Une simple visite de courtoisie

Dix heures du matin. Le soleil dégageait enfin l'horizon embrumé qui se trainait à l'horizon depuis le début de la matinée. La sénatrice était volontairement venu tôt. En demandant, ou plutôt en exigeant, auprès des Golgari de savoir où elle pouvait trouver sieur Asmodée, on lui avait dit de venir tôt. Jamais auparavant un simple Golgari aurait pu exiger cela d'elle mais... Elle avait appris à se faire légèrement plus discrète. Surtout depuis qu'ils commençaient à mettre sur pied leur nouvelle coalition. Faire profil bas. Eviter de se faire remarquer. Un nouveau mode de vie. A dix heures, elle avait toutes ses chances pour rencontrer le jeune homme.
Malgré tout, elle n'aimait pas les quartiers Golgari. Peut-être était-ce parce qu'elle n'avait pas eu l'habitude, parce qu'elle n'y avait pas grandi. Le bruit persistant de ses bottes frappant le pavé achevait de la troubler. Un silence pesant ce matin. Peut-être parce qu'un Azorius passait également. On les voyait peu dans les parages. Surtout une Azorius de sa trempe. Elle était habillée modestement, mais il se dégageait tout de même d'elle une certaines prestance. Sans aucun doute possible, il s'agissait au moins d'un personnage quelque peu influent. Pourtant, elle aurait donné beaucoup de choses pour éviter d'être ici. Mais il fallait montrer sa loyauté à la guilde. Chose difficile et ô combien fastidieuse, mais nécessaire. Elle devait mériter sa place de sénatrice. Et pour cela, elle n'avait pas le choix. Or, l'affaire qu'on lui avait proposé semblait taillée pour elle. D'autant plus que peu de personnes choisissaient volontairement des affaires traitant des Golgari. Grâce à cela, elle allait certainement s'attirer l'affection de quelques personnes. Parfait.

Les trois coups frappés sur la porte résonnèrent dans la demeure d'Asmodée. Enfin, elle était arrivé. Le Golgari devait sûrement être chez lui. Ou en train de rentrer chez lui espérait-elle. Il fallait que cette première hypothèse soit la bonne... Ne pas avoir fait tout ce chemin pour rien...

[hrp]Soit. Je vais broder.[/hrp]

Asmodée avait pris quelques jours de repos. C'était chose rare pour lui, mais il avait besoin de calme pour réfléchir à sa situation. Et l'épisode de son agression l'avait contrarié. Un assassin sur qui on passe un contrat, voilà qui est peu commun. Le sicaire devait s'améliorer, devenir plus fort et surtout, pouvoir anticiper de pareils traquenards. Mais auparavant, il lui fallait analyser les faits. Que ce fiasco total puisse au moins lui apporter quelque information.
On frappa à la porte. Le bruit, significatif d'intrusion, le dérangea dans ses pensées. Qui venait donc le déranger ici ? Y avait-il une mission urgente, ou s'agissait-il seulement d'un badaud qui s'était trompé ? Il considéra rapidement l'espèce de petit chalet qu'il occupait. Mis à part la cible qu'il avait accroché à une poutre et la cape pourpre qui pendait à une patère, rien ne permettait de l'identifier. Il accrocha un manteau brun par-dessus la cape, et retourna s'asseoir avant de lancer :

"Entrez !"

La sénatrice poussa la porte avec soulagement. Elle n'allait pas avoir à revenir. Tant mieux. Elle resta toutefois sur le seuil, sans entrer davantage, et lança d'une voix forte :

"Je viens de la part de la guilde Azorius. Ais-je affaire à messire Asmodée Baxu, Golgari de son état ? Je suis là pour une raison particulière... Je suis Aëlys Eléria. Nous nous sommes déjà croisés. Je viens également pour raison personnelle. J'apprécierais pouvoir vous parler en face, mais je ne me permettrais pas d'entrer chez vous sans que vous ne m'y autorisiez plus avant."

Asmodée cilla. Aëlys Eléria. L'Azorius du cimetière Vosteras. Une affaire qu'il n'aimait pas trop à se rappeler. Que pouvait bien lui vouloir une Azorius ? Il se reprit rapidement : il n'avait rien à se reprocher. Et peut-être même quelque chose à gagner, il verrait bien.
*Sohgar, suis attentivement ce qui va se passer et enregistre le moindre détail.*
"Bien sûr, entrez !", dit-il en se composant un sourire de politesse et en s'effaçant de l'encadrement de la porte. Il apprécia la courtoisie de sa visiteuse impromptue."Vous excuserez le manque de confort, mais j'ai l'habitude de vivre en spartiate."Tandis que la vedalken entrait et détaillait le logement du Baxu - ce qui ne lui prit pas beaucoup de temps - le grand devkarin versa deux verres de son vin de champignon aux épices personnel, le seul alcool qu'il tolérait. Le goût âcre des épices lui avait plu, et il avait pris l'habitude d'en avoir en permanence au frais.
Il tendit une des deux coupes de fer lisse, dépourvues d'ornements, à Aëlys, et but une petite gorgée de l'autre.
"Vin de champignon. J'espère que les goûts violents ne vous gênent pas. Personnellement, je suis un grand amateur.
Mais assez parlé œnologie. Que me vaut l'honneur de votre visite, sénatrice ? Corrigez-moi si je trompe sur votre titre."
L'Azorius n'était venue que pour lui demander une signature, pour une décharge de responsabilité. En l'occurrence, il s'agissait de ce Simic aux rêves utopiques qu'il avait été contraint d'éliminer, agissant dans l'intérêt des Golgari autant que dans celui des Gruul, par ailleurs. Mais c'était étrange : en temps normal, une telle missive aurait été apportée par un sous-fifre, et une sénatrice ne se serait jamais dérangée pour une telle besogne. Même si les coursiers ne devaient sans doute pas se bousculer pour apporter le courrier au campement des spectres ... Asmodée signa de deux initiales enluminées au bas de la feuille.
"Bien, à présent que la raison professionnelle est derrière nous, parlons un peu. Vous avez dit avoir une raison personnelle, et j'ai moi aussi une question à vous poser. Non, deux en fait.", se ravisa l'ascète.

Sujet: Re: Une simple visite de courtoisie Mer 28 Sep 2011 - 19:24

[Hrp :] Annulée. [/Hrp]