Une inquiétante découverte...

Le soleil baignait les façades des immeubles, tous d’une verticalité à peine imaginable. Le temps est au beau fixe, la chaleur tempérée par des bourrasques régulières, qui arrachaient la poussière des pavés dorés. Dans les quartiers commerçants, les marchands aisés avaient étendus des étoffes multicolores pour préserver leurs étalages. Les moins chanceux devaient s’abriter dans le renfoncement des portes ou quitter leurs artères principales, où rien n’entravait le souffle du vent.

Revan avait fait le même choix. Bien que le Centre ne fût pas particulièrement bondé, la foule s’y massait toujours en nombre, et avec la chaleur de cette après-midi, le Selesnyan ne gouttait guère cette ambiance. Il s’était donc éloigné, regrettant déjà cette journée passé loin des jardins bénis de sa guilde, et de leurs allées ombragées.

Ce jour-là, Revan avait délaissé l’auberge Selesnyenne qu’il fréquentait habituellement. Il avait choisit d’explorer une nouvelle fois les ruelles de la cité-monde, sachant qu’il lui faudrait une vie entière pour s’habituer à un ce chaos ordonné. Il avait fait provision de divers vivres dans une boulangerie populaire appartenant à la guilde, le goût du pain elfique lui laissant un sentiment mitigé. D’un côté, c’était formidable que la guilde supervise sa formation et lui accorde la gratuité de la plupart de ses produits. De l’autre, Revan comptait bien rembourser chaque miche de pain par son labeur. L’inaction le navrait.

Aussi occupait-il son temps libre à l’exploration.

*Même si ça ne remplaçe pas un peu de fraîcheur* regretta encore le Selesnyan. Il se glissa le long d’une façade pour éviter un convoi de brunécailles, suivit un escalier en spirale qui le conduisit à la frontière du quartier Boros, puis descendit plusieurs niveaux de la cité, un longeant un barrage Izzet qui surplombait un canal aux abords argentés.
Mais parmi toutes ces merveilles, la nature semblait largement absente.

Après avoir marché au hasard pendant plusieurs kilomètres d’un paysage monotone, Revan franchit une arche de pierre dont seule l’extrémité gauche tenait encore debout. Il observa les alentours, mais un vide soudain avait remplacé les quartiers résidentiels. Un brouillard grisâtre et permanent couvrait son champ de vision sur une bonne centaine de mètres, lui masquant la vue. Perplexe, Revan traversa la barrière magique à travers un tunnel désert. Diverses lichens et autres plantes miniatures jonchaient le sol, d’où s’écoulait un mince filait d’eau vaguement malsaine.

Tout ça dégoutait assez Revan, mais la curiosité fut la plus forte. Bien qu’il n’eut aucun idée de l’endroit où il se trouvait, il n’était pas vraiment inquiet. Une petite partie de lui pensait que, s’il était revenu indemne de la Citerraine, peu de choses consistait une réel menace.

En dépit de sa confiance en lui, il effleura tout de même la poignée de son sabre, pour se garder du mauvais sort.
La première chose qui le frappa fut l’odeur. Ce n’était pas l’odeur de pourriture, infecte, qui sévissait dans les territoires Golgaris. C’était un parfum plus insidieux, un de propre et d’artificielle, qui Revan ne put interpréter que comme du gel. Si la cause de cette flagrance demeurait trouble quelque temps, cette question s’estompa dés lors que Revan eut atteint la limite du tunnel.

Des racines vertes kakis, boursouflés et desséchés, s’étendaient du sol au plafond, comme un rideau végétal. Revan ne comprit pas comment de telles créations pouvaient être qualifiées de plantes. Le Selesnyan qui était en lui reconnu la corruption simic pour ce qu’elle était et émis une grimace de déplaisir, mêlée de pitié.
La barrière organique était la source de la puanteur, et les trilles tourmentées laissaient un espace insuffisant pour laisser un adulte les traverser. Ni une ni deux, Revan fit jaillir sa lame de son fourreau sombre, et avec une économie de mouvements étonnante, se fraya un passage à travers la végétation.

