Magic The Gathering-Jdr
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 Le sacrifice.

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Yarkol
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Dim 20 Oct 2013 - 1:07


Il y en avait trop. Ces pattes qui s'agitent, ces terribles scalpels ambulants, le bruit de leurs membres déchirant la chaire de façon discontinue et acharnée... Un chaos de lames, voilà ce que voyait Yarkol. Une marrée d'ennemie interminable, une guerre éternelle. Et d'énormes monstres qui s'approchaient, ils étaient le soleil qui surveillait le champ de bataille, la mort inéluctable qui se couchait toujours, quoi qu'il arrive. Ils arrivaient, lentement mais sûrement, aussi aveugle que puisse l'être la grande faucheuse, mais pas sourde, non, pour rien au monde ces horreurs suintante d'acide ne manqueraient la mélodie des lames.
Alors comme un chef d'orchestre fou, l'ancien Grull battait des bras, se dégageant de la marrée d'aiguilles pour régler son compte à sa cible. Que se passerait-il après ? Peu importe. Qui se préoccupe de ce qui se passe après la guerre ? Ce qui compte, c’est le combat. On peux s'entre tuer pour des milliers de raisons, tout ce qui compte, c’est de bien se battre. Seul celui qui gagne à raison. Celui qui meurt retourne à la nature, il rentre dans l'ordre. L'essence du chaos qui l'habitait s'éteint et il disparaît à jamais. Il fallait crier, hurler, chanter. Il fallait frapper, lacérer, tuer. Il fallait vivre jusqu’au bout, et voir ensuite. Repousser plus loin les limites, chaque fois, pour exister, pour prendre conscience de son être et s'inscrire dans la réalité. Cesser de se battre, c’est mourir. Se taire, c’est mourir. Voila la seule réalité. Quelle folie poussait cet elfe, ce démon, ce moins que rien ? Quelle force l'amenait à croire qu'il pourrait ensuite s'en sortir et être quelqu'un, être ne serais-ce que quelque chose ?

En lui brillait la flamme la plus ardente qu'on puisse trouver, il ne s'agissait ni de courage, ni de folie. Il se cachait derrière des concepts flous comme l'honneur, la fierté ou la haine. Mais la seule chose qui pouvait lui donner une telle force dépassait tout ça. Il l'avait dans l'âme, cette force qui le débarrassait du poids du monde et des incertitudes des mortels, il avait la plus pure, la plus belle des forces. Il avait le Chaos pour seule Raison.

Peu importait qu'il meure. Il parviendrait à ses fin, même mort. La douleur ? Une excitation de plus. La peur ? Un jeu. Il avançait pour tuer, traquer, détruire, il se battait contre lui même, contre les lois physiques, son existence même était une critique à la raison. Il avançait vers sa cible, à la fois vide et conscient de chaque mouvement autour de lui. Entendait-il le vacarme des pattes et le battement d'aile des mouches, ou était-il plongé dans un silence transcendant tout, enfermé dans son esprit tordue et zélé ? Il traquerait et tuerait sa proie. Et si rien ne s’arrêtait ? Il tuerait les vers géant, dut-il y perdre son âme. Il tuerait tout ce qui s'interposerait entre lui et ses objectifs, la mort elle-même s'écartera pour le laisser passer.
Une lumière folle dansait dans ses yeux, il avait perdu trop de sang, il virait au blanc pale et son pouls pourtant, continuait de s’accélérer.

D'un geste rageur, plein de hargne, il glissa entre la masse d'insecte pour tendre son bras armé et planter sa lame dans la fente de l'ennemi acculé aux pattes tremblantes. Tant pis pour les vers, tant pis pour les autres qui lui laceraient le reste du corps. Ils passeraient après sa proie, ils perpétueront le cycle. Quelle sera sa prochaine victime ? Peut-être lui même, car comme prévue, le soleil descendait, les vers étaient sur lui, et le chaos, tel une tempête de flamme, embrasait le ciel et la terre à mesure que le vent tourne.
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Ishmæl
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Lun 21 Oct 2013 - 21:51

Yarkol n'avait pas pris de décision. Il était juste en train de faire la seule chose qui lui était possible. Rien d'autre n'aurait pour lui été envisageable, que de se précipiter sur ce crustacé, cette chose - fruit, bête ou autre chose - qu'il devait exterminer. Il se ruait dessus, se détachant de la mêlée grouillante qui en le retenant lui infligeait de cruelles écorchures. Droit sur l'immonde bête qui s'avançait en rampant vers lui.

Alors que deux mètre seulement l'en séparait, il plongea sur le côté,  et roula sans sentir la douleur intolérable que lui causaient les pinces tranchantes et les chitines épineuses qu'il écrasait de son dos déjà balafré. Au terme de son roulé boulé, il bondit et asséna un violent coup de haut en bas à la petite bestiole immobile. Elle fut clouée à l'étrange sol spongieux et le semi-démon resta allongé une demie-seconde, la main sur sa dague, toute son excitation retombant avec la mort de sa dernière cible. Il ne sentit pas toute de suite la souffrance qui paraissait sourdre de chaque parcelle de son corps.
Il se releva d'abord, et constata que les mollusques l'avait totalement encerclé, dans une petite aire où il ne pourrait même plus s'allonger. Là où sa tête était, le sol s'était enfoncé sous le poids d'une des créatures, et avait commencé à fumer.

Dans cette situation, où vaincre était illusoire et où il ne pourrait tenir debout que quelques secondes de plus, Yarkol eut un sourire.
Pas un sourire amer, pas un sourire de résignation, non. Un sourire victorieux. Et ses yeux fous brillaient lorsqu'il aperçut en une vision floue une plate forme descendre vers lui d'un plafond invisible, et les limaces géantes s'écarter de lui.
Il y était parvenu.
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Yarkol
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Sam 16 Nov 2013 - 20:40

Péniblement, il se releva. Déçu peut-être d'une victoire aussi plate. Le sang versé n'était-il pas une preuve suffisante de sa détermination ? Il aurait pourtant aimer combattre un adversaire à sa mesure.
Les plaies qui le parsemaient le démangeait désagréablement. Qui aurait cru que d'aussi petites choses lui infligeraient autant de blessures ? Certaines étaient plus profondes et il se demandait si elles s'infecteraient. Il fixa la plate-forme qui descendait vers lui et s'en approcha quand elle eut touché terre.
Suintant le sang de toute les façons possibles, quelques lambeaux de peau légèrement décollé sur les bras, les jambes et le visage, il lança d'un ton presque vindicatif, reflétant à la fois sa déception et son soulagement 
:

« Et maintenant ? »
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Mar 19 Nov 2013 - 20:14

La femme - Llemner - qui s'était "occupée" de lui auparavant se tenait de nouveau devant Yarkol, sur la plate forme qui s'était déposée dans le sol spongieux et visqueux.
Elle le regardait étrangement, comme s'il avait un membre qui avait poussé à un endroit autre que celui prévu initialement - ce qui signifie pour un simic un air contrarié mais curieux.
Lorsque Yarkol mit finalement un pied sur la plate-forme, elle lui répondit :


- Maintenant ? Maintenant, je vous félicite d'avoir effectuée la première évaluation avec succès. Ensuite, nous allons remonter vers la salle opératoire, où vous vous reposerez pendant quelques jours, inconscient, après que vous vous soyez écroulé pendant notre remontée. Et pendant votre inconscience - j'entends par là non pas votre mentalité mais votre futur statut de légume - le greffemage en charge de votre cas tentera de comprendre pourquoi vous n'aurez été atteint par l'effet paralysant des Yazoles qu'avec un retard conséquent.
La plate-forme s'éleva dans les airs sans système apparent, en direction d'un orifice dans le lointain plafond.


- Oh ! Et avant qu'il ne soit trop tard, je vous conseille de vous placer au milieu de l'élévateur, ou nous risquerons de retrouver notre sujet en pièce détachées, en bas.


A peine Yarkol, indécis, eut-il le temps de faire les deux pas qui le séparaient du centre que ses jambes, déjà harcelées de vives douleurs qui le lançaient, parurent ne plus être là. Lorsque la tête du semi-elfe atterrit au pied de Llemner, il eut juste le temps de remarquer que même la douleur avait disparu avant que sombrer dans les ténèbres.





- Hrm ! Vous en êtes certaine ? Mais c'est extraordinaire, hrm, faites un rapport à Morsuif de la seconde section expérimentale ! Comment ? Oui, j'en suis sûr, hrm !
Lavmirf, le greffemage chauve accro au citron qui était reponsable du suivi expérimental de Yarkol, s'installa à son bureau dès que Llemner fut sortie de la pièce, son dossier sous le bras. Ses trois bras volèrent en tous sens pour ouvrir des tiroirs, les refermer, prendre des notes et des classeurs, les passer devant les yeux avant de les ranger aussitôt, tout en sirotant toute les trois secondes une gorgée de jus de citron. Au bout d'un petit moment, il déroula plusieurs parchemin sur la table, et ses yeux se mirent à s'éclairer.





- ... réveiller, non ?
-... déjà étonnant... mortelle.... très....... pensez... greffe ?

-... -bsolument... première......veillez....... c'est clair ?

-... serait............-tendez, monsieur... crois qu'il revient à lui.

Yarkol n'osa pas ouvrir les paupières. Tout son corps était douloureux, et s'il avait réellement été inconscient aussi longtemps que le lui disait Llemner dans ses souvenirs, ses yeux risquent de soufrir. Il avait saisi des bribes de conversations en se réveillant, mais ne savait pas trop quelle forme leur donner. En se promettant d'y repenser quand il pourra, il se risque à lever une paupière.
La lumière de la pièce était tamisée, et il s'habitua rapidement à la semi-pénombre ambiante. Il releva la tête de sur le lit où il était attaché, mais la laissa rapidement retomber, pour soulager sa nuque brûlante et échapper au soudain vertige qui l'avait pris.
Il avait eut le temps de balayer la pièce du regard, et il avait retenu les détails les plus importants. Il referma les yeux, et respira profondément.

- Ménagez-vous, lui dit Llemner, lui faisant ouvrir de nouveau les yeux. Votre attitude dans la bassin vous a valu une dose de venin qui aurait été fatale à beaucoup de monde, il est étonnant que vous soyez encore parmi nous, ce qui représente une raison supplémentaire de vous garder comme sujet.

Elle le regarda avec insistance, comme si elle voulait lui dire autre chose sans parler, puis elle alla déposer un carnet sur une commode, près du lit où il était attaché.
... Attaché ?

- C'est le protocole d'usage, ne vous en formalisez pas. Lorsque vous irez mieux, plus tard dans la soirée, on vous transférera dans la cellule qui sera la vôtre tout au long de votre séjour parmi nous. Vous devrez boire le verre qui se trouvera sur l'étagère près du lit. D'ici là, je vous souhaite un bon rétablissement.

Au moment où elle allait passer la porte, Llemner se retourna et demanda :

- Excusez-moi... Vous avez des questions ?
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Yarkol
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Mer 20 Nov 2013 - 7:12

Lorsque ses jambes le trahirent, le semi-elfe se sentit voler quelques seconde, comme libéré de l'apesanteur, le contact avec le sol fut d'autant plus dur que son corps était lourd, las et fatigué. L'absence de douleur rendait le tout irréel, comme s'il était hors de son corps. Paralysé, comme une pierre, comme mort... Cette pensée insupportable ne le prit pas longtemps, il plongea dans un profond coma quelques seconde après l'avoir formulée.

A son retour dans le monde de la conscience,Yarkol nageait en plein délire. L'avait-on drogué, ou le poison était-il encore à l’œuvre ? Peut-être un peu des deux, mais ce qui le fit remuer était bien au delà de ces excuses. Une odeur acide, claire et fraîche, mais prisonnière ; du citron. Un citron prisonnier, comme lui. Lui...Prisonnier !
Son corps se raidit, et la douleur irradia sa nuque, son dos, sa tête. Attaché ! Et la lumière trouble, le soleil mort, les ténèbres, le vide... Le néant lui inspirait une terreur sans nom. Ne plus exister, ne lus être qu'une pierre. Son angoisse profonde de perdre son identité lui prit à la gorge et lui ébranla le cœur. Qu'allait-il devoir céder pour plus de puissance ? Pas son âme, pas sa précieuse liberté. Toutes ces pensées lui brouillaient l'esprit, il n'avait pas écouter un traître mot du discours de Llenmer. Il la vit partir, et paniqua. Lorsqu'elle demanda s'il avait des question, il poussa un hurlement en guise de réponse.

Ses membres s'agitaient dans tous les sens en lui arrachant des râles de douleurs, sa peine et son désespoir se lisaient dans sa gestuelle, dans sa voix, dans ses yeux fous d'animal en cage. Il aurait voulu être plus vigoureux, briser ses liens et s'enfuir, mais son état lui permettait à peine de gesticulé comme un asticot maladroit.


« Libérez-moi ! Libérez-moi, je suis libre, je suis...je suis Yarkol... »

Il était perdu, profondément triste. Il sentait son lit se mouvoir au rythme saccadé d'un pas traînant. Il revoyait la grotte aux cristaux de malachite, la mousse se moquant de lui, il sentait le saurien qui le traînait, et ces horribles liens qui l’empêchaient de se débattre... Ces chaînes de prisonnier, ces entraves de condamné, sa libertés bafoué, son droit d’exister confisquer !

