Une Réunion pas comme les autres ...

Sujet: Une Réunion pas comme les autres ... Dim 23 Jan 2011 - 0:55

Rahinov était posé sur son fauteuil. Plusieurs canapés en cuir de haute qualité était dissémés dans la pièce principale, autrement dit le salon, pour que les convives puissent s'asseoir tranquillement, tout en appréciant l'agencement moderne du salon du pontife. Il avait choisi des tons variants de Noir à Blanc, pour la simple et bonne raison que ce sont des couleurs simples qui ne surchargent pas la pièce. Un tapis en fourrure d'ours polaire se tenait au milieu de la pièce, une cheminée étant installée à côté, de manière à ce que ce salon soit bien chauffé, et qu'il arbore une ambiance chaleureuse, conviviale, et détendue. Rahinov se tenait assis sur son fauteuil favori. Une impression douce restait sur les doigts après avoir effleuré les accoudoirs, et c'est de cette manière là que l'orzhov concevait la finesse.

Au mur étaient installés des peintures ou canevas, en art abstrait, dont le mana faisait mouvoir constamment les formes des toiles. Ce salon était un élément essentiel de la demeure de Rahinov. Il s'était investit corps et âme pour se sentir au mieux, chez lui. Et, force était de constater que l'ensemble était reposant, splendide, et en même temps assez sobre, ce qui, mine de rien, accentuer le côté fin de la décoration. Le pontife n'aimait pas trop les ornements tape-à-l'oeil, trouvant cela inutile, et trop voyant, criad parfois, selon les couleurs utilisées. Définitivement, les couleurs sobres étaient les pièces maîtresse de cette pièce.

Watislav était le valet de Rahinov. Il était nourri, logé et blanchi chez le pontife, dans une chambre qui serait enviée de beaucoup, avec des repas copieux frisant l'abus. Non, vraiment, Watislav était bien où il était, et, même s'il était dépendant de l'orzhov, son statut lui convenait amplement. Il était dans les confidence de son chef, tout en étant source de conseils avisés quelquefois. Et le valet disposait, en plus de tout cela, d'un revenu plutôt appréciable, lui permettant de s'offrir quelques plaisirs de temps à autres. Il faut dire qu'il était efficace dans sa tâche. Toujours soucieux du bien être de son patron, Watislav savait lorsque quelque chose préoccupait le pontife. Et ensemble, ils parlaient de tout et de rien, de la pluie, et du beau temps. Mais ce que Watislav savait, et que les futurs invités ignorait, sauf un, c'est que Rahinov était le descendant du parun, du vrai parun Orzhov. et rien que ça imposait au valet, sans obligations de Rahinov, une grande forme de respect et de confiance. Si il existait un unique fidèle de Rahinov, ce serait Watislav.

On sonna à la porte, le valet, sans hésiter, alla ouvrir.

" Bonsoir Rahinov ... Soit donc honoré que j'ai fait le déplacement. Mais cette réunion s'avère intéressante, et j'aimerai y assister ... Puis-je ?"

Le pontife désigna nonchalamment un fauteuil en guise d'approbation

" Bonsoir maître. Vous êtes donc intéressé ? Cela me flatte, mais c'est une chose que je n'ai plus le droit de cacher. Mes expériences m'ont forcées à avouer tout aux autres en qui j'ai une grande confiance. En Markus et Kinay, mais aussi à Dame Silviel et Dame Alnyriev, qui me sont apparues comme deux femmes pour lesquelles je devais avoir du respect. Et de par les évènement d'avant, en sachant les confidences de sa part dont j'ai eu droit, je pense prendre la bonne décision en leur avouant mon secret, en même temps qu'à Kinay et Markus. "

" Et tu as raison ... "

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Dim 23 Jan 2011 - 19:00

Kinay ne marchait pas à une vitesse soutenue, il traversait les allées lentement, calmement et sans faire trop attention à ce qui l'entourait. Il semblait pensif, et il l'était, se demandant bien pourquoi son vieil ami l'avait confier, un secret apparemment, et pour faire une sorte de réunion chez lui, ce devait être important. Pour les gens qui était encore dans la rue à cet heure, ce n'était qu'un mendiant qui vagabondait, surement à la recherche d'une bouteille. Cela faisait un moment que Kinay n'avait pas eu de vraie vêtement, et son statut précaire, entre vie et mort, ne lui permettais pas de s'offrir mieux, par question de sécurité. Finalement il arriva en vue de la résidence du pontife, Kinay s'avança vers la porte. S'arrêta un instant, comme hésitant, avait il vraiment envi d'en savoir plus? Puis finalement frappa. Un silence suivit, Kinay commençait à douter. Mais finalement des bruit de pas se firent entendre et la porte s'ouvrit laissant apparaitre Watislav.

"Bonjour à toi, j'ai été invité par ton maitre, mon ami, à venir le rejoindre."

"Veuillez entrer sir Kinay, il vous attend dans le salon."

Kinay s'engouffra donc dans la demeure, allant en avant d'une révélation.

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Lun 24 Jan 2011 - 20:10

Anya se présenta à l’heure dite devant la porte du Chef Pontife. Elle était curieuse de savoir ce qui pouvait motiver l’invitation qu’elle avait reçue de celui-ci. Quelques jours auparavant, alors qu’elle était occupée à coudre une nouvelle robe – une commande d’un riche client qui avait retrouvé sa trace à présent qu’elle n’avait plus à se cacher des assassins de la famille Palerchov – elle avait en effet reçu une missive apportée par un srâne.

Elle avait au départ cru qu’il s’agissait d’une lettre de Lord Darkmore. Il avait en effet utilisé cette méthode pour lui annoncer la mort de Vuliev et lui dire qu’elle était à présent en sécurité. Bon, ce n’était pas tout à fait vrai, elle n’avait par exemple toujours pas osé revenir parler à Ivan de l’affaire de la taverne Poldan même si elle avait aperçu plusieurs fois le mage lors des réunions officielles de la guilde où elle venait régulièrement avec Vala suite aux demandes de la Matka. Savra n’avait jamais interrogé directement la jeune fille sur ses actions et ses motivations, mais elle avait en revanche beaucoup de questions sur son éducation et sur les Orzhov en général.

Au début, Anya hésitait à répondre car la Matka l’inquiétait un peu par sa soif de pouvoir et son désir de vengeance contre les Sœurs gorgones qui menaient la guilde à la catastrophe, mais elle accepta finalement de renseigner Savra sur ses questions les plus neutres. La jeune fille s’aperçut néanmoins rapidement que malgré ses défauts elle se révélait être généreuse et valorisait ceux qui la servaient bien, et au fil du temps Vala et elle en apprirent beaucoup sur la magie pratiquée par les Devkarin de la Citerraine.
Mais la Matka posait aussi régulièrement des questions un peu trop ciblées au goût de la demi-elfe, et perdait parfois son calme lorsque la jeune fille restait muette notamment sur les questions concernant des secrets de la famille Alnyriev qu’Anya ne souhaitait révéler à quiconque, pas même à ses amies. De même pour leurs relations avec Silviel, Anya et Vala cachaient le fait qu’elles correspondaient régulièrement avec la chantresse. Bien sûr, la Matka n’était pas dupe, d’autant que cette peste de Danys n’avait rien trouvé de mieux pour s’attirer les bonnes grâces de celle-ci que de lui rapporter tous les faits et gestes de ses deux amies. Encore heureux qu’Anya n’ait jamais parlé de son affaire avec Kinay à Vala et Danys, et que visiblement Ivan s’en soit également abstenu. Les autres personnes qui connaissaient Anya se doutaient bien de quelque chose, à ne plus la voir revenir chez son mentor, mais un accord tacite semblait avoir été passé entre eux.

Quoi qu’il en soit, Savra était bien trop avide des renseignements sur la Guilde des Transactions que lui distillait pourtant au compte gouttes la jeune demi-elfe pour rester fâchée longtemps. Et il était de plus en plus évident que la Matka avait des projets pour elle. Anya s’en inquiétait parfois un peu, mais elle se disait souvent qu’elle aviserait le moment venu. Quitte à fuir vers des quartiers extérieurs si nécessaire.

Enfin toujours était-il que l’arrivée du srâne de Lord Darkmore arriva comme une libération. Elle pouvait enfin retourner sereinement à la surface sans craindre plus qu’un citoyen lambda la lame d’un assassin, et elle passa par conséquent de longues semaines à explorer en compagnie de Vala les quartiers calmes de la banlieue extérieure de Ravnica ainsi qu’à chercher un endroit où elle pourrait éventuellement envisager ouvrir une boutique dans le marché de la Cité Haute.

Mais au bout de quelques jours de cette liberté, Anya s’était finalement rendue compte que la Citerraine lui manquait, avec ses ruelles sordides, ses brumes et ses horreurs qui rampaient dans la pénombre. Aussi avait-elle fini par revenir dans les quartiers inférieurs de la ville, toujours chez son amie Vala. Celle-ci avait beaucoup souffert des coups de soleil qu’elle avait pris lors de ces journées à la surface, elle qui ne quittait jamais les souterrains du quartier Golgari, et retrouva avec soulagement sa sombre demeure.

Anya avait finalement décidé de parler avec Ivan, mais celui-ci était parti se charger d’une mission pour les Sœurs gorgones dans l’un des quartiers de reconstruction, aussi elle dut attendre son retour. Elle en profita pour se reconstituer peu à peu un réseau de connaissances à la surface. Nombre de ses anciens clients étaient heureux de la savoir encore en vie et lui firent parvenir des commandes qui l’occupèrent beaucoup durant quelque temps. De plus, la reine des Golgari lui demandait de plus en plus d’informations, ce qui faisait qu’au final la jeune demi-elfe avait fort à faire. Anya était néanmoins heureuse de cet état de fait qui lui laissait peu de temps pour s’inquiéter du fait que malgré la disparition du traître Markus avait choisi de ne pas retourner à sa place de Prince des Esprits. La sombre éventualité qu’il soit repris par un accès de désespoir comme ce qu’il avait vécu dans Agyrem existait toujours…

Puis il y avait eu cette affaire avec les formes encapuchonnées – non, Anya ne voulait plus y penser, cela lui donnait des cauchemars. Mais c’était la dernière fois qu’elle avait vu le Prince des Esprits. Il avait à nouveau disparu peu après le refus de la jeune fille, mais elle avait néanmoins conservé espoir qu’il soit encore vivant, et lorsqu’elle avait reçu ce message, elle avait sincèrement cru qu’il avait été envoyé par le Prince des Esprits.
Aussi, lorsque le srâne s’était présenté à la porte et que Vala l’avait laissé entrer avait-elle tout de suite fait ce qu’il fallait pour le confort du petit être. Elle disposait d’un bocal de souris mortes dont elle se servait habituellement pour ses travaux de nécromancie, mais elle en sacrifia sans hésiter plusieurs pour les offrir à manger à la créature, qui manifesta son plaisir par de petits piaulements à la limite du suraigu.

Aussi fut-elle légèrement désappointée lorsqu’elle s’aperçut que la missive était non point du Prince mais du Chef Pontife. D’un autre côté, elle était assez curieuse de savoir ce qui motivait l’invitation de celui-ci. Elle était rédigée dans un style très simple, à vrai dire. Elle disait simplement :

Citation :

J'ai une importante nouvelle à vous transmettre.
Et j'ai besoin de votre présence en ma demeure.
En plus d'une nouvelle, j'aurais une proposition.
Je vous en parlerai beaucoup plus en détail lorsque nous seront réunis.
La nouvelle et la proposition sont en lien direct.
Sur ce, je vous convie de vous rendre dans trois lunes au
36 quai des Orfèvres

Merci d'avance

Aussi ce fut emplie de curiosité qu’elle alla sonner à la porte de Rahinov le jour dit.

