Nature morte

La grande halle était noire de monde. L'architecture était typiquement Simic : les piliers, faits d'une matière qui ne semblait pas vouloir se décider entre la texture de l'écorce ou du granit, soutenaient une voûte qui semblait faite à première vue de verre semi-translucide, mais qui était en réalité bel et bien organique, elle aussi : il s'agissait d'un immense couche de chitine non opaque, érigée afin de concentrer les rayons solaire. D'où le nom de Serre.
Le nom faisant référence à un bâtiment dont le but est d'élever des végétaux, il peut toutefois être mis en doute : en effet, une personne non familière avec les produits Simics aurait une certaine difficulté à associer les créatures qu'elle pourrait voir avec ce qu'on désigne par "végétaux". En effet, il n'était pas rare de voir des pots enfermés dans des cages qui résisteraient au poids d'un zeppelide, ou des graines empesées dans un sac estampillé "Craint les chocs, formule instable". Et si la partie de la Serre réservée aux plantes de salon - dont l'originalité n'avait d'égales que l'inutilité ... et le prix - semblait plutôt inoffensive, celle consacrée aux végétaux de "garde & protection" était la source principale du vacarme. Là, des dionées géantes aux dents tout à fait osseuses se disputaient un cadavre sanguinolent (sans doute le dernier voleur à la tire de la journée), côtoyant une plante grimpante aux épines acérées. Un peu plus loin, des fleurs aux couleurs vénéneuses, coupées du monde par un sas magique, ondulaient paresseusement en émettant continuellement un pollen toxique. Le flux de curieux ne diminuait pas.
Un petit espace était également dédié aux dernières prouesses en matière d'innovation animale, afin de vanter les mérites du Bestiaire, situé deux rues plus à l'est et un étage plus bas. Les spécimens exposés allaient de l'escargot géant et carnivore au crapaud enregistreur de visage en passant par différentes chimères (singe-araignée de compagnie, pieuvre-crabe de combat ...).

Les commerces prospéraient en ce jour de marché, et les subventions des chercheurs de Novijen allaient sûrement être augmentées vu le succès de leurs créations. Les arguments fusaient aussi vite que les zinos, et les vendeurs paraissaient constamment sur les nerfs, mais heureux. Du moins, c'est l'impression qu'en retirait Elryann, petite silhouette dans la masse anonyme. L'humaine était surprise par la variété de clients : elle avait vu un viashino contempler avec le sinistre regard fixe qui caractérise leur race un arbrisseau doté d'yeux, et l'instant d'après, un fortuné mage de loi s'enquérir du prix d'une des dionées. Les races comme les guildes se mélangeaient sans complexe, lorsqu'il s'agissait de commerce. Après s'être informée sur la comestibilité d'une plante qui ressemblait vaguement à une fraise des bois d'un jaune criard, la jeune sans-guilde attacha ses cheveux afin d'offrir un peu de fraîcheur à sa nuque. Un cri de douleur la fit sursauter. Virevoltant, elle découvrit que le singe-araignée venait de casser un doigt à une Izzet débraillée, qui avait visiblement voulu caresser l'étrange et néanmoins gracieuse créature. Elle fut tentée de s'en mêler, mais l'apparition subite d'un wojek, venu régler le conflit naissant entre l'Izzet vitupérante et plusieurs Simics, la décida à laisser le Boros maintenir l'ordre tout seul. Elle n'avait pas envie d'attirer l'attention de la Légion.

Un nouveau cri de douleur retentit. Un cri comme le précédent : aigü et court, avec un note de surprise. Puis trois, quatre, dix cris s'élevèrent. La note de surprise fut reprise et hurlée en chœur par la foule, tandis que les dix personnes qui avaient crié les premières tombèrent à terre, sans connaissance. De là où elle était, Elryann pouvait difficilement voir quoi que ce soit, mais la foule semblait fuir le coin où étaient exposées les dionées et autres plantes de "protection". Elryann fit donc la chose la plus sensée au monde ...

