Magic The Gathering-Jdr
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 Un manoir en ruines

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Anya Alnyriev
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Anya Alnyriev


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MessageSujet: Un manoir en ruines   Un manoir en ruines Icon_m18Jeu 28 Juil 2011 - 23:31

En cette matinée du 12 Cizarm 9999, un soleil voilé s’était levé sur la Cité, éclairant d’une lueur pâle les coupoles de Prahv et les clochetons de la cathédrale d’Orzhova, devant laquelle se pressait une foule de fidèles attendant de pouvoir entrer dans le lieu saint pour rechercher la rédemption pour leurs âmes. Peut-être ne la trouveraient-ils pas, en réalité, mais dans tous les cas le vicaire qui se tenait à la porte, recevant les oboles des pèlerins, ne se posait pas la question tant que la somme lui semblait acceptable pour laisser le fidèle pénétrer dans la Cathédrale.
Ce matin-là, un zeppelide de touristes venus d’un quartier éloigné venait d’arriver, et une foule de camelots et de marchands ambulants avait su profiter de l’opportunité pour se ruer sur les voyageurs, ce qui avait provoqué un petit attroupement qui avait dérangé la circulation jusqu’à ce que deux membres de la Ligue Wojek ne rétablissent un semblant d’ordre sur la place.
Ils se dirigèrent ensuite vers un montreur d’animaux qui s’installait dans un coin pour lui désigner un emplacement différent, car celui-ci avait été réservé par un marchand influent dont la caravane approchait à présent.

Bientôt, une joyeuse animation emplit la place comme les stands ouvraient les uns après les autres. Bijoutiers, armuriers, vendeurs de nourriture, artistes de rue, apothicaires, les uns après les autres ils venaient ajouter leurs sons, leurs couleurs et leurs odeurs à l’ensemble. Le marché s’éveillait.
Peu de temps après, les clients venus de toute la cité se massaient devant les étals, et les cris des marchands vantant leurs marchandises emplirent l’air alors que les dernières écharpes de brume se dissipaient, laissant passer les rayons d’un soleil éclatant qui illumina les flèches des tourelles d’Orzhova dont les cloches résonnèrent pour annoncer l’heure.

Sur une place voisine, un chapiteau s’élevait, propriété du grand Irinei Valasaïev, marchand influent qui après avoir fait fortune dans la vente d’épices s’était ouvert à l’art et aux loisirs, et était parvenu à racheter une grande compagnie d’artistes itinérants, leur faisant faire des représentations dans des sections du marché où jamais un autre marchand n’aurait eu une chance d’en faire autant, ce qui enrichissait encore plus le poussah installé sur sa chaise à porteurs et surveillant l’édification du chapiteau en sirotant une boisson fruitée que lui tendait un serviteur.

Un peu plus loin, c’était un jongleur de feu Izzet qui faisait une représentation impressionnante de ses talents devant une foule de badauds abasourdis, crachant grâce à un artifice des flammes avec lesquelles il jonglait à l’aide de cannes de verre multicolores avant de les avaler à nouveau dans un cycle infernal.

Au fond de la même place, un marchand offrait cent zinos à qui tiendrait une reprise contre un guerrier herculéen, sans armes ni magie. Un minotaure Gruul s’approcha et releva le défi, mais après quelques secondes à peine de combat il gisait à terre, le bras pris dans une étreinte d’acier, sous les sifflements des spectateurs attirés par la joute.

Dans la rue voisine, non loin d’un ascenseur menant vers les profondeurs de la cité, c’était un groupe de cinq Golgari qui avait installé leur étal sur lequel était disposé un large assortiment de nourriture gratuite destinée aux multitudes de la cité. Ces produits insipides constituaient malgré leur aspect peu ragoûtant le seul moyen de subsistance de nombreux mendiants et passants dans le quartier. La Guilde des Transactions acceptait la présence de ceux-ci à condition qu’ils reversent un certain pourcentage de leurs gains à la guilde, et bon nombre des sans-abri de la ville s’acquittaient volontiers de cette redevance, tant les conditions de vie du marché étaient meilleures que celles des bas-fonds de la cité, où ils passaient néanmoins pour la plupart d’entre eux leurs nuits, avant de remonter au petit matin vers le marché.

C’est mêlée à l’un de ces groupes de mendiants qu’Anya émergea ainsi de cet ascenseur, qui se trouvait commodément situé à proximité du lieu où elle désirait se rendre. Elle aurait préféré éviter la compagnie de ces êtres pouilleux et parfois malades, mais il était difficile de le faire sans dépenser une somme importante pour soudoyer le liftier, ce qu’elle n’était guère tentée de faire depuis qu’elle avait appris que celui-ci se servait de cet argent à des fins dignes d’un Rakdos. Aussi fit-elle contre mauvaise fortune bon cœur et prit-elle un passage en compagnie des habituels pauvres hères qui faisaient la liaison entre la Citerraine et la ville haute. Elle avait par chance eu droit une fournée relativement propre et en bonne santé, le transport dans les cabines fermées en compagnie de lépreux, de pestiférés ou même de simples personnes vivant dans la soue n’étant pas particulièrement agréable, tout comme lorsque des brutes ou des pervers – et il y en avait souvent – remontaient vers la ville haute. Généralement, il y avait quelqu’un pour protéger les autres passagers mais ce n’était pas toujours le cas, et ça finissait alors souvent mal.

