Le froid, le feu, le sable, le jeu !

Sharkarn :

Le Gruul s'avança dans l'arène sous les vivats de la foule. Le fier guerrier était connu pour être déjà apparu dans l'arène à quelques reprises, en tout cas suffisamment pour être arrivé au niveau intermédiaire des gladiateurs. Et aujourd'hui, il allait livrer son premier combat contre un adversaire de son niveau, contrairement aux petites frappes du niveau dit "novice". Aujourd'hui, et pour le plus grand plaisir de la foule, il combattrait, et vaincrait ou serait vaincu sur le sable de l'arène.
Mais tandis qu'il vérifiait machinalement les attaches de sa spatha, puis de son épée Rakdos, il était intérieurement troublé. En effet, alors qu'il était dans l'antichambre dédiée à la préparation au combat, là où il était censé profiter d'un moment de solitude afin de méditer, de se préparer, ou de prier selon son désir, quelqu'un était venu le voir. Et ses paroles le laissaient songeur ...

Citation :

Et tandis qu'il détaillait son adversaire qui entrait à son tour, Shakarn se dit que son premier combat de niveau intermédiaire commençait bien étrangement.

Aenorial :

Le nécrosage avait été clair. Son contact était un personnage que la Dixième ne connaissait pas bien. Un Gruul d'un clan indépendant, qui avait visiblement insisté pour qu'on le vainque, faute de quoi il refuserait de donner les informations. Non pas que le guerrier constitue la seule personne capable de les renseigner, mais comme il était le seul des nombreux contacts des Clans à ne pas demander d'argent en échange des renseignements recherchés, Aenorial avait tout intérêt à vaincre son adversaire si il voulait contenter ses supérieurs.
C'est avec cette idée en tête que le jeune Dimir entendit la foule acclamer son contact. Il semblait avoir l'habitude de ce genre de facétie. Aenorial imaginait sans peine l'agacement des Dimirs, si ils devaient systématiquement combattre leur contact avant d'obtenir les informations recherchées. Lorsque les vivats prirent fins, la herse devant lui se leva, et il entra à son tour dans l'arène.
La foule l'acclama à son tour, bien que beaucoup des spectateurs, surpris de voir un elfe combattre au niveau intermédiaire lors de sa première entrée à l'arène, préférèrent visiblement prendre parti pour son adversaire. Tout en marchant à sa rencontre, Aenorial eut d'ailleurs tout le temps de détailler celui-ci ...

Son adversaire était grand et bien bâti. Pour l'apparence, il s'agissait d'un Gruul typique, grand, musclé, les traits assez rudes. Cepandant, le Dimir ne savait rien de plus sur son adversaire. Il lui faudrait donc découvrir lui même les points forts et faibles de son opposant. Pour l'instant, l'elfe ne tenterait pas le diable, face à un adversaire de cette taille, un erreur pourrait se payer cher. De plus, et ce durant tout le combat, le rapport de force pure serait à éviter. Aenorial espérait que les informations vaudraient la peine qu'il combatte un tel être, car le combat engagé en face à face n'était pas sa spécialité. Il aurait aussi apprécié que le combat soit vite réglé et que les informations qu'il recherchait soient vite glanées. Malgré cet espoir, quelque chose lui disait, que se soit l'apparence de son contact ou bien l'engouement qu'il semblait susciter dans la foule, que le combat serait long et ardu. Le Gruul n'abandonnerait pas facilement la lutte.

C'est donc conscient de l’âpreté du combat à venir que le jeune elfe vérifia si ces armes étaient bien là. Le contact de son épée contre son flanc, le poids de sa dague contre sa peau, tout était bon. Il se campa don sur ses jambes dans une position anodine pour un observateur extérieur, mais il était prêt à réagir au moindre signe d'agression. Le combat pouvait commencer à n'importe quel instant, le Dimir était prêt.

Une épée dans chaque main, l’incarnation de la guerre fit son entrée sous les cris de triomphe.

La silhouette imposante s’arrêta un instant, jugeant d’un regard hargneux la foule rassemblée. Ses yeux d’un noir d’onyx filèrent entre les rangées de citadins ameutés comme une bande de chacals faméliques, dans l’attende impatiente de la boucherie à venir. Car c’était bien là ce qui motivait tous ces hauts sires, trop arrogants et faibles pour venir tremper leurs doigts dans le sang chaud de l’ennemi. Oh, certes, une poignée d’entre eux l’acclamait sincèrement, l’esprit encore échauffé de ses exploits passés. Mais il n’était pas dupe. Combien ses sens bouillonnaient comme ceux un prisonnier impuissant, de les voir applaudir et s’extasier de ce qui ne regardait que les guerriers. Il aurait voulu les trainer tous à sa place, même si seul un être de son espèce pouvait voir la gloire au-delà du combat frénétique pour la survie.

D’un mouvement qui préludait son triomphe futur, Shakarn Skraal leva bien haut ses lames du carnage, pencha la tête en arrière, et poussa une longue plainte gutturale.

Et il beugla son chant de mort pendant longtemps. Très longtemps. Suffisamment pour que les applaudissements cessent, que les bras des nobles se fatiguent et que des murmures agacés fussent échangés dans les tribunes.
Le sourire de Skraal était celui d’un dieu génocidaire. Un sourire satisfait, le plaisir d’être reconnu pour ce qui l’était. Une menace pour la civilisation, un loup parmi la meute, celui-qui-hurlait-mieux, jusqu’à ce que la proie rende gorge.

