Un pétard mouillé.

Un soleil pale se levait ce matin là, éclairant les quartiers neutre avec délicatesse. Le vent soufflait légèrement, mais ses brises tièdes sentaient l'épice et la viande cuite au feu. Un matin aussi calme qu'on puisse rêver dans ce monde tumultueux, avec ses quelques péripétie quotidienne. Deux Gruuls saouls se battaient devant une taverne, et un gamin des rues courait à contre-sens de la foule, poursuivit par un garde Boros, qui cessa de le suivre pour réglé le problème des Gruuls.
Rien d'inhabituel. Les marchands hurlaient les mêmes sottises, l'air avait la même odeur, quoiqu'un nez entraîner y aurait décelé une vague odeur de poudre, qui pourrait d’ailleurs provenir de la petite forge, déjà active, au fond de la rue. Et cette foule anonyme, incroyablement fournie, qui semblait ne former qu'un seul être immonde et cruel, prêt à dévoré tout les biens que la horde de marchand mettait à sa portée. Un matin parmi d'autre.

Mais c’est dans ces jours ci que l'on peut voir comme les jeux de pouvoirs sont tendus. Les Orzhov,derrière leur étales,instaurent leur suprématie, renforce leur oppression religieuse et financière sur les badauds, sur chaque être aillant besoin de se nourrir. C’est sur ce point que les Golgaris leur faisaient de l'ombre, fournissant gratuitement de quoi survivre à une partie de la population, ils les privaient d'un grand marché. Et rien ne perturbait les règles instauré par les Azorius, les Boros y veillaient, même ici, où ils n'ont pas autorité.
Et tout cela échappe au monde. Les jeux sont ainsi fait qu'ils se passent dans l'ombre. A la lumière, nous ne voyons que deux Gruuls saouls. Dans l'ombre, ils font diversion pour qu'on ne regarde pas de l'autre coté. On ne voit qu'un gamin courir, il attire en réalité le seul Boros du coin vers les deux ivrognes. On ne sent que l'épice et la viande, mais dans l'ombre, c'est la poudre qu'il faut sentir, la poudre dont il faut se méfier.

Car ce matin, il avait organisé son premier véritable coup tout seul. Yarkol, debout entre deux ruelles adjacente, soulevait les pavés sous lesquelles se trouvait ses tonneaux explosifs. Il les avait caché des mois auparavant avec l'aide d'un camarade Gruul, miraculeusement mort trois jours plus tard dans un incendie de grotte.
Il plaça le petit dispositif de retardement que lui avait fourni son ami Izzet contre quelques courses, et commença à s’éloigner, rejoignant la rue principale. Les Gruuls avaient disparut, tout comme le Boros. Aucun marchand n'avait fait attention, personne ne l'avait suivit, et la seul personne à l'avoir remarqué était un mendiant à qui il avait donner cinq pièces.
Du moins il l’espérait. Il était trop tôt pour qu'on le reconnaisse, il fallait qu'on le cherche, il fallait qu'il frappe fort avant qu'on sache qui il est.
Spoiler:
Il avança dans la foule, on ne lui jetait pas un seul regard.

« Entendez mon cri... » chuchota t-il.

Et dans la ruelle adjacente, grossièrement caché sous un tas d'ordure, une bombe assez puissante pour faire s’écrouler les deux bâtiments qu'elle touchait allait exaucer les prières du semi-elfe. Il ne restait que cinq minutes, et il tenait à monter sur le toit de la taverne, juste en face de son œuvre. Il y entra, paya vingt pièces de plus que le prix de la chambre pour avoir celle qu'il voulait, celle dont la fenêtre donnait sur la ruelle. Sa ruelle. Il allait enfin pouvoir admirer son travail.
Un matin comme les autres,oui, comme bien d'autre à partir d'aujourd'hui...

Hrp/ Voila ! Scénario ouvert à tous. Je pourrais servir de MJ, Yarkol ne sert que de détonateur pour attirer tout les PJ ici. Prévenez-moi par MP pour me dire ce que vous faites ect, je promet de faire vite pour répondre. /Hrp

Aenorial était content. En cette matinée d'apparence ordinaire, il avait enfin retrouvé le Gruul qui l'avait indirectement aidé à prendre conscience de sa solitude extrême. Il l'avait cherché longtemps, et avait fini par retrouver sa trace par hasard au cours d'une de ses missions. Le Dimir savait que Yarkol préparait quelque chose, mais il ne voulait pas l'interrompre. Il respectait les efforts du semi-elfe et voulait assister à leur aboutissement pour comprendre où Yarkol voulait arriver.

L'ayant suivi dans la taverne pour savoir où il irait, il avait appris que le jeune Gruul souhaitait obtenir une chambre spécifique et il était ressorti, puis, passant par une ruelle vide, il monta sur le toit de la bâtisse, se plaçant en face du Gruul de façon à ce qu'il ne le voie cependant pas, sans se douter pour autant que lui-même était en cet instant observé par deux yeux d'un gris brillant. Le jeune agant de la Guilde Fantôme savait que tout était planifié, mais il ne tenta pas de percer les secrets de la mise en scène. Il assisterait aux événements et suivrait Yarkol, quitte à l'aider peut être à échapper à ses éventuels détracteurs.

***Reste à voir si je ferais jamais un rapport sur cette mission***

En attendant que le plan de Yarkol se déclenche, Aenorial remit son masque en place et rabattit sa capuche sur son crâne, ne laissant plus apparaître que son menton.

[HRP] Bon, Yark si ça te dérange pas, j'aimerais bien RP un peu avec toi, parce que, même si le malentendu est pas fini, Ae s'intéressait à toi. [HRP]

Une journée ordinaire, un soleil matinal ordinaire se reflétant sur des toits ordinaires, une auberge ordinaire avec une taverne ordinaire ayant une vue ordinaire sur une ruelle ordinaire, des rayons du soleil ordinaires approchant d'une douceur ordinaire vers les tables ordinaires les plus reculées d'une salle commune ordinaire...

** Mais qu'est-ce qui cloche en ce moment ?... Est-ce que... Ca y est? **

En ce début de journée ordinaire, Mjokkoto était assise bien au fond de quelque taverne du Quartier Neutre accompagnée d'une bière de châtaigne, le lendemain de sa nuit sans rêves dans cette même taverne où elle s'était payée une chambre. Elle s'agitait, montrait des signes d'impatience en secouant fébrilement les jambes, laissait son angoisse se libérer un peu. Et pour cause: Durant la semaine, il n'y eut pas l'ombre d'un problème; l'Assoupie avait volé quelques passants inconscients sans s'être jamais fait pincer, elle a pu manger à sa faim sans encombres, aucun garde ne l'avait toisé de travers, pas même un viashino psychopathe ne chercha à lui dévorer la chair à vif quand elle était passé dangereusement près d'un barbecue Gruul... bref, une semaine tranquille, où rien d'inhabituel ne s'était produit dans l'environnement altérée de la jeune folle. Et c'est bien cette tranquillité qui la perturbait à ce point; elle qui n'avait jamais vécu plus de 2 jours sans une tournure allant de la neige qui tombe d'un coup à la caravane couvrant des enlèvements de masse, voila que d'un coup elle ne vivait plus rien. Rien de rien du tout. On pourrait normalement croire à une simple période vache maigre; mais il ne sera jamais dit que Mjokkoto croirait " normalement" durant une telle situation:

** Mourir... Ils disaient vrai... 7 jours de rien... Je vais... mourir... Je vais mourir... Mourir... Mais je ne veux pas.... non... Je ne veux pas mourir... **

L'Assoupie ne croyait guère aux prédictions, mais comme tous bon ex-pensionnaire d'asile, une rumeur pouvait avoir la fâcheuse tendance de prendre l'aspect d'un évangile; celle qui l'avait le mieux marqué était qu'un fou ne pouvait pas passer une semaine sans rien d'anormal... avant de mourir. Mjokkoto estimait que c'était déjà un exploit d'avoir survécu jusqu'au 8ème jour, mais il lui fallait maintenant un évènement; sa survie en dépendait!

** Un client de la taverne pourrait me sauver... Ce gobelin qui dort comme une bûche sur le comptoir? **
"... Bourré..." marmonnait-t'elle.
** Ce gamin en tenue orange? **
" ... Déjà-vu... "
** Un elfe qui rentre... juste pour aller sur le toit? **
" ... Pressé d'en finir... "
** ... Personne? **
" ... Alors... c'est foutu... "

Après 5 minutes à chercher ce qui pourrait éventuellement lui tomber dessus, Mjokkoto, au bord du désespoir, se tourna alors vers la grande fenêtre de la taverne, et fit ce qui lui semblait le plus logique dans ce genre de situation, et surtout le plus efficace:
" ... Miracle! "

**Neelahn, tu es encore en train de t’endormir !**

C’était vrai. Assise à une table solitaire, la sans-guilde commençait à somnoler. Elle rouvrit difficilement ses yeux qui s’étaient clos d’eux-mêmes, soupira puis s’étira voluptueusement.