Il entra donc dans la Forêt Simic, sur le qui-vive. Le guerrier ne pouvait pas distinguer grand-chose dans cet environnement, mais, comme son maître Ontalos le lui avait si souvent dit, les pires dangers sont souvent ceux qu’on ne voit pas. Revan n’était pas paranoïaques au point de craindre un gaz toxique, mais tout de même, les poisons simic étaient connus et redoutés. Sa famille en avait fait l’amère expérience lorsqu’ils avaient été confrontés au Cartel…
La lumière diurne parvint finalement à éventrer la canopée lugubre, jetant un éclairage fantomatique sur les arbres de cytoplasmes qui s’étiraient maladivement autour de Revan. Celui-ci s’engagea sans crainte à travers les chemins tordus de la forêt, attentif aux moindres bruits, effondré et fasciné par les mutations délirantes de la flore….

Maître du Jeu Nombre de messages : 168 Date d'inscription : 08/03/2009

La jungle dans laquelle il évoluait n'avait rien de commun, ou presque, avec les belles forêts de Selesnya, claires, florissantes, entretenues, où la nature était un hymne à l'harmonie. Dans l'enceinte de Vitu-Ghazi et dans les autres propriétés selesnyanes, les arborescences étaient laissées libres de pousser naturellement, mais l'influence du mana blanc et les jardiniers travaillaient tout de même à éviter un débordement afin de maintenir un sain équilibre et d'éviter une sauvagerie gruule voire une contamination simic ou golgarie.
Ici, tout croissait sans le moindre contrôle ou la moindre surveillance, dans une luxuriance obscène, bleuâtre et déformée. Des créations improbables y avaient vu le jour, d'abord conceptions ratées et jetées là par les biologistes fous, s'étant ensuite croisées entre elles pour donner naissance à des végétaux plus mutants, dangereux et altérés encore.
Des gouttes de sève parfois corrosive ou visiblement empoisonnée tombaient parfois de larges balafres dans les écorces, oeuvres de prédateurs qu'on préférait ne même pas imaginer. Branches et lianes se tordaient affreusement, les fleurs criardes souvent carnassières étaient adipeuses et morbides. Les plantes livraient une bataille active et acharnée contre leurs parasites. Ici, la nature dénaturée faisait la course à l'évolution : celui qui ne s'adaptait pas au plus vite mourait.
Tout cela était sans conteste fascinant, de la même fascination qu'on peut avoir face à un lépreux ou une victime de maladie orpheline, boursouflé et gonflé d'ulcères. Les animaux étaient quasiment invisibles, mis à part de gigantesques araignées aux couleurs et au fuselage superbes, occupées à tisser très haut leurs toiles enduites d'une colle anesthésiante ne laissant pas la moindre chance au malheureux animal - insectes et singes comme oiseaux - venant s'y accrocher. Revan se souvint en frissonnant d'histoires sur d'autres races d'araignées, qui ne filaient pas mais attendaient leur proie tapie dans l'ombre.
Quant à l'eau, elle était partout. On aurait presque pu boire l'air tant il était humide ; des gouttes ruisselaient sur toutes les surfaces possibles, animaux compris ; et le Selesnyan entendait ou entrevoyait régulièrement clapoter des marigots ou des rivières ça et là. Ce climat très tropical était tout à fait propice au développement de diverses bactéries issues de l'imagination débordante des Simics, et qui avaient déjà décimé des centaines de malheureux au prétexte d'une expérimentation ou tout simplement d'une fuite.
Le cytoplasme était sans aucun doute la seconde matière la plus présente après l'eau, justement. Cette étrange gelée d'origine magique phagocytait chaque être vivant ou presque pour le transformer, et augmenter sa puissance. Revan pouvait surtout remarquer sur les animaux ces excroissances translucides souvent bleues ou vertes, mais parfois jaunes ou d'une autre couleur plus exotique. Les végétaux semblaient moins touchés par ce que Selesnya considérait comme une hérésie. La dénaturation et l'évidente dégénérescence de ce biotope révulsait le jeune homme, qui continuait pourtant d'avancer bravement. Ici, rien, pas même le plus innocent brin d'herbe, n'était inoffensif. Une magnifique bête, un papillon grand comme sa paume, qui voletait paisiblement, se chargea de le lui rappeler en lui crachant un jet d'acide dessus lorsque la main du Selesnyan passa trop près de lui. Par bonheur, seules quelques gouttes l'atteignirent, qui ne lui provoquèrent qu'une demi-douzaine de cloques relativement douloureuses. L'insecte s'éloigna de son vol guilleret, exposant comme pour le narguer l'extraordinaire moiré aurore de ses ailes aux yeux d'un Revan passablement agacé. Au loin, il entendit une course, puis un couinement. La prédation était tout à fait d'actualité en ces lieux, quoique la donne soit un peu... changée. L'agresseur n'était pas toujours celui qui mangeait à la fin.