Puis son défi s’estompa. Le Champion Gruul remonta lentement la piste sableuse, ses pieds nus laissant une trace imposante dans le sable. Il faisait chaud ce jour là. Il avait à dessein abandonné son armure de cuir souple, non parce qu’il redoutait que son adversaire se soit renseigné sur lui, mais simplement pour ne pas laisser la chaleur le déconcentrer. Quoique pour un pyromancien tel que lui, habitué à la température ignoble des volcans lointains, ce n’était pas le soleil de midi qui constituerait le principal problème.

Il jaugea sa proie, une figure seule, et fragile, et sans rien de remarquable. Ses lèvres se tordirent de dégoût à la vue d’une créature si pathétique, emmitouflée dans une cape et des vêtements de la couleur nauséabonde du pétrole. Ce lâche tenait-il donc à masquer son identité ? Le sang de Skraal ne fit qu’un tour, et alors même qu’il s’était immobilisé à dix mètres de son adversaire –non, de sa future victime !-, sa respiration accéléra sensiblement, tandis que ses épées se relevèrent imperceptiblement, comme s’il comptait frapper avant même le signal.

*Toi* pensa-il alors que son rythme cardiaque s’amplifiait. *Toi tu es…inconscient…Tu te caches…Tu n’a pas d’honneur…Rat d’égout sans valeur tu…me dégoute, je…vais …Tu cache ta corde…Tu…*

Et c’est au moment où il s’aperçut qu’il avait pensé à voix haute que le champion sauvage cracha vers sa future victime, déclenchant dans l’assistance un mélange de rires et de protestions face à un être aussi peu recommandable.

Un petit humain vêtu d'une longe robe brune, à peine assez ample pour lui permettre une grande liberté de mouvement sans pour autant le gêner, s'avança entre les deux belligérants.
"La direction de Kyrma ne saurait être tenue pour responsable d'un quelconque préjudice moral ou physique, d'un décès, ou tout autre désagrément rencontré par les protagonistes du duel."
A ces paroles traditionnelles, les rumeurs qui parcouraient les gradins s'apaisèrent.
"Pour ce duel, les règles standart du niveau intermédiaire s'appliquent. Je vous les rappelle.
La récompense versée au vainqueur sera diminuée de moitié en cas de mort de l'adversaire. Toutes les armes et toutes les magies permises par les lois du Pacte sont permises dans ce duel. Tout abandon, décès, évanouissement entraînera la fin du duel. Tout préjudice subi par le public entraînera l'arrêt des belligérants pour entrave au commerce, mais la direction de Kyrma déclinera toute responsabilité. Aucune limite de temps. Aucune autre limite d'espace que les murs de l'arène. Avez-vous compris et accepté les règles en tant qu'hommes libres de Ravnica ? Si oui, placez-vous chacun à trois coudées de moi, à ma droite et à ma gauche et attendez le signal. Prêts ?"

Une douleur déjà présente. Diffuse. Incertaine. Était-ce l’éclat meurtrier du soleil, qui frappait sa musculature féroce telle la caresse de charbon ardent ? Ou bien les exclamations tantôt hilares, tantôt impatientes de la foule ? Lorsqu’il croisait le regard de ces hauts sires arrogants et autres âmes en perdition, il ne voyait qu’une cruauté non-assumée. Eux n’étaient qu’une nuée du corbeau dans l’attente de la curée. Lui seul était digne du rang de prédateur.

Ou peut-être pas. En dépit de son impassibilité de façade, Shakarn sentait chez son adversaire une tension refoulée, qui n’était pas exactement de la peur. C’était…inattendu. Et déplaisant. L’humain empêtré dans sa cape comme un preneur-de-feu dans son ignorance des lois de la nature, avait l’allure d’un chasseur. Pas l’un de ceux des clans, qui s’aventuraient dans les montagnes pour déloger les drakons de leur tanière. Non. Un chasseur d’une race différente. Plus rapide, il le flairait à sa manière de se déplacer. Plus dédaigneuse des fils qu’il tranchait, il le devinait à son absence d’armes visibles.

C’était un tueur amoureux de l’ombre, adepte des coups vifs qui éliminaient froidement et sans laisser de traces. Au sang séché que les manches négligées de son ennemi laissaient voir, il anticipait le maniement d’armes de courte portée, probablement des dagues…Mais peut-être avait-il tors. Peut-être cette vermine nauséabonde était-elle bien versée dans les arts mortels de la sorcellerie. Ce ne serait pas le premier sorcier dont Shakarn croiserait la route.

Les deux duellistes s’avancèrent près de l’officiel comme le voulait la coutume. Le guerrier sauvage se remémorera avec une certaine délectation ses combats précédant dans l’Arène. Tous lui avaient rapporté richesse et prestige, et même s’il dédaignait l’aisance matérielle corruptrice du cœur, la gloire avait du bon. La dernière fois qu’il s’était retrouvé ici, un curieux orque à la peau grisée et à l’haleine ignoble avait réussit à s’inscrire en dissimulant ses capacités magiques…Le duel avait faillit mal se terminer, mais au final, c’était la tête de la brute qui avait roulé dans la poussière brûlante…

La respiration de Shakarn était de plus en plus bruyante, telle la parade d’intimidation d’un loup alpha à la suprématie contestée. L’impassibilité de son adversaire le tracassait, ou plutôt l’irritait. Et ce masque ridicule qui n’arrangeait rien. Non content de lui dissimuler sa corde de triomphe, le svelte bouffon continuait de masquer tant ses traits que ses intentions. C’était insupportable.

