Une Réunion pas comme les autres ...

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Mer 2 Mar 2011 - 15:48

Les questions de politique interne Orzhov étaient aussi étrangères à Silviel que le milieu aquatique ne l'est aux papillons. Elle renonça bien vite à ne serait-ce que tenter de comprendre ces affaires complexes ; tout ce qu'elle en saisit, finalement, fut ce qui concernait les troubles secouant Agyrem, ce qui ne manqua pas de l'inquiéter. Mais, ayant abandonné l'espoir d'assimiler la plus grande partie du contenu de la conversation, elle avait décidé de se concentrer sur son terrain de prédilection, dont les composants foisonnaient ici : les émotions et les sentiments alentours, qui étaient suffisamment riches pour l'occuper.

Les personnes présentes, Nodjun mis à part, ne cherchaient pas spécialement à dissimuler ce qu'ils ressentaient. La jeune chantresse prêtait attention à leur voix comme à leur langage corporel, qui lui en apprenaient beaucoup par une simple démarche d'observation. Mais, le mana blanc foisonnant ici, elle put en puiser quelque peu pour passer à un niveau d'efficacité supérieur. Cet endroit était parfait pour travailler et peaufiner les technique qu'elle avait apprises à Selesnya, puisqu'elle n'avait désormais plus la possibilité de s'exercer là-bas, ayant fui sa guilde.

Elle commença par éveiller ses sens magiques, jusqu'à sentir le photomana qui saturait tellement l'air qu'il semblait crépiter sur sa peau. Elle écarta le nécromana, tout aussi présent. Pour ce genre d'exercice, elle n'avait pas besoin de canaliser une sphère d'énergie magique, mais elle devait tout de même puiser celle-ci dans l'air ambiant. Silviel la laissa l'envahir doucement, puis ferma les yeux un instant, se basa sur ce qu'elle avait déjà capté des agitations psychologiques l'entourant pour créer un paysage émotionnel, et rouvrit les paupières. Ceci était aisé dans ce genre d'endroit, où la magie était omniprésente, qu'elle était calme et avait tout son temps.

Sa vision s'était modifiée. Les contours et les couleurs étaient devenus flous, mis à part les silhouettes des gens présents, qu'elle voyait encore très nettement. De plus, ses yeux lui apportaient une nouvelle donnée, cause de sa perte d'acuité. Des courants lumineux, aux teintes, aux comportements et aux textures variées, autour d'elle et des personnes présentes, tournoyaient, restaient calmes, ou se déversaient des uns aux autres. Seul Nodjun n'émettait rien ; quand elle tourna les yeux vers lui, il lui adressa un sourire complice et bienveillant : il avait tout à fait perçu sa manoeuvre, et s'il s'en protégeait en lui masquant ses propres flux, il n'y était pas hostile. Il devait même probablement se livrer à la même distraction, mais à un niveau bien plus efficace que le sien, plus précis, plus fin et nuancé ; sans doute percevait-il même les pensées des protagonistes de la discussion, exploit qu'elle rêvait de pouvoir accomplir un jour. Ce n'était pas encore à sa portée, mais nombre de chantres confirmés y parvenaient plus ou moins, selon la force mentale de leur interlocuteur et d'autres données telles que la magie présente. Elle lui rendit timidement son sourire, sans essayer de percer le mur mental du sage : non seulement c'eût été tout à fait vain, mais de plus, elle aurait risqué de l'irriter, ce qui serait plutôt déconseillé. Elle avait entendu parler de cet ermite et savait qu'il était extrêmement puissant.

Elle recommença donc à scruter les informations que lui apportaient les courants lumineux. Les sentiments étaient plutôt statiques, leur couleur était la plupart du temps assez terne, en opposition avec les émotions, très vives. Elle voyait l'amour d'Anya pour Kinay, tout proche d'elle, comme un joli brouillard d'un rose tendre. Le trouble qu'elle ressentait à côté de son aimé faisait comme une tâche d'encre d'un bleu un peu vert répandant ses circonvolutions dans le brouillard. Dans une teinte beaucoup plus sombre, la même encre dansait autour de Kinay, mais, à sa grande tristesse pour son amie, elle ne put percevoir plus d'une jolie lumière orangée envers Anya. De l'affection, mais certainement pas d'amour.

Le trouble était décidément répandu. Encore ce turquoise sombre chez Rahinov, qui envahissait en dansant sa détermination, mur blanc crème opaque. Le rai très pur et orangé qui le reliait à Lord Darkmore semblait s'amenuiser doucement, ce qui désola profondément Silviel. Elle tourna son regard chagriné vers son ami, et retint un soupir plus attristé encore. Son coeur se serra en voyant l'abattement du Prince. Une lame noire tourbillonnait près de son visage, et si il avait lui aussi un mur opaque de certitude - gris - elle voyait des fumerolles bleu sombre près de lui. Ce désaccord et cet affrontement avec un être aussi cher le minait profondément. Affligée, elle soupira. Il n'avait certainement pas besoin de cela.

Elle n'arrivait pas encore à transmettre une émotion sans chanter ; aussi se contenta-t-elle d'effleurer du bout des doigts, en un mouvement leste et discret mais très doux, la main crispée de son ami, juste à côté d'elle. Elle espéra que lui rappeler ainsi son soutien et son affection l'aiderait à éloigner son accablement. Markus était la priorité, elle s'occuperait d'Anya plus tard, lorsqu'elles seraient rentrées toutes les deux au manoir Alnyriev, dans leurs jolies chambres, confortables, chaleureuses et emplies des fleurs que Silviel avait faites pousser par centaines.

Tout en continuant d'observer l'aura psychique du Prince des Esprits, elle repensa à toutes les heures qu'il avait fallu avant qu'elle ne puisse supporter son contact. Elle le remercia intérieurement une fois de plus de l'avoir aidée à surmonter sa terreur des contacts physiques. Ce simple effleurement avait coûté plus qu'il n'y paraissait. Si elle parvenait maintenant à supporter le contact de Markus - quelle joie, quelle victoire lorsqu'elle avait enfin réussi à ne pas se dégager quand il la saluait d'un baisemain ! - elle avait encore beaucoup de mal avec les autres hommes. Mais malgré tout, les progrès étaient, psychologiquement parlant, énormes : elle se sentait un peu plus assurée, moins apeurée. Et surtout, elle voyait une solution à tout cela.

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Jeu 3 Mar 2011 - 22:26

" J'aurais néanmoins besoin de vous pour avoir un appui dans vos guildes respectives, dame Alnyriev et dame Vaomar. Dites-vous bien que vous êtes ici pour deux raisons. La première, et non la plus importante, c'est que vous pouvez m'apporter un soutien dans vos guildes, si toutefois vous abondez dans mes idées. Et la seconde est plus simple. Vous êtes d'excellente compagnie, et une de vous deux est plutôt attachée à mon cher ami. Imaginez, nous trois, rustres comme nous sommes, sans présence féminine pour adoucir les moeurs. Je n'ose imaginer le souk que nous créerions sans vous. Malgré cela, je sens bien que vous devez vous sentir exclues de ces discussions, mais il se pourrait que l'on parle d'évènements qui dépasse le cadre des orzhovs, alors, cela pourrait, probablement, vous intéresser, vous, et votre guildes, n'ai-je point raison ? Ensuite, ce genre de diner à pour but de renforcer certains lien entre guidles. Le fait est qu'il n'y a pas beaucoup de guilde représentées, pour une raison simple. C'est un cercle plus fermé, légèrement plus intimes. Nous nous sommes tous déjà rencontrés, parlé, haï, apprécié, ou aimé. C'est tout. " Dit-il en s'adressant au deux demoiselles qui prenait place autour de la table d'apéritif.

Il se retourna ensuite vers Markus, reprenant ainsi le fil du dialogue. " Alors si toi aussi, tu es d'accord pour réformer la guilde, pourquoi n'abondes-tu pas dans mon sens ? Je n'ai jamais, au grand jamais été proche du conseil, et tu sais pourquoi. Mes idées, il n'en aura que faire. Je ne suis que le chef pontife après tout. Et ça ne change pas grand chose.

Ensuite, les vivants ont moins d'expérience que les esprits ? Je suis d'accord, puisqu'ils ont vécu moins longtemps. C'est logique. Néanmoins, à trop avoir vu le monde défiler, on finit par devenir rétrograde, ou inactif, conservateur, c'est cela. Et pour le coup, je suis tout sauf conservateur. Alors, quid des deux côtés ? On peut trouver un équilibre entre le jeune pontife prometteur, plein d'idées, plein de fougue et de volonté, et le conseil, plein de restrictions, et de tempérance. Moi, je reste persuadé qu'un vivant doit passer en tête de cette guilde. Même si un vivant faisait partie de l'obzedat, sa voix sera étouffé par celle des esprits, et elle ne vaudrait rien. Tandis que si on le place plus haut que l'obzedat, ce dernier sera forcé de reconnaître la supériorité qu'on lui imposera. " Fit Rahinov, avec une grande conviction.

L'aura du pontife, sans que ce dernier n'y prête attention, se faisait plus insistante, non de méchanceté, ni aucun de ces vils sentiments. Non, le subconscient de Rahinov agissait indépendamment, et son aura s'intensifiait. Elle se voulait plus prononcée, et traduisait à la perfection ce que voulait dire le mage. Non qu'il était saoul, il laissait simplement filtrer le mana en lui.

" Et je suis avant tout, pontife, et non mage ! A ma connaissance, je dirige la caste religieuse, non magicienne, alors laisse les anciennes querelles entre mages, sorciers et obzedat pour le moment. Pour cela, Teysa, est bien où elle est.