Sitôt sortie de la cabine étroite, elle se dirigea vers la cathédrale, passant devant les cinq pourvoyeurs auxquels elle adressa un signe amical de la main. Elle connaissait deux d’entre eux personnellement, des frères qui avaient été abandonnés par leur père dès le plus jeune âge et qui s’étaient battus depuis pour survivre dans la jungle de la Citerraine. Anya avait toujours trouvé leur histoire suffisamment proche de la sienne pour se sentir une certaine affinité avec eux, et elle leur offrait souvent son aide jusqu’à ce qu’ils soient embauchés par un putré-fermier des champignonnières orientales qui avait besoin de bras pour le transport de ses denrées vers les quartiers hauts, après quoi elle ne les avait revus que sporadiquement.
Anya aurait volontiers dépensé quelques minutes à discuter avec eux, mais de nombreux mendiants harcelaient à ce moment-là les cinq Golgari, aussi elle décida de ne pas les déranger davantage et poursuivit son chemin, s’arrêtant devant le jongleur de feu, puis le montreur d’animaux qui s’amusait à entrer et sortir de la gueule d’une créature étrange à mi-chemin entre un limon, un gavial et un gros chien – encore une création des Simic, probablement.
Passant devant un étal, elle se laissa prendre par la fragrance des épices proposées par le vendeur et en acheta plusieurs sachets avant de se rappeler – trop tard, bien évidemment – que ni Vala ni sa mère n’aimaient ces produits exotiques, et qu’elle-même ne savait pas bien faire la cuisine. Chez Ivan, il y avait toujours quelques pincées de ci ou de ça dans les aliments que celui-ci faisait préparer par son cuisinier zombie – un ancien chef mort empoisonné par un concurrent et dont l’âme avait accepté de retourner dans son corps pour y trouver une seconde vie – et Anya était souvent chargée d’aller chercher les épices les meilleures chez l’apothicaire.
Après réflexion, elle se dit que peu importait, en fait. Elle avait prévu de retourner voir Ivan et se permettrait un voyage en lokopède jusque là. C’était cher, mais le vieux nécromancien ronchon lui manquait, finalement, et si elle devait user ses économies pour cela, elle le ferait. Et au pire elle pourrait se rendre à la Banque Centrale pour retirer de l’argent, bien qu’elle n’eût jamais souhaité le faire, même à présent qu’elle était en sécurité concernant les assassins des Palerchov. Après la mort de Vuliev, le Prince des Esprits Andreiev avait en secret entrepris une enquête qui avait finalement porté ses fruits quelques semaines auparavant. Le document signé de la main du père d’Anya avait été invalidé, et le nouveau testament de la famille Alnyriev dûment signé par la main du successeur de Vuliev à la Banque Centrale, un certain Dragan Yuniav, homme sec au profil d’oiseau de proie, avait été archivé par la Guilde Azorius.
Anya n’avait pas apprécié ce Dragan, qui semblait assoiffé de pouvoir, mais il avait le mérite d’être très strict et le testament qu’elle avait fait valider par l’homme était un modèle du genre. Aussi seuls ses anciens réflexes la dissuadaient-ils de se rendre à la Banque pour y retirer de quoi vivre le restant de ses jours dans l’opulence.
Mais Anya n’était pas ainsi. Elle préférait vivre une vie de dangers et d’aventures, ou au minimum une vie active, plutôt que l’existence oisive des riches héritières Orzhov.

De toute manière, il fallait qu’elle rende visite à Ivan. Elle l’avait promis à Kinay, et elle se fût donnée en pâture à Sisser plutôt que de faillir à sa promesse. En outre, le Prince des Esprits Darkmore tout comme le Pontife Rahinov avaient été enthousiasmés à l’idée de se rendre à Utvara, et lui avaient laissé leurs adresses pour les contacter lorsqu’elle partirait là-bas, afin qu’ils l’accompagnent pour la protéger.
Elle avait trouvé un peu étrange cette insistance de Lord Darkmore à vouloir éviter à tout prix qu’elle s’y rende seule, mais elle avait souvent constaté chez beaucoup une propension à vouloir à tout prix la protéger, comme si elle était une fleur douce et frêle qu’il fallait à tout prix éviter de briser. En réalité, elle ne se sentait ni douce ni vulnérable, mais il était vrai que son apparence physique pouvait le laisser penser. Bien des adversaires s’y étaient laisser prendre et avaient découvert trop tard la dure réalité.

Enfin là n’était pas la question de toute manière. Elle avait un autre rendez-vous, un rendez-vous qu’elle avait trop ajourné également. Cela faisait déjà un an et demi depuis ce jour où elle avait accepté de suivre Silviel pour qu’elle puisse se libérer des spectres de son passé, et jamais plus elle n’avait remis les pieds dans ces lieux, car si sa sœur avait perdu ses spectres, Anya y avait retrouvé les siens. Douleurs des souvenirs de la vie chez Andreï, mais surtout souffrance quant aux terribles événements liés à la trahison du Maître des Esprits Vuliev.
Malgré même les terribles menaces qu’elle avait rencontrées dans ses pérégrinations dans la Citerraine, jamais elle n’avait fait autant de cauchemars qu’à présent. Désormais, toutes les nuits, elle revoyait le visage jovial de feu Lord Largan Darkmore lorsqu’il les avait accueillies, le sourire aimable de Vuliev, et surtout le spectre de la jeune Lara tendant la main vers elle, un instant avant que son frère ne commette l’irréparable.
Toutes les nuits, elle se réveillait les joues baignées de larmes, et elle voyait dans les yeux de Vala que celle-ci s’inquiétait. Mais comment expliquer à celle-ci les terribles événements d’Agyrem sans en retirer souffrance plus grande encore ?