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Lun 24 Jan 2011 - 23:47

Lorsque Markus reçut le srâne de Rahinov, il se trouvait à Valyuchin, l’un des quartiers de reconquête, à superviser les activités des mineurs, esclaves et travailleurs libres ou guildés qui tentaient d’en faire un endroit viable et salubre. Loin d’être une chose facile lorsqu’on savait que l’endroit avait été abandonné après un accident dans une usine Izzet voisine. Une canalisation s’était bouchée, puis avait crevé, inondant le périmètre sous plusieurs pieds d’un produit nauséabond et hautement corrosif, qui avait abrasé toutes les constructions avant de se déverser dans les réserves d’eau potable de la région. Depuis trois siècles que la catastrophe s’était produite, la faune et la flore ne s’en étaient toujours pas remises. La famille Darkmore avait fait l’acquisition de ces terrains un siècle auparavant à un prix très modique, et avait poursuivi les travaux de réhabilitation depuis.

C’était donc là que Markus s’était retiré après la trahison de Vuliev. En réalité, il trouvait cette nouvelle existence bien tranquille et bien plus saine que celle qu’il avait connue autrefois du temps où il s’enfermait dans les donjons de l’Ecole de Sorcellerie.
Après quelque temps de quasi inactivité politique, il avait fini par recontacter en secret à la fois le vénéré Andreiev afin de l’informer des détails de la trahison de Vuliev, et les assassins dont il avait fait usage lorsqu’il avait tué les Pontifes. Il avait ainsi découvert que Vuliev était bien protégé, mais qu’il n’était pas impossible à atteindre.
Du temps où les manigances du Maître des Esprits n’avaient pas encore atteint leur point d’orgue, Markus avait songé plusieurs fois à se créer une arme à sa mesure, une lame maudite capable de détruire à la fois l’énergie vitale et les âmes de ses victimes, afin d’en être définitivement débarrassé. Cela aurait pu se révéler utile contre le Pontife Palerchov, par exemple, car après la mort de celui-ci, Markus avait souvent été obligé de jouer à cache-cache avec les âmes en peine que celui-ci lui envoyait dans Agyrem.
L’enseignement du Nécromancien s’avéra finalement providentiel, car il permit ainsi à Markus de finaliser la fabrication de son arme, mais pour finaliser la fabrication de l’arme il dut sacrifier de nombreuses années de son espérance de vie et la moitié de son âme et de son esprit dans le rituel qui donna vie à l’épée noire. Pour l’espérance de vie, ce n’était point un problème, Markus ayant toujours su que sa mort ne serait qu’un passage vers, il l’espérait, un état supérieur au sein de l’Obzedat. Mais sans qu’il le sache, le fragment de son esprit qui lui fut arraché l’affaiblit grandement et le rendit vulnérable au poison de Vuliev.
Sans cela, jamais il n’aurait cédé à la colère après le refus du Nécromancien de lui révéler ses plus profonds secrets, et par conséquent jamais il ne lui aurait tiré ces secrets de force avec l’aide des pouvoirs des Sorciers et du Prince Wladimir alors qu’Andreiev était absent, avant de plonger son arme dans le cœur du puissant Golgari. Jamais enfin il n’aurait cédé aux mensonges de son mentor qui lui disait qu’il était prêt à ressusciter Lara, avec toutes les conséquences désastreuses que cela avait impliqué.
Mais cette lame avait finalement trouvé sa voie lorsque la Guilde des Assassins permit à Markus d’accéder au sanctuaire de Vuliev et de faire subir au traître le même châtiment qu’au descendant du Parun Golgari. À ce moment-là, Markus n’avait ressenti ni haine si satisfaction, juste un grand vide.
Et la lame maudite était retournée au cœur de la citadelle noire des Sorciers Orzhov, dans une chambre scellée dont seul Andreiev conservait la clef, en attendant la mort de Markus afin de lui servir de point d’ancrage pour rejoindre l’Obzedat, tandis que son propriétaire retournait dans ce quartier si éloigné de toutes les trahisons des guildes.

Mais Markus n’y avait pas trouvé le repos qu’il y espérait, aussi avait-il fini par se rendre à cette mystérieuse convocation où il avait finalement été libéré de tout ce qui lui pesait tant. Il oublia beaucoup, et plus encore. Markus avait vécu, un autre avait pris sa place, un qui n’avait pas vécu ces souffrances d’une vie torturée.

Oublié, un fragment restait néanmoins, enfermé dans un foudre de mizzium, au plus profond d’une forteresse noire.
Mais qui s’en souciait à présent ?

Après cela, Markus était revenu encore une fois dans ce lieu en ruines, d’où il avait contribué à l’amélioration des conditions de vie. Il continuait à recevoir régulièrement des nouvelles de sa guilde par l’intermédiaire du Vénéré Andreiev, mais celles-ci lui semblaient souvent infimes et futiles. Parfois néanmoins, il se rendait à Orzhova afin de gérer ses comptes ou de participer à une décision majeure pour le Conseil des Sorciers, mais cela était même devenu rare.
Cependant, lorsque le srâne de Rahinov parvint en sa retraite, il accepta l’invitation. Il avait autrefois été ami avec le Chef Pontife, il convenait d’accepter sa requête. Peut-être cela l’aiderait-il à retrouver certains traits de son passé disparu, mais il en doutait, ou plus évidemment il ne le souhaitait guère. Ses pouvoirs étaient intacts, mais il ne souhaitait plus guère y faire appel, préférant largement le repos qu’il avait enfin trouvé.

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Dim 30 Jan 2011 - 12:58

Rahinov était plutôt satisfait de voir que trois personnes sur quatre avaient répondues à son appel. Il se doutait bien que la chanteresse n'allait pas tarder, mais comme ses deux amis se tenaient devant lui, après que Watislav leur ait élégamment ouvert la porte, il ne pouvait s'empêcher d'être un brin heureux. Les trois invités purent remarquer qu'un vénérable selesnya se trouvait assis sereinement sur un des nombreux fauteuils du salon, et leur avait adressé un regard calme et limpide. De cela, ils comprirent de suite d'où Rahinov avait puisé le peu qu'il avait de sagesse. Les trois invités prirent place de manière un peu solennelle, se sentant comme autour d'une table de conseil, à discuter sur l'avenir du monde entier. Mais ils n'en étaient pas à ce stade. Et Rahinov coupa court aux formalités, après avoir chaleureusement salué Kinay, Markus, qu'il n'avait pas vu depuis bien longtemps, et Anya, à qui il fit le baise-main coutumier. Il se rassit et entama la discussion.

" Cela fait longtemps, non ? A vrai dire, je ne compte plus les jours qui passent. C'est une perte de temps, amusant non ? Bref, nous viendronsdans le vif du sujet de cette invitation plus tard. Nous avons notre temps, et surement plein de choses à se raconter. " Il jeta un regard à Markus en disant cela. Il avait été le dernier à avoir été informé de la trahison de Vuliev, alors qu'il était une des personnes les plus à même à être au courant étant donné qu'il fait partie des quatre personnes les plus importantes de la guilde d'Orzhov. Et se sentir si écarté de choses qui manifestement le concernaient, ça, Rahinov avait du mal à le supporter. Et Markus le savait. "Néanmoins, je propose que nous prenions un apéritif, non ? Que désirez-vous ? "

Tout le monde sentait dans la salle que le pontife n'attendait que la venue de Silviel pour entrer brusquement dans le vif du sujet, cela le démangeait drôlement, et il ne voulait pas répéter une deuxième fois pour la retardataire, déjà que certaines personnes pourraient mal le prendre, le répéter leur causerait une indigestion. Mais l'Orzhov savait à quoi s'en tenir.

Nodjun laissa échapper un petit rire léger empli de malice. Il se demandait si son élève irait jusqu'au bout. De toute façon, le sage lui faisait confiance, car Rahinov avait acquis un excellent niveau au cours de ses longues heures quotidiennes d'enseignements. Il sentait son apprenti plus mature, plus sage, et donc digne de réaliser ce dont il avait toujours rêvé: Restaurer la divinité Orzhovienne. Ce qui n'empêcherait pas à la guilde des transactions d'être d'une habileté sans pareille en guise d'escroquerie, mais ce que Rahinov voulait, c'est que tout être sur Ravnica comprenne ce qu'est la guilde orzhov. Une guilde active, et puissante, et non une guilde dirigée par de gros sacs de viande, qui ne faisait que causer les orzhovs à leur pertes. Le pontife avait néanmoins compris que la guilde parfaite n'existerait jamais, c'est une évidence, car dans tout les systèmes, il y a des brebis galeuses. Mais il espérait limiter cela, limiter la casse, sauver les meubles, en quelque sorte. Il espérait à un revenu moindre pour les hauts gradés, et supérieur pour les novices. Un rééquilibre monétaire de cette manière ne peut être que bénéfique, car un million de pièce d'or en plus ou en moins, chez les milliardaires, que cela change t'il ?

Watislav apporta deux bouteilles de champagne d'un litre de grande qualité. Lorsque le valet commença à servir, avec la plus grande habileté au monde, on pouvait voir que les colonnes de fines bulles qui remontaient le long du verre en flûte étaient parfaitement verticale et régulière. Alors que Watislav allait repartir dans son logis, enfin, si on pouvait appeler ça un logis, car Watislav avait plus que cela, Rahinov l'interpella et lui fit comprendre qu'il devait aller se chercher une flûte à lui aussi, afin de s'asseoir autour de la table et de participer à la conversation. En voyant cela, tous purent voir avec quel respect Watislav était traité, et s'en étonnaient même.

Le valet, lui, avait bien compris qu'il ne serait pas de trop pour abonder dans le sens de son maître

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Dim 30 Jan 2011 - 23:11

Malgré ses douloureuses expériences en ces lieux, la jeune Alnyriev se retrouva néanmoins heureuse de retrouver les quartiers où elle avait grandi. Ces larges avenues éclairées par le soleil et non par des lumipostes ou des torches vacillantes, cette population joyeuse et mouvante, tout cela la rendait euphorique. Elle se rendit compte qu’elle se trouvait à la croisée entre ses deux vies, et que ses prochaines actions décideraient de son avenir bien plus profondément que ce qu’elle imaginait autrefois. Elle pouvait tout autant rester dans la Citerraine à jamais que revenir s’installer en ces lieux pour y ouvrir son commerce, voire même refaire construire un manoir pour sa famille. Elle était libre, et à la croisée des chemins.

C’est sur ces pensées qu’elle avait toqué à la porte du Chef Pontife, un peu dans l’expectative. Que lui voulait l’un des hommes les plus puissants de la Guilde des Transactions pour l’avoir invitée dans sa propre demeure ? Certes Anya avait fait sa connaissance à plusieurs reprises, dans la mine d’Enlik, dans ce cimetière hanté, puis là-bas, dans ce lieu où elle avait perdu sa sœur. À chaque fois il s’était montré amical avec elle, bien que légèrement hautain, mais après tout le Prince des Esprits avait fait de même. Deviendrait-elle ainsi si elle revenait s’installer parmi les Orzhov ? Par le Dieu Svogthir, elle ne l’espérait pas !

Aussi fut-elle à la fois surprise et soulagée de l’accueil de Rahinov, tout comme de découvrir la présence d’autres invités. Même si elle commençait à vaincre peu à peu sa timidité naturelle, se retrouver seule en face du Chef Pontife avait de quoi un peu l’effrayer. La présence de Kinay et de ce vénérable selesnyan était un soulagement, même si elle commençait à se demander ce qu’elle faisait au milieu de personnages si puissants. Sentiment qui se renforça lorsqu’elle vit arriver le Prince des Esprits, même si en même temps son soulagement s’accrut de revoir celui-ci vivant et heureux de l’être.
Mais le Pontife fit de son mieux pour qu’elle se sente plus à l’aise, et elle vit que son orgueil d’autrefois n’était plus qu’un souvenir, quand elle vit le traitement de faveur dont bénéficiait son serviteur. Soit il s’agissait d’une façade fort hypocrite, soit Rahinov avait bien changé, et Anya devina au sourire du Vénérable que sa seconde hypothèse devait être la bonne. Aussi finit-elle par s’ouvrir à son tour peu à peu.