En parlant d'elle, tiens. Si elle peut m'être utile, elle le sera. Mais si elle devient trop gênante, je l'éliminerai, pour le bien de la guilde. Sois en rassuré. Et je vous accompagnerait à Utvara. Pour cela, j'offrirai une nuit de rêve à Teysa, et elle n'aura qu'à faire de même pour convaincre oncle. Tout est dit.
Concernant le décamillénaire, tu t'inquiètes donc tant que ça de ce qu'il se passe. Tu as bien raison. J'ai moi même senti ces forces extérieures filtrer. Notre monde n'est plus isolé comme je le pensais ... C'est ennuyeux. " La tension interne du pontife se calme, traduit par une baisse d'intensité de son aura. Elle se voulait moins prononcée, et surtout plus tendre.

" Je tiens à te préciser ceci. Si je veux entreprendre cette manoeuvre maintenant, c'est bien parce que, d'une, je ne fragiliserai en aucun cas le pacte. Tu oublies, et même si tu ne me crois pas, que c'est mon père qui l'a signé. Ma reprise du siège orzhov ne saura que renforcer le pacte. Et face à cette intrusion de maléfices extérieurs à notre monde, j'unirai les orzhovs pour qu'ils soient forts et soudés face aux sombres présages à venir. Mener des hommes, c'est ma spécialité. Tu sembles aussi oublier que suis parti de rien. Je n'étais rien au début, je n'ai pas vécu, ni ne suis né dans une grande famille riche. Je n'ai pas eu de parcours tracé dès ma naissance. J'avais juste un but, et tant que je le réalisait, qu'importe le chemin suivi, ce serait la victoire.

Mais je ne suis pas mauvais. Je ne suis pas vil, ni charognard. Ta confiance en moi n'est pas forcément mal placé, mais ce sera moi, et non Teysa, qui profitera de l'affaiblissement du conseil pour rallier des gens à ma cause, non pour l'abattre. Si je dois prendre la tête, j'aimerai convaincre un maximum de personne. Toi en premier. Il faut que tu cesses d'avoir cette pensée rétrograde à mon égard. On ne s'est pas vu depuis plusieurs années, et là, je te recontacte. Dis toi bien que je ne nous ai jamais considérés comme étant amis, mais bien comme étant frère, et ça me dérangerait de perdre ce qu'il me reste de famille.

Avant que tu ne répondes quoi que ce soit, je te demande de me regarder, de haut en bas, et de me juger sur ce que je suis. Et sur ce que je pourrais faire. S'il s'avère que mes idéaux se transforment en échecs, je renoncerais au pouvoir, car ce n'est pas mon but. Si j'échoue dans l'unification des Orzhovs, et bien, je céderai ma place.

Voilà, en tout et pour tout ce que j'avais à dire. "

On pouvait sentir une certaine tristesse en Rahinov. Voir un ancien ami s'éloigner encore plus de soi, après avoir été sans nouvelles pendant plusieurs années, voilà qui doit être déchirant. Il se sentait seul, première fois depuis longtemps.

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Sam 5 Mar 2011 - 19:31

Anya eut un sourire intérieur aux paroles de Rahinov, même si extérieurement elle ne le montra point. Décidément, le Pontife se méprenait sur son compte. Elle n’était guère douce, malgré les apparences qu’elle maintenait aux autres, et surtout elle jugeait la conversation entre le descendant du parun et Markus hautement intéressante. Deux points de vue opposés sur une guilde, l’un d’une personne désirant de l’action et de la nouveauté, l’autre cherchant à protéger le système en place. Chacun des deux avait à la fois raison et tort.

De ce qu’elle avait vu, le Conseil Fantôme se désintéressait plus ou moins de l’existence des vivants, tant que la guilde et le Pacte survivaient, ce en quoi il se débrouillait admirablement bien. Cependant l’Obzedat n’avait cure de l’individualité de la population. Il cherchait à protéger celle-ci dans son ensemble, mais en oubliait la nature de la vie en elle-même. C’était ce comportement froid qui avait coûté bien des vies à plusieurs reprises, et qu’il fallait peut-être changer.
Anya ne savait pas ce qui était le mieux, en réalité. C’était l’éternel problème, entre sauver le plus grand nombre ou un seul individu mais avec un potentiel formidable… Le Conseil Fantôme avait choisi l’altruisme à outrance, jusqu’à ce que ça devienne une forme d’égoïsme et de servitude. Mais Rahinov, et probablement aussi Teysa, voulaient au contraire rétablir des individualités fortes, au risque de tomber dans l’excès inverse et voir s’instaurer une autocratie.

En fait, c’était simple, Anya le voyait bien. Le Pontife aspirait à rassembler la guilde sous un seul commandement, alors que Lord Darkmore préférait voir celle-ci continuer à fonctionner comme plusieurs entités indépendantes réunies uniquement par un système de règles et de lois. Un système qui ne cessait d’être transgressé, nombre d’Orzhov usant avec dextérité des moindres failles dans celui-ci pour augmenter leur profit. Markus voulait continuer à jouir de ces privilèges et des secrets qui allaient avec, alors que Rahinov voulait réguler le tout. Malgré ses paroles, Anya sentait la convoitise dans les paroles du Pontife. Un poste de maître de guilde serait la concrétisation de tous ses espoirs. Quant au Prince, il le cachait bien, mais il était sûr de son pouvoir, et ne souhaitait en aucun cas que quelqu’un d’autre lui fasse de l’ombre. L’oisiveté de l’Obzedat en ce qui concernait les affaires classiques de la guilde lui convenait parfaitement… Ils avaient étalé leurs cartes sur la table, et la pile allait être révélée…

Mais dans tous les cas, si la situation évoluait ainsi, la guilde courait vers un éclatement. Nombreux seraient ceux qui, tenant à leurs petits privilèges, se ligueraient aux Sorciers et à l’Obzedat pour les conserver à tout prix. Et nombreux seraient ceux qui, défavorisés par le système en place, tenteraient de se joindre à Rahinov ou à Teysa pour le renverser. Quitte à s’ouvrir à un contrôle encore plus strict et un écrasement sous un joug strict.

Et il ne le fallait surtout pas, de cela, Anya en était sûre, à la lumière des révélations de Markus. Si les anges avaient disparu, la guilde Boros serait incapable de juguler une guerre ouverte entre les castes Orzhov. Surtout avec ce qu’il se passait ailleurs dans la cité. Aussi fallait-il agir rapidement, avant que l’irréparable ne soit commis.

« Je suis d’accord avec Markus, les changements dans la guilde doivent être ajournés, du moins jusqu’à ce que ça se calme sur d’autres fronts. À mes yeux, il y a trop de risques pour que la guerre éclate entre les castes Orzhov si vous tentez de réformer la guilde, Messire Rahinov. »

Markus eut un petit sourire à ces mots, il voyait probablement en Anya une alliée potentielle. Mais les paroles qui suivirent semblèrent briser son espoir et son sourire disparut.

« Ajournés, mais effectués. Sous l’arbitrage des autres guildes, et non secrètement, comme vous souhaitez le faire. Que personne ne puisse s’élever contre ce qui aura été décidé, car telle sera la volonté de toutes les guildes. Et ce jugement se devra d’être définitif et entériné par les dirigeants des neuf guildes. »

Elle vit dans les yeux du Prince qu’il calculait précisément les implications des paroles de la jeune demi-elfe, probablement cherchant s’il pourrait obtenir du soutien. Elle vit le reflet de ces pensées chez le pontife, et sut qu’elle avait touché le point faible de leur argumentation à tous les deux. Ils voulaient du soutien, oui, mais à quel prix ?

Sujet: Re: Une Réunion pas comme les autres ... Dim 6 Mar 2011 - 12:43

Rahinov s'étant adressé à elle, Silviel avait sursauté et manqué de perdre sa concentration et son sortilège. Malgré quelques vacillements, elle parvint à rétablir l'enchantement, mais lui prêta un peu moins d'attention et s'intéressa de nouveau à la conversation, dans l'espoir de saisir quelque chose.

Les pirouettes rhétoriques du Pontife Rahinov la laissait froide. Elle se méfiait assez d'une telle idée. Mettre un homme seul à la tête d'une telle organisation ? C'était une voie royale vers le despotisme. Et si la voix de Rahinov, actuellement, vibrait de sincérité, il pourrait changer d'avis plus tard, pourri par le pouvoir. Il faudrait une sorte de garde-fou...

Lorsqu'Anya parla, l'expression de Silviel s'adoucit, pour montrer une trace de vrai sourire, comme une lumière infusée sous sa peau. Son amie parlait avec justesse et raison. Son avis à elle était impartial, puisqu'elle n'était pas réellement concernée - et sans doute le plus sage de tous. Quoiqu'elle eût aimé entendre aussi celui de Nodjun.

Rassemblant son courage, dissipant sa vision empathique et se redressant, elle prit la parole, d'une voix d'abord peu assurée et tremblante, puis de plus en plus sûre d'elle, ce qui étonna toutes les personnes présentes étant donné la discrétion habituelle de la jeune femme.