Tout cela expliquait pourquoi depuis qu’elle avait fait cette funeste visite au Manoir Darkmore, Anya n’avait pas osé se rendre à nouveau dans les quartiers résidentiels de la Guilde des Transactions, par mémoire envers ceux qui y avaient trouvé une fin prématurée. Mais à présent Anya avait compris qu’un dernier hommage à ceux qui avaient donné leur vie pour elle serait bien meilleur service à rendre à sa conscience.
C’est pourquoi, alors qu’elle suivait les allées larges et à présent plus calmes car plus éloignées de la vie trépidante du marché, elle apprécia à nouveau la douce nostalgie qui la prit lorsqu’elle passa devant les hautes demeures aux façades ouvragées. À cette heure de la matinée, les serviteurs comme les Princes Marchands avaient déjà rejoint leurs lieux de travail et elle était totalement seule, mais il ne régnait pas en ces lieux l’impression de menace omniprésente dans les ruelles vides de la ville basse, où l’on pouvait se faire couper la gorge d’un instant à l’autre. Tout au plus la jeune demi-elfe ressentait-elle l’influence des enchantements qui émanaient des puissantes demeures et des murs et haies aveugles.

Elle passa devant les hautes colonnades de la maison d’un riche marchand, et sentit peser sur elle le regard lourd des deux gardes en armure d’apparat qui se tenaient devant la porte – ils devaient très certainement s’interroger sur les raisons qui pouvaient pousser une femme seule à passer dans cette rue, surtout avec un diablotin sur l’épaule – puis croisa un jeune scribe croulant sous les rouleaux de parchemin, se dirigeant d’un pas pressé vers la porte d’une grande bibliothèque, et elle dut résister à la tentation de s’y arrêter. Depuis qu’elle avait visité celle d’Adentya, elle s’était découvert une passion pour la lecture de ces vieux textes et grimoires, et elle empruntait régulièrement des ouvrages qu’elle dévorait durant ses longues nuits d’insomnie. Mais là n’était pas son but en cette matinée. Elle devait poursuivre sa route, et passa avec un pincement au cœur sans s’arrêter devant les hautes colonnes de pierre surmontées de têtes de gargouilles et les lourdes portes de bois ornées de dorures.
Enfin sur sa gauche se dressa une haute et impénétrable haie dont la base était cachée par un haut mur de pierre blanche surmonté d’une grille à pointes d’argent. Elle poursuivit sa route le long de la haute clôture jusqu’à ce qu’elle en aperçoive enfin la principale ouverture. Et voilà qu’à présent elle se tenait devant le portail du Manoir Darkmore, seule ouverture visible du haut mur de thuyas centenaires qui entouraient le parc de la résidence. La barrière avait été forcée, mais visiblement le ou les intrus n’avaient pu pénétrer dans l’enceinte du parc. Plus personne n’était entré dans la propriété depuis le funeste incendie qui avait ravagé la demeure et emporté les vies des occupants – du moins était-ce la version officielle de ce qu’il s’était réellement passé. Anya savait bien ce qu’il en était réellement.

Quoi qu’il en soit, les enchantements qui scellaient la propriété fonctionnaient encore, empêchant tout intrus de pénétrer dans la demeure, même par la voie des airs. Des légendes parlaient déjà des personnes qui avaient tenté de forcer le passage et qui en avaient perdu la vie. Connaissant les habitudes qu’avaient les Orzhov de protéger leurs trésors, il n’y avait point à douter que ces racontars recèlent au moins une part de vérité, aussi ce fut avec la plus grande prudence qu’Anya s’approcha du portail, son diablotin familier toujours sur l’épaule, et tenta d’observer le parc de la demeure par les ouvertures ouvragées de la haute barrière métallique. Cependant elle s’aperçut avec déception qu’elle était trop petite pour voir par les jours les plus bas du portail, aussi décida-t-elle de prendre appui sur celui-ci afin de pouvoir se mettre sur la pointe des pieds.
La grille, malgré l’heure encore matinale, était tiède sous la main de la jeune fille, et elle trouva le contact de sa main avec le métal noir décoré du sceau de la Guilde des Transactions assez agréable alors qu’elle se perchait pour observer l’autrefois superbe parc des Darkmore, à présent laissé à l’abandon, mais gardant encore un charme certain par ses tons de vert si rares dans la cité de Ravnica.

Mais à peine quelques secondes s’étaient-elles écoulées depuis qu’elle s’appuyait contre la grille que sans un son celle-ci se déroba soudain, et Anya se sentit happée à travers. Avant même qu’elle n’aie le temps de pousser un cri de surprise, elle s’était retrouvée allongée sur le gravier de l’allée principale, de l’autre côté du portail. Son diablotin n’eut même pas le temps de battre des ailes et de prendre son essor avant de frapper le sol à son tour.

Reprenant ses esprits, Anya se retourna pour constater que la porte de métal noir n’avait pas bougé d’un millimètre, et qu’elle était toujours fermée. En un éclair, la jeune fille fut debout, maudissant sa curiosité, et appuya à nouveau sa paume sur le métal de la grille, pour le trouver aussi glacé qu’il avait paru tiède quelques instants auparavant, et aussi immuable que jamais.


« Et voilà ! J’espère que tu es contente, maintenant, » pépia une petite voix au-dessus d’elle, la faisant sursauter. « J’aimerais savoir comment tu as l’intention de nous sortir de là, parce que j’ai l’impression que c’est mal parti. »

« J’admire ton optimisme, Pherbb, » répliqua-t-elle à son diablotin lorsque les battements de son cœur se furent apaisés.