« Serait-il indiscret, » demanda-t-elle au Pontife après s’être présentée et poliment enquise de l’identité du Selesnyan, « de vous demander qui est la dernière personne que nous attendons ? »

Lorsqu’elle l’apprit, son sourire se fit franc et joyeux. Si Rahinov avait invité la jeune chantresse, alors elle n’aurait plus rien à craindre. En présence de sa petite sœur d’adoption, elle irait jusque dans la gueule d’un dragon sans faillir ni hésiter.

Elle accepta le verre que lui tendait le serviteur de Rahinov avec une inclinaison de tête et un bref remerciement. Elle ne buvait pas souvent d’alcool et n’avait jamais goûté à ces vins pétillants que l’on servait lors des réceptions de la noblesse Orzhov, mais il eût été impoli de refuser. Elle attendit néanmoins que le maître de maison trempe les lèvres dans le breuvage pour lever à son tour la coupe. La boisson était un peu amère, légèrement piquante, mais Anya se rendit compte qu’elle n’était que peu alcoolisée, ce qui la fit se détendre un peu. Elle avait trop souvent vu de ces buveurs de bumbat ivres morts roulant dans le caniveau après leur douzième verre pour être à l’aise avec ce genre de boissons. Pourtant, la jeune elfe avait déjà goûté chez Poldan certains de ses meilleurs crûs et certains de ses meilleurs aliments en remerciement pour ses travaux de couture, et savait plus ou moins reconnaître des bons vins, mais n’avait jamais encore eu l’occasion d’essayer les vins pétillants, et elle n’était pas repassée dans la taverne depuis le malheureux événement avec Kinay, cela lui remémorait trop de mauvais souvenirs.

D’ailleurs, en y repensant, elle avait une proposition à faire à celui qu’elle aimait toujours. Elle se doutait que le Prince des Esprits et le Pontife étaient au courant pour la volonté de Kinay de renverser les Sœurs, mais elle ne savait pas jusqu’à quel point elle pouvait faire confiance au valet de Rahinov. Aussi elle décida d’opter pour une approche détournée, en choisissant bien ses mots, espérant que Kinay la comprendrait.

« Kinay, cela fait longtemps que tu n’es pas passé me voir. Tu m’avais dit que c’était parce que tu étais en désaccord avec une de mes amies. Souhaites-tu que j’essaie de la convaincre afin qu’elle te pardonne pour ce que tu as fait ? »

Kinay entra dans le salon et salua chaleureusement son ami. Puis il tourna son attention sur ce sage assis dans le salon, la sérénité qui en émanait du personnage était enclin a apaisé l'esprit. Kinay le salua, mais resta néanmoins sur ses gardes.

*Une telle sérénité, cache une certaine puissance. Ne faisons pas de gaffe.*

Puis Markus et Anya arrivèrent. Kinay salua Markus, pas aussi chaleureusement qu'il aurait aimer. Il avait appris tout ce qu'avait vécu son ami, et le fait de ne pas avoir pu l'aider, de ne pas avoir put le soutenir, cela laissé comme un gout amer dans le bouche du golgari. Puis il salua Anya, avec un sourire peut être un peu gêné, après l'annonce qu'elle lui avait fait lors de cet étrange jeux, il ne savait plus vraiment comment se comporter. Puis Rahinov fit apporter un apéritif, Kinay déclina poliment le verre. Son état ne lui permettais pas vraiment d'apprécier une telle boisson et il n'avait jamais eu une grande confiance en ce genre de breuvage. Kinay eu un sourire quand Rahinov invita son serviteur à s'assoir, le pontif avait changé et apparemment en bien.

« Kinay, cela fait longtemps que tu n’es pas passé me voir. Tu m’avais dit que c’était parce que tu étais en désaccord avec une de mes amies. Souhaites-tu que j’essaie de la convaincre afin qu’elle te pardonne pour ce que tu as fait ? »

Sur le coup Kinay ne compris pas de quoi voulait parler exactement Anya, elle savait bien ce qui se passait avec Ivan, donc cet "ami" ne pouvait pas être lui. Parlait elle des plus hautes instances de la guilde ?

"Je ne crois pas que tu pourrais la convaincre, et puis tu risquerais de t'attirer ses foudres si elle apprend que tu me connais. Je ne veux pas que tu cours se risque."

" Pourquoi ces messes basses ? Vous pouvez parler librement, ce que nous dirons en ces lieux n'en sortira pas. Vous êtes tous bien conscient que ce que je vais vous annoncer lorsque notre chère chanteresse sera arrivé est extrêmement important, alors il n'y a pas besoin de se cacher, vous savez. " Rahinov pris une petite pause, et comprit vite que la présence de Watislav gênait un peu l'elfe. c'était le seul qu'elle ne connaissait pas, et de ce fait, elle s'exprimait de manière très détournée. " Est-ce la présence de Watislav qui vous perturbe ? " Le valet tilta, et fit un regard un peu gêné.

" Vous savez, je suis la personne qui, à mon avis, fait le plus allégeance à mon cher Maître. Alors, si vous ne me faites pas confiance, c'est que vous ne faites pas totalement confiance au maître pontife. Mais si tel n'est pas le cas, je peux me retirer, le temps que la dernière convive arrive, et alors je reprendrai place. Il est d'usage que ce que Sire Eliav vous annoncera déstabilisera la plupart d'entre-vous, certains plus que d'autres " Il regarda brièvement Lord Darkmore lorsqu'il acheva sa phrase. Watislav se retira poliment ensuite, s'en allant dans son logis ...

" Bon. Maintenant qu'il n'est plus là, et que, vous pouvez me croire, l'insonorisation de ces murs est parfaite, pouvons-nous nous exprimer plus clairement ? A moins que cela ne nous concerne pas, auquel cas, c'est bien dommage, quoique fort impoli " fit Rahinov, de manière extrêmement amicale " Mais n'est-ce pas un problème au sujet d'Ivan et de Kinay ? Tout ce que je sais, et j'en sais peu, c'est que tu veux détrôner les soeurs " fit-il en regardant Kinay " Mais, je doute que la Matka soit de ton côté, me trompe-je ? Auquel cas, ta position, au sein de ta guilde, n'est pas à envier pour ce que tu veux faire. Après, tu as surement d'autres As dans ta manche, je n'en doute pas. " Le pontife avait un air intéressé. Il savait qu'il pourrait en tirer profit, et Kinay serait sûrement la personne la plus facile à rallier à sa cause. Après, Markus sera extrêment difficile à convaincre. Maintenant, la réaction d'Anya allait être extrêmement intéressante. Allait-elle suivre son amour, ou bien Markus, qui l'a longuement protégée ... Intéressant. Le choix de Silviel dépendrait de celui d'Anya, l'orzhov en était convaincu. Par contre, si Kinay déclinait l'alliance pour renverser Teysa et l'Obzedat, alors Rahinov devra faire cavalier seul. Tout dépendait du choix qu'allait faire Kinay. Il fallait viser juste.

C'est probablement dans ces lieux qu'allait se décider de bien des choses, en particulier, du futur de la guilde d'Orzhov ... Un débat intéressant ...

Kinay jeta un regard gêné au serviteur de Rahinov quand ce dernier quitta la salle. Lorsque le pontif eu finit de parler Kinay le fixa un moment, le silence était lourd, mais il le brisa.

"Je n'ai aucune volonté à détrôner les soeurs, je n'avais qu'un seul objectif. Je voulais restaurer l'honneur de ma guilde, que je considérais perdu lorsque les gorgones ont trahis le Parun. Je n'ai aucune inspiration à prendre le pouvoir, je veux juste chasser ceux qui dilapident ce qui reste de la gloire de Svgothir. J'ai cru qu'en aidant le descendant du Parun je pourrais atteindre mon objectif, mais les choses ce sont compliqués. Actuellement le Nécromant veut ma mort, Ivan peux me détruire quand bon lui semble et je suis donc pieds et poings lié. Un simple pion dans une partie d'échec bien trop complexe."

Anya eut également une brève grimace intérieure lorsque Rahinov fit sortir son valet. Ce n’était pas du tout ce qu’elle visait, bien au contraire. Si le Pontife avait toute confiance en cet homme, alors il n’y avait pas à l’exiler. Aussi fut-ce d’une voix assez sèche qu’elle répondit :

« Ma conversation n’avait rien de strictement personnel, je trouvais juste dommage que Kinay ne repasse pas parmi ceux qui avaient été ses amis autrefois. Qu’y puis-je si vous voyez des complots dans… »

Elle s’interrompit, s’apercevant du ton auquel elle s’adressait à l’un des personnages les plus puissants du plan, et rougit légèrement. Décidément, il faudrait qu’elle soit plus prudente à l’avenir. Sa question qu’elle voulait d’apparence anodine aux oreilles des autres que Kinay avait été perçue comme trop inquisitrice par le Pontife. Son ton avait probablement été trop hésitant.

Et voilà qu’à présent elle se retrouvait sous le feu de trois des quatre regards. Elle se sentit ramenée à l’état d’une petite fille seule dans une ruelle sombre alors que des crève-panse Rakdos surgissaient des ombres autour d’elle. Les yeux des autres trahissaient leurs sentiments plus que leurs visages et leurs postures ne le laissaient croire.

Chez Kinay, de l’incompréhension, un peu d’inquiétude, un peu de haine, mais pas dirigée contre elle. En réalité, elle se doutait bien contre qui… Chez Markus, de l’ennui, de la fatigue – de quoi ? Bonne question – de la colère et des interrogations. Chez Rahinov, de la curiosité, de l’intérêt et un soupçon d’avidité. Du calcul et des plans… Enfin, Nodjun semblait écouter autre chose. Mais ses yeux clairs étaient fixés à la fois sur elle et sur le Pontife.

« D’accord, vous avez gagné, » finit-elle par capituler. « Je voulais demander à Kinay s’il souhaitait que je parle à la Matka afin qu’il puisse rentrer parmi les siens. Je ne supporte pas de le voir vivre ainsi de manière aussi précaire. »

Elle se tourna vers celui qu’elle aimait.

« Sache que je n’apprends qu’à l’instant le fait que tu sois aliéné au Nécromant et le jouet d’Ivan. Si c’est pour avoir voulu suivre mes conseils, je m’en veux à présent. Si maintenant le Nécromant veut ta mort, alors tu n’as aucune honte à avoir à revenir parmi nous. Nombreux sont ceux dans la guilde qui n’aiment pas le gouvernement des Sœurs de la Mort de Pierre. Je peux parler à Savra, elle pourrait peut-être faire quelque chose pour toi. Et si tu crains que ce faisant je m’attire ses foudres, ce ne sera pas la première fois. Mais elle pardonne toujours à ceux dont elle pourrait avoir besoin. Toi aussi, je pense qu’elle pourrait te pardonner… Surtout à toi qui en sais beaucoup sur le Nécromant, malgré le fait qu’il veuille ta mort. »

« Le Nécromant est mort, » lâcha Markus d’une voix atone.

Malgré les trous qui emplissaient encore sa mémoire, il était parvenu peu à peu à retrouver une partie de ses souvenirs au fur et à mesure de ses entretiens avec Andreiev. Il avait appris que ses secrets les plus noirs résidaient dans l’épée maléfique qui trônait dans le foudre de mizzium au plus profond de la citadelle des Sorciers. Mais il avait deviné que c’était cela qui avait été effacé de lui dans ce lieu hors du temps où il avait perdu son ancienne identité. Et il n’était pas pressé de retrouver des douleurs anciennes pour lesquelles il avait tourné la page.

Il avait néanmoins retrouvé certains de ses secrets les plus importants pour l’avenir des Sorciers et plus largement de sa guilde. La disparition du Nécromant – de sa main, d’ailleurs – en faisait directement partie.