"Pour ma part, je suis d'accord avec Anya. Si votre but, Messire Rahinov, est effectivement le bien de la guilde, vous en conviendrez aussi : la transparence est indispensable. Je vous crois, lorsque vous dites que vous renonceriez au pouvoir si vous ne parvenez pas à améliorer la situation. Je vous crois, car je pense que vous êtes sincère. Maintenant. Mais qu'en serait-il plus tard ? Le pouvoir a l'art de pervertir les âmes, et, sans vouloir vous vexer, je pense que les Orzhovs ne sont pas les moins sensibles à son appel. Une fois en place, tiendriez-vous votre engagement, ou changeriez-vous d'avis, désireux de garder puissance et privilèges ? Si ces réformes, nécessaires d'après vous et Anya - ne connaissant pas les problèmes internes de votre guilde, je me garderai d'émettre le moindre avis - doivent être menées et que vous vous retrouvez en position dominante, il faudra une garantie. Vous nous dites que vous êtes le fils du parun Orzhov en personne, aussi votre sang doit-il être l'un des plus puissants et des plus purs qui soient. Un serment, prêté sur ce sang-là, dont les clauses seraient décidées par des jurés de toutes les guildes, et également placées sous la force de la magie légale qui régit Ravnica, serait peut-être une sécurité suffisante, si il ne s'y trouve pas de failles exploitables.

Quant au soutien de ma guilde... J'en suis désolée, Messire, mais je ne pourrai rien pour vous. Vous l'ignorez sans doute, mais j'ai quitté Selesnya assez récemment, en très mauvais termes avec ses autorités. Toutefois, je peux peut-être vous donner mon avis sur leur réaction à une telle proposition. Ils sont en ce moment débordés par l'approche du décamillénaire - événement qui, par ailleurs, rendra sans doute plus indispensable un ajournement des réformes - et pourraient être assez défavorables à un changement qui perturberait peut-être l'équilibre du Pacte à ce moment crucial."

" Rassurez-vous. La puissance, je l'ai déjà, et les privilèges aussi. Et si un pacte avec mon sang en guise de signature peut sembler suffisant pour que le monde me croit, alors je suis complètement pour cet option. Bien que mon sang soit d'ascendance plutôt grande, avec le temps, et bien d'autre facteurs sûrement, ce sang là n'a rien de puissant.
J'ai passé toute ma petite enfance dans du luxe. J'ai vu mes parents se faire massacrer. J'ai patienté dans un bloc de stase. J'ai vécu une jeunesse pleine de ressentiments qui étaient cachés au tréfonds de moi-même que je ne les sentais même pas, mais instinctivement, je cherchais un moyen de me changer les idées, et c'est pour cela, je n'en suis pas fier, que j'ai vécu une jeunesse de coureur de dames. J'étais une sorte de gigolo, à fréquenter la haute noblesse âgée en manque d'affection ... Je ne suis pas fier de cet époque, pas du tout. "

Rahinov serrait les poings, cet époque le rabaissait au rang de jouet sexuel, chose qu'il avait constamment ressenti lorsqu'il avait 15/25 ans. Mais maintenant, il voulait qu'on le considère comme un grand de ce monde. Il ne voulait plus traîner au rang de jouet qu'on utilise et qu'on jette après

" J'ai tout fait pour devenir quelqu'un. J'ose espérer que je suis un homme bien désormais. J'ose espérer que plus personne ne me considère comme encore un gamin frivole, avide d'amour et de sexe. Cette dépravation n'est plus dans mes habitudes quotidiennes.

Je ne vous fais pas un plaidoyer, je ne cherche pas à ce que vous compreniez ce que j'ai vécu, même pas au niveau du meurtre de mes parents, mais au niveau du rabaissement moral dont j'ai du faire preuve pour pouvoir obtenir assez d'argent pour qu'on m'accepte dans cette société Orzhov pourrie comme un rat mort.

Ta foutue foi dans le conseil est tout bonnement dérisoire Markus. Moi, j'ai vécu parmi les sous-merdes quand j'étais Orzhov. J'ai très vite compris qu'ils n'ont plus foi dans le conseil. Plus aucune foi. Toi, tu as toujours vécu dans les hautes sphères, alors forcément, tu ne connais que ça. Ne prétends pas connaître les bas quartiers, je ne te croirai pas. Alors que je venais d'être intronisé chef pontife, lorsque tu nous as tous invité chez toi, je me suis senti paysan au milieu d'aristocrates, avec une maison resplendissante que je n'aurai jamais. Regarde autour de toi. Même si j'ai su faire preuve de goût dans cette maison, elle doit être plus petite que ne serait-ce que ton salon d'accueil.

A n'avoir côtoyé que la haute noblesse Orzhov, tu n'espère quand même pas comprendre ce que vivent tout ceux qui subissent la pauvreté, et ferment leur gueule parce qu'il n'ont pas le choix, si ? Moi, je suis là pour les aider, parce que c'est clairement pas de leur faute s'ils sont dans la merde actuellement. "

Rahinov se tenait droit. Il n'avait clairement pas vécu les même chose que son ami et néanmoins frère de coeur Markus. Et il voulait absolument faire comprendre aux autres ici présent que celui qui a le plus galéré dans sa vie pour devenir important, c'est bien lui. Il voulait que l'on comprenne les efforts qu'il a dû et le rabaissement de soi-même qu'il a encaissé.

" Quand au fait de remettre à plus tard cet révolution, cela n'est pas possible. Justement, j'ai le pressentiment que plein de choses importantes vont se passer durant la cérémonie, bien plus que vous ne semblez le croire. Cette révolution aura lieu, et j'ai beaucoup de monde derrière moi. Bien plus que vous ne semblez le croire aussi ... Croyez-moi ou pas, mais beaucoup de personnes sont prêtes à me soutenir. Environ 80% de la guilde d'Orzhov, à vrai dire, ce qui équivaut à la proportion d'Orzhov opprimé par les 20% restants. Le peuple Orzhov oppressé croit en moi, comme vous, dame Silviel, qui êtes visiblement, et j'en suis flatté, convaincu qu'à l'heure actuelle, ma principale conviction est d'aider les autres à présent. Je ne veut pas que d'autres vivent ce que j'ai vécu. Bien que je sais pertinemment que Ravnica est une ville ou les idéaux ne sont malheureusement peu réalisables, je suis quand même plein d'espoir. Peut-être trop ...

Mais attends ... "

Puis Rahinov réfléchit. Même si personne n'allait ne serait-ce que débuter une phrase, car, couper la parole à quelqu'un est impoli, surtout si celui-ci cherche une suite à ses dires, il fit signe au autres de faire silence s'ils voulaient bien.

" Je crois que j'ai un compromis. Markus avait raison. La vengeance n'est pas mon but, non ... Mon père était sans doute quelqu'un de mauvais si il s'est fait tuer ainsi ... Le venger n'est pas la chose que je cherche. Mais je veux faire prospérer les Orzhovs.

L'idée de Markus de faire un second conseil est bonne. Je me suis égaré dans des fantasmes illusoires qui n'ont pas lieu d'être. Ce qui dérange, c'est l'hégémonie du conseil. Si je passe en tête de la guilde Orzhov, je ne fait que pourvoir cette hégémonie que je proscrivait, et c'est stupide. Je pense proposer au conseil d'ici peu une réforme.
Le rôle principal de l'Obzedat est d'assurer les relations inter-guildes. Les affaires internes sont moins contrôlées, car l'Obzedat s'y intéresse beaucoup moins. Et pour cause : si l'Obzedat s'était plus porté sur Vuliev, il aurait été démasqué tout de suite, et nous n'aurions pas eu tout ces soucis là.

Il faut deux assemblées, l'Obzedat pour s'occuper des affaires inter-guildes, et croyez-moi que cela représente beaucoup de travail, et un autre conseil pour régler les affaires intra-guildes. De plus, des spectres sont beaucoup plus adapté pour gérer les tensions entre toutes les 9 **Hum, plutôt 10, non ?** guildes, alors que des vivants, ayant côtoyé le monde extérieur fréquemment seront nettement plus à même de prendre une décision rationnelle et logique vis-à-vis d'un problème interne.
Bien entendu, chacun des deux conseils pourra se référer à l'autre si besoin est, et chacun devra se tenir au courant des agissements de l'autre, afin d'assurer une meilleure communication.

Tout est dit. Markus, si cela te semble une meilleure idée, et si l'idée est acceptée, j'aimerais que tu fasses partie de ce conseil avec moi. Je pense le faire plutôt restreint. Quelques représentant de chaque castes, tout au plus. Une douzaine de personnes, trop devenant compliqué à gérer ... Qu'en dis tu ? "

À ces mots, Markus eut un sourire.

"Je te retrouve enfin, mon vieil ami. Certes, un second Conseil serait une idée bien plus réaliste, et correspondrait assez bien à ce que j'avais en tête. Un Conseil composé de deux membres de chaque caste serait idéal. Chaque caste, je dis bien. Ce qui ferait quatorze membres, en comptant les spectres et les esclaves. Et si tu le souhaites, s'ajouteront à ces quatorze un référent de chaque caste auprès du Conseil Fantôme. Cela peut être réalisé."

Il sentit le pontife se détendre à ces mots.

"Mais, et il y a un mais, je ne souhaite pas spécialement faire partie de ce Conseil principal, du moins pas pour l'instant. Je ne souhaite pas avoir de fil à la patte supplémentaire, et ce rôle nécessite beaucoup de travail et le sacrifice de son temps."

Il se tut quelques instants avant de reprendre :

"En réalité, il faudrait que les membres de ce Conseil soient élus de manière renouvelable au bout d'un certain temps, disons huit ans, avec un décalage de quatre ans entre les deux élections, et il faudrait limiter le cumul de mandats sur un siècle à deux ou trois. C'est une période suffisante pour accomplir beaucoup sans pour autant bloquer complètement le poste."

hrp : J'ai envie d'innover, et je vais t'expliquer pourquoi. Les pensées devraient être mise entre les balise spoil, car, les autres PJ ne sont pas censé savoir ce que je pense. Alors, il faudrait jouer le jeu, et ne pas dévoiler les spoilers (pensées des autres PJ) avant un certain moment, histoire que ça n'influe pas sur les réactions des autres PJ (sisi, ça influera toujours, même de manière mineure, je le ressens très souvent. /hrp

Spoiler:

Rahinov sirota son vin une nouvelle fois, fier d'une victoire par le dialogue. Néanmoins, son ami, le Prince des esprit, n'avait de cesse de vouloir tout soumettre au lois du conseil fantôme ...