**C’est de ta faute, tu m’as parlé toute la nuit.
_ Une nuit que tu as passée à errer dans la rue. Étonnamment, j’ai du mal à croire que tu aurais dormi si je ne t’avais pas parlé. A moins que tu dormes en marchant ?**

Neelahn ne répondit pas à l’agaçant Gabriel, préférant observer les gens qui l’entouraient. Etouffant un bâillement, elle nota rapidement le comportement pour le moins étrange d’une personne -qui lui semblait être de sexe féminin, mais la chose qu’elle portait au visage lui enlevait ses certitudes- tout aussi étrange, les ronflements sonores d’un gobelin sur le comptoir et les éclats de voix provenant d’une table assez éloignée de la sienne. Ce qui était parfaitement inutile et inintéressant.
Elle poussa un deuxième soupir. Cela faisait plus de deux semaines qu’elle s’ennuyait ferme, et l’inaction commençait à peser.

**Eh ! Et si tu faisais une chose que tu n’as encore jamais faite : communiquer avec le monde extérieur ?
_ Ben voyons.
_ Gab n’a pas tort, tu pourrais essayer de te faire des amis. Ca fait combien de temps que tu n’as pas eu de contact avec des gens ?
_ …
_ Puis, tu sais, on ne peut pas toujours être là pour te tenir compagnie.
_ Le rôle de nounou commence à nous taper sur les nerfs.
_ Je vous emmerde.
_ T’énerves pas. Ce que les gars tentent -de manière très maladroite, certes- de te dire, c’est que tu ne peux pas vivre uniquement dans ta tête, avec nous, et qu’à un moment ou à un autre, il va falloir que tu t’ouvres au monde extérieur.
_ C’est un complot ou quoi ? Sarah, dis-moi que tu es de mon côté !
_ Bah… Ils n’ont pas tort. T’es carrément asociale en fait.
_ Ouais bon ok, j’ai compris.**

De toute évidence, il n’y avait pas que l’inaction qui commençait à peser…
La jeune fille, vexée, croisa les bras sur sa poitrine et se mit à bouder. Elle resta dans cette position cinq bonnes minutes, afin de marquer son déplaisir, avant de s’ébrouer et de se lever. Elle n’avait aucune raison de s’attarder ici, et de toute manière, si elle restait assise trop longtemps elle risquait de s’endormir. Or, elle n’avait aucune envie de donner à Gabriel une raison de lui parler. D'un pas qui se voulait nonchalant, Neelahn se dirigea vers la sortie, marmonnant inconsciemment que non, elle n'était pas carrément asociale.

De sa fenêtre, le semi-elfe toisait le quartier avec impatience. Avait-il omis un détail quant au réglage du minuteur ? Les dents serré, il attendait, mais rien ne se passait. Il allait redescendre, frustré et amer, quand la bombe explosa. Ou plutôt, quand la réaction entre les mana rouge et la poudre se fit de façon imparfaite et provoqua un éclair flamboyant. Cela ne se passait absolument pas comme prévu, et rien n'aurait pu rendre l'ancien Gruul plus joyeux qu'une telle surprise. Manifestement, l'explosion n'avait pas réellement fonctionné. Les tonneaux n'avaient pas tenu assez longtemps, la pression était montée trop lentement. Ils s'étaient ouvert, la poudre avait pris feu, et le contacte avec l'oxygène avait provoqué un torrent de flamme.
L'air s'était enflammé très vite, en quelques secondes, le petite ruelle s'était consumée. Les flammes avaient brièvement atteint dix mètres de haut et s'étendaient presque jusqu'à l'auberge, une véritable langue ardente avait délicatement léché les passants, et ce torride contacte les avait quelques peu ému...
La panique s'installa très vite, les gens courraient et hurlaient dans tous les sens. Étrangement, la panique ne s'étendait pas, seuls les passant les plus proche de la ruelle fuyaient. Les autres regardaient les flammes éparses qui menaçaient les bâtiments alentours.

Aenorial, depuis son poste d'observation, était aux premières loges. Il ne lui avait pas fallut un dixième de nano seconde pour se couvrir le visage avec sa manche quand les flammes avaient jaillis. Il avait sentit une chaleur aisément supportable pendants quelques secondes, et avait baisser le bras, blasé, pour observé les réactions de tout ce petit peuple, en bas. Aucun bâtiment ne semblait réellement menacé par les flammes, mais les étales du marché ne pouvaient pas en dire autant. Quelques foyers pouvaient toutefois s'avérer plus dangereux que prévu : la brise légère qui soufflait changeait de sens. De là où il était, le Dimir pouvait très bien voir que si le vent tournait vers l'Est, la forge risquait d'être touchée...
Il put aussi voir une autre scène cocasse : le gilet de laine d'un marchand avait pris feu, et celui-ci ne s'en était pas rendu compte. Il comptait avidement quelques pièces entre ses mains. Juste derrière lui se tenait une jeune humaine, qui sortait à peine de l'auberge au moment des faits. De là où il était, il ne pouvait dire si elle s’apprêtait à l'aider ou si elle comptait le regarder brûler lentement.

A peine sortie de l'auberge, Neelahn avait été avertie par une voix dans sa tête
* Attention !*
Elle s'était figée, et une énorme flamme avait avalé tout le quartier. De là où elle était, le feu semblait avoir envahit le ciel et la terre en quelques seconde. C'était comme si le monde dans son ensemble avait pris feu instantanément, et dans la même seconde, tout était redevenu normal. Comme si Rakdos lui même était apparut pour hurler l'horreur et la haine avant de disparaître. Deux secondes de stupéfaction passèrent, et les gens commencèrent à courir, à se bousculé dans tout les sens. Pourtant, juste devant elle se tenait un marchand ambulant impassible qui lui tournait le dos. Il devait être à la fois aveugle et sourd pour ne pas avoir compris ce qu'il se passait autour de lui, et pourtant, son gilet de laine prenait feu par le bas...

Pendant ce temps, à l'étage du dessous, dans la taverne, l'Assoupie aurait écarquillé les yeux devant ce magnifique feu d'artifice éphémère, si toutefois elle en avait eu. Mais les quelques secondes qu'elle passa à regarder la panique s'installer et son ennui disparaitre allaient lui valoir quelques ennuis...

« Alors c'est toi, hein ? J'te tiens, saleté de pyromane ! »
Un immense type, qu'elle reconnut trop tard comme le tavernier, se tenait face à elle, l'air féroce. Avant qu'elle puisse émettre un son, il hurla :
« Me ment pas ! J't'ai vu r'garder par la f'nêtre avant qu'ça pète ! J't'ai vu, et j'suis pas l'seul ! »

Évidemment, toute la salle se retourna pour voir la dispute entre le tavernier et l'étrange personnage au masque de lion. Même le gobelin ivre s'était réveiller et regardait la scène en essuyant la bave qu'il avait sur la joue.
Oui, des rumeurs se faisaient entendre depuis quelques mois. Des choses se mettaient à brûler, à exploser. Des étales prenaient feu, des poubelles carbonisées jonchaient les rues, et quelques accidents en rapport avec le feu se faisaient de plus en plus fréquent. Rien de spécialement étrange pour les quartiers neutres, mais les choses prenaient un autre élan, ce matin, avec cette bombe.
Tout les regards posé sur elle, Mjokkoto allait devoir choisir avec soin ses prochaines paroles pour ne pas aggraver son cas. Ou peut-être étais-ce le moment d'essayer de fuir ?

[HRP] Yarkol, tu peux juste donner un ordre de posts histoire que ça soit un tantinet organisé ^^[HRP]

[Hrp/ Ordre de post: Moi=>Aenorial=> Mjokkoto=>Neelahn=> Moi=ect... Si Shakarn apparait plus tard, il postera après Neelahn. /Hrp]

Aenorial avait senti une légère secousse de l'immeuble juste avant que l'explosion n'ait lieu, si on pouvait appeler ça une explosion. Après avoir observé rapidement les environs et constatant que les dégâts étaient plutôt réduit, le jeune Dimir reporta son attention sur Yarkol. Ce dernier semblait fort excité par la forme qu'avait pris son "attentat". Cela semblait surprenant, car quelques secondes plus tôt, il bouillait littéralement dans sa chambre.

Le jeune elfe entra volontairement dans le champ de vision du jeune Gruul puis descendit du toit de son bâtiment avant de se diriger vers la taverne. Tout en traversant la ruelle, il fixait Yarkol et, lorsqu'il fut arrivé à portée de voix, il lui dit:

"Bonjour Yarkol, ne crains rien, je ne te veux aucun mal, mais je voudrais te parler. De plus, tu auras peut être besoin d'aide pour t'échapper, il serait plus facile de semer les gardes à deux."

Puis, il entra dans la taverne sans même laisser au Gruul le temps de lui répondre. Dans la salle, une personne portant un masque bleu à l'effigie d'un lion subissait les accusation du tavernier. Aenorial savait bien qu'elle était accusée à tort mais il ne pouvait rien dire sous peine de perdre l'occasion d'entrer en contact avec Yarkol.