« Il a été anéanti par les Sorciers. Nous avions appris qu’il complotait en réalité contre le Pacte des Guildes, et que son seul intérêt était de reprendre le pouvoir usurpé à son aïeul afin de s’en servir pour renverser le fragile équilibre ravnican et replonger le monde dans une guerre dans laquelle il deviendrait de plus en plus fort, tant ses pouvoirs nécromantiques étaient puissants. Chaque mort dans le camp adverse se serait relevé pour le servir, jusqu’à ce que toute vie soit valayée de ce monde sous sa main noire. »

Markus enjolivait un peu la réalité, qui était en fait bien plus sombre. C’étaient Wladimir, lui-même et un certain Vuliev qui, en profitant d’une absence d’Andreiev, avaient anéanti le puissant Nécromancien après lui avoir drainé ses pouvoirs. C’était l’un, mais non le pire, des secrets qu’il trouverait celés dans l’épée maudite, lui avait révélé le vénérable Prince des Esprits Andreiev, et c’était ce qui l’avait dissuadé de découvrir le reste ou de retrouver des images plus nettes de ce qu’il avait fait alors. Tel qu’il était, il ne revivait la scène que comme s’il était un observateur extérieur, et cela lui paraissait assez horrible comme cela.

Silviel avait mis quelques minutes à se remettre de sa surprise lorsqu'elle avait reçu l'invitation, ne parvenant pas à croire qu'un pontife Orzhov puisse la convier en sa demeure, même s'ils s'étaient croisés plusieurs fois lors d'aventures parfois très mouvementées. Une fois ses esprits repris, elle avait commencé à s'angoisser à propos de mille choses, des plus futiles - comment s'habillait-on pour se rendre à une telle invitation, saurait-elle se comporter comme ile le fallait au sein d'une telle demeure - aux plus importantes : qu'est-ce qui pouvait bien motiver Messire Rahinov Eliav, et quelles seraient ses révélations, ainsi que sa proposition ?

C'était toujours avec les mêmes questions en tête que la jeune chantresse se tenait désormais dans l'embrasure de la porte menant au petit salon. Nul ne l'avait encore remarquée, et elle ne tenait pas à interrompre la conversation déjà engagée, qui semblait fort importante. La présence d'Anya et de Lord Darkmore la rassura ; néanmoins, il était visible, à ses mains jointes contre son ventre et à son expression timide, qu'elle n'était pas très à l'aise. Elle formait pourtant un tableau charmant : sa silhouette gracile était mise en valeur par sa robe automnale, offerte par son amie Golgarie : ajustée, toute de velours brun feuille morte, au décolleté arrondi et sans ornement, les manches en étaient très larges et légèrement froncée, comme la jupe dont les plis ondoyants - le tissu semblait étrangement très fluide malgré sa richesse et son épaisseur - renvoyait des éclats diaprés. Les extrémités de la jupe, des manches, et le haut du corsage étaient décorés de motifs représentant des feuilles d'érable vermillon, abricot, ambre ou aurore. Ses cheveux châtains moirés d'or étaient en partie relevés à l'arrière de sa tête, mais quelques ondulations légèrement bouclées venaient orner délicatement sa gorge ivoirine. Son visage, contrairement à ses habitudes, était assez dégagé, et une ombre de maquillage vert faisait ressortir la belle couleur de ses yeux, qui semblait plus vive que jamais. Ses lèvres étaient soulignées d'une trace presque infime d'acajou, et leur moue inquiète les faisait paraître encore plus pulpeuses qu'elles ne l'étaient déjà. Cette tenue recherchée, qu'elle n'était pas habituée à porter, ne l'aidait pas à prendre confiance en elle. Elle attendit donc silencieusement que quelqu'un s'aperçoive de sa présence.

" Il avait un idéal. Personne ne pourra lui reprocher d'avoir voulu rétablir son honneur et l'honneur de son parent. Ce qu'on pourra lui reprocher, et c'est pourquoi il a été tué, c'est parce qu'il était une menace, non pas pour les golgaris, qu'il aurait mené à leur apogée, mais pour les autres guildes, car sa volonté de briser le pacte des guildes était un signe de démence.

Mais je peux totalement comprendre pourquoi il voulait reprendre la place qui lui revenait de droit. Il n'était juste pas indiqué pour ce rôle, même si son aïeul était le parun golgari. "

A peine Rahinov avait fini qu'on sonna à la porte. Là, tout le monde était sur le qui-vive, puisque la dernière invitée allait entrer, et Rahinov entrerait dans le vif du sujet. Watislav sorti de son logis, et alla tout droit vers la porte afin d'ouvrir à la chanteresse, qui était habillée de manière superbe, au moins aussi magnifique que l'elfe golgari. Nodjun reconnu d'un scintillement d'oeil la soliste qui avait enjolivé les chants selesnya auxquels il assistait parfois.

La chanteresse prit place de manière extrêmement discrète, mais tout le monde avait remarqué sa présence, et Rahinov allait commencer à rentrer dans le vif du sujet. Et si les discussions continuait un peu, elles s’éteignirent bien vite lorsque le pontife toussota légèrement pour attirer l'attention.

" Ce que je vais vous avouer " fit Rahinov d'un ton solennel " est de la plus haute importance. Vous êtes les personnes en qui j'ai le plus confiance, certains, parce que je les connais depuis longtemps, d'autres, parce qu'elles m'ont semblé honnêtes et franches. C'est pourquoi je vous révèle un lourd secret qui me pèse depuis longtemps. Je suis Rahinov Eliav, pontife d'orzhov, mais je suis avant tout Orzhov, le fils du parun qui signa le pacte des guildes. Si je me tiens devant vous, ce n'est que grâce à un bloc de stase dans lequel je suis resté pendant si longtemps. . Voilà mon secret. Je n'ai aucune raison de mentir, je suis le descendant du parun, et à l'instar du nécromant, mes intentions sont claires, et précises. Je veux reprendre en main la guilde d'Orzhov. je veux restaurer l'honneur que j'ai perdu quand mon père s'est fait trahir par l'Obzedat, car, oui, il a été trahi par l'obzedat. Je ne parle pas d'arrogance, ni d'avidité, je parle juste d'honneur. Et là, contrairement au nécromant, tel que tu me vois Markus, puisque je te sais attachés au Orzhovs, mes intentions ne mèneront pas les Orzhovs à leur apogée au détriment d'autre guildes, et l'inverse n'est pas vrai non plus. Je tiens à l'équilibre des forces, et je n'en démordrais pas. Je redorerai simplement le blason Orzhov, en montrant que cette guilde est encore moralement acceptable, et siègerai à la place qui me revient.

Mais sachez-le. Je ne suis plus aussi faible qu'avant, ni aussi arrogant que j'ai pu l'être. Sinon, je ne pourrai prétendre à prendre la tête des Orzhovs. Mais je n'y arriverai pas seul. Vous tous pouvez être un soutien plus qu'important pour moi.

J'ai fait prospérer ma guilde en tant que pontife, j'estime avoir le droit de revendiquer mes origines, et ce qu'elles peuvent m'apporter, et je mets en travers de ma route, l'Obzedat en tant qu'ennemi. Ennemi de l'évolution, ennemi du changement, et ennemi de l'action. Je mets en travers de ma route Teysa, ennemie du pragmatisme, ennemi des pauvres fidèles orzhovs qui n'ont moins que rien, et ennemie de la guilde. "

Il y eut un silence. Un silence pesant. Peu de monde ne s'attendait à recevoir un tel discours annonçant cette chose là. Rahinov était donc le descendant du parun ? Est-ce que cela était-une raison suffisante pour prétendre à ce qu'il aspirait ? Non, et Rahinov le savait. Il fallait qu'il montre son potentiel, sa carrure, et sa volonté ainsi que son bon sens pour pouvoir espérer devenir le meneur des Orzhovs. Il savait qu'il allait être en désaccord avec presque tout le monde, sauf peut-être Kinay, et encore ...

" Voilà ... " Ainsi le discours s'acheva, dans un son de voix peu orthodoxe, mais néanmoins ferme et sérieux, bien que calme.

Le Prince des Esprits était resté silencieux le temps que Rahinov débite son histoire. Ses lèvres se pincèrent néanmoins lorsqu’il parla de déclarer cette guerre à l’Obzedat, et lorsque le pontife eut fini son allocution, il prit la parole à son tour, d’une voix très calme.

« J’ai quelques petites précisions à te demander. Tout d’abord, je souhaiterais savoir qui, quand et comment tu t’es retrouvé en stase, ainsi que comment tu en as été délivré – et accessoirement où a eu lieu ton enfermement. Ensuite, puisque tu professes être le fils du Parun Orzhov, dont je n’ai strictement jamais entendu parler malgré mes connaissances sur l’histoire de la Guilde acquises notamment auprès du Vénéré Andreiev, qui je te le rappelle participa à la signature du Pacte des Guildes pour le compte de l’Obzedat, peux-tu m’en dire un peu plus sur cette personne ? Si tu veux parler de l’un de ces nécromanciens qui menacèrent le Pacte à ses débuts, comme le légendaire Szadek, je ne suis pas certain que tu aies à te glorifier d’une pareille ascendance… »

Il laissa planer quelques instants ces mots, puis reprit, toujours d’une voix neutre, comme si cela ne le concernait qu’à peine, et qu’il posait ces questions juste par simple politesse.

« Enfin bon, là n’est pas la question. Jugerais-tu que l’Obzedat nous opprime ? L’Obzedat se compose des spectres de toutes les personnes qui ont apporté quelque chose à notre guilde. Non seulement gloire, pouvoir et savoir, mais aussi beaucoup pour protéger les biens et les personnes de la cité de Ravnica, car tel était le rôle de notre guilde dans le Pacte, et cela beaucoup parmi nous l’ont oublié. Nous avions basculé dans le vice et la corruption, mais comme vous le savez certainement, nous y avons mis un terme, et avons restauré un équilibre encore fragile certes, mais qui se renforce avec les années. En cela, tu n’imagines pas ce que l’Obzedat a pu aider. Si c’est Teysa qui te renvoie cette image pervertie du Conseil Fantôme, alors c’est elle et elle seule qui est à blâmer. Mais même si le Conseil n’a peut-être pas toujours pris les décisions les meilleures – nul n’est parfait, pas même une assemblée – il a néanmoins permis d’empêcher les Orzhov, et par conséquent le Pacte, de sombrer. Souhaites-tu renverser ce en quoi notre guilde garde une foi et un espoir absolus ? Souhaites-tu que nous basculions tous dans un nouvel épisode de massacres et d’infamies sans nom, juste pour combattre des souvenirs qui ont oblitéré la mémoire d’une personne dont il n’est pas même certain qu’elle souhaitait le bien de Ravnica ? »

Markus soupira.

« Rahinov, tu es un ami, et en cela je t’estime. Je sais que tu ne me mentirais pas volontairement. Mais observe. Quelles guildes ont vu leur maître de guilde être renversé après que le Pacte ait pris sa pleine mesure ? Et compare avec les guildes qui se sont effondrées dans le chaos ou dont la puissance a sombré, rendant l’équilibre entre les guildes plus que précaire, alors que le Pacte des Guildes devait au départ permettre une harmonie et un équilibre complet sur tout notre plan. Réfléchis bien, avant de passer aux actes. »

Son regard, qui vagabondait sur les différentes personnes de la pièce, se fixa enfin sur celui à qui il parlait, et ce fut d’une voix plus marquée qu’il acheva :

« Sache que je ne m’opposerai pas à toi si tu cherches à renverser l’Obzedat. Mais sache aussi que je ne te soutiendrai pas non plus, et que tu auras probablement le Conseil des Sorciers contre toi. Pour le bien de la guilde et celui de Ravnica toute entière, celle-ci ne DOIT pas être gouvernée par un seul homme. »

Il laissa le silence tomber sur ses paroles sombres, puis lâcha, comme s’il venait d’y penser :

« Au fait, tu parlais tout à l’heure de la volonté de restaurer l’honneur de son aïeul, concernant le Nécromancien. En êtes-vous vraiment si sûrs ? Ne croyez-vous pas qu’il s’appuyait plutôt sur son droit du sang pour faire miroiter honneur et salut à sa guilde, et ainsi cacher son avidité sous-jacente à ses suivants, et qu’il n’utilisait ceux-ci que comme des outils pour parvenir à ses fins ? Enfin, pour l’héritage sur le droit du sang, je crois que certains d’entre nous conviendront que ce n’est pas forcément la meilleure chose qui soit… »

" C'est ma mère qui me mit en stase. Je devais être très jeune lorsque j'ai été enfermé, et ma libération s'est faite naturellement. Le temps a vaincu la magie qui me retenait. Ensuite, je comprends tes doutes, mais mon père a fondé les Orzhovs. Je n'ai que trop peu de souvenirs de lui, mais ce que je dis est vrai, cela vient du fond de mes entrailles. Ensuite, tu es bien placé pour savoir que la vérité ne sort pas souvent de la bouche des Orzhovs, ainsi, si ton vénéré Andreiev t'as dit certaines choses à propos de l'histoire de la guilde, je suis presque certain qu'il t'en a caché bien plus. Je pense que la création de l'obzedat était une idée de mon père, qui créa le système Orzhov, mais visiblement, l'obzedat l'a trahi puisque mon père s'est fait tué, bien que sa puissance était grande ...
Ensuite, je n'ai rien à voir avec ces espèces de dictateurs mesquins et avides. Si tu me considères comme eux, alors ton estime de moi est bien basse, mais passons. " fit Rahinov, d'un ton ferme, prêt à répondre du tac au tac à son ami.

