Pour quelques sous

[HJ : Antécédent : ici ]

Un homme, portant une longue cape sombre, gants et bottes de cuir, faisait face à ce gigantesque bâtiment, tel la petite fourmi défiant le colosse. Il pleuvait et Szerak fixa longuement l'entrée de cette antre de la luxure et des vices. Derrière cette double porte, pourrait se cacher la solution à tous ses questionnements, qui ne trouvèrent pas de consolations dans la Bibliothèque des Brumes. Mais il sentait la déception à ses talons. Son avenir, dépendait de ce qu'il trouverait ou ne trouverait pas dans ce bâtiment, aux allures à la fois sinistres et somptueux, tel un diable promettant mille vices et plaisirs.
D'une allure décidée et convaincue, le Dimir poussa la porte et entra dans la Casino. La monnaie cliquetait, les dés roulaient, les roulottes tournaient, les chanceux criaient leur joie, les infortunés hurlaient leur malheur. Face à cette immense mascarade, où ce n'est pas la chance qui distribue les cartes, et à la vue de tant d'incrédules, qui voient leur fortune augmenter, pour redevenir encore plus pauvres qu'ils ne l'étaient avant d'entrer, Szerak ne put que ressentir une certaine pitié. Non pas cette pitié d'une bonne femme à la vue d'un mendiant mutilé par une quelconque maladie, mais cette pitié du guerrier, face à un misérable adversaire, qui se prétend tant de gloires, mais qui se fait soudainement prendre par la lâcheté lorsqu'il sent la mort approcher. Devant tant de misère, les cliquetis de l'or offraient une ambiance inquiétante. C'était le beau temps, avant la terrible tempête. L'espoir qui finit par se rompre.
L'attention de Szerak se posa sur une table, en particulier. Des hommes jouaient au cartes et aux dés. Les joueurs victorieux se distinguaient des autres, non simplement par la masse de pièces, qui formaient une rempart entre eux et le jeu, ainsi que les différents objets longeant le sol, contrastant avec les pudiques vêtements qui restaient aux perdant, mais surtout par leur joie sadique, comme s'ils savaient d'avance que leur victoire était dans la poche. Non loin de cette scène représentant le monde avec les immensément riches et les infiniment pauvres, se tenait un homme, assis à sa table, sirotant une bière et observant avec attention le jeu de ces hommes.
Le lobotomiste ôta sa capuche et se dirigea vers le bar le plus proche, commanda une bière et surveilla à son tour l'observateur. Il ne fit pas long avant d'aller se poser à ses côtés, tenant son verre à la main. Il fixa la table de jeu et s'adressa à Kyrstos avec une certaine nonchalance.

« N'est-il pas flagrant, la manière dont les hommes se font duper par le hasard, risquant toute une fortune afin de ne gagner que quelques sous. On accuse l'oie de manquer d'intelligence, mais l'homme est autrement stupide... »

Il se retourna enfin vers son interlocuteur et alla droit au vif du sujet. Il parlait à voix basse, bien que cela n'ait pas été très nécessaire, étant donné les bruits de fond de la salle de jeu.

« Je doute que tu ne m'aies pas reconnu, cher Kyrstos. Je ne sais pas toi, mais j'ai beaucoup réfléchis sur ce qui est arrivé, lors de notre dernière mission. Je n'ai rien trouvé qui puisse m'informer sur la nature de cette créature, et cela m'inquiète. Tu as pu ressentir l'étendue de sa puissance, tu devrais réussir à me comprendre, toi. Mais je ne suis pas venu ici pour te parler de cette chose. J'ai besoin d'informations, et j'espère que tu voudra bien collaborer. »

Sans attendre de réponse, Szerak continua.

« Je veux tout savoir sur Arthurus. Oui, je sais qu'il est parvenu à fonder son groupe hybride en profitant de la haine que beaucoup éprouvaient pour la guilde. Peut m'importe du comment, je veux savoir les pourquoi, les qui. Si cette chose est soudainement apparue, ses ambitions n'étaient visiblement pas celles que ses probables supérieurs avaient. Tu es un Dimir (et un devkarin, de plus), ne prétend pas que ce genre de détail te sois échappé, parce que je n'y croirai pas... »

Kyrstos vida sa bière d'un trait, et alla murmurer quelques mots à l'oreille d'un Orzhov visiblement très, très haut placé à en juger par la richesse de ses vêtements et l'étendue de sa bedaine. Il revint rapidement s'asseoir, sans quitter l'obèse des yeux.

*Pas ici, espèce d'inconscient. Tu parles de cela à voix mi-basse, du côté public et ouvert de notre façade ... Suis-moi.* La voix du compagnon de mission de Szerak avait résonné dans sa tête. Pourtant, Kyrstos n'avait à sa connaissance aucune magie. Peut-être une nouveauté, installée dans le bâtiment pour faciliter la tâche des vigiles. Ce qui expliquerait pourquoi lui ne parvenait pas à répondre de la même façon à son camarade. Il lui restait néanmoins d'autres formes de communication, comme Kyrstos en fit usage pendant qu'il marchait : lui tapotant le coude tout en se frayant un chemin dans la foule, Szerak obtint ainsi un début de réponse.
"Ainsi, tu espères découvrir l'identité de cette chose ..." Le code manuel ne permettait pas d'exprimer des émotions - ce n'était pas une invention Dimir pour rien, se dit Szerak - mais le langage corporel de Kyrstos parlait pour lui : épaules droites, nuque tendue, mains relâchées et grands pas ; il croyait peu aux chances de succès de Szerak, et était même carrément sceptique. "Pourquoi devrais-je partager l'information avec toi ? J'ai fait mon rapport aux nécrosages, à eux de décider en fonction des informations dont dispose la Dixième quelle stratégie nous devrons adopter. L'initiative personnelle, si elle peut rapporter gros à la guilde, est également très mal vue ... là haut."

Tandis que les deux Dimirs marchaient, Szerak répondit à Krystos, avec son même langage manuel.

