Un nouveau départ

Le barman s'approcha de la féroce furie qui se contenait tant bien que mal. Il lui tendit avec un peu de dégoût une chope de bière qui n'avait rien d'une tisane selesnyanne. La gruul ne comprit pas vraiment ce qu'il se passait. Etait-ce un foutu ledev herbivore qui allait se l'accaparer avant de réaliser qu'il pouvait se faire amputer la tête sans anesthésie ? Toujours avec un peu de distance, le barman annonça la couleur à la fille.

" Ce type là-bas aimerait que vous le rejoignez à sa table. Il m'a fait savoir que vous l'attendiez peut-être "

La jeune femme se retourna pour reconnaître des traits de visage sous la capuche qu'elle avait déjà vu. Rahinov était là-bas ... Mais depuis combien de temps ? Elle n'en savait rien. Elle embarqua la choppe, se dirigeant vers la table du pontife. Ce dernier prit un malin plaisir à voir l'air ahuri de l'homme qui avait accosté la dame un instant plus tôt.

" Epargnez-moi donc vos questions, j'y répondrai dans la foulée. Prenez un siège, voire même deux, si vous voulez adopter une pose vulgaire et déplacée, ce qui toutefois ne me déplairait pas ... " Fit Rahinov avec un petit sourire malicieux. " Bonjour, politesse d'usage, tout ça tout ça. Oui, je suis là depuis bien longtemps, mais je prenais un plaisir certain à voir votre réaction, seule, face au végétariens. Oui, c'est de la bonne bière, si toutefois vous êtes amatrice. Oui, j'ai bien reçu votre message, oui, je suis intrigué et intéressé, et oui, vous êtes inhabituellement charmante dans une robe comparable au robes de chanteresses. Et non, vous ne m'effrayez pas vraiment, puisque votre arme la plus meurtrière est votre langue, bien entendu, au sens oratoire du terme ... " rajouta Rahinov, toujours avec ce même sourire qui pouvait être agaçant.

" Comment j'ai su que c'était vous ? Rassurez-vous, pas avant que vous n'entriez dans cette taverne, vous en conviendrez. Mais, j'avais à faire dans les quartiers selesnyas, et cela a pris beaucoup moins de temps que prévu. Je vous ai donc attendu ici, enfin, j'ai attendu plutôt que quelqu'un vienne à moi, mais quand je vous ai vu entrer dans une robe totalement ôtée de vulgarité, j'ai tout de suite vu que ce n'était pas votre vêtement habituel. Vous aimez porter des choses, disons, plus épurées, et c'est tout à votre honneur. " ajouta le pontife, avec ce même sourire encore, mais beaucoup moins marqué, comme s'il voulait le retenir. " Alors la question m'est venue. Que viendriez-vous faire ici, dans un endroit que vous n'aimez pas, dans un habit qui ne vous correspond pas ? Pourquoi viendriez-vous ici, vagabonder sans raisons précises ? A moins que vous ayez un autre rendez-vous tel que celui là, dans le genre malsain, ce qui m'aurait semblé comme étant une grosse coïncidence, vous veniez ici, dans un endroit discret ou les gens ne font pas chier leur monde, pour me rencontrer. N'ai-je point raison ? " termina l'Orzhov avec une assurance qu'on lui a connu à maintes reprises.

Il proposa de son plat à la gruul, ainsi qu'un peu de vin, bouteille qu'il avait fait entrer discrètement sous sa cape, car aucun selesnya ne boit du vin. La bière étant le seul alcool toléré en ces lieux. Selesnya peut parfois se révéler comme étant vraiment ennuyante, comme guilde, sans excès, sans amusement. Rien de drôle, si vous voulez mon avis.

Le couteau glissa lentement du haut de son corps jusqu'en bout. Le pauvre pontife avait beau crier, cela ne servait à rien, la Gruul continuait son geste avec application. Finalement, il ouvrit d'un coup sec la peau et tomba devant les côtes. Elle sortit une lame et déchira la paroi abdominale d'un coup. Finalement, après quelques efforts, les entrailles de l'homme tombait au sol. Le pontife n'avait pas tourné de l’œil, un poison puissant l'empêchant d'utiliser sa force, sa magie, et l'empêchant de sombrer dans l'inconscience circulait dans ses veines. La guerrière se faisait une fête de voir le pontife mourir. Finalement, son arrogance ne lui servait à rien au seuil de la mort.

"Bonjour messire," répondit finalement la guerrière, un sourire aux lèvres. Jade bouillait en elle-même.

**Non, on ne tue pas un pontife comme ça, on le dépèce, qu'il ait plus le temps de...
Non, on ne tue pas un pontife du tout. Respires, ça va aller. C'est toi qui mènes de toute façon.**

L'ancienne Orzhov avait déjà imaginé mille et une morts différentes pour le pontife, mais pourtant, elle savait qu'elle ne pouvait rien lui faire. Elle avait besoin de lui. Lui n'avait par contre pas besoin d'elle. Elle allait devoir jouer finement. Très finement. Elle bouillait. Elle avait oublié à quel point le pontife était exaspérant. Mais c'était un recours utile. Après tout, il était pontife. Elle prit une chaise et s'assit, avant de regarder au fond de sa bière sans y toucher, puis la repousser du bout des doigts sur la table. Elle se félicita d'ailleurs de ne pas avoir oublié les enseignements de sa famille. Les bonnes manières, voilà une façon bien plus insidieuse qu'une arme pour dominer quelqu'un.

**Tu vas voir de quoi il en retourne de jouer au plus malin avec moi. Ne me sous-estimes pas pontife. Tu es peut-être riche, influent et puissant, mais moi, je n'ai rien à perdre.**

"Je dois le reconnaitre messire, je ne suis pas à l'aise dans un endroit comme celui-ci, commença-t-elle, choisissant avec soin ses mots. Mais sachez messire qu'il n'est nul endroit qui me soit mien, puisque les plus corrompus des vôtres ont tout mis en œuvre afin de me retirer la seule chose qui était mienne... Elle laissa quelques instants de silence pour se passer la langue sur les lèvres, un sourire malicieux aux lèvres à son tour. Jade luttait contre son envie de crier, de tout renverser et de faire exploser l'endroit. Peut-être la violence des mots auxquels elle réfléchissait allait-elle la libérer. Ma vie. Cet habit marque pour moi un renouveau. Un recommencement. Un renouveau diraient certains. Je préfère m'imaginer me refaire une virginité. Il est vrai que cela me change des vêtements plus... Légers que je porte habituellement, compléta-t-elle, renvoyant coup pour coup les désagréables sourires que lui avait envoyé le pontife. Les deux ont leur avantage, l'un me rendant plus inaccessible que l'autre...
Sachez également que je ne suis nullement venu dans le but de me battre. Seul le plaisir de partager un moment avec vous me motive. Considérer ma langue comme une arme serait une erreur. Mes dents seraient bien plus féroces prédatrices. Mais je doute que vous soyez venus ici pour que nous parlions de mes tenues et d'autres frivolités buccales que cela peut vous inspirer. Toutefois, je vous prie de m'excuser, la tenue d'un vêtement plus serré qu'à mon habitude me gène. Elle sortit son couteau et entailla délicatement le haut de sa robe, libérant ainsi le haut de sa poitrine, laissant entrevoir un décolleté au pontife, rendant le fruit à la fois magnifique mais toujours aussi fermement défendu. Elle rangea son couteau et laisse tomber ses cheveux qui virait plus vers le blond que le blanc à cet instant retomber sur sa nuque et sa poitrine. N'y voyez pas malice, je tiens seulement à ce que vous et moi soyons à l'aise pour parler de ces choses là... Là encore, la Gruul laissa planer un doute armé de son sourire mutin avant d'enchaîner.

Je vous remercie pour votre offre, mais je m'abstiendrais de goûter à ce que vous me proposez. Ne vaut-il pas mieux se confiner à l'abstinence tant que nous ne sommes pas suffisamment liés... ? Croyez-moi bien, il ne s'agit ni d'une question de confiance, ni d'une question d'égo, seulement de bonnes manières n'est-ce pas ? Ne dit-on pas que la première fois, il vaut mieux savoir se réserver... ? Considérez cette rencontre comme la première avec Saphya Palerchov. Il serait grossier de céder à la tentation, ne croyez-vous pas ?

Jade s'amusait décidément beaucoup. Répondre à cet Orzhov était finalement autant, si ce n'est plus intéressant que de se battre. Ses sourires espiègles et assassins tentait de désarçonner le pontife, qui à terme, n'allait plus savoir comment réagir espérait-elle.

