Un Manoir presque abandonné [Terminé]

Décidément cette Jade avait pas mal de chose à cacher. A la fois gruul et orzhov, mais à quoi jouait elle ?
Ne pensant plus à tout cela, Konokha se contenta d'attendre toute réaction que des personnes auraient pris afin de débuter leur mission. Il n'allaient tout de même pas attendre une journée pour se décider de ce qu'ils allaient faire.

"Bien je pense que nous pouvons entrer dans le manoir n'est ce pas ? Personne ne s'y oppose ? Vous semblez tous si calme, on dirait que vous avez peur !" conclut il avec un léger sourire en coin.

Pendant un léger instant il crut que personne ne l'avait entendu.

"En plus je pense que vous devez être contente Jade ? Vous avez dument obtenu ce que vous vouliez."

Agacé que personne ne daignât prendre la parole pendant un moment déjà, il s'avança en direction du manoir et grimpa les trois petites marches devançant la porte du bâtiment.

*Bon si je me bouge pas, je vais devenir une statue moi...*

Pensant à autre chose il regarda le ciel et murmura mais personne ne l'entendit :

"Bon sang que fait il..."

"Un souci ?se moqua gentiment la gruul en dépassant Konokha. Vous paraissez bien soucieux. Peut-être devriez-vous prendre quelques jours de repos." finit-elle ironiquement. Puis, alors qu'elle avait déjà gravit les marches du premier escalier, elle se retourna vers le reste du groupe.
"Notre attente en ces lieux a assez duré. Il est temps pour nous de réagir, et de commencer notre mission.
Allons jusqu'à ce manoir, nous aviserons ensuite."

Silviel s'approcha à son tour du petit groupe sur les marches et inclina timidement la tête vers Illith.

"Je suis d'accord avec vous... Nous serons sans doute plus efficaces et mieux protégés en groupes. Puis-je vous demander de vous joindre au mien ?"

Cette étrange femme l'intriguait au plus haut point. Elle avait déjà vu, souvent, cette manière de bouger, tout en harmonie et en grâce. Il y avait toutefois quelque chose de plus : la précision, la puissance, l'agressivité, que les Danseurs selesnyans ne possédaient pas. Du moins, pas en public. Ils n'affichaient pas leurs talents plus secrets devant les membres d'autres guildes. Cette Illith était assurément une guerrière, et Silviel était presque sûre qu'elle avait suivi les enseignements des Adorateurs de la Vie. Mais, très clairement, elle n'était pas Selesnyane.

***Une énigme...***

"J'accepte." fut la réponse laconique de la femme à la proposition de la jeune Chantresse qui la remercia de sa voix douce, avant de se tourner vers la Gruul.

"Jade ?"

Celle-ci accepta d'un hochement de tête, impatiente. Durant ce temps, les deux frères Gruuls avaient déjà proposé aux Golgaries une association, qu'elles avaient acceptée, et le sympathique guérisseur s'était adressé à Sarkas.

"Les Selesnyans, même sans être Guérisseurs, ont, il me semble, quelques rudiments de soins. Je propose de répartir nos capacités entre les deux groupes. Votre consœur là-bas possède sans doute aussi quelques sorts de soins, combinés, vous devriez être à peu près mon équivalent. Qu’en pensez-vous ? »

Pendant ce temps, Illith s'était tournée vers Konokha.

"Messire... Konokha c'est cela ? Je vous propose que nous travaillions ensemble."

Jade soupira en voyant les futilités des faits du moment... Sans même réfléchir, elle s'assit et se plongea dans l'observation des participants. Aucun ne sortait de l'ordinaire... Chacun était aussi banal les uns que les autres. Quand trouverait-elle enfin quelqu'un de sa trempe ? Tous se ressemblaient inlassablement... Tous avec les mêmes ambitions, les mêmes désirs. Elle savait qu'elle avait dû éveiller de la rage dans le plus profond de beaucoup des autres participants.

** Cet homme louche... **

"Si cet homme vient avec nous, je change de groupe. Je ne ferais pas équipe avec un homme dans lequel j'ai tant de doute et dans lequel je ne peux avoir aucune confiance, lança la gruul à l'adresse de son groupe en montrant du doigt Szerak. Le reste, je n'en ai rien à faire."

Avançant doucement vers le groupe, Sarkas écoutait les autres se chamailler et commencer l'organisation des groupes. C'est alors que Sir Varon le petit bonhomme jovial se présenta à lui. Il proposait de faire équipe avec Jade, Silviel et Illith, qui avait l'air de demander collaboration auprès de Konokha. Boreális suivait Sarkas de près et sa masse imposante gênait un peu tout le monde près des marches.

