Nuit dans les jardins selesnyans

"Oui, en effet, nous étions dans le même groupe dans cette affaire de nécromancie au cimetière, n'est-ce pas ?" répondit Silviel d'un ton amène bien que l'expression de son visage ne se soit pas éclairée pour autant. Toutefois, une idée commençait à se frayer dans l'esprit de la selesnyane. Si elle réussissait à convaincre le Boros de l'accompagner au Quartier Fantôme, son projet avait bien plus de chances d'aboutir. Mais comment... ? La jeune femme fronça les sourcils. Il y avait un moyen. Elle avait sauvé la vie de ce Marth, il avait une dette envers elle. Silviel était néanmoins réticente ; cela signifiait avouer sa présence dans un quartier Rakdos, déguisée en courtisane. Quelque peu étrange et surprenant, voire déshonorant pour une paisible chantresse selesnyane. Cependant... le prix serait bien mince à payer par rapport à ce que pouvait lui apporter ce qu'elle projetait. Elle se décida enfin, et reprit la parole.

"Mais j'ai réfléchi, et il me semble que nous nous étions déjà vu auparavant... Dans une salle de plaisir Rakdos. Je m'était faite importuner par une de ces brutes, et vous êtes intervenu. Cet homme l'a mal pris et vous a cassé quelques côtes. Un Golgari a détourné l'attention, ce qui m'a permis de vous appliquer un soin avant de vous emmener d'abord à une guérisseuse puis à la caserne Boros la plus proche. Ce qui vous a sauvé la vie, au passage."

La jeune femme laissa pointer un léger sourire.

"Vous n'êtes peut-être pas extrêmement malin mais vous l'êtes suffisamment pour vous en rendre compte... Ce qui n'est pas très courant." Silviel laissa retomber sa chevelure en reprenant son expression habituelle, soulagée de pouvoir cacher un peu son visage derrière ses longues mèches.

"Oui, en effet, si je n'avais pas une bonne raison, je n'aurais jamais avoué m'être rendue en territoire Rakdos... Mais j'ai besoin d'aide. Je dois aller au Quartier Fantôme. Or si je m'y rends seule, le danger des esprits vengeurs risque de m'empêcher de faire ce pourquoi je veux m'y rendre." La chantresse leva un regard implorant vers Marth, ses grands yeux émeraude brillants de larmes. Et cette fois, elle ne jouait pas la comédie. "C'est d'une importance capitale pour moi. Je vous supplie d'accepter de m'accompagner..."

Le sourire de Marth s'élargi, faisant réaparaitre ses dents jaunies.

"Dans les quartiers fantômes hein!"

Le regard abbatu de la Selesnyanne eut vite fait de le faire disparaitre..

"Ecoutez mademoislle, je sais par expérience que perdre ses parents est difficile à supporter, je sais aussi que je vous dois la vie, mais, nous ne sommes que deux et les quartiers fantômes sont dangereux, même si j'en avais la volonté, je ne pourrais pas mener cette mission à bien seul.
Si vous vous sentez la force de patientez encore, je peux toujours essayer de demander à mes supérieurs, on ne sait jamais."

Silviel hocha la tête pensivement.

"Je vous remercie. Votre aide me serait... précieuse, si vous pouviez convaincre vos supérieurs. Je tâcherai de trouver des auxiliaires de mon côté." Relevant son visage sur lequel se lisait une reconnaissance presque effrayante vers Marth, elle ajouta : "Je vous remercie infiniment."

Deux yeux émeraudes glacés fixèrent l'endroit où le Boros venait de disparaître, tandis qu'une main se serrait à nouveau en poing, si fort que les veines saillaient.

"Je n'oublierai pas." siffla la jeune femme. Elle pivota soudain sur elle-même, et son poing percuta avec violence un pilier proche. Silviel se plia en deux, ramenant sa main contre son ventre avec un gémissement. La douleur irradiait de ses doigts, remontant le long de son avant-bras, faisant monter les larmes aux yeux de la chantresse. Après avoir repris son souffle, la Selesnyenne se félicita mentalement d'avoir réussi à contenir sa violence face à Marth. La souffrance dans la main qu'il avait prise finit d'éradiquer toute rage en elle, tandis qu'elle retournait prendre sa place au centre de la pièce. Accordant son esprit aux vibrations de la salle de méditation, elle se concentra sur la multitude de notes du Chant, qui lui apportèrent l'apaisement. Elle resta ainsi jusqu'aux premiers rayons de l'aube, qui la sortirent de sa transe méditative, la ramenant à la réalité et jusqu'à son logis.