La réponse fut nette et précise. Le prince Darkmore se contenta d'un léger hochement de tête en voyant le pontife lui répondre ainsi.

" L'Obzedat ne nous opprime pas. Il est inactif. Tu dis que l'Obzedat a fait le bien parmi les Orzhovs. Tout ce que le conseil fait, c'est maintenir les Orzhovs au bord du gouffre, sans tenter de les en sortir ! Et Teysa fait l'inverse, elle veut trop bouger les choses à tel point qu'elle risque de faire basculer les Orzhovs dans le fin fond du trou ! La guilde n'a plus de foi, justement, et cela, le conseil en est responsable. Le conseil n'a jamais voulu que les pontifes soient tués, ils n'ont jamais voulu que les castes Orzhoviennes soient rééquilibrées ! Si des hommes d'action intelligente comme nous n'avions pas été là, la guilde aurait continué d'être ce qu'elle était, sans changement ! Un amas de gros porc comptant leur argent ! C'est ça la foi Orzhovienne ? Sans le conseil, constitué de spectres ancestraux qui sont conservateurs au possibles, nous serions bien plus loin que maintenant. La guilde a besoin d'un changement interne. Je ne parle pas des relations inter-guilde, mais bien de l'interieur même de la notre. Sans changer ce qu'elle est à l'extérieur, on devrait remanier le système. De cette manière, nous ne basculerons pas dans un torrent de massacres, ne soit pas stupide. Et même si mon aïeul ne souhaitait pas le bien de Ravnica, ce dont je doute fort, moi, c'est uniquement l'équilibre des guildes qui me préoccupent. Les autres guildes s'activent drôlement, et il arrivera un moment où nous serons bien moins important. Nous sombrerons alors, entraînant le pacte avec nous dans notre chute. C'est ce que tu veux ? Bien. Ne fais rien, et laisse le conseil mener la guilde à sa perte. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais si on ne fait rien, c'est inévitable. "

Le pontife avait pris un ton colérique. Même le plus benêt pouvait voir qu'il aimait sa guilde, et qu'il ferait tout pour la sauver, et lui rendre la foi véritable.

" C'est déjà tout réfléchi. J'ai bien conscience que la dictature d'un seul homme n'est qu'une aberration, mais ne me compare pas à cette vermine là. S'il te plait. Beaucoup de guildes, en fait, toute, ont un chef unique, sauf les Orzhovs et les Selesnyas. Les Selesnyas représentent l'harmonie, il est plus logique pour eux d'avoir un conclave en guise de chef. En ce qui nous concerne, je vois plutôt comme quelqu'un qui dirige une assemblée. Ce quelqu'un, ça sera moi. L'assemblée, les personnes qui la composeront s'imposent d'elles même au sein de la guilde. Car, non seulement, j'agis pour la guilde, mais aussi pour mon père, celui là même qui aspirait au mêmes idéaux que moi je pense. L'Obzedat ne doit plus êtres, et les spectres le composant doivent retourner à agyrem, où là est leur place. "

Rahinov avait une fois de plus parlé d'un ton sec et décidé. Il s'attendait bien à ce que son ami se mette en travers de ses idées, mais il ne lâcherai pas le morceau si facilement.

« Tu fais erreur, » répondit doucement le Prince des Esprits. « Sur plusieurs points. Tout d’abord, il n’y a pas que ces deux autres guildes qui sont gouvernées par un comité. Les Azorius se rassemblent sous la direction du Grand Arbitre, mais toutes les décisions parmi eux se font par l’intermédiaire des votes du Sénat, tu devrais le savoir. Et les Sœurs de la Mort de Pierre sont un trio, même si elles ne paraissent faire qu’une seule entité, je mettrais ma main au feu qu’elles Prennent le temps de se concerter entre elles avant de prendre les décisions concernant leur guilde. Les Gruul sont dispersés en multitudes de clans, mais depuis des siècles ne se sont pas rassemblés sous l’égide d’un seul et unique chef. Les Izzet sont tellement égocentriques qu’ils forment des entités quasiment indépendantes les unes des autres. Le démon Rakdos dort depuis des années sous les fosses de Rix Maadi, et le monde s’en porte très bien. Bon, d’accord, Lyzolda pourrait très bien faire office de maîtresse de guilde, mais bon, les Rakdos sont pour la plupart totalement individualistes. Les Simic sont tenus de faire des rapports sur leurs recherches à Momir Vig, mais en-dehors de cela ils sont libres de mener leurs recherches comme bon leur semble. Seuls les Boros ont un chef bien défini agissant directement dans les affaires de leur guilde, ce qui est nécessaire pour une force militaire organisée. Enfin bon, là n’est pas le problème, et ce n’est pas le point le plus important que je voulais soulever. »

Markus s’adossa plus confortablement à son fauteuil, puis reprit, après avoir dégusté une gorgée du vin de Rahinov.

« Le second point concerne Andreiev. Passons sur le fait que je ne l’ai jamais vu mentir, cela ne veut rien dire à part peut-être chez les anges de dire d’une personne qu’elle ne ment jamais. Mais même s’il mentait, Andreiev était néanmoins présent à la signature du Pacte, tout comme un représentant de chaque caste parmi les Orzhov. Les archives des Sorciers, qui sont inaltérables et qui couvrent une période bien supérieure à celle du Pacte, sont formelles. J’ai pu en consulter une partie. Ce qui n’empêche certainement pas qu’il est des secrets qu’Andreiev a toujours gardés, et pour cela je ne le blâme pas, car il est certainement des choses qui ne doivent pas être révélées à des personnes extérieures, pour le bien de Ravnica. Par exemple, il n’a jamais voulu me dire si la Dixième existait réellement. En revanche, il m’a parlé du Scion de l’époque, qui avait été assassiné suite à une sombre machination des Sorciers – oui, je l’avoue – parce qu’il faisait de l’ombre à ceux-ci dans le pouvoir pour le contrôle de la guilde. Et ce serait le Conseil qui aurait réglé le différend en éliminant tous les Princes des Esprits sauf trois, et en rétablissant la paix dans la guilde. L’histoire a été ensuite déformée par les Sorciers qui ont camouflé leur humiliante défaite en laissant croire que c’était l’Obzedat même qui avait cherché la mort du Scion. »

Markus eut une grimace à ces mots, comme cela lui remémorait bien des horreurs du Livre des Sorciers, qui auraient mieux valu y rester cachées pour l’éternité.

« Ce qui nous amène au point principal. Tu dis que l’Obzedat n’a pas bougé le petit doigt dans les derniers événements. Mon avis est différent. Il a agi. Qui a mis Teysa en place alors que la guilde était au bord du gouffre à cause des Pontifes corrompus ? Qui a convaincu Teysa d’accepter de nous "utiliser"? Qui enfin, connaissant la haine de ton père pour lui et par conséquent la tienne, a néanmoins décidé de te laisser la vie, mieux, de te laisser occuper une place importante dans la guilde afin que l’équilibre y soit rétabli ? Et il est même possible que la sortie de ta stase ne soit pas le fait que du hasard… C’est également le Conseil qui m’aidé, ainsi que quelques vieux amis, à éliminer Vuliev après sa nécessaire trahison. »

Alors qu’il parlait, certains des souvenirs qu’il avait crus perdus lui revenaient, et il percevait à présent d’un nouvel œil les événements qui avaient amené à la situation actuelle de la guilde. Et partout il y voyait une main invisible – ou plutôt spectrale, devrait-on dire. Sans les plans machiavéliques de Vuliev, jamais Markus n’aurait eu la puissance ni la volonté de renverser les Pontifes, puis d’éliminer le Nécromant, alors que la chose était devenue nécessaire. Il eut un regard de compassion vers Anya, qui avait été une victime innocente dans l’affaire, mais dont le sacrifice avait permis de sauver certainement beaucoup d’autres vies. Et vers Silviel, qui se trouvait être plongée bien malgré elle dans ce tourbillon d’événements qui ne la concernait en rien. Et ce bon vieux Nodjun, dont il avait tant entendu parler depuis cette recherche des ingrédients pour Andreios. Décidément, Rahinov avait un don pour déceler le potentiel des personnes qu’il rencontrait…

Kinay était resté là, impassible, son menton posé sur ses mains jointes. Alors qu'il allait répondre à Anya, voulant lui expliquer plus en profondeur la raison de ses rapports tendu, aussi bien avec les gorgones qu'avec Savra, la phrase de Markus claqua dans l'aire et figea net aussi bien les lèvres de Kinay que son esprit. Cela faisait un moment qu'il était dans une situation plus que précaire. Celui qu'il avait presque vénéré avait tenté de le faire disparaitre. Celui qui avait essayé de le détruire contrôlait à présent ses moindres faits et gestes. Au final il était traqué par son ancienne guilde, et aussi certainement par des hommes de mains envoyer par la famille de Donya. Mais malgré tout Kinay tenait bon, il avait trouvé dans la recherche du pouvoir, dans la volonté de ne plus être trahis comme un simple pantin, un semblant d'objectif. Puis il y avait eu la révélation d'Anya, elle avait révéler ses sentiments à Kinay et même si il ne savait pas encore exactement comment y réagir, il savait qu'il ne voulait plus se sauver lui même, mais la protéger aussi. Tout ces éléments formaient pour Kinay un fragile équilibre, ils représentaient son monde, son passé et son présent qu'il trainait sur ses épaules. Mais tout venait de se briser, celui qui avait fait de lui quelqu'un de différent, celui qui avait porté tout ses espoirs, il n'existait plus. Kinay n'importait que peu d'importance aux accusations que Darkmor junior apportait. Lui même ne savait plus vraiment quoi penser du pacte, et cela faisait longtemps qu'il avait oublier l'idée de comprendre les vraies intentions du nécromant.

Comme figé dans ses pensées, prit dans ses songes, Kinay ne vit pas Silviel arrivé et ce n'est que d'une oreille distraite qu'il écouta Rahinov. Bien sur il entendait ce que son ami disait, mais il ne l'enregistrait pas. C'est un peu comme si il prenait un livre et le posait dans un coin, le temps de terminer autre chose avant de l'entamer. Mais la conversation prenait une autre tournure entre les deux Orzovh, le ton montait et la situation était peut être sur le point de s'envenimer.