Il renifla en relevant simultanément ses deux lames. Ses yeux luisaient tels deux flaques de pétrole miniature, révélant un état de concentration instinctive mais absolue. En silence, Shakarn analysait une multitude de détails sur son opposant, les points sensibles de son anatomie –les humains n’étaient pas si présents au sein du clan- , les endroits où une lame aurait pu fracasser les os, ou un point sensible aurait pu être rompu. Il ne voyait plus réellement un être vivant doué de sensibilité, mais une cible. Une proie.

Il cru bon de parler avant qu’il ne soit trop tard :

‘Tu ferais mieux de rendre gorge au plus vite, étranger. Car je n’ai…je ne pourrais…’. Il butait avec ces mots en Ravi, et abrégea sa phrase. ‘Pas de pitié pour ceux qui n’ont pas d’honneur.’

L’arbitre se recula lentement, présentant sans peine l’explosion de fureur qui allait se libérer à la manière d’un cyclone de lames et d’agressivité. Il n’avait plus le choix. La provocation était trop totale pour être pardonnable.
Mais alors même qu’il s’apprêtait à charger en libérant une plainte frénétique, l’inconnu dégrafa sa cape d’un geste fluide et la rejeta de côté. Mélange de salut qu’il attendait depuis le début, et d’invitation ouverte au carnage.

Shakarn n’y réfléchit pas à deux fois. Lames le long du corps pour sa fameuse décapitation en ciseaux, il passa à l’attaque en beuglant fièrement le nom de sa guilde brisée.

Aenorial n'était pas réellement impressionné par cette démonstration de barbarie. Il était jute légèrement anxieux pour l'issue du combat. Pendant le bref mais clair discours de son adversaire, il avait dégainé dague et épée.

Mais trêve de pensées inutiles. Un Gruul le chargeait et l'elfe n'avait aucune idée des capacités de son adversaire. Cependant, à en juger par les cris que poussait la foule, il était assez doué pour mériter le soutien des spectateurs. Le Dimir devrait leur prouver le contraire.

De toute façon, Aenorial jugeait l'esquive préférable à la parade. Ne trouvant pas de faille apparente dans l'attaque de son adversaire, sa position lui laissant le temps de frapper le jeune elfe avant que ce dernier ne puisse profiter du manque de protection de Gruul, l'agent de la Dixième attendit le moment propice pour éviter l'attaque d'un plongeon sur le côté.

Sa réception douteuse qui aurait fait pâlir les instructeurs Dimir lui infligea une légère douleur au genou, mais rien de bien grave, elle devrait vite passer. Profitant de l'élan de son adversaire, Aenorial se précipita vers son "contact" et, juste avant que ce dernier n'aie le temps de se retourner, il lui asséna un coup de dague dans les côtes qui laissa un long mais peu profond sillon sanglant sur le corps du Gruul.

Cette action provoqua des réaction diverses et variées dans la foule. Des cris de surprise ainsi que de mépris se firent entendre, ainsi que des marques d'enthousiasme.

A son expression, l'elfe devinait que son adversaire souffrait, et sentait sa colère grandir. Il aperçut également l'arbitre qui les suivait à une distance de quelques pas. Cependant, Aenorial sentait qu'il valait mieux prendre ses distances et commença à reculer légèrement.

Lorsque sa proie lui glissa entre les lames, Shakarn sentit son mépris pour elle diminuer. Brièvement. Car, aussi vif qu’un serpent, l’inconnu bondit dans son dos et le poignarda.

Le barbare ne tiqua pas, mais lâcha plutôt un borborygme qui n’était pas tout à fait un feulement, et certainement pas un gémissement. La plaie était impressionnante plus que vraiment handicapante. Il prit un instant pour maudire sa propre stupidité, car son armure familière l’aurait préservé à coup sûr d’une attaque aussi fourbe.

L’esprit du Gruul était un tourbillon chaotique, où chaque pensée était un loup affamé se jetant sur ses pairs dans une lutte fratricide et mortelle. Il peinait à raisonner clairement tant la haine lui réchauffait les sangs comme un venin ardent. Son adversaire venait de le frapper au dos, avec un poignard ridiculeusement long et affuté. Il grogna.

Le sans-visage l’avait frappé. Lui, un dieu. Dans le dos. Avec un poignard.

Le défi était presque trop grand pour qu’il le conçoive.

Si tous deux avaient été Gruul sur les terres du clan, le combat serait déjà achevé, la cervelle de l’un broyée par la massue de l’autre. Mais il n’avait pas l’intention de faire preuve d’autant de finesse et délicatesse envers cet homme. Il se sentait plus enragé à chaque mouvement de l’inconnu, dont les pas plissé évoquaient davantage une danseuse des tavernes qu’un combattant.