Cela lui faisait toujours bizarre d’entendre ce qui quelques mois auparavant n’était qu’une simple invocation tirée du néant d’un monde inférieur, à peine plus intelligente qu’un animal, lui adresser la parole. Mais il fallait se rendre à l’évidence, cela pouvait avoir un certain avantage d’avoir des yeux et une bouche au-dessus de soi, et elle avait mis à profit ses études d’autrefois sur l’animation de srânes pour donner une conscience et certaines facultés à son diablotin auquel elle s’était attachée après toutes les aventures qu’ils avaient vécues ensemble, même si le résultat était loin d’égaler celui des srânes des mages et sorciers Orzhov. Elle avait eu cette idée après avoir vu comment cette faculté s’était révélée utile au Prince des Esprits dans le cimetière hanté, mais avait dû longuement rechercher dans sa mémoire et la bibliothèque d’Adentya avant de pouvoir retrouver les anciens sortilèges d’animation de srânes, et cela avait été un travail difficile de les appliquer au petit diablotin, même s’il était toujours plus facile de partir d’un matériel vivant qu’inerte pour l’animation ou la réanimation.
Pherbb s’était ainsi révélé être un compagnon utile à maintes reprises, malgré son caractère assez vif, ses remarques cinglantes et son humour glacé, et Anya n’eût renoncé à sa présence pour rien au monde, excepté peut-être pour l’amour de Kinay, même si à présent elle savait que ce rêve lui était devenu aussi inaccessible que la Lune. Il n’y avait qu’une seule chose en quoi le diablotin avait accepté de changer – tout comme l’avait fait Ivan en son temps, d’ailleurs – c’était sur la propreté. Autrefois l’odeur nauséabonde de celui-ci, quoique bien utile quand il s’agissait de donner une aura maléfique à son personnage, l’incommodait néanmoins tout autant que lorsqu’elle devait abriter des insectes dans ses cheveux eet ses vêtements, mais à présent il était devenu aussi propre que le pouvait une telle créature.
La jeune demi-elfe préférait néanmoins garder le secret sur les dons qu’elle avait offerts à Pherbb, et tous deux s’étaient ainsi accordés pour ne se parler qu’en l’absence de témoins. En temps normal, il ne communiquait que par pépiements, comme autrefois. Anya avait du mal à déchiffrer ce qui était néanmoins probablement un langage, même si au ton elle savait reconnaître un cri de joie, un appel ou un avertissement.


« Quoi qu’il en soit, » reprit-elle, « ce ne peut être plus difficile de s’échapper de ce lieu que d’Agyrem, et je refuse de m’avouer vaincue parce qu’une porte ne s’est ouverte que dans un seul sens et refuse de me laisser ressortir. Pour s’échapper d’une prison, il convient tout d’abord de garder la tête froide et d’apprendre à la connaître dans ses moindres recoins. »

Elle se tut un instant, et lança un regard appuyé à Pherbb.

« Puis j’ai quelque chose à faire en ces lieux, de toute manière. Si je suis venue ici, c’était pour rendre hommage à ceux qui ont souffert en ces lieux. »

« Bel hommage pour eux que de mourir sur leur tombe, » répliqua le diablotin.

« Au lieu de dire des bêtises, » rétorqua-t-elle, « rends-toi plutôt utile et aide-moi à explorer le parc pour y trouver les autres issues. Je vais d’abord au manoir. »

« Ouais, ouais… » acquiesça le diablotin.

La petite créature s’éloigna à tire d’aile, et Anya eut un petit sourire en coin en voyant Pherbb s’élever et rapidement disparaître derrière un bosquet. Elle était parfois un peu dure avec lui, mais leurs disputes ne dépassaient jamais le stade des taquineries amicales.

Une fois le diablotin hors de vue, elle reporta son attention sur son environnement. L’étonnant parc dont elle avait découvert la beauté lors de son premier passage n’avait point perdu de son charme, même si le manque d’entretien depuis plus d’une année avait laissé de nombreuses traces. De ce côté de l’enceinte, la haie était trop fournie, des broussailles apparaissaient au milieu des parterres, les buissons avaient perdu leurs tailles artistiques et des herbes folles apparaissaient à présent entre les gravillons des allées.

Mais le plus terrible changement l’attendait à l’extrémité de l’allée centrale, alors qu’elle se laissait rêveusement errer le long des parterres de fleurs laissant échapper leur douce fragrance dans l’air calme de la fin de matinée, les rayons du soleil légèrement voilé par de fines traînées de nuage réchauffant peu à peu l’atmosphère autour d’elle.
Ce qui autrefois avait été un superbe bâtiment de deux étages en marbre noir veiné de blanc et entouré d’une terrasse blanche à laquelle on accédait par une volée de marches, n’était plus qu’une carcasse noircie et à présent couverte de mousses et de lichens. Rien ne restait plus des larges baies vitrées ni des balcons ouvragés, pas plus que des deux lions sculptés gardant l’entrée. Nulle trace ne se voyait plus de celui de droite, quant à celui du flanc senestre, il lui manquait la moitié du tronc et ses pattes baignaient dans les décombres couvertes de mousse de l’étage supérieur. L’incendie allumé par le Maître des Esprits Vuliev ainsi que le manque d’entretien durant plus d’une année avaient fait leur œuvre.

Anya, le cœur brisé, gravit les degrés de marbre blanc comme autrefois elle l’avait fait lorsqu’elle s’était présentée aux côtés de Jade et Silviel aux portes de la demeure, puis précautionneusement fit le tour des ruines. Ça et là, on voyait des objets apparaître dans les décombres. Ici, le pommeau d’argent d’une lourde canne de cérémonie. Près d’un fourneau encore en bon état, c’était tout un service de cuisine à peine bosselé par sa chute. Encore ailleurs, une table en marqueterie dont un pied avait été arraché par la chute d’une colonne. Là, un pan de mur encore debout supportait encore une étagère dans laquelle s’alignaient encore des calices de verre finement dorés à la feuille encore miraculeusement intacts.
Même si à l’évidence, nul n’était venu en ces lieux depuis bien longtemps, la jeune fille se garda bien de toucher à quelque objet que ce fût dans la demeure brisée, non seulement par crainte des enchantements dont elle sentait encore l’influence faiblissante, mais surtout par respect envers les lieux et leurs anciens occupants. Même lorsqu’elle vit une jolie boîte en bois laqué dont le couvercle avait éclaté et à moitié brûlé révélant une merveilleuse rivière d’argent ornée de pierres précieuses, qui avait très certainement appartenu à Dame Darkmore et qui aurait parfaitement convenu au cou de la demi-elfe, celle-ci poursuivit ses errances, jusqu’à arriver au cœur de ce qui avait autrefois été la cour de la demeure détruite, et qui désormais n’était plus qu’une étendue aux dalles verdies couverte de gravats.

