cette affaire. En tout cas, il semble qu’il soit une sorte de mort-vivant, en effet, mais ce n’est pas certain, car la pratique de la nécromancie cause de nombreux changements d’apparence. Je sais que certains morts-vivants sont insensibles à la plupart des armes et attaques classiques, mais les zombies et les désincarnés de la Citerraine peuvent être tués quasiment aussi facilement que les vivants, bien qu’ils soient plus résistants à la douleur et à la peur, je vous l’assure. Dans tous les cas, le feu et certains poisons font de très bons résultats. Mais ce ne sera je vous l’ai dit qu’en dernier recours qu’il faudra en arriver à cette extrémité. Mon employeur cherche avant tout à en savoir plus sur eux avant de lancer la chasse. »

Sur ces derniers mots, il ouvrit un tiroir du bureau et en tira un masque facial.

« Tenez, cela pourra vous être utile au cas où vous chercheriez à camoufler votre véritable visage. Une fois fixé, il prend l’apparence d’une peau humaine et il est très difficile à remarquer si l’on ne sait pas ce que l’on cherche. »

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Ven 14 Jan 2011 - 19:33

L'assassin s'était visiblement calmé, satisfait des réponses qu'il reçut. Sans oublier le présent qui était posé sur le bureau. Foenix adorait les masques, au point d'en avoir une véritable collection dans son appartement. Mais jamais il n'en vit un muni d'une telle compétence. Lui ainsi que son alter-ego étaient surpris par cet artéfact de nature tout à fait un connue pour les deux Orzhov.

* Imagine un peu ça. Un masque qui se dissimule lui-même. Il cache le fait que tu te cache, impressionnant... Quoique, aucun objet ne pourra jamais dissimuler ce qui doit réellement rester secret : ton mental... *

Le contraste au sein même des pensée de cet homme était d'une si importe intensité, que l'on croirait que ce sont deux êtres différents. Comment peut-on imaginer que deux esprits pourraient cohabiter en un même corps. Qui sait si un jour un conflit naissait entre ces deux entités...
D'un air songeur, l'assassin attendit quelques secondes avant d'empoigner le masque et le rangea dans la poche interne de son manteau. Tout en effectuant la manoeuvre, il s'adressa à l'homme de l'autre côté du bureau.

« Je vous remercie pour ce présent, ainsi que pour vos éclaircissements. Je dois avouer que je hais que l'on me mène en bateau. »

Il se remit ensuite de la même position que tout à l'heure, les bras croisés, mais cette fois-ci son ton était calme, aussi vide de toute forme d'agitation, que l'on pourrait croire qu'il n'y avait rien de vivant. Son regard neutre ne put que prouver son impassibilité. Il ressemblait à présent plus à une statue dotée du don de la parole que d'un homme. Ce n'était plus qu'une coquille de chair et d'os vidée de son âme. Seul la raison semblait habiter dans ce corps sans vie. Une véritable machine capable d'agir en faisant ce qu'il fallait et non ce qui était juste. Ce n'était plus un homme qui se tenait là, debout dans cette pièce, mais c'était un instrument, doté de ce minimum de conscience qui le faisait agir pour son intérêt personnel.

« Rendre visite aux Darkmore comme je le fis pour les Eliev aurait pu être dans mes plans. Vous avez bien fait de me dire qu'ils doivent être en dehors de cette histoire. Je suppose qu'à partir de maintenant je doivent vous avertir de mes zone de recherches. Et également que je vous tienne au courant régulièrement de l'avancée de l'enquête. »

Il attendit, le temps que l'homme put mâcher psychiquement les mots que prononçait l'assassin. Il continua après quelques secondes.

« Concernant mes recherches, donc... je dois avouer que je suis quelque peu bloquer. Si j'en crois ce que vous dites, Kinay peut être presque n'importe où. Pire, nous n'avons guère d'indices sur la semi-elfe, si ce n'est son nom, à quoi elle pourrait ressembler et le fait qu'elle soit une Golgari. Je suis d'ailleurs perplexe concernant ce dernier point. Vous dites que l'on vous a référé qu'il n'y ait pas de trace d'elle dans la Citerraine. Cela me paraît fort étrange. Ne vous est-il jamais venu à l'esprit que Anya n'est peut-être pas une Golgari, ou du moins pas depuis toujours ? Le fait qu'elle ne porte pas un habit typique de sa guilde peut le confirmer. Peut-être même qu'elle ait du sang... Orzhov... »

Il prononça le nom de la guilde avec un ton empli de toute, de mystère, et surtout de prudence. Il savait à quel point certains membres de la guilde des Transactions sont très strict quant aux mélanges consanguins entre des races différentes. Les Eliev n'en font sans doute pas exception, l'assassin estima donc judicieux de ne pas affirmer ses dires et de laisser planer le doute, ne parlant que d'une possible éventualité, s'évitant ainsi le courroux de la famille Eliev. Après un léger tant d'attente, il reprit.