Elryann n'était pas réellement ici par hasard, encore que l'idée qui germait paisiblement entre ses deux oreilles n'ait pas encore aboutit à un lieu d'investigation précis...
En cette étouffante après-midi, l'intrépide Sans-guilde cherchait...un oeuf. Elle ne s'attendait certainement pas à dénicher l'embryon de ses rêves au sein de ce marché exotique, mais peut-être obtiendrait-elle d'utiles renseignements...Et une excursion chez les Simics était toujours divertissante.
Un petit malin jugea opportun de bousculer Elryann qui, à dire vrai, n'était guère intimidante. Elle avait troqué son habituelle tenue contre des vêtements plus appropriés à une telle promenade : une ample chemise bleue qui dénudait ses épaules, pourvue de manches bouffantes serrée aux coudes, et cintrée par une bande de tissu rouge; sa fidèle et longue jupe écarlate, à l'amplitude parfaite pour donner des coups de pied, et de petites chaussures plates. Son équipement était complété par l'indestructible sacoche, son cimeterre solidement pendu à ses hanches, dans son étui de cuir, et son petit stylet.
Elle avait tout d'une pirate écumant quelque marché clandestin au coeur des tropiques. Sauf qu'elle venait de se faire bousculer par un adolescent discourtois, ce qui entachait tout de même la réputation d'une tueuse impitoyable, fût-elle imaginaire.
Elryann se devait donc de réagir par une de ses spécialités. Elle tendit la cheville, masquée aux yeux de tous par la multitude qui se pressait contre elle, et heurta celles du sale môme. Avec un petit cri étranglé, il s'étala de tout son long. Dans l'effervescence, un mage visiblement pressé trébucha sur le dos du malheureux, et s'étala à son tour, injuriant copieusement ce dernier. Au-delà des espérances d'Elryann, qui s'empressa pourtant de disparaître dans la foule, son méfait accompli. Non mais.
Un peu plus loin, tout près de l'étal des bêtes curieuses, une charmante bestiole s'interposa entre elle et le vendeur. Un écureuil rose pâle, avec de longues moustaches soyeuses et des yeux émerveillés ? Elryann se figea, ne perdant pas de vue qu'il s'agissait d'un exemplaire du Bestaire Simic. Aussi ne fût-elle pas trop surprise lorsque l'écureuil déboîta sa mâchoire dans un râle sépulcral, dévoilant une dentition acérée qui devait faire deux fois sa tête. Il semblait bien dressé, ce qui expliquait sa liberté - Elryann ne vouant pas une confiance aveugle en l'innovation animale de ces savants fous, elle préféra s'écarter.
Elle questionna quelques vendeurs au sujet des créatures volantes, et fut déçue de leurs réponses. Elle attacha ses cheveux en une natte ébouriffée pour rafraîchir sa nuque - elle supportait bien la chaleur, mais l'ébullition environnante l'exaspérait un peu. D'autant que la présence des Boros ne la mettait pas particulièrement à l'aise...Elle avait l'impression qu'on l'observait, sans doute les marchands en quête de public crédule ?

* Je connais des Boros qui seraient du plus bel effet dans ces cages. *

Elle s'apprêtait à quitter la place, avide d'espace. C'est alors qu'un cri fusa à travers la Serre. Elryann serra les dents : quand les gens cesseraient-ils d'être plus stupides que les animaux sur lesquels ils bavaient en gloussant ? Rapidement détrompée par la panique qui s'ensuivit, Elryann put voir une dizaine de personnes s'écrouler en hurlant. Elle déglutit, déconfite. Toute une foule bigarrée lui fonçait dessus, elle était partie pour se faire piétiner !

* Encore une cage mal fermée...L'intervention d'un pyromana devrait régler l'affaire. Puis une plante, ce doit être moins dangereux qu'un Mage assoiffé ! *

Elryann fit donc la chose la plus sensée du monde : elle courut en sens inverse, se précipitant vers la source de l'incident, prête à canaliser son pyromana pour refroidir les ardeurs d'une pâquerette carnivore.

Dans sa course, elle percuta des douzaines de personnes affolées, perturbée par une odeur de...Thym ? Instinctivement, cette fragrance lui donna faim, alors qu'elle jouait des coudes pour se frayer un chemin jusqu'à la source du tumulte. Elle ne canalisa pas ses manas : s'il y avait plusieurs évadés, le choix du pyromana n'était pas le plus indiqué. Elle pensait aviser sur place, prête à dégainer ses armes, quand elle fut bousculée avec une telle violence qu'elle fut projetée contre un viashino qui amortit le choc. Elle était une peu sonnée. L'odeur de thym, à présent entêtante, lui emplissait les narines. Elle n'avait plus faim du tout, et, reprenant ses esprits, poursuivit son objectif.

Les premiers mètres furent les plus rudes. Plus elle progressait, plus les nuages de foules s'éclaircissaient, et plus sa progression se faisait aisée. A présent qu'elle s'était échappée hors du champ de vision du viashino, qui invectivait avec violence un vedalken affolé (et visiblement peu intéressé par le ton véhément du reptile humanoïde), elle remarquait que l'odeur de thym se faisait si présente qu'elle lui donnait une légère migraine. Tandis qu'Elryann se faisait cette remarque, elle sentit soudain une poigne de fer la saisir à l'épaule gauche, une poigne qui appartenait selon toute vraisemblance à l'ogre qui se tenait devant elle, la surplombant de deux bons mètres. La main faisait au moins la taille de la tête de la jeune femme, et bien que l'immense créature ait le sceau Boros tatoué sur chacun de ses muscles deltoïdes, sa gueule bavante et ses yeux tournés vers l'intérieur de ses orbites ne laissaient pas présager d'un dénouement heureux à cette rencontre inopinée.
L'ogre bava encore un peu plus quand le genou d'Elryann percuta avec force - même si sa précision n'était pas ce qu'elle était d'habitude, mais il fallait tenir compte de la taille de son adversaire - une partie plutôt sensible de son organisme, le mettant à genou. La sans-guilde vit donc le visage congestionné du légionnaire descendre à sa hauteur, ouvrir la bouche comme pour l'insulter, laisser couler un mince filet de sang entre les crocs luisants de bave ... puis s'effondrer sur le côté et ne plus bouger. Derrière l'ogre, une douzaine de personnes étaient également étendues à terre, dont quatre Boros et l'Izzet au doigt cassé. Les dionées et autres cerbères végétaux grognaient doucement, mais étaient toujours enfermées dans leurs cages. La migraine d'Elryann s'intensifia : qu'est-ce qui avait mis tout ce beau monde à terre ?