Et c’était tout ce que Kyrma avait encore en réserve à lui opposer ? Il détestait cet endroit. Dans ses rêves, une centaine de tribus envoyaient ses chamans libérer un torrent de magma et briser la cour écarlate des haut sires. Pierre par pierre s’il le fallait.

Mais pour cette heure –il s’humecta les lèvres d’un coup de langue distrait- , il décida que cette vermine dépourvue de nom et d’honneur n’était pas digne de son acier.

Juste après qu’il est planté sa spatha dans le sable surchauffé, deux manas rouges naquirent dans sa main droite, évoquant la naissance de supernovas miniatures. Non que Shakarn connut l’existence d’un tel phénomène, évidemment. L’aurait-il sût, il s’en serait moqué. Les Gruul vivaient dans le présent. Toujours. Ils ne se faisaient pas de souci pour les choses complexes ou hors de leur portée, préférant ordonner leur vie à partir de ce qu’ils voyaient, de ce qu’ils avaient sous la main. Ou au cœur de celle-ci, en l’occurrence.

Prenant une posture à mi-chemin de la garde de combat et du salut martial, le Gruul fit mine de se fermer les yeux et se concentra sur un sortilège simple. Il se rappela des mots du Seigneur des Corbeaux dans la grotte obscure, un son plus proche du roulement du tonnerre que d’une véritable incantation. Les mots de pouvoir se succédèrent en cacade depuis sa gorge sèche, et les flammèches dispersées se tordirent comme des fils invisibles en réponse. Ses mots n’étaient pas du Ravi, ni tout à fait du langage Gruul, mais un mélange de terme anciens et de nouveaux, plus gutturaux et chargés de violence, celle qu’il ressentait dans ses tripes.

‘Du feu de la forge, nous naissons. Les flammes sont nos gardiennes, et nous les amenons au cœur de la bataille, là où se dresse le mur des boucliers. Là où festoient les épées. Elles consument les couards et les faibles…’

Mais sa cible n’avait nullement l’envie de demeurer inactive le temps de son petit tour. Elle s’élança bien avant que le sortilège incandescent de prenne forme, et Shakarn la vit venir sans cacher ni son impuissance, ni son animosité.

Par une espèce de miracle qu’il ne pourrait pas expliquer au terme du duel, il se souvint qu’il avait une autre lame et la positionna de manière à bloquer le coup d’épée destiné à son visage. Les lames se heurtèrent bruyamment en libérant de discrètes étincelles. Il entendit la clameur de la foule retentir lorsque son ennemi le désarma soudainement. Une seconde plus tard, le pommeau de l’arme s’écrasait sur sa mâchoire, déclenchant une vague de rire. Sonné, mâchant sa joue et sentant le goût riche et métallique du sang sur sa langue, il fit un pas en arrière.

*Le sortilège…je dois rester…je…*

Le tueur masqué n’en avait cependant pas finit avec lui. A la manière sournoise d’une ombre liquide, il tournoya sur lui-même et lui porta un nouveau coup, pire que les précédant. De surprise autant que de douleur, Shakarn beugla une plainte de douleur qui lui aurait attiré la mésestime de ses guerriers, s’ils avaient pu assister au spectacle…

Il baissa les yeux en murmurant une prière à l’égard des esprits de l’air et du feu. Le coup ne l’avait pas raté. La dague sentait enfoncée profondément dans son ventre non protégé, libérant du sang et des fluides humains d’une puanteur terrible. Il cligna des yeux, accomplissant des efforts désormais visibles pour se maintenir éveillé. C’était une plaie sérieuse. Il en avait vu beaucoup de semblables sur le champ de bataille.

Seuls les plus forts en réchappaient.

Il marmonna une de ses insultes favorites pour rester en alerte. Il fallait qu’il se secoue, qu’il se batte pour vaincre ou vendre chèrement sa vie, puisque l’homme masqué voulait de toute évidence le voir périr. Dire qu’il ne lui avait offert ni son nom, ni son visage, ni sa corde et sûrement pas sa gorge. Cette somme d’injures ranima un peu du feu qui brûlait toujours en lui, ainsi qu’au bout de ses doigts, s’accumulant sans marquer de pause. Il contrôlait encore le sort. De justesse, mais ça allait devoir suffire.

Son sourire se fit plus féroce. La chaleur le rassurait, elle était précieuse et à cet instant abondante. Il toisa dédaigneusement son assassin, qui reculait à pas de loup, d’une manière qui n’était pas sans rappeler celle d’Asaria Shyviana. Il sourit à cette idée. Si la devkarin avait vent d’une telle moquerie, elle chercherait probablement à lui enfoncer ses dagues dans l’estomac.

Incapable de contenir son ire plus longtemps, le dieu ensanglanté poussa un cri sauvage :

‘Crève !’ jeta t-il en même temps qu’une parcelle d’enfer capable de vitrifier le sable et de fondre chair et acier en une même masse informe et méconnaissable.

Un châtiment décidemment approprié.

Aenorial sentait venir quelque chose de très désagréable et de très... brûlant. Il recula vivement et, heureusement pour lui, il avait mis une distance respectable entre son adversaire et lui avant que ce dernier ne lance son projectile magique et flamboyant. Le Dimir savait que si il était touché par ce sort, il pouvait dire adieu au succès de sa mission et probablement à sa vie, car le Gruul semblait assez fâché contre lui (et le mot fâché était faible).