De vous à moi, vous avez réussi à pénétrer les hautes sphères Orzhov, et vous voudriez me faire croire que vous n'en voulez pas plus, toujours plus ? J'ai ouï dire, m'intéressant quelque peu à la guilde Orzhov, que vous étiez revenu changé d'une longue absence. N'aurait-ce point été afin d'acquérir une puissance toujours supérieure ? Afin d'assurer une domination toujours plus forte ? A vrai dire, je ne vous en tiens pas rigueur. Qui ne tente pas d'accroître le nombre de ses positions... Stratégiques ? Acquérir toujours plus d'expérience, arriver à une grande puissance, une satisfaction, une jouissance toujours plus grande. Voilà ce que tout un chacun recherche. Nous sommes identiques, vous et moi. D'ailleurs, peut-être qu'en d'autres circonstances, notre relation aurait pu prendre une toute autre tournure... Nous dissimulons nos désirs derrière des idées grandiloquentes, mais tout cela ne sert qu'à assouvir nos désirs de conquêtes, attirer l'attention, faire de nous la personne la plus importante qui soit. Les forcer à s'incliner devant nous. Les voir s'agenouiller, se dresser sur leurs quatre pattes... Voilà ce que nous sommes, voilà ce que nous voulons.

De part ma guilde, j'ai entendu divers informations. Non déplaisante par ailleurs. Vous recruteriez. Vous dresser, solide comme un roc, droit comme un i contre votre guilde. Eradiquer le conseil, faire mordre la poussière à ces patriarches. Mais pour ça, vous avez besoin de nous. Et vous savez pertinemment qu'ils m'écouteront si je les mène, surtout si j'ai en soutien une personne telle que vous.
Quand à moi, j'ai besoin de vous. Elle mis sa main sur la table, comme si elle attendait que le pontife la saisisse. Je recherche ce que l'on ma volé : ma puissance, mon importance, ma fortune, ma famille. Vous êtes un des rares pour qui il est facile de corrompre vos dirigeants pour me réintégrer. Je ne demande que cela pour vous assurer ma loyauté. Rendez-moi ce qui m'appartient, je vous donnerait ce dont vous rêvez."

Elle fixa le pontife droit dans les yeux, le visage grave. Elle expira très lentement avant d'inspirer à nouveau de cette manière. Maintenant, tout se jouait devant elle, au bon vouloir de cet homme. Ce qu'elle haïssait les hommes.

" HAhaha ... Vous êtes une femme ... pleine de ressources, dame Palerchov. " Rahinov sirota son vin tout en disant cela. Un regard malicieux, mais respectueux pouvait se lire dans ses yeux.

" Vous savez, vous avez raison sur beaucoup de choses. On se ressemble. Alors ne prenez pas cet air coincé comme maintenant. Détendez-vous, si j'avais voulu vous nuire, vous ne serez pas là pour vous méfier de moi.
La question, à laquelle vous avez répondu juste, est celle-là : Que désire un homme de pouvoir ? La réponse semble couler de source. Plus de pouvoir. Si je me ligue contre le conseil, c'est parce que cela me semble légitime. Et si j'aspire à prendre la succession, les rennes du syndicat dans mes mains, c'est parce que cela semble aussi couler de source. Je suis le seul homme capable de diriger cette guilde, si tant est qu'un homme est en mesure de la mener."

Rahinov fixa la dame tout en sirotant son vin, encore une fois. Il est fort possible que son regard dévia quelquefois sur le décolleté de la jeune femme, mais le pontife tentait de le rappeler à l'ordre, ce qui marchait relativement bien.

" Veuillez aussi éviter toute forme de politesse forcée. Si vous voulez m'appeler messire, faites donc, mais si vous n'avez pas envie, il n'est pas nécessaire de vous forcer. On m'a parlé sur des tons bien plus dur que vous ne le ferez jamais. Parce que vous n'êtes pas quelqu'un d'agressif envers quelqu'un qui ne vous à rien fait. Ce selesnya, tout à l'heure, vous importunait, il est normale que vous émaniez des pulsions meurtrières. Je les ai moi-même ressenties jusqu'ici, c'est dire. Mais face à quelqu'un qui ne vous a strictement rien fait, vous ne le tuerez pas, ni même ne l'insulteriez. Reste d'une éducation digne des Orzhovs, appelez ça comme vous voulez, toujours est-il que vous avez bien plus de morale que beaucoup de gens. " Et il se resservi du vin, car le vin était bon. Normal, c'était une cuvée de 9897, le vin avait très bien vieilli. Il n'était pas sec, il était fruité, pour un vin rouge, et il était d'abord un peu brut au nez, mais s'apaisait en bouche. " Je pense que vous êtes comme ce vin. Fort au nez, mais doux en bouche. Et comme vous êtes intelligente, je vous laisse comprendre ma métaphore sans commettre l'insulte de vous l'expliquer. Je vous tiens en estime, quoi que vous disiez. "

L'Orzhov se resservi encore une fois. Et pourtant, Saphya n'avait pas l'impression que la bouteille se vidait, ni même que Rahinov était ivre, après tant de verres. Suite à ce regard discret, et étonné que Saphya lança à la bouteille, le pontife rétorqua. " Explication simple. Enchantement de remplissage, c'est à dire que cette bouteille fait en réalité 5 litres, et un petit sort de non-ivresse continue sur ma propre personne. Comme ça, je peux apprécier dignement ce vin. Comment croyez vous que les goûteurs de vins font lors d'un concours qui peut regrouper pas loin de 1500 cuvées ? "

Encore une gorgée de vin après, le mage poursuivit " Néanmoins, oui, notre relation aurait pu être totalement différente. Si vous n'aviez pas autant de jugeotte et de bon sens, nous savons tout deux très bien dans quel endroit cette relation se terminerait. Néanmoins, même si l'idée reste toujours alléchante au plus haut point, vous posez un soucis. Comme vous savez que vous plaisez aux hommes, cela vous rend encore plus meurtrière ... Et j'aime particulièrement le danger ...

une dernière chose, cependant. Ne pensez pas que ce marché est équitable. Je veux néanmoins bien l'accepter, parce que tout bras pour servir ma cause est bon à prendre, surtout si c'est un bras gruul. Mais ce que vous me demandez, je ne le ferai que lorsque j'aurai totale confiance en vous, et inversement. On rendra donc à votre sang ses propriétés magiques par un rituel que je connais fort bien, et vous pourrez alors prétendre à rejoindre votre rang. Néanmoins, si, en temps normal, faire un tel acte que de redonner des propriétés magiques à un sang d'exilée pourrait me faire renvoyer du syndicat à tout jamais, en ces temps là, faire un tel acte m'importe peu, puisque les conséquences n'auront bientôt plus lieux d'être. Parce que oui, vous réaccéderez à votre rang et votre fortune après que ma révolution soit réalisée. Hun hun hun ... Autant vous dire qu'il faudra vous montrer extrêment convaincante, car le hasard ne doit pas prendre part dans cette révolution. Dites vous cela. Sans ma victoire contre le conseil, il vous faudra dire adieux à votre espoir de retrouver votre ancienne vie Orzhovienne. De quoi vous motiver, non ?

Et entre nous, chérie, nous savons très bien qu'il n'existe personne chez les Orzhovs qui pourraient accepter une telle requête, à part moi, hein ? Les autres qui pourraient être en mesure de le faire vous tueraient plutôt. Car le nom de Palerchov ne m'est pas inconnu, je connais l'histoire de cette famille. Actuellement, je suis le seul Orzhov qui pourrait vous aider, les autres tenteraient de vous tuer, non sans échouer.

Ceci me semble donc un remaniement de proposition plutôt ... honnête non ? Même si, parler d'honnêteté avec un Orzhov peut être dur pour vous, j'en convient. " termina Rahinov avec un air malicieux, sachant pertinemment que c'était lui qui avait les cartes en mains. " Par contre, la trahison n'est pas mon fort. Je ne trahit jamais. Je n'ai pas trahi le conseil en me liguant contre lui. Il savait que cela allait arriver, c'est donc dans cette optique qu'il m'a laissé acquérir autant de pouvoir ... Et pas dans une autre. "

Rahinov sirota une dernière fois son vin, faisant mine de l'apprécier au maximum, attendant la réaction de sa charmante compagnie.