Le jeune elfe se rendit devant la chambre de Yarkol, frappa à la porte puis se déplaça de façon à ne plus être directement face à la porte. Il tenait à éviter une autre mésaventure avec les pyromanas du semi-elfe.

" ... Miracle! "

Et Boum, miracle.

D'abord une fine volute de fumée, puis un flot rougeoyant détonna dans toute la rue. La grande fenêtre de l'auberge adjacente se brisa dans le fracas d'un milliers de miroirs confrontés à la gravité, les passants autour du centre de l'explosion s'envolèrent comme emportés par l'essor d'une nouvelle foi. Tous les autres autour s'éloignaient, criaient leur désarroi, se protégeaient, craignaient de se retrouver piégés par les flammes. Pourtant, dans chaos, une personne parmi les témoins de la scène, s'était juste levée, comme pour s'approcher devant ce spectacle des plus... agréablement surprenant.
Après quelques instants de pure étonnement, Mjokkoto savourait ce moment que tous fuyaient; enfin, elle pouvait vivre à nouveau! Au coeur de la micro-panique, l'Assoupie gazouillait devant cet entrevue des enfers; les flammes dévoraient l'oxygène à grande vitesse, rugissait de triomphe dans le ciel encore palissant de l'aube, gagnait un peu plus de place à chaque clignement d'yeux avec la férocité d'un conquérant sans pitié... La logique de Mjokkoto était morte depuis des lustres, mais heureusement que sa fascination d'enfant n'en dépendait pas:

" ... Quelle... jolie chose... "

Elle qui n'avait jamais rien vécu de particulier avec le feu, voila qu'elle en tombait folle amoureuse; Il fallait qu'elle s'en approche, qu'elle le vive et le voit juste d'un peu plus près...
Pourquoi eut-il fallut qu'elle soit dans une auberge?

« Alors c'est toi, hein ? J'te tiens, saleté de pyromane ! »

L'Assoupie n'avait même pas eu le temps de songer à avancer que ce qu'elle reconnut trop tard comme le tavernier se tenait entre elle et sa nouvelle passion naissante. les mots mirent un certain temps à percuter son cerveau, mais q'un coup elle comprit ce qu'il lui voulaient; il la croyait responsable de l'explosion!

« Me ment pas ! J't'ai vu r'garder par la f'nêtre avant qu'ça pète ! J't'ai vu, et j'suis pas l'seul ! »

Si elle avait su, elle se serait installée en hauteur comme cet elfe, ou elle serait sortie comme cette cliente. Mais Mjokkoto ne se demandait pas si quelqu'un pouvait être l'auteur de ce feu de joie, mais pour l'heure elle reconnaissait dans la voix du tavernier quelque peu soupe-au-lait qu'on l'accusait à tort. Mais elle n'avait ni l'intention de s'enfuir, d'attaquer ou même de se justifier; l'Assoupie était bien trop occupée... par son éclat de rire:

" Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihiiiiiiiiiihihiiiiiiiiiiiiihihihiihihihihiiiiiiiihihihihiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !! Hiiiiiiiiiihhihihiahiahiiiiiiiiiihiarrrrr !!! Hihihihiiiihiiiiiiiiiiiiiiihihihi... Mais... si c'était moi... des cheveux... t'en aurais plus! Hihihihihihihihihihihihiiiiiiiiiii... T'as pas trop... peur... pour ton... au...berge? Je serais le ...feu... je mangerais... ça en premier! Hihihihihiihihihihiiar... hihihihihihi... Et c'est marrant de... venir sur... moi... et à tourner le... dos... à des clients ravis... ravis de partir... dans ton dos? Hihihihihihiiiiiiii... Le feu... enrage, tellement... t'es trop bête! Si seulement je... l'avais allumé... Hihihihihihiiiiiiiiiiiihihihihihi... "

Mjokkoto ne pouvait plus s'arrêter, et déjà ses jambes se dérobaient sous le déséquilibre provoqué par son fou rire. Elle n'avait jamais pu s'empêcher de se retenir devant un idiot; une vision un peu trop grotesque de sérieux, des gros yeux supposés menaçants, et l'Assoupie manque de se casser quelques côtes d'un seul coup. C'était finalement plus facile de vivre sans logique ni raison; tout y est tellement plus drôle!

**Attention !**
Neelahn s’arrêta net. L’instant d’avant tout était normal, et voilà que le feu s’était installé devant l’auberge, maître imposant. Neelahn admira un instant le spectacle aussi beau que destructeur des spirales de flammes virevoltant, avant de détourner le regard. Ses yeux s’étaient emplis de larmes à cause de la chaleur intense, et elle préférait les préserver. Puis tout disparut. Ce brusque retour à la normale fit frissonner la jeune fille. Elle regarda autour d’elle et, au milieu de la panique tumultueuse qui venait de naître, vit un marchand qui lui tournait le dos. Elle écarquilla les yeux. Son gilet de laine était en train de brûler, tout le monde autour de lui courait et hurlait, et lui… comptait ses pièces.
Elle aurait pu l’aider mais, avec un sourire moqueur, elle décida que finalement non. Il n’avait qu’à moins aimer l’argent. Elle s’apprêtait à partir quand des éclats de voix provenant de l’auberge la firent tourner sur elle-même. Curieuse, elle revint sur ses pas et entrouvrit la porte. Là, elle vit le tavernier accuser d’avoir allumé le feu la femme à masque, qui eut une réaction des plus étranges. Elle éclata de rire, et lui répondit d’une voix sifflante qu’elle aurait bien aimé l’allumer.

**Elle n’a pas l’air coupable.
_ Je pense qu’elle ne l’est pas, mais elle est de toute manière trop étrange pour que notre brave tavernier la laisse en paix. **
Neelahn eut un reniflement dédaigneux. La plupart du temps, elle ne s’occupait pas des affaires des autres, mais puisque le tavernier était vraiment antipathique… De toute manière, elle avait toujours apprécié les gens atypiques alors… Ignorant les remarques de ses amis et ayant pour unique but celui de détourner l‘attention, elle fit la première chose qui lui traversa l’esprit et hurla, pointant du doigt une silhouette fictive :
« Il est parti par là ! Celui qui a mis le feu ! Je l’ai vu ! »

**Vous voyez, je peux aider les autres ! Il faut croire que je ne suis pas SI asociale que ça…
_ Attends de voir les conséquences de ton geste, on en reparle après.
_ Tu ne la connais même pas ! Et en plus tu…**
Neelahn n’écouta pas la fin de la phrase, trop impatiente de découvrir la suite des évènements.

Tout était parfait, vraiment parfait. Le pyromane jubilait, satisfait et heureux comme un enfant venant de faire une mauvaise blague. Mais des choses plus sérieuse l'attendaient. Le pauvre sot d'en bas venait d'hurler son nom en pleine rue, et pire, il venait de révélé à tout le monde que c'était lui qui avait poser le piège. Cette sale vermine venait de faire capoté toute une préparation et toutes les précautions que le semi elfe avait prise pour rester anonyme.
Il y avait fort à parier que ses petits amis de la dernières fois étaient caché quelque part. Tant pis pour l’anonymat, tant pis pour les mises en scène. Rien n'entamerais la bonne humeur du Gruul en ce si beau jour.

Le semi elfe canalisa un pyromana et ouvrit la fenêtre. A peine trois mètres...Il bondit et atterrit sur un crétin de voleur dont le gilet prenait feu. Ce drôle de type avait tout l'air d'un marchand, mais sa façon de jouer avec les pièces était caractéristique. Il jouait avec depuis trop longtemps. En amortissant la chute du Gruul, il sortit de sa torpeur.

« Argh ! Mais je... Qu'est-ce que je fais ici ? Ouah, c'est quoi ça ? RAAAAAh , je brûle ! A l'aide ! »

Il lâcha toutes les pièces par terre en se roulant sur les pavé, totalement paniqué. Le semi elfe comprit bien vite que ce pauvre bougre avait été envoûté. Mais il n'avait pas le temps de s'occuper de lui. Là, tout le monde le regardait, dans la rue. On se demandait probablement comment il avait atterrit par terre à coté d'un type en feu... Et, pour ceux qui l'avaient vu sauter, il devait avoir l'air bien suspect, maintenant.
Un autre élément acheva de le mettre dans l’embarras : quelqu'un à l’intérieur de la taverne s'était écrier : « Il est parti par là ! Celui qui a mis le feu ! Je l’ai vu ! »
Ainsi, même ceux à l’intérieur de la taverne s'étaient tourné vers la fenêtre, et la scène ne leur échappa pas.

Le tavernier bafouilla alors quelques mots, essayant d'insulté l'étrange cliente totalement folle qui venait de...de le menacer de mort ? Il allait explosé quand il entendit l'humaine qui venait d'entrer. Évidemment, lorsqu'il leva les yeux vers la fenêtre, il vit Yarkol à coté d'un pauvre type en train de brûler et d'hurler. Il ne lui fallut pas longtemps pour faire le lien : client de la chambre la haut, type louche qui monte le chercher, client dehors...probablement sauter par la fenêtre...type en feu...bombe...feu...pyromane !