« Disons que je suis surtout intéressé par les intentions de cet organe, visant la destruction de la Guilde, leurs raisons, voire leur identité. Je sais bien que c'est aux nécrosages de prendre les choses en main, et que je devrai me plier à leurs décisions, quelles qu'elles soient. Je sais aussi que tu n'as aucun intérêt à me livrer ces informations. Mais réfléchis. Nous aurons probablement à travailler en équipe, toi, Konokha et moi-même, dès que les nécrosages auront décidé des mesures à prendre quant à cette organisation. Et si tous trois savions à l'avance toutes les informations utiles pour les arrêter ou les affaiblir, n'estime-tu donc pas qu'il en serait tout à notre avantage ? Que les choses soient claires, je ne désire pas aller seul affronter ces personnes. Ce serait du suicide de mon côté, et une échine dans le flanc de la Dixième... Non, tout ce que je veux, c'est savoir. Si je dispose des informations que tu détiens, je pourrai sans autre me préparer, établir des hypothèses, déduire leurs intentions, leur façon de fonctionner, les manœuvres qu'ils emploient pour arriver à leurs fins, etc. Avoir une longueur d'avance, voilà tout ce que je veux. Et si jamais les nécrosages décident d'affecter cette mission à quelqu'un d'autre que moi... Il est évident que je ne bougerai pas de ma place. Je ne veux pas jouer les aventuriers solitaires, c'est exclus.
Toi, tu n'as aucun intérêt à me livrer ces informations, c'est vrai. Mais tu n'as pas plus de raisons pour me les cacher. Cette chose nous traque. Je l'ai vu, Konokha l'a vu, et elle est au courant de ta présence dans les lieux de l'accident. Elle pourrait apparaître d'un moment à l'autre, pour nous exterminer. Si nous étions plusieurs en connaissance de quelques informations en plus, nos chances de survie augmenteraient considérablement. »

Ils arrivèrent devant une tenture représentant un gobelin avec un sac d'or dans chaque main. Kyrstos l'écarta, et les deux Dimirs entrèrent dans une petite salle qui devait être prévue pour y "cuisiner" les tricheurs.. Sur un signe de Kyrstos, les deux colosses qui gardaient une jeune femme à la tête recouverte d'un sac de toile sortirent de la pièce. Kyrstos parla alors.

"C'est vrai que nous courrons tous les trois un danger. Tu aurais d'ailleurs dû amener ton ami. Bref, voici un prisonnier de ces ... anti-Dimirs. Il ne nous entendra que si on injecte un hydromana dans sa cagoule. Que proposes-tu ?"

[HJ : Post édité]

« Il y a donc eu des survivants... »

Szerak porta sa main au menton et fixa le prisonnier avec son œil unique. Il grattait sa barbe naissante tout en songeant aux faits.

« Si je peux me permettre un petit éclaircissement, où et quand avez-vous trouvé cet homme ? Je serais bien curieux de le savoir. »

La réponse fut quasi-instantanée. D'après Krystos, cet homme a été capturé par la Dixième, alors qu'il revenait à la base après une mission. Se grattant toujours le menton, Szerak analysa rapidement les faits, puis les partagea avec le Dimir.

« L'interrogatoire est une manière fort délicate de procéder pour obtenir des informations. Le mieux est de lui poser des questions dont il ne doit répondre que très simplement. D'ailleurs, quelles moyens pouvez-vous employer pour le forcer à ne dire que la vérité ?
En ce qui concerne les questions à lui poser, si on l'ignore, la première chose à faire est de lui demander à quelle guilde il appartient, ou appartenait, avant de rejoindre Arthurus. Suivi par les raisons pour laquelle il est entré à faire partie de l'organisation, ainsi que les promesses qui lui ont été faites. Nous pourrons ensuite lui demander quelle mission lui a été affectée, lorsqu'il a été capturé. Suivi de petites questions concernant cette mystérieuse mission. Connaître son rôle au sein de l'organe peut s'avérer utile pour continuer l'interrogatoire. Et enfin, a-t-il ressenti quelque chose de louche concernant Arthurus.
Ceci n'est pas un mode d'emploi, mais nous avons déjà une petite idée sur l'évolution de l'interrogatoire. Il nous faudra ensuite improviser, selon les réponses qu'il nous donnera. Et puis... »

Il ne cessa de fixer le prisonnier, lorsqu'il continua.

« Je voudrais aussi connaître la tienne, d'expérience, au sein de cet organe. »

Szerak tourna enfin la tête vers Krystos, se grattant toujours le menton. Il finit par lâcher ce dernier, tendant la main vers son interlocuteur. Il matérialisa une sphère de mana bleu, avant de s'adresser une nouvelle fois à lui, affrontant son double regard avec son œil unique.

« Puis-je avoir cet honneur ? »

Kyrstos le jaugea longuement du regard, puis acquiesça, l'air de dire "vas-y". Il recula ensuite derrière la femme, de sorte qu'elle ne puisse pas le voir, et répondit :
"Pour ce qui est de faire parler la prisonnière, je pensais à une pure pression psychologique : ses compagnons sont décimés et son leader s'est révélé être un traître, lui aussi massacré par ailleurs. Mais si tu préfères quelque chose de plus ... traditionnel, tu trouveras quelques jouets sur l'étagère derrière toi. Son rôle est connu, et pour cause : il n'y avait pas de véritable hiérarchie. Des équipes de trois personnes qui sont affectées à une mission dont la difficulté correspond à leur compétences, et Arthurus qui commande le tout.
Quelques-uns ne sont pas des permanents et sont de simples contacts qui vivent sous une couverture, et certaines équipes mènent une vie officielle, en tant que marchands, gardes, etc ... Sur ce point en tout cas, ils ont parfaitement imité la stratégie de notre guilde.
Je crois que tout a été dit. Prêt ?"

Szerak fixait Krystos, tandis que ce dernier lui parlait. L'histoire commençait petit à petit à s'éclairer. Sa main tremblait, un peu à cause de l'hydromana, un peu parce qu'il n'avait encore jamais effectué d'interrogatoire. L'idée d'extraire des informations par la force, qu'elle soit physique ou psychologique, l'excitait. Le Dimir se retourna lorsque son interlocuteur lui montra les instruments de torture posés derrière lui.