Jade resta silencieuse de longue minutes, regardant dignement le pontife, sans agressivité ni haine. Rahinov avait réveillé l'enfant qui sommeillait en elle : toute son agitation, toute son excitation, tout son malaise était parti. Elle était sereine. Comme un homme sachant qu'il partait à la mort et que quoi qu'il fasse, il n'y pouvait. Ses yeux perdirent la teinte d'agitation intense qui la caractérisait. Ils étaient ternes. Presque morts. Finalement, elle s'attendait à cela. Elle avait à faire à un homme ivre de pouvoir, imbu de lui-même. Elle n'avait rien à perdre, et lui n'avait rien à gagner en l'aidant. Il pensait tout savoir. Tant mieux pour lui. Pourquoi le contredire ? Toujours sans mot dire, elle baissa la tête. Comme un enfant recevant sa punition. Pourtant, aucune larme ne vint couler le long de ses joues. Cela faisait longtemps qu'elle ne pleurait plus... Sa main ne bougea pas, et resta fixé sur la table. Elle se demandait comment elle était arrivée là. De malencontreux hasard. Mais le pontife se trompait. Son père ne l'avait jamais exilée. Justement car il connaissait les risques et les difficultés à la réintégrer. Du moins n'avait-il jamais annulé les dons de son sang. D'ailleurs, elle lui en voulait pour cela. Elle ne voulait pas de ce sang. Un peu comme un dernier coup de couteau dans le dos. Son père avait joué finement jusqu'au bout. Mais elle se demandait comment le conseil pouvait avoir laissé échapper une information aussi importante. En même temps, il fallait relativiser, son sang la desservait plus qu'autre chose, et surtout, en un an de temps, elle ne l'avait jamais utilisé. Elle n'avait pas besoin. Maintenant, elle pouvait s'en passer. Son sang ne l'intéressait pas. Voilà la raison de tous les ennuis des Orzhov : le sang. Le pontife l'avait dit lui-même. Mais il ne savait pas. Finalement, son malheur avait quelque chose d'ironique.
Il pensait tout savoir, et elle n'avait rien. Rien...

Elle avait de la morale ? Elle ? Non, il se trompait. Ou peut-être avait-il raison. Saphya avait de la morale, non Jade. Finalement, même si elle refusait, elle ne perdait rien. Une place parmi les Orzhovs ? Quelle importance ?

La Gruul se leva, toujours sans regarder le pontife, et se dirigea sans piper mot vers la porte de la taverne, tournant dos au pontife. Elle ne savait pas vraiment si elle devait sortir ou rester. Etait-elle vraiment prête à tout pour récupérer son poste ? Quitte à être le bras droit de l'Orzhov ? Non, certainement pas. L'utiliser lui plaisait bien. Un marché entre eux l'arrangeait. Lui devoir sa loyauté, ça, elle ne le voudrait jamais. Même si on lui proposait plus que ce dont elle rêvait. Elle ne donnerait pas sa loyauté à ce pontife. Elle savait qu'il exigerait un pacte de sang. Elle ne pouvait lui donner.
Pourtant, elle n'avait pas d'autres choix. Sa vie chez les Gruul était finie, elle le savait. Elle n'avait plus suffisamment de quoi vivre. Elle devait accepter.

Elle ne voulait pas de son ancienne vie Orzhovienne. Elle voulait sa famille, sa fortune, son influence. La sénatrice n'avait pas tort. Elle voulait enfin reprendre ce qu'on lui avait dérobé. Elle voulait anéantir tout ceux qui lui avaient fait du tort.
Une larme coula le long de sa joue. Finalement, elle n'avait pas le choix.

Elle ouvrit plus largement son décolleté en tirant dessus agressivement, laissant découvrir sa poitrine blanche rosé. Elle rehaussa sa tenue, s’appliqua a soulever ses seins pour les faire mieux ressortir, sortit son couteau, trancha la robe sur tout son long, lui permettant de s'ouvrir totalement si elle le souhaitait, et en arracha une bonne partie, afin que cela lui remonte bien au-dessus des genoux. Néanmoins, la femme avait su garder une certaine décence. Elle pouvait ainsi aisément se distinguer des prostitués. Ce n'était pas vulgaire, juste séduisant. Elle retourna alors devant le pontife et sourit en coin en l'approchant. Sans même prêter plus d'attention à la bouteille ou à la table, elle les envoya plus loin d'une main sans même faire attention aux blessés ou au mobilier. La bouteille se brisa par terre, répandant le liquide rougeâtre. Elle enjamba alors le pontife, et vint pratiquement se coller contre lui. Leur bouche n'était qu'à quelques centimètres l'une de l'autre, les seins de la femme venait pratiquement s'appuyer sur le torse de Rahinov. Elle passa ses bras autour de tête, et pencha sa tête légèrement sur le côté, faisant chuter ses cheveux, laissant découvrir son cou. Ainsi assise sur le pontife, les jambes ouvertes, leur deux corps pratiquement collée l'un sur l'autre, elle ne lui laissa pas le temps de parler et l'embrassa sans réfléchir. Puis elle le fixa intensément. Ses yeux bleus avaient retrouvés leur lueur.

"Devons-nous aller plus loin pour vous faire preuve de ma loyauté ? lui murmura-t-elle d'une voix plus dure. C'est vrai, vous avez raison, le marché est inéquitable. Je vous dois plus que ce que je vous ais proposé. La loyauté d'une et le soutien de toute une guilde, n'est-ce pas infiniment plus qu'une simple réhabilitation ? Je vous offre mon être et votre guilde sur un plateau, et vous me rendez ce que vous m'avez volé. Aidez-moi par la suite à annihiler tout ceux qui m'ont fait souffrir, et je serais votre à jamais, je vous le promets. Quitte à le signer dans le sang," acheva-t-elle, avant d'embrasser à nouveau la bouche du pontife, devant l'étonnement général.

Tandis que la guerrière fixait Rahinov, il ne put retenir un peu de pitié qui commençait à germer en lui. Lui n'avait jamais connu ce sentiment, et ignorait donc l'expression du visage à adopter. Il décida donc de ne rien changer à son expression actuelle, et contempla le désespoir de la jeune femme, qui ne laissait pas une larme s'échapper. Lorsque cette dernière se leva en direction de la porte, le pontife fut assez étonné de voir une si brave personne se défiler ainsi, sans faire face à son destin, sans faire face à sa vie

Le pontife fut tout d'abord très agréablement surpris lorsqu'il découvrit un peu plus encore du buste de la dame. Une fois les bouts de tissus encombrant et superflu ôté violemment par la gruul, il ne restait que le minimum syndical pour couvrir une femme de manière décente. Mais pas un fil de tissu en plus. Mais l'incompréhension de Rahinov ne cessa de croître lorsqu'elle l'enjamba, s'installant sur ses cuisses, face au mage, qu'elle embrassa langoureusement. Dans le même mouvement, et avec la délicatesse apprise pendant de longues années, Rahinov posa ses mains sur les cuisses de la guerrière. Une peau écarlate et si lisse comme celle-ci était extrêmement agréable au toucher, et le contact d'une femme avait manqué à Rahinov pendant cette année qui semblait interminable. Elle stoppa cet instant d'échange buccal pour se mettre à nu au sens littéral du terme, afin de clore par un autre baiser tout aussi "caliente"

Rahinov apprécia chaque roulement de langue, mais, tout en continuant de remonter ses mains posées sur les cuisses de la femme, lui agrippa fermement les fessiers et souleva la donzelle avec une force que même elle n'avait pas soupçonnée. Il posa la femme assise sur la table, les mains toujours agrippées au postérieur, et approcha sa bouche de sa nuque. Il expira lentement, chatouillant ainsi délicatement sa partenaire avant de lui susurrer ces mots " Finalement, votre plus bel atout est définitivement votre langue " non sans y ajouter une pointe d'ironie. Il compléta sa phrase " Ne faites pas de mouvements brusques, parce que je pourrais à tout moment vous planter 25 centimètres de métal dans vos deux fessiers, et vu qu'ils sont assez remarquables, ça serait dommage de gâcher si belle oeuvre, non ? D'autant plus que sans ces muscles, vous ne pourrez pas marcher pendant quelques temps ... Mais je ne suis pas là pour faire des menaces. " Rahinov le pensait vraiment, mais vu les circonstances, profita un peu plus du corps qui s'offrait à lui, en alternant légères caresses de langues et baisers sur les seins de la guerrière qu'il tenait entre ses mains. Et puis, après un baiser aussi anodin que le précédent, il s'arrêta net, se redressa, et adressa une apostrophe au Selesnya qui avait abordé Saphya plus tôt, non sans ajouter un sourire légèrement moqueur. Voyons voir si les herbivore répondent au provocations.

Sans ôter ses mains de leur emplacement enviable, Rahinov pourquivit " Vous n'aviez pas besoin de vous abaisser à cela. Je suis impressionné. Vous avez ravalé votre orgueil pour faire ce genre d'acte avec moi, en lieu public, alors que je dois être une des personnes qui vous dégoûtent le plus. Mais si vous aviez fait cela, c'est que vous aviez une bonne raison." Il agrippa Saphya plus fermement encore, et la tira vers lui, afin de coller leur deux corps. " Même si tout cela est très plaisant, si le plaisir n'est pas partagé, ça n'a aucun intérêt. Par pitié, ne vous abaissez pas à ça. " On pouvait voir un air de déception dans les yeux de Rahinov.