« Ah ! Ouais, ouais, c'est lui là, dehors! En fait c'est lui ! »

Et il se dirigea vers la sortie, ignorant totalement Mjokkoto. Plusieurs habitué et quelques gros bras sortirent avec lui. Le semi elfe était entouré d'une foule compact composé de badauds et de marchands en colère. Le pyromana qui tournoyait autour de son poignet achevait de l'accuser. Alors il fit ce que toutes personnes sensé aurait fait à sa place.

« Attendez, j'peux tout vous expliquer... »

Et le sol trembla. Il trembla si fort que quelques chopes en équilibre sur les étagères tombèrent et s'écrasèrent au sol. Oui, le sol trembla et tous se regardèrent : c'était trop bref pour être un séisme, trop près pour être une bombe, trop fort pour avoir été rêver.
Une seconde secousse instaura la panique et désorganisa le cercle qui s'était formé autour du pyromane.

Aenorial n'avait pas bougé pendant un moment, puis il avait entendu le bruit d'une fenêtre qu'on ouvrait.

*** Il se sauve... apparemment il ne me fait pas confiance, mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir. ***

En effet, quelques temps auparavant, le Gruul et le Dimir s'étaient croisés. De cette rencontre, n'était sorti que du mal. Aenorial avait frôlé la mort de la main de Yarkol, et ce dernier s'était vu ôter une grande partie de ce qui lui était cher. Le seul problème dans tout ça, c'est que Yarkol tenait le jeune agent de la Dixième pour responsable de tout ce qui lui arrivait à cause d'un énorme malentendu. Aenorial n'avait jamais voulu de mal au Gruul, mais il ne parvenait pas à lui expliquer.

Le jeune elfe tenta d'ouvrir la porte sans grande conviction, et il lui apparu bien vite qu'elle était fermée à clef. Il n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit d'autre avant que le sol se mette à trembler. Une forte secousse, mais très brève.

Puis, avant même que le Dimir ne puisse chercher à comprendre ce qui arrivait, une seconde secousse eut lieu. Cette fois ci, il entendit des choses tomber, et une statue représentant un singe tirant la langue s'écrasa par terre derrière lui.

Abandonnant l'idée de rejoindre Yarkol directement, il redescendit et entreprit de se mêler à la foule dans la plus pure tradition de sa guilde. Cependant, il ne cessa pas d'ouvrir les yeux. Il remarqua d'ailleurs un gobelin qui semblait très pressé de se rendre à l'étage.

*** Hum, bizarre. ***

Aenorial était partagé entre le désir de retrouver Yarkol, ou au moins de la garder à l'oeil, et la curiosité qu'avait déclenché l'attitude du gobelin en lui...

« Ah ! Ouais, ouais, c'est lui là, dehors! En fait c'est lui ! »

Et, lâchant le bras de Mjokkoto, l'aubergiste sortit à toute vitesse, accompagnés de la plupart des clients assez musclés pour la plupart. L'Assoupie continuait alors de rire presque à gorge déployée à genoux sur le sol. Elle n'était plus accusée d'un coup, un spectacle son et lumière se déployait à grande vitesse devant elle, le tout dans la panique générale... Elle n'avait plus qu'à filer en douce, et elle pourrait même se faire un peu d'argent de poche! Finalement, la journée prenait enfin une bonne tournure...
Et tout serait allé pour le mieux dans le meilleur des mondes, si un nouvel évènement n'avait pas brusquement changé la donne.
La terre s'était mise à trembler. Furtivement mais sûrement, juste assez pour tout ceux près de l'épicentre ne ressente le plus violent frémissement qu'il ait jamais eu à ressentir. Tout le monde s'était comme plongé dans une profonde réflexion, avant qu'une seconde secousse de même densité ne se mit à faire trembler la terre et ceux qu'elle portait de nouveau.
Deux courtes secousses. Pour les autres, c'était une surprise peu banale.
Pour Mjokkoto, là il n'y avait plus de raison de rire. Car elle avait ressentie la secousse comme bien autre chose qu'un simple mouvement de plaques terrestre; cela lui avait semblé... comme une manifestation vivante. Sans même savoir comment se l'expliquer par une pensée concrète, l'Assoupie savait d'instinct que ces violents tremblements étaient dus à quelque chose de vivant.

** la terre... vit? Il y a... quelqu'un? Quelque chose? Fâché? Enfermé? Pourquoi?? **

Hélas, beaucoup de questions sans réponses; mais Mjokkoto était sure de son instinct, et il fallait que l'infime partie de son esprit qui convenait encore au terme de "raison" en ait le coeur net. La seule chose qu'elle estimait cohérent de faire fut de se pencher vers le sol; on ne sait jamais.
L'Assoupie était sur le point de coller son masque au sol au niveau de l'oreille, lorsqu'elle perçut un mouvement dans son dos; quelqu'un par-delà le chaos de la bombe partait dans le fond de l'auberge. Même pour Mjokkoto, c'était on ne peut plus suspect.
Et quand elle se retourna, c'était encore plus suspect que ce soit le gobelin qui essaie de filer en douce; l'instinct de l'Assoupie était en forme, ce matin! Mais voila que le gobelin s'était déjà engouffré dans le couloir menant à l'étage.

" Hé... tu vas où? ... Hé! HEEEEEE! "

C'était trop excitant pour passer outre: Mjokkoto s'apprêtait à bondir à sa poursuite. Mais elle n'avait pu que "s'apprêter" seulement.

En entendant le tavernier lui donner raison aussi facilement, Neelahn se retourna pour voir quel pauvre bougre elle avait mis dans le pétrin avec sa maladresse. Ce faisant, elle aperçut aussi l'homme au gilet en feu se rouler par terre et gémir d'un air totalement affolé. Elle soupira intérieurement et s'intéressa au présumé innocent qui était désormais encerclé de toute part.
** Présumé innocent, présumé innocent, vite fait hein. J'sais pas si t'as remarqué le pyromana qui flotte autour de son poignet, mais ça m'semble être un bon élément pour le faire passer du stade "présumé innocent" au "présumé coupable. Franchement, je pense que tu devrais partir d'ici maintenant. Ça commence à devenir malsain par ici.
_ Et laisser le pauvre homme qu'elle a accusé à tort se débrouiller tout seul ? Tu n'es pas sérieux ! Neelahn, tu restes ici !
_ Honnêtement, au vu de sa musculature, j'pense que ce "pauvre homme" est tout à fait capable de se débrouiller tout seul.
_ J'suis d'accord avec Thomas, laissons-le s'en sortir. Par contre, Neelahn ne doit pas partir !
_ Et pourquoi ça ?
_ J'ai un mauvais pressentiment.
_ Non mais même sans ça, pressentiment ou pas, Neelahn ne peut pas partir ! Pas alors qu'un mec brûle à côté d'elle !
_ Mais on s'en fout du mec, faut qu'elle parte.
_ Non, elle devrait aller l'aider et essayer d'en savoir plus sur lui !
_ Stop ! Neelahn va réparer son erreur, et pour ça il faut qu'elle aille voir l'homme qu'elle a accusé. C'est tout !
_ Euh... Dites, vous trouvez pas ça bizarre ces tremblements ?
_ Hein ?
_ Bah, le sol... Il tremble... Je saurais pas trop expliquer pourquoi, mais c'est super étrange.**
De fait, le sol tremblait bel et bien. Neelahn ne s'en était pas rendue compte, trop prise par le conflit qui faisait rage sous son crâne. En sortant de sa torpeur, elle vit que le cercle dont elle faisait partie ressemblait à tout sauf à un cercle. Les gens étaient totalement paniqués, et avaient presque oublié l'incendie qui avait lieu quelques instants plus tôt. La jeune fille s'avança avec précaution, esquivant plus ou moins habilement les passants qui se pressaient autour d'elle. Elle arriva tant bien que mal près de l'homme au pyromana. La première chose qu'elle remarqua était qu'il était vraiment petit, puis elle se rendit compte du nombre impressionnant de cicatrices qui couvrait sa peau. Elle révisa son jugement et se dit que, finalement, il ne devait pas être si innocent que ça. Tant pis, ça ne l'empêcha pas d'esquisser un faible sourire qui se voulait chaleureux :
" Tu vas bien ? Désolée, c'est moi qui t'ai accusé."
** Non mais t'es sérieuse là ? Franchement, on a vu mieux comme manière de se présenter.
_ Ouais bon, ok...**
"Enfin, je savais pas que tu étais là, ou plutôt je savais que tu n'étais pas là. C'est vrai, il n'y avait personne puis tu es apparu quand j'ai dit que j'avais vu le pyromane, donc forcément les gens ont pensé que c'était toi..."
**Ah, parce que maintenant c'est de sa faute ?**
"Euh... J'suis désolée hein, en fait j'ai dit ça pour aider... Hm, pour aider une personne que je connais absolument pas. Bon, ça peut paraître étrange quand on y pense, enfin moi ça me paraît vachement étrange maintenant, mais c'était parce qu'ils m'avaient dit que j'étais asociale, et j'voulais leur montrer que c'était pas vrai tu vois, alors j'ai aidé cette fille -enfin, je crois que c'était une fille-, et maintenant c'est toi qui te retrouve mal et euh... Bah voilà, j'suis désolée." Neelahn avait balancé tout ça très vite, sur un ton hésitant et trébuchant, et elle se rendit compte que son simulacre de discours était parfaitement incohérent. Pitoyable.