Par un instinct qui lui sauvait régulièrement la vie, le jeune elfe plongea sur le côté pour esquiver la sphère de feu qui fusait vers son torse. Malgré tout, il avait amorcé son esquive trop tard...

La boule de feu atteignit donc Aenorial, non pas au torse comme l'avait souhaité son lanceur, mais au bras. Le bras droit, qui tenait sa dague. Avec l'impact, le projectile magique explose, mais bien moins violemment que ce que pensait l'agent de la Dixième. Cependant, son bras brûlait. Son bras seulement, pas se vêtements, juste sa chair qui se consumait dans la douleur. Cette même douleur fit lâcher sa dague au jeune elfe.

Sans prendre le temps de penser aux conséquences, Aenorial frotta son bras dans le sable de l'arène pour éteindre le feu. L'effet obtenu fut bien l'extinction de la flamme, mais cela entraîna également un vive douleur liée au frottements sur la brûlure.

La trop grande confiance en lui du Gruul l'avait empêché de suivre son sort pour s'assurer de la défaite de son adversaire. Ainsi, en plus de la distance qui les séparait précédemment, il y avait maintenant la distance sur laquelle Aenorial avait roulé sur le sol.

En attendant la suite, Aelorial canalisa deux nécromanas qui lui serviraient à tenir le Gruul éloigné quelques temps.

Skraal grogna, ses bras lourds et rigides à force de se concentrer sur le mana bouillonnant. Il aurait aimé essuyer la sueur qui tombait de son front large vers ses yeux, troublant un peu plus sa vision. Il n’était certes plus au meilleur de sa forme, mais pas vaincu pour autant. Tout était encore possible pour qui avait l’envie féroce de défier le destin.

C’était le moment, celui que tout guerrier Gruul apprenait à reconnaître et à approvisionner sur le champ de bataille où chantait l’acier. Le moment où les choses basculent, où la peur change de camp et la ligne de boucliers s’effondre, annonçant l’heure du carnage. Mais il n’allait pas faire l’offrande de sa crainte à cet impudent chiot, ni au public qui commençait à lui rendre son mépris assumé. Oui, il détestait ces spectateurs arrogants, aussi inconstants que les tempêtes du désert. A présent, ils se retournaient contre lui à mesure que l’homme au masque prenait l’avantage, le blâmant de surcroît d’éviter le combat frontal pour faire usage de sa magie.

Dans son esprit qui tournait un peu au ralenti, Skraal voyait pourtant clair dans le dédain des corbeaux.

*Ils croient que…ils pensent que moi…je redoute…que j’ai peur de cet…avorton…lâche…que moi je…*

Libérant un feulement de prédateur, il tourna le dos à sa future victime, oubliant momentanément la menace perfide qu’il représentait. Il avait mieux à faire.

Il était Shakarn Skraal, leader de meute de la tribu de la Hache Écarlate. Et tous leurs jeux, leurs ruses, ce plaisir mesquin et détestable, il le foulerait sous ses pieds.

Le soleil brûlait sa crinière rousse, une masse de cheveux hirsutes qui ressemblait à du cuivre en fusion. Il n’en avait cure, tout comme il se moquait superbement de l’Assassin sans visage qui s’était relevé dans un silence total. Il flairait le désir de mort de son ennemi, au sens propre. Son odeur avait changé, et, à sa joie carnassière, la nervosité était toujours décelable.

‘Je l’ai brûlé !’ brailla soudain le barbare, sa voix à mi-chemin du rugissement et du crachat. ‘Les faibles brûlent et les forts vivent, c’est…comme ça que règne la nature. La nature, vous ne savez rien d’elle, haut-sires ! La volonté de prédateur, l’instinct de la chasse en meute, tout cela vous est étranger. Et refusé. Car vous n’êtes que des loques !!’

Il sentit le murmure outré courir dans l’assistance telle une vague enflant pour s’écraser contre une falaise. Se redressant, il alla beugler sa colère ivre contre une autre portion de l’Arène.

‘Je l’ai brûlé, et c’est encore lui faire trop d’honneur. Car cet homme n’est pas un homme, mais une vermine, un rat d’égout putride dont les entrailles fétides nourriront bientôt les chiens errants. Il vous amuse, citoyens de Ravnica ?’ Il lâcha ce dernier nom comme s’il avait été insulte.

‘Il ne le fera plus longtemps. Il n’est pas digne de vivre. Vous croyiez que moi…que je ne suis pas un guerrier, un combattant-né, parce que j’utilise des flammes pour la chasse ? Vous n’êtes que des enfants stupides et capricieux ! Chasseriez-vous le drakôn avec une seule lance ? Alors pourquoi médire de mes talents ?

Je suis un guerrier, un dompteur d’arène, un dévoreur de cité. Et lui va brûler, et souffrir avant, parce qu’il ne fait pas honneur à ses proies, il ne leur montre pas sa corde de triomphe…il…il est…’

Shakarn s’interrompit. Ces quelques mots était probablement son plus long discours en ravi, mais aucun de ceux qu’il conserva en réserve ne pourraient faire entendre et comprendre la haine qui lui ravageait le cœur. Il fit tournoyer sa spatha pour concentrer son esprit sur autre chose, dévisageant froidement l’inconnu qui se rapprochait sans hâte, comme s’il n’était plus qu’un agneau à l’abattoir.