" De toute façon, qui voudrait d'un arrogant balafré ? Personne, et ce n'est pas cette fébrile tentative qui me fera croire le contraire, alors rangez vos atours que j'ai pris plaisir à sortir. Et allons ailleurs pour parler, les gens d'ici semblent étrangers à toutes ces pratiques. "

La Gruul prit un air penaud tout d'abord, et fit mine de s'excuser de son erreur. Elle baissa les yeux et se détacha un peu de Rahinov. Mais lorsque ce dernier se retira sans trop demander son reste, les jambes de la Gruul vinrent se croiser dans son dos et elle resserra sa prise. La pontife vint alors se recoller à elle sans pouvoir résister, mais cette fois, la Gruul fit attention à attraper ses mains au passage, afin de l'immobiliser par les poignets. Un sourire coquin vint illuminer son visage et ses yeux semblèrent briller de plus bel.

"Un chasseur ne lâche jamais sa proie n'est-ce pas ?"

Alors que la femme continuait de sourire, l'Orzhov put la voir se mordiller la lèvre inférieur en regardant le torse et les reins de son interlocuteur. On pouvait maintenant lire de l'excitation sur le visage de la guerrière. Elle semblait avoir changé. Elle se savait pratiquement nue sous sa robe trop courte, mais elle ne broncha pas. Devant l'air de pitié et de dégoût, elle sembla même aimer ça.

"Voilà donc ta limite... Mais tu penses donc me faire peur ? Je vais te donner un conseil : pour éviter de t'envoyer en l'air avec une femme, l'excuse de lames dans les bras n'est pas terrible. Autant être sincère envers elle, pour ne pas la faire souffrir. Alors voilà ce que tu es finalement. Tu joues avec elle, tu la détruis, mais tu ne vas pas jusqu'au bout. Tu n'en as pas assez pour oser affronter de face une femme, et pour la regarder jouir dans les yeux ? Un sourire entre le mépris et l'amusement perça sur le masque de la Gruul, et elle se laissa à un rire. Finalement, ta limite est là. Moi, je n'en ai pas. Orgueil, honneur, tout cela ne sont que des illusions pour les faibles incapables d'aller au bout de leur idée. Seul la parole d'un homme compte, le reste n'est que superflu. Finalement, ce n'est pas moi qui me rabaisses à des pratiques douteuses, mais toi qui me juges sans me connaitre. Si tu avais vécu ce que j'ai vécu pour ma part, peut-être n'aurais-tu même pas lancé tout cela. Tu voulais tout ça, mais tu n'es pas capable d'aller jusqu'au bout.

Alors finalement, qu'est-ce que ça fait de se voir dominé par une femme, pris de haut par celui qu'on prenait de haut quelques instants auparavant ?
Oui, tu pourrais me désintégrer dans un claquement de doigts, mais tu ne le feras pas. Et tu veux que je te dise pourquoi ? Parce que là encore, tu n'as pas ce qu'il faut pour aller jusqu'au bout. Et parce que tu as besoin de moi, quoi que tu en dises. Et parce que avoues-le, pour une fois, ça te plait de trouver quelqu'un luttant à armes égales. Je ne suis pas pontife, je suis pas aussi forte que toi, je suis encore moins de haute naissance ; mais j'ai une arme que tu n'as pas et que tu veux : j'ai du cran, pour avoir braver les Orzhov, pour te faire face, et pour aller jusqu'au bout de ce que je commence. Il n'y a plus de retour en arrière. Marche ou meurt. Mais dans vos douillettes maisons Orzhov, j'imagine que des compromis, vous ne faites que ça, et vous laissez à ceux qui ont vraiment du cran les sales besognes.
Alors vas-y, extermines-moi pendant que tu le peux encore. Enfonce moi ces belles lames dans le corps. Elle relâcha Rahinov et le poussa, suffisamment fort pour qu'il s'éloigne, mais pas trop pour qu'il reste à porté. Vas-y, mets tes menaces à exécution, obtiens ce que tu veux de moi. Vas jusqu'au bout de ce que tu as commencé pour une fois. Elle descendit de la table, se redressa, saisit son couteau et le jeta violemment par terre. Tu veux savoir jusqu'où je suis prête à aller ? Jusqu'au bout vois-tu, jusqu'à ma mort ! Et si tu as peur de me suivre, parce que tu n'oses pas risquer de perdre ce que tu as, parce que tu n'as pas de couilles, alors vas-y, tues-moi ! Pour une fois, vas au bout de ce que tu as commencé ! Elle avait prononcé la fin de son discours en criant. Sur son visage, on ne lisait plus ni tristesse, ni hésitation. Seulement de la détermination. Et même si cela devait être ses derniers mots, elle aurait eu le mérite de les prononcer fièrement, et de ne pas reculer. De faire face en regardant son meurtrier dans les yeux.

Tout autour d'elle, dans la taverne, les gens s'affolaient. On avait rarement aussi peu d'animation. Certains appelaient déjà la garde. Ils allaient venir. Il fallait agir, et vite.

*Une garce avec du cran ? J'aime ça.*

" Tu apprendras une chose, petite catin. Je ne vais jamais au bout de quelque chose si je n'en tire pas profit. Or là, te prendre sauvagement sur la table n'aurait eu que deux conséquences. La garde à nos trousses, bien qu'il faille vite aller ailleurs, de toute façon, et ta satisfaction interne. J'aurai donc cédé à la tentation de te faire l'amour de manière brutale, et même si l'idée ne me déplaît toujours pas, la pensée même de me voir manipulé à ce point me répugne. Mais tu es maligne, pour une catin. En faisant cela, que je refuse ton avance pour ainsi dire, plutôt osée, ou que je l'accepte, le résultat aurait été plus ou moins le même, puisque dans les deux cas, tu serais parvenue à y trouver une victoire pour toi. " termina ainsi Rahinov, tout en s'approchant de la femme, qui savait que toute résistance physique était inutile. Une fois collé à la gruul, il sortit une petite bourse empli d'argent et la déposa sur la table, en regardant le barman avec un air un peu gêné, et en lui adressant un " Pour les réparations, ça devrait suffire, je pense " Le pontife souleva alors la gruul et elle put sentir que le pontife ne forçait presque pas des bras. En effet, il s'était insufflé du mana blanc afin de consolider ses bras pour qu'il n'ait pas à forcer. " Ne pense même pas te dégager de moi et de mes bras. Je te poserai quand je l'aurai décidé. "

Et tout en continuant son chemin, Rahinov ressentait de plus en plus de désolation vis-à-vis de la guerrière, qui, quant à elle, montrait du dégoût pour le pontife. Après une petite demi-heure de marche dans des rues des quartiers selesnyas, les deux phénomènes de foire avaient fait pivoter les regard vers eux, de part leur démarche plutôt inhabituelle. Après avoir trouvé un coin beaucoup plus tranquille, Rahinov déposa Saphya avec la délicatesse qu'elle méritait. Il lui tint ces mots rudes " Tu sais quelle est la différence entre quelqu'un de puissant et quelqu'un de faible ? Le faible n'a pas le choix, le puissant, si. Moi, je peux décider de ta vie, depuis le début, cela dit, je n'ai pas envie de te tuer, du moins pas pour l'instant. Mais toi, tu as réellement envie de me tuer. M'étriper, voir mes boyaux sortir de mon corps. Si chez moi, il existe une chose qui t'excite, c'est l'idée même que tu m'éventres. Quand tu m'as regardé en te mordant la lèvre, je n'ai pas vu quelqu'un qui admirait mon corps, qui n'a rien d'extraordinaire. Non, ce que tu imaginais en me regardant, c'est mon corps ensanglanté. Mais, même dans tes rêves les plus fous, tu ne me tueras pas. Pas parce que tu n'en as finalement pas envie. Simplement, tu en es incapable. Alors, même si tu désires ma mort ardemment, tu ne me tueras pas, et tu iras donc contre tes pulsions. Et cette sensation atroce qui est de renier ses pulsions, moi, je ne la connais pas. " Il sourit à la guerrière, et repris son petit discours. " Vous cherchiez mon soutien, vous l'avez. Vous m'avez prouvé que vous êtes une femme qui n'a pas froid au yeux. Le marché me convient parfaitement, votre soutien ainsi que la certitude de rallier les gruul à ma cause me suffit amplement. Je ferai en sorte, une fois au rennes des Orzhovs, de vous rendre votre statut. Vous ne serez plus obligé de freiner vos pulsions, et vous aurez toujours le choix devant vous, comme je l'ai à tout instant. Et qui sait, peut-être qu'en plus de cela, l'éventualité de quelques nuits torrides dans un lit luxueux n'est pas à exclure. Je vous aime ... " Laissa échapper Rahinov, avant de se rattraper extrêmement vite en rajoutant un surplus de fin de phrase " .... bien. " Mais malgré cela, le pontife se sentait relativement gêné, sans pour autant rougir devant son interlocutrice très légèrement vêtue.

*Et merde.*

La Gruul tourna tout d'abord le dos à l'Orzhov. Elle resta ainsi quelques instants. Puis le coup partit plus vite et plus fort qu'elle ne l'avait voulu. Ni elle, ni le pontife ne s'y attendaient vraiment, et il chuta sur le sol. La main de la guerrière lui faisait mal. Au fond d'elle-même, elle sentit poindre un sentiment faible de regrets. Peut-être n'aurait-elle pas dû le frapper.