La foule sceptique regardait le semi elfe avec attention. Son dernier espoir résidait dans un très faible pourcentage de chance aux variables trop floues pour pouvoir être analysées. Il serra les dents et rassembla tout le culot dont pouvoir usé un Gruul, avec le peu de charisme qu'il avait. Il se mit à hurlé :

« C'est ce type, là ! Il m'a volé mon or, quand tout à brûlé, alors moi, j'ai voulu le reprendre, et voilà qu'il s'est défendu ! En tombant au sol, j'ai tenter d'utilisé la magie, et c'est moi qu'on accuse ? On aura tout vu ! »

Il s'abaissa pour ramasser les pièces précipitamment, en prenant l'air très remonté. Personne ne fit attention à ce que baragouinait Neelahn, bien que Yarkol l'ait attendu, elle risquait de faire capoté son plan de secours.
Finalement, le foule se désépaissit suffisamment pour que Yarkol puisse espérer s'enfuir sans trop de problème, le seul obstacle étant le tavernier, qui en savait un peu trop pour se laisser convaincre par la supercherie du semi-elfe. Tentant le tout pour le tout, il tira un petit jet de flamme dans les airs grâce à son pyromana tout en se relevant après avoir ramasser l'or tomber, ce qui fit diversion : tous regardèrent en l'air les quelques secondes suffisantes pour permettre à l'ancien Gruul de disparaître.

Dans le même temps, sans que quiconque puisse comprendre comment, le type qui brûlait avait lui aussi disparu. Il avait dû profité du fait que l'attention se soit portée sur Yarkol, mais même dans ses conditions, il paraissait peu probable qu'il se soit évanouis dans la nature.
Aenorial,quant à lui, s'était retrouver légèrement déporté par les mouvements des badauds. Il crut voir un type sourire, un grand blond avec un chapeau de cow-boy. Qui pouvait sourire alors que tout le monde paniquait ?
Les tremblement semblaient s'être arrêter, mais le mouvement de la foule, avec le jour qui avançait, avait totalement renouvelé les personnes présente. La panique et la colère s'étaient dissipé, et bientôt, si personne ne se dépêchait de faire son enquête, il ne resterait aucune trace des événements qui avaient secoué ce doux matin.
Étrange comme tout le monde semblait oublier vite....

Je suis heureux. Ben oui, j'ai des biscuits dans la main, et je suis assis, lors d'une belle et fraiche matinée sur un vieux bâtiment qui surplombe une rue marchande, pullulante d'activité commerciale. J'observe. J'apprends. A une vitesse qui sans doute en stupéfierait plus d'un, mais j'ai tellement à apprendre. Je vois un homme vêtu d'une veste de laine dérober son argent à un marchand de porcelaine. Il se penche au dessus de son épaule et engage avec lui une conversation qu'il poursuit longtemps après avoir commis son larçin. Bien plus habile que s'il était aussitôt reparti, pourtant une voix dans ma tête me souffle qu'il ne s'y est pas pris correctement. Je continue d'observer, attentif, les allées et venues des passants, sans qu'aucun détail ne m'échappe, mais sans que je ne puisse attarder mon attention sur un seul d'entre eux. Je suis né il y a trop de peu de temps encore pour cela. Je remarque un être aux oreilles pointues qui semble comme moi regarder la rue, depuis la fenêtre de l'auberge d'en face, sans qu'il ait l'air de remarquer le petit obèse assis sur le rebord d'une haute tour Boros qui l'observe avidement. Je note un autre homme aux oreilles encore plus étirées avec intérêt un étal de bijoux une fraction de seconde de trop pour que cela paraisse désinvolte. Je n'ai pas le temps de m'intéresser à ces informations. Elles arrivent en masse, se bousculent, se regroupent et cognent et rebondissent sous mon crâne, malmenant mes pensées et perturbant ma réflexion.
Je faillis ne pas voir une femme élancée aux longs cheveux ondulés, qui attira ma curiosité justement de par le fait qu'elle se fondait parfaitement dans la foule. Elle passa à côté d'un vendeur qui cherchait sa bourse et observa son étal de porcelaine avec intérêt, avant de continuer son chemin.

Mon observation était partie pour être aussi instructive que monotone (deux adjectifs parfaits pour la qualifier) et j'allais croquer dans mon biscuit avec délectation lorsqu'une déflagration considérable trouva judicieux de répandre fumées, flammes, souffles et vacarme à deux mètres de mon visage en jaillissant du pavement au pied du bâtiment sur lequel je me trouvais. Une langue de feu vint ainsi lécher le rebord de pierres, où pendait ma jambe une seconde plutôt. Je plaque ma main sur mes oreilles.
...
Attends voir... mes mains sont plaquées à plat sur mes oreilles... Je repousse mentalement les déchets cognitifs et nettoie mon esprit pollué par des heures d'apprentissage de ce qu'étaient les ennuyantes péripéties de rues ravnicanes, et tente de me souvenir... Oui... il y avait quelque chose dans ma main un instant plus tôt... Quelque chose à laquelle je tenais...
Déjà, je sens une sourde colère monter en moi...

Ca y est, je me rappelle. Je ferme les yeux. Je tente de prendre une calme inspiration au milieu de la clameur environnante. Je regarde les biscuits, déjà loin, trop loin, parcourant leur harmonieuse parabole avant de retomber dans la fournaise, plus bas. Je n'ai pas tenté de les rattraper. La dernière fois que j'ai essayé, j'ai sauté du toit d'un immeuble et suis atterri sur un oiseau aussi grand que fou furieux, qui m'a trimballé
quelques minutes avant de me larguer dans un arbre quelques miles plus loin. Je me contente donc de me contraindre au calme, et à la résignation de devoir me mettre en quête de nouveaux biscuits. Je me sers du toit de l'appentis collé à un côté du bâtiment pour retrouver les sales pavés de la ruelle, avant de me diriger tout naturellement vers le lieu de l'explosion. Après tout, je n'ai rien contre cette explosion, elle n'a pas fait exprès de m'arracher mes biscuits des mains. D'ailleurs elle n'y est pour rien, c'est juste un sadique coup du sort qui m'a fait involontairement les lâcher - les lâcher ! Je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir une explosion. Je me souviens juste qu'il n'y a pas si longtemps, un homme m'avait longuement parlé de flammes, de mane, de mana - de mana ? - de poudre, de pyro et de désordre, après une rencontre des plus cocasse.

Ça y est, j'y suis. Ah ben ça, il y en a du désordre ! ! Marchands et badauds courent dans tous les sens, d'autres comptent avidement leur argent ou pleurent devant leur marchandises brisées. Quelques éléments en particulier attirent mon regard. Une silhouette indubitablement masculine me paraît familière, mais cette impression ne dure pas : je ne pourrais pas reconnaître quelqu'un dont je ne vois que le menton, caché comme son visage l'est. Cependant ce qu'il crie à la fenêtre de l'auberge, de par mon attention focalisée sur lui, je l'entends malgré le brouhaha ambiant. Je distingue au milieu d'une phrase que je ne comprends pas le nom de 'Yarkol'. Ce nom se promène dans ma tête, trotte entre mes pensées, me chuchote quelque chose que je comprends pas, me nargue et s'en amuse... à qui appartient-il ? Je n'ai pas le temps de m'interroger dessus que des vociférations furieuses et accusatrices retentissent de l'intérieur de l'auberge. Une exclamation fuse, de la bouche de la jeune femme que j'avais aperçue plus tôt (lorsque j'avais encore mes biscuits...) Au même instant l'homme depuis sa fenêtre se laissa tomber de quelques trois mètres de haut et atterrit sur un pauvre badaud (pauvre est à prendre au sens figuré, ici) et réalise qu'il est soudain pris pour cible par une horde de soudards déchaînés qui se précipitent aveuglément vers lui, sous le doigt pointé et accusateur du tenancier. Il commence aussitôt à jouer la comédie, plutôt bien même. Sauf que certains l'ont immanquablement vu sauter de la fenêtre et il n'a pas l'air d'un march- ! ! !

Une secousse me secoue sèchement cou, épaules, colonne et orteils, et je me fais la remarque finalement que cette matinée n'est pas si monotone qu'elle n'en avait l'air en premier abord. L'Homme cesse aussitôt son jeu d'acteur qui n'a pas semblé convaincre grand monde pour envoyer une jet de flamme dans les airs (qui pourtant ne peut le désigner coupable !) afin de prendre la fuite. Une seconde secousse suit aussitôt, me faisant réaliser que je ne sais toujours pas suffisamment de choses de ce qui m'entoure pour pouvoir décider lucidement quoi faire. Alors je fais comme d'habitude. Je laisse la vie m'emporter et les événements me porter, tout en me promettant de mettre la main sur les premiers biscuits que je verrai.