Sa folie lui faisait revivre le pire moment de sa vie. Sans qu'il en eut conscience, il canalisa un pyromana, qui s'agitait furieusement autour de son poignet. La lueur rouge commençait à frapper frénétiquement sur ses liens. Les spectacle auquel assistait la Simic en aurait effrayé plus d'un. Il était prêt à se couper lui même les bras, à se trancher en deux si cela le libérait de ses entraves. Il était évident qu'ils ne pouvaient pas le laisser attacher ainsi.Il devenait dangereux pour lui-même et tout ce qui se trouverait à sa portée.
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Ishmæl
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Sam 23 Nov 2013 - 4:22

Malgré tous les efforts que Yarkol mis en œuvre pour tenter de se libérer, les lanières étaient bien trop serrées et il ne fit que se fatiguer davantage, ajoutant à son malaise corporel de désagréable nausées.
Lorsque le chariot s'arrêta dans la cellule de yarkol, son conducteur attrapa le verre sur une étagère de pierre et revint vers le sujet actuel de l'équipe de recherche AH-31-C. Malgré les tremblement de celui-ci, il ouvrit sans mal ses mâchoires d'une seule main, tandis que l'autre versa le contenu du récipient dans son gosier. Il pencha la tête du sujet en arrière pour éviter qu'il ne s'étouffe avec le liquide ou sa langue, puis, dès qu'il cessa de s'agiter, s'en alla sans prêter attention à l’écœurante substance grise qui suintait des oreilles et des narines de Yarkol.


- Llemner, rendez-vous compte ! Cela fait, hrm, des années que nous n'avons plus liberté pour tester ce procédé sur des sujets vivants à cause de cette histoire, hrm ! Mais avec cette faculté qu'il a d'ignorer les signaux vitaux de son corps et retarder les symptômes, son organisme pourra, hrm, s'adapter... oui, il s'adaptera, c'est certain !
Llemner se mordit les lèvres. Elle n'aimait ce vieillard dont la science a garder le corps en état de fonctionnement. Elle n'aimait sa manie d'encourager le progrès pour le progrès, pour repousser encore et toujours ces fixées par leur déontologie. Le progrès scientifique devait selon elle servir une cause plus noble que les finances des autres recherches de ce sinistre savant qui carbure au citron. Elle ignorait les motivations qui poussaient toujours autant de personne à rechercher une technologie incertaine alors que leur manque de moyens les mettent à la merci à la moindre erreur de protocole, de manipulation, de dosage... C'est la mort, voir pire - un handicap à vie - qui les attend...
- Monsieur... Je pense que votre projet irait à l'encontre du contrat définissant son statut dans notre secteur, monsieur. risqua-t-elle.
Lavmirf s'arrêta de tourner en rond.
- Llemner... Vous ne tenteriez pas de me faire obstacle, hrm... n'est-ce-pas ?
- Non, bien sûr que non, monsieur.
- Ne vous en faites pas pour mon sort, ma chère. Ce n'est pas un licenciement pour rupture d'un contrat qui m'attend, mais de brillantes perspectives d'avenir en récompense pour avoir, hrm, mené à bien un projet que l'on pensait voué à l'échec. Je ne compte pas sortir des termes de ce... contrat. Il aura sa greffe, hrm. Et je crains que la notion de "temporaire" de la clause 3 ne soit pour le moins relative. Je risque d'avoir besoin d'un certain nombre d'années pour, hrm, archiver tous les résultats...
Llemner baissa les yeux. Il était pourri. La circulaire Azorius 32240-B dispose précisément que ce genre de tentative de considération subjective ne sont pas valable devant la loi... Et le professeur Lavmirf le savait parfaitement.
-... Oui... ce sera un chef- d’œuvre...

Lorsque Yarkol se réveilla, il se sentait... bien. Ses lanières avaient disparu. En fait, il était même sur le lit, dans des draps propres, et on lui avait mis une chemise d'un vert foncé qui lui arrivait aux chevilles. Il vit ses habits, avec sa dague et ses autres possessions sur la table de bois en face du lit, contre le mur, avec - crut-il apercevoir - une note posé dessus. Il ferma et ouvrit plusieurs fois les yeux, guettant une migraine, une nausée. Rien ne vint.
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Yarkol
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Dim 24 Nov 2013 - 10:12

Ouvrant les yeux, le semi-elfe sursauta. Détaché. Enfin.
Son malaise avait disparut aussi subitement qu'il l'avait prit. Il se leva, retira cette chemise verte et enfila ses habits. Il accrocha sa dague à sa ceinture, et lut la note.

*Vous vous êtes réveillé vers midi. vous avez quartier libre jusque ce soir, où il faudra demander à me voir. Pensez à retenir votre numéro de cellule. Demandez votre chemin si vous voulez sortir. Il est tout à fait possible que vous soyez perdu dans ce grand bâtiment. *
Llenmer.


Il canalisa un pyromana et brûla la note. C'était une véritable invitation à se balader dans tout le bâtiment, et rien ne pouvait atténuer la curiosité du semi-elfe. De plus, il mourrait de faim. Il devait bien y avoir quelque chose à se mettre sous la dent dans ce genre d'endroit.

Il déchira précautionneusement un long bout de la chemise qu'on lui avait donner, l'enroula et le mit dans sa poche. Il s'étira, fit quelques exercices pour vérifier qu'il n'avait pas perdu son sens de l'équilibre, et sortit. Il regarda longuement le numéro inscrit sur la porte de sa cellule. Non, pas moyens, il ne s'en souviendrait jamais.
Il arpenta ensuite les couloirs en se fiant aux odeurs, aux couleurs, aux sons. Les murs étaient blanc et semblaient onduler à un rythme très singulier : celui d'un diaphragme. Yarkol savait reconnaître quelque chose qui respire, et c'était le cas. Ces murs respiraient. C'était plus déplaisant qu'une mur avec des yeux ou une gueule béante, c'était un blasphème envers la nature. Une anomalie, une folie. Et cela le fascinait...
Il resta longtemps devant un bout de cytoplasme qui gonflait et se dégonflait avec une régularité presque métronomique. Il comprenait leur folie. L'idée que la nature pouvait être manipulée à un degrés infime certes, mais c'était possible. Ces gens avaient joué avec une grande puissance, et bien que leurs résultats ne pouvaient être que de pathétiques fils dans un patchwork infernal, ils comprenait leur abnégation, leur entêtement à aller toujours plus loin dans l’expérimentation. Il détourna son regard.
Le prix à payer quand on joue avec de tels force était bien trop lourd pour lui.
Il sourit devant l'étrange tableau qui se jouait, l'ambivalence de la scène l'amusait. Les êtres sont parfois liés de façon bien étrange : en modifiant son corps, en se dénaturant, il permettait à ces fous d’œuvrer dans la restauration de l’état de nature de Ravnica. Les Chamans parlaient d'un grand tout où chacun était lié, ils avaient raison. Cela lui apparaissait plus clairement maintenant, bien qu'à l'époque il ne comprenait pas comment quoi que ce soit puisse le lié au monde civilisé, aux guildes et au monde en générale.

Il avança au travers des hommes et femmes en blouse blanche sans les regarder. Où pourrait-il quoi que ce soit de comestible dans cet étrange bâtiment où tout était vivant ?
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Ishmæl
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Mar 26 Nov 2013 - 23:11

Lemner remplissait les formalités opératoire de la future greffe du sujet de la cellule ZC48 - 8665 - LMPJ lorsqu'un message envoyé grâce au neuro-transmetteurs artificiel dans les murs lui donna la confirmation que sa lettre a bien été reçue. Elle soupire. Pourvu que la réponse soit favorable. Elle savait à quelle point elle était occupée, mais il y avait dans cette affaire plus d'importance qu'il n'y paraissait, Lemner en était persuadée. Restait maintenant à attendre, et espérer qu'elle intervienne à temps.

Yarkol, à cet instant, suivait à l'odorat le délicieux fumet d'un jambon cru. Il descendit des escaliers, parcourut des passerelles et longea des couloir jusqu'à parvenir à un niveau qui devait se trouver loin sous terre. Personne ne lui prêta garde, tout juste certains membres du personnel lui jetaient-ils un œil critique. Yarkol déboucha sans savoir comment sur un balcon, ouvert sur un spectacle à couper le souffle. Il n'était pas sous terre. Il n'avait pas cessé de descendre, en suivant le fort parfum de la viande, alors sa cellule devait se trouver à une hauteur considérable pour qu'il puisse avoir une vue pareille :


Spoiler:


Lorsqu'il voulut faire demi-tour, le sol s'enfonça sous ses pieds avec un bruit de succion désagréable. Il se rendit compte que trois personnes étaient arrivées derrière lui, sans doute étaient-ce elles qui avaient déclenché la plate-forme, croyant qu'il voulait également descendre.
Tout d'un coup, l'odeur de viande se fit plus forte. Très forte. Cela explique qu'il l'ait sentie d'aussi loin. L'ascenseur stoppa devant un bassin d'évolution, d'où émanait la parfum capiteux. Yarkol sortit avec les autres, certain de ne pas savoir faire remonter la plate-forme.
Et c'est là qu'il comprit. Ce bassin dévolution devait être l'un de ceux au dessus desquels il était passé grâce aux ponts. Des courges poussaient là, d'une apparence aussi normale que trompeuse. Elles sentaient la viande. La viande crue, celle du gibier encore chaud. Celle qui attire les carnivores... L'odeur était trop forte pour l'odorat sensible de Yarkol, qui regretta d'être là. Il secoua la tête. Les Simics ne respectaient donc rien, s'ils en viennent à mélanger de la verdure avec de la nourriture... Il soupira en s'engouffrant dans un couloir qui était fait - du moins semblait-il - dans de la bonne vieille pierre taillée, parsemée de portes blanches.

-... AH-31-C... bsolument...
Le semi-elfe se figea, et se fit attentif. Il avait beau de s'être pas souvenu de son numéro de cellule, il connaissait pourtant le nom de l'équipe qui s'occupait de lui. Il regarda autour de lui. La galerie était déserte. Il colla la tête contre le battant de la porte d'où venaient la voix, et tendit l'oreille.

- ...milliards de baloths en rute... prend-elle ?... trompé de guilde... pas idée des bénéfice.... tout gâcher... devrions...
- Pas de ça... catin... toute façon... Lavmirf... greffe du sujet... occuperons... Azorius viendra...
- ... bien sûr... devrions... demain...

Au son de la conversation, Yarkol comprit qu'elle s'achevait. Devait-il se dépêcher de partir ?


Pendant ce temps, loin du cartel Simic, une certaine juriste conjuratrice Azorius tenait entre ses mains la lettre qu'une vieille connaissance lui avait envoyée par faucon messager. Elle absorbée par les textes de lois et sa notion bien à elle de justice, Lemner passionnée par les perspectives qu'offrait la science à une Ravnica qui en avait besoin, Urielle avait perdu son amie de vue depuis de longues années. Et elle avait changé depuis - étaient-elles d'ailleurs encore amies ? En fronçant les sourcils, elle défit le cachet de cire et ouvrit le pli avec l'adresse des habitué(e)s  :


[HRP] POUR URIELLE et ceux qui veulent, c'est pas du grand secret, sauf pour Yarkol qui serait spoil à moins de préférer jouer RP. Wink[/HRP]

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Mer 4 Déc 2013 - 13:39

Yarkol s'éloigna en longeant le couloir. Il ne comprenait vraiment rien à ce qui se passait ici. Et quoi de plus normal ? Un ancien Gruul n'a pas sa place dans ce territoire plein de scientifiques fous. Il se fichait de ce qu'ils pouvaient tous manigancer, seul importait le résultat. Qu'avait-il à perdre, après tout ?
Pour l'heure, son estomac était le centre de ses préoccupations. Son ventre gargouillait bruyamment et ses sens s'adaptaient en conséquences : tous son corps s'était mis en quête de nourriture, et il arpentait ces couloirs comme un animal en chasse. Toutefois, il se méfiait de son odorat, sachant que dans ce triste endroit, la nature prenait une forme différente, une marque de son aliénation, que le semi-elfe regrettait amèrement. Ils allaient tous bien trop loin. Mais le Chaos pourrait bien leur jouer un tour... Leurs inventions les détruiront tous avant de disparaître, il ne pouvait en être autrement. Tout retournera à l’état de nature après le passage du Chaos.
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Ven 6 Déc 2013 - 11:48

A six heures, à la seconde précise où elle s'éveillait, Urielle roula hors de son lit, en écartant sèchement les tentures blanches qui séparait sa couche du reste de la pièce. Ses deux pieds clairs se posèrent sur le parquet ciré d'acajou, presque recouverts par la longue chemise de nuit immaculée de leur propriétaire. Ils se dirigèrent d'un pas vif vers l'âtre, au centre de la chambre, promptement rallumé derrière sa protection de verre, diffusant une lueur réconfortante. Les rideaux encore tirés préservaient la chambre de l'aigre éclairage urbain. Piétinant d'épais tapis, les deux pieds parvinrent jusqu'à leur destination rituelle.
Elle n'entamait sa journée de travail qu'à neuf heures, mais sa mission matinale était aussi exigeante qu'impérative. Avant d'incarner la Justice divine, il fallait en avoir le visage.