"Ca, c'est pour avoir osé t'afficher publiquement en me considérant comme ta chose. Je ne suis et ne serais jamais à personne. Je suis assez claire ? Recommences une seule fois, et je t'assures que je ne réponds plus de rien. La Gruul soupira, et s'agenouilla pour se mettre au niveau du pontife. Et peut-être que tu comprendras que cette arrogance, tu peux la garder pour d'autres. Tu n'as pas plus de pouvoirs sur moi que tu n'en as sur le Conseil fantôme, et tu le sais parfaitement. Alors arrêtes de te faire de belles illusions. La Gruul mis une main sur son torse. Tu n'es rien et tu le sais parfaitement. C'est d'ailleurs pour ça que tu recherches davantage de puissance. C'est d'ailleurs un point qui nous différencie. Tout ce que tu fais, tu le fait par appât du gain ou par profit. Tu ne vas jamais au bout de quelque chose si tu n'as rien à y gagner... La Gruul fit doucement monter sa main du torse de l'assassin jusqu'à sa joue, pour passer dans sa nuque, et lui adressa un sourire franc. Puis elle l'attira vers elle, et l'embrassa à nouveau, sincèrement. Il n'était pas question de lui prouver sa supériorité, de le réveiller, ou de le duper. Rahinov pouvait le sentir. Elle décolla ses lèvres de celle du pontife et conclut, alors que leur fronts vinrent se coller l'un l'autre : ... Moi pas."

Elle resta ainsi quelques instants, à le fixer, ses yeux bleus ne lâchant pas ceux du pontife. Il pouvait sentir le souffle chaud de la guerrière mêlé au parfum qu'elle dégageait. Tout le monde, toute la tension qu'il venait de vivre, toute l'importance de leur relation semblait tenir dans ce regard, qu'aucun des deux ne vint lâcher. Finalement, la guerrière capitula et se laissa tomber sur l'arrière ; allongée, les yeux fixés sur le ciel au-dessus de sa tête. Son rire chaud vint briser le silence.

"Pourquoi ? Pourquoi vous n'êtes jamais intervenus ? L'ensemble des gardes de mon père me pourchassait, mais pas l'un de vous n'a remué. Aucun de vous ne m'a proposé son aide. Je devais me débrouiller, tenir tête à un pontife puissant toute seule. J'avais 18 ans quand je suis parti. Dites-moi donc, quand avez-vous cessé d'avoir une âme et une humanité ? J'ai longtemps espéré. Je me suis dit que je ne serais pas seule pour affronter ces hommes. J'avais tort. Vous n'avez même pas vu le profit que vous pourriez en tirer. Tenir la richesse Palerchov entre vos mains...

Croyez-moi ou non, je ne vous hais pas. Je vous en veux. A vous comme à tout le monde. Mais à quoi bon ? A quoi bon continuer ? Si je dois arriver à pactiser avec mon ennemi, si je suis désespéré à ce point, je n'ai aucune raison de continuer. Vous avez raison. Il n'y a rien à faire. Je dois courber l'échine et me plier aux ordres, ou vivre de moi-même et mourir. Jade leva une main vers le ciel, comme ferait un enfant pour essayer d'attraper les nuages, puis elle ferma le poing. Je ferais payer cette salope de vie, jusqu'au bout. Jusqu'à ma mort. Cette trainée ne m'imposera rien. Je vais vivre comme je l'entends, non pas comme elle veut que je vive. Et si pour ça je dois retourner chez les Orzhovs, je le ferais. Je la mettrais à genoux, je tiendrais cette catin sous ma lame, et je me ferais une joie de lui faire subir ce que j'ai enduré. Alors elle comprendra. Elle s'inclinera. Jade baissa à nouveau son bras et éclata de rire à nouveau. Saphya Palerchov reviens. Et elle fera payer celle qui lui as fait du tort !" finit-elle en riant.

Outré. C'était surement le mot qui convenait le mieux dans la description de l'état de Rahinov. Oui, il était tombé, frappé par une catin arrogante.Il ne pouvait pas laisser cette jeune femme décider ainsi. " A ma connaissance, petite ingénue, c'est toi qui m'a grimpé dessus. Je n'ai fait que renchérir sur ton premier pas, plutôt osé. Ensuite, n'espère pas me faire peur, s'il te plait. J'ai vécu des choses et croisé des gens bien pire que toi. Alors, ta menace du 'je ne répond plus de rien', j'en ris. J'en ris, car effectivement, tu dis vrai. D'un mouvement de bras, je peux t'envoyer dans l'au-delà. Simplement, je n'ai pas à le faire tout de suite. " Le pontife poursuivit, marchant autour de la guerrière et dégageant une aura suffisamment intense pour faire comprendre à la gruul qu'une autre incartade du genre, et elle rejoindrait ses ancêtres, sans possibilité d'avoir une après-vie, comme bon nombre d'orzhovs ont, puisqu'elle n'en est pas une, bien qu'ayant un sang noble. Alors il fallait lui faire comprendre que tout ça, c'était du foutage de gueule.

" N'accuse pas la vie de t'avoir fait ainsi. Il n'y a qu'une persone à blâmer, et c'est toi. Car, avec force et courage, et surtout, volonté, sans oublier fierté, estime de soi, et ambition, on peut se sortir de n'importe quelle situation. Tu vois, je suis exactement comme toi. Peut-être même me ressembleras tu, une fois dans les hautes sphères orzhoviennes haha. On se ressemble même plus que tu ne le crois. Moi aussi, ma famille a été trahie. Moi aussi j'ai des désirs de vengeance, car il y a bien une part de vengeance qui m'anime, crois-moi. Mais même dans les moments les plus atroces, il faut garder la foi. Pas la foi en dieu, ou quelconque divinité qui se révèle n'être qu'une illusion, je parle de la vraie foi. La foi en soi. Cette fierté, qui nous différencie de l'animal. Ressaisis-toi, donc. Mais on aura l'occasion d'en reparler à bien des moments. Pour l'instant, tu vas venir avec moi, sans négocier. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu ne seras pas consciente ... " A peine ces mots prononcés, Rahinov plaqua sa main contre la poitrine de Saphya et laissa déferler un puissant jet de magie Orzhovienne au travers de son bras. Une puissante onde heurta la gruul qui, malgré sa résistance et sa ténacité, tomba littéralement dans les pommes. Le sort eu quand même pour effet de creuser un splendide cratère d'une dizaine de mètres de diamètre, et de quelques cinquante centimètres de profondeur. L'onde se propagea au alentours, en diminuant d'intensité au fur et à mesure qu'elle parcourait du chemin. Rahinov, quant à lui, sentit des picotements dans son bras ainsi qu'un léger vertige. Même pour lui, c'était loin d'être chose aisée que de faire un sort aussi puissant en aussi peu de temps. Mais son entraînement avec Nodjun visait à combler ces lacunes. Il souleva de ses deux bras la guerrière allongée et la porta comme un prince porterait une princesse. Non comme un vulgaire sac à patates, mais comme une jeune femme fébrile, manquant d'affection. Il se dirigeait tout droit vers les quartiers de son mentor, afin qu'à son réveil, elle se trouve en sa compagnie.

Il entra alors dans l'immense arbre qui servait de demeure au sage vénérable Nodjun, reclus parmi les selesnya, et déposa délicatement la fougueuse jeune femme " Que m'amènes-tu là mon disciple ? Encore une de tes conquêtes ? "

" Pas le moins du monde, maître. C'est une femme qui est perdue, et qui a besoin de passer par les même épreuves que j'ai du traverser pour que vous m'acceptiez en tant qu'élève. Confrontez-là à ses démons. Elle en a besoin, car elle devra les abattre définitivement. Faites lui donc au moins comprendre l'étendue de ses peurs et craintes, de toute les tares qui l'accompagnent, afin qu'on puisse voir comment les combattre, ces fléau qui la ronge. " indiqua l'Orzhov, un air peiné en regardant la gruul étendue sur le sol.

" Pourquoi pas. Jusqu'à présent, tu n'as ramené qu'une seule autre personne ici, et je dois dire que je n'étais pas déçu " fit Nodjun, désignant Aarthen qui regardait Rahinov avec toujours cet air mêlant mépris, respect et défiance. Et le pontife aimait ça. Il s'installa à côté de la gruul, prêt à parer tout mouvement agressif avant qu'elle ne puisse expirer une seule fois.

La salle était immense, et vide. On ne distinguait ni plafond ni ciel, mais la pièce était baignée d'une douce lumière diffuse. Au centre se trouvait trois personnes, toute identiques. Trois copies conformes de Jade. Cependant, leurs attitudes différaient. L'une semblait agressive, l'autre calme, la dernière peu au monde. Les trois personnes se regardaient sans broncher.

