C'est un affreux malentendu ! (2)

Elryann gloussa. Oui, elle gloussa littéralement, avant de tendre sa main en couperet et de frapper le poignet de l'inconnu, éloignant son bras de celui de Yarkol.

"Woups. Pardon, c'était d'une effroyable maladresse. Même si elle ne saurait égaler la vôtre."

Elle adressa un sourire radieux au malotru, qui n'avait visiblement pas plus de courtoisie que de finesse dans son approche.

" Bonjour. Très discret, votre accoutrement, je pourrais presque passer au travers de votre personne - ne vous faites pas d'idée, ça ne me tente aucunement."

Elle recula d'un pas et posa sa paume contre la poitrine de Yarkol afin qu'il en fasse de même. La pathétique tentative d'approche amicale de l'encapuchonné l'aurait attendrie, si elle n'était pas autant sur la défensive. Depuis qu'elle et son compagnon avaient débuté leur course folle à travers les faubourgs, elle s'attendait à ce qu'un pépin dans ce genre là perturbe leur avancée. Si Raenor avait une quelconque notion d'un naturel subtil, il aurait suivi une certaine cohérence dans son discours. A propos de cohérence, s'il désirait paraître accorte, il fallait commencer par saluer la demoiselle. En outre, ce genre de questions indiscrètes, alors que Yarkol et elle venaient de se rencontrer, ne semblait pas relever d'une coïncidence fabuleuse. Si elle avait bien compris, Yarkol était pourchassé par plus d'un taré dans Ravnica, et le fait de tomber sur un taré maladroit ne la rassurait pas : partant du postulat qu'on ne s'en prenait pas à un gamin pour rien, ledit gamin devait être coriace et par conséquent, impliquer une stratégie solide; or le point fort de son interlocuteur n'était, de toute évidence, pas la stratégie intellectuelle. Il était peut-être capable de leur faire du mal, à plus forte raison s'ils étaient trois.
En dépit de ces considérations pleines de sagesse, Elryann, sournoise, ne put s'empêcher de railler :

"Vous êtes malingre comme un moineau anorexique. Prenez donc un biscuit, blondinet."

Elle échangea un très bref regard avec Yarkol, pour lui transmettre sa méfiance, repéra un papillon qui lui sembla fantastique au premier abord, et se mit en tête de le détailler brièvement. Oh, comme il avait de charmantes petites antennes, comme elles s'accordaient bien avec la candeur moirée de ses fragiles ailes rondes, c'était vraiment trop mignon, Elryann était tellement captivée par ce spectacle totalement inédit qu'elle aurait presque laissé Yarkol se débrouiller tout seul, comme le presque grand qu'il était. Mais non, en fin de compte. Au lieu de cela, elle se concentra sur les vêtements de son interlocuteur chétif, tentant de provoquer une des instables modifications de son acuité visuelle qui la surprenaient parfois. Le résultat ne se fit pas attendre, bien que trouble et fugitif sous la forme d'infrarouges : l'homme portait une dague d'aspect inquiétant, et...Et sa vision changea avant qu'elle ne puisse l'inspecter davantage. Une forme interpellait son attention, sur le toit d'un magasin non loin, nimbée de couleurs qu'elle n'avait encore jamais capté, déclenchant au passage une violente et douloureuse pulsation à l'intérieur de son crâne. Perturbée, elle relâcha son effort et retrouva sa vision habituelle dans un léger battement de cils. La souffrance s'estompa aussitôt, la laissant quelque peu perplexe. Et il n'y avait plus de papillon. Y en avait-il seulement eu ? C'était trop de questions métaphysiques pour Elryann, qui décida de s'intéresser davantage à l'instant présent.

Captivé par les multiples odeurs qui flottaient dans l’avenue marchande, Yarkol n’avait pas prêté attention à la personne qui l’avait bousculé (ou qu’il avait lui-même bousculé ? Cela arrivait souvent…) avant que celle-ci ne parle, ce qui l’avait fait réagir de façon plus ou moins rapide. Il avait en effet porté instinctivement sa main sur sa dague, mais ne l’avait pas brandie, grâce à Elryann, qui avait posé sa paume sur son torse pour le faire reculer.
Ensuite, il s’était contenté de sourire lorsqu’Elryann répondit. Oui, il s’était douté que ce type était louche. Pas parce que son discourt était incohérent et probablement intéressé- d’ailleurs l’ancien Gruul ne l’avait même pas écouté, distrait par le parfum qu’avait dégagé les cheveux d’Elryann lorsqu’elle avait reculé- mais parce qu’il sentait la même odeur que les gobelins cherchant à revendre leur camelote. Il se serait contenté de l’ignoré royalement si l’individu n’avait pas tendu la main. Est-ce qu’il cherchait à se battre ? Non. Il veut quelque chose d’autre, et il pose des questions suspectes. En plus, il sent mauvais.