« Je pensais plutôt à des sérum de vérité, ou des enchantements, plus qu'à des outils de torture, mais si ce que tu dis est vrai, nous n'aurons besoin ni de l'un ni de l'autre. »

Il fixa à nouveau la prisonnière avant de continuer

« Je n'avais pas pensé au fait que les seules personnes à qui elle devait être attacher ont été soit tué en mission, soit massacré par l'arme de leurs propres coéquipiers... Cette femme n'a plus rien, si ce n'est un désir de se venger du responsable, si ce dernier n'eut pas déjà été assassiné. Ma procédure devient quasi inutile, je suis presque certain qu'elle répondrait à toute question. Je ne serais d'ailleurs pas étonné qu'elle nous raconte tout ce qu'elle sait spontanément... En ce qui concerne l'organisation, je suis persuadé qu'un traître Dimir, sans doute membre de la rébellion, soit parmi les cerveaux haut placés. Trêve bavardage, allons-y. »

Avant de commencer l'interrogatoire, Szerak prit soin d'enfiler sa capuche, histoire de donner un peu de style à la situation. Un homme portant une longue cape et une capuche donne meilleur impression qu'un borgne au cheveux violets (quoique...). La petite sphère de mana bleu jaillit de sa main pour s'injecter dans le tissu de la cagoule. Le Dimir put voir des fibres tendre au progressivement au bleu, dessinant une sorte de cercle qui partit du point d'impact pour finir derrière la cagoule. Szerak s'adressa à la prisonnière avec un ton froid, privé de toute forme d'émotion. Pendant un instant, il se sentit un nécrosage...

« N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal. Si vous accepter de collaborer et de répondre à toute mes questions, je saurai vous récompenser, comme il se doit. »

* Quel meilleur salut, que le sommeil éternel ? *

"Qu'est-ce qu-"
Sous la cagoule, le visage bougea tout à coup, comme si l'injection de l'hydromana avait réveillé la prisonnière. La toile se plissa tandis que la femme tentait d'ôter la cagoule en agitant le visage. En vain : celui qui l'avait ligotée sur cette chaise n'avait pas oublié d'attacher la cagoule. Quelques mèches brunes glissèrent sous la toile, et ce fut tout. La prisonnière sembla se calmer un peu, puis parla d'une voix précipitée, apeurée, avant de réaliser où elle devait se trouver - probablement rassemblait-elle ses souvenirs les plus récents.
"Où suis-je ? Je ne- d'accord. Je comprends."
Sa voix se fit moqueuse et nonchalante, mais une haine sans limite transparaissait parfois dans ses intonations, et elle prononcait certains mots d'une voix rageuse.
"Un Dimir. Un fou qui se croit maître du destin, un fou qui se fait volontairement pion d'un autre plus fou encore, un fou qui accepte d'être le pion du destin sans rechigner. Tu es le premier Dimir que je rencontre, et tu es tel que je me l'imaginais : tu as des paroles fausses, tu mimes pathétiquement une amabilité à laquelle le premier gobelin venu ne croirait pas, et tu me promets une illusoire récompense. Crois-tu vraiment pouvoir me tromper, Dimir ? Tu es bien un fou. Jamais je ne trahirais mes compagnons tués par vos hommes de main, quand bien même tu m'offrirais des montagnes d'or. La parole d'un fou comme toi vaut moins encore que celle d'un ivrogne, et les traîtres et les lâches de ton espèce ne méritent que le mépris."

Szerak écouta la prisonnière avec un large sourire dessiné sur son visage. Il portait une certaine admiration pour cette femme, dont la réaction était totalement inverse à ce qu'il imaginait. La situation devenait intéressante. C'était à présent à lui, de reprendre les choses en main. Lorsque la prisonnière termina son monologue, le lobotmiste laissa échapper un rire, mêlé de moquerie, de surprise, mais aussi d'admiration. Il lança un clin d'oeil à Krystos, qui disait : " Parfait, elle ne sais pas que tu es là ", mais aussi : " Ce qui va sortir de ma bouche ne doit pas sortir de cette salle ". Une fois son euphorie terminée, il reprit à parler, avec un ton qui était tout autre que celui qui accueillit la femme tout à l'heure. Il marquait essentiellement la joie. La joie et un peu de moquerie, aussi.

« Et bien, pour être prisonnière dans la guilde que tu as combattu, dont tu as été la cible et qui est capable de te torturer jusqu'à te faire pleurer des larmes de sang, je trouve que tu ne manque pas de culot. Soit tu es très courageuse, soit tu es ignare des moyens dont dispose la guilde pour faire parler les plus courageux... ou les plus ignorants. »

Il marqua une pause et commença à faire les cent pas devant la prisonnière. Le bruit de ses bottes contre le sol carrelé résonnait dans la pièce.

« Je trouve cependant fort triste que tu me juge ainsi, sans me connaître. Des paroles fausses, mimer l'amabilité, tout cela ne me ressemble pas ! Mais le travail oblige, tu sais. Je ne peux pas en faire qu'à ma tête. Comme tu l'as si bien dit, je ne suis qu'un petit pion qui sert un fou ! Certes, on a beau être des fous, mais nous savons comment convaincre les prisonniers à parler. C'est la procédure, mettre à l'aise une pauvre femme qui a perdu ses proches, qui n'a plus rien à perdre, afin qu'elle dise tout ce qu'elle a à dire. Et enfin, lui offrir la tant attendue récompense... »

Il s'arrêta net. Le silence régna durant quelques secondes. Szerak le coupa avec un commentaire au ton glacial...

« Un voyage sans retour pour l'au-delà. »

Il s'approcha de la prisonnière, s'agenouilla devant elle, comme s'il lui parlait à l'oreille. Sans doute pouvait-elle sentir son souffle, malgré la cagoule. Il reprit ensuite avec un ton froid, qui tourne le couteau dans la plaie sans pitié. Une vrai torture mentale, sans doute bien plus efficace que toutes les machines qui se tenaient derrière le Dimir.