" Si je propose la création de ce conseil, c'est justement dans le but qu'il n'ai pas à devoir constamment se référer au Conseil Fantôme. Un conseil de plusieurs membres scrupuleusement choisi ne peut nuire à la guilde, alors le regard surveillant du Conseil fantôme n'est pas nécessaire. A mon sens. "

Il se tut un instant, craignant d'avoir touché une corde sensible, en s'étant attaqué une nouvelle fois au bien aimé Conseil Fantôme de Markus. Mais il fallait en passer par là, et un conservateur tel que lui, s'il doit retourner à la réalité, et au vraies valeurs, doit subir un choc assez fort. C'est ce que tentait de faire Rahinov, par des moyens divers et variés.

" Sinon, je suis entièrement d'accord avec toi sur les autres points. "

Spoiler:

[Hrp :] Excellente idée. J'adhère. Le seul défaut est que ça me pose problème pour quand je retranscris tout au format word pour le sauvegarder, car du coup je peux voir le contenu des spoilers...[/Hrp]

Spoiler:

« Je ne pensais pas à cela, cher ami. Le Conseil Fantôme n'a pas à porter de veto à ce nouveau conseil des Orzhov. En revanche, les référents dont je parlais auraient pour rôle de siéger aux réunions du Conseil Fantôme et d'avoir un rôle de conseil en cas de besoin. Mais pour que le nouveau Conseil d'Orzhova parvienne à maintenir l'équilibre de la guilde, il faut que toutes les castes soient représentées sans exception. Donc cela inclut deux membres du Conseil Fantôme. »

Spoiler:

Il s'installa plus confortablement dans son fauteuil. À la vérité, ce vin n'était pas si mauvais, tout compte fait.

« De fait, cela fait longtemps que le Conseil des Sorciers envisageait quelque chose de ce genre, une sorte de super conseil représentant chacune des castes, chargé de pointer les problèmes de la guilde et de tenter d'y apporter une solution. Mais nous avions peur de nous retrouver face à une levée de boucliers de la part de la caste religieuse qui craindrait de perdre sa place prédominante au sein de la guilde. Mais si tu es d'accord, cela augmente de manière importante les chances que ce nouveau système soit accepté. »

Spoiler:

Markus sourit à Rahinov.

« Ce sera un important changement pour notre guilde, aussi je pense que cela devra se faire progressivement. Le nouveau conseil une fois créé devra d'abord remplir un rôle de soutien et de protection, mais le rôle d'unification devra certainement attendre, sinon nous nous risquons à une levée de boucliers d'emblée, quelle que soit la caste. Jamais les Mages ne voudrons que des Sorciers interfèrent dans leurs affaires et inversement, le commerce ne voudra pas être régulé par la prêtrise tout comme les clercs ne voudront pas voir des marchands mettre leur nez dans les comptes de l'Eglise... »

Spoiler:

Markus eut un petit rire.

« En fait, chaque caste voudra garder son indépendance, bref il conviendra de rappeler avant tout que le rôle de ce conseil sera de permettre à chacune des castes de discuter de ses problèmes, des problèmes de la guilde, et de tenter d'y apporter une solution. »

Spoiler:

Tout en reposant son verre sur la table, Markus fixa un à un les membres de l'assemblée.

« Il va de plus de soi que la création de ce conseil ne pourra s'effectuer qu'avec l'approbation au moins de la moitié des autres guildes, et une validation par les Azorius, sous le sceau du Pacte des guildes, sans quoi cette décision de création de conseil n'aura aucune valeur. Il faudra que les membres du nouveau conseil soient au fait de leur nouveau rôle, et ne tâchent pas de l'outrepasser. Il faudra choisir la manière dont ses membres seront nommés. Et tout cela ne pourra s'effectuer qu'en plus grand comité. »

hrp : Franchement, moi, ça me fait grave kiffer l'histoire du spoiler en fait. Tu es finalement vraiment tenté de lire les pensées des autres PJs, et surement, des gens liront quand même avant de poster, mais il serait être bon joueur qu'au moment de la relecture générale des post pour construire sa réponse, les spoilers soient retournés à leur état masqué. Mais je trouve que c'est un plus dans le RP ces spoilers en tout cas, car avant, je pouvais savoir ce que ton PJ pensait, maintenant, plus, ou du moins, faut que j'ouvre le spoil, et quelque part, j'aurais de la culpabilité xD Enfin bref, tout ça pour dire que ça fait kiffer quoi x) Et t'inquiète pas, mais tu peux prendre un post de décalage pour retranscrire sous word, je m'explique. Quand tu liras ce post, tu pourras retranscrire le précédent sous word, et ainsi de suite. Ou, si ça te poses plus de problèmes qu'autre chose, bah, osef au pire. Mais si quelqu'un se prendra au jeu de manière plutôt sincère, je pense que c'est toi, donc bon ... /hrp

Rahinov s'exclama lorsque Markus commença à prendre la parole. Le prince avait déjà dit des choses qui gênait notre pontife national, et ce dernier n'attendit pas pour se manisfester.

" Le conseil sera représenté ? Pardon ? Tu me fais quoi là ? Tu me la fais à l'envers ? Depuis quand le conseil est considéré comme une caste ? Depuis quand à t'il des besoin qui doivent se faire entendre ? De mon vivant, et même après, si ce conseil est créé, je ne permettrai pas qu'un ou plusieurs membres de l'obzedat en fassent partie. C'est de la folie pure. L'obzedat ne s'est jamais considéré comme l'égal des sorcier, ou l'égal de l'église, ou l'égal des sorciers. Et pour cause, il n'a rien en commun avec nous, et par nous, j'entends l'église entière.
Jamais je ne permettrait que l'Obzedat vienne à mettre son nez dans mon projet qui n'a pour unique but que d'écouter TOUTE la guilde Orzhov. Et sache que, et cela n'est pas flatter mon ego démesuré, je suis le chef de toute une caste, tout comme toi. Sauf qu'à l'église, les gens sont beaucoup plus fidèles que les sorciers ... On a bien vu Vuliev ... Enfin bref ... " Clôtura Rahinov, avec un peu de dépit dans ses paroles, surtout vers la fin. Il laissa donc la parole à Markus qui reprit son discours. Mais le pontife, suite à une inepties dite de la part de Markus, s'empressa une nouvelle fois de répondre, pour le corriger, et mettre au clair quelques points, après avoir fait le point des choses dans sa tête.

Spoiler:

" Depuis que Teysa est plus ou moins notre supérieures, je te le rappelle, car c'est même elle qui nous a promu, les choses ont changé. Tu ne t'en souvient pas ? La caste religieuse n'a plus sa place prédominante dans la guilde, ce n'est pas vraiment sans me déplaire. Mais ce projet s'encastre donc dans un mur, pour l'instant. notre avoquiste chérie nous commande à nous. Si le projet doit être mis en place, elle doit mourir. Car je la vois mal se plier docilement à un conseil de la sorte, ce qui annihilerait totalement l'emprise qu'elle a maintenant sur les castes. Et crois-en mon expérience des femmes de pouvoir. Quand elle en ont, elle ne lâchent jamais l'affaire, sauf si bien sur, elles passent de vie à trépas. Simplement, vu la différence actuelle de niveau entre elle et moi, la tuer ne sera pas d'une grande difficulté. Et il est inutile de faire ça discrètement ... ce qui ne me posera, encore une fois, aucun soucis. " Il reprit encore de son vin, car il était bigrement bon finalement, alors que ce rouge des côtes darkanshon ne payait pas de mine au début. Il fixa Markus, alors que celui-ci reprit son discours. Rahinov rajouta néamoins ceci " Non, il faut que son rôle soit principalement l'unification. Le soutien vient après l'unification, car c'est une conséquence directe. Et il est temps de faire comprendre à toutes les castes que se tirer dans les pattes ne SERT A RIEN ! Qu'ils arrêtent un peu leur comportement de gamin capricieux. Et je serai prêt à ouvrir les portes du clergé à n'importe quelle caste, à la seule condition qu'elle en fasse autant. " rétorqua Rahinov, ferme et décidé d'unifier cette guilde pourrie jusqu'à la moëlle

Spoiler:

" Pour l'approbation des autres guildes, heu, non. Tu es bien gentil, mais les affaires internes de ce genre n'ont en rien à nécessiter l'aval des autres guildes. Ce ne sont pas leur affaires, et ça ne les impliques pas, puisque c'est un conseil pour gérer l'intérieur de la guilde. Sinon, oui, il faudra sceller cela sous un pacte puissant, et tu es judicieux quand à la nomination de ces membres. Je n'ai pas grand chose à ajouter. "

Markus reposa doucement son verre sur la table. Il ne servait à rien de s'énerver, malgré les points de vue totalement différents de chacun des deux sur leur propre guilde.

« Pardonne-moi, ma langue a fourché. Je ne voulais pas obligatoirement inclure deux membres de l'Obzedat dans ce Conseil. Mais au moins deux spectres. N'oublie jamais que sept castes, et non cinq ou six, font partie de la guilde Orzhov. Que tu le veuilles ou non, des spectres comme des esclaves portent notre sceau de guilde et agissent pour notre bien à tous. Nous ne pouvons leur dénier ce droit le plus fondamental qu'est la parole dans un conseil qui se veut représentatif de la guilde, » fit-il calmement. « Sans l'ectomancie, les Sorciers n'existeraient pas, et les pouvoirs des Mages seraient bien diminués. Sans l'espoir d'une existence consciente après la mort, notre clergé n'existerait pas non plus. Sans la mémoire spectrale, le système judiciaire de nos advokistes manquerait de valeur. Sans nos esclaves et nos srânes, notre système s'effondrerait. Je me refuse quant à moi à laisser les Spectres ou les Esclaves à part d'un Conseil qui se veut le représentant de la guilde et un moyen d'en résoudre les problèmes. »

Il fixa Rahinov droit dans les yeux.

