C'est un affreux malentendu ! (2)

[HRP] Cher MJ, excuse moi si ça n'était pas à moi de poster, mais je profite de pouvoir réagir à l'action de Yarkol. De toute façon, si le coté Yarkol/Lézard-mégalomane-gavée au necromana/fumerolle illusoire/Sicarius prend trop d'avance sur le coté Elryann/Aenorial/Kyrstos/zombie & cie, j'imagine que les actions seront remise dans leur ordre chronologique d'origine.[/HRP]

Sicarius entendit la provocation de Yarkol alors qu'il venait de s'élancer vers sa cible.
Il osa esquisser un sourire ; Madame-toile-d'araignée, devenue entretemps Monsieur-ténèbres-incarnées était aussi arrogante qu'elle en avait l'air, et ne manquerait de réagir à la manière dont le semi-elfe l'avait apostrophé.
Quelque chose de profondément enfoui en Sicarius remua lorsque il prit conscience du culot dont faisait preuve Yarkol.
**J'ai presque de la chance de l'avoir rencontré ; les têtes brûlées comme lui ne courent pas les rues.**
« Eh, toi ! Le type tombé du toit, là. Oui, toi, ne fonce pas là-dessus, c’est inutile. J’ai déjà vu des invocateurs jouer avec quatre créatures simultanément. Si elle peut invoquer un truc pareil avec un seul hydromana, je pense que le détruire ne sert à rien, elle en ferait un autre. En revanche, sa vitesse de déplacement est supérieure à la mienne, et elle risque d’apparaître dans notre dos à tout les deux. Crois-moi, tu devrais laisser ce nuage humain tranquille pendant qu’il ne fait rien d’autre que garder une porte et m’aider à charger cette vipère de nécromana. »
La remarque stoppa net Sicarius dans son élan. Pertinente.
L'illusion n'avait pas réagi à son approche hostile, restant devant la porte avec la claire intention de ne laisser entrer personne.
**Il sera toujours temps de s'en occuper après.**
Il fit vivement volte-face, apercevant du coin de l’œil Yarkol reculer en regardant fixement leur ennemi commun.
« Eh, camarade, je crois qu’on devrait agir intelligemment, vraiment… Parce qu’ici, ça sent le nécromana aussi fort que le poisson. Et crois-moi, c’est mauvais signe. Elle peut canaliser très vite, je vais avoir besoin d’un petit brasier pour contre- balancer un peu… Tu sais jouer avec les flammes?»
Sicarius canalisa de suite un pyromana, qui gravita lentement autour de sa main libre.
**Cette chose est forte** pensa Sicarius en se tenant sur ses gardes.
**Si nous... Non, nous allons l'effacer de Ravnica. Et cela signifiera que nous sommes plus forts que ça. Et cela signifiera que la faiblesse de ça aura causé sa perte.**
Il s'appliqua cette fois à ne pas faire d'erreur d'inattention et resta sur ses gardes autant que possible.
Il jeta un œil à Yarkol. Vigilant.
C'était la première fois que les circonstances avaient à ce point conduit Sicarius à admettre un allié qu'il y était forcé.
Et ça s’annonçait très intéressant !
-" Je pense qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir du coté de la masure, derrière." dit-il en espérant qu'à défaut de lui faire confiance prématurément, Yarkol le croirait.
**Kyrstos, même sans pouvoir sortir de cette bâtisse, sera certainement en mesure de retrouver la cible et l'autre dimir**
Se concentrant résolument sur l'intense combat à venir, Sicarius secoua sa longue chevelure désordonnée, s'autorisant un accès d'ironie.
"Dis, tu veux vraiment accrocher ce truc à ta ceinture, ou bien c'était pour la provocation ?"

Sicarius eut à peine le temps de réagir au choc du pavé, qu'il entendit à nouveau la voix de Kyrstos dans son esprit:
**Un lézard gavé au necro...! Bon, ça ne se ----------- tout à fait comme prévu. Ici aussi, -------- des problèmes. Essaie d'utiliser du ------mana, si ------- marche pas, ca -------- compliqué.**
Kyrstos semblait être aux prises avec quelqu'un - ou quelque chose.
**Étrange, il semble avoir déjà vu ce reptile...
Hmmm, il sait quels sont les deux manas que je contrôle, il voulait donc sans doute parler du pyromana, l'autre serait sûrement inefficace.**
Bon, il en avait déjà canalisé un. Parfait.
Il entendit Yarkol ouvrir des caisses, à la recherche de marchandises utiles.
Sicarius réfléchit à toute allure, attendant qu'une idée potable fasse surface.
En face à face, monsieur-ténèbres-incarnées semblait bien capable de leur tenir tête à tous les deux, en même temps.
Il fallait une diversion.
Il n'y a qu'à envoyer le pyromana devant le cratère, afin que la petite explosion détourne son attention.
**Non, sans autre atout dans la manche, cela ne servirait à rien...Mais peut-être que...**
Il n'avait pas le temps de réfléchir à une meilleure idée.
Sicarius lança son pyromana en direction de la mare de necromana, au fond du trou, et sauta l'abri derrière une caisse, en canalisant deux autres pyromanas.
A quelques mètres de lui, Yarkol brisait des conserves de verre.
Sicarius reporta son attention sur leur adversaire, en étant le plus vigilant possible, et attendit le résultat de son expérience, son autre main crispée sur son harpon.
** Voilà que je joue aux Izzets en cherchant des réactions intéressantes. Décidément, cette journée était pleine de
surprises !**
Le résultat fut loin d'être à la hauteur de ses espérances.
Le grand varan évita la sphère de magie incandescente avec une vivacité inconcevable en se tordant de façon écœurante, comme si la composition de son corps s'était adaptée de manière à pouvoir rendre ce mouvement possible.
Le pyromana acheva sa course dans la mare de mana noir, et s'éteignit en un "pfouf" de pétard mouillé, à la grande déception de Sicarius.
**...Raté.**
Juste à coté de Sicarius, Yarkol venait apparemment de confectionner une bombe artisanale.
-"Le temps presse, les forces de l'ordre vont débarquer d'un instant à l'autre."Le prévint-il
Sicarius injecta un mana rouge dans son harpon, en comptant bien l'envoyer dans la figure de monsieur-ténèbres-incarnées, tout en songeant d'ores et déjà à la trajectoire qu'il effectuera.
Il interrogea Yarkol d'un regard exalté.
-"On y va ?"