« Regarde la vérité en face, tu n'as plus rien. Lorsque tu as rejoins Arthurus, tu n'avais déjà plus rien. Tu as cru à ses vaines promesses, tout comme tes compagnons. Tu t'es faite des amis, tu étais heureuse, tu avais l'impression que ton existence avait à nouveau un sens. Tu n'avais qu'à aider cet homme et ses ambitions que tu approuvais, et tout ce serait bien passé. Mais voilà qu'ils périssent, tous. Ils se sont massacrés par leur propres armes, peut-être en as-tu aussi tués quelques-uns. Au moins ne les as-tu pas vu agoniser sous ta lame, n'est-ce pas ? Et pourquoi tout ceci est-il arrivé ? Arthurus n'as pas suivi le programme qui lui as été soumis. Il avait un dessein de puissance, et il vous auraient tous tués, si cet homme étrange ne l'aurait pas fait à sa place. C'est donc Arthurus, le meurtrier de tous tes compagnons, et l'assassin de tous tes rêves. Et comble du malheur, tu ne peux même pas te venger, quel dommage ! Arthurus est mort, tout comme tes amis, tout comme toi, au fond. Tu n'as plus qu'un corps et le souvenir d'une existence qui aurait pu être parfaite, mais qui finalement ne le sera jamais. Pourrais-tu continuer à vivre, en songeant à tes amis qui sont morts pour rien, à ta vie qui n'a plus aucun sens et à celle que tu aurais pu vivre, mais que tu ne vivras jamais ? »

Une nouvelle pause. La prisonnière devait bien songer à ce que Szerak lui disait. Lorsque les mots devinrent des poignards qui tuaient son esprit à feu lent, il acheva sa torture.

« La mort, pour toi, est un salut. Te laisser moisir dans une cellule, sans la possibilité de te suicider, en te laissant seule avec ta pensée qui va ronger ton esprit comme la lèpre se nourrit de ta peau, serait la pire des tortures que tu puisse imaginer. Tu n'as qu'à me dire tout ce que tu sais sur l'organe auquel tu as appartenu et répondre à toutes mes questions, et je saurai te récompenser... »

Kyrstos sursauta, et s'approcha de lui à pas de loup avant de lui tapoter l'épaule dans le code secret des Dimirs avant de revenir se placer derrière la prisonnière.
*Fais attention. Elle ne doit pas se servir du désespoir comme soutien mental, elle pourrait en faire un bouclier. Si tu souhaites persévérer dans la torture psychologique et la maintenir sous pression, laisse-la découvrir de ses propres yeux à quel point sa situation est sans issue. Personnellement, ça m'a toujours donné de très bon résultats.*
De fait, la jeune femme se raidit sur son siège, désireuse de ne pas céder aux mots tranchants du lobotomiste. Mais ce dernier avait pu, avec délices, la voir tressaillir à quelques reprises.
"Rien n'est perdu. Je garderais en moins le souvenir de cette affreuse nuit comme le souvenir de ce que des fous comme toi ou Arthurus peuvent apporter à Ravnica. La destruction, c'est tout. Quel sens peut-tu y voir, Dimir ? Quel intérêt peut-tu bien trouver à servir ainsi le plus fou de vous, jusqu'à mourir ?
Sa voix, qui était ténue au début, sur le point de se rompre, gagnait de nouveau en force et en rage tandis qu'elle parlait. Et elle acheva sur cette affirmation d'une voix posée.
Ne serait-ce qu'en souvenir de mes compagnons tombés, jamais je ne te confierais le moindre secret. Quelque part, d'autres œuvrent à ta perte, et je ne les trahirais pas. Il restera toujours de l'espoir.", acheva-t-elle. Mais son assurance avait un peu faibli sur la fin. Sous les ténèbres de la cagoule, elle devait sûrement revivre le cauchemar de la salle à manger soudain plongée dans l'obscurité. La respiration de la femme s'accéléra tandis qu'elle imaginait entendre les fracas des armes et les cris d'agonie.

[hrp]Aucun rapport : j'ai découvert qu'écouter du classique épique stimulait mon envie de poster bien et souvent. En l'occurrance, la Chevauchée des Walkyries de Wagner. Juste pour que je ne l'oublie pas, et pour que tu n'oublies pas que les MJs sont des entités terrifiantes et incompréhensibles. [/hrp]

Le Dimir acquiesça à ce que Krystos lui transmit, puis fixa à nouveau la prisonnière avec intérêt, mais aussi avec une certaine perversion. Il ressentait un certain plaisir sadique en écoutant sa proie, qui tente désespérément de se servir de l'arme dont elle est la cible contre son agresseur. Mais ses mots ne touchaient en rien le lobotomiste. Il s'était posé toutes ces questions plusieurs fois depuis longtemps. Il avait décidé qu'il prendrait en main son destin, lorsqu'il aura enfin accomplis des objectifs bien définis. La réalité ne l'effrayait plus. Car il était enfin convaincu qu'il avait le pouvoir de le changer.

« Quel intérêt puis-je bien trouver à servir le plus fou de tous ? Je rêve, ou tu tente de m'attaquer avec des mots tranchants ? Qu'espère-tu obtenir, en te servant de la même arme avec laquelle je t'attaque depuis tout à l'heure, hein ? Je ne suis pas si facilement influençable, comme la plupart de prisonniers qui ont fini par mourir, leur esprit ayant atteint un niveau inouïe d’hystérie. Après avoir craché le morceau, bien sûr. D'ailleurs, l'un d'entre eux était aussi un survivant du massacre dont tu as été victime. »

Il marqua une petite pause, histoire que ses griffes rentrent dans la chair de sa proie. Il reprit également à faire les cent pas.

« Il était résistant, mais il a fini par parler. Sa cagoule était devenue trempe. Son état mental ne devait plus être très sain. Il tremblait comme une feuille et balbutiait. Lorsqu'il eut fini, nous l'avons fait enfermer, car nous étions insatisfaits des informations trop maigres. Nous lui avions arrachés les ongles, les dents, rasé le crâne et solidement attaché, afin qu'il n'ai aucune chance pour se suicider. Il portait un bandeau, pour que sa concentration ne soit focalisé sur rien d'autre que ses souvenirs, et un garde veillait à ce qu'il ne s'endorme pas. Nous l'avons retrouvé le lendemain, mort. Les murs étaient rembourrés, donc assez mous pour qu'il ne puisse pas s'éclater la tête, mais assez durs, pour qu'il se casse le nez. Nous avons établi l'hypothèse qu'il a dû renifler des débris dos, bloquant les voies respiratoires. À présent, nous attachons nos prisonniers à une chaise, avant de les ligoter solidement... »

Il marqua une pause et s'arrêta net. Il reprit avec un ton doux, mais qui paradoxalement tranchait l'air avec une lame fine.