« La guilde n'a pas besoin d'un dirigeant de plus. Elle a besoin de soutien et d'équilibre. Tel doit être le rôle de ce Conseil, qui comme son nom l'indique doit conseiller. Nos castes doivent se réunir pour discuter de problèmes, et trouver des moyens de les corriger. Cette correction se fera bien mieux en interne, au sein d'un système qui fonctionne. Tu as besoin de changement car tu as été catapulté maître d'une caste qui s'écroulait, où la décadence avait pris le pas sur la rationalité et la grandeur. Et tel que je te vois - ce n'est pas contre toi, bien au contraire, mais contre tes méthodes qui visiblement ne semblent pas porter leurs fruits - il me semble que tu n'y as pas apporté grand-chose. »

Markus soupira. Rahinov avait fait resurgir de douloureux souvenirs dans sa mémoire.

« Quant à moi, l'affaire avec Vuliev n'avait pas grand-chose à voir avec les affaires de la guilde et rien à voir avec une quelconque fidélité, il s'agissait uniquement d'intérêts personnels chez chacun, pas d'une menace directe pour la guilde. Vuliev aurait pu me tuer, un autre Prince des Esprits aurait été choisi, le système fonctionne parfaitement depuis des millénaires, et la guilde n'en aurait pas pâti. En revanche, si les Pontifes avaient poursuivi leur œuvre, nul doute que la guilde aurait autant périclité que l'Essaim. Teysa t'a placé en tant que reconstructeur pour rebâtir le Clergé, tandis que j'ai été positionné en tant qu'agent pour infiltrer l'Ecole Noire. Nos rôles dès l'origine étaient différents, même si aucun de nous deux ne les a finalement suivis. »

Spoiler:

« Soit, je vais faire ce qu'un véritable ami se doit de faire, même si cela doit déchirer définitivement notre amitié. À savoir dire la vérité. »

Il prit une grande inspiration avant de poursuivre, sachant que de toute manière Rahinov n'aimerait pas les mots qu'il allait prononcer.

« Bien que tu t'en défendes, tu cherches à trop contrôler. Tu cherches davantage de pouvoir, alors que tu ne sais pas gérer celui que tu pourrais déjà avoir. Tu veux ce Conseil pour qu'il soit non pas à la botte de Teysa, mais de la tienne. Tu te moques des buts de chacune des castes tant qu'elles servent tes propres buts. Et c'est pour cette raison que je dois m'opposer à toi, et sache que telle n'en était pas mon intention au départ. J'étais prêt à te soutenir, à te donner l'aide des Sorciers, de la famille Darkmore et de ses alliés, le soutien de bien des personnes dans toutes les castes, y compris chez les Esclaves et les Spectres. J'aurais demandé de l'aide aux autres guildes, à tous ceux avec qui j'ai des liens. Tout ce qu'il aurait fallu pour reconstruire la caste des Clercs et la rééquilibrer par rapport aux autres, afin de repartir sur des bases saines et restaurer la gloire de la Guilde des Transactions. C'est pourquoi je suis pour créer un outil d'aide et de discussion entre les différents intervenants de la guilde. Mais sache une chose : jamais plus je ne donnerai à quelqu'un qui veut du pouvoir pour lui-même. Adieu. »

Sur ces mots, Markus se releva, s'inclina brièvement devant les personnes présentes, puis quitta les lieux sans un regard en arrière.

" Tu sais Markus. Tu as le don de penser connaître toute personne sur Ravnica. Mais sache que tu te trompes sur toute la ligne. Tu n'es pas au courant de la situation du clergé actuel parce que nous ne laissons rien filtrer. Tout comme vous, les sorciers, nous sommes très près de nos petits secrets, que nous révélerons en temps voulu. Tu m'avais remis les idées en place, et je veux voir ce conseil établi. D'ailleurs, je n'ai aucunement envie d'en faire partie. Il existe bien des gens plus compétents que moi pour gérer cette paperasse administrative. "

Rahinov soupira

" Avant de partir, j'aimerai bien savoir comment je pourrais faire en sorte que ce conseil soit à ma botte, puisque je ne ferai absolument pas l'unanimité en tant que leader. Et je ne suis pas Vuliev. Créé ce conseil alors, avec ou sans mon aide. Te voir me rabaisser ainsi m'a à vrai dire dégoûté, et cela me fait regretté de ne pas avoir prolongé mon exil ... "

Il reprit silencieusement un gorgée de vin, et ce dernier avait un réel gout amer.

" Pars si tu veux, maintenant. Je ne m'opposerai pas vraiment à toi. Disons que je serai de l'avis de la raison, sur ce point. Tu apprendras que grimper les échelons n'est pas le seul moyens pour être un grand homme. Un sage vieillard me l'a appris. Fais ce que tu veux, ton comportement et ta réactions me désespère. Je ne veux pas que tu me considères comme avide de pouvoir. La création du conseil se fera sans moi si ça te fait plaisir. Sa simple création me réjouira. "

Anya resta figée devant le conflit entre les deux amis.

Spoiler:

Plongée dans ses réflexions concernant cette amitié si mise à mal et le danger qui courait sur leur guilde, elle ne réagit que tardivement au salut du Prince des Esprits, et il avait déjà quitté la pièce lorsqu'elle réagit enfin, alors que les dernières paroles de Rahinov semblaient tomber dans le vide, comme si le choix du revirement du Pontife n'était intervenu que trop tardivement.

Spoiler:

Elle finit par prendre son courage à deux mains, et d'une voix néanmoins légèrement hésitante demanda :

« Seigneur, vous cherchiez il y a un instant le soutien des Golgari, et j'eus été honorée de vous l'offrir, mais à présent vous refusez toute ingérence des autres guildes pour approuver l'ordre nouveau qui en résulterait. J'avoue avoir du mal à comprendre. Que souhaitez-vous exactement ? Je puis vous obtenir l'aide de Savra, mais jamais elle ne l'offrira sans une quelconque rétribution. Est-ce cela que vous craignez ? De quelle nature serait l'aide que vous recherchez ? »

" Dame Anya, le soutien des autres guildes auraient été nécessaire pour un changement radical de la guilde, a savoir, la suppression du conseil fantôme, et ainsi, retrouver les bases de la guilde que mou aïeul avait instaure. Ce genre de changement, même si l'Obzedat n'en aurait pas voulu, aurait peut être été obligatoire pour la guilde, mais face a une résistance, se serait fait dans le sang, et non dans la diplomatie. Mais cette idée qui fut la mienne était prise a sang chaud. Irréfléchie, je dois l'admettre. Marius a raison a propos de conseil, mais ceci ne constitue pas un changement majeur de notre guilde.

Néanmoins, si la rétribution que Savra aurait voulu était financière, sachez, dame Anya, que cela n'aurait pas été possible. Une alliance entre nos deux guildes, pourquoi pas, avec un système d'échange équivalent ... La guilde golgari a beaucoup de chose a nous apprendre en termes de nécromancie et de magie noire, mais tout cela reste hypothétique et illusoire, et surtout idiot, finalement. Je n'ai pas l'etoffe d'un leader, alors que je pensais dignement pouvoir tenir ce rôle. Marius m'a rabaisse au même niveau que cette enflure de Vuliev ... Et maintenant ? Pensez vous qu'il s'imagine que je vais réagir comme Vuliev ? le trahir ? Pourquoi ferai je cela ? lui ne m'a jamais trahi pourtant ... Alors il me considère vraiment comme une merde au fond ... J'imagine qu'il n'y a aucun moyen de réparer ça ... Et bien soit ... Qu'il en soit ainsi. Il se fait tard, mesadames Silviel, Anya, et mon cher Kinay. Vous pouvez loger ici, les rues ne sont peut être pas sures, bien que vous sachiez tout de même vous défendre. Les chambres d'amis sont au premier. Elles sont assez modeste pour un dirigeant Orzhov, mais je n'ai pas le goût du luxe, juste des bonnes choses. Moi, je vous souhaite une bonne nuit, que vous la passez ici ou ailleurs ... Ajouta t'il, avec une voix monocorde et au niveau sonore en dessous de la moyenne. Les derniers mots avait presque été murmures.

« Je ne crois pas que Savra aurait demandé une rétribution financière. Pas en servant les intérêts d’une autre guilde. Les Sœurs, peut-être. Mais je commence à connaître la Matka. »

Spoiler:

« À mon avis, elle a déjà un "bienfaiteur" qui lui fournit ce dont elle a besoin, peut-être même un puissant Orzhov, car comme vous l’avez si bien dit, nous avons beaucoup de connaissances dans la maîtrise des morts que certains pourraient convoiter. »

Spoiler:

« Quoi qu’il en soit, Savra demanderait probablement autre chose que de l’argent aux Orzhov pour offrir son aide. Et à mon avis ce serait un soutien en retour afin de renverser les Sœurs de la Mort de Pierre. »

Anya haussa les épaules, comme si tout ce qu’elle venait de dire n’avait aucune importance étant donné que les plans de Rahinov pour renverser l’Obzedat semblaient annulés, ou tout du moins ajournés.