Le miroir ovale révéla son lourd secret. Opulente, lourde, folle, anarchique, et surtout, bouclée de la plus impertinente des façons, la chevelure d'Urielle gâchait son image de marque. En la voyant coiffée de son perpétuel chignon, personne n'aurait pu deviner le mal qu'elle se donnait pour transformer cette masse révoltée en œuvre impeccable. Son visage, ainsi encadré par la forêt noire, semblait plus jeune, plus futile.
Armée de plusieurs vaporisateurs, d'un peigne et d'un enchantement coûteux, Urielle passa à l'offensive, démêlant, tirant, lissant, planquant, tordant, attachant sans relâche, jusqu'à ce que la glace lui renvoie l'image d'une femme tirée à quatre épingles, aussi sévère qu'on peut l'être lorsqu'on porte une chemise de nuit.
Tout sauf décontractée par son épreuve quotidienne, Urielle s'empara d'un courrier qu'elle avait posé la veille sur sa table de nuit, trop épuisée pour la lire, et se fit couler un bain.
Une fois bien au chaud sous l'eau, elle défit le cachet et parcourut les lignes familières, un sourcil haussé.
En achevant de lire le courrier, elle le sentiment immédiat que sa réelle mission allait enfin commencer. Et Goram Sit'mitr serait un excellent prétexte pour entamer sa Réforme.

« Tout d'abord, il me faut le mandat. »

Quelques heures plus tard, cette fois revêtue d'une toge et d'un mantel aux couleurs Azorius, Urielle tenait son mandat, qui lui conférait le pouvoir de perquisition, de saisie et de mise sous scellés du patrimoine actif de Goram Sit'mitr – le passif étant, bien entendu, cessible aux ayant-droits. Plus intéressant encore, il lui était permis d'enquêter sur les tenants et aboutissants de son trafic...y compris au sein de la Guilde Simic. Et elle avait bien l'intention de commencer son investigation par ce douteux greffemage, qui, s'il n'avait peut-être rien à voir dans cette affaire de transactions illicites, était sans aucun doute d'une des nombreuses larves d'un système corrompu. Elle frissona. Urielle avait une sainte horreur des insectes.
Elle avait réquisitionné, pour sa protection, deux soldats Boros – son mandat lui conférait une certaine immunité magique, mais elle aimait contrôler la situation. Après avoir confié l'ennuyeuse tâche qui consistait à faire l'inventaire des biens de Sit'mitr à une jeune recrue pleine de zèle, Urielle se mit en route pour les quartiers Simic, suivie par ses gardes du corps. Ils étaient tous deux affiliés à une section spéciale, chargée de la collaboration judiciaire, et ne pouvaient, liés qu'ils étaient par un règlement magique, trahir les intérêts Azorius.
Elle se sentit rosir de plaisir – ce n'était pas qu'elle aimait son statut d'Inquisitrice à ce point, mais...si, tout compte fait.

Devant eux se dressèrent bientôt les contours bossus de Novijen, la dernière demeure du misérable cultivateur Simic qu'elle avait arrêté. Immense infrastructure désordonnée, qui aurait eu, selon l'Inquisitrice, bien besoin d'une réorganisation architecturale, elle était tout de même gardée. Sans daigner sourire aux gardiens pathibulaires, elle tendit son mandat.

« Inquisitrice Urielle, du département de procédure civile. Une enquête doit être menée ici. »

Elle ne s'expliqua pas davantage – rien ne l'y obligeait. Ils s'écartèrent et elle entra, tel un ange martiel foulant la houille.
Elle arriva près des hangars où transitaient toutes les commandes, importées ou exportées. Ce lieu était la plaque tournante du trafic de substances dangereuses, mais il n'intéressait pas Urielle aujourd'hui. Il fallait cependant feindre de suivre le protocole – aucune faille, aucune étourderie. Dans l'intérêt de la guilde Azorius, elle devait être ambitieuse et prudente.
Goram Sit'mitr était un trafiquant malin et veule, il était certainement connu ici. N'importe qui ferait l'affaire. Elle n'avait pas réellement besoin de cette légitimité, mais elle préférait en rien laisser au hasard.
Elle interpella le plus mal à l'aise des manœuvres, qui ne la quittait pas des yeux, tout en déchargeant des caisses fumantes d'un vaisseau flambant neuf. Aussitôt, il fut encadré par les deux légionnaires.

« J'enquête sur Goram Sit'mitr. Voici les personnes susceptibles de l'avoir aidé dans son immoral ouvrage. Pouvez-vous m'indiquer la personne qui lui fournissait ces marchandises ? Votre réponse est placée sous le protection du statut confidentiel des témoins.»

Elle brandit une liste sous son nez. Les noms avaient tous été choisis pour leur neutralité – tous de pauvres ouvriers comme lui, petits receleurs à leurs heures, ne présentant pas de grands dangers, tous les noms sauf un : celui de Lavmirf. S'il était aussi louche que le prétendait son « amie », il ne devait guère être apprécié de ses subordonnés. Le pauvre hère savait qu'il devait donner une réponse, car personne n'avait envie d'être suspecté par une Inquisitrice. Et même si Lavmirf n'avait rien à voir avec le trafic, il serait désigné d'office, par solidarité. Et sans surprise, le doigt sale du manutentionaire se posa sur le nom du greffemage, non sans y laisser une empreinte noire. Urielle lui accorda un sourire glacial, et, sans mot dire, tourna les talons vers le secteur des greffes, suivie par ses comparses.

Une fois dans le bureau de Lavmirf, celui-ci étant absent, elle ne tarda pas à découvrir la confirmation que ce dernier était bel et bien absorbé par une affaire : le dossier AH-31-C.
Elle constata avec satisfaction la multitude des vices de procédure contenus dans le dossier médical, et fronça les sourcils en réalisant l'aspect purement expérimental de ces opérations.
Une idée naquit dans son esprit : entre deux parties contractantes, il devrait exister une obligation général de bonne foi, de laquelle découlerait une obligation d'information de la part du professionnel...Cette règle s'intégrerait parfaitement au Code de la consommation...Et rétablirait l'ordre dans le domaine contractuel, en particulier médical. Oui, commencer par là était crucial. Et, par chance, le sujet de l'expérience AH-31-C était en vie.

« Allez me chercher le sujet, ou devrais-je dire, la victime de cette catastrophique gestion administrative. Amenez-le ici. »
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Ishmæl
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Lun 9 Déc 2013 - 23:18

Yarkol déambulait dans les couloirs depuis un bon moment, l'estomac dans les talons, lorsqu'une petite fente dans un mur près de lui s'ouvrit et se mit à parler :
- Vous êtes attendu dans le bureau du Professeur Lafmirf. Entrez dans l'élévateur sur votre gauche, quelqu'un vous accompagnera.

Le semi-elfe s’exécuta, exaspéré par ces locaux de moins en moins conventionnels. Lorsque l'ascenseur s'arrêta, un elfe avec deux bulles de cytoplasme à la place des yeux lui fit un signe de tête et l'invita à le suivre.
Après quelques instants où yarkol se refusa d'ouvrir la bouche, et l'elfe marcha, stoïquement, devant lui, il parvint dans un département où la matière organique des murs avait cédé la place à de la peinture blanche classique, comme celle qui parait les souvenirs de son délire de blanc. On le fit s'arrêter devant une porte qui indiquait le bureau du greffemage qui s'occupait de lui, devant laquelle étaient postés deux gardes boros à la mine patibulaire.
Et lorsqu'il entra, seul - l'elfe était reparti aussitôt - ce ne fut pas Lavmirf, avec son troisième bras et son jus de citron, qui l'attendait assis derrière le bureau, mais une femme aux traits aussi sévères qu'elle avait dû l'être en faisant son chignon, et dont le nez, fin et pointu, paraissait le percer du regard autant que ses yeux.
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Mer 11 Déc 2013 - 10:26

Après avoir fait tout ce chemin, Yarkol espérait vraiment trouver de quoi manger. Alors la vue d'une femme avec l'air aussi ennuyeux qu'ennuyé le laissa aussi froid qu'une pierre. Où était donc la personne qui l'avait appeler ?
Il lui fallut quelques seconde pour comprendre que c'était belle et bien cette...Azorius...Qu'il devait rencontrer. Pourquoi diable ces infectes scribouillards voudraient avoir à faire quoi que ce soit avec lui ? Il la fixa intensément de ses yeux brillant d'enfant sauvage avant de lui lancer, un soupçon de haine dans la voix :


« Quoi ? »
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Dim 7 Sep 2014 - 23:37

Yarkol courait. Il devait se trouver dans la cellule ZC48 - 8665 - LMPJ avant que l'on vienne pour l'escorter au bureau de Llemner. En réalité, il en venait, mais cela ne devait pas se savoir, cette entrevue devait rester à l'insu de Lavmirf.
Sur la route du long couloir qu'il parcourait, il songea à tout ce qu'il avait appris, tentant d'ordonner un minimum toutes ces informations.


Quelques heures plus tôt...

- Quoi ? avait-il demandé, agressif.
- C'est une bonne question. Je vous suggère de la poser à votre responsable Greffemage, qui souhaite faire de vous un légume anémié qui lui servira de donneur d'ADN volontaire aussi longtemps qu'il réussira à maintenir votre cerveau en vie.
La femme avait parlé d'une voix calme, mais sans appel. Son visage était un masque impénétrable, qui reflétait une autorité en puissance. Elle avait poursuivi après avoir à peine laissé le temps à Yarkol de décider de réfléchir à ce qu'elle disait.

- Je suis Urielle, suppléante au second procureur de la section de la procédure civile rattachée au Sénat d'Azorius. Je suis ici pour mettre à jour une fraude matérielle allant à l'encontre de la charte d'utilisation des substances chimiques légalement autorisées. C'est la raison qu'il est important de faire savoir aux curieux, mais puisque vous n'avez certainement rien compris... en réalité, je suis venue pour vous permettre de conserver le peu de liberté que vous devez encore posséder.

A ces mots, Yarkol avait failli exploser, mais la juriste qui lui faisait face ne lui en avait pas laissé le loisir.

- Lavmirf, le Greffemage responsable de votre suivi, et supérieur direct de la laborantine Llemner Sla'vir, qui m'a faite venir ici, est un savant expérimentaliste sans scrupule qui profite des moyens à sa disposition pour progresser dans sa branche fantasmatique novatrice - et illégale - en foulant au pied toute la législation médicale.

Là, Yarkol n'avait pas pu s'empêcher de ricaner.

- On croirait que vous venez de décrire n'importe quel chercheur Simic !

La conjuratrice Azorius l'avait considéré d'un air froid.

- Vous n'êtes pas totalement dans le faux, quoique ce ne soit pas le cas de la totalité. Car je suis venu ici à la demande d'une amie sincère et honnête, sans quoi votre avenir serait tout ce qu'il y a de plus compromis, et à moins de vouloir que je retrouve mon bureau au Sénat pour m'occuper de la multitude de choses plus importantes qui attend que je me penche dessus, vous seriez bien avisé de vous montrer sinon reconnaissant, au moins supportable.

Elle avait attendu un instant que Yarkol avait mis à profit pour tenter – en vain – de saisir le sens des paroles qui lui étaient tombées dessus. Prenant son silence pour un acquiescement, elle avait repris.

- Je ne suis pas celle qui doit vous expliquer ce qui vous serait arrivé et ce qui devra être fait pour que cela ne vous arrive pas. Je suis ici pour dévoiler les odieux agissements d'un Greffemage qui devrait depuis longtemps avoir rejoint ses inventions dans une cellule de stase. Alors je voulais juste voir celui que j'étais venu sauver, regretter d'avance ma décision, avant de continuer mon travail.

Sur ces paroles, elle s'était levée, et l'avait salué avec un mince sourire de banquise.

- Je vous remercie de m'avoir accordé le temps de cet entretien. A présent, je vous conseille vivement de retrouver Llemner dans son bureau, juste en face de celui-ci, c'est elle qui vous expliquera la situation, les options à disposition, ainsi que la démarche à suivre. Dépêchez-vous.

Yarkol n'avait rien dit, prenant peu à peu conscience du bourbier - un de plus - dans lequel il s'était enfoncé.
Il avait traversé le couloir avec la ferme intention de demander des comptes à Llemner. Elle l'attendait derrière son bureau, assise et plongée dans des rapports sans fin. En l'apercevant, elle avait tiré un dossier de sous une pile, et l'avait ouvert en l'invitant à s'asseoir, après lui avoir demandé de fermer la porte derrière lui.

- Yarkol... ce que j'ai sous la main consti
- Est-ce que j'aurai ma greffe ? Qu'est-ce qu'il y a, je suis obligé d'y renoncer, de faire marcher arrière à cause d'un savant pourri ?
- Ecoutez... rien n'est simple dans cette histoire. J'ai les mains liées parce que je suis une subordonnée de Lavmirf, et pourtant la seule à prendre en considération votre position. Je dois donc vous mettre au courant de ce qui se passe, et qui vous concerne au premier plan.

Yarkol avait soupiré et s'était laissé tomber sur un fauteuil, en face de la laborantine.

-  D'accord. Alors ?