C’était insupportable ! Il bouillait intérieurement, et sa rage tout sauf essoufflée se manifesta par un autre mana d’un rouge écarlate, tournoyant que le feraient ses lames l’instant suivant.

Puisque la foule méprisait ses arts embrasés, il n’allait pas griller l’infecte cafard directement, ni se jeter à l’assaut comme une bête sauvage. Rien de tout cela. Son impatience et son ire étaient retournées contre lui, une force devenu faiblesse, tel la tortue retournée et handicapée par sa dure carapace.

Maîtrisant son souffle, il adopta une garde de combat en apparence statique, invitant sa cible à venir achever ce qu’elle avait commencé. Si ses plaies le faisaient souffrir, il n’en montra rien, ne mima pas un homme diminué pour tromper son adversaire, ce qui était indigne chez les Gruul. Il attendit, sachant que le tueur allait plonger tel le serpent pour mettre fin au duel et le ridiculiser. Mais ça n’arriverait pas, il contre-attaquerait avant, ne laissant pas la moindre chance à un homme au bras brûlé. Et ce n’était pas sa magie insipide qui lui donnerait l’avantage.

Inaccessible au doute, Skraal maudit la lenteur de l’inconnu dont il ne savait toujours rien. Il lui lança des insultes dans son ravi approximatif, disant qu’il s’accouplait avec sa mère et se faisait piser dessus par les vagabonds de la Citerraine, toute sortes de choses basses et répugnantes à même de lui faire perdre son inquiétant sang-froid.

Et si ça ne marchait pas, il lui ferait don d’acier Gruul entre les côtes avant longtemps.

Pendant que que l'inconscient guerrier lui tournait le dos, parlant tranquillement avec son public, Aenorial ne perdit pas le temps qui lui était imparti. Il ramassa sa dague, puis, rassemblant sa concentration, il commença à combiner ses deux manas en une incantation sobre.

Le Gruul avait à peine fini son discours que le jeune elfe relâchait son sort enfin créé. Le temps que celui-ci se déclenche, son adversaire avait pu se mettre en garde.

Aussitôt, ne épaisse brume noir et opaque jaillit du sol autour de celui qu'il considérait maintenant comme sa proie. Une proie qui parut surprise pendant le court moment où le Dimir put l'apercevoir. L'obscurité tenace enveloppa le Gruul trop fier pour prendre une jeune Dimir au sérieux, et étendit son emprise sur un rayon de deux mètres, le centre du cercle étant l'adversaire de l'elfe. Le nuage sombre stoppa son expension à quelques cetimètres du visage de l'agent de la Dixième.

Même si il disposait de quelques temps avant que son sort ne se dissipe, Aenorial décida de ne pas faire de pause, de ne pas perdre de précieuses secondes. Il lança de son bras brûlé la dague qu'il venait juste de ramasser.

Sa cible étant dissimulée, il visa du mieux qu'il put le dernier endroit où il l'avait vu.

Puis, pour éviter que son adversaire ayant la même idée que lui ne l'attaque, il commença à tourner autour du cercle obscur et brumeux, attendant qu'il se dissipe, se tenant prêt à attaquer à la première occasion, dès qu'il verrait son adversaire.

***Tu vas voir ce qu'il en coûte de me négliger et de me sous-estimer.***

Shakarn venait à peine d'admettre que ses yeux ne le trompaient pas, et déjà son adversaire enchaînait son sort d'un lancer de dague, ne lui laissant aucun répit. Le bras blessé d'Aenorial protesta vivement quand il se détendit pour propulser le poignard du Dimir, et le jeune agent de la Guilde des Secrets serra les dents sous l'onde de douleur qui se propageait depuis ses brûlures. Néanmoins, sa dague fila dans le brouillard épais en suivant une trajectoire plutôt réussie.
Shakarn entendit le sifflement de la dague, sans toutefois reconnaître le danger immédiat. Privé de la vue, son équilibre s'en ressentait forcément, même si les sens développés du Gruul lui permettaient de garder une vue d'ensemble. Il trébucha néanmoins, se releva, et ressentit un choc sourd sur son épaulière. Son armure de cuir était certes à l'origine peu destinée à encaisser de telles attaques, mais le patchwork d'équipement que Shakarn en avait fait comportait heureusement une spallière abîmée par le temps, mais qui était encore suffisamment résistante pour dévier la dague. Toutefois, le choc inattendu fit perdre son équilibre au guerrier Gruul, qui tomba, incapable de dire dans quelle direction étendre la main pour amortir sa chute. Tandis qu'il se relevait prudemment, toujours incapable de voir, il entendit une clameur s'élever.
Une rumeur monta effectivement des gradins lorsque le son reconnaissable du métal contre le métal retentit, et que la dague qui avait disparu quelques secondes auparavant dans le brouillard en ressortit en tournoyant, ayant visiblement rebondi contre quelque chose. Elle tomba dans le sable, à quelques mètres d'Aenorial, sans la moindre trace de sang.

La brume était sombre et froide, comme jaillie d’un autre monde, plus sinistre et amer que celui qu’il arpentait. Bien que sèche et déplaisante, elle était un interlude bienvenu à la morsure ardente du soleil, qui, en dépit du temps passé, continuait son œuvre implacable.