« En tout cas, je crois qu’il ne faut pas vous en faire pour votre amitié avec Lord Darkmore. La trahison de Vuliev a lourdement pesé sur son cœur, car elle lui a pris tout ce en quoi il gardait espoir. C’est pourquoi il a réagi durement à vos paroles. Il n’a plus confiance en grand-chose ni en grand-monde, et voir subsister des parcelles de ce qui devait être votre désir de pouvoir d’autrefois – sans cela j’en suis certaine, jamais Teysa ne vous aurait accordé ce poste – lui a paru comme un reflet de l’avidité traîtresse de son mentor. Il vous pardonnera, mais il faudra peut-être être patient. Je crois qu’Ivan et lui ont beaucoup en commun… »

Sa voix se brisa, et elle se tut quelques instants avant de reprendre :

« C’est pour cela que j’aimerais que vous m’accompagniez tous les deux, ainsi que Kinay et Silviel, quand j’irai retrouver Ivan à Utvara. Je vous prie. »

Sur ces mots, elle dédia son plus radieux sourire au pontife.

« Et je vous remercie pour votre invitation à passer la nuit ici. Non point que je craigne les rues de la Cité, mais je suis lasse de tant de conflits entre les personnes que j’apprécie, et j’aspire également à me reposer. »

" Bien. Il est temps pour ceux et celles qui sont fatiguées de prendre place dans les chambres d'hôtes mises à votre disposition. Si vous me cherchez, je serai dans le salon. Je suis un couche-tard, c'est dans ma nature. " annonça Rahinov au personnes restantes.

[HRP] Je sais, c'est court, mais j'ai rien d'autre à dire x) [/HRP]

Anya s'inclina profondément en réponse à l'invitation de Rahinov.

« Votre réputation de générosité et d'hospitalité n'est certes pas usurpée, Messire. Mais j'eusse préféré que vous ne vous opposiez pas à Sire Darkmore. Je commence à le connaître, et il porte un lourd fardeau. La perte d'un ami l'affecte bien plus que l'on pourrait l'imaginer. Méditez sur vos paroles comme sur les siennes, et prenez votre décision. La guilde Orzhov comme celle des Golgari ne se relèveraient pas d'un affrontement direct entre leurs dirigeants. »

À mesure qu'elle parlait, sa voix reprenait de l'assurance. Le Prince des Esprits comme le Chef Pontife ne lui faisaient pas ressentir cette distance qui existait entre les grands de ce monde et les larves grouillantes de la cité. Non, elle s'en apercevait à présent, c'étaient des hommes comme les autres, avec leurs qualités et leurs défauts, et leur façade n'était qu'un moyen de se protéger des autres. Et on sentait que tous les deux étaient dans le besoin, et que leur armure d'impassibilité et de réserve s'était effritée comme un corps sous les scaravores alors qu'ils ressentaient l'imminence de la chute. Ils avaient désespérément besoin d'aide tous les deux, ils avaient besoin d'amis sûrs, de personnes sur lesquelles ils pouvaient compter. Et Anya s'estimait honorée de faire partie de ces personnes. À elle de prouver qu'elle méritait cette confiance.

« Méditez là-dessus, Messire. Et peut-être trouverez-vous la lueur au fond du tunnel. »

Elle réprima un bâillement.

« À présent, si vous voulez bien m'excuser... »

Anya s'inclina à nouveau devant Rahinov, avant de suivre le domestique jusqu'à l'une des chambres.

[Hrp :] Je beux bien que tu me fournisses des éléments de description pour la chambre, afin que je puisse faire un post à peu près conséquent pour le réveil du lendemain. Sur ce, je te laisse méditer... ou pas ! [/Hrp]

" Pour un type qui a toujours vécu dans la luxure sans jamais être en manque de rien, vous lui accordez beaucoup trop votre soutien. Ce soir, je n'ai vu qu'un pantin livide du conseil fantôme, comme tous ceux de la caste des sorciers Orzhovs d'ailleurs.

Remarquez, je ne sais plus vraiment ou j'en suis. "

Rahinov déboucha une bouteille de whisky avec ses dents, envoya le bouchon de liège valdinguer à l'autre bout de la pièce, et bu son nectar à grands traits. Il alla alors se chercher un cigare, l'alluma, et, tout en se posant sur son fauteuil favori, celui là même qui en avait vu des vertes et des pas mures de la part du pontife, il inspira tranquillement la fumée qui s'échappait de son cylindre de tabac, et qui lui caressait la gorge d'un parfum exceptionnel à chaque bouffée. Il avala encore de grandes gorgées de son whisky, appréciant chaque arôme qu'il distinguait, les gorgées répétées faisant office de houle dans son gosier.
Assis sur son fauteuil tel un grand ponte de la mafia, Rahinov pensait. Il réfléchissait à beaucoup trop de chose pour quelqu'un qui buvait autant. Il n'avait évidemment pas l'attitude d'un chef, encore moins d'un dirigeant. Mais il avait ce côté rebelle, cette envie de faire bouger les choses. Il détestait le côté conservateur de Markus, et cette haine avait pris le pas sur ses autres sentiments. Il était belliqueux.

" Il y a trop de choses non résolues pour l'instant. Ce simic, tout d'abord, est un problème. Il y a aussi cette ombre qui nous a pétrifié dans le cimetière. Et puis cette histoire avec le nécromant ... elle n'est pas finie, j'en suis sur ... " chuchota notre Orzhov.

Il se leva d'un bond, et se précipita dans la chambre ou résidait Anya. Sans frapper, et en tentant pour le moins de masquer sa vue au cas ou la jeune femme se trouvait nue ou en petite tenue, il annonça fermement " Je n'ai pas réfléchi à ce qui vient de se passer ce soir, certes, mais j'ai fait le bilan de quelques années, et beaucoup de choses restent en suspens. Ce simic, que nous avons rencontré dans la mine des monts de lyrie, ainsi que cette ombre, ce danger, qui nous a menacé au cimetière. Il faut y mettre un terme. Peut-être que je ne dis rien d'autre que des évidences, mais le fait est que nous n'avons pas fait grand chose depuis, et nous, j'entends ceux qui ont assisté de près à ces deux menaces.

Je sens des heures sombre approcher. Vous aviez raison, ce n'est pas le moment de querelles internes, mais il est plutôt temps de s'organiser pour faire quelque chose d'utile pour une fois.

Il faut que je rappelle Markus, il ne doit pas être bien loin ... "

D'un claquement de doigts, Rahinov modela un srâne qui fila aussitôt pour aller transmettre tout ce que son maître venait de dire au Prince des esprit. Le pontife espérait que son ami allait revenir.

" Vous pouvez vous reposer, je ne vous dérangerai plus. j'attendrai le retour, ou non, de Markus dans le salon si vous avez besoin de quoique ce soit. Sur ce, bonne nuit. "

Réveillée en sursaut, Anya acquiesça mollement aux premières paroles de Rahinov sans guère y prêter attention. Sitôt entrée dans la chambre, elle avait aperçu un lit et s'y était jetée sans même prendre la peine d'ôter sa robe, et elle dormait profondément déjà lorsque le pontife avait fait irruption.

Cependant au fur et à mesure que ce dernier lui parlait, son esprit embrumé par la fatigue s'éclaircissait. Les premières paroles avaient été inconsciemment enregistrées, et elle revint dessus alors que Rahinov terminait sa tirade.

« Vous avez raison, Messire. J'ai moi-même déjà commencé certaines recherches à partir des détails que j'ai relevés dans la mine et dans le cimetière. En réalité, je n'ai jamais osé venir vous en parler, car je craignais que vous ne vous moquiez des peurs d'une jeune demi-elfe encore peu au fait des menaces les plus noires de cette cité. »

Elle tira de sa besace une liasse de feuillets jaunis.

« J'ai découvert ceci dans la mine. Il s'agit du journal des Gruul dont j'ai trouvé les corps dans la Cheminée. Je ne pense pas que vous puissiez le lire, c'est dans un patois Gruul assez ancien, et j'ai dû chercher assez longtemps pour parvenir à le traduire en ravi commun. Grosso modo, il explique que le Simic travaillait avec quelqu'un, probablement un puissant mage noir, et c'est ce même mage qui a tué les Gruul et Mikaïl. Mais j'ai dû interrompre toutes mes recherches après la trahison de Vuliev, et quand j'ai recommencé - après cette horreur il y a six mois où nous avons été réunis et avons failli devenir fous - les pistes avaient complètement refroidi. Je n'ai pas encore retrouvé d'indice sûr. Et pour le cimetière comme pour ce lieu maudit, j'ai encore moins d'informations. »

Elle bâilla.

« Mais je vous en parlerai plus en détail demain, je suis vraiment trop fatiguée ce soir. »

Anya s'était déjà rendormie lorsque Rahinov lui souhaita bonne nuit.

* * *

Un rayon de soleil filtrant à travers les rideaux et tombant sur son visage réveilla Anya. Cette dernière se releva et étudia plus en détail l'environnement de la chambre, qu'elle n'avait même pas remarqué la veille au soir.

Et il s'avérait que c'était totalement à l'opposé de ce à quoi elle se serait attendue d'une demeure Orzhov. Ici, le maître mot était fonctionnalité, et non art ni opulence. Le lit double ne s'ornait pas de baldaquin, pas plus que la grande armoire avec des miroirs en guise de portes qui lui faisait face n'était ornée - Anya constata au passage en s'y mirant qu'elle avait complètement froissé sa robe.
De part et d'autre du grand lit, deux petites tables de chevet, simples et fonctionnelles, sur lesquelles étaient posées des chandelles neuves.
Inscrit entre les deux fenêtres donnant sur un balcon, le divan invitait à s'y asseoir pour y profiter de la douceur du soleil matinal, tout comme le fauteuil qui lui faisait face à côté de la porte d'entrée.
Dernier élément de mobilier, une large commode occupait le reste du mur percé par la porte d'entrée.