Revan grimaça en voyant l’état de sa main. Le jour le plus chaud de l’année, il n’emmenait pas ses gants, et voilà le résultat. L’irritation finit par le convaincre d’arrêter de toucher. Cela ne fera qu’empirer, bien que l’agression ne fût guère préoccupante.

Il s’efforça de se détendre, mais ce n’était pas aisé dans un environnement aussi inhospitalier. La plupart de créatures qui vivaient ici semblaient parfaitement capable de se défendre, et même plus. L’air était lourd, l’humidité avait tôt fait de coller ses vêtements à sa peau. Un dilemme se présenta alors à lui : rabattre sa capuche pour éviter un jet d’acide, en épit de la chaleur ? Finalement, sa ne ferai sans doute pas une grande différence.

Revan se mit à marcher au hasard. Il n’aurait pas pu s’orienter, même s’il avait cherché à le faire. Ayant eu la chance de vivre en dehors du Centre, il avait déjà arpenté de véritable forêt, et non les espaces boisés gérés par sa guilde. Une forêt primitive était un environnement particulièrement impénétrable, et le domaine Simic ne faisait pas exception à cette règle. D’autant qu’il pouvait en juger, c’était toujours l’après-midi, mais la lumière jaunâtre qui filtrait de la canopée était particulièrement traîtresse. Il dut plusieurs fois revenir sur ces pas ou se glisser sous un enchevêtrement de branches basses qui entravaient sa progression.

Près de sol, la vie n’était pas en reste. De nombreux petit scarabées bleus nuit déguerpissaient à son approche. Revan fit aussi des sortes de scorpions qui gigotaient dans les flaques d’eau, mais lorsqu’il passait près d’eux, ils étaient trop occupés à se battre entre eux pour s’occuper de lui.

Le Selesnyan poursuivit sa route, la sens au aguets. Son masamune était sollicité de temps à autre, mais Revan ne se sentait pas tout-puissant lorsqu’il l’empoignait, car son arme ne lui était que de peu utiles ici. L’atmosphère pesante, les espaces confinés et les dangers omniprésents ne faisait pas de son sabre une protection décente. En cas de véritables problèmes, il faudrait lui préférer l’improvisation –ou la fuite.

Il arriva ensuite dans une zone plus vallonné, mais aucun sentier n’était visible. Les arbres étaient plus massif et le cytoplasme plus outrageusement visible. Il dû à nouveau changer de route, tout en évitant de finir un fond d’un val. Les pentes étaient couvertes de ronces d’un jaune malsain, et des affleurements rocheux bloquaient aussi les hauteurs. Revan ralentit sa progression, assommé par la chaleur. Il se frotta le front de sa main indemne. La sueur fit du bien à ses doigts fatigués, trop longtemps crispés sur la poigné de son sabre.

Le Selesnyan retourna à l’ombre des arbres, là où l’humidité donnait l’impression que la température avait doublé. Il se retrouva face à face avec un genre de raie grise, dont la nageoire dorsale était couverte d’éclats de cytoplasme violacé. Dégouté, se souvenant de sa rencontre avec ce fichu papillon, il trancha en deux la créature qui mourut sans un son.
Revan trouva une dizaine d’autres animaux semblables, et élimina sans effort ceux qui s’approchaient un peu trop près. Malheureusement, cela ressemblait à une tâche sans fin. Qui plus est, le sang noirâtre de ces choses salissaient sa tunique et usait prématurément le tranchant de son arme.

Il chercha un point de repère, quelque chose qui se démarquerait dans cet enfer végétal, mais il n’y avait rien. Après avoir marché pendant environ deux kilomètre dans une direction inconnu, il parvint dans une minuscule clairière, dont le centre était dominé par un amoncellement de roche et de terre, vestige d’un ancien glissement de terrain. Il se issa en hauteur, et tâcha de faire le vide dans son esprit. Ce fut un échec, son cœur battait trop vite, trop concentré sur la survie. Il se laissa guider par cette intuition et attira à lui les forces de la nature. Les lignes de vie couraient sous la surface du sol, insensible aux mutations de la surface. Son mana vert fut canalisé promptement, l’emplissant d’une satisfaction légitime.