[HRP] Navrée pour le post tardif, j'étais en période de partiels...MTG bugue, je ne peux pas mettre de couleurs, seulement l'italique, j'espère que ça ira tout de même. Ah, si, je peux mais je dois tout faire manuellement, c'est le pied. Ah, et, Aenorial, notre vénéré-MJ-qui-connait-si-bien-son-métier-et-l'exerce-comme-personne m'a dit que c'était à toi de poster sur ton épique combat face aux zombies, mais que je pouvais quand même poster. Remarque, c'est mieux, sur le plan chronologique. Bonne chance [/HRP]


Le cerveau Orzhov d'Elryann se mit à vrombir. Elle avait affaire à une banshee, un esprit d'outre-tombe que la colère empêchait de rejoindre celle-ci, hantant les lieux de sa mort comme une accusation. La question était désormais de connaître l'âge dudit esprit, capable de raisonner et de parlementer s'il était encore jeune. En l'occurrence, il s'agissait probablement d'une femme, décédée ici-même des suites de la violence d'un homme. En conséquence, elle n'était pas la cible de la ire de la banshee, qui devait tenter à sa manière de la protéger. De façon peu orthodoxe, on en conviendra, mais cela partait d'une intention charitable à laquelle Elryann fut sensible. Une autre interrogation s'avérait alors intéressante : sauver la mise de l'elfe endivesque, qui allait subir les foudres vengeresses de l'esprit ?
Soudain, la jeune sans-guilde eut une grimace et adressa un sourire étrangement crispé à Raenor. L'odeur, les trébuchements, les râles...elle avait une sainte horreur des zombies, même sous forme d'illustrations dans les vastes bibliothèques de la Guilde. Il fallait agir vite, réfléchir, mettre au point un plan brillant et inspiré...Toujours prêt à aider, l'intellect d'Elryann intervint :

* ... Erf. *

Heureusement pour elle, la spontanéité lui était généralement d'un plus grand secours que l'élaboration de schémas tordus. Toute petite, ses professeurs lui reprochaient d'être incapable de s'exprimer en toute simplicité, et de résoudre des problèmes évidents de façon juste mais absurdement complexe. La petite Elryann, à l'époque, ne prenait pas encore un malin plaisir à chercher des complications à toute situation pourtant limpide, et s'était trouvée extrêmement froissée de ces remarques. Elle s'accorda un dixième de seconde pour s'appensentir avec l'émotion qu'engendre la perspective d'une mort douloureuse sur la petite fille redoutable qu'elle était à 5 ans.

- Je peux retrouver les coupables et leur faire rendre gorge. Laissez-nous vous faire justice... Tenta-t-elle, diplomative, les paumes tendues.

Elle ne put réprimer un sursaut lorsque la voix spectrale résonna comme si les lèvres de la défunte se trouvaient tout près de son oreille. La réponse, mécanique, traînante, lui révéla que la banshee était trop âgée pour se souvenir des circonstances exactes de sa mort, et prendre des initiatives.

"Nul ne peut me sauver. Les coupables sont trop, les coupables sont morts, les coupables sont cachés ..."

Raenor ne pouvait échapper à la fureur de l'esprit, qui, après tout, avait assisté à l'enlèvement et ne pouvait être trompée sur ce plan. Si elle voulait l'aider, il fallait commencer par survivre. Oui, c'était un bon projet.

- Je vous en prie...J'ai peur, laissez-moi partir, aidez-moi...Ne le laissez pas me rattraper..! Implora-t-elle avec un réalisme touchant.

La réponse ne prit pas la forme de mots, mais d'une délivrance. La sensation d'écrasement qui pesait sur Elryann depuis son entrée dans la bâtisse s'envola, comme si la banshee l'avait libérée...Elle se sentait bien mieux. Elle devina, au "psssshit" aérien qui traversa la pièce, que la banshee s'était évaporée. Cela dit, les zombies étaient toujours là...Mais Elryann pouvait probablement s'enfuir. Instant fatidique du choix.

- Je crois que ce n'est pas à moi qu'ils en veulent. Je resterais bien avec toi, mais j'ai un autre elfe à protéger, il fait des bêtises quand on ne le surveille pas. Alors soit tu tentes de me suivre - je ne sais pas si les murs changeront de réaction - soit tu attends les renforts. Je suggère que tu viennes.

Elle fit volte-face dans un tournoiement d'étoffe rouge, et posa sa main sur la poignée de la porte par laquelle Raenor l'avait entraînée, fermée il y avait un instant par magie. Elle s'ouvrit. Elryann la franchit.

* ...Erf. *

Face à cette nouvelle et pertinente intervention de son cerveau, Elryann soupira. Et se reprit aussitôt. Au lieu du couloir par lequel ils étaient arrivés, une pièce au sol de terre battue. Mais...une banshee ne revient pas sur sa promesse, et Elryann espérait vivement que cette impression de soulagement pouvait constituer un serment en soi. Elle en concluait que l'esprit estimait qu'elle avait tout intérêt à se rendre dans cette pièce...peut-être qu'une autre sortie l'y attendait. Elle pénétra plus avant dans la cave, et distingua ce qui semblait être...une robe. Une robe flottant dans les airs. Elryann ajusta sa vision afin d'obtenir des infrarouges, et s'aperçut qu'un corps se mouvait dans l'habit. La coupe, selon Elryann, ne mettait pas en valeur sa porteuse et le décolleté aurait mieux fait d'être de type corbeille. Le hurlement que poussa Raenor l'extirpa de ces considérations...
Et, surtout, le déplacement de ladite robe blanche. La femme indiscernable venait de grimper à l'étage en passant par une trappe. Le sang d'Elryann ne fit qu'un tour, et au moment où elle se précipitait à la poursuite du vêtement et de sa porteuse, la porte derrière elle se verrouilla en un "clic" espiègle. Elryann goûta fort peu l'espièglerie, mais, confiante, courut vers l'endroit où la robe avait disparu. Un escalier montait le long du mur, donnant accès à la trappe. Au sommet, une cavité était creusée dans la pierre, de la taille d'un homme; des morceaux rouillés d'équipement de légionnaire Boros jonchaient le sol. Nouveau sourire crispé d'Elryann. Elle se hissa par la trappe...
...Et se protégea les yeux d'un revers de main. Aveuglée par une lumière dont elle ignorait si elle provenait de lumière ou de chaleur, elle rajusta péniblement sa vision normale. Elle découvrit, perplexe, le salon où elle avait vu Aenorial pour la dernière fois, éclairé comme par une lueur naturelle. A la différence près que ni Aenorial, ni les zombies ne se trouvaient dans la pièce, malgré les débrus de table qui attestaient de leur passage, et que l'éclairage n'était pas issu du soleil mais d'un photomana. Ledit photomana grésillait, en orbite autour d'une main qui appartenait à...

* ...Erf. *

La dénommée Erf se révéla être une demi-elfe fluette, à l'air triste et timide, et visiblement assez angoissée. D'une voix mal assurée et passablement hésitante, elle demanda :

"Qui... Qui êtes-vous ?..."

La journée avait pourtant bien commencé.
Ernul et Varig se promenaient parmi les étalages du marché depuis le début de la matinée, trainant leurs rictus torve - ainsi que leur odeur désagréable dénotant une méconnaissance totale de l'hygiène - d'étalage en étalage. Délinquants à la petite semaine, hédonistes et méprisants pour tenter de se cacher à eux-même à quel point ils étaient minables, ils tiraient quelques bourses, bousculaient les enfants, et étaient chassés par les autres Sans-Guildes, peu tolérants envers ces ordures de caniveau. Les prises avaient été bonnes, et, midi approchant, ils se sentaient ravis et guillerets d'avoir subtilisé de quoi s'offrir un copieux repas à l'auberge. Esquivant d'un côté un marchand hostile aux deux tire-laines, de l'autre un garde Haazda surveillant la rue avec constance et sens du devoir, ils finirent par atterrir devant l'étalage odorifère d'un fleuriste. Ledit fleuriste était en train de saluer en souriant une jeune semi-elfe à l'air particulièrement fragile et timide, qui s'apprêtait à partir après avoir complimenté le marchand sur la beauté et la variété des espèces proposées à la vente. Le temps était très doux, et elle ne portait qu'une robe blanche ; à son cou, un cristal brut, enchâssé dans l'argent et suspendu à une chaîne, dégageait une légère luminescence vert prairie. Seuls les Adorateurs de la Vie portaient de telles pierres, ce qui permit donc facilement aux deux escrocs d'identifier la demoiselle comme étant guildée.
Il y avait toujours eu des tensions entre guildés et non-guildés, plus ou moins importantes selon les périodes et les individus. Mais à l'approche du Décamillénaire, elles s'étaient encore renforcées ; et dans l'esprit mesquin des deux comparses, elles fournissaient un excellent prétexte pour aller s'amuser un peu.
Bien sûr, ces deux lâches personnages n'auraient jamais eu l'idée d'attaquer un solide Boros, un puissant Orzhov ou un menaçant Golgari, ni même le Simic qui fendait la foule à quelques mètres de là. Mais tourmenter les petites demoiselles graciles et sans défense était largement dans leurs cordes, et c'est donc en ricanant qu'ils se rapprochèrent d'elle, jusqu'à la contourner et se planter devant elle, lui barrant le passage.