L’attitude excessivement défensive de l’humaine rendait Yarkol nerveux. Est-ce qu’il en voulait à Elryann ? L’air troublée et le pas momentanément chancelant de sa compagne ne fit qu’accentué sa méfiance vis-à-vis de l’encapuchonné. Il esquissa un sourire ambigu et presque menaçant pour cacher sa frustration. N’étais-ce pas à lui de protégé Elryann ? Son instinct ne lui était d’aucune aide, il n’avait aucun réflexe de défense vis-à-vis d’autrui. Il comprit lentement que jamais, jamais, jamais il n’avait eu à se battre pour quelqu’un d’autre qu’un Gruul, et que sa fascination pour l’humaine n’avait pas éveillé un soupçon de haine envers ceux qui pourrait lui vouloir du mal. Pourquoi ? Il ne s’était pas senti en danger. Il n’avait pas pressentit de menace envers elle, et pourtant, dans ces rue, nombreux sont ceux qui pourraient avoir de mauvaise intention à l’égard d’une si délicieuse créature. La méfiance lui manquait. Ces quelques mois passer à jouer sa vie pour un oui ou pour un non l’avait rendu excessivement imprudent. Il ne s’éveillait qu’en chasse, il ne devenait utile que lorsque l’envie de détruire faisait vibré son âme, mais dès lors qu’il s’agissait de protéger, ses réflexes ne s’éveillaient pas. Coupé des Gruuls, du Clan, il avait perdu la chaleur d’une famille, et l’instinct de meute l’avait abandonné. Il se promit de se mettre en alerte, et d’agir plus promptement à l’avenir.

Il se pencha vers l’elfe maigrichon et dit à voix basse, simplement pour eux trois : « Un elfe qui sent le gobelin est soit un revendeur de poussière de rêve, soit un Selesnian cherchant à faire croire au destin pour prêché sa parole. Tu n’es ni l’un ni l’autre, mais tu cherches des informations, tu as recherché un contact avec nous et tu l’as eu. Je n’aime pas ton odeur, ELFE ! Je ne l’aime vraiment pas. Tu as inquiété ma compagne. Elle ne t’aime pas non plus, tu l‘as bien entendue. Dis-nous ce que tu veux, maintenant, ou tais-toi et pars et oublie-nous. Tu as une minute. Non, trente secondes. Et je compte très mal, alors dépêche toi. »

Yarkol n’avait pas bougé sa main de sa dague, et se demandait s’il ne devait pas canaliser un mana rouge. Il se fichait pas mal de la foule, il passait son existence à fuir, il n’avait pas le droit de prendre des risques, pas avec Elryann. Il évalua rapidement la foule. Le plus grand danger venait-il de cette grande silhouette elfique, ou des alentours ? Etait-il un éclaireur, un mercenaire, ou un marchand particulièrement stupide ? Non, pas de pyromana sans confirmation du danger. Ce serait une prise de risque inutile. Au besoin, il pouvait lui trancher la gorge et partir comme si de rien était en espérant que la foule ne le remarquerait qu’ensuite. Quoiqu’à la réflexion, ce n’était pas une bonne idée non plus, d’autant que l’ancien Gruul était encore couvert de sang séché. Il fixait l’elfe, nullement impressionné, simplement gêné, dérangé par la présence déjà pesante de l’individu qui lui faisait face.

Aenorial devait absolument les mettre ne serait-ce qu’un peu en confiance et les apaiser. Il inventa donc une personnalité.
« Je suis un simple elfe qui recherche le contact des autres, et plus particulièrement des gens sortant de l’ordinaire comme vous. Admettez que vous formez un couple que l’on n’est pas habitué à croiser, et moi, je cherche à rencontrer des gens comme vous, et à faire connaissance, même à peine, à discuter avec eux, je cherche l’inhabituel, la surprise, et j’ai eu la chance de vous rencontrer. Accepteriez vous de marcher avec moi en discutant? De parler de votre rencontre, ou de ce que vous faites en ce moment, comme vous voulez, moi, je suis seulement intéressé par vous, par votre présence. » Il ajouta tout bas et pour lui même. « Et par vos confidences, dussé-je vous les arracher. » Il reprit à voix haute. « Alors, me ferez vous l’honneur de me parler un peu de vous et de me laisser marcher à vos côtés ? »

[HRP] : Je signale à tout le monde que je suis à visage découvert, donc avec capuche pas sur la tête. Donc l’encapuchonné, n’est pas si encapuchonné que ça. Seul truc potentiellement louche, je suis habillé tout en noir.