Bienvenu, le poignard qui heurta Skraal l’était moins, et ce fut presque avec soulagement qu’il se sentit défaillir à l’impact, ses jambes refusant de lutter. Le choc contre le sable lui coupa la respiration, mais les suivantes furent beaucoup plus calmes. Il se releva en s’appuyant sur un genou, l’esprit envahit de doutes.

Ici, dans ses ténèbres non-naturelles, il ne voyait absolument rien.

Une partie de lui voulait se consumer de haine contre les manigances de l’homme au masque. Ce lâche, anonyme de surcroît, utilisait une vile sorcellerie et des tours de passe-passe pour tenter de l’affaiblir, et la fierté du Gruul était plus que blessée par pareille malveillance. Mais en même temps qu’il l’avait isolé de son adversaire, ce curieux brouillard magique affecta aussi la rage sanguinaire qui l’animait depuis plusieurs minutes.

Il fallait qu’il se calme, pour commencer. La rage aveugle n’avait démontré que peu de résultats face à une proie à la fois agile et retorse. L’expérience l’invitait à changer de tactique, ce qui était la base des principes de survie dans le désert. Le sable lui rappelait cela et, ayant frotté son torse au moment de sa chute, il rappelait de même à l’esprit du guerrier que ses blessures étaient encore bien présentes. Elles l’affaibliraient jusqu’à la fin du duel, en dépit de leur prompte cicatrisation. Mais il pouvait faire en sorte que son organisme robuste se raffermisse davantage. Il en avait le désir et, mieux encore, les mots de pouvoirs adéquats.

Un mana vert naquit dans sa main.

Immobile, ramassé sur lui-même, les yeux clos, le barbare ne se concentrait plus sur le danger, mais sur sa magie sauvage. Il s’était tassé, afin que la radiance émeraude du pouvoir soit atténuée par son corps et par le brouillard d’encre qui, déjà, déclinait. Ignorant où était allé le petit traître, il ne voulait lui offrir nulle indication.

Il se concentrait, assistant de très loin à la naissance de son deuxième mana vert, qui n’était qu’une étape. Ses sourcils formaient une ligne sombre au-dessus de son visage, signalant qu’il était à sa besogne et à rien d’autre. Ce n’était pas un sortilège facile, loin de là. L’espace d’éléments naturels était une lourde contrainte en temps et en volonté, du moins, d’éléments naturels semblables à son foyer (car il répugnait à inclure le rat d’égout et la foule excitée dans sa conception conquérante de la Nature). Pourtant, tout se passa comme par le passé, les lueurs vertes baignèrent son corps alors qu’il émettait à voix basse des sons sifflants et inconnus des citadins. Le pouvoir de régénération allait mettre du temps à guérir totalement ses plaies, si tant est qu’il y parvienne, mais il respirait déjà mieux.

*Maintenant, je vais remporter ce combat* pensa t-il avec une confiance renouvelée.

Shakarn Skraal saisit de nouveau ses épées, et se redressa totalement. La brume se dissipait rapidement, et il distinguait la forme sombre de son rival. Un sourire mauvais passa sur ses traits, et il se remit en garde, cette-fois déterminé à réussir à tout prix ses prochaines frappes.

Ses lames étaient encore vierges, captant l’intensité du soleil qui revenait sur lui, et elles avaient soif de sang frais…

Le Gruul en face de lui semblait avoir repris des forces à l'abris du sort d'obscurité qui l'avait enveloppé. Aenorial ne fut pas surpris. Sa seule déception était que son jet de dague ait échoué, car il aurait pu mettre un terme à ce combat.

Évaluant froidement son adversaire, le Dimir se déplaça pour récupérer sa dague au sol. Au contact du sable, sa chair brûlée le fit souffrir, mais il n'e montra rien. Il était déterminé, le tueur s'était éveillé en lui. L'heure était à la victoire. Il repéra facilement les faiblesses de la défense de son adversaire qui peinait à protéger toute la peau qu'il avait exposée au soleil de l'arène et à la morsure des lames.

Puis l'elfe chargea. Il avait soigneusement calculé ses coups. Pendant les trois pas que devaient le mener à son adversaire, il fit semblant de lancer sa dague vers la gorge du Gruul, ce qui força son adversaire à modifier sa garde l'espace d'un instant.

Cet instant, Aenorial comptait bien l'exploiter. Dès que les bras de son adversaire, de sa proie furent levés, le jeune Dimir frappa. Il plongea sa dague dans le flanc de Skraal et lui asséna un violent coup d'épée derrière le genou, réduisant ainsi sa mobilité.

Le Gruul hurla. Lui seul savait si c'était la douleur, la soif de sang, la frustration ou un subtil mélange des trois qui l'y poussait mais il hurla. Et pendant ce hurlement, la foule se tût. Désormais, le silence était total. Les deux combattant se fixaient, les yeux dans les yeux. Une légère brise vint caresser le visage du jeune elfe. Tout était là... Le froid, le feu, le sable... le jeu!

La fin du combat était arrivée. Le Dimir s'élança. Pendant sa course, il arme le bras qui tenant sa dague, et déclencha le geste pour la lancer. Le Gruul ne tomba pas deux fois dans la feinte, ce fut une erreur, car cette fois, Aenorial lança sa dague, et elle alla se planter dans l'épaule du Gruul. Il était impressionnant que ce dernier tint encore debout.