"Bien le bonjour, Mademoiselle," lança Ernul, ricanant et s'inclinant.

L'intéressée, interloquée, ne répondit pas.

"C'est imprudent de se promener seule comme ça dans le Quartier Neutre quand on est guildée, vous savez ? Il pourrait vous arriver des malheurs..." renchérit immédiatement Varig, la mine chafouine.
"Vous pourriez tomber sur des individus mal intentionnés..."
"Qui vous emmèneraient dans des coins sombres..."
"Pour vous faire des choses innommables..."
"Vous devriez nous suivre..."
"Nous nous ferions un plaisir de vous escorter..."

Visiblement, les menaces déguisées des deux crasseux avaient fait leur effet, car la petite jeune femme avait l'air paniquée. Ils en gloussaient déjà intérieurement, se délectant par avance de ce qu'ils imaginaient faire ensuite - c'est à dire, effectivement, la trainer sans efforts dans un coin sombre pour lui infliger des choses innommables. Toutefois, cela ne se passa pas tout à fait comme ils l'avaient prévu.
Et cela commença par un bref éclair de rage aperçu dans les yeux verts, auparavant terrifiés. Et continua par le coup de poing dans le ventre le plus inattendu qu'ils aient jamais reçu. La petite avait lancé ses mains serrées dans leurs estomacs respectifs avec une force tout à fait insoupçonnée.
Les deux brutes se plièrent en deux et montrèrent, dans un bel ensemble, toute l'étendue de leur extrême raffinement et la profondeur insondable de leur imagination en proférant une insulte aussi originale que fleurie :

"Ah, la salope !"

Ceci, une fois qu'ils eurent repris leur souffle, bien sûr. Elle en avait profité pour faire volte-face et courir aussi vite que possible dans l'autre sens. La rue était très fréquentée, sans être bondée ; sa progression était relativement rapide. Mais l'indéniable supériorité à la course des deux malfrats fit bientôt son effet ; d'autant plus qu'eux bousculaient les obstacles et les gens sans vergogne, au lieu de perdre, comme elle, quelques précieux instants à les esquiver, si brefs fussent-ils. La jeune fille s'était imprudemment dirigée du côté des façades de maisons ; elle manqua trébucher sur un mendiant borgne, retrouva l'équilibre tout en parvenant à se confondre en excuses, et constata avec horreur en tournant la tête que ses poursuivants allaient l'atteindre dans les secondes à venir. Si ils l'attrapaient maintenant, ils lui feraient sûrement subir pire que ce dont ils avaient d'abord eu l'intention.

"La voilà, la sal..."

Un éclair blanc passa devant les yeux d'Ernul et Varig. le temps de cligner des paupières, et la fille avait disparu.

"Mais elle est où ? Elle a pas pu disparaître come ça, merde !" s'écria le premier, frustré, en fouillant la foule du regard. Il aperçut, aux lèvres du mendiant borgne, un très léger sourire.

"Hé, toi ! ça te fait rire ? Tu sais où elle est ? Tu as intérêt à la dire, et vite, sinon..."

Les mendiants borgnes étaient aussi considérés par le duo comme des proies non dangereuses. Cependant, Ernul fut interrompu dans ses velléités d'interrogatoire par Varig, qui lui désigna la maison à côté de laquelle ils étaient.

"Hé, mon vieux..."

L'autre leva les yeux, devint blanc et silencieux. Ils s'éloignèrent d'une démarche étrange, comme si ils essayaient de marcher le plus vite et le plus discrètement possible à la fois. Comme si ils ne voulaient pas réveiller quelque chose. Quand il furent à bonne distance, Varig haussa les épaules.

"Dommage. On ne la reverra pas."

La journée avait pourtant bien commencé. Silviel s'était levée d'une humeur presque gaie, s'était promenée dans les jardins aux couleurs éclatantes de Selesnya, avant de décider de faire un tour dans les Quartiers Neutre. Et voilà que ces deux ignobles personnages s'étaient lancés à sa poursuite après l'avoir menacée, ce qui l'avait terrifiée, et puis...

***Et puis quoi, au fait ?***

Silviel battit des paupières, l'air perplexe, et se redressa doucement. Il faisait noir. Une poussée d'adrénaline et un mana blanc plus tard, sa vision s'éclaircit : elle se trouvait dans une cave au sol en terre battue, seule.

***Mais... Comment ai-je pu bien arriver là ?***

Une porte à hauteur du sol ; un escalier surmonté d'un trou noir et béant.

***Serais-je... Dans la maison ?...***

La prudence s'imposait. Aussi la jeune chantresse calma-t-elle sa respiration, et commença à chanter, à voix douce, un air. Sa conscience prit pour support la musique, et son esprit commença à sonder les alentours. Il lui sembla sentir, à la lisière de sa perception, quelque chose de vivant sans l'être vraiment, qui échappait à son chant, qui s'évanouissait dès qu'elle tentait de le saisir... Puis le plafond attira son attention. Sous le plancher de la pièce au-dessus, des araignées. Agacées. Pourquoi ? Contre qui ? Impossible de le savoir. Elle augmenta imperceptiblement le volume de sa voix. Deux consciences humanoïdes au-dessus des araignées, obsédées toutes deux par une pensée si forte qu'elle s'imposa presque à Silviel, sans qu'elle ait besoin de la chercher :

***Merde, des zombies.***

Elle cessa son chant, et se précipita vers l'escalier. Ces deux personnes en haut auraient sûrement besoin d'aide ; et si elle-même voulait sortir de cet endroit - non seulement mystérieux mais en plus infesté de zombie - il valait mieux qu'elle ne soit pas seule. Son mana blanc tournoyant autour de sa main, elle s'élança sur les marches, en gravit la moitié - et ne put avancer plus. Les marches semblaient s'étirer à l'infini. Un piège magique. La panique menaçant de nouveau de la submerger, elle fit demi-tour à une vitesse qui fit tourbillonner folâtrement sa robe autour de ses chevilles, et tenta de dévaler le maudit escalier.
Sans succès.
Elle maîtrisa de nouveau sa respiration, sans parvenir à calmer les battements de son coeur.