Reprenant un peu d'assurance, Llemner lui avait expliqué que son dossier - qu'elle avait dans la main - contenait toutes les informations biologiques, morphologiques, métaboliques et physiologiques qu'ils étaient possibles de récolter sur un être humain. Beaucoup de chiffres étaient étonnants, même en tenant compte de son éducation, de son quotidien... un patrimoine génétique approprié l'avait aidé à se sortir de nombreuses situations périlleuses, et l'avait poussé à abuser de ses capacités, ce qui l'avait selon elle conduit à développer des facultés proprement surhumaines. Elle avait rapidement divergé, élaborant des hypothèses selon lesquelles sa nature adoptive gruule ainsi qu'une vie urbaine aventureuse avaient réunis en lui des critères qui avaient exacerbé son excitation guerrière. Et c'est précisément cela qui avait intéressé Lavmirf. Lors du test pendant lequel il avait dû batailler contre une marée grouillante de crustacés meurtriers, il avait été blessé à de nombreuses reprises, et le venin que les bêtes lui avaient inoculé à cette occasion auraient dû le terrasser rapidement, lui ôtant toute chance de victoire. Pourtant, ce fascinant état de quasi-transe, dans lequel il rappelait les barbares berserk, lui avait permis d'ignorer les symptômes qui auraient dû le jeter à terre. Pendant un temps, du moins, et ce retard avait augmenté les conséquences médicales de cet empoisonnement, d'où son séjour comateux au lit.
Cet faculté qu'il possédait, lui avait expliqué Llemner patiemment, rendait possible une optique de greffe frauduleuse sur laquelle travaillait illégalement le Greffemage Lavmirf depuis des années. Elle refusait de lui en dire plus, le principe étudié appartenant à un dossier à l'accès très restreint. Elle lui avait ensuite dit comment Lavmirf avait l'intention de procéder pour la suite de sa macabre entreprise. L'opération en elle-même serait très douloureuse. Le processus de greffe l'est tout le temps, mais l'expérience qui figure dans son esprit malade l'est au-delà du concevable. Il devra donc être sous perfusion tout au long de l'opération, les anesthésiants et les anti-douleurs lui seront assidument prodigués. Le Greffemage comptait ajouter en compte-goutte un produit lobotomisant à l'injection. Au réveil, Yarkol se sentirait amorphe pendant plus de temps que prévu, et se révélerait plus docile que quiconque aurait pu le souhaiter, réduit littéralement à l'état de bétail anémique.
C'est là qu'Urielle, la juriste Azorius que Llemner avait fait venir à la rescousse au nom de leur ancienne amitié, intervenait. Elle allait mener la vie dure à Lavmirf, qui serait aux prises avec la paperasse administrative au moment crucial du traitement, ce qui le forcerait à déléguer des tâches en masses à son assistante : elle.
Elle avait ajouté que Lavmirf commençait à remettre en question sa loyauté, ayant constaté la réserve qu'elle présentait quant à ses ambitions. Il préférerait procéder lui-même aux manipulations importantes, mais au moment de commencer l'opération, Urielle s'abattrait sur lui avec une pluie d'accusations. Il sera trop occupé à se débattre avec elles pour se permettre de ne pas confier le déroulement de la greffe à Llemner. D'ailleurs, Urielle avait apparemment déjà découvert de sérieux motifs d'arrestation et de coercition auprès d'un fournisseur plus que douteux en la personne de Morsuif, un correspondant fidèle du Greffemage. Lavmirf saurait se défaire de ces chefs d'accusation, mais il serait occupé, suffisamment pour que Llemner puisse interrompre l'opération et subtiliser des preuves concrètes des méfaits de son supérieur.
Pour finir, elle avait insisté pour qu'il suive jusqu'au jour de l'opération le protocole médical officiel que l'on lui prescrira, et qu'il y soit à l'heure. Elle lui retirera alors tout d'abord le mouchard magique que l'on lui avait implanté, et guettera l'occasion de se retrouver dans la salle opératoire sans Lavmirf pour annuler la greffe et récupérer de quoi le mettre définitivement hors d'état de nuire.
Puis il avait dû se dépêcher de retourner dans sa cellule, dont il avait fallu lui rappeler le matricule, afin que l'escorte envoyée le chercher l'y trouve, et que cet entretien avec Llemner reste clandestin – étant donné que les entrevues officielles sont enregistrées.

Yarkol courait. Il ne savait pas où était la cellule ZC48 - 8665 - LMPJ, la signalétique des blocs médicaux simics était de loin trop complexe pour qu'il y comprenne quelque chose. Alors il se dirigeait à l'instinct, se résignant de temps à autres à demander son chemin à des chercheurs en blouse, dans les couloirs. Et il réfléchissait, à toute allure.
Il n'avait cure que le protocole de greffe soit illégal, pourvu qu'elle soit efficace. S'il pouvait posséder une greffe plus avancée, perfectionnée, ou disposant de particularités inhabituelles, qu'importait que ce Greffemage gavé au jus de citron ait violé une ou une centaine de lois Azorius, qui disparaitront de toute manière bien assez tôt dans le Chaos purificateur.
Cependant, la partie concernant un avenir d'éternel cobaye servile ne lui disait rien d'intéressant, il allait donc falloir suivre le plan de Llemner... en partie au moins.
Il finit par atteindre sa "chambre". Il la reconnaissait, le meuble en bois contre le mur, en face du lit de draps blanc, près d'une armoire et d'une structure mobile de perfusion, mais il y avait fort à parier que chaque cellule était faite sur le même modèle.
A peine eut-il le temps de balayer sa chambre du regard que l'on frappa à la porte.
On venait le chercher. Trois Simics – étonnamment dépourvus de cytoplasme – l'encadrèrent pour faire en sens inverse le chemin qu'il venait de parcourir.
Arrivé au bureau, Llemner l'accueillit avec une attitude sérieuse et professionnelle, avant de glisser sa main sous le bureau, qui se mit à vibrer doucement - le mécanisme d'enregistrement ?

- Yarkol, vous avez déposé il y a quelques jours déjà une demande de greffe non labellisés sur la base d'un volontariat expérimental, vous avez signé un contrat de liaison qui nous transférait de nombre de vos droits de propriété corporelle. Je vous annonce que les résultats de votre test sont concluant, et que votre candidature a été retenue. Votre dossier a donc été sélectionné par le Greffemage Lavmirf, et le jour de votre opération a été fixé. Vous continuerez jusque-là à être soumis au suivi médical et à un régime alimentaire surveillé pendant les prochaines semaines.
Dans l'immédiat, vous avez un programme chargé de test secondaires, de vérifications allergènes, et d'études intermédiaires qui viseront à attester de la compatibilité de votre génome avec certaines substances essentielles qui devront être utilisées pour votre greffe. Ce sont principalement des examens de routine, mais ils sont nécessaires avant de procéder à une intervention cytoplasmique.
Voici
– elle tira une feuille du dossier et la lui tendit – le programme que vous devrez suivre les dix prochains jours. Les heures et lieux de rendez-vous, ainsi qu'un résumé succinct de l'objectif de chaque épreuve. Si vous ne savez pas lire, glisser la feuille devant l'opercule de la porte de votre cellule, et elle vous lira les lignes que vous montrerez. Vous avez des questions ?
Yarkol réfléchit, puis fit signe que non.

- Bien. Vous avez quartier libre jusqu'au soir. Informez-vous bien du contenu de cette feuille, aucun duplicata ne sera fourni. Il y figure en outre les restrictions alimentaires auxquelles vous devrez vous soumettre. Vous pouvez disposer.

Interloqué, Yarkol eut un instant du mal à se rappeler de la Llemner incertaine et inquiète qui lui avait confié les sombres projets de son supérieur il y a encore quelques heures.
On le raccompagna à sa chambre, où il jeta un œil distrait aux lignes de caractères noirs sur la fiche que l'on lui avait donnée. Il n'y comprit rien, ne sachant guère que déchiffrer la langue gobeline.
Il fit passer la page devant l’œilleton de la porte, et entendit une voix éthérée déclamer sur un ton monocorde les lieux et les horaires de rendez-vous, et parfois les itinéraires, auxquels il devrait se rendre. Le jour de la fameuse greffe ne figurait apparemment nulle part. C'est tout juste si Yarkol prêtait une oreille distraite aux recommandations nutritionnelles - pas de viande tous les jours, éviter les aliments épais ou lourd, privilégier la consommation de fruits et légumes...

Yarkol passa les prochains jours à effectuer divers exercices visant à prouver ses aptitudes et tolérances biologiques. Il du sauter, courir, nager, retenir sa respiration, supporter des températures aux limites du supportables, subir des pressions physiques et psychologiques considérables...
Il réussit la plupart de ces tests, surprenant parfois l'équipe de chercheurs en charge de lui, échouant d'autres fois. Mais elles étaient rares.
Il avait des quartiers libres réguliers, durant lesquels il était cependant tenu de continuer à surveiller ce qu'il mangeait. Un régime spécifique devait être mis en place bien avant l'événement en question.
Un jour, il apprécia tout spécialement le programme d'un jour en particulier, qui consistait à finaliser le choix de sa greffe. Il retrouva avec plaisir le tranchoir dentelé, affûté et hérissé de facture Rakdos qu'il avait remarqué lors de son premier entretien avec Lavmirf. On lui demanda d'effectuer de nombreux exercices avec, ainsi que plusieurs passes d'armes bien définies. Il prit plaisir à ce petit jeu, se surprenant à imaginer toutes les folles prouesses que pourra lui permettre une greffe cytoplasmique, lorsqu'il ne sentira plus - ou presque - le poids de l'arme.
Lavmirf était là, sur un balcon en surplomb de la sorte de grand gymnase où Yarkol devait refréner ses pulsions martiales pour s'astreindre aux strictes consignes d'exercices qu'on lui dictait. Cependant, il ne semblait pas accorder d'attention à ces tests. Tout en exécutant les enchainements, avec plus ou moins de succès, que lui démontrait un maitre d'armes parallèlement, Yarkol se fit la réflexion que ce soudain désintéressement était bien curieux. D'habitude, il était en pleine effervescence dès que l'on lui apportait les chiffres des dernières analyses de son sujet principal, et tout excité quand il étudiait les dossiers résultant des pronostics, prédictions, et autres suivis expérimentaux. Et là, on aurait dit, qu'il se moquait des épreuves d'aujourd'hui, comme s'il n'y avait jamais eu question de tout ce qui touchait à l'intégration de l'arme.
Mais Yarkol continua à profiter tout son soul de la perspective de fusionner cette lame à son bras, pensant remettre à plus tard la question des réelles intentions de Lavmirf.

Ces dix jours, comme Llemner l'avait prédit, étaient denses en examens, et il eut bien peu de temps libre. Qu'en aurait-il fait, de toute manière ? Il avait des projets, certes, mais il avait encore le loisir d'y réfléchir... Il pourrait bien s'y mettre une fois qu'il aurait obtenu son nouveau bras.
Cependant, au terme de cette période intensive, on lui apprit qu'il aurait désormais devant lui un programme moins chargé. Effectivement, après lors, il eut essentiellement des entretiens barbants concernant ses motivations, son styles de combat et ses affrontements passés, ainsi que d'éventuelles séquelles, traumatismes... naturellement, il eut donc beaucoup plus de temps pour lui, qu'il mit surtout à profit pour échapper au bâtiment simic dans lequel il pourrissait le plus clair du temps.
Il eut également plusieurs autres entrevues officieuses avec Llemner. A ces occasions, elle le tenait informé de ce qu'elle avait appris - pas tout, bien sûr, il le sentait -, tentait d’échafauder plusieurs plans d'urgence, qui variaient du tout au tout d'une séance à l'autre, et lui enseignait les quelques choses qu'elle savait sur Lavmirf. Pourtant, il en appris bien moins sur l'identité et les motivations du greffemage que sur Llemner elle-même. Chercheuse simic, elle avait la conviction que la science pouvait apporter la solution à tous les problèmes qui rongeaient la cité-monde, à la condition que ce travail soit fait par des gens intègres. C'est là son problème, pensait Yarkol. Aucune personne n'est plus intègre dans ce monde, ou peu s'en faut, et depuis longtemps. Mais il ne put s'empêcher de sourire face à cette foi : Là où lui voulait embraser le monde pour qu'il renaisse de ses cendres, elle espérait à elle seule accomplir un travail de fourmi pour remédier à chacune des imperfections qui minaient Ravnica.

Après encore un certain nombre de jours, Yarkol eut un entretien - officiel, celui-là - avec Llemner.
Après certaines recommandations sans importance et des réprimandes concernant son régime, elle continua sur sa lancée professionnelle :

- Vous n'êtes plus consigné dans le bloc expérimental du cartel. Durant une période conséquente, vous serez parfaitement libre de vos mouvements, exception faite des prudences nécessaires à propos de vos aliments. Vous pourrez utiliser ce temps comme bon vous semble, mais nous suggérons à nos sujets de le mettre à profit pour prévenir leurs proches, et à cette occasion leur dire que vous ne vous reverrez peut-être pas, étant un sujet expérimental. Mettez donc en ordre vos affaires, réglez les questions de successions et celle de l'avenir de vos possessions. Les droits de propriétés de votre corps, en cas de décès seront transférés à l'équipe de recherche AH-31-C, conformément au contrat que vous avez signé.

Yarkol parvint à ne pas éclater de rire, à ne même pas interrompre la laborantine qui semblait convaincue de réciter des avertissements à prendre au sérieux. Il allait vite s'ennuyer pendant cette période, s'il n'y avait qu'à "mettre ses affaires en ordre" !
Mais heureusement il avait d'autres idées en tête.
Il remercia Llemner, et après une fin ennuyante d'entretien, il se sentit plus libre qu'il ne l'avait été depuis longtemps. Conscient cependant que cette impression était trompeuse, il ne se permit pas de se réjouir alors que tant de choses demeuraient encore incertaines.
Il se força à un dernier détour par la salle d'armes du gymnase d'entraînement, pour y prendre le tranchoir d'acier qu'il avait pris pour modèle, et délaissa le cartel Simic.