Le changement d’attitude d’Elryann, ses paroles et leur changement de plant mirent le semi-elfe très mal à l’aise. Elle voulait l’amené ailleurs, en effet, il fallait peut-être changer d’endroit, mais ils risquaient de tomber sur d’autres types étranges.
Raenor inspirait à Yarkol un sentiment de crainte et d’angoisse vicieuse, il aurait préféré qu’il s’en aille, peut-être même aurait-il aimé ne jamais le rencontré. Tout cela était pour le moins inquiétant, le semi elfe imaginais plusieurs scénarios : ce pouvait être un de ses conteurs des rues qui vous entraine dans des coins mal famée pour que ses compagnons puissent vous détroussé, ou un de ces adorateur de la Déesse cherchant des fidèle, peut-être aussi un simple fou qui s’imaginait pouvoir les tuer tout les deux afin de vendre leurs organes. Mais en aucun cas quelqu’un qui leur voulait du bien. D’ailleurs, personne ne vous veux du bien, le monde est ainsi fait : les allier sont des compagnons de circonstances, et à moins d’émotions très forte et d’expériences communes répétée, personne ne peut être considéré comme non nocif pour lui. Elryann en était la seule exception, et par la même la confirmation la plus absolue.
Son comportement était trop suspect, son parler trop franc, son entrée en matière trop fracassante. C’était un ennemi, et il les abordait tout les deux, en pleine rue. Un ennemie puissant, donc, ou disposant de renfort à proximité. Quoi qu’il en soit, ils étaient en danger, et si la fuite paraissait la meilleure option, le destructeur du Dôme aurait aimé fuir sans embarquer l’ennemi dans son dos.

Alors, sans se soucier le moins du monde des réactions alentour, Yarkol canalisa un pyromana, tout en fronçant les sourcils et dit : « Nous verrons où le vent nous mène. Le vent souffle toujours là où les flammes dansent, vous voyez ? » Il exhiba fièrement son pyromana comme s’il s’agissait d’un jouet, le faisant danser et tournoyer autour de sa main, puis autour de son poignet. Puis il fit un grand sourire, un sourire d’enfant, avec des yeux plein de malice, comme seuls savent le faire les jeunes elfes tel que lui, et ajouta : « Suivez ma compagne, si vous voulez entendre ce qu’elle a à vous raconté.

Aenorial réfléchissait le plus vite possible, il fallait absolument qu'il fasse perdre leurs repères aux deux individus à qui ils parlait. Il devait donc éviter les lieux qu'ils connaissaient.
"Que diriez vous de flâner dans les rues? Nous verrons bien où nos paroles nous guident."
Il détacha ses cheveux, en prenant soin de les arranger de manière à ce qu'ils ne lui cachent aucun élément de son champ de vision. Les cheveux incontrôlables furent ensuite rattachés en une mèche qui se fondait aisément dans ses cheveux tombant sur ses épaules. En réponse au tour de Yarkol, il canalisa un mana bleu, et exécuta lui aussi quelques tours avec. Il le fit tourner autour de sa main, puis il le passa habilement dans l'autre main tout en le faisant suivre ses bras et ses épaules. Pour finir, il plaça son mana bleu dans sa main droite, et plaça ses deux mains cote à cote. Il les retourna vivement en passant son mana bleu de l'une à l'autre en exécutant ce geste, puis ouvrit ses mains, le mana bleu dans la main gauche. Il fit ensuite à Yarkol le même sourire enfantin accompagné de ces yeux malicieux dont les jeunes elfes ont les secret, et rejoignit la jeune femme.
"Au fait, quel est votre nom, charmante demoiselle? demanda-t-il. Vous avez évoqué celui de Yarkol mais pas le votre."

Elryann faillit lever les yeux au ciel devant ces parades masculines. D'abord, les deux petits elfes se perdaient en menaces grossières qu'ils devaient supposer subtilement sous-entendues, et ensuite, ils lui offraient le spectacle d'une navrante poussée de testotérone. Elle pardonnait volontiers à Yarkol l'apparition de son pyromana, lui qui n'avait manifestement pas reçu à la naissance de véritables capacités orales. Mais diable, cet autre mâle fluet avait l'air éduqué, il aurait pu contourner cet étalage de puissance virile.

* "Mon mana est plus gros que le tien, bim !" En fait, tout ça n'est qu'un détournement : ces manas leur servent de substituts. Mes chers petits complexés, je vole à votre secours... *

Elryann, sage et réfléchie, ne jugea pas approprié de les rejoindre dans leurs numéros de cirque, et, déçue de ne pas avoir de faux-nez écarlate à leur enfoncer sur ledit appendice, préféra se fendre d'un sourire aimable. Raenor, comme c'était curieux, s'adressait à présent à elle, son erzatz frétillant à la main - Elryann dut se concentrer pour ne pas transformer son expression courtoise en faciès narquois. Il fallait être bien élevée pour compenser la barbarie de ses deux compagnons, dont elle était certaine qu'ils s'entendraient à merveille s'ils n'étaient convaincus de chasser sur le même territoire. Décidément délicate et respectueuse des manifestations préhistoriques des deux elfes, l'ex-Orzhov entreprit, pour leur faire plaisir, de jouer au gibier frivole.

- Moi, c'est Silvia. Parce que j'aime les arbres.

Elryann ignorait tout à fait pourquoi elle avait choisi ce patronyme, mais ça lui semblait approprié pour incarner un gibier ingénu. Quoique, peut-être une syllabe plus aérienne vers la fin...