N'eusse été la couleur de ce mobilier, noire ou grise sombre, contrastant avec le blanc de la descente de lit et des murs, et le crème du sol, l'on n'eût jamais cru se trouver dans la chambre de la demeure d'un pontife Orzhov. Une autre énigme était la couleur des oreillers et du fauteuil, tous trois rouges.

Anya était justement en train de se pencher sur cette énigme tout en tendant de faire disparaître les plis à sa robe lorsque l'on porta un coup discret à sa porte.

« Oui ? » fit-elle.

Une Réunion pas comme les autres ... - Page 2 Chambrez

(image gracieusement fournie par Rahinov)

[Hrp :] Je répondrai avec Lord Darkmore dès que possible. [/Hrp]

Silviel se leva lorsque Lord Markus Darkmore entra dans la pièce pour la seconde fois cette soirée, l'air méfiant. Rassemblant son courage, elle se plaça au milieu de la pièce, et adressa un petit sourire à son ami, puis à son sympathique hôte, avant de prendre une grande inspiration. Sa voix vibrait dans le silence du salon ; son timbre et ses inflexions étaient apaisantes, très apaisantes.

"Vous pourrez certainement trouver une solution qui permette l'équilibre. Vos idées sont contraires, mais complémentaires. Plutôt que de risquer de briser votre amitié, servez-vous en pour le bien de votre guilde. Vous aurez d'autant plus besoin de pouvoir vous appuyer l'un sur l'autre, surtout si des menaces planent. Je ne sais rien de ce Simic, mais j'étais là lorsque l'ombre s'est manifestée. Je ne sais pas si je pourrai vous être bien utile, mais pour l'un comme pour l'autre, je serai prête à vous prêter main-forte avec plaisir. Mais j'aimerais surtout que vous m'écoutiez, et que vous ne deveniez pas ennemis. Markus, vous êtes un ami cher pour moi, et vous Monseigneur Rahinov, je ne doute pas que vous le deveniez aussi - enfin, si vous le souhaitez bien sûr." Ses lèvres se crispèrent un bref instant, elle se reprocha son impertinence. Ce n'est pas parce qu'elle avait été invitée ce soir qu'un pontife voulait forcément se lier d'amitié avec elle, qui n'était même plus Selesnyane. "Croyez-moi, il serait plus bénéfique pour tous, vous comme la guilde, que vous ne commenciez pas à vous mener une guerre interne."

Elle avait relevé la tête, et bien que ses joues aient atteint l'intensité du coloris de la pivoine moyenne, ses yeux brillaient. Elle se sentait immensément fière d'avoir une deuxième fois vaincu sa timidité ce soir, poussée par l'amitié et le sens du devoir. Mais surtout, elle espérait de tout son coeur que les deux Orzhovs prêteraient attention à ses paroles. Puis, esquissant une révérence, elle leur souhaita la bonne nuit, les laissant deviser entre hommes hauts placés.

LE MATIN.

" Dame Anya ? Excusez moi de vous interrompre, mais comme il émanait du bruit de votre chambre, j'ai pensé que vous étiez réveillé, ce qui m'a incité à frapper. " expliqua t'il. Il n'avait aucune arrière pensées un peu déplacées vis à vis d'Anya, même si cette dernière était charmante. Il se surprit lui même. " Je vous propose de venir nous rejoindre pour petit-déjeuner. Le lait est chaud, le thé est infusé, et le café, serré. Les croissant sont croustillants et le pain est doré à souhait. Le boulanger que je fréquente respecte beaucoup ses clients, et s'efforce de faire un travail de qualité, ce qui nous est profitable. Markus a passé la nuit ici, mais vous ne vous en êtes pas rendu compte. Il dort peu. Un peu comme moi. On a donc beaucoup parlé, mais venez. Nous serons plus à l'aise à table pour parler " fit Rahinov, en indiquant le chemin poliment à la dame.

Dans le salon, les décorations étaient semblables à celle de la chambre. Les mêmes tons de couleurs neutres, allant du crème au gris anthracite, en passant par un blanc nacré, et même les touches de rouges subsistaient. La cheminée fonctionnait, réchauffant ainsi ceux qui avaient dormi la nuit ici, en cette fraîche matinée. Et, alors qu'Anya s'installait à table, elle pu apercevoir Markus, Silviel, et Rahinov. Une table de quatre, modeste, chauffée par la cheminée, le tout dans un cadre design, mais chaleureux, grâce au quelques touches de rouge, tout cela rendait l'atmosphère extrêmement conviviale. Sur la table, il y avait largement de quoi nourir les quatre personnes. Des croissants tendres comme des nuages, du lait bien chaud, du cacao moulu, du thé parfumé à la menthe, du café bien serré, d'un pur plant issus des meilleures fermes golgari. Un pain craquant et tendre à la fois faisait office de chemin de table. Le pontife reprit un croissant et le trempa dans son thé pour le déguster, et entama la conversation " Pour en revenir à ce que nous disions ce matin, vers trois heures, qu'en penses-tu ? J'ai repensé à ce Dragan qui était chez vous ce fameux soir, et il avait l'air louche, des souvenirs que j'en ai. Il faudrait peut être enquêter un peu sur lui, tu ne crois pas ? Le syndicat est certes un repaire de gens louches, mais celui-ci me le semble tout particulièrement ....

Sinon, je sais bien que tu n'étais pas avec moi, Markus, mais dans la mine des monts de lyrie, nous avons rencontré, avec mon groupe, un simic assez hostile. Lui aussi, il me parait dangereux. Et puis, il n'avait pas l'air d'être un simic de bas-étage. De plus, si je le vois, je le reconnaîtrai. Il faudrait passer à Novijen, un de ces quatre ... Il y a beaucoup de choses que nous nous devons d'éclaircir avant de se quereller inutilement. Et je sens une grande menace planer. Cela m'inquiète. Et cette ombre, au cimetière ... Et ces gens, qui nous ont séquestré, la dernière fois ... " termina t'il, le regard songeur, tout en continuant de déguster son croissant.

Anya prit place à la table où elle était invitée à s'asseoir, mais attendit que Rahinov lui fasse signe de se servir avant d'oser toucher aux viennoiseries. Excepté lorsqu'elle se rendait chez Madame Molya, elle n'avait pas l'habitude de se voir offrir un tel petit déjeuner, et même une fois priée elle se contenta d'un thé léger et d'un petit pain chaud, malgré les suppliques de son estomac vide depuis l'avant-veille - chose déjà fréquente du temps où elle logeait chez Ivan, car le nécromancien se moquait fort des choses triviales comme le manger et le boire, et ne le faisait que lorsque cela était rendu nécessaire, et encore plus depuis qu'elle avait fui chez Vala, car elle se refusait à vivre davantage aux crochets de Dame Vanys et devait donc se débrouiller pour se procurer sa pitance à la fois en évitant les hommes de son mentor et les assassins des Eliev. Au final, cruelle réminiscence des années qui avaient précédé son arrivée chez Ivan, à la seule différence que désormais elle savait se défendre, et surtout elle n'était plus seule. Même si elle réprouvait ses méthodes, elle savait qu'elle pouvait compter sur l'aide de la Matka, et bien évidemment ses amies Vala et Danys étaient toujours là pour elle.

Mais en vérité ce ne furent pas ces pensées qui troublèrent la jeune demi-elfe lorsque le pontife s'adressa à l'assemblée.

Comme ce dernier se taisait et que personne ne semblait vouloir reprendre la parole, elle s'éclaircit la voix, puis osa :

« De bien sombres pensées pour une matinée aussi radieuse, Seigneur, mais vous avez raison de vous en préoccuper. Je ne sais pas grand-chose de Dragan Yuniav, si c'est de lui que vous voulez parler, mais au cours de mes recherches sur Vuliev et Palerchov afin de comprendre ce qu'il s'est passé, j'ai souvent vu ou entendu son nom mentionné. Apparemment, de ce que j'ai compris, ce serait une personne qui fait du commerce d'informations, et il aurait beaucoup de contacts dans tous les milieux et dans toutes les guildes. Je ne sais pas si ce serait une bonne idée de vous attaquer à lui, de ce que je sais sa famille est puissante et influente. »

Elle haussa les épaules d'une manière montrant bien qu'elle n'avait fait que donner son avis, même si la décision finale ne lui revenait certes pas. Tandis qu'elle finissait d'avaler son petit pain, elle s'aperçut que tout le monde la regardait, alors elle reprit :

« En revanche, je ne vois aucun rapport entre lui et la mine de Loreval ou ce lieu de démence, ni même avec le cimetière hanté. S'il existe et que vous en savez plus, je serais fort curieuse d'en apprendre davantage. »

Elle leva les yeux vers Rahinov.

« Mais sur la mine, je pense être à même de vous en dire plus, comme Silviel le sait déjà étant donné que je lui en ai déjà parlé. »

Elle tira de son inséparable besace les feuillets que la chantresse reconnut comme étant le journal des Gruul dont Anya lui avait parlé avant cette funeste expédition à Agyrem.

« Vous savez certainement que j'ai découvert un charnier de cadavres de Gruul dans cette mine, Sieur Rahinov. »

Voyant l'acquiescement du Pontife ainsi que du Prince des Esprits, elle eut la confirmation que Markus avait également consulté les archives de l'expédition de leur groupe.