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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Dim 7 Sep 2014 - 23:38


Il avait à présent en sa possession le sang et les os qui allaient constituer son arme. Le sang de sa rage, de l'origine de sa détermination, celui de Nihil. Et les os de ses ennemis, de ses cibles, de son objectif : les dents qui cliquetaient à sa ceinture.
Il fallait maintenant trouver le seul qui, à sa connaissance, étaient capable de l'exploit de synthétiser ces matières en une lame. Et il se trouvait... dans les quartiers Orzhovs. L'Armurier, c'est ainsi que l'on l'appelait. Yarkol avait déjà eut affaire à cet homme là, qui avait une ambition presque aussi démesurée que la sienne : obtenir à lui seul le monopole des armes de tout Ravnica, rien que ça !
Toujours est-il qu'il avait déjà la plus grande corporation d'armurerie du quartier Orzhov sous sa coupe. N'étant jamais en personne dans ses magasins, c'était une personne difficile à trouver. Mais Yarkol avait en avait les moyens. Quelques contacts, ainsi qu'une information précieuse : le véritable nom de l'Armurier. Il eut malgré tout besoin de quelques jours pour trouver celui qui lui indiquerait ou serait Foenix Ket'osarc, alias L'Armurier. Lorsqu'enfin, Yarkol put de visu lui parler, c'était à l'étage d'une auberge huppée, dans une chambre qui ressemblait à un bureau.
Il observa un instant cet homme, dont l'influence n'était pas à sous-estimer : Des yeux d'un bleu vifs siégeaient au centre d'un visage harmonieux encadré par de sombres cheveux mi-longs, qui arborait une barbe naissante. Vêtu d'une sobre chemise de tissu noir, il respirait l'aura de celui, sûr de lui, qu'une vie aventureuse avait rendu méfiant.

- Eh bien, Yarkol Psora, que puis-je pour ta satisfaction ?

Son ton, légèrement railleur, était couvert d'une assurance qui cependant trahissait une légère inquiétude. Sans doute avait-il des affaires urgentes en cours.

- Pour certaines raisons, je ne suis plus un Psora. Mais ça n'a plus d'importance. J'ai besoin de quelqu'un capable de travailler avec des os et du sang pour faire une arme. Tu connais quelqu'un pour ça ?

Le noble orzhov prit un air aimablement contrit.

- Je suis navré pour ton bannissement. Quant à ce service... évidemment que je connais quelqu'un. Plusieurs, même ! Mais la plupart n'appartiennent, pour l'instant du moins, pas à mon cercle, alors je te recommanderai la seule de mes armureries qui s'occupe de ce genre d'affaire.

Il griffonna une adresse sur un bout de parchemin. L'ex-Gruul s'apprêta, sans remerciement à quitter la pièce, quand L'Armurier le retint.

- Dis-lui que tu viens de ma part, ou bien il ne te fera ni de crédit, ni de cadeau. Je sais à quel point tu es toujours fauché.

Yarkol eut un demi-sourire.

- Merci, Foenix.

Et il partit sans un mot de plus.

Il jeta un œil à la note qu'il avait prise. L'artisan forgeron où il devait se rendre était en plein chez les Rakdos ! Sachant de quelle matière il voulait constituer son arme, cela n'avait rien de surprenant, il aurait dû s'en douter. Mais c'était très loin de là...
Il choisit de prendre un raccourci par la Citerraine, en passant par la Creusée de l'Annelure, malgré l'aversion que lui inspirait les Golgaris.
Avec un rapide trajet en wagon à pleine vitesse (un après-midi, en somme), une bagarre au cours de laquelle il cassa les dents de devant d'un demi-ogre et enflamma l'étal d'un marchand de légume, et une lente ascension vers la surface sur une plate-forme de bois, il arriva à proximité des quartiers Rakdos. L'atmosphère était immédiatement devenue plus lourde, l'air moite, et les narines du pyromane s'emplirent rapidement des senteurs nauséabondes des carnariums.
Ignorant cette ambiance malsaine et pesante propre aux adorateurs du sang, il se dirigea au petit trot vers l'adresse en question.
Une fois arrivé à destination, il fut bien content en voyant le démon qui tenait la forge de d'avoir à lui fournir une recommandation de Foenix Ket'osarc, L'Armurier. Mécontent en dépit de cette entrée en matière - ou peut-être à cause de cette recommandation ? -, le démon prit en grognant dans son immense main l'impressionnante collection de molaires et la grande fiole de sang que tendit le semi-elfe qui était, c'est vrai, aussi à demi démon. C'est tout juste s'il accorda un regard à l'arme que son client brandit ensuite pour modèle de fabrication.
Pour patienter, Yarkol se mit en tête de se rendre aux Carnariums. Il y avait déjà été et la vue des carnages qui s'y jouaient ne l'étonnèrent pas plus qu'ils ne le mirent mal à l'aise. Mais il ne cautionnaient pas ces inutiles successions de massacre. Comme les autres spectateurs, lui aussi paria, mais à sa manière. Il ne mit pas d'argent en jeu, se contentant de prévoir en son for intérieur quels adversaires - ou quelles factions, dans le cas d'affrontements en nombre - allaient l'emporter. Le plus souvent, il ne se trompait pas.
Quand il revint voir le grand démon noir à qui il avait confié sa commande, ce dernier était en train de finir la trempe. Il plongeait la lame dans une huile graisseuse qui mieux que l'eau saurait refroidir l'arme sans l'abîmer, lorsque Yarkol se campa devant lui.
Le démon s'adressa à lui d'une voix caverneuse.

- Voilà ton arme, petit homme. Tu ne m'as pas donné assez de matière, alors j'ai dû me contenter de l'amalgamer à de l'acier en fusion. Je ne sais pas d'où tu tiens ce sang, mais si tu en as en quantité, je suis preneur. Il a permis que les os ne fragilisent pas l'alliage, et au contraire s'en est nourri quand je l'ai plongé dans les flammes. J'aurais du mal à trouver de quoi faire une autre arme de cette qualité.

Yarkol sourit.

- Oui, vous auriez beaucoup de mal. Malheureusement, je n'aurais pas la possibilité de vous en fournir, même à grands frais. Avez-vous fini ?

Le démon grogna une fois de plus, et reprit, renfrogné.

- Tant pis. Ouais, c'est terminé. Plus qu'à monter le manche. Du cuir, pour la poignée ?

- Non, ce ne sera pas la peine. Merci de votre travail.

Il empoigna l'arme et admira la texture curieusement rêche du métal. Une copie parfaite !
Il s'apprêta à prendre congé et remercia de nouveau le grand forgeron bourru.

- Perds pas ton temps, petit homme. Et rappelle donc à L'Armurier qu'il n'a toujours pas payé sa dette !

Sans se soucier de ce que cela pouvait vouloir dire ou impliquer, Yarkol se fit un plaisir de suivre le conseil du démon. Ne pas perdre son temps, à plus forte raison dans les parages de ces quartiers.
Soupesant son arme, il fut surpris par sa légèreté, qui l'inquiéta un peu quant à sa solidité.
Mais cela ne devrait pas poser de problème pour la greffe.
Il se livra à un exercice de mémoire. Il avait amplement le temps de rejoindre le cartel Simic. A condition de ne pas trop faire d'esclandre sur la route, il pourrait même s'y rendre pied. L'affaire d'à peine plus d'une semaine.

Quelques imprévus s'étant glissés dans le programme du pyromane, il parvint devant le bloc expérimental de Novijen, le cœur du Cartel Simic, le jour même que Llemner lui avait indiqué comme étant celui de son opération.
Après avoir prévenu la guichetière de son retour, il se hâta donc de parvenir à sa cellule, où on ne manquerait pas de venir le chercher.
Yarko du reconnaître que l'organisation de cette section, au moins, forçait l'admiration, lorsqu'après cinq petites minutes d'attente vint pour l'escorter le trio de Simics exempts de cytoplasme, devenu habituel.
Il parcourut des couloirs qu'il ne se souvint pas avoir jamais arpenté, puis descendit un interminable escalier presque plat dans une sorte de galerie qui sembla vaciller un peu. Il eut l'impression de marcher dans un boyau, ou dans une artère géante, en direction du cœur. D'ailleurs, il sentait comme une légère pulsation émaner des parois de végétaux luminescents, en provenance de la direction qu'il prenait.
Après encore un long moment de marche, il parvint dans un nouveau dédale de couloirs et de salles qui ressemblait au bloc expérimental qu'il avait visiblement quitté, si ce n'est que toutes la maçonnerie, ici, paraissait... organique.
Llemner le cueillit au détour d'un couloir.

- Ah, vous voilà ! Vous êtes en retard, on n'attend plus que vous. J'espère que tout se passera bien.

Yarkol eut le sentiment que cette dernière phrase avait été prononcée presque involontairement. Dans les faits, son alliée semblait avoir cessé de lutter pour conserver son attitude professionnelle, et son visage trahissait une nervosité flagrante.
Au pas de course, elle le mena à travers deux intersections et entra dans une porte de racines couvertes de cytoplasme qui, une fois Yarkol et elle de l'autre côté, coulissa pour se fermer avec un bruit de succion. Le futur cobaye de cette expérience se retourna par réflexe, et ne vit que les images floues des trois membres de son escorte, restés à l'intérieur. Il volta de nouveau, et vit devant lui toute l'équipe de recherche AH-31-C au grand complet. Il avait déjà croisé plusieurs d'entre eux, lors d'entretiens et d'exercices, connaissait le nom de certains, mais n'aurait jamais cru qu'ils étaient aussi nombreux à travailler sur le projet. Il y en avait une vingtaine, tous affairés à peaufiner des réglages, à vérifier des calculs, ou à discuter avec animation. Seul Lavmirf manquait à l'appel. Une table de manipulation semblait attirer l'attention de tous, et contre un mur, un bureau de bois débordait de notes et de divers matériel. Celui du greffemage, supposa Yarkol.
En l'apercevant, l'excitation des chercheurs augmenta encore d'un cran. On l'entoura aussitôt, le félicita pour son courage, lui prodigua des conseils parfois farfelus ou contradictoires - pensez à plier vos orteils de toutes vos forces au moment de l'anesthésie ! -, pour quelques-uns dans des dialectes inconnus de Yarkol.
On finit par l'allonger sur un lit curieux dont le matelas était décomposé en plusieurs parties, sur chacune desquelles reposaient la tête, le tronc et les membres du volontaire. Matelas qui était massivement pourvu de lanières qui, Yarkol n'en doutait pas, était suffisamment résistantes pour attacher un baloth.
Après l'avoir déshabillé - il ne s'agissait pas qu'un vêtement intervienne dans la greffe - et entièrement plongé dans le bassin d'une salle limitrophe dont Yarkol savait uniquement qu'il ne contenait pas de l'eau, il l'allongèrent sur le lit. Celui-ci était, avec les dispositifs opératoires, situé dans une partie de la pièce qui pouvait, cela se voyait de manière évidente, être coupé du reste de la salle par une cloison coulissante semblable à la porte. Les raisons étaient obscures, mais le jeune pyromane supposa que les processus de greffe, n'étant pas sans danger, en comportaient également pour les chercheurs qui supervisaient l'opération, d'où le sas que l'on pouvait actionner depuis l'autre côté.
Lavmirf arriva au moment où l'on plaquait l'objet de la greffe - l'arme d'acier, de sang et d'os - sur le bras de Yarkol avec deux lanières en tout point identiques à celles qui le retenaient sur les supports matelassés. Il passa en trombe devant les chercheurs en fulminant.

- Sortez tous ! Allez dans la salle d'étude expérimentale, à côté. Et vite !

Visiblement, les contretemps avaient à la fois été trop courts pour servir le plan de Llemner, et suffisamment agaçant pour rendre le greffemage furieux.
Les chercheurs s’exécutèrent, rapidement mais non sans rechigner. Alors que Llemner allait les suivre, il rappela la laborantine :

- Pas vous ! Aidez-moi plutôt pour les dernières modifications...

Elle obtempéra, et l'affaire fut promptement réglée.
Lavmirf s'avança alors vers Yarkol.

- Il va falloir vous attacher. La greffe risque de vous, hurm, secouer un peu.

Il se laissa faire, et considéra non sans appréhension le nombre impressionnant d'attaches qui étaient sur le point de le clouer au lit d'opération.
Une fois totalement immobilisé, nu comme un ver et sans aucune défense, L'ex-gruul sentit une sourde angoisse monter en lui. S'était-il déjà senti aussi démuni ? Aussi vulnérable ? Le sourire mi-figue, mi-raisin qui naquit sur les lèvres de Lavmirf confirma son pressentiment.

- Parfait. A présent, enlevons cette ferraille inutile.

Yarkol ne put bouger d'un iota pour l'empêcher de défaire les attaches du tranchoir qu'il voulait intégrer à son bras, et l'adosser contre un mur près de la porte, pas plus que ses protestations ne l'y aidèrent.

- Il faut comprendre, jeune homme. Votre cas, hurm, ouvre des horizons que jusqu'alors nous pensions fermés à jamais...

A ce moment, le pyromane commença à se de demander si sa forte tendance à l'improvisation ne l'avait pas trahi. Finalement, il aurait peut-être mieux fait d'élaborer un plan avec Llemner, qui puisse tenir la route et ne pas reposer sur tant de facteurs pour le moins aléatoires.
Lavmirf modifiait à effectuait à présent des variations sur les tables de manipulation, du côté observateur de la salle opératoire. Llemner, elle, était immobile, son dossier serré contre elle, la mâchoire crispée et le regard angoissé.