- Marchons, alors. Vous savez, je n'ai pas l'habitude de parler aux inconnus...J'ai été véritablement blessée par la vie... (Elle se serra craintivement contre Yarkol, et cacha ses yeux derrière un long voile de cheveux) Je...Je crains de n'avoir pas d'histoire passionnantes à vous conter....Mais j'aime chanter...Quand je chante, les oiseaux de la forêt viennent à moi et me parlent. Parfois même ils s'occupent du ménage. (A ces mots, son visage s'éclaira d'une pure lueur d'innocence enfantine.) Quand j'ai rencontré Yarkol, je me suis demandée s'il était réellement possible qu'un sombre et mystérieux aventurier, si séduisant, puisse guérir mon infinie souffrance. Après l'avoir supplié de me tuer pour abréger ces affres, eh ben j'ai changé d'avis en me rappelant que ça risquait de faire mal. Et depuis on est ensemble.

Elryann jubilait en son for intérieur, tout en espérant que Yarkol aurait l'obligeance de garder pour lui son effarement. Pendant cette charmante présentation, elle s'était dirigée négligemment vers un monument difficilement discernable à travers la foule dense. Elle aurait bien entraîné Raenor dans cette minuscule petite rue, mais l'assurance de ce dernier l'en dissuada, et ils la dépassèrent. Elryann était attirée par cette indéfinissable énergie qu'elle avait capté, sur le toit du magasin...Elle avait la curieuse impression que sa présence ne tenait pas du hasard, comme si...un être supérieur avait décidé qu'il serait là, un point c'est tout, et décidait de sa vie...Oulà, il était temps qu'elle cesse de divaguer.

- Appréciez-vous les campanules ?

Sicarius secoua la tête. Il ne comprenait pas. Pourquoi donc avoir joué le jeu de ce Raenor?
Si cette humaine était à moitié aussi intelligente qu'elle semblait l'être, (après tout elle l'avait bien aperçu, il en était presque sûr,) elle aurait saisi ses intentions, et elle aurait compris que même percé à jour, il représentait un danger potentiel dont il fallait s'éloigner !
Il commençait à se demander ce qu'il faisait là. Il les avait suivi, sans trop savoir pourquoi, n'ayant rien d'autre à faire, et voilà ce qui arrivait !
**Bon, je ne sais pas pourquoi je vais le faire, mais je vais le faire. Je ne peux pas rester bras croisés.**
Sicarius canalisa donc deux manas noirs, et les injecta dans son ombre.
Celle-ci sembla bouillonner un court instant, puis se boursoufler, avant qu'un lambeau d'obscurité ne s'en détache.
Il se meut tout seul, obéissant à quelques ordres muets, et se dirigea discrètement vers la mystérieuse maison.
La tache sombre s'infiltra dans la bâtisse par un interstice des volets condamnés, sans être vu de personne.
Sicarius, toujours immobile, ferma les yeux, et entama une curieuse mélopée, en se balançant d'avant en arrière. Il guida le morceau d'ombre dans la bâtisse, au travers de plusieurs pièces poussiéreuses. Elle arriva rapidement vers la porte d'entrée, où l'étrange vielle femme barrait la route de l'elfe.
**Comment peut-on avoir une telle toile d'araignée en guise de cheveux?** Se demanda Sicarius.
Ça y est, l'ombre était en place. Sicarius tendit sa main dans le dos, attrapa le manche de son arme, et, s’efforçant de se préparer à parer à toute éventualité, attendit la réaction du compagnon de l'humaine.
Si il avait bien cerné le personnage, elle ne devrait pas trop tarder, et Sicarius sourit en essayant vainement de l'imaginer.

[HRP] Bien entendu, vox Mj, vox Dei , mais si j'osais, je le prierai, si il y a des remarques, de me les envoyer par MPs. [/HRP]

[i]C’est quand on pense à la mort qu’elle vous frôle le plus près, sans vous enlacer pour autant. Cette amante fiévreuse venait d’entamer une valse avec Elryann sous la forme d’un elfe, et cela présageait une explosion nouvelle, sans précédent.
Il l’avait fait. Ce crétin de Raenor l’avait vraiment fait. Jamais le semi-elfe n’avait assisté à plus malhabile menace que celle-ci. Il avait eu des dizaines d’occasion bien plus pratique pour agir ainsi, il aurait pu s’y prendre d’un millier de façon cents fois plus efficaces. Un novice, ça ne faisait aucun doute. Le visage du pyromane se fendit d’un horrible sourire, mélange de fureur pur, de joie, et d’excitation contenue avec difficulté. Un pitoyable groupe d’assassin faisait ses crocs sur sa compagne. Mais pire que cela : on l’ignorait superbement. Personne ne lui avait sauté dessus, personne ne venait jouer avec l’ancien Gruul, et cela le mettais plus en colère que si l’on avait égorgé Elryann sous ses yeux. Oui, il était en colère, parce qu’il ne comprenait pas. Il s’attendait à la perdre, à la voir mourir, parce que c’est ainsi qu’il aurait souffert, et c’est ainsi que l’aurait marqué cette traitresse de faucheuse qui danse toujours si près de lui. Mais non, on l’enlevait, comme ça, sans discrétion aucune, sans tact, sans véritable embuscade, sans finesse, sans explosion, sans cris, sans violence, comme pour se moquer de lui.
Il leva les yeux au ciel et se mordit la lèvre inferieur si fort qu’une giclée de sang éclaboussa son menton. Il disparaissait. On ne l’avait pas attaqué. Personne ne faisait attention à lui. Anonyme. Anonyme, mort, comme une pierre. Il se sentait redevenir l’être sans lendemain qu’il était il y a quelque année. Un être qui n’avait de nom que pour en être oublié d’avantage. En proie à une violente crise de reconnaissance, le semi-elfe sortit sa dague au milieu de la foule. Si quelqu’un était toucher, ne seras-ce qu’au doigt, il serait en proie à de violentes convulsions. La dague empoisonnée était devenu un atout du jeune pyromane, un atout dangereux qui s’ajoutait à son imprévisibilité et sa nature berseker.