Elryann avait une certaine habitude des migraines.
A l'accoutumée, lorsque de telles crises survenaient, elle s'enfermait au calme afin de se plonger dans un état second, qui la préservait d'une souffrance excessive. Assise, fixant un point précis, se balançant imperceptiblement comme une petite chaise à bascule, elle laissait son esprit dériver jusqu'à obtenir un faible bourdonnement qui brouillait les ondes douloureuses et l'éloignait de son propre métabolisme...Cette forme de transe lui faisait perdre le cours du temps, mais au moins, elle ne souffrait pas.
En l'occurrence, il était inenvisageable de prendre un tel risque; elle se résigna donc à supporter la douleur.
Elle jeta autour d'elle un long regard circulaire (non sans surveiller du coin de l'oeil l'ogre évanoui) et découvrit les victimes...dont les supposés agresseurs étaient sagement emprisonnés dans leurs cages métalliques, toutes fermées. Aucune cage vide, aucune trace de violence : les malheureux à terre étaient inanimés pour une cause mystérieuse, et ne présentaient qu'un faible saignement qui suintait de leurs nez, et de leurs lèvres entrouvertes.
Elle dégaina aussitôt son cimeterre, sentant les poils de sa nuque se hérisser. Oubliant les pulsations douloureuses qui émanaient de son crâne, elle s'approcha de la victime la plus proche : l'Izzet dont le doigt, martyrisé par un effroyable petit singe, était brisé.

* Mais d'où vient cette satanée odeur ? Et, nom d'un saurien en chaleur, pourquoi les Boros ne sont-ils jamais là quand on a besoin d'eux ? Enfin, vivants, je veux dire ? *

Non, vraiment, il se passait quelque chose de macabre : l'Izzet n'aurait pas dû être vivante. Les battements de son coeur et le flux de sa respiration étaient beaucoup trop lents...Cela ressemblait à un coma, une cryogénisation... Elle sentait le thym.

Elryann se redressa comme un ressort, et guetta le moindre bruit, le moindre mouvement qui pourrait lui indiquer la nature du danger. Tendue, sur le qui-vive, la main crispée sur son arme, elle crut percevoir un mouvement furtif, parmi les cages...

* Il manque quelque chose à cette scène. Mais...quoi ? *

Elle serra les dents, et fonça vers les cages. Au même moment, les effets de la migraine d'Elryann se décuplèrent, et elle étouffa un gémissement aigu. L'odeur était si forte qu'elle en devenait presque...vivante, palpable, aussi agressive qu'une véritable présence. Elle se dirigea vers les cages, marchant cette fois, plus prudente. Sa vision était troublée par les affres de ses maux de tête, tête qui, d'ailleurs, tournait désagréablement...

La migraine, qu'Elryann associait à l'odeur de thym - qui était d'ailleurs devenue physiquement douloureuse - avait empiré à un tel point que la jeune sans-guilde tomba à genoux. La douleur transperçait son esprit de la même manière qu'une barre d'acier chauffée à blanc traverserait son crâne, lui arrachant un cri de souffrance. Elle peinait à aligner deux pensées cohérentes et se rendit compte après un ou deux pas hésitants que la coordination de ses muscles laissait également à désirer. La situation était grave, mais pas catastrophique : à moins de mourir de douleur, elle ne se trouvait pas en danger immédiat - or elle estimait être capable d'endurer une douleur plus grande encore sans en décéder pour autant, même si celle-ci se révélait être déjà très ... et bien, douloureuse.
N'ayant guère d'autre choix, elle appliqua sa méthode personnelle contre les maux de tête, et se laissa glisser dans un état second, en se balançant légèrement d'avant en arrière. La douleur reflua un peu, et Elryann put réfléchir. Dire qu'elle réfléchit confortablement aurait été exagérer la réalité, mais elle parvint tout de même à ignorer suffisamment les pulsations douloureuses de son crâne pour se dire qu'il faudrait sans doute se protéger quelque peu de cette étrange odeur.