Un détail rejoint alors la liste de ses préoccupations. Cette partie de la forêt semblait anormalement calme et silencieuse. Une pensée angoissée manque de briser sa concentration : un prédateur plus dangereux que les autres s’était-il approprié l’endroit ?

C’est alors que Revan entendit un puissant hurlement…

Revan dut contourner un bosquet de palmiers en apparence inoffensifs - mais rien n'est inoffensif au sein des arborescences déformées de la Forêt Simic - puis passer sous un arbre aux branches torses, d'où tomba un serpent qu'il évita au dernier moment d'un bond en avant. le reptile eu juste le temps de siffler agressivement avant de se retrouver coupé en deux par l'arme du Selesnyan, qui se sentait devenir de plus en plus nerveux étant donné la multitude de dangers qui l'entouraient, la chaleur, et les hurlements qui continuaient. Il se vit obligé de se glisser encore entre quelques buissons pour le moins conséquents et épineux avant de se retrouver devant la cause de ces beuglements infâmes.

Un grand singe, un genre de gorille, s'égosillait de panique, et se débattait dans une immense toile qui faisait la taille d'un porche d'église Orzhov, à une demi-douzaine de mètres au dessus du sol. Ses gesticulations bruyantes avaient déjà attiré l'attention de la propriétaire dudit tissage - aux formes par ailleurs d'une géométrie parfaite qui confinait à l'art - une gigantesque araignée au dos couvert de cytoplasme, à peu près de la taille d'un taureau adulte. Venant de descendre à toute vitesse d'une branche supérieure, l'ouvreuse monstrueuse s'affairait déjà à attacher son futur festin. Sous les yeux d'un Revan à la fois répugné et fasciné, elle enfonça ses mandibules terrifiantes dans le corps du primate, qui cessa bien vite de bouger, endormi par le poison - pas mort, ces araignées n'aimaient pas les chairs décomposées. Puis, se plaçant sur lui, elle le fit tourner entre deux de ses pattes, à toute vitesse, la soie si solide que produisait son abdomen emmaillotant le singe. Puis elle se saisit de lui, et le déplaça vers un coin de la toile coincé entre deux branches plus rapprochées, où pendaient déjà des corps ainsi momifiés. Elle sembla se préparer à remonter dans ses branchages, quand l'un de ses yeux luit dangereusement. Elle avait remarqué le Selesnyan, et se serait volontiers offert un humanoïde supplémentaire, d'autant que l'humain, plus frêle que le gorille, paraissait une proie plus facile, bien que n'étant pas prise dans les filets gluants...

Sujet: Re: Une inquiétante découverte... Dim 22 Jan 2012 - 20:59

Hrp : désolé de répondre après 6 mois d’absence, je vais faire un effort, promis :sad : Hrp.

Son cœur battait-il réellement plus vite ou son esprit soufflait t-il déjà de cet environnement malsain ? Revan n’aurais su le dire. Il regarda la scène de prédation avec une grimace dégoutée, davantage par les mutations trop visibles de la créature que par la mise à mort en elle-même.

La chaleur était affolante, et le Selesnyan sentit ses vêtements épais collé à sa peau de manière profondément déplaisante…Pas autant, cela dit, que la façon qu’avait cette araignée de lui faire de l’œil…Sa lame capta un reflet lumineux qui avait traverser la canopée par miracle, déclinant la lumière solaire vers la bête. Cela suffit pour l’irriter mais il s’était éloigné dans l’intervalle.

A moins que…ce rocher n’était-il pas la réplique exacte de la clairière précédant ? Et il était à moitié sûr de reconnaître cette mousse roussis qui mangeaient les racines des arbres…

Agacé à l’idée de se perdre, il abattit quelques coups pour déblayer son champ, guettant attentivement l’approche éventuelle de la créature. L’idée d’appeler à l’aide l’effleura, en dépit de son caractère incongru. Personne ne l’entendrait. Et il n’était pas motivé à l’idée de rencontrer les propriétaires de la faune locale.

*De telles créatures ne devraient pas exister. Mère Selesnya, entendez ma prière…*

Un bruit inconnu le fit sursauter. Le guerrier se retourna vivement, épée à la main, pour découvrir…

Sujet: Re: Une inquiétante découverte... Sam 28 Jan 2012 - 20:36

HRP : Je reprends la quête. Au fait, tu as déjà une autre quête en cours avec Sil, non ? Pense à te remettre dans le bain, elle devrait bientôt poster.