C’était pathétique, ça n’avait aucun sens. L’enlevé comme ça, sous ses yeux, en pleine rue, sans se battre. Sans se battre ? Sans se battre ! Lâche, vil, fourbe, est-ce qu’il croit échapper à la mort en se cachant dans une vieille bâtisse ? Qu’ils soient des milliers, non, des millions. Il fallait du monde, du sang, des cadavres. Des combats, pleins de combats. Yarkol était furieux, on l’avait trompé, on l’avait ignoré, et on lui avait retiré la seule compagnie qu’il ait jamais apprécié autrement que par confrontation. Il allait leur apprendre à se moquer ainsi de l’ancien Gruul qu’il était. Il était sur que ce crétin d’elfe le sous-estimais. Il fallait lui montrer ce qu’était vraiment Ravnica. Qu’ici, seuls les forts survivent, -et les plus malins, s’ils ont la dague plus leste que la langue. Et enlever quelqu’un devant des témoins est loin d’être malin, surtout quand un des témoins apprécie de voir bruler vif tout ceux qui sont objets de sa haine. Intérieurement, Yarkol jubilait. Nul doute que son maitre serait heureux d’apprendre qu’il ne l’abandonnait pas, et qu’aussi loin qu’ils puissent être l’un de l’autre, son ambitieux disciple poursuivait leur œuvre intemporelle : chaos et destruction.

Elryann avait espéré que l'elfe trébucherait sur sa robe en l'entraînant avec lui dans cette bâtisse, et qu'il s'étalerait de tout son long sur le parquet crasseux en relâchant sa prise. Après quoi, elle l'aurait piétiné en poussant des piaillements hystériques, l'aurait barbouillé de ses propres déjections; et aurait quitté les lieux en assénant vertueusement que c'était bien fait pour lui.
Malheureusement pour elle, les choses ne se déroulèrent pas comme elle le souhaitait. L'elfe se révélait moins instable qu'elle, et, au lieu de se prendre les pieds dans l'ourlet de sa robe écarlate, qui d'ailleurs se teintait de noir à force de traîner ses pans dans des sols peu recommandables, il l'attirait dans les profondeurs de cette satanée baraque. Et Elryann savait, sans doute contrairement à lui, à quel point ladite demeure n'était pas une sinécure pour qui entreprenait d'en sortir après avoir eu la sottise d'y faire un tour. Toutefois, et ceci n'était décidément pas du goût de l'intéressée, la difficulté de la tentative ne résidait pas uniquement dans les deux Boros zombifiés qui hoquetaient certainement dans un coin de la maison.
En effet, Elryann, qui vadrouillait depuis quelques temps dans le Quartier Neutre et avait, de surcroît, fréquenté assidument les bibliothèques Orzhov, était informée de certaines spécificités de l'endroit. En vérité, c'était de la bouche de Kaël qu'elle tenait ces informations. Des Boros avaient enquêté sur la déliquescence manifeste des lieux, et y avaient rencontré l'empreinte de la nécromancie. Ils bavaient sous forme de zombies, quelque part dans ces murs, probablement enfermés à l'intérieur par affolement ou incompétence.
Elle n'avait cependant pas besoin de ça pour savoir que l'endroit suintait le mana noir, et que s'enfuir d'ici ne serait pas une promenade béatement touristique. Elle constata avec une immense satisfaction que son ravisseur lui-même était transpercé d'un irrésistible sentiment de malaise.

* J'aimerais bien lui faire croire que cette sensation d'étouffement, de morbidité vient de mon immense courroux. Et si j'essayais de lui faire peur ? C'est dans ces cas-là qu'on apprécie d'avoir la tête plus loin du sol. Au passage, si je pouvais fracasser la sienne contre ce dernier, l'écrabouiller et me régaler de son cervelet avant de...Attendez, flûte. Les murs. Les murs sont...mauves, oui, pas pourpres mais mauves. Quelle couleur écoeurante ! *

Le premier réflexe d'Elryann fut de s'offusquer du mauvais goût des déraillements de son acuité visuelle. Ensuite, elle s'inquiéta de la cause de celle-ci.

- Eh, moineau. Moineau ! Tu les vois, les murs mauves ? Hein, tu les vois, n'est-ce pas ? Aïe-euh.

Victime d'un profond sentiment de solitude face - ou plutôt dos, se fit-elle la réflexion - au mutisme de son interlocuteur, elle préféra poursuivre ses dialogues intérieurs.