Lorsqu'elle se couvrit le nez et les lèvres d'une pièce de tissu, elle remarqua qu'un peu de sang avait coulé de ses narines sans qu'elle ne s'en aperçoive. Tout compte fait, elle n'aurait peut-être pas survécu à pire douleur. Mais au moins, elle était à présent capable de marcher, et donc de s'enquérir de cette suspecte agitation qui parcourait les cages et rendait leur occupant(e?) nerveux(se?), comme si un intrus se déplaçait discrètement parmi elles. Un intrus qui a peut-être quelque chose à voir avec cette épidémie de maux crânien. Sur ces pensées pleines de bon sens, Elryann s'élança d'un pas encore un peu incertain vers les lourdes cages d'acier. Slalomant de son mieux entre les grilles de métal d'où surgissaient parfois des pseudopodes aussi végétaux qu'agressifs, elle parvint là où elle avait aperçu le mouvement suspect en question. Après avoir aisément esquivé une espèce de limon acide projeté par un étrange escargot orange, qui la dévisageait d'un air peu amène depuis le fond de sa cage, elle finit par trouver ce qu'elle cherchait : une cape noire claqua au bout de l’extrémité de la rangée de cages où elle se trouvait, disparaissant avec son propriétaire au coin de l'allée. Elryann nota sans trop y prêter attention que l'odeur de thym venait de s'intensifier d'un degré supplémentaire, mais son masque improvisé semblait encore la protéger ... pour l'instant.

Elryann sentait qu'elle allait craquer...Peu après avoir formulé cet avertissement dans sa tête, elle craqua effectivement. Voyant disparaître la cape noire à travers l’innommable fouillis végétal, elle se figea. Elle ne respirait plus, ses globes oculaires étaient immobiles : la magie instinctive la parcourait comme une injection de dopamine. Cela débuta au niveau de ses orteils, desquels remonta une brûlure curieusement indolore, serpentant, à la manière d'une légion de fourmis folles, le long de ses terminaisons nerveuses. Ses mains furent prises de petits spasmes, et une onde de puissance jaillit de son ventre pour se ruer vers le personnage auquel appartenait la cape.

* Neutralisé. Immobile. *

L'ordre la dépassait. Sa magie primitive allait s'abattre sur l'inconnu sans qu'elle puisse la diriger d'aucune façon. Mais, lorsque le torrent de puissance la quitta, rien ne se produit, la laissant bouche bée, incrédule et inquiète. Avait-on bloqué son attaque ? Ou bien le personnage avait-il disparu de façon inexplicable ? Un glissement à sa droite la fit sursauter, et elle esquiva ce qui semblait être une langue végétale particulièrement gluante, qui s'était faufilée entre les barreaux d'une des cages. Sans plus attendre, Elryann, le cimeterre à la main, un pan de sa jupe dans l'autre, poursuivit l'individu.
Soudain, les cris retentirent à nouveau - mais cette fois, plus d'inflexions douloureuses ou terrorisées. Il émanait une certaine stupéfaction de ces cris. Au même moment, une légère déflagration lui parvint, qui sembla dissiper l'insupportable odeur de thym. Elle se précipita dans la direction des exclamations, et déboucha sur...l'endroit initial. Elle balaya la place du regard, et faillit rebrousser chemin tellement la suite des évènement lui paraissait de mauvaise augure.
Au centre d'un arc-de-cercle de badauds, devant les corps inanimés, un homme se tenait droit, son khukuri brandi. A ses pieds, un tas de cendres fumantes d'où dépassaient quelques tiges carbonisées. A première vue, une plante dangereuse qui venait de connaître une fin malheureuse et flambante. L'homme était vêtu d'une combinaison de cuir sombre, brune et rouge, frappée du sceau Rakdos. De hautes bottes ornées de piquants acérés, des gants souples et une cape pourvue d'épaulières complétaient l'ensemble. Le bas de son visage, sur lequel retombaient des mèches brunes, était masqué par une pièce de tissu.
En somme, une personne très reconnaissable. L'odeur de thym avait totalement disparu.
Elryann ôta son foulard, et tenta une fuite discrète en reculant tout doucement.