« Ceci est le journal de ces Gruul, tenu par le chef et le prêtre-shamane. Il en ressort que le Simic n'était pas la réelle menace. Quelqu'un l'aidait. Un mage puissant, et maléfique. Et ses méthodes m'ont paru au départ très similaires à celles que l'on a retrouvées dans le cimetière, ce qui est d'ailleurs la raison première qui m'a poussée à y aller, bien plus que la mise à l'épreuve de mes compétences en nécromancie. Des disparitions et des profanations de tombes. Bon, au final je ne crois pas que ce soit exactement le même mage noir, car autant pour la mine je crois avoir compris ses motivations, autant je vois mal pourquoi il aurait mis en danger son incognito dans cette affaire du cimetière. Mais je peux bien évidemment me tromper. De même, je ne crois pas qu'il s'agisse du même être que celui de ce lieu étrange. Cette fois-là, les cibles étaient bien trop précises. »

Elle hésita avant de continuer.

« Vous me demanderez certainement pourquoi ensuite j'ai effectué toutes ces recherches en secret, quasiment sans en parler à personne. Voyez-vous, ces Gruul, ils m'ont demandé... d'être leur vengeur... Et moins il y aurait de personnes au courant, moins ce mage noir saurait que je le traque. »

" Leur vengeur ?! " Rahinov toussota suite à la surprise qu'Anya venait de lui annoncer. " Si ce que vous dites est vrai, et j'aime à le croire, alors le simic à qui j'ai fait face devait sûrement avoir un lien avec votre mage noir. Et ce mage noir, ne s'étant pas montré ouvertement lors de notre expédition, doit être bien plus puissant que le simic que j'ai affronté. Et même si à cette époque, j'étais beaucoup moins puissant que maintenant, ce simic nous avait tenu tête, à tout un groupe de gens plutôt expérimentés ! Alors si on doit supposer que votre mage noir est encore plus puissant, ni vous, ni moi, avons une chance de l'abattre. Après, peut-être que nous ... Sait-on jamais ... "

Il termina son croissant pour en reprendre un. Un tendre goût parcourait tout le corps du pontife à chaque bouchées que ce dernier prenait du croissant trempé dans son thé au citron. Une fois sa viennoiserie terminée, il but tranquillement son thé, dans un silence de cathédrale, preuve que tout le monde avait faim, et ne prenait pas le temps de palabrer, car un petit déjeuner, chaud, un matin frais, est ce qu'il y a de mieux pour le corps. Quelque chose qui vous maintient le sourire, quelque chose de chaleureux. Et Rahinov n'était pas exempt de cette sensation. Boire son thé le rassurait, décontractait tout ses muscles, et chaque longues gorgée que l'Orzhov buvait se suivait d'une longue expiration de la part du mage. Un long soupir de satisfaction, de soulagement ...

Une fois son repas terminé, Rahinov repu se posta à la fenêtre pour allumer son cigare. Il ne savait pas si la fumée incommodait les gens ici présent, un bon matin de printemps, c'est pourquoi il la recrachait en prenant bien garde à ce que toute sa fumée aille dehors.

" J'ai peut-être une idée, mais elle parait insensée et surtout idéaliste. " Lacha t'il, avec désinvolture, accoudé à la fenêtre. Il marqua une pause plutôt longue durant laquelle ses trois convives s'arrêtèrent de manger pour l'écouter, puisqu'il avait visiblement quelque chose à dire. Et Rahinov le savait, c'est pourquoi il faisait un peu durer cette pause, toujours avec nonchalance, pour reprendre. " Je dis ceci : un groupe est plus fort qu'un individu. Et ce qui nous a manqué dans la mine, comme dans beaucoup d'autre endroit, c'est notre connaissance les uns des autres. Certes, Je connais plutôt bien Markus, et notre Prince des esprits vous avait déjà rencontré avant, mais je parle d'une vraie cohésion. Avec Markus, nous avons réussi des coups qui semblaient impossibles à la base " Il lâcha un regard complice à son ami, la nostalgie de leur coup d'état était toujours présente, et il est toujours agréable de se remémorer les bons vieux souvenirs ... Et quels souvenirs ! Des rats obèses éventrés, le sang mélangé à leur graisse donnait une mélasse rouge orangée sur le sol ... Il s'en souvenait bien, ces mémoires n'étaient pas si loin ... " Et maintenant, nous sommes encore plus forts qu'il y a quelque années. Même si toi comme moi, Markus, nous avons vécu des choses assez noires, regarde-nous à présent ! Nous sommes puissants, et pas seulement. Si vous êtes tous ici, c'est parce que vous êtes les personnes en qui j'ai le plus confiance sur tout Ravnica. Je veux croire que si nos actions et nos pensées résonnent à l'unisson, nous pourront faire de grandes choses, et rivaliser avec cette menace qui gronde. Je parle de mieux se connaître, notamment sur la mentalité, et sur le style que chacun de nous adopte lorsqu'il est en danger. Je ne doute pas, Dame Anya, que vous savez ressusciter les morts, ni vous, Dame Silviel, que vous savez guérir des blessures qui ne pourraient pas l'être auprès de la plupart des guérisseurs de Ravnica, mais vous avez surement bien d'autres talents, qu'il nous faudrait mettre en commun pour pouvoir nous coordonner au mieux ! "

Rahinov souffla un instant, et reprit une bonne bouffée de son cigare, puis une deuxième, puis une troisième ... Il s'arrêta et reprit " Je me suis certes un peu emballé, mais c'est ça l'idée. Former une alliance. Une alliance secrète, inter-guilde, pour pouvoir combattre une menace grandissante à venir. Les Paruns actuels n'ont pas le temps de s'en charger, aussi, notre rôle, c'est de s'en charger à leur place, ou tout du moins essayer. C'est notre devoir envers Ravnica.

Qui en est ? " Répliqua t'il à ses convives.

Markus, qui était resté totalement silencieux, la mâchoire serrée comme un étau et les mains crispées sur le rebord de la table à un tel point que ses jointures en blanchissaient - enfin, étaient encore plus blanches que d'habitude, le teint blafard du sorcier n'ayant pas changé depuis des années - daigna enfin se mouvoir. Se rabattant contre le dossier du fauteuil sur lequel il était assis, il poussa un long soupir.

Spoiler:

« Moi qui souhaitais me retirer enfin des affaires de ce monde, voici que les vieux spectres me rattrapent encore une fois. Je suppose que je n'aurai en réalité jamais droit au Repos. J'en avais déjà eu un aperçu la dernière fois que nous avions été rassemblés, mais en apparence l'histoire ne fait que se répéter. Vous me parlez d'un mage noir aux pouvoirs surpuissants, qui serait une menace pour ce monde, d'événements étranges. Je pourrais quant à moi rappeler également la présence d'artefacts et de magies tout aussi étranges - ou bien devrais-je plutôt dire étrangers. Et curieusement, cela arrive à chaque fois lorsque plusieurs d'entre nous sont réunis. Hasard fortuit ? Je n'y crois pas. Je crois plutôt que quelque chose se prépare. »

Il se redressa, posa les deux coudes sur la table et croisa les bras.

« Je suis certain que tu as fait le rapprochement entre tous ces événements magiques comme moi. Et que le point commun, outre la puissance et l'étrangeté, est l'ancienneté. Nous sommes au tournant du décamillénaire du Pacte des Guildes, comme par hasard. Quel que soit ce mal, il doit juger que son heure est venue. De notre rencontre avec ces hordes d'esprits sous la tour du Nécromant jusqu'à la tombes aux lotus maudits du cimetière, des morts de la mine au cercle de formes noires, il y a un plan dans tout ça. Un plan d'ensemble, mais je ne parviens pas à le saisir. Est-il tout seul, sont-ils plusieurs ? Sont-ils d'ici ou bien d'ailleurs ? Veulent-ils vengeance ou bien pouvoir ? Ou quelque chose de bien plus noir ?... »

"S'ils sont plusieurs, poursuivent-ils le même but, ou s'agit-t-il de plans complètement différents, mais qui sont amenés à se croiser de par leur étendue ? Je n'ai pas assisté à autant d'évènements que vous, Messire, mais nous ne pouvons exclure cette possibilité. Si c'est le cas nous pourrons nous retrouver devant deux situations : soit nos ennemis s'opposent également entre eux, ce qui nous serait favorable ; soit ils s'ignorent, voire s'allient, ce qui nous rendrait la tâche plus difficile encore."

Silviel était intervenue avec l'assurance grandissante qui la caractérisait ces temps-ci. Sa voix, toujours douce et mélodieuse, n'avait pas tremblé. Elle se sentit faiblir un instant en voyant les regards tournés vers elle, mais choisit de les ignorer, et ajouta :

"Si en effet de telles menaces planent sur nous, il nous faudra faire notre possible pour les contrer. Je me joindrai à vous, en espérant être utile."

« Nous ne pouvons risquer de les laisser se développer s'ils sont plusieurs, et encore moins s'affronter. Outre les dommages que pourrait causer leur affrontement, il se peut que le vainqueur en sorte renforcé des pouvoirs de l'autre. Ils seront bien plus faciles à abattre s'ils demeurent isolés les uns des autres. Mais je crains qu'il ne soit déjà trop tard. Le fait que nous ayons été tous quatre confrontés à ces pouvoirs à autant de reprises ne peut que montrer que soit il s'agit d'une seule entité, soit que ces entités soient déjà en rapport, en bien ou en mal. Je vous aiderai donc bien évidemment, et je vous obtiendrai l'aide des Sorciers. Je pense que même le Conseil Fantôme devrait nous venir en aide si la menace s'annonce assez sérieuse pour le Pacte ou pour la Cité et ses habitants, comme lorsque nous avions tenté d'expulser l'ennemi de Loreval. Les neuf guildes devraient nous soutenir. »

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