Là se trouvait le seul indice d’une présence postérieure à l’incendie. Une haute stèle de marbre blanc s’élevait au cœur du sinistre, à présent elle aussi couverte de mousse, mais toujours resplendissante au milieu du désastre environnant.


« Ci-gisent les Seigneurs Largan et Tania Darkmore, que l’avidité et la haine de celui à qui ils avaient confié leur vie mena à leur perte. Puisse leur repos être éternel et la mémoire de leurs œuvres au service de Ravnica jamais n’être oubliée, » lut la jeune elfe.

Elle tomba doucement à genoux, inclinant la tête et laissant les larmes à ses yeux rouler le long de ses joues. Elle n’avait pas connu Dame Darkmore, mais le père de Markus lui avait paru être un homme si agréable et sympathique lorsqu’elles l’avaient rencontré et lui avaient demandé l’accès au Quartier Fantôme. Que de souffrances en avaient résulté…
Elle posa sa main sur la stèle blanche, et laissa la magie l’emplir, puis la dirigea vers les milliers de graines alentour. Tout comme lorsqu’elle avait attendu Kinay à la taverne Poldan, la vie naquit entre ses doigts et de longues plantes grimpantes enlacèrent bientôt la pierre, soudain se couvrant de bourgeons et éclosant en inflorescences blanches répandant une douce fragrance qui embauma les alentours.


« Votre fils a œuvré pour le repos de vos âmes, et à présent vous êtes vengés, » fit la jeune fille dans un souffle. « Il ne fera pas défaut à l’honneur de votre famille, je le sais. Reposez en paix, à présent. »
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MessageSujet: Re: Un manoir en ruines   Un manoir en ruines Icon_m18Jeu 28 Juil 2011 - 23:56

« Merci, Dame Alnyriev, » murmura un écho en réponse, « puissent vos jours également être heureux. »

Anya releva la tête, et vit les deux visages souriants des spectres des Pontifes au-dessus du cénotaphe. Lord Largan avait retrouvé sa corpulence d’antan et semblait aussi fin et grand que son fils, quant à Lady Tania, la jeune elfe avait rarement vu aussi souriante personne. La Dame des Darkmore portait une lourde robe d’un bleu très sombre, et avait un diadème d’argent autour de la tête, retenant sa chevelure opulente.

« Tout ce qui est ici est vôtre, » fit-elle. « Markus a tenu à ce que vous soyez récompensée pour ce que vous avez fait pour lui. »

« Seigneurs, je ne peux accepter… Je ne mérite point tant de gratitude… »

« Nous savons que vous en ferez bon usage. À présent nous devons nous retirer. Nos vœux vous accompagnent, » reprit le spectre du maître de céans, et les formes éthérées commencèrent à se dissiper.

« Attendez ! » les implora Anya, mais il était déjà trop tard, les contingences du Conseil Fantôme ayant rappelé les âmes des parents de Markus à leur service.
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Anya Alnyriev
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MessageSujet: Re: Un manoir en ruines   Un manoir en ruines Icon_m18Jeu 28 Juil 2011 - 23:59

Ce fut ainsi la mort dans l’âme que la jeune elfe se détourna de la stèle à présent recouverte de fleurs blanches et retourna dans le jardin.

Errant sans but entre les arbres centenaires et les parterres de fleurs, passant un petit pont au-dessus d’un bassin couvert de nénuphars et de lentilles d’eau, la jeune fille se laissa vagabonder dans les allées de la propriété, encore frappée par les paroles des deux membres du Conseil Fantôme.
Gazouillant, un oiseau coloré passa au-dessus d’elle pour rejoindre sa progéniture dans un nid perché au sommet d’un haut conifère, et la jeune fille s’arrêta plusieurs minutes pour écouter le chant mélodieux, son sourire léger s’affichant à nouveau sur son visage.


***Dieux, qu’il eût été agréable de vivre en pareils lieux une jeunesse protégée, loin des tourments et des tensions entre les neuf guildes,*** songea-t-elle avec une pointe de mélancolie. ***Eût-ce été ainsi que se fût écoulée mon existence si Maître Vuliev n’avait point vu le jour, ou n’eût rien su de son ascendance ?***

Mais nul ne pouvait apporter une réponse à telle interrogation, car le temps n’était certes pas malléable au point de pouvoir être remonté comme une horloge, et malgré l’existence certaine d’irrégularités dans celui-ci – il suffisait de voir les différences entre Ravnica et Agyrem – il était impossible de revenir en arrière pour prévenir les erreurs du passé. Tout au plus pouvaient-elles être imparfaitement réparées.

Anya aperçut dans une allée transverse un banc, et décida de profiter encore un peu de cet environnement merveilleux à ses sens. Il n’était quasiment nulle part ailleurs en la Cité de jardin aussi beau ni aussi ancien, surtout ainsi planté d’arbres centenaires.