***Réfléchis.***

Trop haut pour sauter. Etait-il possible de tromper la vigilance du piège ? Frissonnant et se sentant parfaitement ridicule, elle tenta de monter, prudemment, l'escalier à reculons. Elle eut bien vite l'impression que cela ne fonctionnait pas non plus. Afin de s'en assurer, elle se retourna.
Pour voir un visage en état de momification avancée à deux centimètres du sien, exhalant juste dans ses narines un souffle de décomposition insoutenable.
Silviel ne comprit jamais par quel miracle, après le bond qu'elle fit en arrière, elle réussit à retomber sur une marche, et à retrouver son équilibre de justesse avec une maestria digne d'un funambule - et d'un moulin à vent un jour de tempête. Le tout couronné d'un hurlement qui fit honneur à son organe vocal, vite étouffé toutefois.

Lorsqu'elle se fut totalement redressée, le visage avait disparu. On ne pouvait le voir nulle part dans la pièce. Dégainant son poignard, elle se retourna de nouveau, puis, d'un geste brusque, fit volte face pour tenter de surprendre l'apparition.
Rien.
C'est alors qu'une vibration d'esprit toucha sa propre conscience, faisant descendre un frisson le long de son dos. Tordu, malade, déformé, souffrant, en... putréfaction. La chose vivante et morte à la fois.
Une voix sépulcrale et tout aussi déformée s'éleva dans la pièce, geignante, porteuse d'une peine immense.

"Je ne voulais pas... Vous faire... Peur..."

Silviel, tourbillonnant de nouveau, scruta toute la pièce, sans succès. Son cœur battait à tout rompre. D'une voix tremblante, elle demanda :

"Qu'êtes-vous ?"

L'esprit à la fois malsain et triste lui répondit silencieusement, et quasiment instantanément. Dans un coin de la pièce, accrochée au mur comme une araignée, une silhouette de femme se dessina. Elle portait une robe et un long voile de mariée, qui auraient été blancs comme des linceuls si un sang rouge vif n'en avait pas coloré la plus grande partie. Un flottement à la poitrine indiquait qu'elle avait sans doute eu un sein coupé ; son corps devait avoir été percé de part en part plusieurs fois pour avoir versé tant de sang. Tout ce sang...
Silviel ferma un bref instant les yeux, jugulant le chagrin qui l'envahissait en imaginant les tortures qu'elle avait dû endurer avant de mourir.
Le visage, n'ayant littéralement plus que la peau - ou les lambeaux secs et fripés qui en restaient - sur les os, était tourné vers elle.
Il s'agissait sans doute d'une banshee ; une sorte d'esprit vengeur encore doué de raison. Mais plus l'esprit était ancien, plus il oubliait ses souvenirs humains et versait dans la folie de sa douleur. Oui, c'était bien ça.

Avant que la Selesnyane ne puisse réagir, la banshee se déplaça vers elle en courant sur le plafond, toujours comme une araignée. Elle s'arrêta à quelques mètres de Silviel, puis, de sa voix démente, posa une question :

"Pourquoi voulez-vous aider les personnes au-dessus ?"

Les yeux de Silviel s'arrondirent de surprise, et elle répondit avec toute la spontanéité, la sincérité, l'innocence et la conviction de son âme :

"Ils sont en danger de mort ! Il faut aider les gens en danger !"

La banshee pencha la tête de côté, comme pensive. Puis répondit :

"J'étais en train d'aider la femme... Plus jamais un homme ne fera de mal à une femme dans cette maison..."

Sur ces mots, qui la ramenaient visiblement aux terribles souvenirs qui avaient fait d'elle un esprit vengeur et dégénérescent, elle rejeta la tête en arrière, et hurla.
Les tympans vrillés par les hurlements de mille pleureuses, de milles fantômes, de mille agonisants, et de toute la souffrance et la folie du monde, Silviel ferma les yeux très forts, plaqua ses mains sur ses oreilles et protégea au plus vite son esprit derrière une solide barrière érigée par quelques années de pratique, s'épargnant quelques moments de terreur et d'égarement total. Elle ne rouvrit les yeux que lorsque le silence, béni, revint. La mariée assassinée avait disparu. Le soulagement la submergea, et elle grimpa au plus vite l'escalier, redevenu normal, sans prêter attention aux deux cavités creusées dans le mur, toutes proches. Elle se hissa sans difficultés par la trappe, aidée par l'adrénaline qui s'affolait dans ses artères.
Pour retrouver la pièce, éclairée par son mana blanc - un salon - entièrement vide. Il ne restait que des traces de luttes. L'angoisse serra son cœur. La banshee les avait-elle tués ? Ou les zombies avaient-ils eu raison d'eux ?

***Peut-être sont-ils simplement partis dans une autre pièce...*** espéra-t-elle.

Soudain, un bruit en bas la fit sursauter. Un bruit de porte se verrouillant, quelqu'un qui courait dans l'escalier. Elle fit volte-face, brandit son poignard et son mana, prête à se défendre...

Une fraction de seconde après le choc de sa rétine, la sans-guilde recouvra la vue. Hésitant entre le rire hystérique et le râle de soulagement, Elryann écarta légèrement les bras, paumes face à son interlocutrice, et secoua son épaisse chevelure afin de dégager son visage, que la course avait barré de mèches anarchique, afin d'apaiser l'elfette. Oui, encore cette race, quelle était cette mode de batifoler dans les champs avec des elfes mâles aux corps sculpturaux ? Elle-même n'aurait jamais eu l'idée d'effeuiller la marguerite des prairies avec un elfe, non mais; pour donner naissance à un espèce de..?...d'adorable petite larve aux oreilles délicatement pointues, aux joues rebondies et aux petites quenottes qui lui souriraient gentiment et...

* Euh-hm. Revenons à la bergeronnette en détresse - qui ne l'est peut-être pas structurellement, mais certainement en cette occasion, sinon cette maison ne l'aurait pas happée jusque dans cette pièce sans lui faire violence. Très sincèrement, après les zombies, le spectre et l'éloquence de Raenor, je n'ai plus peur de rien; et un lapereau armé d'un myosotis pourrait sembler plus féroce que cette elfette qui a pourtant un poignard à la main. J'espère que son état de nerfs ne prendra pas la voie de la sidération. *

Elryann détailla pacifiquement la jeune elfe. Fluette, pâle, il planait une onde de catastrophe dans ses yeux, qui semblaient englober de minuscules nénuphars. Ses cheveux serpentaient jusqu'à ses hanches comme de l'écorce souple, et ses doigts avaient l'allure gracile des rameaux en floraison. Aucun doute que, posant les yeux sur elle, la plupart des gens voudraient la consoler; Elryann éprouva plutôt l'envie de la prendre par les épaules, de la secouer et de la traîner dans une fête où elle lui apprendrait à danser. Trêve de futilités, elle sourit, d'un air aussi accorte que lui permettait la situation - à savoir enfermée dans une maison hantée, peuplée de zombies, avec une banshee, son ravisseur et une inconnue visiblement aussi informée qu'elle.

- Je suis Elryann, charmée. Ne m'en veuillez pas, je vais parer au plus pressé : j'espère que vous avez croisé la banshee. Ah, vu l'absence d'un apport supplémentaire de panique sur votre visage, je suppose que c'est le cas. J'en déduis que vous êtes, comme moi, victime d'un affront qui a souverainement déplu à notre justicière spectrale. Il y a ici deux zombies, une personne qui a trouvé particulièrement spirituel de m'enlever dans une demeure dont il ignorait qu'elle était hantée; et peut-être d'autres personnes - vous sentez peut-être le mana noir, vous qui êtes guildée. Pour l'amour du ciel, ne devenez pas un problème supplémentaire, j'en ai suffisamment. Si vous comptez me chercher querelle, faites-le dehors. Si vous êtes comme moi une inoffensive agnelle qu'on a lâchement parachuté sur l'autel crasseux du sacrifice, c'est parfait, car nous allons sortir. Je suis convaincue que nous le pouvons, car je crois que la banshee m'a guidée vers vous. Croyez-moi, cet endroit ne vaut rien : j'y ai perdu ma robe préférée, et ne donne pas cher de la vôtre.