« Mais il y a de l'espoir. Il y a toujours de l'espoir. Une lueur parmi les ténèbres. Le salut, pour une vie meilleur. »

La jeune femme se cabra soudain sur sa chaise, hurlant des son inarticulés. Son traumatisme venait la hanter sous la forme de l'obscurité qui régnait sous la cagoule, et les paroles de son tortionnaire avaient achevé de lui faire perdre son contrôle de soi. Ses cris semblaient ne jamais s'interrompre. Kyrstos restait stoïque, comme si il ne se trouvait absolument pas à moins d'un mètre de la source des hurlements hystériques mais qu'on lui disait à l'oreille le menu du dîner. Mais à peine la femme tombait-elle à bout de souffle qu'elle recommençait à s'époumoner de plus belle. Cela faisait plusieurs minutes.
Kyrstos croisa le regard de Szerak et d'un geste sec, il lui ôta sa cagoule. Ils n'en auraient rien tiré ainsi. Le visage très allongé, presque chevalin de la jeune femme apparut dans la pénombre du cachot. Son visage n'était ni beau ni laid, en fait elle avait un visage absolument quelconque. A peine ses yeux découvrirent-ils la lumière des torches qu'elle cessa instantanément de crier, apaisée. Elle n'avait pas encore vu Szerak, adossé au mur opposé et dissimulé par les ombres dansantes des torches. En fait, elle semblait avoir totalement oublié l'endroit où elle se trouvait l'espace d'un instant.

Szerak observa la prisonnière hurler, comme si ses organes se désagrégeaient de l'intérieur. Une douleur inexprimable venait de traverser son corps. La cagoule semblait littéralement transformer les troubles psychiques en douleur physique. En voyant un tel spectacle, le Dimir espéra de ne jamais devoir subir une telle punition. En revanche, il donnerait n'importe quoi pour admirer une telle flagellation mentale et physique subie par un tiers. Il fixait la torturée comme un Selesnyan admirerait la métamophrose d'une chrysalide en papillon. Mais son expression restait sérieuse, comme s'il était fier de son travail, sans y mettre de la prétention.
Ce qui le surpris le plus était la réaction de la prisonnière, lorsque Krystos retira la cagoule. Elle se regardait autour, comme après un mauvais rêve. Le Dimir hésita à lui rappeler qu'elle venait d'affronter une douleur bien réelle, mais il estima qu'elle finirait bien par s'en rendre compte. Laisser sa proie mijoter et prendre conscience elle-même de son état, tel était le conseil de Krystos. Alors Szerak patienta plusieurs secondes, peut-être une minute, voire deux, avant de reprendre à nouveau la parole, avec un ton glacial, comme privé de toutes émotions humaines.

« Dois-je vous poser une nouvelle fois la question, mademoiselle ? »

Ce ne fut pas un lapsus, si le lobotomiste se servit de la deuxième personne du pluriel, et non du singulier. Il avait commencé par la vouvoyer, avant qu'elle ne réagisse et commence petit à petit à sombrer dans l'hystérie. Ce qui est troublant avec les rêves est que l'on ignore toujours quand on s'est endormi. Tel était l'objectif de Szerak, la mettre dans le doute. Selon ses intuitions, la prisonnière commencerait par se demander quelle était la question dont parlait le tortionnaire, sans forcément se demander tout de suite qui était ce dernier. Puis, commencerait son cheminement vers le souvenir des évènements. Une vive discussion, pleins d'émotions ressenties, puis la douleur atroce. Enfin, arriverait la lourde tâche de discerner ce qui était rêve et ce qui était réel. Le doute. Une arme simple et efficace. Capable, dans le pire des cas, à séparer un même esprit en deux êtres ayant une opinion totalement différente. Ce que l'on appelle aussi schizophrénie.

La jeune femme, qui promenait un regard encore abasourdi autour d'elle, eut soudain une expression d'horreur grandissante tandis qu'elle découvrait le cachot autour d'elle. Son visage se décomposait au fur et à mesure, tandis que son esprit retrouvait son calme et se remettait de son choc.
Elle tressaillit quand elle entendit la voix de Szerak, et mit du temps avant de le repérer, dissimulé parmi les ombres. La silhouette encapuchonnée ne l'aida guère à se mettre en confiance.
"D-De quelle question parle-tu, pauvre fou ?"
L'insulte sonnait comme un bouclier dressé pour gagner du temps afin de réfléchir, et la voix douce, si elle avait perdu son agressivité et était devenue hésitante, était restée digne et orgueilleuse.

Le lobotmiste commençait par perdre patience, face à tant de ténacité. Il hésita à retirer la cagoule des mains de Krystos et faire comprendre à cette prisonnière qu'il vaut mieux ne pas plaisanter avec les Dimirs. Mais il tint bon, pour d'excellentes raisons. Premièrement, ae mettre dans un tel état de nervosité n'était pas bon pour sa santé, déjà mentalement instable. Ensuite, en agissant ainsi, il aurait agit exactement comme l'espérait cette activiste. C'était une bataille entre les nerfs du Dimir et ceux de la prisonnière. Il ne devait pas lâcher, surtout pas avant elle. Il prit un ton incroyablement calme, lorsqu'il s'adressa à sa proie.