Le Rakdos ne la remarqua pas de suite. Il était tourné vers la foule, qui regardait attentivement le moindre de ses mouvements, comme une proie partagée entre l'envie de fuir et la fascination effrayée. Un Rakdos, armé, magicien, en pleine action au beau milieu de la Serre. C'était pour le moins inhabituel. Et les Cultistes du Démon étaient imprévisibles, incontrôlables, et toujours meurtriers - dans le meilleur des cas.
Mais Elryann savait bien qu'Ejö savait se maîtriser, et qu'il n'appartenait pas à la catégorie des semi-démons avides de sang. Du moins pas toujours. Le centre de l'attention des badauds - qui semblait ravi de l'être - rengaina calmement sa machette kukri et parla d'une voix qui dégoulinait de fausse compassion. La sans-guilde, en reculant, se dit qu'il imitait à merveille le miel de la dionée.
"Si ce n'est pas malheureux ... Un enchantement si mal fait qu'il n'a même pas résisté à ce qu'il était censé emprisonner. Et une garde si facilement mise hors d'état de nuire par leur propre création. Par une simple plante à spores comme certains d'entre vous en possèdent déjà ! Une garde si facilement réduite à l'incapacité que votre vie a dû reposer entre les mains d'un Cultiste, c'est une honte, vraiment ..."
La foule murmura un peu. Quelque lèvres se retroussèrent et des propos aussi diffamatoires que variés sur le Cartel circulèrent, mais la plupart étaient dans l'expectative : où voulait en venir l'étrange personnage ? Ce dernier, sans sembler se soucier davantage de la multitude, se baissa et palpa le visage, puis le cou de l'Izzet. Seule Elryann, qui se trouvait à la gauche d'Ejo, vit l'aiguille entre ses doigts. Le Rakdos passa d'un corps à un autre, effleura les cous d'un geste rapide et efficace. Il se déplaçait rapidement et avec fluidité, et au bout d'une vingtaine de secondes, il se releva et prit un air exagérément peiné - il ne cherchait pas à cacher son indifférence, mais seulement à se moquer.
"Pour une arme biologique non létale, j'ai l'impression que les vieux de Novijen se sont encore trompés. On joue avec vos vies par ici. Mais bon, moi je ne fais ça que pour montrer à quel point je serais en colère à votre place. Je ne suis pas le genre à demander de l'argent, plutôt à pointer du doigt ce que je veux qu'on voie. Et si ça peut vous faire comprendre à quel point vous êtes moins importants que votre argent aux yeux du Cartel ... Sur ce, bonne journée à vous, concitoyens de Rav' !"
Et il s'en alla tranquillement. La foule, ébahie par le discours pour le moins improbable du Rakdos, ne broncha pas quand il fendit la masse des badauds, disparaissant aux yeux des spectateurs. Puis un sans-guilde taillé comme un forgeron rugit, et la foule courut comme un seul homme vers les stands, criant et protestant auprès des pauvres Simics. Un Orhzov détaillait à un elfe couvert de cytoplasme les indemnités qu'il exigeait, tandis qu'une bande de gobelins Izzets saccageait en piaillant les sacs de graines. L'émeute ne cessait de prendre de l'ampleur, et si la plupart des guildés prenaient seulement la tangente, d'autres se joignaient aux sans-guildes.
Elryann longea les cages en esquivant sans grande difficulté les pseudopodes végétaux hérissés d'épines acérées que les plantes de gardes dardaient régulièrement entre leurs barreaux lors de son passage. En passant, elle prit le pouls de l'ogre qui s'était écroulé devant elle : il était bel et bien mort. Serrant les dents, elle se fraya avec ténacité un passage à travers les émeutiers, manquant à plusieurs fois de se faire renverser. La jeune femme finit par sortir de la masse des casseurs et par rejoindre le flux de ceux qui cherchaient à fuir, et se laissa donc entraîner vers la sortie. Puis elle sentit une main saisir son avant-bras avec force. Elle se tourna avec la célérité de celle qui sait se défendre, et ses yeux plongèrent dans deux disques de glace. Le visage aux hautes pommettes, aux fins sourcils et au fin menton qui l'avait tant fasciné lors de sa première visite à son père, autrefois, se trouvait à quelques pouces du sien, aussi cruel et souriant que dans ses souvenirs.
"Vous, ici ? Quelle heureuse surprise ..."

Elryann se fendit d'un drôle de sourire, entre l'ironie et la grimace désemparée. Elle se rappelait du feu, du feu partout : autour d'elle, sur elle, à l'intérieur d'elle. Tout avait brûlé, tout était s'était fondu dans la magie et la souffrance. A ce souvenir, son tout premier réflexe de survie s'enclencha et elle leva le genou. Il réagit très simplement en parant le coup d'un simple mouvement de jambe, et Elryann n'obtint qu'une douleur lancinante au genou.

* Et maintenant ? Prendre son parti ou résister et se débattre comme les hystériques qui nous environnent ? *

La prise était trop ferme pour qu'elle s'en dégage aisément, et le rappel de ses cuisantes tentatives de fuite, des mois auparavant, lui fit abandonner l'idée. Inutile de convoquer le pyromana à son secours : il lui avait tout appris. Elle le revoyait, accoudé à la table de la taverne, le regard posé sur elle comme une chape de plomb qui l'avait brutalement arrachée au monde. Alors qu'il faisait semblant de lui serrer la main, il l'avait griffée, avec un sourire. Dans un élan de provocation qu'elle n'en finissait pas de regretter - parfois - elle avait contemplé les quatre traînées rouge sur le dos de sa main, et avait délicatement passé la langue sur celles-ci pour apaiser la brûlure; avant de lui tourner le dos en affectant l'indifférence.
Elle rosit, ce qui la vexa grandement, et répondit à Ejö d'une voix impeccablement policée :

- Ces émeutes de petite envergure ne vous ressemblent pas. Je sais l'attention maternelle que vous portez aux Simic, et vous remercie pour eux, ce sauvetage fut héroïque. Et vos connaissances en médecine...terriblement efficaces.