« Si l'on croit les dires, cette Anya est souvent en présence du Golgari. Si nous avons la semi-elfe, nous avons Kinay, j'en suis certain. Le problème est qu'elle semble relativement discrète. Soit elle cache sous son nom l'identité d'une autre personne, plus renommée, soit elle est simplement une personne "dans les règles". En général, on gagne en renom en causant toutes sortes de problèmes. Il semblerait que ce ne soit pas son cas. Elle est peut-être plus difficile à trouver, car elle laisse peut d'indices sur sa route. »

Il marquant une nouvelle pause. Cette fois-ci non pas pour son interlocuteur, mais afin de réfléchir sur la situation. Il se sentait dans un cul de sac, sans issues visibles. Mais l'assassin ne perdit pas espoir.

« Si nous parvenions à avoir son nom de famille, tout sera je pense plus aisé. Souvent les personnes attachent l'étiquette de leur nom sur le visage des personnes, et non leur prénom. Les débouchés de recherches semblent relativement maigre, tel est le soucis. J'aurais pensé en premier lieu à la Citerraine, mais cela poserait plus de problèmes qu'il n'en résoudrait. Une possibilité serait de se promener dans les Quartiers Neutres et espérer de la croiser. Ou poireauté dans le Marché d'Orzhova à proximité d'un tailleur, peut-être. Ce sont des propositions très hasardeuses, mais elles me semblent la seule voie d'issue pour avancer. »

Ce n'était pas dans son habitude de partager ainsi ses pensées. Il n'attendait pas grand chose de la part de son interlocuteur, réellement. Il ne voulait pas que ce dernier lui réponde, donne son avis, le complimente ou lui fasse une ovation. Non, son idée était toute autre. En procédant ainsi, il espérait que l'homme lui fournisse quelques informations supplémentaires, peut-être qu'il oublia de lui dire, ou dont il n'était peut-être pas certain que c'était une bonne idée que de la partager avec l'assassin. Si tel n'était pas le cas, il se contenterait de prendre une nouvelle fois congé de cet homme, aux traits quelque peu mystérieux.

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Sam 15 Jan 2011 - 0:26

Le personnage semblait ne plus rien avoir à me dire car il reprit l’apparence qu’il avait dans la cuisine de la demeure, qui devait certainement être son visage réel, bien que rien ne soit certain avec ces mages métamorphes. Il saisit l’un des livres sur une étagère et un autre passage s’ouvrit sur un escalier étroit.

« N’hésitez pas à revenir à notre demeure si vous avez du nouveau. Je ferai passer le mot pour qu’on vous mène à moi si vous vous présentez devant la grille principale. »

Il me montra le passage.

« Cela mène directement à l’extérieur. Je refermerai derrière vous. »

Il me suivit dans l’escalier avec une lumière à la main pour éclairer mes pas, mais ce n’était guère nécessaire. Malgré l’étroitesse du passage, les marches en elles-mêmes étaient larges et régulières, et il eût été difficile d’y faire un faux pas.
Arrivé en bas, il observa brièvement par un petit trou dans le mur, puis appuya sur l’une des pierres de la paroi, et le passage qui semblait se terminer par un cul de sac s’ouvrit sans un bruit sur une ruelle peu fréquentée derrière la cathédrale. Je sortis, et le passage se referma à nouveau en silence. Il faisait nuit, mais la clarté offerte par les lumipostes était suffisante pour éclairer les détails de la venelle. Ce qui ne m’empêcha pas d’être incapable de retrouver sur le mur les contours du passage secret ou des traces d’un quelconque mécanisme d’ouverture s’il existait. Aussi, après quelques instants sous la pluie qui continuait à tomber dru, je repris le chemin de mes appartements.

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Ven 6 Sep 2013 - 12:45

Vous voulez continuer ou je clos et je distribue l'xp ?

Sujet: Re: Un assassinat sur commande (2) Sam 14 Sep 2013 - 13:31

La quête à progressé après cela jusqu'ici --> https://mtgjdr.superforum.fr/t663p15-un-assassinat-sur-commande-4
Je serais bien motivé de la continuer, personnellement. C'était ma quête préférée, quand même...

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