"Finalement, c'est ça de faire confiance à un pontife. Qu'est-ce que tu attendais d'un Orzhov ? Pourquoi tu l'as invité ? Et pourquoi tu lui as répondu ? Pourquoi t'as voulu que je réponde ? Tu as honte de regarder en face que tu es prête à tout ?" lança finalement la plus agressive des trois, aussi la moins vêtue.
"Comme tu m'amuses. Tu as l'air de dire que c'est de ma faute. Tu sais bien que sans moi, personne ne serait là. Pas même toi Tania. Et depuis quand je me parle à moi-même ? Avec toi, on serait morte depuis des lustres, et avec elle, on serait encore chez les Orzhov à exécuter leurs "gentilles" missions. Je n'ai pas honte de moi. Mais dois-je rappeler qui voulait tellement le corps de ce type ? Que tu n'as pas eu d'ailleurs. Saphya et moi détestons les hommes, dois-je te le rappeler ? Si tu n'avais pas poussé, nous n'en serions pas là. Nous serions chez nous."
"... Et sans moi, tu serais incapable d'aller jusqu'au bout de tes actes. Tu te rappelles ce mendiant la dernière fois ? Aurais-tu eu le cran de le changer en cendre ?"
"Il nous avait regardé ! Regardé ! En quoi est-ce un crime ?"
"Le pontife a raison. Tu as trop de morale. Mais tout de même, pour te corriger, Saphya l'air bien plus attiré par ce pontife que moi. Ce n'est pas moi qui l'ai embrassé."
"Non... Je... Je... Je ne sais plus quoi penser..." conclut-elle après un instant.
"C'est vrai. On ne sait plus quoi penser. Ca fait combien de temps que nous ne nous sommes pas retrouvés face à face ? Presque 10 ans. Je vous rappelle que nous sommes la même personne et pourchassons la même chose. Et surtout, que ces différences n'existent pas. Nous avons les mêmes idées, en même temps. D'un coup, la Gruul s'arrêta et tomba à genoux. Mais qu'est-ce que je fais ? Vous n'êtes que des représentations de mon esprit en rêve... Pourquoi je... Pourquoi je vous parle ?"
"Ha, parles pour toi, Jadette. Et non, je ne suis pas seulement ton esprit."

Ce furent les dernières paroles qui furent prononcés avant que l'épée de Sarah ne vienne s'enfoncer dans le ventre de Saphya après avoir fait rouler au sol la tête de Jade.

Jade eut le déplaisir de se réveiller dans un endroit qu'elle ne connaissait pas. L'odeur non plus ne lui disait rien. Elle tenta tant bien que mal de se relever, mais elle ne réussit qu'à déclencher un flot de sang sortant de sa bouche. Le pontife lui avait fait mal. Très mal. Trop mal. Elle sourit en retombant lourdement allongée. Elle ne tenta même pas de parler, se contentant de cracher son sang avant de prendre une inspiration qui lui déchira les entrailles. Pourtant, elle ne cria pas. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour ne plus ressentir de douleur. Foutu pontife. Cependant, elle crut qu'elle allait avaler sa langue lorsqu'elle entendit la voix de Nodjun lui demander qui elle était. Puis elle rit lorsque Rahinov lui répondit. Rahinov voyait là une relation de maître à élève. Lui, le fier pontife. Elle n'avait qu'une explication : il l'avait amené là pour lui enseigner quelque chose. Et cette idée la faisait rire. Elle avait passé plus de 10 ans de sa vie enfermée chez les Orzhov. Pensait-il sincèrement que l'amener et écouter les conseils d'un vieux sage gâteux allait suffire pour qu'elle change ? Mais il avait devant lui plus de 18 ans de construction d'une personnalité, d'une vie, d'une réflexion, et il s'attendait à ce qu'elle change. Quel utopiste. Elle imaginait déjà la tête de ce fameux maître.

Elle sentit rapidement un mana blanc venir l'aider, et un bien-être inonda son corps. C'est avec satisfaction, et sans écouter ce que lui disait les autres qu'elle se releva. Ce qu'elle constata l'effara. Un adorateur de la vie. Cela se voyait sur son visage. Ca ne pouvait en être autrement. Ou un illuminé. Encore pire. Comment le pontife pouvait-il tolérer cela ? Pouvait-il se renier à ce point pour obtenir sa puissance tant désirée ? Non. Le pontife avait peur. Peur de trépasser. Elle se remémora ses dernières paroles. Il voulait survivre. Par fierté disait-il. Les magies que devait lui enseigner ce fou allait dans ce sens. Se concentrer et atteindre le nirvana. Sa magie était bien plus dangereuse. Plus destructrice. Plus d'une fois, elle crut perdre sa main durant l'invocation. Elle risquait sa vie. Elle allait risquer sa vie. Et finalement, elle aimait ça. Elle sentait le défi poindre à nouveau en elle. Cette flamme que sa tristesse avait éteinte. Elle se fichait de son état de santé, de ses désirs, de sons avenir, et même de sa schizophrénie qui l'avait tant de fois faite souffrir. En cet instant, il n'y avait plus que le jeu. Le défi. Mettre sa vie en jeu pour se surpasser. Peut-être le vieux sage serait-il plus utile qu'elle ne l'avait pensé. Le mana consomme l'énergie non ? Le vieux avait-il suffisamment d'énergie ? Elle allait le savoir bientôt. Un sourire radieux illumina son visage. Elle voyait l'homme et le pontife devant elle. Qu'importe. Finalement, il n'était pas utile. Pourtant, elle s'était déjà imaginée, marchant à ses côtés. Elle se voyait déjà avec lui. Mais il n'y avait plus rien à faire. Il l'avait trahi. Il lui semblait pourtant qu'il avait dit qu'il ne trahissait jamais. Une idée traversa soudain sa tête. Peut-être allait s'en tirer en meilleur santé. Sinon, elle allait donner une leçon au pontife dont il se souviendrait. Elle y laisserait sûrement la vie, mais qu'importe. Finalement, rien ne la retenait en ce monde.

"Je hais... les gens... comme lui... Et tu... le sais, non ? réussit-elle à expirer. Elle sentait que peu à peu, son torse semblait aller mieux. Ce n'était que des soins de fortune. Ses côtes se briseraient au premier impact. Peu importe, cela suffirait pour parler. ET VOUS NE ME COUPEZ PAS LA PAROLE ! enchaina-t-elle avec douleur en voyant que Nodjun allait parler. Je m'en fiche... de tout ça... Tu fais ce que tu veux... Moi aussi. Tu n'as rien à m'imposer... Non ? Alors tu me ramènes chez moi... Et je te ramène ton armée... Que tu puisses semer la mort et la destruction... **C'est ça. Peut-être jouer la carte de la mort. Cela ferat bisquer le croulant. Enfin espérons...** Et tu me rends... Mon pouvoir, ma richesse, mon influence, ma place... Tu as dis que tu n'as qu'une parole... Tu as dis que tu acceptais le marché... Que je sois ton bras droit pour t'aider à renverser Orzhova... Et jamais que tu m'obligeais à devenir une bouffeuse de pissenlit... A moins que ce ne soit par la racine... Mais tu n'as visiblement pas envie... Alors dis-moi... Ce que je fais ici... Nos conceptions sont... Diamétralement opposés... Jusque dans l'appréhension du mana... Cette pièce... Où est l'agitation, le mouvement, la vie ? OU EST CE PUTAIN DE MANA ? Tu veux que je te dise... Où il est... ? Partout là où il y a... Des cris, des pleurs, de la joie, de la vie... Le calme ne t'apportera que le calme... L'apothéose ne peut avoir lieu dans le calme... Le monde sort du chaos... Mais le chaos n'est pas calme... L'illusion du calme et de la maitrise de soi... Cela ne donne que... Ces sorts tellement... Plats... Tu veux ton armée... ? Rends-moi ma liberté... Rends-moi mes morts, mes cris, mes joies, mes tristesses, et laisse mon esprit tranquille ! Ou crois-moi... Notre accord n'est plus... Je ne peux pas travailler avec quelqu'un... Qui me donne des coups de couteau dans le dos... Je veux bien sortir sans histoire... Je suis sûr que même à tes ennemis... Tu leur laisse un sort plus enviable que de devoir renier leur identité... Tu veux savoir qui je suis... ? Je suis à part... Jade... Saphya... Sarah pendant un temps... Ha.... Que de masques... Je suis avant tout humaine... Avec des envies, des principes, des conceptions... Est-ce si dur à comprendre que cela pour toi... ? Je veux bien renier mon honneur, ma fierté, mon amour-propre... Mais jamais, tu m'entends, jamais, ô grand jamais... Je ne me renierai, moi et mes folies... Je préfère encore mourir... Et cette fois, si tu veux encore t'acharner sur moi... Vas et tues-moi directement, comme tu l'as déjà fait à maintes reprises il y a quelques heures... Sur ce je pars... Et je ne vous écoute pas... Surtout pas lui... Je saurais retrouver mon chemin, merci... A la fin, tu avais parlé de fierté, de confiance en soi, de foi... La voilà ma foi... Voilà ma voie... Et voilà ma fierté... Dire que je serais arrivé là où je suis seule, par la force de mes convictions... Laisse-moi retourner à ma vie de va-nu-pieds... Sois content, tu m'as ouvert les yeux... Alors retiens moi si tu veux me tuer... Ou tues-moi directement, que je n'ai pas à le faire moi-même... Parce que cette fois-ci, je n'hésiterais pas... Ne serais-tu pas triste de voir ma belle langue sectionnée par mes dents prédatrices... ? Moi qui m'en sers si bien... Mais je divague et ne sais plus ce que je dis... Mais crois-moi, je me tuerais plutôt que rester ici... Alors si tu tiens vraiment à moi... Si tu m'aimes vraiment... Prouves moi une dernière fois que tu t'étais trompé... Que tu as agis sans réfléchir... Et aides-moi à retourner chez moi... Jade regarda le fauve et soutint son regard de longues minutes. Je suis sûr que ce fauve me comprend... Il a choisi une autre voie... Grand bien lui en fasse... Mais je ne veux pas de ça... Ne me traite pas comme un vulgaire animal... Ou un objet que tu peux manipuler comme bon te semble... Je suis aussi humain que toi... Avec les mêmes problèmes... Alors pour une fois dans ta vie... Essayes de comprendre ceux que tu aimes... Alors même que tu as donné plus d'importance à cet animal qu'à moi... Idiot..."