"L'honneur, l'oppression, l'utilité... Tout cela n'est qu'une question de point de vue. Je ne saurais pas dire si un groupe d'individu est plus utile à la gestion d'une guilde qu'une seul personnalité, je ne me permettrais pas de dire que ma vision du fonctionnement de Ravnica est la bonne. Tout le monde détient la vérité. Je connais l'envi de redorer l'honneur d'une guilde, je te comprend bien Rahinov. Mais écoute aussi Markus, prend tout les facteurs en compte, n'hésite pas à te remettre en question. Ne te borne pas à une idéologie, ne fais pas la même erreur que moi.
Dans tout les cas Rahinov, tu es mon ami et j'ai confiance en ton jugement. Si tu pense que ta cause est juste, je t'aiderais du mieux que je peux. "

" C'est vrai, Markus. Tu dis vrai. Mais si le conseil me laisse en vie, alors qu'il sait bien quelle haine j'ai pour lui, n'est-ce pas surprenant ? Peut-être espérait-il, en me laissant la vie, que je renoncerait à mes ambitions, mais j'en doute fort. Je suis ce que je suis. Le conseil a tout mis en oeuvre, si j'en crois tes dires, pour me permettre de réaliser mes ambitions. J'ai les cartes en mains. J'ai de l'influence, et donc, des hommes qui me suivront, j'ai de l'ambition, j'ai aussi acquis une grande puissance, et j'ai beaucoup changé. Le conseil avait sûrement anticipé cela aussi. Il avait bien anticipé qu'un jour ou l'autre, je serai une menace pour lui. Peut-être, si son bras est si long que cela, qu'il m'a laissé vivre et évoluer de telle sorte que je les renverse. Cela peut paraître paradoxal, et bien prétentieux, mais il attendait ma venue, il attendait quelqu'un comme moi, pour reprendre les Orzhovs.

Sinon, pourquoi m'avoir libéré ainsi, et m'avoir permis d'acquérir de l'influence et de la puissance, tout en sachant que je deviendrai une menace évidente pour l'obzedat ? Je faisais effectivement parti des personnes les plus à même d'occuper la place de chef pontife, mais d'autres aurait pur occuper ma place. alors pourquoi moi, si ce n'est dans l'espoir qu'un jour, ayant acquis suffisamment de force, je renverse l'obzedat ? "

Rahinov se sentait assuré dans ses paroles. Il ne voulait pas, cela était évident, prendre la tête des orzhovs parce que son droit du sang lui donnait raison. Il n'était pas de ceux-là. Il voulait prouver au monde qu'il était l'homme que les Orzhovs attendait. Un homme fort, puissant, influent et intelligent. Il se devait de prouver au monde qu'il avait ces qualités pour pouvoir prétendre à la place de chef.

" Ensuite, mon idée de pouvoir n'était en rien dictatoriale, mais tu le savais, tu me sais assez intelligent pour ne pas revendiquer cela. Je pensais à garder une assemblée, pour diriger les Orzhovs, mais cette assemblée devra être présidée par quelqu'un. Et je ferai tout pour vous prouver que ce quelqu'un, c'est moi. Je ne vais pas détailler entièrement la politique que j'ai prévu pour les Orzhovs, mais elle est solide et travaillée depuis un certain temps. "

Le pontife se leva, et s'adressa à la petit réunion de personne.

" Le déséquilibre est la dernière chose que je souhaite. Je ne revendique aucun droit du sang, ce serait de l'hérésie. Je revendique mes qualités. Je n'ai vraiment pas été à la hauteur pendant de longues années, mais suite à quelques prises de conscience, et de prise en main de moi même, je suis parvenu à devenir quelqu'un. Quelqu'un de respectable, d'honnête, de franc, de puissant et surtout quelqu'un avec du bon sens. C'est en cela que je vous demande de me faire confiance, et de m'aider.

...

En tout cas, ton soutien et ton aide me seront extrêmement précieuses, et tu fais preuve de trop de modestie te concernant, Kinay. Je ne sais pas si tu t'en rend compte, mais tu es un des personnages les plus puissants de ce plan. Ivan n'est pas bien plus fort que toi, il a juste plus d'influence, et c'est pourquoi il t'a eu. Mais à la loyale, tu es vraiment un puissant mage, ne perds jamais ça de vue, et c'est pour cela que j'estime ton aide vraiment très précieuse. Merci mon ami. "

Markus eut un petit rire sec qui claqua comme un coup de fouet.

« Le déséquilibre est la dernière chose que tu souhaites… Soit. Alors pourquoi essayer de renverser un équilibre qui s’est établi ? Quoi que tu fasses, rien n’empêchera certains de s’enrichir démesurément aux dépens des autres. Rien n’empêchera des gens de vouloir plus de pouvoir, car c’est dans la nature des êtres pensants. Remplacer le gouvernement Orzhov par une assemblée dirigée par "quelqu’un", et exiler définitivement les fantômes de nos aïeux, voilà ce que tu souhaites. Où est l’égalité, dans ce cas ? Les spectres sont des entités pensantes à part entière, pour beaucoup d’entre eux, et leurs existences sont étroitement liées aux nôtres. Leur dénierais-tu le droit de participer à l’unité globale ? On croirait entendre un Azorius ou un Boros, pour qui les spectes ne sont bons qu’à servir d’esclaves obéissants ou à être détruits. Tu souhaites révolutionner notre système de croyances, mais as-tu pensé à tous ceux pour qui l’accession à l’immortalité pour leurs âmes est le seul espoir ? À tous ceux qui vont souffrir de la guerre que tu provoqueras ? Et qui te dit que ta nouvelle assemblée sera aussi impartiale que l’Obzedat ? Le Conseil Fantôme n’a pas les mêmes besoins ni la même avidité que les vivants. »

Markus soupira, et son ton revint à celui qu’il était plus tôt. Celui d’un homme fatigué. Ses traits s’étaient même tirés.

« Il y a certes des choses à changer dans le système actuel, et ce que tu proposes pourrait approcher d’une solution. Mais cette solution doit passer par un accord à la majorité, non seulement dans la guilde, mais aussi parmi les autres guildes, que ce remaniement toucherait aussi. Or rien que parmi les Orzhov, le nouveau système que tu proposerait impliquerait la disparition totale de deux des castes, et l’affaiblissement franc de deux autres. Seuls les Mages et les Légistes ne seraient pas touchés, et seuls les esclaves y gagneraient peut-être. Bref, à qui ça profiterait ? À Teysa. Et je crois que ce n’est pas vraiment ce que tu souhaites… En outre, tu parlais de régime dictatorial. Si tu fais ce dont tu parles, on va devenir un nouveau Sénat d’Azorius. Et je ne sais pas pour toi, mais j’ai personnellement la franche impression que ce n’est pas vraiment un système très libre… Enfin, concernant le fait que le Conseil t’a laissé vivre bien que conscient de ta haine pour lui, réfléchis-y. Peut-être que comme pour les Pontifes Palerchov, Lojiev, Tcharekski et Vassiliav, il a prévu la ou les personnes qui t’élimineront avant que tu ne t’attaques à lui… Peut-être même que tu viens de révéler tes plans à ces mêmes personnes… »

À ces mots, le Prince des Esprits eut un sourire diabolique, mais avant que chacun eût pu faire un mouvement ou prononcer une parole, son visage avait repris sa neutralité coutumière et sa voix son ton normal que Rahinov avait connu du temps où un jeune Sorcier sans grade bien élevé cherchait à faire assassiner des Pontifes corrompus.

« Pardonne-moi, Rahinov, je te fais monter au cocotier, alors que je te sais parfaitement sérieux. Mais écoute mon conseil. Ce que tu veux faire est voué à l’échec. Peut-être que certains parmi les Orzhov et parmi d’autres guildes te suivront, mais tu auras aussi une levée de boucliers bien plus importante face à toi, et tu seras renversé comme ceux que tu tentais d’évincer. Sois patient, et certaines des choses que tu proposes pourront être réalisées, ou tout du moins proposées. On pourrait par exemple suggérer à l’Obzedat de discuter ses décisions en présence d’observateurs issus des autres castes, qui pourraient ainsi émettre des avis quant aux décisions, afin de multiplier les points de vue. »

Il partit d’un sourire, et celui-là était franc et sincère.

« Toujours est-il que Rahinov a à la fois raison et tort, Kinay. Ivan n’est probablement pas aussi dangereux que tu te l’imagines, mais pas aussi inoffensif qu’il faut le croire. Il n’aurait pas été considéré comme une menace par le Nécromant sinon. Mais je vous ai entendu dire qu’il possédait un contrôle total sur ta vie, Kinay. Cela voudrait-il dire qu’il est en possession de ton phylactère ? »

" Tu compterais me tuer, alors ? " répondit Rahinov à son "ami" qui l'avait ouvertement menacé " Je te préviens de suite. Cela ne sera pas aussi facile que ça aurait pu l'être dans mes débuts en tant que pontife. "

Rahinov laissa son ami continuer son discours, pour enfin rebondir sur ce que Markus disait à propos des multiplications de points de vue.

" Tu parles du système azorius comme étant peu libéral. Je suis d'accord, mais sur le papier, le système semblait juste et équitable. Le problème vient du vieillard sénile qui le dirige. Je pensais aussi à faire l'inverse. Une assemblée qui propose, et comme chez toute les assemblées, les décisions mettent du temps avant d'enter en fonction, j'aurais été là pour trancher.

Ce que je reproche à l'Obzedat, c'est leur manque de leader. Ils prennent trop de temps à prendre des décisions et à les faire appliquer, alors que si j'étais là pour trancher dans le vif avant qu'on attendent 3 siècles qu'ils se mettent d'accord, tout irait pour le mieux !

Notre guilde est une guilde attentiste ! Reconnais au moins ce défaut majeur que je supprimerai si j'en prenais la tête ! Et ce que fait l'Obzedat en me laissant vivre pour me tuer ensuite si je deviens menaçant est complètement stupide, Markus, tu déraisonnes sur ce point. Pourquoi laisser vivre une personne en étant sure qu'elle deviendrait une menace pour la guilde, même si leur roue de secours est prête. Et me tuer créerait un déséquilibre plus que notoire, alors que l'inverse est moins vrai. Une assemblée est nécessaire pour la guilde, avec un leader tel que moi, désolé de parler de manière si arrogante. Mais cette assemblée ne doit pas être l'obzedat, qui a fini d'être utile. J'unirai les Orzhovs, et ferai cesser cette lutte incessante inter-castes orzhoviennes.

Et en plus de ça, j'ai un autre avantage sur l'Obzedat. Je serai beaucoup plus présent pour les personnes qui croient en moi. L'Obzedat fait la sourde oreille, moi, je leur répondrai. Les Orzhovs ont besoin d'un chef près d'eux. Les conformistes comme toi, visiblement, sont un problème pour les Orzhovs. Je te trouve extrêmement attaché à l'Obzedat, et au fur et à mesure que l'on avance, bien que tu disais n'être ni avec moi, ni contre moi, je te trouve plutôt contre moi. Donnerais-tu ta vie pour l'Obzedat ? Si oui, c'est définitif, nous ne pourrons nous mettre d'accord, mon ami. "

Lorsque Markus parla d'Ivan à Kinay, Le chef pontife eut un petit sourire, comme si le prince tentait de détourner le sujet.

" Si Ivan devient plus important qu'il ne l'est déjà, il mourra, soyez en sur ... On ne manipule pas impunément mes amis de cette manière. S'il est en possession de ton phylactère, je détruirait Ivan avant qu'il n'ai pu te faire quoique ce soit. La raison première de mon année d'exil a été la honte et l'humiliation. Je me sentais faible, physiquement et mentalement. Je suis allé quérir Nodjun pour qu'il me donne de quoi protéger les gens auxquels je tiens, afin qu'ils n'aient plus de problèmes. Alors c'est pour cela que, ma nouvelle force acquise, je veux aider Kinay. Et pour ce faire, Ivan doit mourir. "

Rahinov finit ses mots ainsi. Il n'était plus arrogant, il ne présumait plus de sa force qu'il n'avait pas. Désormais, il était devenu puissant.