***Quel dommage,*** réalisa-t-elle avec un soupir en s’appuyant contre le dossier de l’ouvrage sculpté en un métal dont la fraîcheur paraissait agréable sous les à présent chauds rayons de l’astre du jour, ***que tous ces lieux, excepté la Citarborescence même, ne soient plus que le siège du repos des morts. Il faut croire que les plantes libres n’appartiennent plus qu’à un passé révolu.***

Elle se laissa doucement porter à la somnolence en écoutant le chant des oiseaux et le vent dans les branches, sons qui paraissaient étranges après la bruyante rumeur de la grande cité, que l’on percevait à peine à travers l’épaisse enceinte du parc. Là où elle se trouvait, nul n’eût pu soupçonner qu’elle se trouvait au cœur de la ville, excepté lorsque les cloches de la cathédrale d’Orzhova que l’on distinguait entre deux arbres sonnèrent à toute volée le début d’un office religieux. Mais bientôt le calme revint, et la jeune elfe sombra dans le bienheureux oubli du sommeil, où pour la première fois depuis bien longtemps les spectres du cauchemar ne vinrent pas la troubler.
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MessageSujet: Re: Un manoir en ruines   Un manoir en ruines Icon_m18Ven 29 Juil 2011 - 0:05

« Ma douce Dame, êtes-vous donc enfin venue ici pour vous libérer des démons du souvenir qui troublent votre cœur et pour prendre possession de ce qui vous revient ? »

Anya, réveillée en sursaut, poussa un petit cri. Elle n’avait pas entendu venir la personne qui se tenait devant elle. L’après-midi était désormais bien avancée, et les ombres des arbres s’allongeaient à présent sur le parc, mais le banc où elle se trouvait, tout comme le visage souriant du nouveau venu, étaient encore en pleine lumière.
Flottant libre au vent, sa cape noire était brodée de fils d’argent dessinant le symbole de la guilde Orzhov, que l’on retrouvait dans le fermoir qu’il portait au cou. Sous celle-ci, cependant, il portait un mantelet de soie bouffante d’un ton brun foncé, tout comme son long pantalon. Aux pieds, il portait de longues poulaines attachées en leur extrémité par un mince fil d’un noir de jais.
Ses longs cheveux aile de corbeau impeccablement tressés tout comme sa barbiche finement taillée en pointe, étaient maintenus ensemble par un fin bandeau d’argent. Ses yeux brillaient, étoiles bleues dans son visage très pâle, et fixaient la jeune fille d’un regard pénétrant mais amical, tout comme l’était son sourire et sa main gantée tendue vers celle de la demi-elfe.
Il prit un air contrit en voyant la réaction d’Anya.


« Je regrette de vous avoir fait peur. Veuillez me pardonner, ma Dame, il n’était nullement dans mes intentions de troubler vos pensées ni votre repos. »

« Sire Darkmore, » répondit celle-ci après avoir repris ses esprits et en lui rendant son sourire, « vous êtes tout excusé. C’est en vérité à moi de vous demander pardon pour mon intrusion en votre domaine. »

« Dame, ceci est vôtre, à présent. Mon cœur s’est réjoui de vous voir heureuse ici, lors même que ces lieux ont perdu leur ordre ancestral, et c’est avec joie que je vous les ai cédés, sachant que vous les apprécieriez. »

« Seigneur, votre générosité me va droit au cœur, mais je ne puis accepter tel don, je n’ai rien fait qui puisse me faire mériter cela. »

« Votre perfection a conquis mon cœur, ma Dame. Ne sachant quelle fleur vous conviendrait le mieux, je vous en offre un jardin. »
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MessageSujet: Re: Un manoir en ruines   Un manoir en ruines Icon_m18Ven 29 Juil 2011 - 0:13

Incrédule, Anya écarquilla les yeux. Il était sérieux, en plus ! Jamais elle ne l’eût imaginé s’amouracher d’elle. Pour la jeune elfe, le terrible Prince des Esprits était inaccessible, comme tous les grands de ce monde. Jamais elle n’aurait pu imaginer que son cœur pût être sensible aux charmes d’une jeune femme d’une famille déchue et de plus d’une autre guilde, qui plus est de l’une des guildes traditionnellement chaotiques. Pour elle, il était un protecteur qui avait accepté de lui venir en aide en mémoire d’une amitié et d’une alliance passée entre leurs deux familles.
Son regard se promena sur ce visage étroit encadré par des favoris soigneusement taillés, ces sourcils fins surmontant des yeux d’un bleu très pur où brûlait la flamme du véritable Amour.


« Mon Seigneur, » fit-elle en posant sa main sur son cœur, « je ne puis… »

***Tu aimes un autre…*** se forçait-elle à penser. Mais une part d’elle-même l’incitait à se laisser aller aux sentiments qu’elle ressentait pour cet homme à présent à genoux devant elle. Tant de fois déjà le Prince des Esprits lui avait-il montré sa dévotion, comme elle le voyait à présent.

« Je n’oserais forcer votre cœur, et sais que celui-ci m’est inaccessible, car je connais et respecte votre amour pour Kinay. Mon seul souhait à présent est de vous rendre tous deux heureux. Nommez votre désir, et s’il est en mon pouvoir de le réaliser, je le ferai. Et si celui-ci est que je vous laisse, alors je quitterai ces lieux et jamais plus ne vous importunerai-je. »

Ces mots allèrent droit au cœur de la jeune fille, et elle saisit la main de Markus.

« Mon Seigneur, je vous promets que jamais vous n’aurez à entendre ces mots de ma bouche. Je mentirais en vous disant que vous m’êtes indifférent, et un départ définitif de votre part m’affecterait bien plus que je ne voudrais me l’admettre, tout comme je l’avais craint après que nous n’eussions échappé au piège de Maître Vuliev – »

« Par pitié, ne prononcez pas ce nom, » l’interrompit le Prince des Esprits dont les traits s’étaient tirés à l’évocation de celui-ci. « Tant de souvenirs horribles et douloureux s’y raccrochent. »

« Je vous demande pardon, Seigneur. Mais n’est-ce point erreur que de se reposer sur un passé douloureux plutôt que de passer outre après en avoir tiré expérience ? »