Sur ces mots, une larme coula malgré elle de ses yeux. Elle avait voulu la retenir. En vain. Ses dernières phrases lui déchiraient le cœur, elle ne savait pas pourquoi. Elle avait l'impression de perdre ses moyens. Le défi avait laissé place à autre chose. Quelque chose qu'elle ne connaissait pas vraiment. Un sentiment chaud et fort qui la poussait à se battre. Elle sentit son sang circuler de plus belle et fut heureuse de constater que son esprit se remettait à bouillonner... C'était ça sa vie : le mouvement. Et cela lui plaisait. Elle tenta de se relever tant bien que mal. Elle retomba plusieurs fois, mais finit par se mettre debout. Elle regarda le vieux sage qui ne bougeait pas. "Venez donc m'aider, si vous prétendez être aussi ouverts que tous le prétendent, et acceptez moi comme je suis, comme je ne veux pas être avec vous..." réussit-elle à lui murmurer à mi-voix. Cependant, elle ne fit pas plus attention, adressa un dernier regard à Rahinov, et se dirigea vers la porte de l'endroit. Tout en marchant, elle sentit le picotement désormais familier de son corps protestant contre le surplus de mana.

**Je ne veux pas en arriver là... Mais s'ils me forcent... Ce sera le plus grand final qu'il ait été rendu possible de voir...**

[Hrp :] Jade canalise deux manas, et perd donc un point de vie dû à la sur-canalise, ce qui la laisse à 6 points de vie. [/Hrp]

" Je t'ai amené ici dans le seul et unique but de te soigner. Je t'ai frappé car je ne pouvait plus t'entendre geindre ainsi. A te morfondre sur toi-même, à en vouloir au destin. Et je voulais aussi que tu me traites avec respect, car, peut-être n'as-tu aucune estime de toi-même, mais moi, figure toi que j'en ai ! Néanmoins ... " relança t'il après un petit moment de silence, qui pouvait témoigner de sa culpabilité et de ses regrets quant à son geste " Je ne pensais pas y aller aussi fort en aussi peu de temps, à vrai dire. Le contrôle de la magie instinctive m'a échappé, et la gifle qui aurait du avoir lieu s'est transformé en une grande onde de choc. Désolé pour ça. " Oui, ça se voyait, Rahinov culpabilisait, et à juste titre. Pourtant, était-ce son geste ou la réaction de Saphya qui l'attristait le plus ? Nous n'en saurons pas plus, personne n'en saura pas plus. Mais le mage, bien que plein de regrets, ne se détournait pas de son objectif principal, c'est à dire, gagner des partisans, et il comptait bien accompagner la guerrière jusqu'au quartiers gruuls. Peut-être croisera t'il Grasmxxt, brave shamane qui l'avait accueilli dans son modeste habitacle lorsque le pontife, à l'époque simple jeûnot, devait s'abriter des assassins Rakdos. Peut-être même avait-il une famille maintenant, ou peut-être était-il mort au combat. Il est aussi probable qu'il soit resté le même. Ces trois hypothèses n'affectaient pas vraiment Rahinov. Au bout de plusieurs années, il allait pouvoir remmettre les pieds dans les quartiers

" Je viens avec toi. N'essaie même pas de m'en dissuader, comme je n'ai pas tenté de te maintenir ici. Je te répète que tu passais ici comme à la case hopital. C'est tout. Hais-moi pour ça, mais je respecte mon maître, car il m'a enseigné bien des choses que tu ignores encore. Et quant à ce noble félin que tu vulgarises en tant "qu'animal", je ne crois pas qu'il t'ai donné la permission de parler de sa personne. S'il ne t'arraches pas le coeur pour lui avoir manqué de respect ainsi, tu auras de la chance. Lui ne fait pas de vieux os comme moi. " on pouvait à présent lire une meilleure expression sur le visage de Rahinov. Plus soulagé, plus naturel, le pontife redevenait celui qu'il avait toujours été " Et Aarthen est le fier représentant de tout les nobles félins de Ravnica. Donc, si j'étais toi, je préfèrerais qu'il soit de mon côté plutôt que mon ennemi. " * Et à long terme, tu seras un de mes plus grands alliés dans cette révolution, Aarthen. Mais laissons cela pour le moment, et revenons à nos moutons, ou plutôt, à notre mule, têtue comme elle est. * le mage s'approcha de la gruul sans aucune crainte. Il continua de se rapprocher, tout en fixant la guerrière, et finit par délier sa langue " On sait tout deux que tu ne feras rien avec ces manas. Parce que si tu m'attaques, tu te fais littéralement tétaniser, soit par ma personne, car rappelle toi que je suis bien plus fort, où par mon maître, qui lui, optera pour la méthode extrêmement douce. Donc, inutile de m'empêcher de faire quoique ce soit. Alors ? On est partit ? "

La Gruul sourit à la remarque de Rahinov. Elle savait pertinemment qu'elle n'aurait jamais pu lancer son sort, mais lui serait oublier un autre élément.

"Tu te rappelles, je t'avais dit que j'étais prête à tout ? Même à mourir. Peut-être ne connais-tu pas... N'as-tu jamais torturé ton corps en prenant trop de mana ? Moi si. Je sais ce que cela fait. Et crois-moi, tu ne peux m'empêcher de me brûler. Mourir aurait été préférable que rester ici. Et j'aurais été prête à me brûler jusqu'à ce que mon corps disparaisse s'il le faut. Et tu sais que je serais allé jusqu'au bout.

Quand à ce félin... Tu lui a donné le choix non ? Alors si seulement tu avais écouté ce que je disais, tu l'as considéré comme autre chose qu'un animal. Mais à vrai dire, je me fiche qu'il soit avec ou contre moi. S'il veut me tuer, qu'il le fasse. Vivre et s'adapter ou mourir. J'ai suivi cette devise toute ma foutue vie, je ne vais pas commencer à en dévier maintenant. Il peut être légendaire ou lambda, je ne le traiterai pas autrement. Il n'y à pas de traitement de faveur. Même pour toi. Tu es pareil que tout le monde, peut-être un peu plus fort. Et j'emmerde le respect. Et je ne demande jamais la permission. Peut-être que si ces conneries de respect et de hiérarchie étaient un peu adoucies, alors le monde serait moins pourris, et les hommes plus égaux entre eux. Penses-y, pontife.

Une dernière chose tant qu'on y est. Si vous vous permettez de me donner l'ordre de vous traiter avec respect, soit, je le ferais pour assainir nos rapports messire, mais dans ce cas, laissez-moi vous dire une chose. Ne me jugez jamais plus. Jamais. Je ne vous ferai pas l'affront de vous menacer, cela ne reflèterai pas notre hiérarchie, et ça ne servirait à rien n'est-ce pas ? Mais ne me jugez plus. Et ne croyez pas me connaître.
Ah, une dernière chose. Quel respect dois-je vous montrer ? Dois-je embrasser vos chaussures ou seulement votre main, puisque vous êtes pontife et moi... routière... ?