Yarkol pue ainsi voir au milieu de sa fuite un adolescent qu'il lui sembla reconnaître se diriger vers lui, et se planter en travers de son chemin, bien campé sur ses jambes et bras croisés. Il leva la tête d'un air brave et dit à celui qui aurait pour lui dû être terrifiant colosse couvert de cicatrices à l'air fou et extatique.

-"Bonjour, monsieur ! On ne s'est pas déjà croisé ?"

Avec toute cette agitation, Aenorial était peu libre de ses mouvements. De plus, il devait gérer de nombreuses informations. Le gobelin qu'il avait vu monter en hâte à l'étage semblait avoir attiré l'attention d'une autre personne. Malgré l'aspect plus que louche de cette fuite en apparence absurde, mais qui dissimulait sans doute quelque chose, le Dimir s'efforçait de garder les yeux sur Yarkol. Ce dernier semblait en mauvaise posture, encerclé suite à une dénonciation totalement hasardeuse d'une jeune femme qui semblait maintenant embarrassée d'avoir mis le semi-elfe dans une fâcheuse posture.

*** Quelle ironie, elle dénonce par hasard le véritable auteur de l'explosion... ***

Cependant, Yarkol avait plus d'un tour dans son sac. En un instant, il inventa une excuse pltôt plausible qui sembla satisfaire pleinement la foule. Le cercle des personnes se relâcha autour de Yarkol qui en profita pour s'enfuir. Alors même que le Dimir s'apprêtait à le suivre, la foule qui s'éloignait l'emporta. Pendant un bref instant, il lutta, puis s'extirpa enfin de la masse informe des badauds qui retournait calmement à son oisiveté.

*** Qu'ils aillent tous flâner aux abords de Rix Maadi plutôt que de se repaître d'une telle inactivité une fois leur curiosité maladive rassasiée de mensonges!***

Il avait quand même aperçu un homme coiffé d'un chapeau sourire, ce qui semblait inapproprié dans un telle situation, mais il ne creusa pas plus la piste. Il s'élança aussi vite que possible sur les traces de Yarkol, maudissant intérieurement la population ravnicanne et son incroyable stupidité.

*** Il faut vraiment être limité pour espérer arrêter un prétendu pyromane quand on est un simple citoyen. ***

Au comble du désespoir, Aenorial continua son chemin. Grand bien lui en prit car la chance lui sourit, et il reconnut de dos celui qu'il avait perdu quelques instants plus tôt: Yarkol. Il semblait en discussion avec une personne que le Dimir ne pût identifier, et, quand il s'approcha, les deux repartirent au pas de course. Quelle ne fut pas alors la surprise d'Aenorial lorsqu'il découvrit que l'inconnu n'était autre que l'enfant tombé du ciel il y a de ça quelques mois, lorsqu'il gisait à demi mort à la merci du Gruul.

*** Décidément, je retrouve un bon nombre de vieilles connaissances...***

Pour éviter de brusquer Yarkol, Aenorial décida de les suivre jusqu'à ce qu'à découvrir où ils allaient, de manière discrète, mais sans prendre pour autant toutes les précautions d'une filature digne d'un expert Dimir.

Une bombe avait explosé. La foule avait laisser exprimer sa surprise. Les flammes s'étaient élevées dans le ciel azuré. Même le sol avait tenter d'entrer sur scène; sans grand résultat. Puis les flammes moururent à leur tour. La foule s'apaisa. Il n'y avait déjà plus de bombe. Pour finir, tout le monde vaquait une nouvelle fois à ses activités, à peine touché par ce qui semblait être une vague pause au cours de vies plates. Les gens s'ignoraient de nouveau, le soleil continuait sa lente marche, on ne souciait plus de ce qui venait de se passer. Au fond, c'est toujours comme cela que Ravnica panse ses plaies... Mais ce matin n'était pas complétement condamné à l'oubli général. Certains s'en agitaient encore, troublés comme ils étaient par ces rebondissements.
Certains se cherchent. D'autres fuient. Quant à Mjokkoto, elle s'immobilise.

**Arg... Je veux discuter... avec la terre... qui grogne...**

Piégée entre l'envie de suivre le gobelin qui s'enfuyait sous ses yeux et le frisson que lui avait fait ce "grondement" de terre, elle s'arrêta net; ce fut finalement la terre qui la convint de rester.

** Combien d'occasion... par siècle... de causer... avec la terre... qui grogne?**

Il y avait en effet peu d'occasions pour l'Assoupie d'interagir d'humain-à-terre sans intermédiaire. Et puis, s'il s'agissait de quelque chose qui demandait la liberté, elle ne pouvait laisser cela passer!

** La bombe a eu le droit de sauter... pourquoi la terre... ne pourrait pas... aussi... s'amuser?**

Et Mjokkoto se pencha à nouveau, presque par compassion. Il fallait écouter cette terre qui grogne!
Il fallut quelques secondes pour ressentir encore une fois un frisson. Mais si les premières secousses avaient éveillé en elle des picotements de fascination, quelque chose se produisit.
Un profond sentiment d'ennui.Pas une secousse, pas un son, pas même un grésillement.
Ce fut presque décevant, mais Mjokoto n'accorda qu'un instant à ce petit vide; en fait, elle avait maintenant envie de poursuivre le gobelin.
Et puisque personne d'autre ne semblait s'intéresser , elle fonça allégrement dans les escaliers.

** Je veux voir... le gobelin... qui court...**

" Hé!... J'arrive... Tu m'attends? Héééééééé!"

Il y avait en effet peu d'occasions pour l'Assoupie d'interagir d'humain-à-gobelin sans intermédiaire...

** Il va falloir que l’on revoit ton comportement social… **

Neelahn grogna, vexée, sachant pertinemment que son amie avait raison. Ses paroles étaient tombées dans l’oreille d’un sourd, qui s’était enfui de surcroît. Une part de son agacement était dirigée contre elle-même : quelle idée que celle de vouloir parler aux gens, et pire, les aider ! Il valait mieux rester dans son coin, et arrêter de se préoccuper de ce qu’il se passait autour d’elle. Faire comme les autres, en somme. La jeune fille eut un sourire amer.
Des flammes, des fausses accusations et des mystérieux tremblements, il ne restait plus rien, plus aucune trace. Tout le monde était retourné à sa petite vie bien tranquillement, à croire qu’il ne s’était jamais rien passé. Même le tavernier était retourné travailler bien gentiment, pas plus perturbé que ça par les événements qui venaient tout juste de survenir. La foule était en perpétuel mouvement, et les actions qu'on aurait pu croire importantes se révèlent finalement n'être que de banals incidents sans importance. Désespérant. Elle ferait probablement mieux d’oublier elle aussi, et de se laisser entraîner par la foule massive sans plus penser à tout ça au lieu de rester là, les bras ballants. Ça lui éviterait peut-être de tomber dans la sorte de lassitude qu'elle sentait rôder autour d'elle. Ça lui éviterait également d’être bousculée sans ménagement par les badauds pressés qui marchaient avec le pas convaincu de ceux qui ont un endroit où aller et une bonne raison de s’y rendre. Neelahn se passa la main dans les cheveux en soupirant. Elle, elle ne savait pas où aller.

** Bon, t’arrêtes de te plaindre ? Tu vas finir par faire pleurer Lucie !
_ Ne l’écoute pas, il dit des bêtises.
_ Si, il a raison. Tu sais comme Lucie est sensible ; dès qu’elle voit une personne un peu seule ou qui semble perdue, elle a envie de pleurer. **

En entendant ses amis, Neelahn eut un bref éclat de rire, s’attirant par là quelques regards intrigués vite détournés. Mais peu importait, après tout, qu’on la regarde étrangement, et peu importait qu’elle n’ait aucune idée de l’endroit où elle pouvait bien se rendre. N’empêche que… elle s’ébroua la tête. Il fallait qu'elle arrête de soliloquer sur sa vie de la sorte. C'était parfaitement inutile, et ça commençait à taper sur les nerfs de ses amis. Elle rangea donc ces futiles contrariétés dans un coin de son esprit, avec la ferme intention de ne pas y repenser avant... Longtemps. De toute manière, Gabriel lui parlait.

** Tiens, au lieu de rester oisive, regarde un peu autour de toi. J’ai vu quelque chose susceptible de t’intéresser… !**

Curieuse, Neelahn tourna la tête. Un sourire passa furtivement sur ses lèvres, et elle se dirigea vers la ruelle voisine, entre deux étals de bijouterie.

Lorsqu'elle arriva en haut des marches, l'Assoupie tomba nez à nez avec le Gobelin. Il semblait pressé de redescendre, mais elle lui barrait la route.

« Dégage de là, j'suis pressé ! »

Il la regardait depuis le sol, bien plus petit qu'elle, on aurait dit un enfant faisant un caprice. Un enfant vert, aux oreilles pointues et aux dents pourries.

« T'es bouchées ? »

Dehors, à quelques pas de la taverne, Neelahn bavait devant une vitrine du plus mauvais goût. Un petit obèse la regardait en se frottant les mains, ses yeux de fouines aillant senti la bonne affaire.