- Et s'il y a bien une chose qu'un jeune coq comme vous devez réaliser, marmonna le greffemage en poursuivant ses réglages, c'est que les attentes absurdes d'un cobaye ne s'opposeront pas à l'avancée de ma science...

Il se dirigea vers un point du mur, proche de la paroi séparatrice, où une épaisse membrane transparente occultait une manette. Il apprêta à y plonger la main lorsqu'il suspendit son geste.

- Llemner ! la cloison !
ordonna-t-il sèchement.
Tremblante, la main de Llemner effleura un bouton poussoir situé sur l'autre paroi de façon symétrique à la manette, et la porte coulissante se referma avec un écœurant bruit de succion.
Yarkol tenta en vain de se débattre une ultime fois. Le pire était qu'il entendait encore les voix du côté observateur.

- Mais je suis certain, mon cher, que vous mesurez
-
A cet instant, un autre bruit de succion se fit entendre. Quelqu'un devait être entré dans la salle.

- Qui ose ...?!
Là, l'échange se fit inaudible, mis à part quelques éclats de voix.

- Si, je vous le jure !...

- Mais... greluche ampoulée... très bien, j'ai compris !

Llemner intervint d'une voix plus forte.

- Monsieur, vous devriez allez de quoi il retourne. Je veillerai à ce que nul ne pénètre ici.

Il y eut un instant de silence. Puis :

- Très bien, Llemner. Je serai bientôt de retour.

Il y eut un nouveau bruit de succion. Puis, alors que Yarkol cherchait désespérément un moyen de mettre cette chance à profit, il sentit la cloison séparatrice s'ouvrir à son tour.
Llemner apparut dans son champ de vision. Elle approcha et entreprit fébrilement de défaire les lanières qui retenaient Yarkol aussi vite que possible.

- Je ne sais pas quand il reviendra, nous n'avons que peu de temps, et il nous faut trouver ce que nous voulons avant son retour. Il a dit qu'il se dépêcherait, oui, et il a hâte de revenir pour finir ce qu'il a commencé, nous n'avons vraiment pas de temps à perdre. D'abord, il va falloir
-
Yarkol libéré, il s'assit et saisit les poignets de la laborantine à pleines mains. Elle était affolée, et ne servirait à rien dans cet état.

- Calme-toi, pour commencer
, grogna-t-il. Tu parles trop et tu ne réfléchis plus correctement. Je sais très bien qu'on est pressé, mais tu vas d'abord essayer de respirer normalement.
Llemner cessa de se débattre et ferma les yeux. Les tremblements s'apaisèrent peu à peu.

- Voilà
, sourit le cobaye. Maintenant, fouille ce que tu veux, et vite, je vais surveiller la porte.
Il se posta près de l'entrée en empoignant son arme.
Après quelques instants de recherche infructueuses, Yarkol vit une silhouette floue à travers la porte se diriger droit vers eux. Il prévint Llemner, qui eut soudain un éclair d'angoisse. Si l'opération reprenait, tant pis si elle ne pouvait épargner une greffe dangereuse à son protégé. Mais elle pouvait au moins lui éviter de devenir un esclave lobotimisé. En une fraction de seconde, elle considéra les cuves d'injection encastrée dans le mur - en particulier la minuscule où flottait un liquide transparent pulpeux, ainsi que le distributeur de verre d'eau, près du bureau sur lequel trônait... une grande bouteille de jus de citron.

- Il est encore loin ?

- Oui, ça se rapproche lentement.

Se précipitant, Llemner arracha deux verres au distributeur et s'en servit pour transférer le sédatif lobotomisant dans le récipient sur le bureau, et le jus de citron dans la cuve. Au moins, même greffé, Yarkol serait en état de témoigner, s'il y était amené dans cette affaire.  

- Ça urge...

Elle se précipita pour venir voir à travers la porte, anxieuse.

- Ce n'est pas lui... pose ça où c'était pour ne pas éveiller les soupçons, et cache toi derrière la table de commandes, là. Laisse-moi parler avant d'intervenir.

Yarkol réfléchit une seconde et délaissa son arme à contrecœur. Ce plan en valait bien un autre.
La porte coulissa au moment où il s'accroupit.

- Oui ? Que voulez-vous ?
C'était la voix de Llemner.
- Le greffemage Lavmirf exige votre présence dans la salle d'entretien ID-146
, lui répondit une voix de femme, fluette et sentencieuse. Il a des questions de nature urgente à vous poser.
- Je suis désolé, je ne peux quitter la salle opératoire.

- Ne vous en faites pas
, répliqua l'interlocutrice. Je suis chargée de verrouiller la porte. Seul pénétrera en prochain qui de droit, dans cette pièce. Il ne devrait pas tarder. Oh ! Et ne vous bercez pas d'illusions, je pense que ce qui vous sera dit n'a rien de plaisant.
Yarkol réfléchit à toute allure. Rien ne se passait comme prévu. Il n'avait rien prévu en soi, c'est vrai, mais rien n'aurait pu le préparer à ce qui se déroulait.
Si Llemner partait et que l'autre femme restait dans la salle, il devrait la tuer.
Il y eut un bruit de succion. Yarkol resta longtemps accroupi, guettant le moindre bruit. Non, il était seul.
Et la porte était verrouillée. Cela ne tarderait pas, avait cependant dit l'autre femme.
C'était la seule occasion. Et autant pour les considérations morales de Llemner. Yarkol avait besoin de ce bras. Il le lui fallait. Alors s'il devait recevoir une greffe novatrice, tant mieux, il n'avait rien contre.
Il lui fallait juste vider le contenu d'une certaine cuve. Il avait suivi l'ingénieuse manipulation de Llemner, mais avoir du jus de citron intégré à son bras ne le tentait pas. Il tendit le bras vers le mur quand il entendit la porte coulisser. Non, pas déjà ! Rien n'était prêt ! Il fit volte face et se retrouva face à un gros homme replet aux bras couverts de cytoplasme. Il l'avait déjà croisé. C'était Morsuif, un correspondant de Lavmirf. Llemner lui avait en outre appris qu'il s'agissait d'un allié fidèle du greffemage, avec lequel il avait en commun une totale absence de scrupule.
En apercevant le cobaye, debout et libre de ses mouvements, Morsuif poussa un cri de rage. Il saisit le tranchoir - que Yarkol avait laissé près de la porte - comme s'il n'avait rien pesé et se rua sur lui. L'assaut était bien trop rapide pour tenter une esquive, et le pyromane eut tout juste le temps de lever un bras pour se protéger le visage. La lame dentelée s'enfonça brutalement dans la longueur, lui arrachant un rugissement de souffrance. Les dents de l'arme mordaient profondément ses chairs, et une cruelle excroissance pointue avait entièrement traversé le membre entre les deux os de l'avant-bras - gauche ! - lui entaillant même le front en ressortant. Éveillé par sa colère, sa détermination et sa douleur, Yarkol entra dans ce fameux état qui lui avait valu de se trouver embarqué dans cette galère. D'une manchette sauvage, il arracha l'arme des mains de son agresseur, et bondit vers le mur, méprisant la douleur. Il enfonça sa main dedans et tira la manette vers lui. Un  "NON !" le fit se retourner juste à temps pour repousser Morsuif d'un coup de pied frontal, qui alla violemment s'écraser sur le bouton en face. Yarkol eut juste le temps de se jeter à travers l'ouverture avant que la cloison étanche ne se referme avec son habituel bruit de succion. Il ne perdit pas de temps à regarder l'état de son bras, ni la silhouette floue de Morsuif qui se relevait et s'agitait du côté observateur. Des bourdonnements émanaient des parois. Le sujet d'expérience eut tout juste le temps de s'allonger sur le matelas, avant que des opercules dans les murs et le plafond ne s'ouvrent et que l'opération commence. Un long aiguillon apparu de nulle part s'enfonça brutalement dans son épaule, et ses yeux se fermèrent d'eux-mêmes.
La dernière pensée rationnelle de Yarkol fut pour le jus de citron, qui après tout ne pouvait pas être nocif... si ?


Dernière édition par Ishmæl le Lun 8 Sep 2014 - 12:43, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le sacrifice.   Le sacrifice. - Page 2 Icon_m18Dim 7 Sep 2014 - 23:40


La douleur... partout... tous ses membres se consumaient à chaque battement de cœur qui envoyait du sang dedans. Battements qui étaient bien irréguliers... Il crut que ses membres s'arrachaient... que son squelette se disloquait... Il se noyait. Dans sa souffrance, dans sa folie, mais aussi parce que la partie opératoire de la salle était inondée dans un épais liquide... Ou bien était-ce l'air, qui paraissait si lourd...? Dans un recoin de son cerveau embrumé, il se dit qu'il devait faire attention à ne pas bouger... il n'avait pas pu s'attacher au lit d'opération. Il eut soudain une série de haut-le-cœur. Il sentit ses soubresauts comme s'il était un observateur extérieur qui tentait de le calmer... Il vomit tripes et boyaux, mais ses entrailles étaient toujours à l'intérieur... Elles étaient juste en désordre... Elles se tordaient, s'essoraient, manifestaient leur aversion pour l'organisme étranger que l'on leur demandait d'accueillir... Il se tordit de douleur lorsque le submergea une nouvelle crise de convulsion... Il tenta de crier, mais sa gorge était si sèche... Il ne pouvait pas serrer les dents, quelque chose l'en empêchait. Seul son bras gauche, en fait, le laissait en paix, comme s'il était déconnecté... Une énième vague de douleur menaça de le réveiller, faisant fit d'une tonne d'analgésiques. Puis une autre... encore une... il avait à peine le temps de se remettre de la précédente qu'il était à nouveau écraser par une nouvelle... étaient-ce les battements de son cœur qui le faisait tant souffrir ...? Étaient-ce les tentatives de son corps pour survivre qui le torturaient ainsi ? Si c'était le cas, il vaudrait peut-être mieux mourir... Oui, se laisser aller... comme son bras gauche, qui paraissait déjà mort... Voilà... se relâcher... s'endormir, en somme... sombrer....

Des bruits parvinrent à son cerveau.

- Quel crétin congénital... lancer l'opération tout seul... enfin, nous avons évité le pire... la putain Azorius ? Je lui ai donné du grain à moudre... Non, attendez que le processus de réveil se finalise. J'ai dit : attendez !
Oui, bien sûr... Llemner ? Elle a enfin trouvé sa place... oui, c'est ça. Continuez... Surveillez-le bien, je reviens...

Puis plus rien.


Le greffemage Lavmirf était satisfait. L'opération ne s'était pas déroulée comme prévu - et en son absence ! -  et l'amalgame comportait une arme qui n'aurait pas dû s'y trouver, mais elle avait bel et bien eu lieu, et c'était l'important. Il s'était débarrassé de cette traîtresse de Llemner, et avait renvoyé cette juriste dans les roses... A présent, il ne manquait plus que le réveil du sujet, qui serait doux comme un agneau après la dose qu'il avait reçu. Il avait bien tenu le choc ! Comme prévu, son état second l'avait immunisé contre la souffrance mortelle qu'aurait dû lui causer son bas gauche. Bien sûr, une fois réveillé, ce serait une autre paire de manche, mais pour l'heure... tiens ? Le sédatif lobotimisant n'a pas été utilisé intégralement ? Il a pourtant été dosé... oh ! Curieux, cette ressemblance avec le jus de citron...

- Dites ! Videz la cuve de sédatif lobotomisant, et mettez le dans un verre. Vous le tendrez au sujet quand il se réveillera. Dites lui que c'est du jus de citron et que la vitamine fera disparaître ses migraines.

Satisfait de sa farce, le greffemage sortit tandis que le commis de chevet s’exécutait. Au dernier moment, notant que son gosier était bien sec, il emporta la bouteille qui se trouvait sur le bureau.

Yarkol avait le sommeil agité. Censé être réparateur, il ne suffisait pas à calmer ses monstrueuses migraines. Il ne s'était toujours pas réveillé depuis l'opération, et cela commençait à inquiéter les chercheurs sur l'état de son corps. Entre quelques rares spasmes, il avait fait comprendre aux voix - les chercheurs qui lui parlaient pendant la phase de réveil - qu'il souffrait de puissants maux de tête, qui loin de s'atténuer, allaient croissant.
Après une rêverie particulièrement violente, il s'arc-bouta et hurla comme un possédé, se redressant brutalement sur un lit d'infirmerie. Un responsable quelconque s'empressa de lui tendre un petit verre de liquide ou nageait un peu de pulpe.

- Buvez, vous devez boire. C'est du jus de citron, la vitamine C vous débarrassera des migraines.

Se convulsant, Yarkol laissa faire le commis qui lui versa le contenu du verre dans la gorge. L'alité en recracha la moitié et se laissa retomber comme une masse.
Rapidement, sa respiration se calma, son rythme cardiaque ralentit, et il glissa lentement dans des ténèbres accueillantes. Sa torture cessant enfin, son corps put commencer à reconstituer ses forces.