Puis Aenorial arriva à la distance idéale pour frapper son adversaire, la distance où les coups sont dévastateurs. Il amorça son coup et...

Le sang. Il le sentait. Chanter. Couler. Toute réflexion un tant soit peu sensée abandonnait son esprit à mesure que ses lèvres se tordaient en une grimace mauvaise.

La chose noire rat d’égout, elle…Il l’avait salement cogné oui. Oui il c’était soigné et elle venait de trancher à nouveau, dans son ventre, balafrer, taillader la chair qui sifflait sur le…sous le soleil ardent. Ardent ça. Brûlait dans ses veines, son dos ouvert par un coup vicieux. Oui vicieux.

Skraal grogna, s’ébroua. Ses yeux plissés, sa respiration sèche, l’expression de son visage…évoquaient davantage une sorte d’animal féroce qu’un combattant digne de ce nom. Autour de lui, bondissante, perpétuellement mobile, l’ombre masquée courait, se mouvait comme de l’eau. Le Gruul poussa une plainte qui éventra le silence assourdissant, au moment où une dague s’enfonça juste sous son épaulière. La douleur ne le surpris même pas. Courbée, sa posture anticipait la charge finale de l’assassin. On eut dit l’une de ces bêtes simiesques et exotiques qui hantaient les forêts mutagènes du Cartel Simic. Une créature capable de déchiqueter ses chasseurs, trop stupide pour comprendre qu’elle était en train de mourir.

Le gladiateur barbare vit son adversaire bondir, épée levée, une forme agile qui s’était tenu par prudence dans la direction du soleil. Floue et vicieuse. Mesquine et mortelle.

Skraal beugla un appel au carnage et fit tournoyer ses lames dans une trajectoire oblique. Genoux fléchis, centre de gravité faussé, presque à l’aveuglette. Il frappa lorsqu’Aenorial arriva à sa hauteur.
De toute sa force. Une force qui aurait brisé net un tronc d’arbre.

Hasard ? Adresse ? Toujours est-il que l’acier rencontra l’acier dans un tintement net et éclair. La spatha du gruul écarta l’arme de sa proie tandis que son gladius fondait, pointe en avant, se nicher au-dessus du nombril, traversant le tissu.
Skraal lâcha brusquement la poignée qu’il enserrait de sa main gauche et agrippa son ennemi par la gorge, enfonçant sans pitié son acier dans ses maudites entrailles. Ils restèrent là une demie seconde, dans une macabre parodie d’étreinte, puis le gruul poussa un hurlement qui semblait inciter la foule, la Cité et le monde tout entier à crier avec lui dans une exultation destructrice et sans fin.

Vacillant, il trouva encore l’énergie d’arracher le masque du déchu avant de le pousser d’un geste, l’étalant dans la poussière chaude, et de lui-même tomber, un sourire triomphant aux lèvres, à genoux dans le sable de Kyrma.

Sujet: Re: Le froid, le feu, le sable, le jeu ! Jeu 12 Sep 2013 - 1:05

Aenorial :
Exp : + 16.8, soit 17
Zinos : + 0

Shakarn :
Exp : + 22
Zinos : + 70

Shakarn (crée un nouveau topic ou envoie un MP si tu veux poursuivre cette amorce) :
L'ennemi était tombé, le combat était passé. Rassasiée, la foule avait quitté les gradins, bientôt remplacée par une autre. Les parieurs avait déjà faits leurs jeux, le sable fut sommairement balayé par-dessus le sang. La porte par laquelle Shakarn était passée s'était rouverte. Dans l'encadrure, un des sbires du maître d'arène tenait la récompense substantielle du vainqueur.
Une fois les zinos en poche, le Gruul sortit. La multitude de sang assoiffée de sang et d'argent qui se pressait autour des arènes de Kyrma le bouscula sans le voir, sans se douter que le jeune sauvageon pouvait être le vainqueur du dernier combat. Shakarn dut briser quelques poignets pour décourager les prédateurs qui évoluaient dans cette marée humaine et pour sauvegarder sa bourse durement gagnée. Il avait déjà oublié le craquement sec qui avait retenti quelques minutes auparavant et commençait à se repérer quand une main plus précise que les autres effleura sa ceinture, y laissant un papier. Le temps de se retourner, et le mystérieux malpoli avait déjà disparu, englouti par la foule. Le billet, écrit dans un dialecte Gruul qu'il connaissait bien (non pas avec le sang et la terre, mais avec de l'encre sur du papier : profane !), parlait d'une possibilité de raid inédite, qui lui permettrait soi-disant de couvrir son clan de gloire et d'or. Y était également griffonné un plan très abstrait d'un bâtiment, et quelques notes dans la langue des Shamanes et des Chantresses sauvages. Enfin, il était écrit au dos du papier en ravnican commun :

Citation :: Je vous ai dit quelque chose qu'il vous a probablement plu d'entendre, comme promis. Libre à vous d'en faire ce que vous souhaitez. Ce n'est pas un piège. Je considère donc que nous sommes quitte.

Aenorial :

Ta conclusion se trouve dans le forum Dimir, à Manteaubrume. Enfin, elle s'y trouvera ce soir, promis.