" Pour en revenir à ce que nous dision, mon cher Markus, si tu ne te détournes pas de l'Obzedat, nous risquons fort de nous retrouver en duel fratricide, j'en ai bien peur. Le conseil sait ton respect pour lui, et n'hésitera pas à faire appel à toi connaissant mes sentiments pour toi. Malgré tout ce que tu pourras te trouver comme tort, tu resteras comme un frère pour moi, sans ironie aucune. Et je préférerais te savoir avec moi plutôt que contre moi, et en aucune envie je ne voudrais t'affronter, et je ne sais pas si je préférerais me laisser tuer de ta main, ou fuir. Je ne suis pas lâche, mais je ne pourrai pas me résoudre à te tuer ... En tout cas, pas à l'heure actuelle ... "

« Rahinov, » répondit simplement Markus à son ami, « je ne donnerais pas ma vie pour l’Obzedat, et je ne lèverai jamais la main contre toi, quoi que tu désires faire, quoi que tu penses, quoi que tu dises. Si l’Obzedat m’a choisi pour être ton fléau, alors il a mal choisi. Mais j’ai toujours vécu parmi les spectres, et je ne m’attends pas à ce que tu les comprennes aussi bien que moi. Je me suis fait leur avocat, mais tu restes trop campé sur tes positions sans t’ouvrir au point de vue de la majorité des Orzhov, que ce soient les simples commerçants ou les plus puissants des mages. Si la guilde existe et continue à se développer, c’est parce que la plupart de ses membres espèrent qu’en récompense à leur vie de loyauté envers le Conseil ils accéderont à une place à leurs côté, et n’ont pas la crainte de n’avoir qu’une semi-existence, peut-être même sous la forme d’un vengeur, une fois que leur corps aura fait défaut. Et cela, tu l’oublies. Tu oublies qu’ils espèrent avoir eux aussi une chance de s’illustrer, de participer à quelque chose. Je ne cautionne pas cela, mais c’est un fait. »

Lord Darkmore prit une nouvelle gorgée de la boisson, mais elle lui parut aussi amère que les fractures dans leur amitié, à Rahinov et lui.

« Tu reproches en outre le manque d’implication du Conseil dans les affaires de la guilde. Mais peut-être n’est-ce que parce que tu te refuses à solliciter son aide. J’ai quant à moi souvent eu recours à l’Obzedat, et jamais je n’ai été déçu. Jamais non plus je n’ai eu à patienter trois siècles qu’il se décide, comme tu le dis. La décision était prise à chaque fois dans la semaine, dans le mois au plus tard. Et quand l’affaire était vraiment urgente, comme ce fut le cas lorsque nous avons attaqué ce caveau de nephilim, elle pouvait être prise dans la journée. Seulement, le Conseil Fantôme ne s’implique que rarement dans les affaires de routine, parce que les vivants peuvent s’en charger seuls. À la rigueur, ils peuvent donner un avis, mais il n’est pas besoin de plus. En revanche, pour les questions graves, l’Obzedat réagit. Ce qui te fait croire qu’il est très lent est peut-être le fait que le Conseil planifie certaines choses des mois, voire des années, à l’avance. La mort des Pontifes, par exemple. Mais s’ils ne voulaient pas voir la guilde s’écrouler, il fallait leur trouver des successeurs, et donc former des personnes aptes à cela. Réjouis-toi plutôt d’en faire partie, car justement comme tu fais partie de la classe dirigeante, tu as le pouvoir d’agir pour aider le Conseil Fantôme. »

Il réessaya d’avaler le liquide contenu dans son verre, mais ne put y parvenir. Non que le vin fût mauvais. Mais mêlé à son amertume il faisait un mauvais mélange. Markus reposa sa coupe sur la table.

« Les maîtres de guilde sont rares à être impliqués directement dans les affaires de leur guilde, de toute manière. Ils interviennent dans les problèmes de politique générale, dans les affaires qui concernent les relations avec les autres guildes et les sans-guilde, dans les enjeux économiques ou militaires majeurs, mais sinon ils ont toujours laissé leurs subordonnés gérer le reste. Je peux paraître incroyablement rétrograde à tes yeux, mais le système a globalement toujours plus ou moins bien fonctionné comme cela. D’un autre côté, comme je te le dis, rien ne t’empêche de demander à l’Obzedat de créer un second conseil pour gérer les affaires plus communes de la guilde, comme ce qu’il se fait déjà chez les Sorciers. Ou bien de demander à ce que des observateurs extérieurs participent à certaines sessions du Conseil Fantôme. Mais en revanche je persiste à dire et à penser que s’attaquer à l’Obzedat même serait miner les fondations mêmes de notre guilde. »

Finalement, il ajouta, très calmement :

« Je t’ai dit que je ne donnerais pas ma vie pour l’Obzedat, certes. Mais j’ai donné ma mort pour lui. Parce qu’il constitue l’espoir et la protection de la guilde, et le symbole de la puissance de celle-ci face aux autres. Et que par conséquent je ne le trahirai pas, tout comme je ne te trahirai pas. Si jamais tu t’opposes au Conseil, alors je me verrai être obligé de partir. Définitivement. »

Puis Markus se tourna vers le mage rebelle Golgari.

« Quoi qu’il en soit, Kinay, je te soutiendrai moi aussi si ta vie est menacée. Tu m’as donné beaucoup, et ce serait bien mal te remercier que de te laisser dans la détresse. »

Cette discutions entre deux visions du pouvoir, deux visions de la guilde des transactions. Kinay se moquait un peu de ça, mais elle était entrecoupé de remarque sur lui.

"...Kinay. Je ne sais pas si tu t'en rend compte, mais tu es un des personnages les plus puissants de ce plan. Ivan n'est pas bien plus fort que toi..."

*Un des personnages les plus puissants de ce plan. Est ce que Rahinov faisait de l'ironie, est ce qu'il dit ça parce qu'on est ami, essaye t'il de me brosser dans le sens du poil. Je n'en sais rien, mais en tout cas il est loin de la vérité. Il était vrai que je suis bien plus puissant qu'à une époque, il est vrai que ma seul existence me met au dessus de bien d'autres mages. Mais je suis bien loin d'être quelqu'un d'aussi puissant, un simple pion, pour le moment...*

" Ivan n’est probablement pas aussi dangereux que tu te l’imagines, mais pas aussi inoffensif qu’il faut le croire. Il n’aurait pas été considéré comme une menace par le Nécromant sinon. Mais je vous ai entendu dire qu’il possédait un contrôle total sur ta vie, Kinay. Cela voudrait-il dire qu’il est en possession de ton phylactère ? "

Dans un premier temps la surprise, Markus connaissait l'existence du phylactère, mais après tout pour quelqu'un comme lui ce n'était pas si étrange. Kinay s'en voulait d'avoir été surpris pas son existence, dés le début il aurait dut faire des recherches sur sa non-vie, mais il avait été aveuglé par de beaux idéaux.

" Si Ivan devient plus important qu'il ne l'est déjà, il mourra, soyez en sur ... On ne manipule pas impunément mes amis de cette manière. S'il est en possession de ton phylactère, je détruirait Ivan avant qu'il n'ai pu te faire quoique ce soit. La raison première de mon année d'exil a été la honte et l'humiliation. Je me sentais faible, physiquement et mentalement. Je suis allé quérir Nodjun pour qu'il me donne de quoi protéger les gens auxquels je tiens, afin qu'ils n'aient plus de problèmes. Alors c'est pour cela que, ma nouvelle force acquise, je veux aider Kinay. Et pour ce faire, Ivan doit mourir. "

*Il m'offense, je sais que ce n'est pas son but, mais je n'ai jamais demandé une quelconque aide. J'ai mes problemes, ils ont les leurs, si ils ont besoin de moi je les aideraient, mais je n'ai pas besoin de les impliquer dans les miens. Je ne veux pas leur imposer ça, je m'en sortirais. Même si ça doit prendre du temps.*

"Quoi qu’il en soit, Kinay, je te soutiendrai moi aussi si ta vie est menacée. Tu m’as donné beaucoup, et ce serait bien mal te remercier que de te laisser dans la détresse."

Kinay prit le temps de calmer ses pensées, d'un côté il était touché de l'intérêt que portait ses deux amis à son égard, alors qu'ils étaient en train de débattre de chose les touchants plus et qui impliqueras bien d'autres choses sur le long terme. Finalement il redressa sa tête et fit glisser son regard de Rahinov, toujours plein d'énergie, à Markus avec son calme calculateur et son air de spectre, à Siliviel qui semblait bien perdu dans cette discution. Finalement il posa son regard plus longtemps sur Anya, qui n'avait dit mot depuis le début de la révélation de Rahinov, le descendant du Parun, puisqu'il semblait l'être. Il leva son visage vers les deux pontifs.

"Je suis touché. Cela faisait longtemps que je n'avais pas reçu de vraix preuve d'affection, puisque d'un certain côté ça en est. Je ne suis pas aussi puissant que vous pensez le croire, du moins je ne le pense pas. Si je m'estimais capable de régler mes problèmes seuls, je l'aurais déjà fait. Mais j'ai l'humilité de penser que je suis loin de la puissance du nécromant qui m'a formé. Mais puisqu'il a été détruit, je crois que je n'ai plus vraiment d'objectif, de raison de rester dans ma position..."

Kinay passa ses mains sur son visage, il analysait les nouvelles données, il pesait le pour et le contre. Il devait avoir un regard neuf sur sa vie, sur ses objectifs et les moyens de les atteindre.

"Oui, Markus as vu juste. Ivan possède bien mon phylactère, il a entre ses mains mon existence même. Et pourtant je suis là devant vous, il ne m'a pas détruit alors que je représente peut être à ses yeux, un des derniers symboles de son ennemi. Alors non Rahinov, tu ne feras rien contre lui. Ce sont mes affaires et c'est à moi de les régler. Et je ne pourrais pas songer à détruire quelqu'un qui a protéger Anya par le passé et qui lui est précieux."

Les paroles de Kinay tirèrent Anya de la torpeur dans laquelle elle était plongée, suite aux révélations terribles des deux Orzhov sur la nature de l’Obzedat et de leur guilde, ses buts et sa puissance. Sur Kinay aussi, d’ailleurs. Elle ignorait totalement qu’Ivan possédait son phylactère, et avait tout d’abord été incrédule quant aux paroles de Markus. Mais quand Kinay avait confirmé cette supposition, elle eut l’impression qu’une main de mizzium venait de se refermer sur son cœur.

Et pourtant, il y avait quelque chose qui clochait. La dernière fois qu’elle avait vu le nécromancien et la liche en présence l’un de l’autre, Ivan n’avait pas hésiter à faire feu sur celle-ci, d’un sortilège qu’Anya savait mortel, et tout aussi définitif que la mort qui avait été infligée au Nécromant. Deux questions en découlaient, en réalité. Comment Ivan s’était-il emparé de ce phylactère, pourtant probablement bien protégé par le Nécromant ? Et pourquoi Ivan avait-il laissé la vie sauve à Kinay après cela, et surtout même après la mort du Nécromant, puisque une fois celui-ci vaincu Kinay perdait son utilité à ses yeux ? Ivan avait toujours exécré le contrôle des morts-vivants majeurs, arguant qu’ils pouvaient à n’importe quel moment se retourner contre vous. Alors pourquoi lui avoir laissé la vie sauve ?

Ce furent les derniers mots de Kinay qui lui firent envisager un élément de réponse, et cela la glaça encore plus, s’il en était encore la possibilité. Ivan pourrait avoir laissé en vie celui-ci pour elle, parce qu’il aimait encore la petite demi-elfe qu’il avait pris sous son aile voici de longues années comme le père que lui avait montré Silviel.

Elle se rapprocha de Kinay et avec un sourire triste lui prit doucement la main.

« Kinay, je viens d’apprendre tout cela, pour ton phylactère. Cela ne rend que plus urgent le besoin de parler à Ivan le plus rapidement possible. Il se trouve en ce moment à Utvara, l’un des quartiers de reconquête, pour une mission au service de la guilde. Dés demain je peux passer à la Banque pour retirer de quoi payer un trajet en lokopède pour nous deux – et pour les Seigneurs Rahinov et Darkmore, ainsi que pour ma sœur si ceux-ci le souhaitent. »

Elle se tourna à ces mots vers les personnes concernées, et poursuivit.