Ce fut après une lente et calme nuit de repos que Yarkol ouvrit brusquement les yeux.
Il observa longuement le plafond de la pièce, sans bouger, examinant avec intérêt les carreaux immaculés qui le tapissait et le ciment gris qui les scellait. Il bougea avec une lenteur délibéré ses vertèbres et pivota la tête à gauche, puis à droite. Personne dans son champ de vision. Il était dans une pièce blanche, probablement une infirmerie. Le processus greffe avait dû s'achever de façon satisfaisante, ou l'on l'aurait jeté aux ordures.
Yarkol entreprit de bouger chaque partie de son corps, avec toute la prudence dont il était capable. A l'exception de son bras gauche, d'où venait une curieuse sensation.
Mais à cette exception près, tout semblait à sa place, et en ordre. Il fit jouer ses muscles, à la recherche de courbatures, de crampes... Rien du tout. Après tout ce temps resté allongé, immobile - ou presque - il n'avait pas même envie de s'étirer. En fait, il s'était rarement senti autant en forme.
D'une souple torsion du buste, il tourna sur lui-même et tomba du lit, se recevant souplement sur le sol froid et carrelé, accroupi. Il y avait d'autres lits, tous vides. Il se releva en silence, et après avoir balayé toute la pièce du regard - déserte - il osa enfin baisser les yeux sur son bras gauche.
Au milieu de son biceps, sa peau changeait de couleur. Sa chair devenait anthracite, sans poil, la texture devenait plus rugueuse. Le bras en lui-même ne paraissait pas avoir changé, si ce n'est que l'arme qui le traversait avant la greffe était toujours là. Mais elle ne faisait plus souffrir le semi-elfe. Elle donnait l'impression d'être constitué de la même matière noirâtre, et se fondre dans le membre pour en ressortir en une excroissance pointue vers l'intérieur. D'ailleurs, en palpant ce qui était auparavant un alliage d'acier, de sang et d'os, il ressentit le contact comme s'il s'était agit de sa peau originelle. Un étrange fourmillement parcourait cette partie... "greffée". Parce qu'il fallait se le dire : il avait été greffé ! Aucun cytoplasme n'était apparent, mais ça ne pouvait être qu'une greffe, née d'une expérience simic de surcroît !
N'ayant par là même aucune idée des capacités de ce nouveau bras, Yarkol expérimenta à son tour les sensations et les possibilités... Il tenta de se pincer, mais sans succès, la peau était comme trop tendue, ou les muscles en dessous trop durs. Le contact n'était pas froid, mais bien en deçà du reste de sa peau, comme s'il touchait un meuble. Son coude, son poignet bougeaient normalement, ses doigts s'articulaient et son poing se serrait sans problème... mais c'était différent. Les sensations étaient diffuses, toutes ses cicatrices, ses traces d'anciennes brûlures avaient disparu. Le teint paraissait uniforme, et il ne distinguait ni tendons, ni veines sous son épiderme. Les protubérances qui couraient comme une crête sur son avant-bas étaient plates et longues, reproductions fidèles du tranchoir qu'avait élu Yarkol il y a de ça une éternité. Il fronça les sourcils lorsqu'il se rendit compte qu'elles ne paraissaient pas tranchantes. Elle ployaient - c'était presque imperceptible - comme lorsqu'il pratiquait une pression sur la peau. Quand il tenta de forcer, il sentit la torsion qu'il exerçait, mais aucune douleur de point.
Ces pointes et lames grises qui ne coupaient pas dépassaient de deux bons pouces de son coudes, et un cylindre - qui devait jadis être le manche - dépassait d'autant vers l'avant, l'empêchant de plier sa main en arrière. Mécontent de ce dernier détail, il se dit qu'il serait toujours temps d'examiner son nouveau bras plus tard, et plus... vêtu. Il le laissa tomber le long de son corps, et constata à l'occasion qu'il était plus lourd que le droit. Son coude et son poignet faisait fit du poids, mais son épaule, toujours de chair ordinaire, sentait cette différence.
Soupirant, il se prépara à sortir de la pièce - toujours nu - lorsque des souvenirs vinrent s'écraser sur sa conscience comme une vague sur un rocher.

La lobotomie !  Llemner et Lavmirf ! Il devrait être un légume, mais son alliée a interverti le sédatif lobotimisant avec le jus de citron du greffemage... Ce qui explique à la fois que l'on le pensait cloué au lit - et donc laissé sans surveillance - et qu'il ne le soit pas. Voilà une aubaine qu'il fallait mettre à profit !
Mais Llemner... elle avait été envoyée... où ça, déjà ? Dans une salle d'entretien... mais laquelle... Bah, quelle importance, elle n'y était certainement plus. Mais ce qu'elle y avait subi - interrogatoire ? torture ? - et la raison de son calvaire - avoir voulu aider Yarkol - méritait qu'il aille à son secours. D'abord, pensa-t-il en se dirigeant vers la porte, il fallait s'habiller.
Son bras gauche battant son côté, il nota que la pointe dépassa vers l'intérieur le gênait. Il risquait même de se blesser avec s'il ne prenait pas garde. Et le fourmillement persistait.
Au moment où il tendait la main vers une classique poignée de porte - il en avait presque perdu l'habitude ! - le battant s'ouvrit vers l'intérieur. Il eut tout juste le temps de s'écarter pour prendre à la gorge le pauvre commis. Il claqua la porte d'un coup d'épaule et plaqua le jeune humain fébrile contre le mur, prenant garde à écraser sa trachée pour que pas un son ne s'échappe.

- Un cri, un seul, et tu y passes.

Il amoindrit doucement la pression sans relâcher sa victime, qui toussa à l'envie en reprenant des couleurs.

- Où sommes-nous ? Où sont mes affaires ? Et où est Llemner ?

- Je... je ne sais pas qui elle est... nous sommes à l'infirmerie du département expérimental, en face de la salle d'opération où on vous a... greffé. Vos affaires doivent y être.

Yarkol grogna et resserra sa prise, sa main droite appuyant sur les douloureux points névralgiques qui pullulaient sur les côtés de la gorge.

- Llemner Sla'vir, l'assistante laborantine du greffemage Lavmirf. Je veux savoir où elle est !

- Je... ne sais pas... gargouilla le commis, les doigts crispés sur la main du colosse.
Avec une éructation rageuse, l'ancien gruul cogna violemment la tête de son otage contre le mur, où il glissa, inconscient.
Il le traîna sous un lit, et après lui avoir subtilisé sa blouse blanche - qui lui arrivait tout juste aux genoux - il ouvrit lentement la porte. Un rapide coup d'oeil lui apprit que le couloir était désert. A trois mètres en face, il reconnut une de ces cloisons coulissantes à demi transparente. Il respira à fond et pressa le bouton près de la porte. Dès qu'elle s'ouvrit, il bondit à l'intérieur. Il s'agissait bien de la salle où il avait été opéré, ou bien c'était un complexe jumeau. Un homme farfouillait dans le bureau, au fond de la première la pièce, qui virevolta lorsque le familier bruit de succion se fit entendre.
Avant de voir la face du chercheur, Yarkol lui bondit dessus. Ces bulles de cytoplasme sur les bras... Ce ne pouvait être que Morsuif, le complice de Lavmirf. Lorsque ce dernier le vit se ruer sur lui, il se pétrifia un instant, qui lui fut fatal. La charge brutale de Yarkol l'envoya valser derrière le meuble où il chuta lourdement sur le dos. La seconde d'après, le semi-démon atterrit de tout sous poids sur le poitrail massif de l'homme. Un pied sur un bras, un genoux à terre, Yarkol pesait avec force sur le cou du chercheur avec son bras gauche. L'étouffant presque, ses protubérances pointues menaçaient de s'enfoncer dans sa gorge.

- C'est... impossible..!

Tout à sa rage, Yarkol ne s'aperçut pas qu'un filet de sang coulait déjà sur la peau de Morsuif, formant de curieux motifs sur la texture rapeuse de son bras noir.

- Je veux mes affaires. Tu vas me les donner
, dicta Yarkol d'une voix difficilement contrôlée. En plus de sa colère, une sensation désagréable émanait de son bras. La greffe était-elle ratée, l'amalgame incomplet ? Il y avait de forte chances. Mais ce n'était ni le lieu, ni l'instant.
- Ensuite... Tu vas me conduire à Llemner. Ne discute pas, surtout. Et si je te vois esquisser un geste avec tes bras, je te tue.
Morsuif avait beau posséder des armes redoutables en lieu de bras, il semblait mort de peur. Il tenta de reculer et acquiesça frénétiquement en rampant contre un mur, avant de se relever laborieusement. Il essuya un filet de sueur de son front.

- Vos affaires sont juste là... dans la commode, derrière la table de commande.
- Sors-les !

Morsuif cessa peu à peu de trembler, et se dirigea peureusement vers le mobilier, sans quitter son agresseur des yeux. De peur, semblait-il, il n'osa même pas tenter de s'enfuir.
Yarkol lui fit poser son équipement sur le bureau, puis le propulsa violemment vers la partie opératoire de la pièce, avant de fermer la porte pour enfermer le savant véreux.
Il retrouva ses habits avec un net soulagement. Il dut défaire des coutures pour détacher la manche de cuir dans laquelle son nouveau bras ne passait pas. Au contact, il ressentait de nouveau cette désagréable sensation sur la peau, comme si elle souffrait d'hypersensibilité. Tout à l'heure, il avait tellement appuyé sur la gorge de Morsuif qu'il avait failli avoir la nausée.
Il s'apprêta à le délivrer lorsqu'il nota les traces de sang sur son épiderme anthracite. Bizarre, sa greffe ne comportait pourtant rien de bien tranchant ou de vraiment pointu, tous les angles de ses excroissances semblant comme arrondies.
Haussant les épaules, il ouvrit la cloison, et saisit Morsuif par le col.

- Maintenant... Llemner !

Le pauvre homme se remit à trembler.

- Mais.. je.. je ne...

- Ne perds pas ton temps en mensonges dangereux, on m'a dit que tu savais où elle était
, le coupa Yarkol.
L'air abattu, Morsuif capitula.

- Elle est... sous stase... dans la section
- montre-moi !
Sans prêter gare aux passants dans les couloirs qui s'écartait vivement de son passage, Yarkol traînait littéralement son otage, se contentant de le foudroyer du regard à chaque intersection pour obtenir une réponse.
L'alarme serait bientôt donnée, il le savait. Il avait préféré une méthode directe et surtout rapide, pour trouver Llemner, à une infiltration discrète. Car s'il espérait n'être pas encore repéré tandis que l'on avait déjà découvert le corps déshabillé du commis, il serait désagréablement surpris. Ainsi, au moins, il savait à quoi s'attendre et n'avait qu'à se dépêcher de foncer. Comme à son habitude.
Après avoir couru comme un gobelin effrayé pendant près d'une heure, dans le labyrinthe de corridors, de plate-forme et d'escalier blancs, ils arrivèrent devant une nouvelle porte coulissante. Les environs s'était peu à peu vidé à mesure qu'ils s'enfonçaient dans la structure, et un sourd bourdonnement venait de l'autre côté de la porte. Sans hésiter, il l'ouvrit et s'arrêta net, interdit.

Spoiler:

Sur plusieurs rangées, de part et d'autre d'une allée centrale, et même en hauteur, des cellules de stases s'alignaient, suspendues à des structures en plantes et cytoplasme qui émettaient ce bruit de fond.
Dans chacune de ces cellules se trouvait une chose. Le plus souvent une créature humanoïde, chacune était figée dans une pose crispée, comme si elle mimait une mort atroce. Pour une raison ou une autre, Morsuif semblait craindre Yarkol comme un Parrun. Pétrifié tant il semblait craindre sa réaction, il ne faisait pas mine de vouloir bouger. Tremblant de fureur, Yarkol s'adressa au chercheur sans se retourner.

- Quel est... cet endroit ?

Le félon se tordit les mains en répondant à voix basse:

- Ces cellules sont des stases génératrices. Comme les autres, elles figent l'instant pour un hôte, et le conservent en l'état. Celles-ci ont... la particularité de tirer de l'énergie de l'état d'excitation de... l'organisme prisonnier. A l'instant de la mort, pour peu qu'elle soit... et bien, violente, le corps est en ébullition. Saturé par toutes sortes d'hormone, inondé d'adrénaline, c'est l'instant idéal pour figer le... sujet.

- A quoi sert l'énergie tirée de ce procédé ?
Fit Yarkol en martelant ces mots.
- C'est une salle de stases génératrices. Cela fournit l'essentiel du gigantesque montant d'énergie que consomme Novijen.

Au moment où il mentionnait le nom de la capitale de son cartel, Yarkol sentit comme une minuscule once de fierté poindre dans le ton de sa victime. D'un calme terrifiant, il se tourna vers le chercheur et demanda.

- Ces êtres sont-ils encore vivants ? Sont-ils condamnées à vivre éternellement leurs derniers instants ? Ou bien sont-ils comme empaillés, morts depuis longtemps, et transformés en statues ?