* Quelle surprise. Cet adorable échevelé qui me sert de compagnon ne pouvait pas en aimanter de plus affables. On se cherche une identité sociale et on manifeste sa présence en faisant cramer un pauvre petit Dôme qui n'a rien demandé à personne, et pouf, ciel, qui sont ces gens qui s'indignent ? Peut-être les personnes dont les bébés se sont retrouvés défigurés, au mieux, suite à la collision entre leur tendre face et une barre de métal incandescente, jeune crétin. En parlant de crétin, l'autre morue fripée m'évoque l'hémomancienne, et ça ne lui confère aucun charme supplémentaire. Ce s'rait trop. Et l'endive aux oreilles pointues qui me tient...ça me rappelle, dans la taverne...Non, je ne dois pas y penser, je vois déjà les murs en mauves, pas la peine d'ajouter à la confusion. *

- Tu sais, moineau, il y avait d'autres moyens plus délicats de me signifier que tu voulais me voir seule.

Deux secondes plus tard, il l'avait conduite dans ce qui semblait être un petit salon, meublé sommairement. Visiblement occupé à lancer des regards par-dessus son épaule, il ne put parer le coup de coude d'Elryann, qui atterrit entre ses côtés tandis qu'elle lui saisissait le poignet armé. Il tint bon, elle se débattit, et parvint à se dégager.
A présent une table les séparaient, et Raenor n'avait plus rien d'assuré.

* Et t'as bien raison, moineau. *

Forte de plusieurs années d'entraînement en la matière, Elryann canalisa un mana blanc qu'elle propulsa, en se concentra du mieux possible, sur son adversaire. La déflagration agita les cheveux d'Elryann, fit légèrement onduler sa robe, et frappa Raenor qui tituba, aveuglé, étourdi. La sans-guilde n'attendit pas un instant de plus : elle saisit le bord de la table et la projeta sur son ennemi, de toutes ses forces, l'adrénaline compensant leur relative existence. L'effet fut au-delà de ses expériences; il la reçut de plein fouet et s'écrasa contre le mur d'en face. La table se brisa dans sa chute, et le poignard de Raenor valsa loin de son propriétaire.

- ... Wahou ! S'exclama Elryann, très fière.

Elle dégaina son cimeterre, et se précipita afin de ramasser l'arme de son adversaire hors combat, qu'elle glissa au fourreau incliné de la sienne. Retroussant sa robe sans prendre le temps de s'ébouriffer les cheveux, elle courut vers la porte...verrouillée. Un frisson désagréable se mit à ramper le long de sa colonne vertébrale. Jamais Raenor n'avait utilisé de clef. Elle fit volte-face. Deux portes se découpaient dans le mur défraîchi. Elle ouvrit la première à la volée, et recula aussitôt. Cette porte donnait sur une pièce déconcertante, au sol en terre battue, aux murs de pierre, vaste et sombre.

* Mauvaise idée, ma grande. Yarkol, si tu pouvais en avoir de meilleures qu'à ton habitude, vois-tu, ça me ferait bondir de joie. *

Pleine d'un espoir vain, Elryann claqua la porte et se retourna vers la seconde. Et ouvrit la bouche, horrifiée. Cette porte-là avait disparu. Et celle qu'elle venait de refermer aussi. En revanche, une trappe s'était ouverte, à deux mètres de ses pieds. Elle poussa un gémissement effrayé, comprenant que s'extirper de cette embrouille serait à peu près aussi ardu que de faire entendre à Yarkol le sens du mot "nuance".

- Bonté divine. YARKOL ! N'ENTRE SURTOUT PAS ! N'ENTRE PAS ! Se mit-elle à hurler.

Elle pivota, le cimeterre levé, vers Raenor qui vagissait faiblement, affaissé contre le mur et une moitié de table. Elle prit le temps de rajuster son corsage, de battre plusieurs fois des cils et de prendre une profonde inspiration avant de lui plaquer sa lame sous le menton.

- Tu m'entends ? Bien. Je suis un peu déçue qu'on soit en si mauvais termes, j'avais espéré que tu serais assez intelligent pour saisir que tu n'as pas le moindre intérêt à jouer les elfes teigneux. On pourrait bien s'amuser, ensemble. Si tu veux qu'on parte sur des bases saines, sache que je n'aime pas les animaux, et que je n'ai jamais cru à ta comédie. Je suis prête à entendre tes exigences, mais pas maintenant. Tu n'as aucune idée de ce qui se passe, alors écoute attentivement mon résumé : cette maison nous piège. Nous sommes enfermés, tous les deux, dans cette demeure qui change d'aspect à son gré et abrite deux zombies, peut-être plus. Si tu veux, on continuera à se crêper le chignon une fois sortis, mais si tu ne m'as pas tuée, c'est peut-être pour une bonne raison ? Si tu veux rester vivre et obtenir quoi que ce soit de moi, il faut t'associer à moi pour rester en bonne santé. Comme tu as pu t'en apercevoir, je ne suis pas un bras inutile.

Elryann adressa à Raenor un sourire amical, sans parvenir à effacer l'urgence de son expression. Elle espérait que lui, au moins, se montrerait sensé dans cette situation de tarés.