"Sir Varon, je remet entre vos mains la survie de l'autre groupe, puissiez vous tenir bon, dans ce qui semble être un véritable dédale de problème. Je vais suivre vos conseils et par conséquent me joindre au second groupe. *Sarkas se tourna vers le groupe qu'il allait rejoindre*Bien eh bien on dirait que nous allons passer un petit moment ensemble. Nous vous protègerons Boreális et moi du mieux que nous pourrons. Hum... Je pense pas que cela gêne si pour la traque nous passions devant, n'est ce pas?"

Le jeune homme posa un regard sur Jade, puis sur Silviel. Il alla vers elle en souriant amicalement

"Tachons de faire de notre mieux pour protéger les autres. Jade, je sais que vous ne m'appréciez pas particulièrement mais je pense que nous devrions mettre ça de côté... Du moins pour le moment. Mais je sais que plus on sera soudé plus on aura de chance."

Selimor et Varon ayant rejoint le groupe des deux géants blonds, Almely se dirigea vers ceux qui se trouvaient déjà sur le perron et annonça qu'elle désirait faire partie de leur groupe. Personne ne semblait avoir d'objection à formuler.

"Bien... Je crois que nous sommes au complet..." déclara Illith d'une voix presque nonchalante. "Nous pouvons entrer, je pense... Je prends un des plans." Elle se saisit du rouleau parcheminé et promena son regard sur les membres de son groupe, puis poussa la lourde porte décorée avec facilité jusqu'à ce que les battants soient suffisamment entrouverts pour qu'elle puisse passer. Almely la suivit presque immédiatement, puis Silviel se leva et entra à son tour. Tous les membres du groupes les rejoignirent un à un. Ils se trouvaient dans une immense salle dorée. Le carrelage était doré, les murs étaient dorés, les deux titanesques escaliers au fond, l'un à droite, l'autre à gauche, étaient dorés, les grandes portes de chaque côté de la pièces étaient dorées. Les brilleurs usés disposés à intervalles réguliers répandaient une lueur faible mais dorée également. Tout cela donnait mal aux yeux.

"Bien... Droite ou gauche ?" La jeune femme déroula le plan pour que chacun puisse voir. Des deux côtés, à l'étage, il y avait une enfilade de pièces - sûrement des chambres et des salons. Elle déroula le deuxième feuillet représentant le rez-de-chaussée.

Une fois à l'intérieur, Jade se rassura presque. Une telle débauche d'or... Elle croyait qu'elle allait retrouver une ambiance familière, mais non. Tout allait pour le mieux.

Rentrant parmi les derniers, la gruul balaya les deux groupes de son regard. Petit à petit, la situation commençait à s'éclaircir dans son esprit. En réalité, l'affaire n'était pas plus clair depuis son serment. Cela n'avait rien éclairci. Mais, elle était sûr que l'homme était sincère. Pourtant, il était peut-être un intermédiaire idiot qui ne savait rien. Et puis, cette idée de se diviser... Décidément, ça ne lui plaisait pas. Et puis, elle comprit. Ou du moins, elle croyait avoir compris.

"Ni l'un, ni l'autre, lança-t-elle d'une voix forte, ce qui fit se retourner plusieurs regards vers elle. Depuis le début, cette affaire n'est pas clair. Vous imaginez que parce que j'ai obtenu quelque chose, tout est au mieux ? Cet homme m'a promis le médaillon, à moi et à moi seul. Il me suffit de mourir, et le médaillon peut revenir à sa famille, comme... Disons, trophée. Après tout, les lois sont laxistes à ce sujet. Vous, vous lui ramènerez. Ou plutôt, vous vous en emparerez, puis ils le récupéreront. De plus, nous sommes maintenant largué dans ce manoir, sans possibilité de faire marche arrière... Cerné par un fou n'est-ce pas ? Et il nous faudrait nous scinder en deux groupes ? Mais quelle est donc cette folie dans laquelle nous nous sommes donc engagée ? Je crains la mort comme toute les personnes sur cette terre, mais ce n'est pas ce détail que je veux soulever. Pourquoi, cerné par un tueur fou dangereux devrions-nous nous diviser, et affaiblir nos forces ? La réponse est simple : nous sommes trop nombreux. L'un des deux doit mourir. l'autre restera en plus faible nombre. Le fou sera déjà amoché, il réussira à le tuer. Et à extraire le médaillon. après tout, quel aventurier laisserai un tel médaillon filer ? Pourquoi en a-t-il parlé nonchalamment, et en disant que ce n'était pas important ? Car, si c'était si peu important, ils auraient dû deviner que n'importe quel mercenaire qui l'aurait trouvé le garderait pour lui, sous prétexte que, de toute façon, il n'est pas important. Il aurait donc été perdu pour la famille. Une raison de plus pour le chercher. Mais alors, pourquoi en avoir parler ? Pourquoi se taire, puis le chercher dans le manoir une fois le fou hors d'état de nuire ?