L’œil fou, Morsuif se tordit les mains de plus belle, sans répondre.
Il ne connaissait peut-être pas la réponse. Mais Yarkol la lut dans son regard.
Soudain pris d'un accès de rage, il bondit sur le chercheur et le cloua au sol de ses genoux, il fit éclater sa tête contre le sol comme un fruit trop mûr. Loin d'en avoir fini, il continua à marteler de son poing gauche le poitrail du cadavre, éclaboussant sa tenue et les alentours de sang foncé. Le cylindre noirâtre qui avait été le manche l'arme, près de sa main, était devenu une pointe dentelée. Mais il était trop aveuglé pour s'en rendre compte.
Quand le corps du chercheur ne fut même plus à reconnaître, il se redressa, à peine apaisé.
Il se retourna vers les cellules de stase, résolu à trouver celle de Llemner.
Ce ne fut pas long. Au bout de la première rangée, il trouva celle qui avait tant voulu l'aider, qui avait tant d'espoir encore pour le monde pourri où ils vivaient. Semblant figée à jamais dans un rictus d'agonie, elle avait les yeux exorbités et un nuage carmin était figé dans la stase autour de ses narines et de ses canaux lacrymaux. Son abdomen était ouvert vers l'extérieur en un odieux cratère sanguinolents aux bords déchiquetés. Stoppés dans leur chute, les tripes étaient accompagnées par des immondes limaces dont chacune exhibait un orifice rond garni de plusieurs minuscules rangées de crocs semblables à des aiguilles. Yarkol n'avait aucune idée de la façon dont ses tortionnaires s'y étaient pris pour lui infliger pareil supplice, mais les souffrances de Llemner avaient dû être atroces. Et il ne faisait nul doute qu'elles l'étaient encore. Yarkol ferma ses paupières et inclina la tête, tentant de calmer sa respiration. Elle l'avait aidé, elle l'avait sauvé, là où d'autres n'auraient rien fait ou auraient profité du projet audacieux de leur supérieur. Elle avait œuvré pour son sort et celui du Plan tout entier durant tant de temps, et lui n'avait pas même pu lui témoigner de reconnaissance.
En rouvrant les yeux, il aperçut la curieuse apparence de son nouveau bras. Les étranges  excroissances crénelées qui couraient sur son avant-bras, ainsi que la pointe qui dépassait du côté intérieur, avaient disparu comme s'ils s'étaient fondu dans la matière anthracite de son membre. Et au dessus de sa main, un harpon de dix bons pouces avait fait son apparition, présentant de cruelles de toute part de cruelles dentelures. Au toucher, il semblait aussi dur que de l'acier, au contraire du reste de son bras, toujours de cette consistance indéfinissable. Légèrement incrédule derrière le voile de sa rage naissante, Yarkol entendit comme dans un songe la voix de Llemner lui parler du projet qu'avait Lavmirf de mêler des gênes de changelin à un humain à l'occasion d'une greffe. Était-ce pour cela qu'il avait inspiré une telle terreur à Morsuif ? De toute évidence, son  nouveau bras ne correspond pas à ce qu'il avait demandé. Pour autant, ce ne devait pas nécessairement être une mauvaise chose, si tant est que la fonction ignifuge, à laquelle il avait tenu, ait bien été intégré dans le projet.
L'avancée pointue qui gênait sa main n'ayant pas l'air de vouloir disparaître, un plan d'une grande simplicité se superposa à la soudaine volonté destructrice du pyromane. Bondissant dans les airs à la verticale, il fendit l'air de son bras gauche en direction de la structure à laquelle pendait l'innommable cellule de torture. La matière sombre de sa greffe pénétra dans  l'amalgame végéto-cytoplasmique, et l'arracha à moitié, provoquant  un sifflement de mauvaise augure. Un nouvel assaut et le conduit céda. La tension du poids ayant soudain disparu, il se tordit dans les airs comme un fouet, et l'air crépita un instant autour de l'ouverture déchirée qui paraissait siffler de rage. Yarkol n'avait pas atterri, le bras encore en l'air, qu'une violente déflagration le jeta à terre.
Lorsqu'il se releva, ses blessures étaient négligeable. C'était son bras gauche qui avait pris le gros du souffle, et il semblait intact. La question de sa propriété ignifuge ne se posait plus.
La prison de Llemner était tombé à terre, la laborantine toujours figée à l'intérieur dans sa pose moribonde. Yarkol posa un genou à terre et ouvrit la membrane de la cellule d'un geste. Aussitôt, la solution de stase s'échappa, et le corps de Llemner glissa au dehors. Dès qu'elle fut au contact de l'air, un cri insoutenable sorti de sa gorge, comme s'il reprenait après avoir été interrompu. Lui et le spasme qui arquait son corps cessèrent très vite, lorsque ses globes oculaires éclatèrent. Son corps se détendit presque doucement, et le reste de ses entrailles glissait lentement hors de son ventre tandis que les vers carnivores gigotaient sur le sol.
La fureur reprit le semi-elfe. Prit soudain d'une inspiration vengeresse, il céda à une frénésie ou il ne vit plus que tous les éternels mourants autour de lui.
Il se précipita, sauta, trancha, courut, bondit, déchira. Il voulait tout détruire en même temps, il voulait annihiler ce temple de l'abomination des simics instantanément. Il se hâtait autant qu'il pouvait, désirant stopper ces morts persistantes dans l'instant. Sans s’apercevoir, il canalisait des pyromanas qui tournoyaient furieusement autour de son bras droit, qui se dissipaient pour que d'autres paraissent, témoins éloquents de sa colère.
Les explosions jaillissaient de toute part. Tout son corps secoué, Yarkol n'omettait jamais de libérer les agonisants captifs des cellules avant de passer à la suivante. Les minutes – les heures ? - passaient sans affecter l'ex-gruul, tout à sa transe destructrice. Son œuvre semblait avoir un impact plus profond sur le reste de la structure. Le plafond commençait à trembler.
Yarkol dut peu à peu escalader les structure de stase et les conduits d'énergie pour atteindre les cellules les plus en hauteur.
Une éternité aurait pu s'écouler sans que Yarkol ne soit diminué par les souffles de combustion instantanée, qu'il soit abattu par la fatigue, ou tout simplement qu'il en ait conscience. Alors quand il eut fini, lorsqu'il fut entouré d'une exécrable senteur de cadavre artificiellement frais et de stase cytoplasmique stagnante, il resta là, debout, le souffle court, les sens en ébullition et des pensées meurtrières tourbillonnant encore sous son crâne.
Des bourdonnements émanaient des  murs, des bouts indescriptibles d'un plafond contre nature chutaient sur le sol inondé, et des petites inflammations subséquentes rendaient l'ambiance électrique et rapidement insupportable. En outre, un mal de tête commençait à poindre sous le crâne de Yarkol, le genre de petite douleur qui menaçait de croître rapidement. Il fallait partir, et vite.
« C'est une salle de stase génératrices », avait dit Morsuif. Combien y en avait-il dans le Cœur du Progrès ? Yarkol n'en avait aucune idée, mais il y avait fort à parier que la destruction de celle-ci causerait des dommages notables à Novijen, et qu'il ferait meilleur de partir en vitesse.
Après avoir pris le temps qu'il fallait pour recouvrer un rythme cardiaque humainement décent, et un état qui lui permettait d'aligner deux pensées lucides, Yarkol entama une nouvelle course dans les couloirs blancs. Il sauta sans un regard au dessus du cadavre de Morsuif, près de l'entrée et entreprit de cavaler dans le dédale d'escaliers et de passerelles en faisant semblant de ne pas entendre le bruissement de mauvaise augure derrière lui qui annonçait sans aucune doute une déflagration d'une toute autre ampleur. Qui sait à quoi étaient reliées toutes ces stases génératrices ? Quoi que ce soit, ça devait avoir un réseau qui, privé d'énergie, était à présent sur le point  d'exprimer la rage de Yarkol de façon très explicite.
Suivant ses intuitions, le semi-démon bifurqua, bouscula des chercheurs paniqués puis étonnés à mesure qu'il s'éloignait du lieu de son sabotage. Après avoir erré un moment dans ce labyrinthe, il entendit le bruit sourd et lointain d'une gigantesque explosion. Ce genre de souffle se propage remarquablement vite, savait Yarkol d'expérience. Il fallait se dépêcher. Sans compter que la douleur qui poignait dans sa tête muait en douloureuse migraine. Raison de plus pour trouver le moyen de sortir de là.
Après encore quelques angoissantes minutes d'errance durant lesquelles il entendit une déflagration remonter l'escalier qu'il avait monté il y a peu de temps, il atteignit l’extrémité d'un couloir qui débouchait sur... un nouvel escalier. Mais celui-ci était particulier. Semblant interminable, il montait dans une espèce de boyau dont les parois de végétaux luminescentes présentaient des palpitations, qui partait du bâtiment où il se trouvait pour courir dans le conduit vers le haut.
Yarkol reconnut l'escalier qu'il avait emprunté pour aller à la salle opératoire. Sans perdre davantage de temps, il s'y engagea, sa course faisant sensiblement vaciller la longue galerie végétale. Derrière lui, un souffle chaud lui indiqua que la déflagration lui courait après, et qu'elle avait déjà atteint le bout du couloir.
L'air chaud monte, c'est bien connu. Yarkol ne se faisait guère d'illusion sur le sort qui l'attendait. Le souffle issu de l'explosion qu'il avait provoqué allait le rattraper dans quelques secondes, et il finirait calciné – inutile de compter sur un simple bras à l'épreuve des flammes pour y survivre.
Pourtant, contre toute attente, lorsque la bourrasque dévastatrice atteignit l'entrée du boyau, celle ci se détacha. Elle devait être une sorte de passerelle-tunnel, car l'extrémité inférieure venait de lâcher, comme pour empêcher à l'explosion d'aller plus loin.
Le lourd escalier se mit à pencher dangereusement en arrière, et Yarkol eut de la peine à croire qu'il arrivait au bout lorsque le boyau finit sa chute dans un fracas assourdissant  contre ce qui devait être un mur monumental. Mais au lieu de tomber, Yarkol finit suspendu dans le vide, ou plutôt à l'intérieur d'une galerie verticale qui ressemblait à un interminable conduit de cheminée. Sa main valide avait crocheté une racine du rebord, et tirait à présent sur ses bras avec les forces qui lui restaient pour se mettre dans une sécurité relative.
Il s'allongea sur l'entrée qui s'enfonçait dans le gigantesque mur ayant stoppé la chute de l'escalier-boyau.
Yarkol commençait à visualiser l'endroit où il devait se trouver. Une fois qu'il se promenait dans la section expérimentale, il s'était retrouvé sur un balcon – qui était en réalité un ascenseur – d'où il avait pu voir le fameux Cœur du Progrès des simics, Novijen. La titanesque structure centrale – où il avait sans nul doute été opéré – était suspendu à la non moins gargantuesque enceinte extérieure par de nombreux canaux semblables à des artères.
Visiblement, le sabotage de la salle de cellules de stases génératrices avait fait des dégâts, suffisamment pour faire mourir un de ces boyaux.
La migraine emplissait à présent la tête de Yarkol.
Du jus de citron... se dit-il. Il lui fallait du jus de citron, lui avait-on dit, pour calmer ces maux de tête. Mais pourquoi diable ? Tout en reprenant sa fuite d'une démarche moins assurée, Le pyromane  tenta de comprendre d'où lui venait cette soudaine dépendance à la vitamine C...
La greffe ! Llemner avait remplacé le sédatif lobotomisant par le jus de citron du greffemage !
Et Yarkol n'avait pas eu le temps de vider la cuve avant de lancer le processus de greffe. Pestant contre cette contrepartie qu'il aurait pu aisément éviter, Yarkol eut tout de même une pensée réjouissante pour Lavmirf qui à l'heure qui l'est devait certainement se trouver en train de baver par terre, après avoir ingéré ce qu'il croyait être son jus de citron.
Après encore un long moment passé à courir dans les locaux simics, ainsi qu'une altercation avec un concierge cytoplasmé qui finit dans le sang – qui n'était pas celui du semi-démon – Yarkol se rendit compte qu'il n'était pas dans la section expérimentale. Il avait dû quitter Novijen par un autre boyau. Aucune importance, il lui suffisait de descendre. Ce qu'il fit.
Dès qu'il voyait un escalier descendant, il l'empruntait, et de cette manière, sans jamais cesser de courir et en serrant les dents à mesure que les douleurs sous son crânes se faisait de plus en plus cruelles, il parvint à une grande salle de réception déserte, où un balcon semblait donner sur un rez de chaussé. A cet instant, où le soulagement aurait pu l'envahir, un puissant signal sonore retentit, lancinant. Une alarme avait été donnée. Étrangement tard, ceci dit, pensa Yarkol.
Sans doute le fait que toute le monde le croyait lobotomisé avait été ce qui avait rendu son évasion possible. Lorsqu'une nouvelle vague de douleur le submergea, il se précipita dans les escaliers, et courut vers la sortir sans prêter attention à la guichetière surprise de le voir passer ainsi qui l'apostrophait.
Une fois dehors, Yarkol leva enfin les yeux vers le ciel. Il était sombre, la soirée tombait. On distinguait encore tout juste les nuages du ciel qui s'obscurcissait. Il s'accorda quelques secondes pour fermer les yeux et ignora royalement la souffrance qui martelait ses méninges.
C'était fait. Il avait réussi. Les complications n'avait pas fait échoué son projet, et s'il ferait bien de consulter un spécialiste pour en apprendre davantage sur son nouveau bras, il se doutait que ces imprévus pourraient tout autant lui rendre service. Il nota en regardant vers le bas, que son bras avait retrouvé la forme qu'il avait à son réveil, avec la crête pseudo-tranchante vers l'extérieur qui dépassait son coude, la pointe qui ressortait tout droit à l'intérieur, et la protubérance vaguement cylindrique qui prolongeait son poignet au dessus de sa main. Il s'était passé tant de choses en quelques mois. Comment s'en étaient sortis  les fils de Ravnica, pendant ce temps ? Il avait renoncé à nombre de ses convictions pour obtenir cette greffe, et Llemner avait perdu la vie et bien plus à cause de lui. Il savait que son bras était, à sa manière, exceptionnel.
Il espérait seulement qu'il en valait le sacrifice.


Dernière édition par Ishmæl le Lun 23 Mai 2016 - 23:34, édité 1 fois
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