La guerrière relâcha les deux Mana qu'elle avait accumulé et sur ces mots chargés d'ironie, sans attendre de réponse, elle s'engouffra à travers la sortie, sans même prêter attention à la réaction du lion ou du sage. Toutefois, avant de laisser la demeure, elle adressa ses derniers mots au pontife, d'une voix grave et triste, dans laquelle on sentait poindre la détresse et l'horreur de la femme :

"Tant que ce pacte tiendra, je serais vôtre, corps et âme, comme je vous l'ai promis. Je ne peux vous garantir d'être là à chaque fois que vous me ferez mander, mais j'accomplirai vos demandes autant que je le puis, jusqu'à ce que vous ayez atteint vos objectifs. J'attends de vous en contrepartie l'accession total et sans concession aux pouvoirs et fortunes qui me reviennent de droit, de part ma naissance et mon sang, ainsi que la promesse que vous me ferez rien qui pourra me nuire directement ou non, afin, par exemple, de vous débarrassez d'un témoins encombrant. Aussi longtemps que vous tiendrez votre parole, je tiendrai la mienne. J'en fais le serment. En revanche, si d'aventure vous veniez à briser le pacte nous unissant, j'exige un affrontement loyal pour laver cet affront dans le sang, ne s'arrêtant qu'au premier sang, ou plus selon les circonstances, le tout surveillé par un juge Azorius s'assurant de la bonne tenue de ce combat. Je vous attendrait dehors 10 minutes au maximum. Si vous passez cette porte pour me rejoindre, le pacte sera alors conclu et scellé au vu et su des lois Ravnicaines. Je m'engage également, s'il m'arrive de bafouer ce pacte, cela dû à ma propre volonté, et donc de mon propre fait, excluant ainsi tout événement indépendant de ma volonté, que vous puissiez disposer de moi comme il vous plaira dans les termes de votre choix pour la durée maximum d'une année. Je m'engage également par ce fait à ne pas attenter volontairement à votre personne par quelque que moyen que ce soit. Je juge cela suffisant et ne consentirai à rien d'autre. Je vous attend donc dehors. Si vous jugez cela honnête, nous nous reverrons, autrement, je ne serais plus là à votre sortie et ne tenterai pas de m'interposer ou divulguer vos plans." À peine ces mots prononcés, la Gruul disparut par l'ouverture.

" Je sais à mon avis infiniment plus de choses sur le mana que toi, ma jolie, mais il semblerait que tu ne l'as toujours pas compris. Et on voit que tu ne connais pas le pyromana. Se torturer avec le mana est une chose, mourir à cause de lui en est une autre. Le pyromana t'entraînera dans une après vie de douleur jusqu'à ce que ton âme se consume. Et lorsque tu comprendras que c'était une mauvaise chose, et quand tu vas commencer à regretter, car tu regretteras ce geste, crois moi, et bien tu ne pourras rien faire pour changer cela, puisque tu seras d'ores et déjà condamné. "

Rahinov ne suivit pas la gruul lorsqu'elle emprunta le chemin de la sortie. Mais il lui tint ces mots, juste avant qu'elle disparaisse

" Tu es peut-être courageuse, engagée, avec des conviction, et un mental à toute épreuve, mais tu n'as pas l'expérience de la vie. Tout tes jugements sont basés << à chaud >> alors qu'ils devraient être plus réfléchi. Mais peut-être changeras-tu avec le temps ... "

Lorsque Jade vit l'Orzhov passer devant elle, elle ferma les yeux. L'explosion de mana, elle n'y avait pas prêté attention. Elle n'allait pas répondre à une telle provocation. Mais les quelques mots prononcés par l'Orzhov l'achevèrent. Son cœur battait au ralenti. Elle sentit ses mains se glacer et son souffle ralentir. Sûrement un contrecoup de sa suractivité. Elle avait l'impression qu'une chape de plomb recouvrait sa poitrine. Cette fois-ci, c'en était fini. Elle venait de sceller son avenir. Elle devrait allégeance à Rahinov tout comme ce dernier cherchera à la protéger, dans son intérêt personnel évidemment.
La future Orzhov laissa passer de longues minutes de silence. Elle savait que Rahinov ne bougerait pas. Il était bien trop orgueilleux pour ça. Ou tout du moins l'espérait-elle. Entre eux s'était établi une nouvelle relation, et ils le savaient tout deux. Ils devaient faire fi de leurs différends. Ils devaient bâtir quelque chose de nouveau.
Finalement, la guerrière se leva difficilement et vint se tenir aux côtés de Rahinov.

"Maintenant, nous sommes liés par un pacte, et cela par les lois Ravnicannes, lui lâcha-t-elle dans un souffle. J'ai perdu beaucoup aujourd'hui. Beaucoup trop.Alors accordes-moi une faveur je te prie. Je n'ai plus de domicile à proprement parler. Tu étais un de mes derniers recours. Tu éprouves de l'affection pour moi n'est-ce pas ? Jade avait volontairement choisi le mot "affection", mais on pouvait déceler le malaise dans sa voix. Le mot "amour" passait encore mal. Alors je te prie de m'accorder le droit de m'installer chez toi. Je ne suis pas chez moi chez les Gruul, et je n'ai jamais vraiment mérité ma place. Je suis et est toujours été Orzhov. Jade marqua une pause en mordillant sa lèvre inférieure. Elle prit une grande inspiration avant de continuer : Mon père... Mon père biologique, j'entends. Je... Je n'ai jamais su de qui il s'agissait. Il s'agit pourtant d'un parent éloigné de la famille Palerchov. Je l'ai appris en quittant la demeure familiale. J'ai toujours... continua-t-elle presque en sanglotant, alors qu'elle n'arrivait plus à empêcher les larmes de couler. J'ai toujours cru que ce dernier m'avait implanté le sang de Nelyssa Alnyriev... Pour la seule raison... De me faire entre dans la famille... Mais... Mais j'étais déjà... Déjà de la famille... Je n'étais seulement pas assez... Pas assez forte pour lui... J'ai toujours été... Toujours été... Toujours été Orzhov..." conclut-elle, alors que ses larmes ne s'arrêtaient plus. Elle regardait le sol, le corps parcouru de faibles tressaillements, en silence. Elle tenait à rester noble dans sa détresse. Rahinov était la première personne à avoir entendu la vérité. Même Silviel ou Anya, auparavant ses amies, ne le savaient pas. Elle ne l'avait jamais dit à quiconque. Elle-même avait essayé de se le cacher. Maintenant, elle devait l'accepter. Et espérer que le pontife accepte de la recevoir chez lui. Autrement, elle ne savait pas encore de quelle façon elle allait s'en sortir.

"Je... Jade s'interrompit avant de finir sa phrase. Elle sentait encore les larmes couler et ses difficultés à parler. Cela faisant longtemps qu'elle ne s'était pas surprise dans cet état-là. Pour la première fois depuis plusieurs années, tout la pression qu'elle avait subit s'évanouissait et s'écoulait à travers ses larmes. Vio.. Violet-clair... Avec des reflets argentés..." parvint-elle à articuler tout en riant à travers ses larmes.
Cette fois-ci, c'en était fini de ses poursuivants, fini de ses problèmes avec les Orzhov. Fini de sa vie de roturière Gruul. Enfin, elle allait retrouver une demeure et une situation. Tout ce qui lui avait toujours manqué. Elle allait avoir ce qu'elle cherchait depuis si longtemps. Elle n'avait plus de raison de rentrer en guerre. Maintenant, elle allait agir de l'intérieur. Elle allait imposer sa philosophie. Elle sourit à cette idée. Elle avait à ses côtés le pontife. Il voulait changer la guilde. Alors elle la changera avec lui. L'Orzhov avait raison.

Spoiler:

Jade Lyvaenya ne mourra jamais, et Saphya le savait. Elle était aussi réel qu'elle, et Saphya en était persuadé. Mais cette fois, Jade n'avait plus à intervenir. Elle ne l'avait jamais vu, jamais senti mais... Elle avait toujours senti cette présence à ses côtés. Elle ne savait pas dire pourquoi, mais le nom de Jade paraissait la représenter d'une meilleure façon. Peut-être que Saphya ne l'avait jamais représenté. Un jour, elle devrait s'expliquer ses amnésies chroniques et ses pertes de contrôle. Sûrement dû au sang de Nelyssa. Elle y avait déjà pensé. Et si ce sang l'avait changé ? Même cette rage qui l'avait envahie devant le Selesnyen, elle n'avait pu la maitriser. Son nouveau statut n'allait rien changer. Il allait falloir qu'elle s'explique tout ça. Pourtant, depuis le début, tout semble aller exactement comme elle le voulait. Peut-être son instinct était plus puissant qu'elle ne le pensait.

La femme posa doucement une main sur l'épaule du pontife. Ses larmes continuaient de couler doucement, mais elle ne savait même plus elle-même s'il s'agissait de joie ou de douleur.

"Allons secouer ces vieux gâteux qui se croient tout permis... Ramenons la vie dans cette guilde de morts... Et rappelons à tous les Orzhov ce que nous sommes, et qu'il ne faut pas nous sous-estimer...

Je suis avec toi..."

Décidément, le fait que Rahinov accède à sa requête l'avait surpris et changé plus qu'elle ne s'y serait attendu. Comme si une autre part d'elle-même avait depuis toujours attendu ce moment.