D'un air mi-dégoûté, mi-amusé, Elryann baissa les yeux vers le bas de sa robe écarlate, dont les broderies étaient embourbées par des traînées noires, mélange de terre et de poussière, et rit doucement avant de se tourner à nouveau vers l'elfette en souriant, malicieuse.

- Croyez-moi, si vous répondez de façon articulée, vous serez de loin la personne la plus civilisée que j'aurais rencontré aujourd'hui !

Un regard, il avait suffit de ça. Les yeux carmins d’une créature rencontré au hasard, oh oui, cher camarade, tu es la braise apporté par le vent, le souffle du destin fit se rencontré la bombe et son détonateur ! Ton regard vif est l’étincelle qui mit le feu aux poudres : la poudre, c’est cet océan de folie qui régit l’être de fureur qu’est Yarkol, l’ancien Gruul est explosif, et Ravnica va comprendre ce que cela signifie d’ici quelques années.
Il n’est pas fou, du moins, tout en lui est logiquement interprété par un esprit plutôt saint, simplement la culture qui l’a fait grandir n’est pas adapté au monde civilisé. Pas de barrière, pas de limites, chez lui tout est langage : il est l’expression pure de son âme. Et il est en colère, frustré de ne pas pouvoir être aux coté d’Elryann, elle lui manque, mais il ne le sait pas encore, il ne se pose aucune question. L’instinct est son seul outil, sa seule façon d’exister. Alors, sans avoir besoin d’avantage de réflexion, sa seule folie dans le ventre, il fonça tête baissé vers le monstre. Il sortit sa bombe artisanale, canalisa un autre pyromana et lança un sourire à son allier, tout en courant vers le trou où se terrait l’ennemi. Il cria à l’attention de son compagnon :

« Tu sais, on va finir par alerter les Boros. Et puis, on est proche du pilier. Des gens vont rappliquer, et tu vas avoir des ennuis. Vas-t-en maintenant si tu veux rester dans l’ombre. Moi, je serais l’étoile de fureur qui déchire les ténèbres.»

… Une étoile filante, une de celles qui meurent jeunes. Imprévisible, foudroyant, fulgurant, exaltant ! Il serra les dents et s’arrêta au bord du trou.

« Viens jouer, gros lézards, tu me plait BEAUCOUP ! » Il lança son projectile et se retourna pour voir si son camarade s’était enfuit.

Prêt à se battre, son partenaire le regardait, et Yarkol eut la surprise de voir la créature de vapeur qui bouchait l’entré s’approché sournoisement dudit partenaire.

« Eh ! Derrière-toi, le truc de vapeur, là ! »

Et sur ses mots, il tendit la main avec moult force et volonté en direction de Monsieur nuage. Ses deux pyromana canalisé se rencontrèrent à quelques centimètres de sa paume, et il sembla surgir de sa main gauche un jet de flamme, ou plutôt une boule de feu, un trait flamboyant, un éclair de fureur, un arc de chaleur, bref, un truc qui brule et dont le semi-elfe ignorait tout. Il venait de lancer son premier sort, sa première boule de feu avait jailli de sa main en direction de l’ennemi ! Bien sur, ça n’avait rien de maitriser, ni même de véritablement dangereux : l’ancien Gruul n’a jamais été formé à la magie, sont sort manquait cruellement de technique et de précision. Il doutait même que l’attaque puisse atteindre son adversaire, mais peu importe, il avait fait quelque chose d’hallucinant et…D’autrefois interdit. Il lui était strictement défendu d’utiliser la magie en tant que Psora. Aujourd’hui, sa rage de vaincre avait pris forme physique et avait jaillis de sa main comme le symbole d’une révolution à l’encontre du monde.

Dans le dos du semi-elfe, quelques secondes auparavant, son projectile avait fait un misérable flop. Après avoir touché sa cible, il tomba mollement dans la mare de nécromana qui masquait ce qui devait servir de pied au grand lézard. Il s’en contrefichait, à vrai dire: il avait simplement espéré que ça se brise et que le sol soit couvert de bout de verre tranchant, c’est pourquoi il avait rempli de verre une bouteille de verre : maximiser le nombre de micro projectile qui seraient expulsé dans tout les sens. (Une petit piège qui fait toujours son effet quand les victimes d'un raid courent pieds nus.) Ceci bien sur dans le but de vérifier s’il était possible d’enfoncer quelque chose dans la peau du monstre. Expérience ratée pour le moment, il devrait s’approché et enfoncer sa dague dans le cœur de l'adverssaire pour avoir une réponse.

Il se demanda d’ailleurs pourquoi l’ennemi n’avait pas esquivé le projectile mais qu’il s’était écarté pour ne pas prendre le pyromana de son allier. Cependant, il n’eut pas le temps de lui faire part de cette réflexion : la surprise de son sort étant passé, il baissa la main pour voir s’il avait fait mouche…

-"on y va?"
Son partenaire sourit en guise de réponse.
Et à peine Sicarius eut-il le temps de s'élancer qu'il chargeait déjà en direction du cratère. il s'en fut à sa suite, se préparant à l'affrontement qui n'allait pas manquer d'avoir lieu quand il entendit son compagnon lui crier:
-"Tu sais, on va finir par alerter les Boros. Et puis, on est proche du pilier. Des gens vont rappliquer, et tu vas avoir des ennuis. Vas-t-en maintenant si tu veux rester dans l’ombre. Moi, je serais l’étoile de fureur qui déchire les ténèbres."
Il ne répondit, sourit seulement en retour.
-"Viens jouer, gros lézard, tu me plait BEAUCOUP !" S'exclama-t-il en balançant son cocktail explosif sur leur cible commune.
Sicarius n'attendit pas de voir si le projectile allait atteindre sa cible, armant déjà son bras pour envoyer son harpon défaire le manteau d'écailles de leur ennemi.
Ce faisant, il s'entailla l'avant-bras, qui était par ailleurs couturés de grossières cicatrices, et enchaîna quelques gestes précis avec le même bras. Il redressa sa tête.
En lançant sa bombe, son allié avait réalisé un volte-face et jetait un œil dans sa direction:
Il s'écria tout de suite:
-"Eh ! Derrière-toi, le truc de vapeur, là !"
Sicarius se retourna dans sa course et aperçut un tentacule gazeux se tordre vicieusement en sa direction. Il n'eut pas le temps de réagir qu'un faisceau brûlant passa devant lui, lui cachant l'Illusion, qui parut absorber la flamme.
Celle-ci se dissipa, et un regard suffit à Sicarius pour se rassurer:
*****Celui-ci est calmé pour un petit moment.*****
En effet, si aucun effet spectaculaire ne s'était produit, une partie de l'humanoïde s'était volatilisée, et la vapeur restante s'était retracée jusqu'à devenir totalement opaque, et prit le forme de la porte, en une planche de fumerolle d'une trentaine de centimètres d'épaisseur, qui obstruait toujours l'entrée.
Il reprit sa course, qui avait à peine ralenti, et s'élança vers le lézard qui, si il n'avait pas encore réagi, n'allait pas tarder à passer à l'action.
*****A moins que sa vanité ne l'aie rendu stupide, et qu'il ne se rende pas comte du danger que l'on représente.*****
Il n'oublia pas les paroles de son camarade, et se tint prêt à toute éventuelle intervention des forces de l'ordre.
Il vit brièvement ce-dernier surpris, comme si son sortilège était une heureuse surprise.
Ou peut-être était-il simplement étonné que sa bombe n'aie pas eu l'effet recherché.
Arrivé à sa hauteur, Sicarius lança le pyromana qui gravitait autour de son poignet vers
Monsieur-Ténèbres-Incarnées, puis son harpon, dans la même seconde, sur sa cible, tendant jusqu'à son esprit vers son arme.
*****L'Illusion a l'air de ne pas du tout avoir apprécié le rayon de flammes. Et le lézard s'est vraiment donné du mal pour éviter mon pryomana. Ça ne peut vouloir dire qu'une chose. Il semble que le feu doive triompher aujourd'hui.*****[/i]
-" Refais-le! Sur lui! Balance-lui --"*****--ton sort !!!*****
Mais il ne put aller achever sa phrase car quelque chose de dur et de froid entra brutalement en contact avec sa joue, et ses cordes vocales semblèrent décider que ladite phrase était très bien comme ça.