Tremblant d’excitation, le semi-elfe rangea sa dague dans son fourreau. L’humaine armée lui barrait le passage de la maison. Ce devait être la chef de ce fichu assassin. Lentement, il passa sa langue sur ses lèvres, ce qui laissa une petite trace de sang sur sa lèvre supérieur. Il était à environ 15 mètres de sa proie. La chef de meute, le point central, le cœur de la bête. Si tu immole son organe principal, la bête agonise et crève. Oh oui, cette engeance pourrie allait périr dans un tourbillon de flamme. Ils bruleront comme le soleil au dessus des déserts où sont coincé les Gruuls.
Le pyromane prit une grande inspiration, l’air le dégoutait, ici. Une forte odeur de poisson, ni vraiment frais sans pour autant être pourrie, masquait très mal l’odeur de magie noire profonde et suintante qui semblait engluer l’air. L’orage arrivait, une tempête de feu. Toutes ces odeurs se mêlaient au gout du sang qui se plaquait dans la bouche du berseker comme l’amorce d’une bombe se plantant dans l’agent explosif. La vie est belle, la vie est fureur, la vie est guerre et bain de sang, seul un souffle peut tout traverser : chaos et destruction sont les seuls instruments permettant aux reclus de s’élevé assez haut pour pouvoir clamer « J’existe ». Yarkol ne rêvait que de cela. Une explosion assez forte, assez impressionnante, assez vive et chaleureuse pour marquer le monde à tout jamais, pour s’encré dans la réalité aussi surement que la douleur dans le fond de son âme. Une explosion qui serait son cri eternel perdurant dans les âges et ainsi prouver son existence aux yeux de tous. Parce qu’on existe qu’à travers les autres et la trace qu’on laisse en eux. Et croyez le, le semi-elfe sait comment laisser des traces indélébiles.

« Que le jeu commence, Cheveux-gris. Dansons ensemble jusqu’à la mort, fait moi l’honneur d’exister à travers toi : je serais ta douleur et la marque de tes remords. Haïs moi aussi fort que possible, qu’enfin je respire autre chose que cet air nauséabond ! »

A ces mots, il esquissa un pas sur le coté en sortant de sa poche arrière un flacon d’essence. Elle réagit en parallèle, comme tout bon combattant. Dommage pour elle. D’un geste expert, l’incendiaire lança le flacon là ou avait atterrie l’humaine. Sa manœuvre l’avait tout simplement amenée à percuter de plein fouet le projectile. Il se brisa sur son épaule et la recouvra en un instant du liquide transparent et fort odorant. Yarkol était étonnée, malgré la pulsion de panique qui aurait du traverser son adversaire, il ne sentit rien d’autre que l’essence. Il ne savait pas si c’était dû à l’odeur de poisson, au nécromana qui saturait l’air ou à la délicieuse odeur d’essence qui commençait à embaumer les environs, mais il lui semblait que sa proie était dépourvue d’odeur…
Maintenant au moins, il pourrait la suivre à la trace, elle ne se débarrasserait pas de l’essence très facilement. Sans plus attendre, il sortit sa dague, recouverte de poison, et s’avança de front. Elle leva sa main pour se protéger, et le semi elfe remarqua l’hydromana qu’elle tenait. Il fit un bon de coté, une roulade en avant et sauta énergiquement, en l’air avant de d’atterrir à deux mètre de l’assassin. Il leva sa dague comme pour lui porté un coup, bien qu’elle fut trop loin, ce qui, par reflexe comme il l’espérait, lui ferait lever sa garde. Le coup ne manqua pas, elle avait ainsi le regard porté sur l’arme de l’ancien Gruul et non sur sa main gauche, qui envoya presque à bout portant le pyromana sur ce pauvre corps imbibé d’essence…

L’explosion qui en résulta fut tout simplement admirable, un chef d’œuvre, une délicieuse et fantastique démonstration de rage et de fureur, le premier impacte de la tempête, le premier éclair venait de toucher la terre pour annoncer le déluge qui déferlerait bientôt.
Yarkol s’était rouler en boule pour ne pas être bruler par la déflagration spontanée, mais la seconde qui suivit, il s’était relevé, arme à la main, et avait sauté sur sa proie pour l’achevée. Malheureusement, bruler au plus haut degré sur une bonne partie du corps, encore incandescente, telle une poupée aillant subit les assauts d’un lance-flamme, elle avait esquivé ce coup mortel, et avait disparut dans un nuage de vapeur brulante. Par reflexe, l’ancien Gruul s’était écarter d’un bond puis avait courut se mettre à l’abri environs quinze mètres plus loin derrière une caisse de marchandise abandonnée un peu à l’écart.

