Excusion dans la Citerraine… [Terminé]

‘Ces bestioles sont sûrement agressives, en large surnombre, et ne rechignent sans doute pas à s'en prendre aux être vivants’

Revan grimaça en écoutant la tirade du Golgari, le coin de ses lèvres légèrement déformé par un tic nerveux. Pour la première fois, il ne rejeta pas le commentaire d’Asmodée et ne lança aucune plaisanterie. Non, à la place, il frotta machinalement le manche de son sabre et se rassura peu à peu au contact de l’acier froid. Quelque puisse être l’infâme magie noire qui œuvrait ici, le Selesnyan n’avait aucun désir de se laisser corrompre comme les infortunés cadavres qu’il venait de découvrir. Une pensée se forma dans son esprit, chassant la peur que les paroles de l’elfe avaient soulevé :

*Je ne les rejoindrai pas* se jura t-il, la mine dégouté. A chaque fois, son regard revenait se poser sur les corps putréfiés et dévorés de l’intérieur avec un sentiment contrasté : le dégoût de ce qui rappelait une infection, mêlée à une fascination morbide et proscrite.

Revan chassa cette pensée avec colère, cette même rage bouillante qui menaçait de rompre sa discipline et de la faire éclater. Il allait avoir besoin de tout son sang-froid pour résoudre cette affaire. Une idée amusante, de se voir résonner comme un wojeck…

Le Selesnyan ne perdit pas un instant de plus et quitta la scène du crime à l’injonction d’Asmodée. Ils en avaient assez vu : Cette pièce sinistre ne menait nulle part, la poussière y régnait depuis des décennies et les plantes mortifères avaient envahit les vitraux, ne laissant qu’une lumière verdâtre et malaise filtrer des irrégularités de ces murs végétaux. Sans attendre l’avis du Golgari, Revan referma sur elle-même la lourde porte de bois qu’il avait défoncé à leur arrivé. Celle-ci émit un gémissement plaintif, refusant de toute-évidence de ce refermé correctement, mais Revan préférait voir cet accès interdit. Même si la porte ne se refermerait jamais correctement, c’était beaucoup mieux que rien. Avec cette barrière entre eux et le spectacle de la putréfaction, il se sentait déjà mieux.
Après cet interlude macabre, la vue de l’Arbre gigantesque et mourant de la cour central paru presque réconfortant aux yeux du Selesnyan. Il vérifia d’un coup d’œil que son fantôme silencieux le suivait toujours, puis déclara :

‘Cet endroit à été corrompu. Profané. Ce n’est plus un lieu consacré, ni un endroit sûr.’ Revan cracha à nouveau, la mine sombre. ‘Cela devrait être le rôle des Bergers de traquer ce genre de corruption. Ou peut-être la Guilde va-t-elle choisir de laisser cet endroit à l’oubli.’ Le regard du jeune homme trahissait clairement que cet solution ne lui convenait pas, mais la résolution d’intervenir lui-même était également absente.

‘Et toi…’ dit-il pour Asmodée. ‘As-tu une idée de ce qu’il convint d’entreprendre ? Je crains que la source de ce fléau ne soit plus ici…’