Elryann raillait, mais n'ignorait pas que la confusion qui régnait à présent dans la Serre n'avait rien de fortuit - et qu'Ejö n'avait aucune velléité d'abnégation.

Son sourire s'élargit plus encore. Il haussa le ton pour se faire entendre d'Elryann malgré la clameur de la foule.
"C'est vrai que nous sommes habitués à faire de plus grandes choses, tous les deux, n'est-ce pas ?"
Un pyromana dansa dans sa paume, sphère parfaite contenant un concentré magique de flammes, de colère, de puissance et de désir, concrétisation de la magie primitive des volcans et des déserts.
"En fait, ma chère, je vous suivais depuis quelques temps, et comme vous me sembliez désœuvrée ... Je me suis dit que vous voudriez peut-être ... m'accompagner pour un petit bout de route ? Si ce n'est pas trop demander à une femme comme vous, qui, sûrement, doit sans cesse repousser les avances de nouveaux prétendants. Les jeunes sans-guildes se font plus téméraires ces temps-ci, c'est la saison qui veut ça j'imagine ..."

Elryann eut une moue sarcastique qui exprimait clairement le peu de crédit qu'elle accordait à la feinte innocence d'Ejö, ainsi que son mécontentement de se voir épiée aussi aisément. Mais de cela, elle en avait l'habitude. La foule qui tourbillonnait entre la sortie et les comptoirs renversés ne l'aidait guère à se concentrer sur autre chose que les lèvres du Rakdos, dont le relief soyeux était une distraction non négligeable.
Un sourire en coin naquit sur le visage d'Elryann, qui enfonça sans hésitation son regard dans celui de son adversaire.

- Vous savez vous rendre prioritaire. Mais vous n'avez aucun mérite à cela, il est facile de régler son compte à une plante verte, aussi vindicative soit-elle.

Elle épousseta son corsage, recouvert de pollen multicolore, et tenta de se soustraire à la prise d'Ejö...sans succès. Elle grinça des dents. Que comptait-il faire à Yarkol ? Il n'était quand même pas préoccupé par un semi-elfe qui menaçait d'accaparer l'attention de son divertissement occasionnel ? Non, évidemment. Il jouait avec elle, affirmant une fois de plus sa domination émotionnelle. Comme s'il n'avait même plus besoin de prouver à quel point il lui était physiquement et magiquement supérieur. Elle allait devoir rappeler à son bon souvenir sa propre virulence, qui lui avait coûté quelques cicatrices.

- Quand aux sans-guildes, la clémence thermique n'a d'influence que sur vous : ils sont téméraires contre vents et marées, tandis que vous ne déclenchez des émeutes qu'à la belle saison.

Elle ravala les flots de sarcasmes qui lui venaient à l'esprit, sachant que l'insolence comme la moquerie pouvaient coûter cher face à Ejö. Mais c'était si tentant et...

- Où allons-nous ? C'est qu'il y a bien du soleil, je crains pour votre épiderme pusillanime...Et pour votre témérité.

* Erf. Mais quand apprendras-tu à la boucler ? *

Elle tenta de moduler la peur que lui inspirait Ejö, toujours cachée de son mieux sous sa verve. Pour combien de temps ? Être bravache ne lui servirait qu'un temps. Bientôt, il allait falloir plier et, encore mieux, l'accepter.

Chose rare même si pas tout à fait impossible, Ejö ne releva pas les moqueries d'Elryann, se contentant de sourire encore plus grand. Puis il l'entraîna vers la sortie.
Ils croisèrent une décurie Boros qui allait au pas de course dans la direction opposée, et les cris des émeutiers redoublèrent d'intensité. Un éclat fugitif, proche d'une innocente malignité, passa dans les glaciers des yeux du Rakdos tandis que les cris de fureur devinrent cris de douleur, et il prit une moue aussi peinée qu'ironique en écoutant la clameur montant de la serre se taire peu à peu.

"C'est vrai, les sans-guildes sont de plus en plus téméraires ces temps-ci, quelles que soient les circonstances. Et cette histoire avec la plante, c'était juste histoire d'attirer votre attention sur moi et quelques ennuis à cette troupe de troufions légionnaires."

Il lui fit un clin d'oeil absolument pas rassurant alors que les ruelles défilaient, devenant de plus en plus étrangères à Elryann.