« Quelque chose vous plaît, Mademoiselle ? Tous mes articles sont de qualités, vous savez... Les minerais les plus rares sont extrait à la main des mines Rakdos ! Je suis persuadé que j'ai ce que vous cherchez. Ce magnifique collier d'or porte une émeraude qui irait à merveille à votre teint... Pour quatre mille kinah, il est à vous. C’est une affaire ! »

Bien qu’elle ne fut toujours pas habituées aux cours de change de ce monde, Neelahn se doutait que quelque chose clochait. Non seulement ce type avait l'air louche, mais ces bijoux ne lui paraissaient pas plus authentique que la parole d'un clochard ivre.

A quelques rues d'ici, une scène bien plus agitées se jouait dans ce théâtre à ciel ouvert qu'est Ravnica. Yarkol s’arrêta net en voyant le jeune garçon lui faire face.

« Toi! »
Le semi elfe sembla réfléchir à toute vitesse, et ne laissa pas le temps à Ishmael pour lui répondre.

« Suis-moi, vite ! »

Et il se remit à courir, peut-être même plus vite qu'avant, comme s'il était poursuivit par quelque chose d'énorme.
Quelques pas derrière eux, Aenorial frissonna. La réaction de Yarkol venait de lui mettre la puce à l'oreille. Il avait mis les pieds dans quelque chose d'assez gros sans s'en rendre compte. L'homme hypnotisé et la statuette faisaient partis d'un plan que cet idiot de pyromane avait peut-être fait capoté sans le savoir. Fermement décidé à ne pas le perdre de vue, il pressa le pas lui aussi, et se rendit compte d'un dernier détail anormal.

Le sol tremblait. Imperceptiblement, le sol tremblait, juste sous ses pieds, à mesure qu'il courait. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : une créature, sous terre, à plusieurs kilomètres de profondeur, poursuivait le même semi elfe que lui...

Tout se passe très vite, je trouve. Une soirée. Un biscuit, de l'air tiède. Parfait. Puis une bourrasque, une chaleur, un souffle, un choc. Moins bon. Plus de biscuit. Très très mauvais. Une désescalade vers la rue. Pourquoi pas. Beaucoup de gens, beaucoup d'informations, de bruits, d'odeurs, de mouvements... Déstabilisant. Le sol qui tremble, les gens qui s'agitent, un homme qui saute d'une fenêtre... Ça fait beaucoup. J'ai aperçu des visages familiers, j'ai trouvé ça normal de s'y accrocher pour donner une cohérence aux événements.

- Toi !

Je penche la tête sur le côté, me demandant où on avait bien pu se croiser, et pourquoi il semble être si pressé. Il paraît partagé entre une surprise inattendue - moi ? - qui le clouait sur place et une furieuse envie de partir le plus vite et le plus loin possible. Était-ce parce qu'il était tombé de si haut sur le sol ? Le sol lui en voulait-il ? Sans doute que oui, il grondait et tremblait de colère. Je m'étonne que quelque chose d'aussi grand ait mal pour cela, mais je comprends qu'il en veuille à celui qui essaie de lui faire mal. Tiens, l'homme aux cicatrices semble avoir pris sa décision rapidement. Aux cicatrices ? Ah, mais oui, c'est lui ! J'ouvre la bouche pour lui dire que je l'ai reconnu, mais-

- Suis-moi, vite !

Et maintenant, il s'enfuit sans demander son reste. Mais je voulais lui dire quelque chose ! Je me mets à le poursuivre, pour lui apprendre qui je suis, lui rappeler qu'on s'est vus, mais la foule m'empêche de parvenir à sa hauteur. Ça ne m'empêche pas d'aller très vite, normalement, mais il est rapide. Derrière nous, un homme encapuchonné nous suit, rapidement et souplement, nageant dans la foule. Il ne nous rattrapera pas tout de suite, mais je sens une anxiété maîtrisée émaner de lui, comme je sens qu'il désire être inaperçu, comme je sens que Yarkol fuit quelque chose - ou quelqu'un ? inutile de chercher à fuir le sol - et comme je sens que la vie de la rue marchande, malgré l'explosion et malgré la secousse, a repris le cours essentiel de ce qui fait d'elle ce qu'elle est.

Depuis quelques secondes, je sens à chaque foulée la terre frémir et trembler. Non, c'est plus ténu que ça. Elle... vibre. Comme à l'aulne d'un grand séisme, comme quand se meuvent loin dans les profondeurs d'imposantes masses géologiques... ou animales.

Aenorial poursuivait toujours le pyromane fuyard qui était désormais accompagné par un enfant. Mais il ne le poursuivait pas à cause de l'explosion qui avait eu lieu un peu auparavant, mais parce que leur rencontre lui avait fait découvrir un nouvel aspect de sa personnalité, et il lui restait encore beaucoup de choses à découvrir. De plus, il avait la conviction que Yarkol pouvait le pousser à faire ces découvertes.

Ainsi, il glissait dans la foule avec fluidité et poursuivait les deux individus en fuite qui, malgré leur progression bien moins gracieuse que la sienne, avançaient très vite. Cette poursuite ne semblait pas pour autant perturber les passants qui avaient instantanément oublié qu'un bâtiment venait d'exploser, et qui ne semblaient pas être alarmés par les vibrations du sol, vibrations qu'ils semblaient même ne pas ressentir.

Durant cette course, alors qu'il avançait dans la foule avec une rapidité impressionnante compte tenu du fait qu'il ne bousculait personne (ce qui lui demandait une agilité incroyable et de années d'entrainement Dimir), le jeune agent de la Dixième sentit que le sol ne s'agitait pas seul. Quelque chose d'énorme bougeait là dessous. Mais cette chose était non seulement énorme, mais aussi incroyablement puissante.

*** Sacré bestiau que voilà, ça promet...***

C'est alors qu'il réalisa que "ça" se déplaçait, et que "ça" se déplaçait aussi vite que lui, ce qui voulait dire que "ça" se déplaçait très vite. Et alors il comprit.

*** Si ça bouge aussi vite sous le sol, c'est qu'on a affaire à un dragon ou à une guivre, et vu comme ça vibre, c'est une guivre...***

Il murmura pour lui même:

" Ça promet... mais qu'est ce que tu nous a encore fait Yarkol? Dans quel pétrin t'es-tu fourré, et dans quel pétrin vais-je à nouveau me retrouver en te suivant? "

L'instant était exagérément dramatique; Mjokkoto se dressait là, ébahie de son soudain face-à-face avec un gobelin particulièrement nerveux. Sans même le faire exprès, l'Assoupie barrait de toute sa taille le chemin du petit être, ce qui, pour une raison qui lui était totalement inconnue, semblait profondément l'énerver. Mjokkoto s'agitait aussi, mais plutôt comme un chien impatient qu'on lui lance la balle ; du coup, les voilà tout les deux bloqués dans un escaliers, les muscles tendus comme des cordes sur le point de se rompre, attendant que l'un d'eux brise enfin ce silence agité.
Quelle conclusion sera apportée à cet instant qui n'attend que de bondir de sa pause ? Quelqu'un (ou quelque chose) d'autre viendra-t-il perturber ce dramaticus momentum ? Le toit va-t'il S'EFFONDRER suite à l'explosion produite il y a peu ?? Et le sol alors (même si on ne sent plus les vibrations depuis l'escalier)??? Vous saurez tout cela et bien plus encore...

...Maintenant. On n'est pas dans Les Mana rouge de l'Amour, quand même...

« T'es bouchée? » Siffla le gobelin de toutes ses dents pourries.

Mais l'Assoupie ne répondit pas immédiatement. Une question venait de frapper son esprit, soudainement curieux de savoir ce qu'il faisait dans l'escalier ; Et puis, il y avait toujours un doute quant au poseur de la bombe de ce matin... Et même la jeune folle souffrait des clichés qui délieent les langues de la Ville-Monde ; Tous les gobelins sont nés pour le mana rouge !

*** Alors... C'est lui qui... ?***

-...

« Allez dégage, pov'timbrée!

-... Tu... cours... pas vite...

-Tiens, tu sais causer? M'en fous, alors tu...

-... T'as vu... la... bombe... sauter?

-Hein?

-Et la... terre qui... grogne... t'as entendu?

-Mais t'es complètement siphonnée, ma parole! Maintenant, pousse-toi, ou tu..."

La phrase n'aura jamais le temps de s'achever. C'est en effet un geste malheureux du gobelin qui coupera net son discours, et par la même occasion toute tentative de bravoure.
Avant qu'il n'est pu sortir son couteau de son gilet noirci par la crasse, Mjokkoto avait maîtrisé la main coupable d'un coup et envoyé valdinguer le couteau, juste avant de maintenir le bras entier contre le mur de la seule main griffue et assurée de l'Assoupie ; Il n'est jamais bon de provoquer ceux dont les règles des bas-fonds sont fondues dans des réflexes de vif-argent... Il y eu comme un bruit au moment où la main du gobelin heurta le mur ; comme des petits os de poignet brisés... L’Assoupie savait à peine mesurer l'heure d'une horloge, alors sa propre force...
Mais elle ne s'était même pas aperçue de la puissance de son contrecoup, trop excitée qu'elle était ; l'envie la rongeait aussi vite que les flammes en dévorant la chair, et elle brûlait déjà d'apprendre une magie nouvelle...