[HRP]ce post a été édité.[/HRP]

Un bras sortant d'un nuage. Les magiciens ne savent vraiment plus quoi invoqué, de nos jours. Les shamans au moins avaient le sens du spectacle, le semi elfe eut un sourire en coin après avoir observé ce phénomène pitoyable.

"Parce que tu bloquais la porte et que ton crétin de camarade vient d’emmené ma compagne à l’intérieur. Et puis, t'as l'air coriace, je n'ai jamais rien rencontré qui te ressemble. Tu ne veux plus jouer? Ou tu pensais que j'allais m'enfuir parce que t'as une voix distordue? Mon maitre est bien plus impressionnant que toi, et je suis sur qu'il serait fier de savoir que j'ai affronter pareil créature."

Il sortit sa dague une nouvelle fois, comme une invitation, mais n'engagea pas le combat. Il ne faisait clairement pas le poids face à cet adversaire, et une proie qu'on ne peut pas abattre tout seul n'apporte aucun honneur. Quand bien même il lui trouerait le cœur à l'aide des deux énergumène derrière, il n'aurait pas le droit de porté une de ses dents à la ceinture. Intérieurement, il se dit que s'il sortait vivant de ce combat, il reviendrait une fois plus puissant et demanderais un combat singulier.

Sans quitter son adversaire des yeux, il cria aux deux autres: "Eh, si ça ne vous ennuis pas, j'aimerais retrouver mon amie, alors le truc avec un bras là, faut le dégager, je me fiche du gros lézards, je veux aller la chercher."

Silviel s'apprêtait à répondre lorsque ses sens magiques, aiguisés par son chant récent, lui titillèrent l'esprit avec insistance. Elryann vit ses yeux se perdre dans le lointain, comme si elle ne prêtait plus attention à ce qu'elle avait devant elle ; puis ses paupières se fermèrent complètement.
Concentrée sur les informations que lui apportaient sa perception magique de l'environnement immédiat, elle ressentit plusieurs choses à la fois.
Tout d'abord la banshee. Le contact de son esprit spectral, en décomposition, donna à Silviel une envie de haut-le-cœur. Par bonheur, elle ne fit que l'effleurer, la morte ne cherchait plus à communiquer avec elle. En réalité, de ce qu'elle avait pu ressentir, elle semblait même... S'être complètement désintéressée des deux jeunes filles. Elle l'annonça à sa compagne d'infortune, d'une voix étrangement chorale :

"La mariée... ne se préoccupe plus de nous. Son attention est fixée à la périphérie, sur ce qu'il se passe à l'extérieur. Nous devrions réussir à atteindre la sortie sans qu'elle nous pose de problèmes ou tente de nous en empêcher."

Mais il y avait autre chose ; quelque chose qui était dans la maison... plus haut. Un être vivant fortement affilié au mana noir, et qui laissait un trou dans le flux interne en sortant... Elle se maudit mentalement d'avoir interrompu son chant dès qu'elle avait senti les pensées d'Elryann et de son ravisseur. Elle aurait pu capter plus tôt la présence de l'autre, et en savoir plus sur sa nature et son identité...

***Peu importe. L'urgence, c'est de sortir d'ici.***

Elle rouvrit les yeux, et lorsqu'elle parla, la Sans-Guilde put constater que sa voix était redevenue normale - légers tremblements dus à l'angoisse compris.

"Il serait sans doute plus prudent de rester à l'intérieur. Mais l'idée de rester enfermée - pour combien de temps ? - dans cette maison hantée m'est insupportable. Et puis, nous n'aurons sans doute pas de meilleure occasion d'en sortir, puisque la banshee nous ignore présentement. Quoi qu'il puisse se trouver dehors, je préfère vous accompagner, et si possible, vous aider. Et puis, vous avez raison il vaut mieux que je ne me promène plus seule dans le quartier, je crois qu'après le coup de poing qu'ils ont reçu dans le ventre, mes agresseurs ont contre moi quelques griefs. Et, en effet, vous l'avez bien deviné : je suis Selesnyane."

Avec une brève hésitation, elle saisit la main de la Sans-Guilde - heureuse de constater ses évidents progrès quand aux contacts physiques - et franchit la porte en même temps que sa compagne d'infortune, qui, décidément, évoquait à son esprit l'image de deux fleurs rouges : le coquelicot et ses airs froissés d'herbe folle, ainsi que l'assurance et l'opulence exotique de l'amaryllis.

Elles débouchèrent sur une cuisine qui avait jadis dû être une splendeur en son genre, mais qui était recouverte d'une couche de poussière probablement proportionnelle à l'âge du fantôme de la mariée.

"Cette pièce... L'avez-vous déjà traversée ? Est-elle loin de la sortie ?" demanda Silviel à Elryann, d'un ton assez inquiet.
Soudain, un éclat de lumière vif attira son attention. Dans un coin de la pièce, se trouvait un objet relativement incongru en ce lieu : une épée courte ne possédant qu'un seul tranchant. Intriguée, elle s'en rapprocha, allant jusqu'à y passer le doigt pour juger de la taille de la couche de poussière. L'arme, frappée du sceau Haazda, était posée ici depuis une année au moins. Quelques tâches sombres souillaient sa lame ; rouille ou sang depuis longtemps séché. Comment cette lame avait-elle bien pu se retrouver ici, tranquillement appuyée contre le mur de la cuisine ?

Elryann se prit à rêver d'un endroit calme, exotique, où les baleineaux s'ébattraient gaiement dans les prés fleuris en formant des chœurs mélodieux et...
A propos de mélodie...Ah, oui, c'est vrai. La sans-guilde se trouvait non pas affalée dans un hamac, les jambes en l'air, mais dans les tréfonds sinistres d'une demeure hantée par une banshee psychotique et maternelle, avec pour seul espoir d'échapper à la terre entière qui, en ce moment même, devait sans doute vouloir sa peau. Dans le meilleur des cas. Et sa compagne d'infortune était une Seles', la guilde des gazouilleurs de Ravnica. Où était-elle, d'ailleurs ?
Elryann repéra Silviel quelques mètres plus loin, en état de fascination avancée devant une arme Haazda. Son sang ne fit qu'un tour. Elle se précipita...Et s'arrêta net, le regard fixé sur Silviel qui lui tournait le dos. Un sourire appréciateur naquit sur ses lèvres devant le pli révélateur du vêtement de l'elfette.