La vapeur avait vaguement pris forme humaine, elle semblait concentrée en une sorte de nuage compacte émettant un bruit entre les ronflements d’un chaudron en ébullition et celui d’une cocotte sous pression. La créature vapeur, ce fantôme de gaz qui lui barrait l’entrée, laissait le semi-elfe dans un état de perplexité effarante. Mais qu’est-ce que c’était que cette chose ? Si c’était vraiment ce que ça avait l’air d’être, les coups ne lui feraient rien… De plus, l’odeur d’essence avait mystérieusement disparut, ce qui signifiant que la vieille femme n’était plus dans les parages. Non, il n’avait pas affaire à une simple bande d’assassin. Ces gens là lui en voulait vraiment, on ne voit pas souvent ce genre de chose quand on se fait attaquer, d’habitude. Yarkol avait rencontré bien des crapules, jamais encore il n’avait été confronté à ce genre de monstre magique en plein quartiers neutre après avoir assisté à l’enlèvement d’un compagnon.
Un nouveau sourire d’excitation s’étira sur le visage du jeune pyromane. Le jeu était encore plus intéressant qu’il ne l’imaginait. La vie se révélait pleine de surprise et de subtilité, encore une fois. Voyons, qu’allait-il arriver, maintenant ? Peut-être la réponse se trouvait-elle dans cette bâtisse qui lui était hors d’atteinte…

Ah, pour une surprise ! Derrière le semi-elfe, un être remarquablement agile fit une chute spectaculaire avant de se rattraper, maladroitement mais surement, et courut en direction de la créature invoquée tout en sortant son harpon. Yarkol l’avait observé avec attention, il ressemblait à un cadavre aux yeux injectés de sang. Ce regard… Le semi elfe l’avait déjà vu. Il en avait déjà croisé des dizaines comme celui-ci. Un regard emplis de détermination, d’envie et de fierté, un regard comme le siens, qui ne laisse place ni à la peur ni au remords. Intéressant, très intéressant. Il semblait vouloir faire équipe, il était du moins un allier potentiel s’il retenait cette drôle de chose brumeuse.
Mais il ne s’y était pas attardé d’avantage. Son cœur battait vite, ses sens étaient en alerte et son instinct tout entier cherchait dans les vibrations de l’air un changement significatif. Il fixait des yeux sa cible aillant pris une forme bien plus représentative. Comme c’était bon de vivre ici, ou la surprise et l’horreur sont un seul et même élément !

« La ténèbre incarnée ? Et tu fuis, lâche, devant la flamme de fureur que je suis ! Approche, que je t’arrache tes écailles avec les dents, tu orneras bientôt ma ceinture, vipère ! »

Cette pathétique provocation n’avait évidement nul autre but que de faire descendre la créature de son perchoir, car elle était difficile à atteindre pour l’ancien Gruul. Il canalisa un pyromana et se mit bien à couvert derrière les caisses, maintenant que ses arrières étaient couverts par le cadavre tombé du ciel. Puis, sans qu’il puisse exactement dire pourquoi, un flash lui vint à l’esprit, et il s’aperçut de son erreur. Il se souvint des catacombes, et des morts qui se relevaient sans cesse, le nécromana lui donnait maintenant la nausée.Il s’adressa à l'étranger armé d'une dague:

« Eh, toi ! Le type tombé du toit, là. Oui, toi, ne fonce pas là-dessus, c’est inutile. J’ai déjà vu des invocateurs jouer avec quatre créatures simultanément. Si elle peut invoquer un truc pareil avec un seul hydromana, je pense que le détruire ne sert à rien, elle en ferait un autre. En revanche, sa vitesse de déplacement est supérieure à la mienne, et elle risque d’apparaître dans notre dos à tout les deux. Crois-moi, tu devrais laisser ce nuage humain tranquille pendant qu’il ne fait rien d’autre que garder une porte et m’aider à charger cette vipère de nécromana. »

Oui, c’était un peu prétentieux de sa part, mais l’ancien Gruul savait qu’il ne fallait jamais charger les invocations et toujours détruire l’invocateur en premier, tout comme il vaut mieux tuer un Seles’ et rôtir son loup ensuite, à moins d’aimer avoir une meute entière au trousse en étant bombarder de flèches et de sorts. Il recula lentement en fixant toujours la créature, il ne devait pas détourner le regard. S’il la perdait de vue, il prenait le risque de la laisser frapper la première.

« Eh, camarade, je crois qu’on devrait agir intelligemment, vraiment… Parce qu’ici, ça sent le nécromana aussi fort que le poisson. Et crois-moi, c’est mauvais signe. Elle peut canaliser très vite, je vais avoir besoin d’un petit brasier pour contre- balancer un peu… Tu sais jouer avec les flammes?»

Comme d’habitude, il se lançait à corps perdu dans l’aventure et se laissait porter par les événements. Si l’étrange personnage qui lui semblait être un allier s’avérait hostile, il serait en bien mauvaise posture, et le repli ne serait pas envisageable. De plus, contrairement à d’habitude, le semi-elfe avait quelque chose à perdre. La plus précieuse qu’il ait jamais eu, à vrai dire : Elryann était coincé dans cette demeure et il n’y pouvait rien. Mais cela ne le désespérais pas, au contraire même, il avait le sentiment de se battre à nouveaux pour quelque chose de plus grand que lui, comme lorsqu’il faisait partie des Gruuls, comme lorsqu’il avait une famille.