... pour découvrir que derrière lui se tenait une réplique certes réduite de l'arachnéenne prédatrice qu'il avait croisé il y a quelques instants, mais qui faisait tout de même son bon mètre au garrot. Les bulles de cytoplasme sur son dos et la rapidité surprenante de la bête n'auguraient rien de bon. Des crissements sinistres s'élevaient des mandibules nerveuses, mandibules par ailleurs agrémentées de dentelures beaucoup trop aiguisées au goût de Revan, tandis que des pédipalpes fouillaient l'air à la recherche d'informations supplémentaires sur l'environnement. La façon dont les huit yeux à facettes réagissaient au moindre de ses mouvements lui donnait au moins une certitude : il n'était pas question de gorille au repas pour cet insecte-là ...

HRP : UP !

La créature était si proche que sa présence avait quelque chose de surnaturelle et d’hypnotique. De loin, il l’avait imaginé comme une créature monstrueuse, la gueule dégoulinante de bave et ne cherchant rien d’autre qu’assouvir ses instincts de prédation. La proximité rajoutait un sentiment de danger si absolu que la peur le clouait sur place.

Un regard discret dans son dos anéanti tout espoir de ce côté-là. L’espace dans lequel il évoluait était si refermé et dense, avec les branches basses et les racines gonflées d’une vigueur étrange, que la fuite n’était plus une option. De toute façon, aurait-il pu échapper à l’araignée sur son propre terrain ? Il en doutait, d’autant qu’une attaque venue d’une direction imprévisible était plus dangereuse que le plan qui germa dans son esprit. Revan connaissait assez la nature perverse des Simics pour redouter le poison, ou tout autre crachat nocif que pouvait cracher ce genre de créature face à une proie en mouvement. Il fit donc la seule chose à laquelle l’araignée n’avait peut-être pas de réponse génétique.

Le Selesnyan s’immobilisa alors que la créature semblait sur le pont de bondir. Avec une lenteur délibérée, il bascula son centre de gravité et s’assit en tailleur dans l’herbe biosynthétique de la forêt.

Sa respiration s’apaisa derrière ses paupières closes, même si son cœur rata un battement lorsque le fourreau de son sabre buta contre son flanc. Il sentait la présence rassurante et familière de sa lame, si proche. Tentatrice. Dans son esprit, il vit distinctement le coup qui séparerait le membre avant de la bête de son corps. Un geste fluide qu’il était capable d’effectuer en une fraction de seconde, avec la vitesse d’un entraînement quotidien.

Il n’en fit rien.

La loi du Conclave était claire, toute forme de vie se devait d’être préservée pour que la force du Chant demeure cohésive, imposant ainsi la paix sur le plan. Bien qu’horriblement mutée par la faute du Cartel, l’araignée était une créature vivante, une note dans le chant, digne de pitié pour son affliction. Elle n’était pas maléfique, pas nuisible, pas digne d’être combattu. Du moins pas par l’acier.

La créature était presque sur lui. Il la sentait, le souffle d’une respiration absolument non-humaine, qui bourdonnait à ses oreilles comme le fracas d’une tempête. Mais à la manière des vagues se brisent sur les falaises, l’angoisse s’estompa pour laisser place à une totale concentration. Il pouvait sentir la vitalité extraordinaire de son environnement, la force circulant dans le sol spongieux, amplifiée et déformée pour des buts mesquins, mais suffisante pour ce qu’il avait à faire. Un mana vert se forma dans sa paume, comme une larme d’émeraude dansante, suivit d’un second, reflet de son relâchement parfait dans les arts de sa guilde.

Ses yeux se rouvrirent, fixant un poing imprécis de la bête qui emplissait tout son champ de vision.
*Je suis Revan Ataru, Adepte de Selesnya. Je suis une note dans le chant, et je ne te veux aucun mal.*

L’araignée amorça un mouvement brusque. Si elle décidait de lui trancher la gorge ou de l’empoisonner, il ne pourrait opposer aucune résistance…