* C'est primesautier, ça. Une fleur de trèfle est comestible, pourquoi pas..? *

Elle secoua la tête pour interrompre ses divagations, et attrapa résolument la Seles' par le poignet, sans se préoccuper d'un éventuel désaccord : l'heure n'était pas aux manières, mais à une interrogation. Les pièces allaient-elle cesser leur satané tour de manège, se tenir à carreau et les laisser s'enfuir ?

- Ne vous offusquez pas, mais il faut partir.

Sans attendre la moindre réponse, et surtout, sans laisser le temps à Silviel de s'emparer d'une arme Haazda – elles avaient assez d'ennuis comme ça – Elryann se mit à courir, entraînant l'elfette à sa suite. Une bouffée de soulagement la traversa lorsque sa course confirma que l'espace semblait stable, retrouvant son agencement initial. Il était étrange de voir deux jeunes créatures, habillées légèrement, se ruer à travers ces couloirs défraîchis et poussiéreux.
La sortie, enfin ! La lumière du jour se répandait dans le couloir, et des éclats de voix leur parvenaient. La sans-guilde ne conversa l'équilibre que grâce à un réflexe motivé par le dégoût, sans quoi elle se serait heurtée de plein fouet à la banshee...qui bloquait le passage. Elryann poussa un long soupir exaspéré, et, constatant que le spectre n'avait pas remarqué leur présence, jeta à un coup d'oeil à l'extérieur.

* … *

Un monstrueux lézard, aux allures belliqueuses, semblait darder son regard vers les deux individus qui lui faisaient face. Yarkol était en posture de combat, l'air encore plus débraillé, si c'était possible, que tout à l'heure, accompagné d'un jeune homme au même aspect endivesque que Raenor, à croire qu'ils étaient apparentés. Ce dernier faisait mine de se jeter sur le lézard, talonné par un drôle d'échalas.

* Fort bien. Tout cela juste à côté du Pilier des Paruns, dans une discrétion absolue. *

Elryann nota quelques cratères au sol, témoins d'une explosion. Elle regarda alternativement Yarkol, qui ne l'avait pas vue, la banshee, toujours aussi accueillante, et Silviel, qui visiblement hésitait. Si elle sortait la jeune elfe de ce guêpier, elle allait devoir également l'aider à fuir le lézard : inutile de l'extirper de la maison hantée si c'était pour la lâcher en plein combat, fût-ce à l'air libre.

- Bieeen. Ne me lâchez pas, s'il vous plaît. Nous allons y arriver !

De la main gauche, elle tenait fermement celle de Silviel, et dans la droite, elle canalisa un pyromana, non sans serrer la mâchoire en découvrant à quel point c'était devenu facile. Puis, dans un élan de bravoure, elle hurla ce qui semblait être un :

- Waaaaaataaaa !

...coupé net par le contact glacé de la banshee, qui avait saisit son bras. Elle eut un spasme horrifié, et contempla le visage du fantôme. « Mais pourquoi voulez-vous... » fit-il. Son regard peiné, interrogateur et déçu lui brisa le coeur, l'espace d'un instant. Elle se demanda presque s'il ne valait mieux pas rester, bien en sécurité, dans cette maison, somme toute pas si effrayante...Et puis l'emprise se desserra, et le sortilège fut rompu. Raffermissant sa prise sur les doigts de Silviel, Elryann bondit dehors, et...fut retenue par Silviel, qui ne bougeait pas. Quoi encore ? Elle fit volte-face, et s'aperçut avec stupeur que la banshee avait posé ses mains décharnées sur les épaules de l'elfette, qui ne faisait rien pour se dégager. La sans-guilde émit un grincement horripilé, et tenta de libérer la Seles' de l'emprise spectrale, avant de se rendre compte que c'était Silviel elle-même qui refusait de la suivre.

- Bonté divine...Eh bien, quand tu auras décidé de sauver ta peau d'adoratrice des pissenlits, tu le manifesteras !

Elle lâcha sa main, et jeta un dernier coup d'oeil au visage pâle de la jeune elfe. Soudain, elle comprit sa bévue : Silviel n'était pas en plein possession de ses moyens, elle était en transe, et subissait l'ascendant de la banshee ! Prête à l'aider, elle se tourna vers Yarkol. C'était sans compter un léger malentendu...Elle n'eut pas le temps d'intervenir.

- NON !

La réponse de la créature fit sourire l’ancien Gruul. Ils se retrouveraient surement, un autre jour, dans un endroit plus approprié pour un tel combat. Cependant, savoir que de telles entités sillonnaient Ravnica le mit en joie. Il rayonnait, heureux d’une telle confirmation de ses soupçons. Avec ce genre de monstre, la vie ne pouvait qu’être surprenante et pleine de surprises ! Il fut néanmoins brutalement tiré de ses pensées par une explosion sonique qui l’envoya au sol. Il se releva bien vite, admirant avec un air sadique l’apparition fantomatique qui sortit de la maison. Un nouveau jouet ? C’est jour de fête aujourd’hui, les ennemies sortent de partout et tout le monde se fout sur la tronche dans tout les coins. Et quels invités de marque ! Un compagnon qui lui semblait être à sa mesure, un lézard surpuissant empestant le nécromana, un drôle de type sortis d’on ne sais-où pour rattraper son compagnon et enfin un spectre au cri dévastateur tout content de sortir de sa maison.

Joyeux bordel ! Il eut la joie d’apercevoir son compagnon sauter dans les airs après s’être chargé de pyromana, en fonçant sur le gros lézard. Il avait l’air très décidé à abattre l’entité de nécromana tout seul. Il se retourna vers la drôle de femme transparente. Zut, c’est elle l’ennemie maintenant. N’ont-ils pas finis de bloqué cette fichu porte, tous autant qu’ils sont ? Il sortit un couteau de lancé et s’avança rapidement vers elle, au moment où Elryann sortit précipitamment, retenue semble t-il par une…Seles ?! Les deux femmes avaient l’air paniqué, et le spectre intercepta sa fidèle broute-pissenlit par les épaules. Voyant sa compagne avec un pyromana dans les mains, Yarkol comprit très vite la situation. Cette foutue mangeuse de salade empêchait sa belle de sortir depuis le début. Il inspira une grande bouffée d’air, releva le bras, et le tendit, lâchant son couteaux de jet tout en expirant. La trajectoire fut net, impeccable. L’arme toucha sa cible avec force et précision, exactement sous les côtes, s’enfonçant dans la Chanteresse comme dans du beurre. Elle hoqueta, crachant un jet de sang, les yeux dans le vide.
D’un geste expert et avec la rapidité que confère l’expérience d’une centaine de raid, le semi-elfe plongea sa main en direction de sa dague, mais fut stopper par Elryann. Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?

« Depuis quand protégeons-nous ces maudits sectaire zélée ? » Elle siffla entre ses dents :

« Depuis qu’une jeune fille bien élevé protège des tarée couvert de marmelade ! Maintenant, pas toucher ! »

Elle décanalysa son pyromana et demanda à la cours-les-bois si elle savait manier le photomana. Lorsqu’elle acquiesça, à demi consciente mais toujours debout, Elryann fit jaillir une boule blanche lumineuse qui passa de sa main à celle de l’amie des écureuils.