« Tu sais très bien de quoi je parle. Et cesse de me traiter de fou, s'il y a quelqu'un ici qui n'a plus toute sa stabilité mentale, c'est bien toi. »

Il laissa ensuite le silence régner dans le cachot. Elle voulait gagner du temps pour réfléchir, très bien, qu'elle réfléchisse. Mais ce ne sera pas dans le calme et le silence d'une bibliothèque. Ce sera avec l'agitation et la nervosité d'une proie, sentant son prédateur à deux doigts de l'attraper, sans savoir quand ni comment. Le Dimir se détacha doucettement de la paroi où il était adossé et s'approcha lentement de la prisonnière, tout en retirant sa capuche. Ses pas résonnaient dans le cachot un à un, avec un intervalle de temps qui semblait durer une éternité, tel un danger qui approche inévitablement, sans que l'on puisse rien faire pour empêcher son fléau de s'abattre.
Le lobotomiste était à présent en face de sa prisonnière, le visage vide d'expression. Il posa un genou à terre, afin d'être à la même hauteur que ses yeux. L'iris rouge de Szerak fixait sa proie avec l'agressivité d'un prédateur. Comme si cet œil allait sortir de son orbite et dévorer la chair de la prisonnière, comme une termite ronge le bois. Il se sentait terriblement seul, sans son ami, tranché depuis des années. Le borgne déplaça lentement sa main entre les cheveux de l'activiste, avant de tenir d'une main ferme son crâne. Bien qu'elle puisse encore porter son regard ailleurs, le rapace qui l'observait avidement restait à présent dans son champ de vision, ne cessant de hanter son esprit.
Szerak sentait le souffle agité de sa proie, tandis que le sien restait faible, comme s'il ne respirait même pas. Il reprit la parole d'un ton glacial, mais qui n'avait rien d'une menace. Il sonnait plutôt comme un salut d'outre-tombe.

« Dis-moi tout ce que tu sais d'Arthurus et de son organisation. »

La femme grogna et se raidit lorsque le lobotomiste posa sa main sur son crâne. Elle ne tenta pas de se soustraire à la poigne du Dimir, ce qui lui apprit une chose : elle avait conscience de sa position d'infériorité, et ne se faisait pas d'illusions. Ce qui ne l'empêchait pas de trembler, de froid ou bien de peur. Sa voix tremblait également quand elle lui répondit d'un ton qu'elle aurait souhaité plus hargneux :
"A mes yeux tu es un fou, et fou je te nommerais. Arthurus est mort, sinistre crétin - tu préfères ? - et son organisation, comme tu dis ..."
Elle s'interrompit un bref instant, puis reprit, ses yeux étincelant de rage.
"Son organisation n'est plus. Que veux-tu que je t'apprenne d'autres que ce que tu as pu voir là-bas ? Que peux-tu encore souhaiter de pire, misérable fou ?"

* Arthurus est mort... *

Cette simple remarque étincela dans l'esprit du Dimir, telle une allumette avant de s'enflammer. Il eut une véritable illumination. Peut-être qu'après cette dernière intervention, la prisonnière viderait enfin son sac. Il reprit ce ton qu'il associait aux nécrosages, froid et sans vie, mais qui impose une autorité à laquelle on ne peut jamais échapper. Cet oeil angoissant qui la fixait était un plus qui permettait de faciliter les choses.

« Son organisation n'est plus, comme tu dis. Mais Arthurus n'est certainement pas mort. Nous avons de bonnes raisons de croire que cette soirée, cette tragique soirée, n'ait été qu'un coup monté. Tes amis et toi deveniez très nombreux et ses intentions n'étaient pas celles que vous croyiez. Une telle masse de personnes renforcées par la colère devient rapidement difficile à maîtriser. Estimant ses objectifs atteints, il s'est débarrassé de vous, sans y aller de main morte. Quel meilleur moyen de tuer en masse, qu'un massacre collectif. Tes amis et toi avez été ses marionnettes jusqu'à la fin. »

Les "compagnons" de l'activiste devinrent soudainement ses "amis". Bien sûr, car ils étaient tous des amis, tous dans la même misère, visant un objectif commun. Le petit grain de sable se rendit compte qu'il n'était pas seul, dans ce vaste désert. D'autres subirent la même torture. Cette organisation était surtout une issue à cet enfer de vie qui n'était pas suicidaire (ou du moins, il n'en avait pas l'air). Voilà ce que la prisonnière devait comprendre, d'après les estimations du lobotomiste.

« Ce que je souhaite encore de pire, ma petite, est la mort d'Arthurus. Je veux qu'il subisse une si terrible torture, qu'il en devienne un véritable légume. Toujours vivant, mais mentalement éteint, devant subir cette terrible torture qu'est la vie, privée de tous ses plaisirs. »

Cette remarque avait un double effet, d'après les intentions de Szerak. Elle devrait retentir dans l'esprit de la prisonnière comme son propre désir : la fin de cet homme dans d'atroces souffrances. Mais en même temps, elle devrait le sentir comme une sorte de menace. Comme si elle subirait le même sort, si elle ne satisfaisait pas le tortionnaire.

* En passant, l'idée du coup monté de la part d'Arthurus n'est pas à mettre de côté... *

Après la tirade de Szerak, le silence retomba. La femme ne disait rien, mais fixait le mur d'un regard vague. Le lobotomiste, qui la regardait attentivement, décela les premiers signes de la crise : le menton tremblait imperceptiblement alors que les maxillaires étaient pourtant crispées, et elle serrait les poings à s'en faire blanchir les phalanges.
Quelques secondes s'écoulèrent, puis elle s'arqua, rejeta la tête en arrière et hurla.
Ce n'était pas un cri de terreur, ni un appel au secours. Ni désespoir ni même tristesse n'étaient perceptible. C'était un hurlement de colère et de haine, inarticulé et primitif. Il fut long, très long. Szerak, qui avait malgré tout retrouvé un peu de patience, se demanda fugitivement combien d'air un être humain peut conserver en lui.
Enfin, le hurlement s'arrêta. La femme, haletante, braqua sur son tortionnaire un regard fou.
"Je m'appelle Erin. Laisse-moi t'aider à retrouver cet enfant de putain, cet immonde monstre, et tue-moi ensuite si ça te sert toujours, Dimir. C'est tout ce que je veux."
Alors que Szerak réfléchissait à toute vitesse, il remarqua qu'elle n'avait pas renoncé aux intonations belliqueuses, mais qu'elle ne l'avait pas insulté pour la première fois. Ou bien il venait de faire une avancée importante dans la guerre de position qui l'opposait à sa prisonnière, ou bien elle jouait bien mieux la comédie qu'on ne pourrait le croire ...

Un sourire de satisfaction se dessina sur le visage du Dimir. C'était fait, enfin, elle était prête à parler. Du moins, elle en avait bien l'air. Avec la main qui tenait toujours le crâne de la prisonnière, Szerak caressa ses cheveux, puis lui tapota amicalement la joue, tel un père satisfait de sa gentille fille. Il se leva et s'adressa à elle avec un ton qui n'avait plus rien ni de dur ni de glacial. C'était rien de plus ni moins que la voix d'un homme satisfait.