« Certes, je vous l’avoue, ma Dame, vos paroles sont emplies d’une grande sagesse. Mais à ce nom j’eusse aimé ne jamais plus avoir à penser, car son sang me tache encore les mains et le cœur. Malgré sa traîtrise, il a longtemps été pour moi comme un second père, un oncle sur qui je pouvais me reposer, un ami très cher comme Rahinov ou Kinay, ou bien à présent Silviel et vous-même. J’ai à la vérité toujours été très seul, et compter sur votre soutien m’a été grand réconfort. »

Pour la troisième fois, Anya se sentit bouleversée au plus profond de son être. Le Prince des Esprits qui aux yeux du monde paraissait si froid et insensible lui ouvrait à présent complètement son cœur et son âme, tout comme l’avait fait sa sœur d’adoption autrefois.
Mais à présent c’était à son tour de se retrouver déchirée entre son amour pour le nécromancien Golgari et les sentiments de plus en plus forts qui l’attiraient vers cet homme qui avait perdu toutes ses raisons de vivre et qui se raccrochait à elle comme un humain perdu dans l’obscurité de la Citerraine à la flamme tremblotante de sa lanterne.
Involontairement, elle chercha autour d’elle une solution à ce dilemme et promena son regard sur le parc qui l’entourait, dont les plantes libéraient leurs douces senteurs sous les rayons du soleil déclinant, sur les cieux vierges de tout nuage hormis les rares traînées de condensation laissées par des observosphères Izzet naviguant à très haute altitude.
Non loin au-dessus d’eux, deux rocs passèrent, transportant à vive allure des courriers Boros, puis en sens inverse ses yeux d’elfe distinguèrent le vol d’un faucon messager portant la livrée des Ivanov, une famille Orzhov aisée qui avait la mainmise sur une part importante du trafic postal ravnican. Au-dessus des tours d’Orzhova dont les ors brillaient de mille feux dans la lumière orangée de la fin d’après-midi, un groupe de jeunes gens s’amusait à faire des pirouettes aériennes sur le dos de leurs montures ailées. Masquant brièvement l’astre du jour, un énorme zeppelide de transport passa, son ventre chargé de passagers et de caisses de marchandises. Un autre parut sur l’horizon oriental et survola majestueusement le parc avant de se diriger vers le Centre, frôlé au passage par l’un des jeunes gens.

Mais toute cette activité aérienne au-dessus d’elle ne l’aida pas à prendre sa décision, et lorsque son regard retomba sur le visage du Prince des Esprits elle resta de longs moments immobile.


« Ma Dame, je vous vois bouleversée. Veuillez me pardonner, je vous prie. Mon cœur transi d’amour pour vous ne peut se résoudre à vous celer les tréfonds de mon âme, mais je crains qu’ils ne soient que source de tourments pour vous. »

La jeune fille finit par répondre d’un ton doux :

« Cela est tout à votre honneur, Seigneur. »

« Ne m’appelez pas ainsi, je vous prie. Je ne mérite pas ce titre, ma Dame. Je vous en prie, appelez-moi Markus, ainsi que le font mes amis, et comme j’aurais plaisir à l’entendre de la bouche de l’être aimé. »

Anya devint cramoisie à ces mots.

« Je n’oserais manquer de respect à votre auguste personne en vous privant de votre titre. Malgré ce que vous considérez comme des erreurs et qui n’ont à mes yeux été que malheureux concours de circonstances, vous avez cent fois mérité votre place parmi les grands de ce monde. Mais puisque tel est votre souhait, c’est avec plaisir que je vous nommerai par votre nom, et que je vous prie de m’appeler par le mien. La famille Alnyriev n’est plus noble que par le nom. »
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MessageSujet: Re: Un manoir en ruines   Un manoir en ruines Icon_m18Ven 29 Juil 2011 - 0:20

« Mais peut-être considérez-vous celle des Darkmore comme l’étant encore, aussi accepteriez-vous de porter notre nom, sinon en tant qu’élue de mon cœur, au moins en membre d’adoption de ma famille ? »

La jeune demi-elfe croyait qu’elle ne pouvait pas rougir davantage qu’elle l’avait fait aux paroles précédentes du Prince. Elle se trompait.

« Seigneur… Markus, » se reprit-elle, « je vous remercie du fond du cœur pour cette offre qui s’il en était encore besoin me démontre la profondeur de vos sentiments et de votre dévotion pour moi. Nul être ne saurait y rester insensible. Je n’ai malheureusement rien à vous offrir en retour pour le moment, sinon mes humbles remerciements. Mon cœur saigne de devoir vous demander un peu de temps pour prendre ma décision, car les sentiments que je ressens pour Kinay sont tout autant profonds que ceux que je ressens à présent pour vous. »

Markus à ces mots s’inclina profondément devant la jeune fille, et portant la main de celle-ci à ses lèvres y déposa doucement un léger baiser.

« Je m’en remets à votre jugement, Dame de mon cœur, douce Anya, et vivrai cette attente comme la dernière épreuve qui me libérera enfin de mes tourments. »

« En ce cas je veillerai à ce qu’elle soit la plus courte possible, Markus. »

Ce fut à cet instant que Pherbb, avec le sens de l’à-propos caractéristique des diablotins, reparut, avec l’air défait qu’il avait pour habitude d’arborer lorsqu’il échouait dans sa mission.

« Ce n’est pas grave, Pherbb, » fit Anya à la petite créature. « Je suppose que notre hôte sait aussi bien ressortir de chez lui que d’y entrer. »

Markus eut un petit rire en réponse au clin d’œil de la jeune elfe.