« Sire Rahinov, je vous prie de retenir votre main vengeresse jusqu’à ce qu’aucune autre solution ne soit possible. Ivan n’est pas un homme mauvais, juste une personne qui s’est défendu face à un autre par tous les moyens à sa disposition. À la lumière de ce que vient de nous révéler Lord Darkmore sur le Nécromant, croyez-vous qu’Ivan ait eu tort de l’affronter, si les visées du Nécromant étaient si menaçantes ? »

Elle laissa planer un instant sa question, puis reprit :

« Quoi qu’il en soit, je vous jure que jamais un autre Golgari n’entendra quoi que ce soit par ma bouche des propos qui ont été tenus en ce lieu. Si jamais des personnes comme les Sœurs ou la reine Savra venaient à en savoir autant sur les faiblesses de ma guilde et les tensions à l’intérieur de celle-ci, soyez sûrs qu’elles les utiliseraient pour provoquer sa ruine. »

Elle eut un sursaut intérieur en entendant ses propres mots, mais parvint à le réprimer aux yeux des autres, et tenta rapidement d’enchaîner en espérant qu’ils n’auraient pas remarqué son lapsus, mais elle se trouva à court d’idées, aussi elle revint à Kinay, dont elle s’aperçut qu’elle tenait toujours la main serrée fermement dans les siennes. Elle lâcha celui-ci, et rougissant, se retira un peu plus loin dans la pièce. Décidément, l’alcool ne lui réussissait pas. Sa langue était un peu trop déliée, et elle agissait un peu trop instinctivement à son goût. Jamais elle n’aurait dû accepter le second verre…

" Je ne sais pas ... je n'en sais rien. L'ennemi de mon ennemi n'est pas forcément mon ami ... " fit Rahinov d'un ton très calme. Pas vraiment grand monde avait compris de quoi il parlait, sans doute lui même ne savait pas " Toujours est-il que tu te méprends trop Kinay. Sur toi-même, déjà. Tu es bien plus puissant que tu le dis. Je te considère au même niveau que moi, et bon nombre de personnes, peut être à cause de mon rang au sein des Orzhovs, se sont amenés à dire que j'étais quelqu'un de puissant. J'estime que ce n'est pas à moi de le dire, alors je me réfère à l'avis des autres. Et si les autres me trouvent puissant, tu l'es aussi, cela ne fait aucun doute. Ensuite, ma volonté de t'aider ne partira pas ainsi. Tu m'as, sans hésiter, prêter ton bras dans ma quête, et je dois t'avouer que sans ton aide, l'aboutissement de mes idéaux n'aurait été que des chimères. Or, tu me tends la main, sans hésiter. A moi de te la rendre, et tu n'as rien à redire. Bon nombre de fois, tu es resté, debout, chargeant tes manas, à mes côtés, alors que la plupart des autres mages auraient préféré la fuite. Ce qui te manque, c'est de l'estime de soi. " termina l'Orzhov d'un ton clair et pourtant plein de compassion. Il ne tentait en aucun cas de soudoyer son ami, la simple pensée de le faire lui donnait la nausée. Non. Il exprimait succinctement ou non ce qu'il n'avait jamais pu dire de manière franche et honnête.

" Pour en revenir à nous, Markus, " fit le pontife d'une voix ferme, claire, décidée, et convaincue " je trouve que tu t'emplis de paradoxe. Tu abonde dans le sens du conseil, tu te dis rétrograde, mais pourtant, tu parles de développement et de nouveautés, dues notamment grâce au conseil. Il faudrait savoir. Pour ma part, notre guilde est en stagnation, et je suis là pour la briser. Non violemment, en théorie.

De toute façon, je persiste et signe. Il faut que le conseil soit changé. Soit, qu'il disparaisse, car, rappelle toi qu'il nous à causé des soucis avec les pontifes. Si ces derniers n'avait fait que mourir, ils auraient rejoint l'Obzedat, et notre cher conseil n'aura pas été dérangé de voir arriver au sein de leur assemblée des esprit de gros tas défunts. Il nous fallait donc détruire leur esprit aussi, et rappelle toi comment cela s'est passé. On a eu chaud. Soit que quelqu'un dirige ce fameux conseil pour pouvoir trancher dans le vif, et faire bouger les choses. Et ce quelqu'un ce sera moi. Je ne revendique pas ce droit en tant que descendant du parun, mais bien parce que je suis visiblement le seul qui aie le courage de vouloir changer les choses. Et parce que je n'ai vécu que dans ce but, changer les choses, à ma manière. Et j'estime que je le mérite, après tant d'efforts.

Ensuite, ne crois pas que le conseil n'a que des fervents partisans. Beaucoup de mages plus ou moins importants voudrait voir arriver quelqu'un qui réformerait les Orzhovs. Peu de gens croient encore à l'efficacité de l'Obzedat, et à juste titre. Crois-moi, ta foi rétrograde en l'actuelle guilde Orzhovs n'est pas très répandue ... "

Rahinov reprit encore une fois une gorgée de son délicieux vin. Il n'en était qu'au début du troisième verre et aucune sorte d'ivresse ne se faisait sentir, à croire que ses échecs passés, notamment chez Markus, lui ont rajouté des compétences pour tenir l'alcool. Tant mieux.

" Je me permet aussi de dire ceci. Peu de gens désirent rejoindre le conseil. Car ils savent tous que c'est peine perdue. Même les plus grands mages ne vont pas au conseil, et tu le sais mieux que moi. Ma mort ne m'amènera pas au conseil, j'en suis certain. La tienne ... Je n'en sais rien ... "

Nodjun, face à la détermination de son élève, prit la parole d'une voix légèrement tremblotante. " Mais fixons les bases, voulez-vous ? Savez-vous ce que vous désirez le plus au monde ? Oui ? Dites-le franchement, ce serait bon que chacun ici sache ce que Untel désire le plus. Quand à moi, je me contrefiche de vos fantasmes, sachez que je ne fais cela que pour débloquer la situation qui semble s'enliser. " Et Nodjun clôtura ainsi sa prise de parole, toujours avec un petit sourire de satisfaction.

Rahinov repensa alors à tout ce qu'il avait vécu. Pourquoi il avait prit toute ces décisions. Pourquoi s'être engagé chez les Orzhovs ? Pour rétablir son honneur. Pourquoi avoir tenté de monter en grade, et réussi cela ? Pour rétablir son honneur, et se venger sur le conseil. Pourquoi avoir participé à tant d'aventures ? Pour accroître son pouvoir et se pousser dans ses derniers retranchements. Pourquoi, enfin, avoir acquis une grande puissance mentale, magique et physique chez un maître selesnya réputé ? Pour rétablir un honneur. Mais plus le sien. L'honneur de sa guilde.

" Ce que je désire le plus, c'est ... rétablir l'honneur d'une guilde qui l'a perdu depuis longtemps ... Je veux faire briller les Orzhovs à côté des autres guildes. Voilà ce que je désire le plus. D'un autre côté, un sentiment tout aussi intense me parcourt. Celui de ne pas perdre les personnes qui me sont proches. Et je pense que ces deux sentiments vont entrer rapidement en conflit, et ça, je ne sais pas gérer. " fit un homme qui avait perdu quelques notions. En une question, son monde s'était écroulé, et il se vit, face à lui même et face à son destin. Qu'allait-il faire ?

« Dans ce cas, nous courons à la fin de la guilde. Si tu t’attaques à l’Obzedat ou tentes de le réformer et de le diriger, tu te retrouveras opposé aux Princes-Marchands les plus puissants, ceux qui ont le pouvoir financier, décisionnaire et militaire de rejoindre le Conseil. Tu t’opposeras aux Sorciers, qui ont tous personnellement juré allégeance au Conseil Fantôme. Tu t’opposeras à une grande partie du clergé, qui craindra de perdre ses fidèles du fait de l’élimination du pouvoir politique des âmes des morts. Tu t’opposeras au Conseil lui-même, et à ses spectres combattants. Tu t’opposeras aux ectomanciens, dont le commerce repose uniquement sur la préservation des âmes. Que tu le veuilles ou non, le système fondamental de notre guilde est basé sur l’Obzedat. Tu m’as prouvé que la vieille haine des Mages pour l’Obzedat et les Sorciers est sur le point d’éclater à nouveau. »

Markus avait presque craché ces mots, prouvant par là son mépris pour la caste des Mages. Il se reprit, d’un ton plus calme et plus posé, et poursuivit son argumentation, même s’il avait l’impression de parler à un mur.

« Si les derniers Pontifes n’ont pas été admis au sein du Conseil, c’est qu’il y a une bonne raison. Ils se sont occupés uniquement de l’immortalité de leurs âmes et de leur ego démesuré, sans comprendre que cette immortalité devait se faire au service du peuple. À présent, ce sont des âmes piégées dans Agyrem, semant la discorde là-bas. »

Puis il prit sa décision. S’il fallait cracher le morceau, alors autant le faire tout de suite.

« Tu ne t’es jamais demandé pourquoi l’Obzedat avait peu agi ces derniers mois ? Parce que le Quartier Fantôme est en guerre. Des influences venues d’ailleurs se sont rassemblées là-bas, et si nous ne voulons pas qu’elles déferlent dans le monde des vivants, l’Obzedat et les Sorciers doivent les contenir. Les barrières séparant Ravnica de l’hostilité extérieure sont en train de s’effriter, tu as pu le voir dans le marais de Loreval et dans ce cimetière du Quartier Neutre. Et ces manifestations deviennent chaque jour plus nombreuses. Je parierais que ce qu’il se passe à Utvara avec ce fameux Schisme en fait partie. »

Il se tourna vers Anya, qui s’était recroquevillée contre Kinay à l’écoute des dures paroles du Prince des Esprits, et eut un sourire qui se voulait encourageant.

« C’est pourquoi, si ma Dame Anya l’accepte, je l’accompagnerai à Utvara, à la fois pour parler à Ivan et pour enquêter sur cette manifestation. Il y a juste un souci. J’ai entendu dire qu’Utvara était la propriété de la famille Karlov. Rahinov, si tu as encore l’oreille de Teysa, j’aimerais que tu intercèdes en ma faveur pour qu’Oncle accepte de me laisser pénétrer et enquêter sur ses terres. »

Markus soupira, puis reprit, avec une moue ennuyée :

« En fait, j’aimerais que Teysa n’en apprenne pas trop sur ce qu’il se passe à Agyrem, elle pourrait en profiter pour prendre le pouvoir, vu l’affaiblissement du Conseil Fantôme et des Sorciers que je viens de te révéler. Je t’en prie, prouve-moi que ma confiance en toi n’est pas mal placée. Dis-toi que seule la force du Pacte des Guildes empêche encore toutes ces menaces de déferler sur nous. »

Il se tut quelques instants, avant de poursuivre.

« Réfléchis bien. Ne crois-tu pas que ces tensions sont voulues ? Juste alors que le Décamillénaire approche, les Golgari sont une poudrière, les Selesnya s’agitent comme des fourmis pour leur Convocation, de plus en plus de clans Gruul se rassemblent sous l’égide de Borborygmos, et les Boros sont trop affaiblis par les dernières incursions Rakdos pour maintenir la paix en cas de nouveaux problèmes. Ca fait plusieurs mois qu’on n’a pas vu trace du Parhelion. Et c’est maintenant que tu veux faire éclater la guilde Orzhov ? À un moment qui peut s’avérer critique pour la survie du Pacte ? Ce qu’il se passe à Agyrem n’est que le reflet des tensions profondes qui agitent le monde des vivants, j’en donnerais ma main au feu. Crois-moi, rester tranquille le temps que ça se calme un peu chez les autres guildes serait la meilleure solution. Attends, et vois si avec le recul du temps il faut réellement agir ainsi. »

Les traits de Markus étaient tirés, comme si une grande douleur le traversait. Et pourtant, ce fut avec calme et douceur qu’il reprit.

« Je ne veux pas t’empêcher de réformer la guilde, bien au contraire. Elle doit rester droite et juste envers ses membres. Elle doit les protéger et les aider. Mais placer un vivant, surtout peu expérimenté, au-dessus des morts qui ont une expérience bien plus longue que nous de Ravnica, ce serait une folie. »

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