« Très bien, je suis content que tu veuilles enfin collaborer. J'apprécie également toute cette énergie ! Sois certaine que nous attraperons cet homme, tu n'auras qu'à faire tout ce que je te dis et tout ira pour le mieux. »

Il s'arrêta de parler pour retourner à son poste de départ. Il s'adossa contre le mur, en fixant d'un air satisfait la prisonnière. De puis là, il pouvait aisément donner et recevoir des signaux de Trystos, que la femme ne semblait toujours pas avoir remarqué. Les choses tournaient enfin pour le mieux. Szerak espérait seulement que cela dur le plus possible.

« Alors je t'écoute. Parle-moi de ce chien, de son organe et aussi de ton rôle en son sein ; les promesses qu'il t'as faite, ce qu'il disait aux membres, le contact entre lui et vous, quoi. Toutes ces informations pourraient nous donner des indices concernant ses prochains agissements. Avec un peu de chance, nous arriverons peut-être même à le localiser. Cela ne dépend plus que de toi et de tout ce que tu vas me dire... »

Sujet: Re: Pour quelques sous Dim 11 Sep 2011 - 22:53

La femme se raidit quand il lui toucha la joue, puis se détendit lorsque son tortionnaire revint s'adosser au mur.
"Ne te méprends pas, Dimir. Je ne veux pas d'ambiguïté. Je veux pouvoir tuer Arthurus, ou sinon, au moins le voir mourir. A cette seule condition, je vous dirais tout ce que je sais."

Malheureusement pour le Dimir, sa mission n'était pas encore à son terme, bien qu'il en soit très proche. Il ne lui manquait qu'un seul pas, mais il était toujours en équilibre sur une corde, avant de pouvoir enfin poser son pied sur un sol stable. Szerak devait plus que jamais jouer ses atouts de la meilleure des façons, ou tout aurait été inutile. Par chance, il avait une idée d'approche qui pourrait fonctionner.

Il commença par lui faire croire que ses conditions seraient difficiles à satisfaire. La difficulté était dans le choisir un point milieu, tel un marchand : pour un prix trop bas, cela n'apporte pas de bénéfice et pour un prix trop élevé, personne n'achète.
Toujours adossé au mur les bras croisé, le Dimir observa la prisonnière avec un sourire en coin qui disait : "Navré...".

« J'espère que tu sais que ce que tu me demande là est difficilement réalisable. On n'a pas l'habitude de laisser que des spectateurs puissent assister à un interrogatoire. Cela dépend de la personne désignée à la torture du sujet. »

Szerak marqua une légère pause, à peine le temps de se dégager de la paroi et de faire un pas en avant. Pas assez longtemps pour laisser à Erin la possibilité de trop désespérer. Sa colère n'était qu'une petite flamme que le Dimir éteignit immédiatement, ne lui laissant pas la moindre chance de se répandre davantage.

« Dans le cas d'Arthurus, ce sera moi, cette personne désignée. Donc, mes conditions, à moi, ne changent pas. »

Nouvelle pause, afin de laisser le désir de sa proie grandir, à présent que le désespoir s'éteignit.

« Dis-moi tout ce que tu sais, Erin, et je te promet que je saurai te récompenser. Je te promet que tu verras la vie sur les yeux d'Arthurus disparaître. Ou mieux... que ce sera toi qui aura la possibilité de l'éteindre. »

"Je t'ai dit que je le tuerai. Et je sais que ta parole n'a de valeur que tant qu'elle te sert, Dimir. Je te guiderai aux autres cachettes que je connais, et dès que nous l'aurons trouvé, je ne t'aiderai plus jusqu'à ce que je l'aie tué."

Son ton, qui tremblait encore un peu à ses premières paroles - impossible de savoir qui du chagrin ou de la colère dominait dans la tempête qui devait rager sous son crâne - était redevenu le ton fluide et belliqueux qu'elle utilisait au début de l'interrogatoire. Kyrstos, tapotant dans le code Dimir l'avant-bras du lobotomiste borgne, lui fit comprendre qu'il devait prendre congé, car son disciple l'attendait. Il lui donnait rendez-vous dans deux jours dans ce même casino, côté public, pour faire le point. Puis il sortit après que Szerak lui ait répondu, et fut remplacé par un des gardes qui se plaça à son tour derrière la prisonnière. Cette dernière n'avait pas cillé, mais son souffle court trahissait l'horreur que lui inspirait sa situation.

Szerak se força de dissimuler sa frustration, restant impassible comme une statue, tandis ce que dans son esprit régnait le chaos.

*Non, non, bon sang ! Elle est entrain de me filer entre les doigts ! *

Il s'approcha de la prisonnière tout en poussant un petit rire étouffé. Une fois très proche d'elle, il posa un genou au sol et fixa sa victime avec un oeil rouge perçant comme celui d'un meurtrier, proche de passer à l'acte. Il avait un sourire qui ressemblait paradoxalement à une menace, plutôt qu'à un réconfort.

« Eh ! Freine, freine. Je crois que tu n'as pas saisi la situation, très chère. Pour commencer, je ne serai pas présent lors de l'opération de capture, tu ne me conduiras donc nulle part. Deuxièmement, sois-en certaine que tu ne sortiras pas d'ici, tant que moi je n'en aurai pas donné l'autorisation, me suis-je bien fait comprendre ? »

Le Dimir aurait voulu lever la tête vers le remplaçant de Krystos, afin de l'informer que ses paroles n'étaient qu'une comédie pour la prisonnière, mais son regard était posé sur celui d'Erin, telle une lame prête à transpercer. Il se contenta de tapoter son propre genou discrètement, comme s'il parler à l'avant-bras du garde dans le code des Dimirs, espérant que cela suffise. Il savait qu'il ne serait probablement pas intervenu, mais il est généralement mal vu qu'un homme se prenne des droits qui ne lui appartiennent pas.
Une fois le garde rapidement et moyennement informé, Szerak porta sa main sur le crâne de la prisonnière, serrant légèrement, comme il fit auparavant. Sa victime devait le regarder droit cet oeil perçant et menaçant.