"Allons, assez parlé du passé. Pour répondre à votre question, très chère, inutiile de craindre pour moi. Là où nous allons, il n'y a pas de soleil."

Elryann déglutit avec une difficulté inhabituelle. Lorsqu'Ejö s'abstenait de relever une insolence, ce n'était jamais par défaitisme - le terme, associé au Rakdos, aurait pu la faire glousser en d'autres circonstances. Non, lorsqu'il l'ignorait de cette façon, c'était pour mieux la malmener ultérieurement. En l'occurrence, s'il avait laissé filer les sarcasmes de la sans-guilde, il comptait probablement sur le déroulement de son plan pour les lui faire payer, à froid et au centuple. Et loin du soleil...La Citerraine ? Quelque grotte colonisée par un groupuscule Gruul en mal de sédentarisation ? Ou bien...Les Quartiers Rakdos.

Elle suivit Ejö, désormais délestée de toute propension à la crânerie, comme un chaton qui vient de se prendre une tape entre les deux oreilles, et tenta de remuer ses doigts engourdis par la pression que le Rakdos exerçait toujour sur son bras. Elle se retint héroïquement de lui lancer les petits regards inquiets qui menaçaient de trahir sa nervosité, mais ne put s'empêcher de l'interroger.

- Vos réjouissances sont suspectes. J'imagine que vous ne m'aideriez pas à effectuer quelques emplettes, là où nous allons ? C'est un endroit civilisé, ou comptez-vous me présenter vos amis..?

L'évocation des comparses d'Ejö glacèrent Elryann qui se montra plus rétive, tordant son bras pour se dégager des mains du Rakdos imperturbable. Elle pesta et leva sur lui un regard assassin.

* Pourvu qu'au moins j'en retire un quelconque apprentissage.. *

Ejö la considéra un instant, puis la lâcha.
"Je peux tolérer vos protestations, ma chère, qui sont compréhensibles. Vous voyez, je suis même disposé à vous laisser marcher seule, comme une grande personne. Mais si je devais faire l'effort de vous rattraper alors que vous tentez d'abréger cette agréable promenade ... j'en serais agacé."
"Pouvez-vous désirer me voir sans que ce soit pour m'attirer dans ennuis ?"
"Vous vous ennuieriez bien trop, sinon !"
Le dédale des rues se faisait de plus en plus étroit et étranger pour Elryann. Ici et là, des maisons tombant en ruines étaient squattées par quelques mendiants Gruul, et un individu aussi encapuchonné que rebutant les avait suivi sur quelques mètres, cherchant à les persuader d'acheter quelque drogue à boire. La population se résumait à présent à des tire-laine, des Gruuls et quelques autres revendeurs peu licites, mais personne ne semblait vouloir les approcher de trop près. Un Rakdos en armure et une jeune femme en rouge qui semblait connaître ledit Rakdos, voilà qui n'était jamais bon pour les affaires. Ejö la menait à présent hors du quartier neutre, vers un endroit qu'elle ne connaissait pas.
"En fait, c'est vous qui allez m'aider à faire quelques emplettes. Le problème, c'est que là où nous allons, il n'y a présentement ni soleil ni aucun de mes amis, plutôt des gens qui gardent jalousement des choses et d'autres ..."

Elryann, bien trop occupée à lancer des messages cryptés à tous ceux qui croisaient leur chemin, n'avait pas noté qu'Ejö l'entraînait hors du Quartier Neutre, son nid d'adoption, le seul endroit - hormis le quartier du Syndicat - qu'elle connût suffisamment pour y opérer un repli stratégique. Par esprit d'association, elle songea aux courses folles qu'elle avait enchaîné ces derniers jours...et se demanda très sérieusement si Ejö et Yarkol pourraient collaborer. Non pas qu'elle souhaitât établir un quelconque lien entre les deux personnages, mais la perspective improbable d'un autre rapprochement...Elle s'aperçut avec une horreur non-contenue qu'elle avait fantasmé jusqu'à en oublier les paroles inquiétantes du Rakdos.

* Oui, mais, une grange, un Gruul, un Rakdos et... *

Sans surprise, ses appels de détresse auprès des badauds n'avaient rien donné. Allez traduire " Cet individu louche semble me connaitre mais exerce sur moi une diabolique autorité dont je souhaite me défaire, j'aimerais que vous fassiez diversion pour moi, de façon très innocente, sans me compromettre davantage que je ne le suis, si c'est possible... " de façon limpide en l'espace d'un dixième de seconde.
Un ou deux passants parurent relever l'air crispé d'Elryann, mais n'osèrent sans doute pas intervenir - sans doute estimaient-ils avoir mieux à faire, pesta intérieurement cette dernière, sachant ce qui arrivait à un honnête marchand qui croisait la route d'Ejö dans ses moments d'irritation.
Ils avaient débouché dans un endroit qui était parfaitement inconnu à la Sans-Guilde, qui fut tentée d'user de son pouvoir de sang pour en apprendre davantage sur les rôdeurs qui déambulaient dans ce nouveau paysage. Mais elle maîtrisait encore mal les effets de ce don, qu'ils soient immédiats ou secondaires, et ne souhaitait aucunement le dévoiler à son partenaire de contrainte. En revanche, elle allait devoir mettre les choses au point - si elle devait mourir maintenant, autant que ce soit avec dignité.