Car, il est la clé de notre mission suicide. D'abord on se scinde, ensuite le groupe restant extrait le médaillon du fou, puis en sortant, le reste des orzhovs tombe sur les survivants, et récupèrent le médaillon. Cette mission n'est qu'un gigantesque prétexte.

Maintenant, nous ne sommes plus sous le regard des orzhovs. Montrons que nous sommes intelligents. Montrons que nous serons plus forts qu'eux. Montrons que nous ne sommes pas de la chair à canon. Repensons notre stratégie.

Je m'explique : en apparence on cherche un fou, qui tue n'importe qui qui s'aventure sur son territoire ? Pourquoi ne le ferais-t-il pas pour nous ? Si nous l'attendons, il viendra. Nous avons du temps. Nous pouvons l'attendre. Et puis, si nous l'attendons, nous ne nous exposons pas aux multiples pièges. dans notre contrat, jamais il n'a été dit que nous devions explorer la maison. Tout a été fait pour nous séparer et nous compliquer la tache.
Pourtant, le fou viendra. Quoi qu'il arrive. Réglé comme une machine démoniaque sûr de réaliser son acte, il viendra nous chercher, pour nous tuer, car nous lui portons une atteinte dans son manoir. Alors pourquoi le chercher ? Laissons la bête venir à nous, prenons le à son propre piège. Ils veulent nous envoyer dans la gueule du loup, lui qui a eu tout le loisir de préparer ses pièges mortels. Montrons que nous sommes plus intelligents qu'eux. Montrons que nous sommes leur plus grande crainte, et qu'ils auraient dû y réfléchir à deux fois avant de nous engager.

Pour une fois, je vous demande de mettre tous vos différents de côté. L'union fait la force. Seul, vous n'aurez aucune chance, surtout face à un maître orzhov. Organisons nous. Nous sommes beaucoup. Ensemble, nous serons une puissance écrasante. Une fois que tout danger sera écarté, nous pourrons chercher ce fameux médaillon, et nous étriper les uns les autres à loisir. Mais en attendant, évoluons ensemble.

Puis, sans même vraiment se rendre compte, elle murmura, plus pour elle-même que pour les autres :

Laisse l'ennemi venir à toi. Il n'en seras que plus facile de l'avoir..."

"Partons de cette idée simple, mais diablement efficace. Nous sommes en position de faiblesse. La lumière nous aveugle. Nous sommes moins puissants. Plus faciles à prendre au piège. Pourquoi camperions-nous ici ? Pour réduire nos chances de victoire ? La plus simple des logiques serait justement de ne pas rester ici. Partant de ce principe, pourquoi piéger cet endroit ? de toute façon nous n'allons pas y rester. Et puis, pourquoi piéger cet aveuglant endroit ? Il constitue en lui même un piège diablement efficace. Et... Il est autant affecté que nous. Au grand jeu du meurtre en l'absence de sens, je crois que nous serons plus fort, sourit-elle en regardant le loup. Si on suit ce raisonnement, il n'y a aucun piège dans cet endroit. Évidemment, peut-être en est-il truffé. Après tout, peut-être que ce fou a pensé à ça aussi. Et puis, cette pièce n'est pas très grande... Tout cela joue en notre défaveur... Mais... Elle tourna sur elle-même en riant. Plus une pièce est petite, plus nous pouvons concentrer nos talents dans de petites frappes, mais d'une puissance incomparable. Taper une fois. Taper fort. Et taper à un endroit sensible. Un bon combat se règle en un coup.
Profitons de nos désavantages. Et jouons sur cette corde. Nous ne sommes que des pauvres hères éblouis... Autant de proies faciles à abattre. Pourquoi se prémunir ? Vous prépareriez-vous au combat si l'on vous disait que vous alliez vous battre face à des ragondins ? La situation est la même. Laissons le nous sous-estimer. Et préparons-nous. nous sommes plusieurs à utiliser la magie verte. D'autres, la bleue. La verte fait mal, la bleue ruse. Nous pouvons déjà mettre quelque chose sur pied. Chacun peut avoir son utilité.

Nous ne sommes pas très forts. Nous ne sommes pas très intelligents. Nous ne somme pas très doués. Mais nous sommes nombreux. Mettons cela à profit. Agissons de concert, afin de créer une harmonie parfaite. Créons la symphonie de sa destruction."

Ainsi acheva-t-elle son faux discours, regardant les réactions des autres. Elle savait qu'elle avait dû gagner quelque personnes à sa cause. Restait à convaincre le reste de l'assemblée.