« Se précipiter ainsi dans la gueule du loup est suicidaire. Peut-être que tu n'as plus aucune raison de vivre, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, figure-toi. Si tu souhaite vraiment tuer Arthurus, tu devras déjà commencer à calmer ta colère, car ce n'est pas en te précipitant vers lui que tu le tueras. Nous voulons la même chose. Toi tu détient des informations précieuses et nous avons des espions qualifiés pour assurer sa capture. Une fois que nous aurons fini avec lui, tu pourras faire ce que bon te semble, mais nous avons besoin de lui vivant. Entendu ? »

Il marqua une pause plutôt longue. Il n'attendait pas vraiment une réponse, mais il voulait que le "D'accord" résonnât dans la tête de la prisonnière. Pour l'aider à choisir, il acheva sa torture avec un ton froid, le sourire effacé déjà depuis bien longtemps.

« C'est bien dommage, car je pensais que tu t'étais enfin décidée à collaborer, mais ça n'a pas l'air d'être le cas... Je ne t'ai demandé qu'une seule chose et tu ne semble pas être prête à la satisfaire, c'est bien dommage... Je peux d'aider, Erin, et je veux t'aider. Mais je ne te donnerai rien, sans avoir en retour. Nous ne te jetterons pas dans les bras de la mort sans un plan et nous avons besoin de savoir ce que tu sais pour préparer un plan. Mais si tu continue de douter de ma parole, ton désir de vengeance continuera de te torturer coeur et esprit, à jamais. »

Avant de porter le coup de grâce, Szerak approcha sa bouche à l'oreille de sa victime et murmura des mots à glacer le sang. Une menace, camouflée dans un choix, apportant le salut.

« Tu n'as qu'à choisir entre la possibilité d'une réussite ou la certitude d'une défaite. »

Sujet: Re: Pour quelques sous Lun 5 Mar 2012 - 23:21

"Tu as de bien jolis mots pour un fou, Dimir. Soit, j'accepte de te révéler les informations les plus importantes que je connaisse. Mais, serait-il possible de le faire dans des circonstances plus ... confortables, si nous sommes effectivement associés ? Un simple broc d'eau serait convenable, et je ne crois pas que vous ayez grand-chose à craindre d'une simple humaine, même avec des tessons potentiels à portée de main, si ?"
La jeune femme, qui avait à quelques instants semblé avoir peur pendant la tirade de Szerak, semblait avoir retrouvé son assurance. Toutefois, une fêlure était toujours perceptible dans sa voix, et on pouvait toujours la déceler dans son regard. Erin était folle de haine, Szerak avait au moins réussi sur ce point.

[HJ : je m'excuse pour le retard. Je n'ai pas un long post pour me faire pardonner, mais j'espère qu'il soit de qualité ^^ (et efficace, aussi...)]

La situation ne plaisait décidément pas au Dimir. Elle commençait à lui échapper et cela le dérangeait. La prisonnière lui faisait des demandes qu'il ne pouvait satisfaire, n'étant guère responsable des tortures... Il était simplement là, à s'occuper d'un travail qui n'était pas le sien par l'étrange tournure qu'ont pris les évènements. Il cherchait simplement des informations concernant une créature et il se retrouva à négocier avec une prisonnière pour qu'elle l'aide à capturer un homme qui n'existait plus. Szerak avait l'impression de faire des pas en arrière, s'éloignant de son objectif principal. Il devait reprendre les choses en main, avant qu'elles ne dégénère.

Le lobotomiste se redressa et fixa Erin d'un regard qui aurait pu paraître innocent et naturel, s'ils n'étaient pas à quelques centimètres l'un de l'autre, le prédateur fixant sa proie de haut en bas. Un sourire en coin qui inspirait une involontaire méfiance, Szerak s'adressa avec un ton ironique à la prisonnière.

« Mais oui, tu as raison ! Et pourquoi ne pas également s'offrir un voyage de plaisance, histoire que notre cible puisse aisément nous filer entre les doigts ? »

Il s'adressa ensuite à sa proie, avec un ton similaire à celui d'un père qui essaie de consoler son enfant en larmes, dont les caprices ne sont pas satisfaits.

« Erin, chaque seconde qui passe, Arthurus s'éloigne toujours plus de nous, tu comprends ? Et tu ne veux pas qu'il nous échappe, n'est-ce pas ? »

Avant de continuer, Szerak posa une main sur l'épaule de la prisonnière et rapprocha sa tête vers la sienne. Il avait toujours son sourire en coin et son ton paternel, qui étaient en contradiction avec les paroles qu'il échangea avec sa proie.

« Toi, tu veux le voir mort, n'est-ce pas ? Tu veux qu'il agonise ici-même, à tes pieds, implorant une pitié que tu ne lui accorderas jamais. Dans ses yeux terrifiés et torturés tu verrais le sang de tes frères, qui a coulé pour satisfaire ses désirs qu'il ne pourra plus jamais atteindre. Son corps et son esprit agonisants, implorant pitié et salut, représentent une vengeance que tu accomplira au nom de tous ceux qui ont rencontré la mort, pour ses caprices. Quel dommage, si tout ceci ne devait pas se réaliser, n'est-ce pas ? »

Par cette tirade macabre, Szerak espérait toucher la prisonnière en deux points. Pour commencer, elle devait comprendre que son acte (irréalisable) de vengeance n'était pas pour son propre intérêt seulement, mais surtout au nom de tous ses compagnons qui périrent lors de ce massacre auquel le Dimir lui-même eut assisté. Puis, dans un deuxième temps, il espérait qu'elle s'identifie également dans cet Arthurus proche de la mort, et qu'elle ne voudrait endurer cette situation pour rien au monde.
Après ces derniers mots, le lobotomiste espérait pouvoir enfin atteindre son objectif. Dans le cas contraire, il devait songer à changer de stratégie, parce que cette situation instable ne pouvait plus durer.

« Ne perdons pas de temps, Erin. Nous en manquons... »

» Sous-caracteristiques ou competences
» Sous les pavés, les plantes
» Quelques heures à tuer...
» pour changer....
» Lieux et batiments à intégrer au forum