- Il est hors de question que vous procédiez comme la dernière fois. Ce croche-patte a très mal tourné et je n'ai guère apprécié la façon dont vous avez tardé à intervenir. En outre, la prochaine fois, j'exige un déguisement crédible. Cela dit, ajouta-t-elle d'un ton indulgent, comme si elle lui rendait un service au lieu d'être dans une situation des plus précaires, je peux vous être utile. Je suis moi-même à la recherche d'un artéfact...

Elle lui fut presque reconnaissante de l'avoir libérée, mais l'allusion à sa taille lui ôtait tout espoir de paraître intimidante. Ses vêtements, heureusement, se prêtaient à une fuite rapide. Légers, amples, ils ne témoignaient pourtant pas d'une apparence combative. Ejö devait le savoir...Une mission de négociation, peut-être ? Non, le Rakdos n'avait besoin de personne pour convaincre un receleur. Que..?

- Je vous saurais gré de cesser de me regarder de la sorte. Enfin, je ne sais pas, changez d'yeux, ou ne me regardez pas. Inutile de sourire.

Elryann, sentant qu'il valait mieux ne pas s'étendre, se drapa dans sa fameuse dignité, malgré tout consciente de la transparence de ce voile.

Le Rakdos broncha, et sembla être agacé par la verve d'Elryann pour la première fois de la journée - mais surement pas la dernière. Cessant de marcher, il fit également disparaitre son sourire féroce (bien que ce ne soit sans doute pas pour faire plaisir à la jeune sans-guilde), et l'attira à lui.
"Vous n'exigerez rien. Vous ferez ce que je vous dirai de faire, et vous me serez utile ainsi. Des artefacts, ce n'est pas ce qui manquera là où nous allons, et les occasions de vous abandonner sur place ne manqueront pas non plus. Ne me tentez pas, de grâce."
Le sourire cruel qu'Elryann lui connaissait réapparut.
"Vous me manqueriez."
Tandis qu'Ejo parlait d'une voix doucereuse, Elryann nota que la population se clairsemait de plus en plus, et que le décor tranchait à présent radicalement avec la Serre.
Des immeubles entiers étaient effondrés, gisant à travers les ruelles, et les passages qu'Ejo et elle empruntaient étaient souvent des tunnels coupant à travers les ruines, comme si une guivre était passée il y a longtemps, et que les squatteurs qui vivaient encore dans ces ruines - Elryann avait aperçu des visages les observant à la dérobée, faces furtives ou figées derrière des rideaux usés - n'avaient jamais pensé à étayer les décombres qui branlaient de façon inquiétante par endroit. Certains passages, plus sordides encore, les menaient à travers des ruelles sales, où des ossements non identifiables et un mince filet d'eau brune constituaient les seuls passants visibles. Ici et là, des symboles incompréhensibles avaient été tracés avec une substance qui devait être du sang, marquant probablement les territoires de quelques gangs Gruuls mineurs, mais les deux humains passèrent sans rencontrer âme qui vive. Sans doute ces clans étaient-ils déjà dissouts depuis des décennies.
"Nous approchons."
Il n'y avait désormais plus que quelques taudis épars, et il s'agissait davantage de vagues habitations aussi troglodytes qu'abandonnés. Ici et là, d'ancien sceaux de clans depuis longtemps disparus étaient la seule discontinuité dans ces tunnels faits de décombres hétéroclites. Ils se trouvaient à présent à plusieurs dizaines de mètres sous la surface. Ici et là, quelques yeux ophidiens les regardaient passer, sans jamais ciller. Les ombres s'étiraient loin, à présent que le soleil du vieux Rav était derrière eux, et Ejö dut allumer une torche d'un claquement de doigts et d'un pyromana. Le Rakdos la saisit et alluma un second brandon, qu'il tendit à Elryann. Les flammes jouèrent sur leurs visages, ce qui n'aida pas particulièrement la sans-guilde à se sentir à l'aise.
Les deux humains s’enfoncèrent toujours plus profondément sous terre. Les torches s'éteignirent, furent rallumées, s'éteignirent de nouveau. Ils finirent par continuer à la lueur des pyromanas. L'air était lourd et sentait le renfermé, mais également la sueur. Des créatures humanoïdes étaient passées par ici il y a peu.
"Nous y voilà !"

HRP : Suite de la quête ici.