« À vrai dire, comme vous n’aviez pas encore signé l’acte de cessation de propriété, je ne m’attendais même pas à ce que la porte vous laisse entrer. Vous êtes passée à travers, n’est-ce pas ? »

À l’acquiescement d’Anya, il reprit :

« Je m’en doutais. Notre portail a un sens de l’humour douteux, depuis qu’il a été enchanté pour ne plus laisser entrer les intrus. Mais il est bien d’autres moyens que les voies conventionnelles de venir ici ainsi que d’en repartir. Et il serait malséant de ma part de ne point vous faire découvrir les secrets de votre nouvelle propriété. Ma Dame m’accorderait-elle la permission ? » fit-il en tendant le bras à la jeune fille, qui l’accepta avec un sourire radieux.

Après que le diablotin se fut à nouveau perché sur l’épaule de sa maîtresse, Markus mena alors celle-ci le long d’une allée transverse qui paraissait assez peu usitée même du temps où la demeure principale était habitée, jusqu’à ce qu’ils atteignent deux serres encore intactes mais aux vitres verdies par la mousse omniprésente, adossées à un bâtiment vide qui autrefois avait dû abriter les logements des serviteurs, et dont le rez-de-chaussée était occupé par les écuries, à présent vides et silencieuses.


« Dans ces serres, le vieux jardinier de Père cultivait les fruits et les légumes qui nous étaient servis aux repas. Il est regrettable que j’aie dû m’absenter si longtemps et que les plants soient retombés à l’abandon. Tout le personnel qui vivait ici est parti après l’incendie du manoir, et bien que j’aie pu à nouveau embaucher une partie d’entre eux à Valyuchin, il est improbable qu’ils souhaitent revenir après ce qu’il s’est passé. Mais si vous le souhaitez je n’hésiterai pas à vous aider à financer le personnel dont vous aurez besoin pour tout remettre en état. »

« Au fait, que sont devenus les esclaves qui travaillaient ici ? » interrogea Anya.

« J’ai affranchi ceux qui ne désiraient pas me suivre à Valyuchin. Mais la plupart d’entre eux sont morts dans l’incendie ou ont été tués par Vuliev alors qu’ils protégeaient Père et Mère, comme me l’ont révélé leurs spectres. J’ai érigé une autre stèle en leur nom dans notre petit cimetière, je vous montrerai quand nous y serons. »

« Vous êtes généreux. Bien des Orzhov ne considèrent leurs esclaves que comme du bétail. »

« C’est une attitude assez répandue, en effet, mais mes parents la réprouvaient, et suivant leur exemple je tiens à ce qu’ils vivent et travaillent dans des conditions correctes. Mais il faut dire que nous n’achetions que la meilleure qualité, généralement des personnes dont la famille s’était trop endettée et que leurs créanciers avaient par conséquent asservies, et ils méritaient ce traitement de faveur par leur travail qui ne laissait que rarement à désirer. Il faut dire que les Darkmore ont toujours été généreux envers ceux qui nous servent bien, mais impitoyables pour les autres. »

Markus disait cela d’un ton détaché, comme si cela était normal pour lui, mais il ajouta en voyant Anya se mordre les lèvres :

« Cela peut paraître cruel à vos yeux, ma Dame, mais nous y sommes plus ou moins obligés. Comme un enfant, un esclave ou un serviteur a besoin qu’on lui enseigne des limites sinon il se croit tout permis. »
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Anya Alnyriev
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MessageSujet: Re: Un manoir en ruines   Un manoir en ruines Icon_m18Ven 29 Juil 2011 - 0:25

***Et bien, voici un aspect de la personnalité de Markus qu’il faudra changer s’il veut rester à mes côtés,*** songea Anya, alors que son guide l’emmenait découvrir les dépendances autrefois usitées par les serviteurs et les esclaves de la maison Darkmore.

« Et comment punissiez-vous ceux qui transgressaient les règlements ? » demanda-t-elle d’un ton innocemment neutre.

« Rassurez-vous, personnellement je n’ai vu que des punitions par flagellation ou mise au pain sec et à l’eau, ça allait rarement plus loin. Mais il est néanmoins arrivé qu’on renvoie des personnels vraiment mauvais dans le marché aux esclaves à tout faire, et souvent ils finissaient aux mines. »

La jeune fille grimaça. Les conditions dans les mines étaient proprement infernales – elles étaient d’ailleurs souvent tenues par des Rakdos.

« Heureusement, ce n’est pas arrivé fréquemment, et uniquement pour des crimes graves, comme des vols d’objets précieux ou d’argent. »

Markus s’interrompit à la vue de la moue de la jeune fille.

« Pardonnez-moi, je suppose que vous ne croyez guère en la valeur de l’argent après ce que la fortune de votre famille vous aura fait souffrir, et je vous comprends. Mais pour les Orzhov, la fortune a plus de valeur que la vie même. J’avoue avoir été élevé dans ces préceptes, et tâcherai à vos côtés de faire abstraction de mon conditionnement. »

Il eut un soupir de soulagement intérieur en voyant le visage de l’être aimé se détendre.

« Je ne vous assure pas d’un résultat immédiat, mais vous savez à présent que je ferais n’importe quoi pour vous complaire. »

Sur l’épaule d’Anya, Pherbb poussa un bref hululement.

« Pherbb, veux-tu bien te taire ? » le réprimanda sa maîtresse.

Markus eut un petit rire.


« Je me doutais bien qu’il nous comprendrait. Vous l’avez modifié, n’est-ce pas ? Est-il capable de parler ? »

Anya hésita longuement avant de répondre affirmativement. De toute manière, le Prince des Esprits aurait fini par l’apprendre tôt ou tard.

« Vous avez conservé d’étonnants dons pour la magie Orzhov, Anya. Décidément, vous n’avez pas fini de me surprendre. »

Anya rougit au compliment.

« Merci, Seigneur – Markus. Mais je dois avouer que parfois j’aimerais aussi qu’il se taise et reste discret. »

Elle eut un regard faussement courroucé en direction de la petite créature, qui en réponse s’envola et lui tira la langue.
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