« Je t’expliquerais. Il faut partir, avec la Seles’.»

L’ancien Gruul fronça les sourcils. Les otages, ce n’est pas vraiment son truc. Les affaires de rançon finissent toujours mal. Enfin bon, tant pis. Elle pourra toujours servir de défouloir plus tard.


[Hrp/ Les actions d'Elryann dans mon post ont été approuvés et vérifiés par Mj06./Hrp]

Silviel s'était laissée entraîner sans faire d'histoire, surprise certes, mais convenant qu'il valait tout de même mieux sortir. Tout se passa donc bien jusqu'à ce qu'elles ne heurtent la banshee. Silviel sentit qu'Elryann continuait à la tirer par le bras, mais elle se trouvait brusquement déconnectée de la réalité. L'esprit torpide et malsain de la créature spectrale avait fait irruption dans son esprit, trop vite pour qu'elle n'érige sa barrière mentale. Elle lui parla, d'une voix mentale insupportablement suppurante de peine :

"Vous... êtes trop fragile... n'y allez pas !"

La chantresse ne percevait presque plus rien de ce qui l'entourait. Elle renonça momentanément à l'idée de retrouver ses murailles spirituelles, et lui répondit, également par voie mentale :

"Ne vous en faites pas, je vais me débrouiller..."
"Pourquoi... Ne pas rester ? Je veillerai... Les hommes sont... cruels..." Elle percevait la voix du fantôme comme à travers un brouillard, hachée.
"Des femmes m'attendent dehors. Vous, vous ne devriez pas rester... Vos proches vous attendent à Agyrem, le Quartier Fantôme..."
"On m'a... déjà dit ce nom... mais il y a encore tant de choses douloureuses... à causes des hommes."

Son esprit dégénéré semblait grogner et s'agiter à ses mots, comme si ils l'aiguillaient plus encore.
Silviel tenta encore de la raisonner.

"Rester ici, à souffrir, c'est continuer à être soumise à la torture qu'ils vous ont infligée. Vous en libérer, ce sera les vaincre."

Visiblement, ce n'était pas la chose à dire.

"Mais... C'est... Ma... Maison !" La banshee exprimait un peu trop vigoureusement au goût de l'esprit de Silviel un mélange de colère et de stupeur. Elle grimaça.
"Je n'abandonnerai pas mon bien-aimé pendant qu'il dort !"

Son bien-aimé ? Prudente, Silviel tenta d'exploiter ce filon.

"Votre bien-aimé dort ?"
"Oui... Il se repose... Il a eu... Un dur labeur..."
"Depuis ce temps, il est parti à Agyrem lui aussi... Pourquoi le faire languir ?"

La fureur du spectre explosa avec une force qui failli pousser Silviel au bord du gouffre qu'elle avait si souvent frôlé, jadis : la folie. L'image d'un cadavre décomposé d'un Sans-Guilde sur un lit décrépi s'imposa à elle.

"Je ne le fais pas languir ! Il se repose... N'a pas la force de se venger ! Je le fais... à sa place... Mon cadeau de mariage !..."

Elle s'interrompit, et son ire se volatilisa.

"Me trouvez-vous à son goût ?"

Silviel estima qu'il valait mieux ne plus la contrarier.

"Certainement. Vous êtes ravissante..."

Soudain, elle sentit une douleur qui lui semblait à la fois violente et lointaine. Comme si elle enregistrait la souffrance sans réellement la ressentir. Ce choc fut suffisant pour diminuer l'emprise de la banshee sur elle, et elle put baisser les yeux. Un poignard de jet s'était fiché sous ses côtes, légèrement vers la gauche...

"Oh..." Un peu de sang perla à ses lèvres, son corps toussa.

La distance qu'elle avait vis-à-vis de lui lui permit de garder conscience, et de réfléchir. Elle n'avait pas accès au mana tant que le fantôme vindicatif la tenait sous son emprise. Mais elle pouvait déjà préparer ses incantations. Elle envoya l'ordre à son corps, dont les lèvres se mirent à bouger imperceptiblement, un chant inaudible aux paroles incantatoires en sortant. Dès qu'elle se libèrerait de la banshee, l'accès au mana et la rapidité des sorts qu'elle allait jeter en seraient améliorés. Elle aurait besoin de deux manas verts pour se soigner, ainsi qu'au moins deux blancs... Aurait-elle le temps avant de rendre l'âme ? Elle prenait tout cela avec un détachement étonnant.

"Laissez-moi partir, je vous en prie. Quelqu'un vient de m'envoyer un poignard sous les côtes. Je vais mourir si vous ne me laissez pas partir..."

Elle sentit une grande peine de la part de la banshee, qui geignit, sépulcrale :

"Soit... je vous laisse... Je ne voulais pas vous forcer... Vous faire du mal..."

Juste avant que le contact ne se brise, elle sentit la morte-vivante tourner son attention vers Yarkol, et ses intentions se teinter de couleurs funestes...
Puis la douleur de la blessure la cueillit vraiment, la laissant sans souffle. Toutefois, elle s'y était préparée, et, éloignant son esprit de l'information de souffrance, se concentra sur le mana vert, qu'elle sentait là, si proche... Elle rouvrit les yeux juste à temps pour recueillir le mana d'Elryann avec une reconnaissance infinie, puis obtint son premier biomana. Son chant vibrant mais ténu le consuma, et elle passa en mode de perception vitale. Elle voyait le monde autrement, percevant corps vivants, non-morts ou en attente de vie. Elle entrevoyait les problèmes physiques, sans pour autant pouvoir déterminer leur nature exacte. Mais naturellement, dans son cas, elle savait très bien quel était le problème. Elle fixa son attention mentale sur elle-même, une sonnette d'alarme résonnant lorsqu'elle regardait son ventre. Son chant, commencé à l'avance, lui permit de canaliser extrêmement vite un second mana vert - tout en parvenant à maintenir encore ses deux manas blancs - et elle incanta son Chant de Guérison, focalisant sa perception sur la blessure, ce qui lui permit d'en voir le détail avec précision. C'était moins grave que ce qu'elle avait craint : le couteau n'était pas très long, et l'estomac n'était pas touché. Elle se donnait une heure sans soins et en retirant l'arme. Une esquisse de sourire pointa sur ses lèvres, dont coulaient désormais un véritable filet de sang. Elle n'aurait pas besoin d'une heure. L'air qu'elle fredonnait varia, et elle prononça les paroles du Chant de Régénération. Elle aurait dû se servir de biomana, là encore, mais le temps pressait. Elle espérait que l'ersatz allait fonctionner. Si c'était le cas, moins bien sans doute ; mais ça lui laisserait le temps de se concentrer pour pouvoir en canaliser encore un autre. Elle décida d'utiliser les deux manas blancs pour obtenir au moins un minimum d'efficacité. Elle n'était même pas sûre que ça marcherait...

Elle arracha le poignard en réprimant un hurlement, et plaqua les deux mana sur sa blessure. Qui se comportèrent de manière curieuse : ils semblèrent former une membrane translucide et brillante recouvrant les lèvres et l'intérieur de la plaie. Le saignement s'arrêta, et la souffrance s'apaisa légèrement. Mais cela ne tiendrait pas bien longtemps. En attendant d'avoir suffisamment recouvré ses forces pour un nouveau mana vert, elle maintint les Chants de Perception Vitale et de Guérison.