« Je... crois... que c'est... toi... qu'a... fait... sauter du... joli feu... dehors, chuchota l'Assoupie en effleurant son sourire gravé à l'oreille frétillante du gobelin. Tu pourrais... le... refaire? »

L'un des nombreux défauts de Mjokkoto était d'avoir notamment un esprit quelque peu trop vite tourné vers la seule hypothèse qu'elle soit capable de s'imaginer sur le coup. Aussi, elle qui s'attendait à avoir percé l'identité de son prochain maître après avoir passé "l'épreuve du couteau à éviter", ce dernier lui offrit le coup de théâtre le plus pitoyable qu'il lui a été donné de voir tout le long de sa courte vie; le gobelin la fixait de ses yeux terrifiés, tout tremblotant et gémissant qu'il était, et lui tendit comme un morceau de bois sculpté encore sortie de son gilet toujours aussi douteux.

"Je suis désolé, pardon! Je vous la donne, de toute façon, on me paie pas assez pour ça!"

Presque en état de choc tant par la situation que par cette soudaine voix de crécelle, l'Assoupie tendit mécaniquement sa main libre sur l'objet qu'on lui offrait, tout en relâchant la pression de l'autre. Le gobelin ne demandait pas mieux, et fila sans demander son reste tant que l'occasion lui était donné de le faire rapidement. Mjokkoto ne se donna même pas la peine de le regarder dégringoler les marches à toute allure, les yeux rivés sur sa nouvelle « offrande ».
Le morceau de bois s'avéra être une sombre statuette d'une matière indéfinissable. Sculptée sous la forme d'un singe grimaçant à la langue tirée, elle levait ses bras maigres et menaçants tout en fixant sa porteuse de ses yeux troublants, luisants presque d'une lueur malsaine, mesquine...

***... Ouh, qu'il est meugnooooooooooon ! ***

Il ne devaient pas être nombreux, même parmi tous les fous de la Ville-Monde, à pouvoir réagir de la sorte devant ce qui ne pouvait être qu'une source de malaise, sinon de quelque inquiétude. Il ne devait finalement ne rester que cette pauvre folle pour voir la réalité d'une manière aussi parallèle!
Mais faute de creuser la logique, Mjokkoto n'était pas moins étonnée par cet objet qui, en plus d'être bien plus lourd qu'il n'en avait l'air (peut-être dans les 7 ou 8 kilos), les contours ne présentaient aucune forme de netteté ; les hanches piquetés et tiède, les bras un peu effilés, quelques irrégularités dans la coupure de la silhouette, il lui semblait même avoir touché une forme... molle?
Mais quelle pouvait être cette chose si vilaine, si mignonne, si digne du dérangeant intérêt de l'Assoupie ? Et question ô combien capitale parmi les curieux devant une passionnante découverte :

*** Mais combien peut me rapporter ce truc ? ***

Une statuette vraiment fascinante dès son entrée... Et un cadeau pour quelqu'un qui n'a même pas de sac pour cacher son petit butin. Mais qu'à cela ne tienne, l'Assoupie s'en alla en descendant joyeusementsur les marches comme la plus improbable des majorettes; elle se sentait presque égoïste de faire son propre spectacle sans spectateur...

Neelahn s’arrêta un instant pour observer un bijou ayant retenu son attention. Malheureusement, on l’observant d’un peu plus près elle se rendit qu’il n’avait absolument rien d’intéressant, tout comme le reste de la marchandise proposée. Trop tard pour elle, le marchand l’avait repérée, et celui qu‘elle voulait voir s‘était enfui. Elle échangeait un homme obèse pour un autre, ce qui n'était pas vraiment un cadeau.

« Quelque chose vous plaît, Mademoiselle ? Tous mes articles sont de qualités, vous savez... Les minerais les plus rares sont extrait à la main des mines Rakdos ! Je suis persuadé que j'ai ce que vous cherchez. Ce magnifique collier d'or porte une émeraude qui irait à merveille à votre teint... Pour quatre mille kinah, il est à vous. C’est une affaire ! »

Le regard de la jeune fille glissa sur le collier en question, et elle eut un sourire désabusé.
** Il ment, n’est-ce-pas ?
_ Et tu as trouvé ça toute seule ? Bravo !
_ Hmpf. **

« Non non, rien ne me plaît, ce collier pas plus que le reste. »
Neelahn avait répondu sur un ton qu’elle espérait suffisamment sec pour mettre un terme à ce début d’échanges, mais elle avait de toute évidence des progrès à faire puisque le douteux commerçant reparti à la charge, déjà paniqué à l'idée de perdre une éventuelle cliente.
« C’est une question de prix ? Parce que si c’est le cas, je peux peut-être reconsidérer mon offre et…
_ Ce n’est pas une question de prix, c’est une question de goût ! J’trouve ça laid, j’y peux rien. Et vous non plus. »
L’obèse perdit son air affable et pinça les lèvres d’un air vexé, ce qui fit soupirer Neelahn.

** Ta période « j’essaie d’être gentille avec les gens » n’aura pas duré longtemps… !
_ Mais en même temps, je jette à peine un coup d’œil sur un bijou que je me fais agresser ! J’avais rien demandé moi.
_ Agresser, carrément. Ca me semble un peu excessif…
_ Hm, et si au lieu de rester plantée là, tu te retournais ?**

De fait, Neelahn n’avait toujours pas bougé, et maintenant le petit homme la regardait avec un regard courroucé des plus comiques.

** Oups !**

Retenant son rire, elle esquissa un sourire qui se voulait désolé et se retourna.

" Laissez moi dormir ... "

Baoum! Explosion. Bruit. Foule

" Vos gueules, putain ... " fit-il, la tête encore dans le chaos de l'alcool.

Un immolé. Un elfe fou. Un barman énervé. Pas normal.

Soudain, le pontife se fit bousculer par un quidam. Encore un autre alcoolique, lui aussi trop saoul pour tenter quoique ce soit. Mais le même homme, quelques instants plus tard, montait les escaliers de l'auberge à une vitesse inhabituelle pour un saoul.

" Ok, tout ça ne va pas. Y'a un truc qui cloche ... Allons voir. "

Le pontife sortit une petite fiole contenant un nectar doré, le même que Nodjun lui préparait pour lui faire passer ses malaises d'alcool, l'ouvrit, et s'en envoya une pleine gorgée. Ceci fait, il remit ses vêtements correctement, remit sa capuche, et sortit de l'établissement, afin de voir ce qu'il s'y passait. Chaos. D'accord, mais encore ?

Un gobelin sortit précipitamment de l'auberge. Était-ce celui qui avait bousculé l'Orzhov ? Aucune idée, mais cela n'intéressait nullement le magicien, qui avait d'autre chats à fouetter que de se venger sur un petit gobelin apeuré. Il observa les alentours, pour essayer de voir si l'elfe y était encore ... Son visage lui avait vaguement rappelé quelque chose. Bizarre.

Il aperçu une jeune et jolie femme ... Enfin, plus une fille qu'une femme, ce qui calma les ardeurs potentielles du pontife. Néanmoins, cette jeune fille semblait fixer un bijou, puisque son regard était braqué sur la vitrine d'un marchand visiblement un peu insistant envers elle. mais Rahinov ne sentait pas d'humeur chevaleresque aujourd'hui.

En revanche, une autre personne pour le moins étrange sortait de manière guillerette de l'auberge ... Bizarre ... Le visage de la personne, justement par son étrange couleur bleutée, disait quelque chose au pontife ...

*Oui, c'est ça ... C'est la personne qui accompagnait le gobelin ... Mais ? Si elle sort guillerette, et lui, apeuré, alors il s'est passé quelque chose entre ces deux lascars ... *

" Bon ... Allons retrouver ce pyromane imbécile ... Je suis prêt à parier qu'il y aura de l'action ... Ha ... Mais non, bordel, c'est vrai ... "

*Jdois un peu enquêter sur un commerce douteux d'objet magiques, c'est vrai ... Ptain ... Bon, ben c'est partit pour faire la garderie de jeune fille alors ...*

Rahinov s'avança en direction de la jeune fille importunée par le marchand, mais marcha dans un étron énorme, chaud et puant. Il lui fallut vingt bonnes minutes pour se débarrasser de l'horrible matière fécale qui tachait ses bottes. Quand bien même se fut fait, l'odeur le suivrait encore pendant un bon moment. Il s'approcha alors de la jeune fille, la décala légèrement pour faire face au marchand, a qui il fit signe de rentrer dans son magasin. Le pontife le suivit et l'arrêta net lorsqu'ils étaient suffisamment éloignés de toute oreille indiscrète ...

" Bon, je suis mandaté pour enquêter sur un commerce plutôt illégal impliquant un orzhov et un autre homme ... Si vous ne savez ne serait-ce que la moindre parcelle d'information, je vous serait gré de me la donner ... "