Maître du Jeu Nombre de messages : 168 Date d'inscription : 08/03/2009

L'araignée tendit deux de ses multiples pattes articulées, qui tâtèrent tout le corps de Revan, le griffant légèrement. Puis elle approcha sa tête montrueuse du Selesnyan, lui offrant une superbe vue sur ses mandibules aussi acérées que dégoulinantes d'une substance qui ne devait certainement pas être du jus de melon dindin ; sur ses yeux immenses, fixes et entièrement bleus ; et sur les pustules de cytoplasme qui pullulaient sur l'épaisse carapace. Elle semblait le jauger du regard. Puis, avec une rapidité inouïe, elle avança au dessus de Revan et colla contre lui son solide abdomen verdâtre, d'où sortirent deux dards pointés vers lui. Revan crut sa dernière heure venue, mais les excroissances aiguës ne le transpercèrent pas. Elles se mirent toutefois en mouvement autour de lui, produisant un fil gluant et solide qui eut tôt fait de saucissonner proprement le jeune homme, ne lui laissant que la tête libre. Sur ce, elle le prit sous son bras et commença tranquillement à grimper à un arbre, dans lequel se trouvait sûrement sa toile et son garde-manger.

Même si la situation avait quelque chose de burlesque, Revan considéra froidement sa situation, toute empathie envolée. L’araignée avait agit comme il l’avait redouté, faisant passer ses instincts les plus basiques devant le désir de compréhension universelle que prêchait le Conclave. Il la sentait toujours avec son esprit, une parcelle de la force vitale de Mère Selesnya, mais comme…une note faussée. Décidemment, quelque chose n’était intrinsèquement pas juste avec les créations des Simics. C’était d’autant plus vexant qu’il aurait dû s’y attendre et ne pas se laisser éblouir par leurs lâches expériences…

Après son périple dans la Citerraine, il n’avait eu qu’un aperçu de la nature obscurcie de la Guilde Golgari, mais il était facile de les rejeter dans les ténèbres tant les signes de déviance étaient évident, et la volonté de changer absente. Les Simics étaient différent. L’adaptabilité et l’évolution étaient au cœur même de leurs dogmes, et produisaient des résultats difficiles à balayer d’un revers de la main. Après tout, ils maintenaient une véritable forêt en plein Centre de la Cité, une chose que le Conclave n’avait jamais osé faire. Mais la faille dans ce prodigue était l’ambition derrière la création. La fin était encore pire que les moyens.

Le guerrier sentit une colère froide balayer le sentiment d’inconfort qui lui gelait les membres. Ces choses étaient contraires aux fins de la nature. Et de telles abominations ne méritaient pas le bienfait d’exister.
Mais ce n’était pas dans sa nature de souhaiter du mal à son prochain. Alors que la créature l’entraînait à travers le feuillage dense qui griffait ses cheveux, il ferma les paupières pour se focaliser sur la majesté authentique du monde naturelle. Les bruits des animaux n’avaient pas décru, au contraire, il semblait plus nombreux et divers dans la direction où la créature l’entraînait. Il se prit à espérer que si la bête avait fait son territoire dans son direction, aucune menace plus sérieuse ne l’y attendrait…

Puis il rassembla ses énergies magiques.

Pour une fois, ce fut facile, d’une part parce qu’il n’avait que ça à faire, et de l’autre parce que la proximité du monde végétal exerçait une influence qu’il ne pouvait pas réprimer. Deux manas verts apparurent, éclairant brièvement le cocon d’une lumière aveuglante. Revan réfléchissait à toute allure, tout en gardant son attention fixée sur l’énergie qui traversait son corps. Il se sentait transpirer de manière anormale, ce qui renforçait son sentiment de claustrophobie. Si son décompte était correct, il disposait de cinq manas, ce qui était presque son record. Sa grimace s’accentua. Détenir autant de pouvoir en même temps n’était pas sans risques... Aucun mage ne devrait contrôler beaucoup plus que cette puissance, un pouvoir si brûlant qu’il devait au plus vite être relâcher :

Sans qu’il en ait vraiment conscience, le Selesnyan fredonna des mots, incantation à mi-chemin de la prière et du rituel d’éveil :

‘Mère Selesnya, Gardienne de la vie, Toi qui nous protège en toutes choses…Offre moi l’aide de tes serviteurs, arbrisseaux de ronces et de ferveur, afin que soient détruites les créations du mal…’

HRP : J’essaie de faire attaquer des graines en pluie qui traineraient dans les parages = http://www.magiccorporation.com/gathering-cartes-view-11420-graines-pluie.html HRP.

» Decouverte d'une bibliothèque Sylvestre. [Terminé]